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7 mai 2015 4 07 /05 /mai /2015 17:24

 

Source : http://www.bastamag.net

 

Palestine

Les « relations d’affaires » douteuses d’Orange dans les colonies israéliennes

par

 

 

« Orange participe indirectement au maintien et au renforcement des colonies israéliennes situées dans le Territoire Palestinien Occupé, pourtant considérées illégales par la communauté internationale. » Telle est la conclusion d’un rapport publié par cinq ONG [1] et deux syndicats (CGT et Sud). En cause, la « relation d’affaires » entre le groupe Orange et l’entreprise israélienne de télécommunications Partner Communications, un des principaux acteurs du marché de la téléphonie mobile en Israël et dans les territoires occupés.

Partner Communications offre ses services aux colonies illégales – allant jusqu’à y installer ses boutiques – et aux opérations de l’armée israélienne. Elle possède plusieurs centaines d’antennes de téléphonie mobile sur des terres palestiniennes confisquées – et parfois confisquées expressément pour permettre l’installation de ces antennes. Du fait des restrictions imposées aux compagnies palestiniennes, Partner et ses homologues captent une grande partie de marché de la téléphonie mobile y compris parmi les Palestiniens, privant l’Autorité palestinienne des recettes fiscales associées. Suite à la publication du rapport, Orange a précisé n’avoir « aucun lien capitalistique ou opérationnel avec Partner » [2]. Selon les termes du contrat qui la lie à l’entreprise française, Partner est néanmoins autorisée à utiliser la marque et le logo d’Orange pour ses opérations commerciales, moyennant le paiement d’une redevance dont le montant n’est pas connu.

 

Silence d’Orange et de l’État français

Les auteurs du rapport ont essayé depuis des années d’interpeller la direction d’Orange et le gouvernement à ce sujet, sans résultat. Ils pointent notamment la responsabilité et les contradictions de l’État français. Avec ses homologues européens, il multiple les prises de position publiques contre les colonies illégales dans les territoires palestiniens occupés. L’État français a également publié un avis aux entreprises françaises attirant leur attention sur les risques juridiques qu’elles encourent du fait de leur activité dans les territoires occupés [3]. Avis dont la publication aurait notamment entrainé le retrait de Safege, filiale de Suez environnement, d’un projet à Jérusalem Est. Pour l’instant, Orange et l’État français, son principal actionnaire, ont choisi de passer outre. Malgré les pressions exercées à l’époque, le partenariat avec Partner a été renouvelé en 2011, puis apparemment à nouveau en 2015 [4].

L’implication de plusieurs autres entreprises françaises dans les territoires occupées a déjà défrayé la chronique, notamment celle d’Alstom et de Veolia dans la construction du tramway de Jérusalem (lire notre article). Pour ces raisons, elles se sont retrouvées la cible des militants de la campagne Boycott-Désinvestissement-Sanctions (BDS), notamment en Angleterre et aux États-Unis.

La campagne « Made in Illegality », dans laquelle s’inscrit la publication de ce rapport sur Orange, vise pour sa part à mettre en lumière le rôle de l’Union européenne et de ses entreprises dans la perpétuation du conflit israélo-palestinien, à travers les relations économiques qu’elles nouent dans les territoires occupés. Orange aurait fini par demander in extremis, un rendez-vous aux ONG et aux syndicats qui ont publié ce rapport. Leur apportera-t-elle enfin des réponses satisfaisantes ?

Olivier Petitjean

 

- Lire le rapport Les liaisons dangereuses d’Orange et de son actionnaire l’État français dans les colonies israéliennes

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7 mai 2015 4 07 /05 /mai /2015 17:17

 

Source : http://www.bastamag.net

 

Toxiques

Gaz de schiste : le Danemark bloque un chantier de Total à cause d’un produit chimique interdit

par

 

Lundi, Total annonçait en fanfare le début de ses forages exploratoires de gaz de schiste au nord du Danemark, malgré une vive opposition locale. La foreuse allait commencer à creuser le puits d’exploration. Deux jours plus tard, le gouvernement danois lui a interdit de poursuivre ses opérations. En cause, le non-respect par Total des conditions de forage : « Ils ont utilisé un produit qui ne faisait pas partie de ceux autorisés », indique à l’AFP un porte-parole de la Direction danoise de l’énergie. Un produit appelé Null Foam, agent chimique anti-mousse jugé dangereux pour l’environnement, selon une télévision publique danoise. « Nous n’accepterons pas ce genre de violation », s’indigne le responsable des questions environnementales au Conseil de la ville de Frederikshavn, Anders Brandt Sørensen, que ce non-respect par Total « met en colère ». L’entreprise française se défend en affirmant que l’utilisation de ce produit a été discutée dès le départ.

Ce projet d’exploration de gaz de schiste – dans le cadre du permis « de Nordjylland » – est loin de faire l’unanimité chez les riverains. Des citoyens ont longuement bloqué l’accès au site de forage de Total ces dernières semaines (lire notre article). Une occupation, qui, selon Total, a coûté plusieurs dizaines de milliers d’euros chaque jour à l’entreprise. L’arrêt du chantier par les pouvoirs publics danois est un nouveau coup dur pour le géant français. Ses projets danois représentent l’une des dernières chances de prouver la possibilité d’exploiter le gaz de schiste sur le continent européen dans des conditions acceptables. Aucune date de reprise des opérations n’a été donnée.

 

Source de la carte : Total

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7 mai 2015 4 07 /05 /mai /2015 17:03

 

Source : http://www.reporterre.net

 

Les Anonymous ont piraté le site internet d’Areva

7 mai 2015

 

 

Le groupe dit des Anonymous a annoncé avoir attaqué le site internet d’Areva et l’a bloqué fin avril.

Le groupe explique sur son site que cette attaque vise à souligner les dangers du réacteur EPR en construction à Flamanville, et conçu par Areva.

« Areva ne peut même pas asssurer la sécurité de son site informatique, comment pourrait-il assurer la sécurité du nucléaire », écrivent les Anonymous.

- Plus d’infos (article en anglais)

 

Source : http://www.reporterre.net

 

 

                                                ****************************************

 

 

Source : http://operationgreenrights.blogspot.fr

 

 

 
 


www.areva.com #TANGODOWN 
Areva can't even secure their website, how can they secure their nuke? 

 
Nous sommes Anonymous,
 
Nous nous battons contre la construction du réacteur nucléaire de dernière génération (EPR) que la firme Areva est entrain de construire. Un projet qui semble prometteur mais qui risque de mettre en danger la population mondiale.
En effet les réacteurs de type EPR sont supposés être plus sécuritaires et mieux conçus que les réacteurs de la génération actuelle.
Or des anomalies ont été détectées par l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) au niveau de la composition de l'acier du couvercle et dans le fond de la cuve qui doit contenir le réacteur EPR de Flamanville (Manche).
 
L'inquiétude gagne les pays étrangers : « La Chine ne chargera pas de combustible dans ses deux réacteurs nucléaires de type EPR conçus par le français Areva tant que tous les doutes quant à la sûreté des équipements ne seront pas intégralement levés » annoncait le ministre chinois de l'Environnement.
 
En effet, Areva utilise les même procédé de fabrication pour les composant de la cuve de Taishan et de Flamanville.
 
EDF et Areva vont mener, d'ici octobre une batterie de tests pour démontrer que la cuve statisfait aux normes requises pour la règlementation des équipements sous pression nucléaires (ESPN).
 
