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19 janvier 2015 1 19 /01 /janvier /2015 15:10

 

Source : www.marianne.net

 

 

L'oligarchie et le mépris du peuple

Magazine Marianne
Notre collaborateur Jack Dion publie "Le Mépris du peuple". Dans notre numéro de la semaine dernière, nous diffusions de larges extraits consacrés à l'Europe et comment celle-ci elle a perdu les citoyens. Marianne.net publie aujourd'hui, en exclusivité, deux nouveaux passages portant cette fois sur le FN et le monde de l'entreprise.
Sipa

Notre ami Jack Dion, directeur adjoint de la rédaction de Marianne, prend le risque de se faire traiter de passéiste, en publiant son salubre petit essai : il préfère le temps d'avant, celui où le Parti socialiste voulait « changer la vie » plutôt que de « changer d'avis au gré des foucades de conseillers en communication interchangeables, tous convaincus que l'on ne peut rien faire d'autre que de s'adapter aux "contraintes" du marché ».

Son réquisitoire est chargé, mais argumenté et politiquement engagé. Il préfère la hiérarchie des salaires de 1 à 30 des années 80, à celle d'aujourd'hui de 1 à 400. Il regrette la tranche d'imposition sur le revenu à 65 % de ces années 70 où un salarié travaillait quatorze jours de l'année pour les actionnaires, contre quarante-cinq maintenant. Il préfère, au « My government is pro-business » de Manuel Valls, la consigne du général de Gaulle : « La politique ne se fait pas à la Corbeille. » Il se souvient de l'époque du plein-emploi et relève que la formule du chancelier allemand Helmut Schmidt, « Les profits d'aujourd'hui font les investissements de demain et les emplois d'après-demain », a laissé la place à un autre théorème : « Les profits d'aujourd'hui font les dividendes de demain et les chômeurs d'après-demain. »

La force de son livre vient de l'association de la colère du militant de gauche qu'a toujours été Jack Dion à une synthèse édifiante des renoncements qui, en trente ans, ont livré le peuple à la « guerre des pauvres contre les pauvres » dont se repaît le néolibéralisme auquel se sont soumis Bruxelles et Paris. Car, contrairement à beaucoup de commentateurs et de responsables politiques, Jack Dion analyse bien l'origine de cette grande régression : la trahison de l'espérance européenne. Il préfère l'Europe régulée et protégée du traité de Rome à ce terrain de jeu ouvert au capital, désormais libre d'organiser au nom de la « compétitivité » la mise en concurrence des prolétariats, principales victimes de la désindustrialisation qui a laminé des régions entières. Les salariés au chômage, ceux qui le redoutent ou ne voient que déclassement programmé pour leurs enfants se sont lassés des discours sur l'« adaptation » à une modernité qui les marginalise. Ils voient bien à qui reviennent les bénéfices de la mondialisation tandis qu'eux n'ont droit qu'aux discours d'énarques pensionnés à vie leur expliquant qu'il faut « bouger » et « changer de métier plusieurs fois dans sa vie » et qui les chapitrent pour « populisme ».

C'est à la gauche que s'adresse Dion. Il ne supporte pas qu'il ait « fallu attendre son accession au pouvoir suprême pour que les forces de l'argent assurent leur emprise sur la société ». Ni que ses dirigeants, de plus en plus proches de cette « caste politico-économique » confisquant richesses et pouvoirs, aient perdu de vue le peuple, prisonniers de leur sociologie de professionnels de la politique ancrés dans les métropoles bobos et de plus en plus ignorants de la vie de leurs compatriotes. Il ne pensait pas qu'un jour être de gauche consisterait à oser « dire tout haut ce que même un responsable de la droite décomplexée n'oserait suggérer ». Pour lui, il ne sert donc à rien pour la gauche de se donner bonne conscience en condamnant la sécession du peuple (le FN attire cinq fois plus les ouvriers que le PS) si elle ne comprend pas que celle-ci s'explique par le bilan de sa politique : les catégories populaires ne cessent de la fuir parce qu'elle ne les défend plus.

Eric Conan

Le mépris du peuple. Comment l’oligarchie a pris la société en otage, de Jack Dion, Les Liens qui libèrent, 152 p., 15,50 €. En librairies le 14 janvier.

>>> EXTRAITS

>>> Sur le Front national

“Quand le peuple fait sécession, inévitablement, il finit soit par ne plus voter, soit par mal voter. Dans un cas, il s’abstient ou vote blanc. Dans l’autre, il choisit de moins en moins souvent les partis présentables, propres sur eux, consensuels, ceux avec lesquels on est sûr que rien ne changera, sauf l’apparence des choses – bref, les partis adorés par le clergé médiatique. Pour les bien-pensants, c’est-à-dire les gens qui pensent que ceux qui ne pensent pas comme eux pensent mal, c’est un crime. Tout individu qui ne glisse pas dans l’urne un bulletin estampillé droite classique ou gauche molle est donc suspect. Quiconque prétend se situer à la gauche du PS (exercice au demeurant assez facile, vu le positionnement de ce dernier) relève de la catégorie des utopistes irréalistes, des dogmatiques incapables de comprendre les contraintes du monde moderne ou des nostalgiques de l’URSS. Quant à ceux qui votent FN, ils constituent pour les esprits supérieurs une engeance d’individus irrécupérables, quasiment des nazis en herbe. D’ailleurs, les uns et les autres sont regroupés d’office dans la cellule infâme des « extrêmes ». C’est pratique, les « extrêmes ». On peut y mettre tout et n’importe quoi. On peut y mélanger la gauche alternative et la droite ultra, le Front de gauche et le Front national, les communistes héritiers des résistants et les descendants des collabos, Jean-Luc Mélenchon et Marine Le Pen. Alors que leurs histoires et leurs valeurs se situent aux antipodes, les médias, les commentateurs, les dirigeants politiques et les spécialistes de tout et de rien les renvoient dos à dos, quand ils ne les associent pas dans le même sac à opprobre.

Au fil du temps, la diabolisation du FN est devenue sa principale arme[…] Mélanger les choux et les carottes, les révoltés et les apprentis sorciers, les militants de la gauche radicale et les affidés de l’extrême droite, c’est un must de la pensée caoutchouc et de l’intelligentsia fatiguée. […] Jamais on ne pose la question qui fâche : pourquoi un nombre si important de Français se tournent-ils vers un parti qui a su adapter son langage tout en restant assez ambigu pour susciter autant d’interrogations sur sa finalité et de doutes sur ses orientations fondamentales ? Pourquoi autant d’électeurs des milieux populaires succombent-ils à l’attrait d’un parti honni par l’élite, quasiment absent de l’Assemblée nationale, considéré comme non fréquentable au point de susciter régulièrement de vains appels au « front républicain » ? Bref, pourquoi considèrent-ils que le seul vote antisystème est le vote FN ? La réponse est dans la question. Au fil du temps, la diabolisation du FN est devenue sa principale arme. Être considéré comme un électeur FN, ce fut d’abord la honte. Ce fut ensuite le choix que l’on n’osait avouer. C’est devenu le cri que l’on pousse et le bulletin que l’on jette à la figure des notables, ne serait-ce que pour ne pas faire comme tout le monde dans une société qui vous interdit de l’être.

Nombre de salariés humbles, oubliés, déclassés, humiliés, abandonnés, ont fini par se dire que, si la caste politico-médiatique – celle qui fait l’unanimité contre elle – tape sur le FN, c’est que ce dernier n’est peut-être pas si pourri que ça. D’une certaine manière, le phénomène Eric Zemmour répond à la même logique. C’est l’histoire de l’arroseur arrosé. À force de présenter le FN comme ce qu’il n’est pas – l’enfant d’un couple formé par Hitler et Mussolini –, on finit par ne plus voir ce qu’il est encore, et surtout par ne pas comprendre pourquoi il séduit tant les couches populaires. Dans ces conditions, il n’est nul besoin d’être devin pour imaginer que le FN se prépare à l’échéance présidentielle de 2017 avec une confiance certaine.

Par simple correction, Marine Le Pen serait bien inspirée d’envoyer un message de remerciement à tous les idiots utiles qui lui ont fait la courte échelle, de la gauche qui l’a fustigée à la droite qui l’a confortée, de BHL à Harlem Désir et à Jean-Christophe Cambadélis – les parrains de SOS Racisme –, en passant par quelques autres étoiles de moindre éclat. Dans une interview au Monde, le nouveau premier secrétaire du PS a fait un constat d’évidence : « Le FN n’est pas un parti fasciste, voire nazi » On aurait pu croire qu’il allait esquisser un bilan autocritique et réviser son logiciel. Erreur. Sortant de la naphtaline une formule d’une colossale finesse, il l’a affublée de l’étiquette « national-populiste », renvoyant ainsi au national-socialisme d’Hitler et abandonnant au FN deux terrains : celui de la nation et celui du peuple. D’une formule, deux bévues. Qui dit mieux ? D’ailleurs, quelle a été la conclusion de l’éditorial du Monde au lendemain de la victoire du FN aux élections européennes du 25 mai 2014 ? La dénonciation du « national-populisme ». Circulez, il n’y a rien à voir et aucune leçon à tirer.