Si il savère que les pièces ne répondent pas aux critères. Il faudrai reconstruire la cuve ou abandonner le chantier.
 
Nous n'avons pas confiance, en effet, Areva ne peut être objectif ni EDF, l'enjeu financier est trop important pour qu'ils abandonnent le chantier.
Nous devons dire NON au projet EPR de Flamanville, nous avons déjà assez de centrales dans ce pays ou le nucléaire est une religion d'Etat.
 
 
 
 
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7 mai 2015 4 07 /05 /mai /2015 16:44

 

Source : http://www.mediapart.fr

 

Aux Hôpitaux de Paris, Martin Hirsch provoque un conflit sur le temps de travail

|  Par Caroline Coq-Chodorge

 

 

Les syndicats appellent à la grève le 21 mai. Le directeur Martin Hirsch veut passer en force, en imposant une diminution des jours de repos, sans contreparties. Un premier conflit social d’ampleur se dessine à l’hôpital, pris entre d’inconciliables injonctions d’économies et de productivité.

 

Le directeur général de l’AP-HP (Assistance Publique-Hôpitaux de Paris) Martin Hirsch a proposé un deal aux syndicats des hôpitaux de Paris : renoncer à leurs RTT pour éviter la suppression de 4 000 emplois en cinq ans. Olivier Cammas, de la CGT, n’est même pas surpris : « On nous menace d’un plan social si on ne renonce pas à nos acquis sociaux. C’est la même logique que celle de l’entreprise. » CGT, FO et Sud, qui représentent 80 % des 70 000 personnels non médicaux de l’AP-HP, ont quitté, mercredi 6 mai, au bout d’une heure la réunion qui venait tout juste de s’ouvrir sur la renégociation de l’accord sur le temps de travail au sein du 1er CHU de France.

Le scénario était en réalité cousu de fil blanc. Martin Hirsch a annoncé dès le début de l’année qu’il voulait s’attaquer au sujet. Aux Échos au mois de mars, il a livré l’état de sa réflexion, bien avancée. Son objectif est avant tout économique : malgré 150 millions d’euros d’économies en 2015, l’AP-HP va finir l’année avec un déficit de 50 millions d’euros. Martin Hirsch vise l’équilibre en 2016. De cette réorganisation du temps de travail, il escompte « 20 à 25 millions » d’euros d’économies.

 

 

Martin Hirsch
Martin Hirsch

 

La CGT, FO et Sud sont organisés depuis la semaine dernière en intersyndicale et appellent à une grève le 21 mai, sur de larges revendications : retrait du pacte de responsabilité, du projet de loi Macron, du projet de loi de santé, etc. « Le personnel hospitalier est en train de faire les frais de la politique d’austérité du gouvernement », assure Gilles Damez, de FO. La surprise vient de la CFDT, le 3e syndicat de l’AP-HP (18 %), qui appelle elle aussi à la mobilisation le 21 mai, sur un mot d’ordre limité au temps de travail à l’AP-HP.

 

Pour Abdel Abdoun, « le directeur général prétend négocier, mais le projet est déjà ficelé, il veut supprimer 5 jours de RTT. On ne peut faire, comme toujours, des économies sur le personnel. On ne peut pas aller plus loin. » Sur le terrain, Olivier Cammas de la CGT constate que « des assemblées générales se tiennent dans tous les hôpitaux. Elles sont très revendicatives, elles nous demandent d’aller plus loin. Il y a eu 200 personnes à l'AG de la Pitié-Salpêtrière, 300 à Saint-Louis, 150 à Robert-Debré, je n’ai pas vu ça depuis longtemps ».

 

Les envolées lyriques de Martin Hirsch sur « la reconquête du temps perdu » cachent des comptes d’apothicaires : en modifiant les horaires de travail, même de quelques minutes, l’AP-HP veut réduire le nombre des RTT et faire des économies. 50 % du personnel – soignant, administratif et technique – travaille 5 jours par semaine, 7 h 36 par jour, soit 38 heures par semaine, ce qui ouvre un droit à 18 jours de récupération du temps de travail (RTT) sur l'année. 18 % travaillent en 7 h 50 quotidiennes, et bénéficient de 20 jours de RTT.

 

Martin Hirsch verrait bien « un plus grand nombre de personnes travaillant 7 h 30 ou 7 heures par jour, d'autres peut-être 10 heures si cela permet de mieux "coller" au cycle de soins pour le patient, de mieux utiliser des blocs opératoires. À l'arrivée, il y aura certes moins de jours à récupérer, mais plus de prévisibilité, et l'on pourra répondre à des demandes non satisfaites, en matière de formation professionnelle notamment », a-t-il déclaré aux Échos. Ce qui revient à supprimer 5 jours de RTT dans le premier cas, et la totalité dans le second. Sont en jeu également de vieux avantages des personnels de l’AP-HP, comme la journée de congés supplémentaires accordée à toutes les mères de famille, ou encore le décompte du temps de travail du repas, de l’habillage et du déshabillage.

 

Mis bout à bout, ces heures et ces jours de travail économisés sur 70 000 postes représentent un véritable pactole, que lorgnent les établissements soumis à une cure d’austérité sans précédent : 3 milliards d’euros d’économies sont attendues de l’hôpital d’ici 2017. Cet automne, devant la commission d’enquête parlementaire sur l’impact de la réduction du temps de travail, la Fédération hospitalière de France a proposé de « plafonner le nombre de RTT à 15 jours », en évoluant vers des journées en 7 heures ou en 12 heures. La FHF escompte ainsi 400 millions d’euros d’économies.

 

Martin Hirsch a d’autres arguments qu’économiques pour défendre cette renégociation. Il parle d’« adaptation aux besoins des patients », aux « nouveaux modes de prise en charge ». Les syndicats craignent au contraire une dégradation de la qualité des soins. Aujourd’hui, les personnels soignants (infirmières, aides-soignants) couvrent les 24 heures de soins en deux équipes de jour en 7 h 36, et une de nuit en 10 heures. Les 24 heures sont dépassées de 72 minutes, ce qui ménage environ 20 minutes de transition entre les équipes qui se succèdent au lit des patients. « 20 minutes pour 20 patients, c’est un minimum, on ne peut diminuer les temps de transmission sans toucher à la qualité de soins », explique Thierry Amouroux, le secrétaire général du syndicat d’infirmiers SNPI CFE-CGC.

 

L’autre argument du directeur général de l’AP-HP est pour le moins paradoxal : il veut « améliorer la qualité et les conditions de travail » en supprimant des jours de repos. Pour la direction, les horaires sont si « rigides » qu’ils obligent à « modifier régulièrement les plannings », ce qui conduit à « un absentéisme d’usure ». La CGT invite la direction à s’intéresser aux « causes » de cet absentéisme, par exemple la création de postes en nombre insuffisant au moment du passage aux 35 heures. S’est alors enclenché un cercle vicieux décrit par tous les syndicats, les médecins, y compris du travail : sous l’impératif économique, les effectifs augmentent moins vite que l’activité, le travail s’intensifie, l’absentéisme et les accidents du travail progressent, les personnels sont rappelés sur leurs jours de repos pour combler les postes vacants, etc.

 

En quelques chiffres, le document fourni par la direction décrit cette dégradation des conditions de travail. Les agents sont en arrêt maladie 20 jours par an en moyenne. Les comptes épargne temps, où sont stockés les jours de repos non pris, explosent : rien qu’en 2014, 60 % des agents y ont cumulé 6 jours en moyenne, soit une grosse semaine de repos.

 

Alors que les salaires de la fonction publique sont gelés depuis 2010 et jusqu’en 2017, la direction demande au personnel de renoncer à ses RTT « sans contreparties, si ce n’est de belles phrases sur la qualité de vie au travail », constate Olivier Cammas de la CGT. « Martin Hirsch parle de donnant-donnant, mais on ne voit rien venir », renchérit Gilles Damez, de FO. Non concernés par cette négociation, les médecins observent avec « des yeux écarquillés », raconte Loïc Capron, le président de la Commission médicale d’établissement, qui représente le corps médical.

 

Il soutient Martin Hirsch : « On a besoin de réorganiser le temps de travail. Le plan d’économies que subit l’hôpital est terrible. Pour ne pas réduire l’offre de soins, il faut remettre de l’ordre. » Mais il trouve tout de même le directeur « hardi » : « Martin Hirsch a de grandes ambitions, une carrière devant lui, il veut tenir son projet d’établissement qui prévoit un retour à l’équilibre en 2016. Mais il joue avec une boîte d’allumettes à côté d’un bidon d’essence. On est dans une période très dure. Est-ce vraiment le moment de demander à un personnel sous-payé de renoncer à ses jours de repos ? »

 

Selon le calendrier, le protocole d’accord devrait être sur la table le 28 mai. Les syndicats auront alors mobilisé le personnel le 21 mai. Toutes les parties savent que le résultat découlera moins des discussions officielles que d’un « rapport de force » qui va se construire dans les assemblées générales et par la grève. « Le fait de s’attaquer à l’accord sur les 35 heures du plus grand CHU de France est un test, estime Olivier Cammas, de la CGT. Si on flanche, c’est tout l’hôpital public qui devra renoncer à ces acquis sociaux. » Martin Hirsch peut aussi passer en force. Depuis la loi Hôpital, patients, santé, territoires du gouvernement Sarkozy, le directeur n’a pas besoin de l’accord des syndicats pour décider du temps de travail et de repos.

 
 
 
 
 
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7 mai 2015 4 07 /05 /mai /2015 16:31

 

Source : http://www.mediapart.fr

 

 

Rachat du Printemps par le Qatar : une information judiciaire est enfin ouverte

|  Par martine orange

 

 

Rarement dossier a été aussi fourni en preuves, corroborant les soupçons de corruption et d’évasion fiscale. Un mail prouve même que le PDG du Printemps discutait avec Jérôme Cahuzac, alors ministre du budget, de son éventuel exil fiscal en Suisse. Pourtant, la justice avance très, très lentement : il a fallu deux ans pour passer de l'enquête préliminaire à l'information judiciaire.

 

C’est un mail qui ne peut qu’attirer l’attention du procureur de la République à Paris, surtout quand il instruit en même temps sur l’affaire Cahuzac. À l’été 2013, François Molins a eu la surprise de découvrir une curieuse correspondance dans le cadre de l’enquête préliminaire engagée sur le rachat du Printemps, suite à un signalement de l’intersyndicale (l’UGIT-CGT, la CFDT et la SaPP) de la chaîne de grands magasins : le 30 novembre 2012, le PDG du Printemps, Paolo de Cesare, écrivait un petit message en anglais censé être adressé à Jérôme Cahuzac, alors ministre du budget. 

 

Le ton de l’échange entre les deux hommes est des plus chaleureux : « Voici quelques éléments sur mon déménagement en Suisse. Quand nous en parlerons la semaine prochaine, je pourrai apporter quelques éléments supplémentaires relatifs à ce mouvement. Merci, passe un bon week-end. Paolo » [traduit de l’anglais – ndlr]. Il joignait à ce courrier une étude de six pages du cabinet Schellenberg Wittmer étudiant les conditions de son exil fiscal en Suisse, les répercussions sur sa situation fiscale et son patrimoine.

 

© DR
 

Quelles relations entretenaient Jérôme Cahuzac et Paolo de Cesare ? Même s’ils étaient proches, est-il normal que le PDG du Printemps soumette au ministre du budget d’alors – qui a la haute main sur toutes les situations fiscales – son projet d’exil en Suisse, en vue manifestement d’obtenir des facilités de l’administration fiscale française ? Jérôme Cahuzac savait-il alors que Paolo de Cesare avait lui aussi mis en place un schéma de fraude fiscale en créant une holding à Singapour, nommée Maxpa Invest Pte, pour recevoir les 22 millions d’euros de bonus promis en cas de vente du Printemps et échapper ainsi à toute imposition ? Le ministre du budget d’alors surveillait-il la vente du Printemps au Qatar ? Et si oui, pourquoi ?

 

Toutes ces questions, et bien d’autres, restent aujourd’hui sans réponse. Depuis que le parquet de Paris a annoncé en août 2013 l’ouverture d’une enquête préliminaire sur les conditions de vente du Printemps, à la suite du signalement des syndicats, un épais silence s’est abattu sur le dossier. Des perquisitions ont bien été menées, en décembre 2013, dans les locaux de la direction des grands magasins. Depuis, plus rien. À plusieurs reprises, les membres de l’intersyndicale du Printemps, qui attendent d’avoir l’avis du parquet avant de déposer d’éventuelles plaintes, ont cherché à savoir où en était l’enquête préliminaire. Ils n’ont obtenu aucune réponse.

 

Deux ans après le premier signalement, le dossier du rachat du Printemps semble peiner à trouver son chemin dans les couloirs de la justice. Le parquet de Paris prend tout son temps. Un juge d'instruction a fini par se voir confier le dossier le 27 mars, a annoncé le parquet à Mediapart le 7 mai (voir notre boîte noire). Même si l'avocat du Printemps n'est, de son côté, toujours pas au courant...

 

Le rachat du Printemps ne manque pourtant pas de poser de nombreuses questions. Rarement, un dossier financier aura même été aussi fourni. Il plane sur cette opération – que Mediapart a révélée, preuves et documents à l’appui – des soupçons d’évasion et de fraude fiscale, de blanchiment, de commissions occultes, de corruption, le tout au travers de multiples sociétés écrans et de montages complexes passant tous, à un moment ou à un autre, par le Luxembourg.  

Mme Chadia Clot, gérante du bras armé de la famille royale qatarie en France, French Properties – que l’on retrouve dans le dossier du rachat pipé de l’hôtel Vista, près de Menton –, a accepté de racheter 1,7 milliard d’euros la chaîne de grands magasins, ce qui représente une plus-value de 600 millions d’euros en cinq ans, totalement exonérés puisque payés au Luxembourg (voir notre enquête : Au bonheur du grand capital).

 

Bénéficiant d’une rémunération dépassant toutes les normes du CAC 40 en qualité de conseiller du groupe (plus de 11 millions d’euros par an), Maurice Borletti, ancien actionnaire du Printemps, s’est également vu promettre du Printemps, au bout de cinq ans, un management fee de 500 millions d’euros (lire notre article : L’inexplicable impunité du Qatar). Un intermédiaire, dont on ne connaît pas le rôle exact si ce n’est qu’il est proche de Mme Chadia Clot, s’est vu quant à lui promettre une commission de 45 millions d’euros au moment du rachat (lire notre article : Les millions de commissions promis par le Qatar). Pour sa part, le PDG du Printemps, Paolo de Cesare, a reçu l’engagement de toucher un bonus de 22 millions d’euros au moment de la vente et la société Borletti l’a aidé à constituer sa holding à Singapour pour éviter le fisc (lire notre article : Le PDG du Printemps loge son bonus à Singapour).