Quand Sophia Aram traite les électeurs du FN de "gros cons", c’est un don du cielLa condamnation droit-de-l’hommiste a tellement bien fonctionné qu’elle a produit le contraire de l’effet recherché : la promotion sans précédent d’un parti qui a fait sa pub en expliquant qu’il n’était pas « comme les autres ». Ne pas être « comme les autres » quand les « autres » provoquent un phénomène de rejet, c’est une garantie tous risques. Lire dans Libération, organe central de la gauche libérale-libertaire, que le FN n’est « pas un parti comme un autre », qu’il est désormais « sous la loupe de Libé », qui entend organiser l’« observation régulière et minutieuse » de son action municipale, c’est un cadeau inespéré pour Marine Le Pen. Quand l’humoriste Sophia Aram traite les électeurs séduits par le FN de « gros cons » sur les antennes de France Inter – un peu comme Bernard Tapie les avait assimilés à des « salauds » –, c’est un don du ciel.

Le procédé a été inauguré sous son premier septennat par François Mitterrand, celui qui osa offrir un poste de ministre à Bernard Tapie, un homme qui ferait passer Jérôme Cahuzac pour un apôtre de la lutte contre la fraude fiscale. Disciple de Machiavel, le premier président socialiste de la Ve République a vu dans l’installation du FN dans le paysage politique de l’après-1981 un moyen de diviser la droite et de concurrencer la vocation tribunicienne de l’un de ses alliés encombrants, le PCF, qu’il rêvait de plumer comme de la volaille. Résultat : comme dans l’histoire du savant fou dépassé par la mécanique diabolique qu’il a inventée, Marine Le Pen est sortie de sa boîte pour occuper la scène politique de manière ostentatoire. Bien qu’elle appartienne à l’élite, elle en symbolise le rejet. Bien qu’elle soit née dans une famille fortunée, elle se revendique de la veuve et de l’orphelin. Bien qu’elle soit devenue une vedette médiatique, parfaitement intégrée dans la mécanique de l’information, elle apparaît anti système en tirant à vue sur les codes de la gauche de salon : l’hédonisme et le marché ; l’esprit de Mai 68 (dans sa version caricaturale) et l’hymne à Davos ; le culte de l’individualisme et la sanctification de l’Europe des affaires ; l’esprit Canal + et le règne du business.

[…] L’arrivée de Marine Le Pen a permis de ranger au vestiaire les aspects les plus scabreux du parti créé par son père en 1972, et qui était longtemps demeuré un groupuscule sans influence. Une fois la caricature ambulante de la pire droite extrême renvoyée en coulisse, le feuilleton de la diabolisation ne pouvait que tourner à la mauvaise farce. Secondée par des recrues venues de franges plus présentables, tel Florian Philippot, soldat perdu du chevénementisme, l’héritière a réussi à amalgamer les courants contraires d’une famille disparate. Elle a progressivement développé un discours attrape-tout qui lui permet de ratisser au plus large. Dans la foulée, elle a pu faire entendre sa petite musique si désagréable soit-elle aux oreilles fragiles, sur des sujets enfouis dans le tiroir des bons sentiments par la gauche compassionnelle.

Du coup, le FN a opéré une triple mue : il est devenu un parti protestataire, comme l’était le PCF du temps de sa splendeur (avec la xénophobie en paquet cadeau) ; un parti positionné sur des terrains sociaux naguère délaissés par l’extrême droite ; enfin, un parti apportant ses réponses (aussi détestables soient-elles) à des enjeux républicains que les formations traditionnelles ne veulent plus aborder. C’est le grand art de la « triangulation », qui consiste à reprendre certaines des propositions de ses adversaires à des fins purement tactiques. Nicolas Sarkozy avait testé la formule. Marine Le Pen la reprend à son compte. Elle peut tout à la fois dénoncer la mondialisation avec des envolées dignes d’Arnaud Montebourg ; critiquer l’Europe à la manière de Nicolas Dupont-Aignan ; fustiger les multinationales avec un ton inspiré de Jean-Luc Mélenchon ; foudroyer les actionnaires avec les accents de Pierre Laurent ; dénoncer le communautarisme avec la rhétorique de Jean-Pierre Chevènement ; donner des leçons de laïcité en se réclamant d’Élisabeth Badinter ; tonner contre l’insécurité à l’instar de tous les ministres de l’Intérieur qui se sont succédé à ce poste sans parvenir le moins du monde à enrayer la délinquance.

[…] En effet, le discours du FN marche d’autant mieux qu’il s’appuie sur le bilan catastrophique des partis qui se relaient au pouvoir depuis une trentaine d’années et qui mènent des politiques où la quête de la différence nécessite le recours au microscope. Si la dénonciation de l’« UMPS » trouve des oreilles attentives, c’est que la gestion Hollande ressemble à la gestion Sarkozy, laquelle était déjà inspirée de celle de Chirac, qui rappelait étrangement la période Mitterrand d’après 1983. Mine de rien, la chose dure depuis plus d’un quart de siècle et se résume à un constat simple : la France courbe l’échine et le peuple est à genoux.”

 

>>> Sur l’entreprise

“Si le peuple est réduit à la plus simple expression dans l’espace politique, il est carrément marginalisé dans le monde de l’entreprise. Désormais, le travail est un boulet. D’ailleurs, dans la novlangue qui tient lieu de prêt-à-penser, la « valeur travail » a disparu. Elle a été balayée par le vocabulaire managérial importé des pays anglo-saxons et mis à la mode après un passage rapide mais efficace dans les instituts patronaux. Ce vocabulaire a envahi toutes les sphères du pouvoir, où l’on ne parle plus d’art de gouverner, mais de « gouvernance », comme si l’on pouvait diriger un pays comme on dirige une multinationale ayant son siège social dans le Far West.

La « valeur travail » avait été mise à rude épreuve et déjà détournée de son sens sous le quinquennat de Nicolas Sarkozy. Par un de ces contre-pieds propres à la vie politique, il a fallu la victoire de la social-démocratie pour faire du travail un « coût » à réduire au maximum (ou au minimum, comme on voudra) afin d’augmenter la « compétitivité » de l’entreprise, une structure qui aurait la capacité magique de créer de la richesse sans intervention de la force de travail.

Droit dans ses bottes, François Hollande a expliqué que son objectif principal était « d’alléger le coût du travail des entreprises, car s’il n’y a pas cette baisse, il n’y aura pas le redressement de la compétitivité française ». Ce jour-là, en une heure d’entretien, le président ne parla pas une seule fois de l’exorbitant coût du capital, à croire que ce dernier se régénère par l’opération du Saint-Esprit de la finance. Une histoire fantasmée de l’entreprise Pourtant, il n’est nul besoin d’être féru de marxisme pour savoir que l’unique source de création de richesse est le travail, manuel ou intellectuel. Sans intervention humaine, l’entreprise n’est rien. On s’en aperçoit par l’absurde avec les grèves – que l’on appelle pudiquement « arrêts de travail ». Dans ce cas, tout s’arrête, à commencer par la « création de valeur », aujourd’hui synonyme de la bonne volonté des « investisseurs » et des actionnaires. Et l’on n’hésite pas à chiffrer le « coût de la grève ». Mais s’il y a un coût du non-travail, c’est bien la preuve par l’absurde que le travail lui-même n’en est pas un, car il est producteur de richesses.

Les salariés, de l’ouvrier à l’ingénieur, n’existent plusL’entreprise, si sophistiquée soit-elle, grande ou petite, multinationale ou pas, n’est qu’un espace vide incapable de générer la moindre valeur supplémentaire sans l’esprit et la main de ceux qui forment le collectif de travail. Si l’élément salarié fait défaut, l’entreprise est une coquille vide, un bureau sans mobilier, une voiture sans moteur, un avion sans carburant, une équipe de foot sans joueurs, un orchestre sans musiciens. Or la version qui a droit de cité dans les livres d’école nous raconte une autre histoire, féérique. Les entreprises se réduiraient à des actionnaires ayant la bonté d’y placer leurs économies afin de participer à l’effort national – et demandant en retour une modeste gratification – et à des PDG propres sur eux, formés dans des écoles prestigieuses, à l’esprit affûté, des guerriers modernes, risquophiles, cultivés, décidés à affronter les défis de la mondialisation en échange d’un salaire certes conséquent mais sans rapport avec leurs immenses mérites.