 

Depuis le début de l’enquête préliminaire, le parquet a en main tous les contrats, tous les montages, tous les noms des sociétés écrans. Alors, pourquoi le dossier reste-t-il au point mort ? Interrogé à plusieurs reprises, le parquet n’a pas répondu à nos questions. Est-ce parce que rien ne permet d’engager des poursuites judiciaires ? Mais dans ce cas, pourquoi ne pas le classer plus rapidement ? Est-ce parce que l’administration fiscale s’est emparée du dossier et a négocié, via sa cellule de dégrisement, quelques réparations pour oublier l’évasion fiscale ? Est-ce parce qu’il concerne de près les pratiques du Qatar, jugé intouchable ?

 

Un si cher ami

 

François Hollande et l'émir du Qatar lors de la signature des Rafale, le 4 mai.
François Hollande et l'émir du Qatar lors de la signature des Rafale, le 4 mai. © Reuters
 

Le Qatar, il est vrai, est un ami. Depuis des années, des responsables politiques, de droite comme de gauche, multiplient les hommages et les services auprès de la famille royale. Certains n’hésitent pas à sacrifier quelques jours pour se rendre à Doha, sans doute pour admirer les courses de chameaux dans le désert.

 

Un mois après son élection en 2007, Nicolas Sarkozy s’est empressé de faire adopter une convention fiscale qui exonère les investissements qataris de toute fiscalité sur les droits de mutation, les plus-values, les dividendes et impôts fonciers. Le gouvernement socialiste s’est bien gardé de la remettre en cause. Il est vrai que les finances publiques françaises sont si abondantes que l’État peut bien se monter généreux. À l'automne dernier, un amendement porté par Valérie Rabault, rapporteur du budget, sommait Bercy de fournir un point de situation, rappelle un article de Sud-Ouest. « Le Parlement doit savoir ce que cela nous coûte », expliquait-elle. Bercy n’a toujours pas répondu à la demande de la parlementaire.

 

Entre-temps, le Qatar a acquis un patrimoine de luxe, allant du palace parisien Royal Monceau au Martinez à Cannes, en passant par un aller-retour sur le centre de conférence de l’avenue Kléber, évalué à 6 milliards d’euros, selon Reuters. Il est aussi devenu le soutien de l’équipe du PSG, le bienfaiteur de France Galop et du monde hippique (voir sur Mediapart le blog de Guy de la Brosse sur le malaise dans le monde des courses). Il est aussi, on l’oublie souvent, un des premiers actionnaires de Vinci, le premier groupe de BTP pour les partenariats public-privé, les concessions d’autoroutes et de parkings en France.

 

 

Notre ebook sur l'affaire du rachat du Printemps
 

Toujours soucieux de ne pas déplaire à ce grand ami de la France, le gouvernement a envisagé, semble-t-il, de faire entrer quelques fonds du Qatar dans les sociétés de projet, prévues dans le cadre de la loi Macron. Ces sociétés doivent permettre à l’avenir à des investisseurs privés de prendre des participations dans des structures qui loueraient des équipements militaires à l’armée. Des PPP militaires en quelque sorte. L'idée a été repoussée dans le cadre de la révision de la loi de programmation militaire. Mais peut-être n'est-ce que momentané.

 

Toujours grâce à la loi Macron, le Qatar va aussi être parmi les premiers bénéficiaires de la loi sur l’ouverture le dimanche. Une loi spéciale boulevard Haussmann, comme l’ont dénoncé les syndicats. Car le premier ministre Manuel Valls a bien l’intention, contre l’avis de la maire de Paris, de classer en zone touristique ce boulevard où sont installés les Galeries Lafayette et le Printemps. Ce qui leur permettrait d’ouvrir non pas douze dimanches par an mais tous les dimanches de l’année ainsi que le soir jusqu’à minuit.

 

La députée PS Sandrine Mazetier avait demandé lors de la discussion si les responsables du Printemps allaient au moins, en contrepartie de cette faveur, payer leurs impôts en France. Emmanuel Macron a invoqué le secret fiscal pour ne pas lui répondre. La même parlementaire avait également posé une question écrite à Pierre Moscovici, alors ministre des finances, en juillet 2013, lui demandant « s’il disposait d’éclaircissements sur les conditions de la cession et sur les risques de fraude fiscale impliquant certains des acteurs de la transaction  du Printemps ». Il ne lui a jamais été répondu non plus, contrairement à ce que prévoit le règlement de l’Assemblée.

 

Lundi 4 mai, François Hollande s'est rendu au Qatar pour signer la commande de 24 avions Rafale, d'un montant de 6,3 milliards d’euros – une commande évoquée depuis 2009. En contrepartie, le gouvernement français a accepté d'accorder à la Qatar Airways de nouveaux trafics aériens sur les aéroports de Lyon et de Nice, au détriment d’Air France. Dans ce contexte, le silence autour de la vente du Printemps va vraisemblablement être encore plus de mise. Il ne faut pas heurter ce si riche ami. On comprend en tout cas que la justice prenne son temps pour enquêter. Jusqu’à ce que le dossier soit totalement oublié ? Après tout, des centaines de millions de commissions, des soupçons de fraude fiscale, c'est tout de même bien moins grave que de voler une mobylette.

 
 
Boîte noire : Le parquet a fini par me recontacter ce jeudi 7 mai 2015, au lendemain de la publication de l'article. Il m'a indiqué qu'une procédure judiciaire pour abus de biens sociaux avait été ouverte le 27 mars. Le parquet n'a cependant pas voulu me donner le nom du juge d'instruction désigné.
 
 
 
 
 
 
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7 mai 2015 4 07 /05 /mai /2015 16:19

 

Source : http://www.reporterre.net

 

 

Accueil > Editorial > Entretien >

« Tout va s’effondrer. Alors... préparons la suite »

7 mai 2015 / Entretien avec Pablo Servigne
 


 

 

Le pic pétrolier, le climat qui se dérègle, la biodiversité qui disparaît… Les scientifiques nous bombardent de nouvelles alarmistes, mais que faire ? Prenons-les enfin au sérieux, préconise Pablo Servigne, co-auteur de « Comment tout peut s’effondrer ». Mais pas de panique : même si le chemin n’est pas facile, il faut l’accepter, pour commencer à préparer le monde d’après.

 

Sur quels faits vous appuyez-vous pour affirmer que l’effondrement est possible ?

Nous avons rassemblé un faisceau de preuves qui viennent des publications scientifiques. Les plus évidentes sont liées au fait que notre civilisation est basée à la fois sur les énergies fossiles et sur le système-dette.

Le pic de pétrole conventionnel a eu lieu en 2006-2007, on est entrés dans la phase où l’on exploite le pétrole non conventionnel : sables bitumineux, gaz de schiste, pétroles de schiste, etc. Déjà, c’est un signe qui ne trompe pas.

Ensuite, il y a un siècle, on investissait un baril de pétrole et on en retirait cent. On avait quatre-vingt-dix-neuf barils de surplus, on nageait dans le pétrole. Un siècle après, ce taux de retour est descendu à dix ou vingt, et cette diminution s’accélère. Or, en-dessous d’un certain seuil, entre quinze et vingt, c’est dangereux pour une civilisation. Pour fonctionner, notre société a besoin de toujours plus d’énergie. Or il y en a toujours moins. Donc à un moment, il y a un effet ciseaux.