Les salariés, de l’ouvrier à l’ingénieur, n’existent plus, sauf pour poser des problèmes revendicatifs insurmontables. Ils sont corporatistes, bornés, archaïques, ringards, en décalage total avec les exigences du monde moderne – surtout s’ils ont l’idée saugrenue de se regrouper dans des syndicats afin de défendre des droits, alors qu’il est si simple de s’entendre entre bons amis.

En somme, l’entreprise idéale serait celle où il n’y aurait que des actionnaires et des directions, avec des robots pour effectuer les tâches requises dans l’équivalent d’un Metropolis industriel. C’est ce que Serge Tchuruk, alors président d’un des fleurons français des télécoms, Alcatel, a appelé l’« entreprise sans usines ». Il a réalisé en partie son rêve en 2006 en bradant Alcatel à l’américain Lucent, ce qui s’est révélé un fiasco pour l’industrie nationale et pour l’emploi (la moitié des postes ont disparu). En revanche, le PDG a eu droit au passage à un parachute doré de 6 millions d’euros en remerciement des sévices rendus. Progrès ou pas, révolution technologique ou pas, l’entreprise sans usines relève du fantasme. Les travailleurs, quelles que soient les appellations exotiques dont on les affuble, sont la clé de voûte du processus de production. Sauf qu’ils n’y sont pas à leur place. On pourrait reprendre à l’égard du salariat la célèbre formule de l’abbé Sieyès à propos du Tiers-État pendant la Révolution française : « Qu’est-ce que le Tiers-État ? Tout. Qu’a-t-il été jusqu’à présent dans l’ordre politique ? Rien. Que demande-t-il ? À y devenir quelque chose. »

Des médias Bisounours chez les oligarques du CAC 40Or les médias nous servent une version quotidienne inspirée des Bisounours chez nos amis les oligarques du CAC 40, ces gentils dirigeants tellement incompris, alors qu’ils veulent faire le bonheur de leurs employés, tout comme Xi Jinping dit vouloir faire celui des habitants de la Chine éternelle. On mélange petites et grandes entreprises, PME et casinos du business, jeunes entrepreneurs en mal de financement et accros des paradis fiscaux, pour défendre le seul point de vue des géants qui font la pluie et le beau temps. On nous assure que la tendance est aux petites structures, que le temps des conglomérats est révolu, alors que le grand patronat règne en seigneur et maître, secondé par ses serviteurs attitrés. Les oligarques tiennent les rênes du Medef, pourtant bien peu représentatif du patronat réel. Ils disposent également d’une structure moins connue, mais dotée d’un pouvoir de nuisance redoutable, qui regroupe le gratin du gratin : l’AFEP (Association française des entreprises privées). Créée en 1982 en riposte à la vague de nationalisations, cette organisation est dirigée par Pierre Pringuet, directeur général de Pernod-Ricard, qui a succédé à Jean- Martin Folz (ex-PDG de PSA) et à Maurice Lévy (Publicis). On est dans la catégorie poids lourds.

Ce n’est pas tout. Les oligarques tiennent également les banques et les circuits financiers. Ils ont leurs lobbyistes à Bruxelles, là où tout se joue, là où est le vrai pouvoir. Ils organisent les réseaux d’influence, y compris parmi les journalistes. Ils animent les clubs de réflexion où le débat d’idées tourne à sens unique – celui de la pensée du même acabit. Ils ont leur rond de serviette à Davos, ce rendez-vous annuel où les chefs d’État sont flattés d’être reçus par les grands de ce monde, illustrant ainsi la confusion ambiante sur les véritables maîtres de la planète. Ils ont table ouverte aux dîners du Siècle, ce club très select dirigé par Nicole Notat, ex-secrétaire générale de la CFDT, où se croisent hommes d’affaires et journalistes bien en cour, banquiers et politiques, barons des finances et petits marquis de l’intelligentsia. Ils organisent des universités d’été où l’on vient prendre de bons conseils. Ils fournissent les armadas d’experts qui portent la bonne parole sur les plateaux télévisés ou dans de multiples colloques. Ils entretiennent des relations particulières avec les syndicats amis, susceptibles d’accepter des compromis au rabais, quitte à mettre en scène des pseudo-crises pour ne pas leur faire perdre la face.

[…] Charles Péguy proposait de « faire entrer la République dans les entreprises ». Pour l’heure, c’est l’oligarchie qui est entrée dans la République. Au nom de la « concurrence », devenue l’invariant de la pensée obligatoire, le périmètre des entreprises publiques – où les salariés ont des droits limités, mais réels – s’est réduit à sa plus simple expression. Du coup, l’État stratège est privé de moyens d’action réels, et les salariés ont perdu des points d’appui précieux. La dernière grande vague de nationalisations date de 1981, avec la victoire de François Mitterrand à la présidentielle et l’arrivée de la gauche au gouvernement. L’expérience fut menée dans de telles conditions, et sous de telles pressions, qu’elle déboucha sur un échec. Les années suivantes furent celles du retour au privé et de la reprise en main progressive par les oligarques. On entérina le fait que les monopoles publics étaient par principe des vestiges d’une époque révolue, mais que leurs homologues privés constituaient le nec plus ultra de la modernité. Résultat : la France se retrouve avec un appareil économique et financier contrôlé par des intouchables, un aréopage de drogués de la mondialisation qui refusent tout partage de leurs pouvoirs et toute remise en cause de leurs privilèges, telle l’aristocratie de l’Ancien Régime.

Il ne se passe pas un jour sans qu’on lise, graphiques à l’appui, que les salaires constituent un poids insoutenable, qu’il faut consentir des « efforts », que le pays ne doit pas vivre au-dessus de ses moyens, que les fonctionnaires sont des privilégiés, que le smic est un handicap, et le RSA un encouragement à l’« assistanat »… Dans ces conditions, on pourrait s’attendre à ce que les puissants, ceux d’en haut, offrent une partie de leurs émoluments princiers à la cause nationale, ne serait-ce que pour donner le bon exemple. Dans un pays où l’on prêche l’héritage chrétien, pourquoi ne pas entendre les exhortations du pape François au partage ?

Bonus, hauts salaires et stock-options ne seraient pas responsables de la crise !Il n’en est rien. Toute évocation d’une loi visant à « encadrer » les salaires des patrons du privé déclenche une bronca chez les intéressés, ainsi que chez ceux pour qui toute référence à la justice est un appel à la subversion. Pourtant, chacun sait que seuls les très gros seraient concernés, puisque les petits patrons, la plupart du temps, ont un salaire proche de celui d’un cadre supérieur. Mais, faute de pression politique, le Medef s’est contenté de mettre en place un « code de déontologie » destiné à permettre une forme d’« autorégulation » (sic). Autant demander à un drogué de gérer sa propre consommation.

À en croire les bonnes âmes, bonus, hauts salaires et stock-options ne seraient pas responsables de la crise. Tiens donc. Et le « coût du travail » prétendument exorbitant, il y est pour quelque chose ? Comment expliquer que des ouvriers payés 1 200 euros par mois mettent l’économie en péril, alors que les patrons du CAC 40 sont rétribués en moyenne 350 000 euros par mois, soit 290 fois le smic ? Est-il normal que l’écart entre les salaires les plus bas et les salaires les plus hauts, qui était de 1 à 30 dans les années 1980, soit passé de 1 à 400 ? Est-il justifié que les actionnaires prélèvent une véritable dîme sur les entreprises ? Que sont les banquiers fautifs devenus ? Est-il logique que les PDG de banques qui ont été sauvées par les fonds publics gagnent des sommes qui sont un défi au bon sens ?

[…] La justification de cette échelle de salaires hors norme tient de la morgue de classe du seigneur vis-à-vis du serf. Dans les entreprises publiques, où l’écart est de 1 à 20, nul n’a assisté à un exil en masse des cadres ni à une pénurie subite d’aspirants PDG. Personne n’a noté une crise des vocations ni une inefficacité soudaine des directions. Pourquoi ne pas s’en inspirer dans le secteur privé ? Si l’on ne veut pas en passer par la toise salariale, l’arme fiscale peut régler le problème, comme l’avait compris Roosevelt en son temps, de l’autre côté de l’Atlantique, sans pour autant instaurer le pouvoir des soviets. Il est tout de même étonnant de signifier aux citoyens ordinaires qu’ils ont des droits et des devoirs, tout en considérant que d’autres, moins ordinaires, ont peu de devoirs et beaucoup de droits.

« La France a la passion de l’égalité », disait Tocqueville. C’est aussi un pays où l’oligarchie a la passion des injustices. Sinon, on ne comprendrait pas comment des PDG payés comme des nababs peuvent relayer sans état d’âme les attaques contre le smic, allant jusqu’à prôner un smic au rabais pour les jeunes. L’idée a été avancée par Pierre Gattaz, le patron du Medef, ce qui ne surprendra personne. Elle a été évoquée sous d’autres formes par Pascal Lamy, socialiste et libre-échangiste convaincu, grand défenseur de la mondialisation sans rivage, ancien membre de la Commission européenne, ex-directeur général de l’Organisation mondiale du commerce (OMC). Elle est également prônée par Henri de Castries, PDG d’AXA, qui sait de quoi il parle, puisqu’il gagne environ 370 fois le smic. À propos du principe républicain selon lequel tous les hommes naissent libres et égaux en droits, Pierre Desproges disait : « Qu’on me pardonne, mais c’est une phrase que j’ai beaucoup de mal à dire sans rire. » Henri de Castries, lui, ne rit pas. Il considère sans doute que les smicards ne sont pas des êtres humains comme les autres.

Dans les journaux, les rubriques consacrées aux questions sociales ont disparuMais qui se soucie des gens de peu, comme on disait naguère ? La presse a pris acte de leur disparition des radars. Quand on suspecte un rapt d’enfant, l’opération « Alerte enlèvement » s’affiche sur tous les écrans de télévision. Mais quand le monde salarial disparaît des radars de l’info, personne ne s’émeut. Dans les journaux, à part dans L’Humanité, les rubriques consacrées aux questions sociales ont quasiment disparu. On trouve des rubriques sur l’économie, l’emploi, l’argent (évidemment), la Bourse, mais pas sur l’univers du travail, comme s’il n’y avait rien à en dire. Chaque quotidien, ou presque, a son supplément économique, dont le contenu est peu ou prou interchangeable tant on y retrouve le discours consensuel formaté. Mais, sur le social, pratiquement rien. Pourtant, dans les rédactions, on trouve encore d’anciens gauchistes ayant participé à la révolte de mai-juin 1968. Certains d’entre eux, à l’époque, n’avaient pas hésité à passer de l’autre côté et à s’engager en usine, fût-ce pour une expérience sans lendemain.

Aujourd’hui, il faut accepter que l’entreprise soit un bunker inaccessible, à moins de montrer patte blanche à un service de communication qui transformera chaque demande de visite en voyage touristique à l’intérieur d’un monde enchanté. Rencontrer des ouvriers sur leur lieu de travail est devenu aussi difficile que visiter un lieu de commandement de l’armée de terre.

[…] Parfois, cependant, [un travailleur] apparaît à l’écran lors d’un débat avec une personnalité politique. C’est alors la surprise, le clash de deux mondes, le choc de deux civilisations, la rencontre de deux univers qui s’ignorent. Jacques Chirac, Nicolas Sarkozy, Jean- François Copé, François Hollande ont vécu cette curieuse expérience in vivo qui met à mal le notable avec sa langue de bois, ce discours convenu qui passe très bien avec les journalistes (c’est le même monde), mais ne fonctionne plus du tout lorsqu’il se heurte à un être réel, si l’on ose dire. C’est un peu le syndrome de François Hollande en visite à Carmaux pour rendre hommage à Jean Jaurès. Le 23 avril 2014, dans une ville qui a voté pour lui à 72 % lors de la présidentielle de mai 2012, il est apostrophé par une femme en colère. Terrible choc, que l’on avait déjà connu avec Lionel Jospin, alors Premier ministre, face aux ouvriers de Lu qui manifestaient contre la fermeture de leur entreprise.

À la télévision, dans ces émissions où d’ordinaire le ronron est de rigueur, le contraste est encore plus saisissant. Il suffit que la voix d’un non-professionnel de la politique ou du monde médiatique vienne troubler le jeu pour que s’écroule aussitôt le bel ordonnancement prévu à l’origine, comme si un intrus était monté sur la scène pendant une représentation de théâtre. À cette différence près que la vie politique, a priori, ne relève pas du spectacle.”

 

 

Source : www.marianne.net

 

 

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19 janvier 2015 1 19 /01 /janvier /2015 14:58

 

 

Source : cadtm.org

 

CADTM

 

 

 

10 mesures urgentes pour financer le développement humain et la transition écologique

15 janvier par Olivier Bonfond


 

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En 1998, plusieurs institutions spécialisées de l’ONU ont réalisé une étude |1| pour tenter d’évaluer les ressources financières nécessaires à la réalisation des droits humains suivants : éducation primaire, accès à l’eau potable, aux soins de santé de base (incluant la nutrition) et à des infrastructures sanitaires, ainsi que l’accès aux soins de gynécologie et d’obstétrique. Ce rapport concluait qu’avec 80 milliards de dollars par an pendant 10 ans, en plus de ce qui était déjà dépensé dans les secteurs concernés, il serait possible de garantir universellement la satisfaction de ces droits |2|. Cette étude a très largement servi de base pour la mise en place des objectifs du Millénaire pour le développement (OMD). Le coût nécessaire à la réalisation des OMD a été réactualisé en 2012 |3|. Celui se montait à 120 milliards de dollars.

 

 

Nous ne reviendrons pas sur toutes les faiblesses et contradictions des OMD. Soulignons simplement ici que ce montant est largement insuffisant. Pour nous, chaque être humain doit pouvoir manger à sa faim. La faim dans le monde ne doit pas être réduite, elle doit être supprimée. Les OMD mettent également de côté certains droits humains fondamentaux, comme le logement (plus d’un milliard de personnes vivent dans des taudis) ou encore l’éducation secondaire et supérieure. Ils ne prennent pas non plus en compte les coûts liés à la sauvegarde des équilibres écologiques de la planète. A titre d’exemple, la seule « adaptation » des pays du Sud au changement climatique, selon le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD), nécessiterait des investissements de 86 milliards de dollars par an |5|.

Combien faudrait-il pour que chaque être humain puisse vivre dignement dans un environnement de qualité ? Faudrait-il multiplier ce montant par 4, 5, plus encore ? C’est difficile à dire, d’autant plus que les besoins financiers évoluent en fonction de beaucoup de facteurs. Dans tous les cas, répétons-le : ce montant est totalement insuffisant. Il constitue cependant un point de référence, un ordre de grandeur qui peut nous aider à répondre à une question importante : est-il possible de trouver au niveau mondial la somme nécessaire au financement d’un développement socialement juste et respectueux de l’environnement ?

Dans cet article, nous développerons essentiellement des propositions à un niveau global. Il est cependant évident qu’une série de ces mesures, mais aussi d’autres, pourraient et devraient s’envisager à un niveau national. On pense notamment à des mesures renforçant la justice fiscale ou consistant à reprendre le contrôle des ressources et secteurs stratégiques.

Trouver l’argent est une chose, s’assurer qu’il sera investi de manière efficace vers les secteurs concernés en est une autre. Si ce n’est pas l’objet de cet article, il ne faut cependant pas négliger cette difficulté et ce défi de garantir un contrôle démocratique et une gestion efficace des ressources disponibles pour le développement humain. Il serait cependant absurde de ne pas entreprendre cette démarche sous prétexte que l’argent trouvé ne serait pas correctement utilisé.

 

Annuler la dette publique des pays du Sud et du Nord (1)

La dette des pays du Sud constitue un des obstacles majeurs au développement de ces pays. Celle-ci a permis aux puissances du Nord d’exercer un contrôle sur leurs économies et de faire main basse sur leurs ressources. Il s’agit d’une nouvelle forme de colonisation. La dette constitue également un mécanisme permanent de transfert de richesses des travailleurs vers les détenteurs de capitaux : chaque année, les pouvoirs publics des PED transfèrent environ 200 milliards de dollars vers les riches créanciers du Nord au titre du remboursement de leur dette extérieure |6|. Cette dette ne doit pas être remboursée, mais bien annulée. Elle est odieuse, illégale, illégitime et immorale.

Au Nord aussi, en particulier depuis la crise de 2008, le mécanisme d’endettement détourne des moyens considérables qui pourraient être utilisés pour développer des politiques socialement utiles et écologiquement viables. Alors que les gouvernements rabotent dans presque toutes les dépenses sociales, les créanciers de la dette, c’est-à-dire les grandes banques, qui sont aussi les principaux responsables de la crise financière et économique, sont remboursés rubis sur ongles. Cela représente des montants considérables : entre 2008 et 2012, les pouvoirs publics de l’UE (27) ont payé aux créanciers 1.749 milliards d’euros en intérêts de la dette |7|, soit une moyenne de 350 milliards d’euros par an. Admettons que les Etats-membres de l’UE imposent aux créanciers, c’est-à-dire essentiellement aux grandes banques privées, une réduction de moitié de la charge d’intérêts, cela permettrait de dégager 175 milliards par an.