En même temps, pour fonctionner, notre société a besoin de toujours plus de croissance. Pendant les Trente glorieuses, les deux-tiers de notre croissance faramineuse venaient des énergies fossiles. Sans énergies fossiles il n’y a plus de croissance. Donc toutes les dettes ne seront jamais remboursées, et c’est tout notre système économique qui va s’effondrer comme un château de cartes.

 

Dans ce schéma, quelle place a la crise écologique ?

Dans notre livre, on prend la métaphore de la voiture. Il y a la question du réservoir d’essence : à un moment il sera vide. C’est ce que je viens d’expliquer. Et il y a un autre problème : la voiture va de plus en plus vite et sort de la route. La science s’est rendue compte que le climat s’est emballé, que la biodiversité s’effondre littéralement. On dépasse des seuils qu’il ne faudrait pas dépasser sous peine de déstabiliser les écosystèmes qui nous maintiennent en vie. La voiture risque de se prendre des arbres. Si on va au bout, certaines études montrent que l’on peut vraiment éliminer presque toute vie sur Terre. On en est à ce point là.

 

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Pablo Servigne

Donc la crise écologique est beaucoup plus grave que les crises économiques. Certaines civilisations anciennes se sont effondrées économiquement et politiquement. Quelques siècles après, ça renaît. Et puis il y a des civilisations qui se sont effondrées pour des cause écologiques. L’effondrement de l’environnement provoque l’effondrement de la civilisation. Là, en revanche, la civilisation ne repart pas parce que le milieu est épuisé, mort.

 

Parmi toutes ces catastrophes, quelle est celle qui risque de déclencher les autres ?

Ce qui est important, pour l’étincelle qui déclenchera les autres, c’est la rapidité. Et là, c’est le système financier qui est le plus fragile. Les effondrements financiers sont très rapides, même s’ils sont moins graves. Le problème, c’est qu’ils peuvent déclencher un effondrement économique, donc du commerce physique, qui peut déclencher un effondrement politique, et plus tard un effondrement des institutions sociales, de la foi en l’humanité, de la culture, etc.

 

On utilise plutôt les mots « crise » ou « catastrophe » : pourquoi avoir choisi de parler d’« effondrement » ?

On a quand même utilisé les mots catastrophe et crise. Catastrophe, on l’aime bien parce qu’il est provocateur. En fait nous sommes devenus catastrophistes. Cela ne veut pas dire qu’on souhaite les catastrophes ou qu’on arrête de lutter contre. Cela veut juste dire qu’on est lucides et qu’on les accepte.

Le mot crise, lui, ne convient pas parce qu’il sous-entend que l’on peut revenir à l’état de normalité qu’on avait avant la crise. Or ce n’est pas le cas. Donc parler de crise est un abus de langage, même si on l’a quand même un peu utilisé dans le livre.

Effondrement est un mot qui nous plaît bien parce qu’il est très large. Il permet d’être aussi bien du côté de la raison, de parler des rapports scientifiques, que de toucher l’imaginaire. Quand on parle d’effondrement, les gens voient Mel Gibson avec un fusil à pompe, ou des films de zombies. Mais il y a beaucoup d’autres choses qui peuvent émerger. Donc notre travail, c’est de donner chair à ce mot d’effondrement. D’arriver à décrire ce à quoi il pourrait correspondre dans notre société, pour la génération présente, en-dehors des mythes hollywoodiens.

 

Et cela permet aussi de se rendre compte que c’est un processus.

Oui. Dans notre imaginaire, on a la notion d’apocalypse. Du jour au lendemain, il n’y a plus rien et c’est la barbarie. En fait non. Quand on parle d’effondrement, on parle aussi bien d’une catastrophe financière qui arrive en quelques heures, que d’une catastrophe climatique qui arrive en quelques décennies voire en quelques siècles. Toutes les grandes civilisations qui se sont effondrées ont mis des dizaines voire des centaines d’années à le faire.

 

Si ça s’effondre, qu’est-ce qui s’effondre exactement ?

On a creusé cette question en partant de ce qui était vulnérable. Aujourd’hui dans nos sociétés, on a une économie, des lignes d’approvisionnement, un système financier, des structures de flux – tout ce qui est système alimentaire, système d’approvisionnement en eau, système médical. Tout cela est devenu extrêmement fragile parce que complexe, inter-connecté. Donc ce qui va s’effondrer, c’est tout ce qui dépend des énergies fossiles. Cela inclut les énergies renouvelables et le nucléaire, car pour les fabriquer, il faut des énergies fossiles. Quand on se rend compte que quasiment toute notre nourriture dépend du pétrole, qu’est-ce qu’on va manger ? Ce qui va s’effondrer est absolument gigantesque.

 

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Des maisons au Hameau des buis

Une autre manière de répondre est que plus un pays est riche et industrialisé, et hors sol, plus il va tomber de haut. Aux périphéries, cela va être beaucoup moins grave et il va y avoir des jeunes pousses qui vont pouvoir relancer une civilisation. Par exemple, pendant la crise des subprimes de 2008, il y a eu trente-cinq pays qui sont entrés en émeutes de la faim, juste à cause d’une fluctuation des matières premières. Au Mozambique, ils n’étaient pas connectés au système mondial économique, et ils n’ont pas subi cette crise.

 

Est-il possible d’éviter cet effondrement ?

Non, c’est un des grands messages du livre. L’éviter voudrait dire qu’on continue notre trajectoire de croissance. Or non seulement ce n’est plus possible (on l’a montré avec la fin des énergies fossiles), mais si on continue de croître, le réchauffement climatique et la destruction de la biodiversité provoqueront un effondrement de notre civilisation. L’autre voie pour éviter un effondrement serait de bâtir une économie qui n’ait pas besoin de croissance. Mais sans croissance, la civilisation industrielle actuelle s’effondre. Donc de tous les côtés, ça s’effondre. On est cernés.

La posture du livre est de l’accepter. Il y a un effondrement, d’accord, on respire. On apprend à gérer sa raison, à gérer ses émotions, à gérer son rapport avec les autres, avec l’avenir. J’ai dû renoncer à des rêves que j’avais pour moi, mais j’ai dû renoncer à des rêves que j’avais pour mes enfants. C’est très douloureux. Une piste de sortie, c’est que l’effondrement peut être vu comme une opportunité incroyable d’aller vers quelque chose qu’on peut commencer à construire dès maintenant.

 

Est-ce qu’on le saura, quand l’effondrement arrivera ?

Vous connaissez la fable de la grenouille ? Quand on met une grenouille dans l’eau bouillante, elle saute. Quand on la met dans l’eau froide et qu’on fait peu à peu monter la température, elle reste jusqu’à en mourir parce qu’elle ne se rend pas compte que l’eau devient bouillante… Notre intuition est que peut-être, en Grèce, en Espagne, en Syrie, l’effondrement a déjà commencé. Nous, on n’est pas encore touchés parce qu’on est riches.

 

Comment êtes-vous arrivé à concentrer vos recherches sur l’effondrement ?

Un spécialiste du pic pétrolier, dans un colloque, a un jour parlé de ce qu’il appelle des « Oh my God points » [des points « oh mon Dieu » - NDLR]. Ce n’est pas un choc de la tête, c’est un choc du ventre et du cœur et après, plus rien n’est pareil.

Mon premier, c’était le pic pétrolier. J’ai vu un documentaire sur comment Cuba a survécu au pic pétrolier, et ça m’a tellement bouleversé que j’y suis allé pendant deux mois. Un autre grand « Oh my god point » est ma rencontre avec Dennis Meadows, le co-auteur du rapport du club de Rome [Rapport sur les limites de la croissance, 1972 - NDLR]. Son message est clair : il est trop tard pour le développement durable, il faut se préparer au choc, et construire des petits systèmes résilients parce que l’effondrement est là. Cela fait quarante ans qu’il dit cela, personne ne l’écoute. Le rapport prévoit un effondrement pour le début du 21e siècle et c’est ce qu’on est en train de vivre.