 

Récupérer les avoirs volés par les régimes dictatoriaux (biens mal acquis) (2)

Des richesses considérables, accumulées illicitement par les gouvernants et les classes possédantes du Sud, ont été placées dans les pays les plus industrialisés et les paradis fiscaux, avec la complicité des institutions financières privées et la complaisance des gouvernements du Nord. Au niveau mondial, ces avoirs détournés par les dictatures sont estimés à environ 200 milliards de dollars |8|. Selon Michel Camdessus, ancien directeur du FMI, si on tient compte des détournements réalisés par les proches des dictateurs, ce montant se rapproche de 1 000 milliards de dollars |9|. Cet argent public doit être récupéré et restitué aux populations qui en ont été spoliées.

A plusieurs reprises ces dernières années, suite à des batailles souvent très longues, des biens détournés ont été récupérés. La Suisse, un des principaux refuges sur le continent européen pour l’argent sale, a été amenée à restituer aux autorités de plusieurs PED une somme de plus de 1,6 milliard de dollars déposée par des dictateurs sur des comptes suisses |10|. Le Royaume-Uni a également rendu au Nigéria des fonds dissimulés à Jersey par le dictateur Sani Abacha. D’autres procédures sont en cours. Si les montants récupérés sont relativement faibles face à l’ampleur du phénomène, ces exemples montrent que des victoires sont possibles. Evidemment, il faut s’assurer que ces fonds, une fois saisis, soient effectivement rendus aux populations et non à la famille ou aux proches des ex-dictateurs ou des dirigeants corrompus, comme ce fut le cas pour Augusto Pinochet (Chili) et Carlos Menem (Argentine).

 

Lutter contre la corruption (3)

Le coût de la corruption est par nature difficile à évaluer puisque que l’acte de corruption se passe dans le secret. La Banque mondiale estime cependant la corruption sous forme de pots-de-vin à 1 000 milliards de dollars.

Si la corruption est une affaire de personnes, elle est avant tout liée à un système, le capitalisme néolibéral, qui permet une liberté totale de mouvements des capitaux et qui concentre le pouvoir dans quelques mains, bénéficiant le plus souvent d’une grande impunité. Pourquoi le monde de la finance et les grands dirigeants arrêteraient-ils leur pratique illégale s’il n’existe quasiment aucun risque de sanctions ? Pour espérer voir un jour la démocratie et la transparence vaincre la corruption, il ne suffira pas, contrairement à ce que la Banque mondiale essaye de nous faire croire, de prôner la « bonne gouvernance » en poussant les gouvernements à pratiquer la transparence dans les finances publiques ou à ratifier des conventions combattant la corruption. Le contrôle des mouvements des capitaux, la levée du secret bancaire, la suppression des paradis fiscaux, le renforcement de l’arsenal législatif |11|, la mise en place d’une véritable coopération judiciaire, et l’application de sanctions très lourdes envers les corrupteurs et les corrompus, sont des étapes obligatoires si on veut réellement réduire le niveau de corruption mondial.

 

Lutter contre l’évasion fiscale et les paradis fiscaux (4)

L’évasion fiscale est l’ensemble des mécanismes utilisés par les contribuables et les entreprises pour diminuer au maximum le montant des impôts qu’ils devraient normalement payer. L’évasion fiscale peut relever soit de la fraude fiscale, qui est illégale, soit de l’optimisation fiscale, qui consiste à éluder l’impôt par tous les moyens légaux possibles.

Selon la commission européenne, les montants perdus en raison de l’évasion fiscale s’élèveraient à environ 1.000 milliards d’euros rien que pour l’UE à 27, soit 8% du PIB européen, et deux fois le déficit budgétaire cumulé des Etats de l’UE (27), qui se montait en 2012 à 514 milliards d’euros. Ce phénomène est loin de se limiter au continent européen. Il est d’ailleurs encore plus important pour des pays comme le Brésil ou la Russie, où l’évasion fiscale priverait respectivement ces Etats de 13,4% et 14,9% du PIB |12|. Considérant qu’au niveau mondial, les pertes liées à l’évasion fiscale s’élèvent à 5% du PIB, cela donnerait un manque à gagner d’environ 3.500 milliards d’euros …

En facilitant la tâche aux fraudeurs, les paradis fiscaux jouent un rôle fondamental dans l’évasion fiscale |13|. Pour l’ONG Tax Justice Network, les montants en jeu atteindraient 25.000 milliards d’euros, soit 10 fois le PIB de la France. Par ailleurs, l’harmonisation fiscale doit également constituer une priorité. Niches fiscales, intérêts notionnels, montages financiers complexes, « rulings » fiscaux, toutes ces mesures que les Etats européens prennent les uns après les autres, appauvrissent tous les Etats dans une course sans fin, tout en ayant très peu d’effets positifs sur les économies des pays |14|. (voir proposition 34)

 

Augmenter et transformer radicalement l’aide publique au développement (5)

L’Aide Publique au Développement (APD), telle qu’elle existe actuellement, ne constitue ni une alternative ni un cadeau pour les peuples du Sud. Elle est insuffisante et très peu efficace. Mais il y pire : elle participe au maintien des rapports de domination Nord-Sud, tout en donnant aux gouvernements du Nord une image de bienfaiteurs.

Il s’agit de transformer radicalement le contenu et la forme de l’APD. Dans sa charte politique, le CADTM International porte une revendication intéressante : porter l’aide publique au développement, exclusivement sous la forme de dons et sans aucune conditionnalité, à 1% du PIB des pays les plus industrialisés en la rebaptisant « Contribution de réparation et de solidarité ». Si on prenait 1% du PIB des pays de l’OCDE, on disposerait d’environ 400 milliards de dollars. Ces dons doivent s’envisager non comme un acte généreux mais comme un premier pas vers des réparations financières pour le pillage auquel le Tiers Monde est soumis depuis cinq siècles et vers un juste partage des richesses. Ce dont les populations du Sud ont besoin, ce n’est pas de charité, mais de justice.

 

Appliquer une taxe Tobin |20| (6)

Au cours des années 1970, une nouvelle architecture financière internationale, construite autour de taux de change flottants, se met en place. Depuis lors, le volume des transactions sur le marché des devises (aussi appelé marché des changes) n’a cessé d’augmenter. D’un peu plus de 10 milliards par jour en 1970, les échanges internationaux de devises s’élèvent maintenant à plus de 5 000 milliards de dollars par jour (5.300 milliards de dollars par jour en moyenne en 2013).

La très grande majorité (95%) de ces échanges relève de la pure spéculation, sans aucun lien avec l’économie réelle. Ce sont essentiellement les grandes banques qui spéculent sur le marché des devises et réalisent des profits très importants sur les différentiels de taux de change, en spéculant à la hausse et à la baisse sur les valeurs des monnaies, et en multipliant ces opérations par millions, notamment grâce au trading haute fréquence. Quand l’occasion se présente, elles n’hésitent pas à lancer des attaques spéculatives massives sur certaines monnaies, leur permettant de réaliser des profits énormes mais provoquant des dégâts économiques et sociaux considérables. Ce fût notamment le cas lors de la crise financière des pays d’Asie du Sud en 1997-1998 (voir encadré).

Imaginons la mise en place d’une taxe de 0,1% sur les transactions effectuées sur le marché des changes. Que se passerait-il ? Si une transaction rapporte un bénéfice supérieur au coût de la taxe, le spéculateur réalise l’opération et paie la taxe. A contrario, si une transaction rapporte un bénéfice inférieur au coût de la taxe, alors le spéculateur ne réalise pas l’opération. Une telle taxe aurait donc deux effets : d’une part, diminuer la bulle spéculative sur le marché des changes, ce qui est bon pour la stabilité économique et financière, et d’autre part, assurer des rentrées financières. On ne sait pas exactement ce que rapporterait cette taxe, mais on peut se risquer à une estimation en posant quelques hypothèses :
>Une taxe de 0,1% sur le marché des changes
>Des échanges journaliers moyens de 5 000 milliards de dollars, ce qui fait 1 800 000 milliards de dollars annuels
>Une taxe de 0,1% qui dégonflerait la bulle de 80% (nous prenons une estimation forte car il est difficile de prévoir l’ampleur du « dégonflement » de la bulle)
>Il resterait donc 360 000 milliards de dollars
>Une taxe de 0,1% rapporterait donc 360 milliards de dollars

Pour qu’elle soit réellement efficace, tant du point de vue des recettes que de la régulation du secteur financier, cette taxe doit s’envisager au niveau supranational. Mais de nombreuses études ont montré que cette taxe serait parfaitement viable à l’intérieur de la zone euro.

 

Appliquer une taxe « Robin des bois » (7)

Dans un contexte d’expansion des marchés financiers, de nombreuses organisations proposent d’élargir la taxe Tobin à tous les marchés financiers (produits dérivés, stock options, etc.). Cette taxe sur les transactions financières (FTT en anglais), que l’on appelle également « taxe Robin des bois » est tout aussi applicable et aurait l’avantage de rapporter beaucoup plus d’argent (jusqu’à 1 000 milliards de dollars par an |22|) tout en dégonflant une série de bulles spéculatives |23|.

Préconisée depuis 20 ans par plusieurs mouvements sociaux, dont l’association ATTAC |24| qui en fait son cheval de bataille, cette taxe n’a jamais été appliquée. Mais le débat est revenu en force dans le cadre de la crise financière internationale qui a débuté en 2007. Cette mesure est techniquement réalisable, notamment parce que les systèmes électroniques sont mondialement standardisés et que toutes les transactions financières internationales sont traçables via les chambres de compensation telles la SWIFT pour le marché des changes et Clearstream et Euroclear |25| pour les transactions mobilières internationales. Par ailleurs, l’argument selon lequel la mise en place d’une telle taxe provoquerait la fuite des capitaux est invalidé à partir du moment où cette taxe s’appliquerait à un niveau continental ou mondial |26|.

Cette taxe n’est pas du tout du goût des puissants. Si les dirigeants en parlent, c’est essentiellement dû à l’impopularité du secteur financier, premier responsable de la crise. Il s’agit de montrer qu’il existe une volonté politique de le faire contribuer. Mais c’est un leurre. La commission européenne imagine actuellement une taxe minuscule dont les recettes serviraient à financer … les futurs sauvetages bancaires ! Le cynisme est total. Seules des mobilisations populaires importantes permettront de mettre en place une taxe qui ne soit pas juste un miroir aux alouettes.

Soulignons que si certaines opérations devraient être (enfin) taxées, d’autres devraient être purement et simplement interdites, et donc sorties de la Bourse. Les produits agricoles et tous les produits vitaux (eau, air, plantes, animaux, etc.) ne devraient pas pouvoir faire l’objet de spéculation.

 

Augmenter et harmoniser l’impôt sur les bénéfices des grandes entreprises (8)

Faire contribuer les transnationales

Ces vingt dernières années, les transnationales ont acquis un pouvoir économique, financier et politique sans précédent. Avec des chiffres d’affaires qui dépassent le PIB de certains Etats, ces « monstres » industriels et financiers sont capables d’influencer la politique des Etats et les prises de position des institutions internationales (FMI, Banque mondiale, OMC...).

 

 

Avec un bénéfice annuel de 44,9 milliards de dollars, Exxon mobil était la société la plus rentable au niveau mondial en 2013. Les bénéfices cumulés des 500 transnationales les plus rentables de la planète s’élevaient à 1.500 milliards de dollars en 2013. Une taxe sur les profits de ces géants pourrait s’appliquer au niveau mondial.

On pourrait par exemple considérer les bénéfices cumulés mondiaux des plus grandes transnationales, c’est-à-dire la somme des bénéfices de chacune de leurs filiales, et leur appliquer un impôt supplémentaire sur leurs bénéfices nets après impôts. Si on considère un impôt de 10% sur les profits des 500 transnationales les plus rentables, on récolterait 150 milliards de dollars. Une taxe de 25%, permettrait de récupérer 375 milliards de dollars.

Concrétiser l’harmonisation fiscale

La mise en place d’une telle taxe pousserait ces grandes entreprises à tout faire pour dissimuler leurs bénéfices. Il est cependant peu probable qu’elles soient capables de tout camoufler, a fortiori s’il s’agit des bénéfices cumulés mondiaux. Dans tous les cas, il est essentiel de combiner cette mesure avec la suppression des paradis fiscaux, la levée du secret bancaire, une lutte sans merci contre la fraude fiscale, mais aussi avec une réelle harmonisation fiscale. Tant au niveau de la production que de la gestion financière, les transnationales développent des stratégies internationales pour maximiser leurs profits. 28 Etats européens avec 28 niveaux d’impositions des sociétés différents, c’est du pain béni pour les transnationales. Un des mécanismes qu’elles utilisent s’appelle « le prix de transfert ». Il consiste, via des opérations internes entre leurs différentes filiales, à vendre très cher les composants d’un bien ou service là où les impôts sont les plus élevés de manière à ce que cette filiale déclare des bénéfice faibles ou nuls, tandis qu’elles vendent très bon marché là où la fiscalité est faible, de telle sorte que cette filiale déclare la grande partie des bénéfices du groupe mondial. La manière la plus efficace de lutter contre ce système est d’harmoniser les différents taux d’imposition |29|.

Une autre façon de faire contribuer les transnationales au financement de la justice sociale consiste à en reprendre le contrôle en les socialisant.

 

Diminuer certaines dépenses et les transférer vers d’autres secteurs (9)

Dépenses militaires

Les dépenses militaires mondiales se sont élevées en 2013 à 1.750 milliards de dollars, dont 682 milliards pour les seuls Etats-Unis. Diminuer de 20% les dépenses militaires mondiales (énormément d’armes seraient donc encore produites) et utiliser ces montants épargnés pour financer le développement humain, permettrait de débloquer 350 milliards de dollars. Et pourquoi pas 50% ? Faut-il rappeler que la démilitarisation intégrale est un objectif que la plupart des gouvernements se sont engagés à réaliser ? L’article 7 de la Déclaration sur le droit au développement rappelle en effet que « Tous les Etats doivent promouvoir l’instauration, le maintien et le renforcement de la paix et de la sécurité internationales et doivent, à cette fin, faire tout leur possible pour réaliser le désarmement général et complet sous un contrôle international effectif et pour assurer que les ressources libérées à la suite de mesures effectives de désarmement soient employées aux fins du développement global, en particulier celui des pays en développement. » |31|

Le gouvernement états-unien, comme la plupart des gouvernements du monde, est avant tout au service de ses transnationales industrielles et financières, dont bien sûr l’industrie de l’armement (on parle également du complexe militaro-industriel), particulièrement puissant aux USA. En voici une illustration. Peu après la chute du mur de Berlin en 1989, un débat national sur la question des « dividendes de la paix » a été porté sur la place publique aux USA. Depuis 1945, le gouvernement des Etats-Unis justifiait (et imposait) des dépenses militaires très importantes dans le cadre de la lutte anti-communiste. Après la chute du mur, un mouvement social s’est développé aux Etats-Unis prônant de changer d’orientation et d’utiliser (enfin) les richesses nationales pour le bien-être des citoyens plutôt que pour la sécurité et l’armement. Mais le puissant lobby militaro-industriel ne l’entendait pas de cette oreille. Dès 1991, la guerre du Golfe (mais aussi le conflit en ex-Yougoslavie) éclate. Voici ce qu’un représentant de l’administration Bush « père » déclarait dans le New York Times du 2 mars 1991 : « Nous devons une fière chandelle à Saddam. Il nous a évité le débat sur les dividendes de la paix. »

Aujourd’hui, on parle beaucoup de l’échec de la guerre en Irak déclarée en 2003. Mais, en réalité, est-elle vraiment un échec ? Si on se place du côté des objectifs officiels, à savoir instaurer la paix et la démocratie, certainement. Mais si on se place du côté des intérêts du complexe militaro-industriel, ce n’est pas un échec du tout. Les dépenses d’armement sont au plus haut. Si les invasions en Irak (816 milliards de dollars depuis 2003 |32|) ou en Afghanistan (716 milliards de dollars depuis 2001 |33|) coûtent très cher au contribuable états-unien, les vendeurs d’armes se frottent les mains.

Certains affirment que la démilitarisation est difficilement envisageable, notamment parce que cela provoquerait des destructions importantes d’emplois. Cet argument doit être pris en compte mais n’est pas insurmontable. Il s’agit d’envisager la démilitarisation dans le cadre d’un processus de transition sociale et écologique. Les militaires ont des compétences et une expertise qui pourraient servir à autre chose qu’à répandre la mort. Et les installations et les technologies de pointe pourraient être reconverties de manière à produire des biens socialement utiles et respectueux de la nature. Ne serait-il pas plus utile de construire des bus et des trains écologiques plutôt que des tanks ou des chars d’assauts ? Des engrais biologiques plutôt que des bombes chimiques ? Des panneaux photovoltaïques plutôt que des satellites de combat ? …

 

Dépenses de publicité

Les dépenses mondiales en publicité se sont élevées à 557 milliards de dollars en 2012 |34|. Considérant que les sommes mobilisées par le Programme alimentaire mondial des Nations Unies se sont élevées à 3,5 milliards de dollars en 2010, cela signifie qu’on dépense 159 fois plus pour dire à la population ce qu’elle doit acheter que pour lutter contre la faim dans le monde. Presque toutes les dépenses publicitaires sont inutiles et néfastes. Il serait donc bénéfique de réfléchir à réorienter ces ressources intelligemment. Le problème lié à la destruction d’emplois peut être résolu de la même manière que pour les dépenses militaires : les compétences des publicitaires pourraient être utilisées pour faire autre chose que de convaincre les citoyens et citoyennes de consommer des produits inutiles ou nocifs pour l’être humain ou la nature. Pourquoi ne pourraient-ils pas se spécialiser dans l’éducation populaire ?