 

 

Pourtant, la grande majorité des gens ne voient pas l’effondrement.

Ils sont dans le déni, parce que c’est trop violent.

Après plein de gens savent. C’est le grand problème de notre époque : on sait mais on ne croit pas. Les mythes sont toujours plus forts que les faits. Notre mythe, c’est la croissance infinie, la techno-science qui domine la nature. Si on trouve un fait qui ne colle pas avec ces mythes, on le déforme pour le faire rentrer. On dit qu’on trouvera de nouvelles énergies, par exemple.

C’est pour cela qu’avec ce livre on est sur le terrain de l’imaginaire, qui est beaucoup plus fort que les faits, et structure la manière de donner sens au monde. On dit que l’utopie a changé de sens : les utopistes sont aujourd’hui ceux qui croient qu’on peut encore continuer comme avant.

Accepter l’effondrement, c’est comme accepter la mort d’un proche. Il faut dépasser les phases du deuil : le déni, le marchandage, la colère, la tristesse et l’acceptation. Beaucoup de gens sont encore dans le déni, mais il y en a aussi dans la tristesse, dans la colère. Et il y en a qui sont dans la joie, parce qu’ils sont déjà dans l’acceptation.

 

A la fin de l’année se déroulera une grande conférence sur le climat à Paris. N’est-ce pas la preuve que nos élites politiques ne nient plus l’effondrement et cherchent des solutions ?

Non, je pense que les politiques n’y croient pas. C’est bien que des gens se mettent autour de la table pour parler de climat, cela a au moins une vertu pédagogique. Mais parler de solutions, c’est tordu. Cela laisse la porte ouverte à tous les techno-béats qui sont là à trépigner avec la géo-ingénierie. Et cela empêche de se rendre compte que le changement climatique, même si tout s’arrête d’un coup, c’est déjà trop tard, il s’est emballé.

Mais on peut limiter les dégâts, c’est pour cela que c’est bien de mener des négociations. Et surtout on doit le faire parce qu’aujourd’hui, il n’y a aucun grand conflit international. C’est le moment idéal pour des négociations.

 

Que peut-on faire d’autre au niveau politique pour faire face à l’effondrement ?

On est dans des paradoxes, car si quelqu’un au niveau politique commence à parler d’effondrement cela va créer une panique des marchés financiers, qui va provoquer l’auto-réalisation de l’effondrement. Il va provoquer ce qu’il voulait éviter.

En revanche, on peut agir au niveau micro-politique. Avec l’effondrement, les macro-structures vont souffrir. On va retourner à des sociétés beaucoup plus locales. Le mouvement de la transition est en train de redonner du pouvoir aux gens au niveau municipal. C’est cette échelle qui permet de passer à l’action rapidement.

 

Vous dites que pour décrire l’effondrement, les faits scientifiques ne suffisent pas. Il faut aussi avoir l’intuition qu’il arrive. Ceux qui portent des alternatives sont-ils ceux qui ont cette intuition ?

Pour beaucoup, oui. Il y a des millions d’individus dans le monde qui sont déjà dans le monde post-pétrole, post-effondrement : le monde d’après.

Le problème est que si on n’a pas encore mis les lunettes de la transition, on ne voit pas ces initiatives...

 

*Suite de l'article sur reporterre

 

 

Source : http://www.reporterre.net

 

 

 

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7 mai 2015 4 07 /05 /mai /2015 15:48

 

Source : http://www.bastamag.net

 

Débattre Manifeste

Ingénieurs, ils refusent la prédominance du « système technicien »

par

 

 

 

 

Et si, pour transformer la société, on commençait par faire évoluer la formation des étudiants ? L’association Ingénieurs sans frontières publie un manifeste pour changer de perspectives. Comment enseigner l’esprit critique aux étudiants ? Comment apprendre une science au service de tous ? Comment former des élèves capables de se projeter dans des actions collectives ? Comment révéler le sens politique de la technique ? Un manifeste à lire d’urgence, pour que la formation, notamment des ingénieurs, ne vise plus « formater à l’exercice d’une pensée dominante ».

 

Nous, membres d’Ingénieurs sans frontières, pensons que la prédominance du modèle technicien érigé comme universel engendre des inégalités au niveau international. Au sein de ce modèle, l’ingénieur·e est souvent dépeint·e en maître d’œuvre de la technique. Ce rôle donne à l’ingénieur·e une responsabilité particulière dans l’adaptation de la technique à la société et la transformation de la société par la technique.

 

Nous tenons à ce que cette responsabilité soit guidée par l’objectif d’un changement vers plus de justice sociale et environnementale. Nous entendons par là un engagement individuel et collectif pour l’intérêt général, qui ne peut être atteint selon nous que par la poursuite d’une démarche démocratique, au-delà d’un exercice plus « juste » ou « responsable » du métier d’ingénieur·e.

 

Dans ce manifeste, nous remettons en cause la capacité des formations en ingénierie en France à engendrer des professionnel·le·s capables de mettre en place collectivement cette responsabilité. Nous traçons des lignes directrices qui, à nos yeux, devraient être à la base de tout effort pour penser les formations autrement.

Une formation pour réaffirmer la place de l’ingénieur·e comme l’une des interfaces entre science et société

Enseigner l’esprit critique, l’autonomie et la réflexivité : révéler le sens politique de la technique

Les techniques et méthodes enseignées définissent le plus souvent la rentabilité du capital comme priorité absolue, sans que ce but ne soit avoué ou remis en cause. L’enseignement de la complexité socio-environnementale des choix techniques (controverses scientifiques, épistémologie, jeux de pouvoir,…) est trop souvent partiel dans les formations en ingénierie. Ceci impose à tort une vision dépolitisée et neutre de la technique et alimente une croyance dans le progrès technique universel.

 

Nous demandons que le sens politique de la technique, c’est-à-dire le fait qu’elle incarne des choix de modèles de société, soit révélé au cours de la formation, la posture neutre étant également une posture politique. Ceci peut se faire à travers des enseignements pluralistes et interdisciplinaires donnant une place à des avis divergents. Il nous parait essentiel de donner la priorité à l’intérêt général par rapport à la rentabilité et que les étudiant·e·s acquièrent une capacité d’analyse systémique, critique et politique.

 

De même, nous pensons que l’enseignement des sciences humaines et sociales doit participer à l’apprentissage du doute, à la remise en cause de la pensée dominante et à la réflexion sur la place de l’ingénieur·e dans la société. La pédagogie active et une place réelle (budget, laboratoire et recherche associée, etc.) pour les sciences humaines et sociales dans les enseignements sont des outils pouvant y contribuer, si elles font partie d’une démarche critique plus large.

 

Au-delà de la responsabilité individuelle : vers une responsabilité collective

La formation initiale doit amener les ingénieur·e·s à être capables de penser l’action collective, là où elles/ils sont actuellement incité.e.s à penser à des superpositions d’actions individuelles. La responsabilité de l’ingénieur·e en tant qu’individu ne doit pas être un prétexte pour ne pas remettre en question un système comportant des défaillances. Ces dernières amènent voire obligent parfois l’ingénieur·e à privilégier des intérêts privés aux dépens de l’intérêt collectif : détérioration d’un bien commun, dumping social ou écologique…

 

La responsabilité de l’ingénieur·e doit alors se comprendre comme une démarche collective, pour permettre de dénoncer d’éventuels préjudices ou mécanismes de domination à l’œuvre, qu’ils concernent l’expression de la démocratie, la sauvegarde des biens communs ou les droits des peuples, et pour construire des solutions alternatives. Cela nécessite donc des connaissances en matière de droit des peuples et des mouvements qui les défendent.