A côté des dépenses militaires ou de publicité, on pourrait également citer d’autres dépenses dont l’utilité sociale mériterait d’être interrogée, par exemple celles liées aux produits cosmétiques, évaluées à 110 milliards de dollars par an, ou encore les dépenses annuelles mondiales pour nourrir chiens et chats domestiques, estimées à 67 milliards de dollars en 2012 |35|.

 

Instaurer un impôt exceptionnel et structurel sur les grosses fortunes (10)

Un impôt exceptionnel sur les milliardaires

Chaque année, le magazine Forbes publie la liste des milliardaires de la planète. Malgré la crise, le nombre de milliardaires en dollars n’a cessé d’augmenter : de 793 personnes en 2006, 1.011 personnes en 2010, il y a 1.645 personnes milliardaires en 2014. Le patrimoine cumulé de ces gigantesques fortunes représente 6.400 milliards de dollars, soit plus du double par rapport à 2009 |36|. Cela révèle de manière éclatante que les très riches ont réussi à profiter de la crise et à faire supporter le coût de celle-ci par le plus grand nombre.

 

 

Un impôt exceptionnel et unique de 20 % sur le patrimoine de cette poignée de milliardaires permettrait de récupérer 1.300 milliards de dollars. En fait, il serait tout à fait raisonnable de mettre en place un impôt de l’ordre de 50%, ce qui permettrait de récolter plus de 3000 milliards de dollars d’un coup |38|.

 

Un impôt sur les millionnaires


Après un léger recul en 2009, le nombre de millionnaires en dollars et leur fortune cumulée n’a cessé d’augmenter depuis la crise :

> 2002 : 7,3 millions de millionnaires en dollars pour une fortune cumulée de 27.300 milliards de dollars
> 2007 : 10,1 millions de millionnaires en dollars pour une fortune cumulée de 40.700 milliards de dollars
> 2008 : 8,6 millions de millionnaires en dollars pour une fortune cumulée de 32.800 milliards de dollars
> 2009 : 10 millions de millionnaires en dollars pour une fortune cumulée de 39.000 milliards de dollars
> 2012 : 12 millions de millionnaires en dollars pour une fortune cumulée de 46.200 milliards de dollars |39|

 

Ces évolutions montrent clairement que les riches n’ont pas souffert de la crise, au contraire. Admettons que l’on décide de prélever une seule fois un impôt de 10% sur cette minorité super riche : on obtiendrait 4 620 milliards. Et pourquoi pas un impôt de 20%, comme l’ont proposé les Nations Unies, qui rapporterait 9 240 milliards de dollars ?

A la suite d’un travail impressionnant de compilation de données mis à disposition du public, Thomas Piketty aboutit à des conclusions similaires dans son livre « Le capital au XXIème siècle » |40|. Par exemple, il montre que sur les 70 000 milliards d’euros du patrimoine global privé des ménages européens, le 1 % le plus riche détient à lui seul environ 17 500 milliards d’euros. Un impôt exceptionnel de 25 % sur ce patrimoine fournirait donc près de 3 500 milliards euros !

Aujourd’hui, sauf exception, le débat autour d’une telle mesure est quasiment inexistant, tant au niveau national que mondial. Dès qu’un citoyen ou un mouvement social veut mettre ce sujet en débat, les responsables politiques, ainsi que les économistes et journalistes néolibéraux, balayent cette possibilité instantanément en utilisant toujours le même argument : la fuite des capitaux, pardi ! Or, les défenseurs d’un impôt sur les grosses fortunes s’épuisent à répéter que cette crainte est largement injustifiée ou en tout cas fortement surestimée pour les raisons suivantes :

> Un impôt européen, ou mondial, éviterait ce problème. Sa mise en place ne poserait pas de problème technique majeur selon les Nations Unies. Dans son rapport de 1993, la CNUCED a d’ailleurs recommandé de mettre en place un prélèvement de 20% sur les grosses fortunes au niveau mondial.
> La France par exemple applique un impôt sur la fortune (ISF), les capitaux ne se sont pourtant pas enfuis massivement |41|. Certes, le taux appliqué est très bas (allant de 0,55 à 1,80 %) mais cette taxe rapporte tout de même environ 3 milliards d’euros par an.
> La liberté de circulation des capitaux n’est pas tombée du ciel mais est le résultat d’un choix politique pris au cours des années 1990. Il est donc tout à fait envisageable de contrôler à nouveau les flux de capitaux et ainsi empêcher leur fuite.
> Des dispositions légales existent pour éviter que les riches fuient un pays qui appliquerait cette mesure. C’est notamment le cas aux Etats-Unis, où une loi anti-évasion fiscale oblige les ressortissants états-uniens, après avoir payé leurs impôts dans le pays où ils résident, à faire une déclaration au Trésor américain et à payer la différence d’impôts éventuelle par rapport au montant qu’ils auraient dû payer comme résidents aux États-Unis.

 

Dans tous les cas, un impôt de ce type se justifie pour de multiples raisons :

> La fortune des 85 personnes les plus riches de la planète est égale à celle de la moitié de l’humanité |42|. D’un côté, quelques millions de personnes débordent de richesses, de l’autre des milliards vivent dans une misère extrême. De tels niveaux d’inégalités sont scandaleux et inadmissibles.
> Il ne s’agit pas de punir les riches mais bien de prendre des mesures pour avancer vers plus d’égalité et pour satisfaire les besoins fondamentaux des êtres humains. Les droits humains doivent être considérés comme prioritaires par rapport aux droits des super riches.
> S’offusquer d’une telle mesure parce que ces fortunés seraient déjà très généreux, notamment parce qu’ils versent annuellement plusieurs centaines de millions de dollars à des fondations caritatives |43|, relève de la tromperie. Quand il ne s’agit pas d’un simple héritage, leur richesse est très largement le résultat direct ou indirect de l’exploitation de dizaines de milliers de personnes, de l’évitement fiscal, du trafic d’influences ou encore d’abus de position dominante, autant de comportements aux antipodes de la générosité. Par ailleurs, cette charité sert très rarement des objectifs purement philanthropiques. D’une part, ces dons sont une manière de diminuer les impôts qu’ils paient |44|. D’autre part, les investissements réalisés par ces fondations ne sont pas désintéressés. Ils servent les intérêts des grandes transnationales. L’exemple du projet (Achap) que la fondation Gates finance en matière de lutte contre le sida au Botswana résume bien la problématique : « Avec ses tests de dépistages gratuits et ses distributions de médicaments, Achap est un succès. En 2009, la moitié de la population du Botswana a bénéficié d’un test et 87% des séropositifs dépistés ont été soignés. Mais le coût du projet est particulièrement élevé. Malgré les dons des deux fondations, le ministère de la santé publique botswanaise débourse encore 1000 dollars par an pour chaque patient, ce qui représente quasi la totalité de son budget. Le Botswana n’a donc pas de politique publique de santé autre que le projet Achap, … En outre le projet ne prévoit aucune action de prévention du sida, seule manière véritable d’enrayer la pandémie. La fondation a donc fait reculer la mortalité mais pas la maladie. Ni même sa dépendance aux médicaments. Mais est-ce vraiment étonnant ? La fondation Gates détient des actions dans les neufs plus grandes sociétés pharmaceutiques du monde… » |45| On apprend également que « 40 % des capitaux de la Fondation sont placés dans des entreprises qui n’ont rien de caritatif. « Elle dépense des fortunes pour vacciner les habitants du delta du Niger contre la polio et la rougeole, dans une région où sont implantées les plus grandes compagnies pétrolières au sein desquelles Bill Gates détient de nombreuses actions. Ce sont ces mêmes sociétés qui font brûler en permanence des torchères au dessus de leurs installations, laissant s’échapper des fumées toxiques qui ont provoqué une épidémie de bronchites et fait exploser le taux d’asthme et de troubles de la vue chez les enfants. Dans le même esprit, la Fondation détient des participations dans des chocolateries dont les plantations de cacao dans l’ouest de l’Afrique exploitent des enfants réduits en quasi-esclavage, une situation dénoncée par le gouvernement américain lui-même |46|. »
> Au delà d’un mécontentement de la part de ces millionnaires, un tel impôt ne changerait pas fondamentalement leur situation. Prenons le cas de Bill Gates. Si on lui appliquait un impôt de 50% sur sa fortune de 2010, il lui resterait la somme de 33.000 millions de dollars. Répétons-le : trente trois mille millions de dollars. Imaginons à présent la situation de la personne imposable la plus « pauvre » de cette catégorie, à savoir une personne disposant d’un patrimoine net de 1 million de dollars (hors résidence principale). Imposée à 20%, Elle participerait à hauteur de 200 000 dollars, et se retrouverait donc avec un patrimoine net de 800 000 dollars. Qui dispose de 800 000 dollars de fortune personnelle hors résidence principale ?
> Ces fortunes sont absurdes, scandaleuses, inutiles et favorisent la spéculation. Les milliardaires utilisent en effet une partie importante de leurs fortunes pour boursicoter et alimenter les bulles spéculatives qui, une fois qu’elles explosent, détruisent l’économie et l’emploi. En plus de participer au financement du développement humain, un tel impôt influencerait positivement la stabilité financière et économique mondiale.
> De telles fortunes sont néfastes pour la démocratie. Les super riches peuvent exercer de fortes pressions sur les dirigeants politiques pour qu’ils agissent en fonction de leurs intérêts propres. Via le financement des campagnes électorales |47| et le contrôle de tous les grands médias, ces grandes puissances sont en réalité capables d’influencer le résultat des élections.