 

Dissocier le rôle d’ingénieur·e et le statut de cadre : repenser l’organisation du travail

La formation des ingénieur·e·s vise à leur intégration dans la classe sociale des cadres et à les formater à l’exercice d’une pensée dominante. L’école, les classes préparatoires, et les formations en ingénierie participent à la création d’une élite, à sa reproduction sociale, et encouragent sa docilité vis-à-vis du système en place. Trop souvent, les formations sont marquées par une transmission non critique du rôle et de la place de l’ingénieur·e dans la société. Cet enseignement se fait sans prendre de recul sur l’organisation du travail et ses implications : faible place pour le dialogue dans l’entreprise et avec la société et pour la co-décision, la responsabilité collective, etc.

 

Nous pensons que les formations doivent proposer un regard pluraliste sur les modes d’organisation du travail, et donner notamment une place à des perspectives critiques sur le statut de cadre de l’ingénieur·e, sur cette « place particulière » dans la hiérarchisation du travail technique qui justifierait de lui donner un pouvoir particulier. Ce regard pluraliste n’est possible que s’il intègre d’autres acteurs au-delà des ingénieurs.

 

Nous demandons que les étudiant·e·s en ingénierie soient formé·e·s à remplir un rôle social d’animateur·e de l’élaboration démocratique des choix techniques de la société, pour rendre possible une appropriation citoyenne de la technique afin d’optimiser son potentiel émancipateur.

 

Partager la gouvernance et démocratiser les formations

 

Mettre en place une gouvernance partagée et une construction démocratique des formations

 

A l’échelle nationale, les formations en ingénierie sont construites par des instances non-démocratiques tenues dans une logique corporatiste. Celles-ci doivent donc être transformées afin d’intégrer une représentation de l’ensemble de la société. Conscients de la différenciation historique entre l’école d’ingénieur et l’université, nous remettons en question leurs cloisonnements. Il nous parait indispensable de penser dès à présent les formations en ingénierie dans le cadre commun d’un enseignement supérieur formateur pour la réalisation de l’intérêt général.

 

Au niveau des établissements, la participation des étudiant·e·s dans les formations en ingénierie reste grandement limitée à quelques associations étudiantes dont l’objet social n’intègre pas de rôle de représentation. Nous souhaitons au contraire que la gouvernance soit partagée avec des représentant·e·s étudiant·e·s mandaté·e·s, sans exclure le dialogue avec les associations étudiantes. Ces représentant·e·s devront être en mesure d’animer le débat parmi les étudiant·e·s pour pouvoir délibérer avec légitimité. La sensibilisation de l’ensemble des étudiants aux dispositifs de gouvernance et à leurs enjeux en est un préalable.

 

Mettre un frein à la privatisation des enseignements

La privatisation des enseignements des écoles et universités publiques, qui pousse à un formatage des savoirs à l’existant industriel et à un manque d’hétérogénéité des savoirs, doit être freinée. Ainsi, le financement privé des formations en ingénierie ne doit pas influencer les choix de formation ni privilégier des champs de recherche ou de formation sur un critère de rentabilité. De manière plus générale, la place prépondérante de ces intérêts particuliers dans l’orientation des formations doit être modérée.

Ces propositions sont pour nous des axes de travail indispensables à la mise en place de formations à une ingénierie critique et citoyenne au service de tous. Ingénieurs sans frontières s’applique à mettre en débat ces questions au sein des formations et à agir en réseau pour leur prise en compte.

 

Ingénieurs Sans Frontières

 

Télécharger le manifeste

 

Plus d’informations : isf-france.org/ingecit

 

Photo : source

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6 mai 2015 3 06 /05 /mai /2015 15:11

 

Source : http://www.marianne.net

 

Alain Minc à la Grèce : "Au nom du respect de votre souveraineté, on doit vous imposer une administration fiscale"

Magazine Marianne
 
 
On le sait, Alain Minc a réponse à tout. Et celle qu'il formule pour la Grèce est... originale. "Au nom d’un respect formel de sa souveraineté", a-t-il expliqué sur France inter, on doit dire à la Grèce : "On vous aide, on allège peut-être même la dette, mais on vous impose une administration fiscale". Curieuse conception de la "souveraineté"...
 
Alain Minc - BALTEL/SIPA

L’auditeur, peut-être encore un peu retenu par les bras de Morphée, a bien failli s’étouffer ce matin en écoutant la matinale de France inter. Il était presque 9h00, l’émission était presque finie et Alain Minc avait déjà mutliplié les perles à faire pâlir d'envie un ostréiculteur du Bassin d'Arcachon. Mais voilà que le jockey qui murmurait à l'oreille du cheval Sarkozy nous livre une fulgurance dont il a le secret.

« Quel est le problème grec ? » entame ainsi « l’expert » avec cette pédanterie à laquelle il nous a habitué. « Le problème grec, c’est un problème fiscal » juge-t-il en effet. Certes, l'impôt a souvent fait défaut et il ne faut surtout pas le nier. Mais dire que c'est « le problème » aujourd'hui, c'est en oublier un autre, et de taille : l'austérité folle qui étouffe la population du pays depuis que la Troika (UE, BCE, FMI) y a posé ses griffes ses mallettes noires. C'est ignorer aussi la baisse des salaires, des pensions, des retraites, des crédits alloués aux services publics, la progression du chômage, notamment du chômage des jeunes, la hausse inquiétante du taux de suicide, de la pauvreté, les privatisations sauvages...

Mais après tout, admettons. Et laissons une chance à « Alain-la-fulgurance-Minc » de poursuivre : « Le vrai débat avec la Grèce au nom d’un respect formel de sa souveraineté » (notez bien l'expression « respect formel de sa souveraineté »), c’est de dire à ses habitants : « On vous aide, on allège peut-être même la dette, mais on vous impose une administration fiscale. » Bref, « au nom d’un respect formel de sa souveraineté », on retire à la Grèce sa souveraineté fiscale. Voilà qui est cohérent pour un Minc qui explique que « nous avons une grande expertise dont nous pouvons faire bénéficier la Grèce » et que oui « Excusez-moi (excusez-le), on a mis, dans d’autres temps dans l’histoire, des pays sous mandat, ça existait... »  

« Une logique » que nous devrions par conséquent appliquer à la Grèce à laquelle Alain Minc tend (croit-il) la main : « On allège votre dette mais l’Union européenne prend en main votre système de prélèvement fiscal. » Une sollicitude à l'égard de la Grèce... presque allemande ! D'ailleurs, pour Minc, Hollande a fort bien compris « qu’il fallait revenir dans le lit conjugal avec Madame Merkel. » Pas de doute qu'on saura qui aller chercher pour leur tenir la chandelle...

 

 

 

 

Source : http://www.marianne.net

 

 

 

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6 mai 2015 3 06 /05 /mai /2015 14:51

 

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Exclusif
L’AMF enquête sur les comptes d’Areva

Marc Endeweld
 
 
Dans notre numéro en kiosques jeudi et disponible dès ce mercredi au format numérique, nous révélons que l’Autorité des marchés financiers (AMF) enquête sur Areva. En cause ? Des irrégularités financières et comptables. En attendant, les salariés du groupe risquent de payer les pots cassés d’une mauvaise gestion que même l’Etat n’a pas su diagnostiquer à temps.
 
Remy de la Mauviniere/AP/SIPA
 

Selon nos informations, l’Autorité des marchés financiers (AMF), alertée notamment par des pertes de près de 5 milliards d’euros, annoncées par Areva en février, enquête sur des irrégularités financières constatées au sein du groupe depuis deux ans. Le « gendarme de la Bourse » entend vérifier si les informations délivrées aux marchés par l’ancienne direction étaient « erronées », comme l’affirment plusieurs hauts cadres du groupe.

Les responsables du groupe public ont-ils triché sur la véritable situation financière d’Areva ? Pourquoi l’Etat — actionnaire à 87 % du groupe — n’a-t-il pas anticipé la réelle situation économique de l’entreprise ? A ces questions, Marianne répond par une enquête qui révèle une histoire rocambolesque concernant l’ancien management du groupe nucléaire.

En attendant, les 45 000 salariés du groupe, pourraient avoir à payer les pots cassés. Un programme d’économie de 1 milliard d’euros a été annoncé sur trois ans, et déjà plus de 1 500 suppressions de postes sont prévues en Allemagne.

En France, si le gouvernement se refuse à tout licenciement sec, une réunion doit se tenir aujourd’hui entre la direction du groupe nucléaire et les représentants des salariés. Selon Le Figaro, de 1 000 à 2 000 emplois seraient menacés.

En économie, le déni de réalité se paye toujours au prix fort…

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>>> Lire l'intégralité de notre enquête « Pourquoi Areva ne fait plus rêver » dans le numéro de Marianne en kiosques jeudi et disponible dès ce mercredi au format numérique.

 

 

 

 

 

 

Source : http://www.marianne.net

 

 

 

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6 mai 2015 3 06 /05 /mai /2015 14:39

 

Source : http://www.bastamag.net

 

Solidarités

A Lille, les ex-SDF relogent les SDF

par

 

 

 

En deux ans, le Collectif des SDF de Lille a relogé 157 sans-abris. Sans subvention ni local, cette association fondée par trois ex-SDF cherche des propriétaires qui acceptent de louer leur appartement à des sans-abris, pour aider les exclus parmi les exclus à reprendre pied. Et faire en sorte, qu’à leur tour, ils puissent aider d’autres à s’en sortir.

« En fait, il faut savoir enfoncer des portes. J’ai su le faire pour moi, alors pourquoi ne pas le faire pour les autres ? » Gilbert Pinteau a connu la rue à deux reprises. Ces dix années sans domicile fixe lui ont laissé le temps de saisir toutes les limites des structures traditionnelles d’accueil : manque de places dans les centres d’hébergement, entrée interdite aux animaux, liste d’attente longue comme le bras pour prétendre à un logement social…

Après avoir claqué la porte d’un centre d’hébergement en 2011, il décide de s’en sortir seul avec ses faibles moyens (RSA et allocation adulte handicapé) en réussissant à convaincre un propriétaire de lui louer son appartement. Il a pour cela fait valoir son accès au Fonds de solidarité pour le logement (FSL), qui apporte une garantie au propriétaire sur le versement des loyers.

« Logée, la personne pourra affronter ses autres problèmes »

A peine sorti de la rue, il a fondé, avec deux autres ex-sans-abris, le Collectif des SDF de Lille. Objectif : appliquer à d’autres la recette qui a fonctionné pour lui. C’est à dire, dans l’ordre : faire valoir leurs droits, trouver un propriétaire qui joue le jeu, puis, une fois la personne installée dans son appartement, faire la demande d’un logement social. « Le passage par le parc privé est une passerelle vers le parc social », explique-t-il, en rappelant qu’à Lille, le temps d’attente avant d’obtenir un logement social est, en moyenne, de 13 mois.

Un délai qui peut s’allonger considérablement pour un homme seul, les communes privilégiant souvent les familles ou les jeunes couples. « L’un des arguments de l’administration, c’est souvent de dire que telle personne n’est "pas prête" pour accéder à un logement. Nous, on pense l’inverse : c’est une fois qu’elle est logée que la personne pourra affronter ses autres problèmes. »

En deux ans, le collectif, devenu association, a logé 157 personnes. Celles-ci ont pu bénéficier d’un suivi pendant 3 ou 6 mois pour stabiliser leur situation, reprendre contact avec leur famille… Le collectif s’assure aussi que les loyers sont bien versés, ce qui a permis de gagner la confiance des propriétaires. « Au départ, on essuyait 90 % de refus. Maintenant, on est autour de 30 %. Ce qui est génial, c’est qu’on s’aperçoit que ces gens payent vraiment leur loyer. Et ils sont souvent heureux de pouvoir le faire. »

« Je leur dis les choses en face »

Les personnes aidées peuvent ensuite, à leur tour, aider l’association en devenant « travailleur-pair ». C’est l’une des forces de l’association : la forte implication d’ex-SDF, notamment lors des maraudes. De ce fait, « les rapports n’ont rien à voir. Les gens se confient beaucoup plus facilement, il y a une confiance immédiate », constate Arnaud, un travailleur social qui a pu être embauché grâce aux premières subventions touchées en fin d’année dernière.

Les résultats obtenus sont désormais reconnus aussi bien par les autorités que par les (ex-) SDF. Gilbert Pinteau a été désigné pour défendre les droits de ceux-ci au sein du Conseil consultatif des personnes accueillies. Ce qui lui permet de ruer dans les brancards pour remuer l’administration… « J’ai une grande gueule. Que ce soit un SDF ou un préfet, je dis les choses en face », explique-t-il, regrettant que « l’État ne réfléchisse qu’avec des chiffres ».

Son seul calcul est le suivant : un SDF = un logement à trouver. « La situation de chacun, je m’en fous. Chaque personne doit avoir un toit », assène-t-il. Pour lui faire toucher de près la réalité du terrain, il a par exemple réussi à emmener avec lui le préfet de Lille lors d’une maraude, « sous la neige, fin décembre. Il a vu des situations de détresse qu’il ignorait complètement, ça a changé son regard sur la question. Mais un mois après, il a été muté… »

La démarche de Gilbert Pinteau fait des émules. Quand nous le rencontrons, le 19 mars, il est à Marseille. Il est venu partager son expérience avec des personnes qui souhaitent s’inspirer de son travail pour faire respecter les droits des SDF dans leur département. « L’idée, ce serait que des associations comme la nôtre se créent un peu partout. On n’a pas la prétention d’être les meilleurs, mais le travail qu’on fait, les autres ne le font pas. » Vers 16 heures, ce jour-là, son téléphone portable se met à sonner. Après avoir raccroché, il arbore un large sourire : « On vient de loger une personne de plus ! Voilà, je suis content ! »

Nicolas Bérard (L’âge de faire)

- Pour aider l’association : Collectif des SDF de Lille, 194/1 boulevard Victor Hugo, 59 000 Lille – 06 46 42 90 25 - collectifdessdfdelille@gmail.com

Photos :
- Une : CC Peter
- Gilbert Pinteau par L’Age de Faire

Cet article est tiré du numéro d’avril 2015 du journal L’âge de faire, partenaire de Basta !. Vous pouvez retrouver le sommaire du numéro sur cette page.

 

 

Source : http://www.bastamag.net

 

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