> L’argument selon lequel ces milliardaires ont mérité cet argent grâce à leur travail, leur intelligence et leur capacité à saisir les opportunités ne tient pas non plus la route. En effet, la plupart des milliardaires ont acquis leur fortune par héritage. De plus, quand on dispose d’une telle fortune, il est quasi impossible de ne pas devenir de plus en plus en riche. En effet, nul besoin pour eux d’être de bons gestionnaires puisqu’ils ont à leur service une armada de gestionnaires de portefeuilles ou de fortunes, qui se chargent de faire fructifier leur patrimoine.

Il est intéressant de constater que la crise de la dette dans les pays du Nord a poussé certains gouvernements à remettre ce projet sur la table. C’est le cas par exemple de l’Espagne qui a annoncé en septembre 2011 son intention de rétablir l’impôt sur la fortune qui avait été suspendu en 2008, mais uniquement pour les années 2011 et 2012 |48|. En juillet 2011, le gouvernement belge a également proposé la création d’une « cotisation temporaire de crise » de 0,5% sur les patrimoines de plus de 1,25 million d’euros, hors maison d’habitation et patrimoine affecté à l’activité professionnelle. Il faut aller plus loin que ces « mesurettes » et accepter de mettre en place une réelle contribution visant une juste répartition des richesses.

A plusieurs reprises (surtout ces dernières années de crises), l’un ou l’autre milliardaire s’est dit prêt à donner la moitié de sa fortune. Ces annonces sont de la poudre aux yeux. Elles ont cependant deux objectifs. Premièrement, dans un contexte d’indignation et de révolte grandissantes (processus révolutionnaires dans le monde arabe, mouvement des indignés en Espagne et en Grèce, émeutes en Angleterre, Occupy aux Etats-unis), tant du côté des gouvernements que des super-riches, il importe de donner une meilleure image... Ensuite, c’est un bon moyen de faire passer la pilule de l’austérité, de légitimer les discours selon lesquels « tout le monde doit faire des efforts », les riches bien sûr, mais aussi les travailleurs/euses, les pensionnés, les chômeurs/euses, les femmes, les jeunes, etc. Ce n’est pas aux grosses fortunes de décider s’ils veulent ou non contribuer au bien-être social. C’est à la puissance publique de le faire.

A côté de cette taxe exceptionnelle (« one shot »), il faudrait également envisager un impôt structurel et annuel sur la fortune qui, lui, pourrait être beaucoup moins élevé (par exemple entre 1% et 5%) mais qui pourrait également rapporter plusieurs dizaines de milliards de dollars.

 

En guise de conclusion

Les mesures proposées ci-dessus ne sont que quelques exemples parmi plusieurs dizaines d’autres mesures qui pourraient être immédiatement, et assez facilement, mises en place. Les ressources financières ne manquent pas pour financer le développement et la satisfaction des droits humains.

Comme on le voit avec le tableau ci-dessous, il est possible de trouver plus de 20 000 milliards de dollars ! Il est important de ne pas se braquer sur les montants. Mais dans tous les cas, une chose est sûre : la construction de l’Alternative n’est pas un problème financier. Financer le développement, c’est avant tout un problème de choix politiques et économiques. Le slogan « Prendre l’argent là où il est ! », porté depuis des décennies par de nombreux mouvements sociaux et partis politiques, et souvent tourné en dérision comme étant trop simpliste, est en réalité tout à fait valable.

 

Notes

|1| « Implementing the 2020 Initiative. Achieving universal access to basic social services », 1998.

|2| Considérant qu’environ 136 milliards de dollars étaient à cette époque consacrés aux dépenses relatives aux services sociaux de base concernés, le montant total annuel à garantir oscillait entre 206 milliards et 216 milliards de dollars.

|3| OCDE, « ISSUE PAPER - Achieving the Millennium Development Goals. More money or better policies (or both) ?

|4| Réduire de 2/3 le taux de mortalité des enfants de moins de 5 ans (objectif 4), Réduire de ¾ le taux mortalité maternelle (Objectif 5), et Stopper la propagation du sida, du paludisme et d’autres grandes maladies (Objectif 6)

|5| 44 milliards pour les infrastructures, 40 milliards pour les programmes de lutte contre la pauvreté, 2 milliards pour renforcer les systèmes de lutte contre les catastrophes. Source : PNUD, Rapport mondial sur le développement humain 2007-2008.

|6| Sur la période 2002-2006, les PED ont payé au titre du service de la dette publique une moyenne annuelle de 456 milliards annuellement. En 2010, les PED ont remboursé un service de la dette d’un montant de 184 milliards de dollars (source : les chiffres de la dette 2012, www.cadtm.org)

|7| Source : Eurostat.

|8| CCFD « Biens mal acquis... profitent trop souvent ! », mars 2007

|9| POLLET Jean-François, « Biens mal acquis. Comment mettre la main sur la fortune des dictateurs ? », mai 2012

|10| Environ un demi-milliard de dollars détournés par l’ex-dictateur Ferdinand Marcos (Philippines), un demi milliard également par Sani Abacha (Nigéria), quelques dizaines de millions de dollars détournés par Alberto Fujimori (Pérou) et Vladimiro Montesinos Torres, l’ancien chef des services secrets péruviens, sans oublier Saddam Hussein (Irak), Nursultan Nasarbáyev (Kazakhstan) et Moussa Traoré (Mali). En juin 2008, la suisse s’est engagée à remettre au Mexique 74 millions de dollars d’avoirs illicites de Raul Salinas, frère de l’ancien président mexicain Carlos Salinas de Gortari, après 13 ans de bataille judiciaire. Source : Damien Millet, Eric Toussaint, 60 Questions-60 Réponses sur la dette, le FMI, la Banque mondiale, CADTM/Syllepse, 2008.

|11| Depuis dix ans, l’Organisation des États américains, le Conseil de l’Europe, l’Union africaine et l’Union européenne se sont dotés de conventions et autres protocoles contre la corruption. Les Nations Unies ont adopté en 2003 la Convention de Mérida, entrée en vigueur en décembre 2005 et qui, dans son chapitre V, érige le recouvrement des avoirs d’origine illicite en principe du droit international. Il s’agit de passer des paroles aux actes.

|12| CHAVAGNEUX Christian, « Les paradis fiscaux, un fléau pour l’Europe », Alternatives économiques, Hors série n°102, octobre 2014.

|13| La fraude permise par le secret bancaire coûte chaque année 50 milliards d’euros à l’Europe, et 130 milliards d’euros au niveau mondial.

|14| Eric Walravens démontre dans son ouvrage Dumping fiscal. Enquête sur un chantage qui ruine nos Etats, que ces mesures ont surtout pour effet d’attirer une activité qui existait déjà ailleurs, par effet d’aubaine, plutôt que d’en créer une nouvelle.

|15| Source : Réseau pour la justice fiscale (RJF)

|16| CHAVEUGNEUX Christian, « frauder le fisc, une affaire de puissants ? », Alternatives économiques n°340, novembre 2014

|17| La valeur de marché est celle qui est en cours sur le marché secondaire de la dette, c’est-à-dire le marché où s’échangent les titres de la dette publique.

|18| Selon le rapport 2013 de l’OCDE, sur des apports globaux se montant à 125,6 milliards en 2012, les PMA n’en n’ont reçu que 20% soit moins de 26 milliards de dollars, soit une diminution de 12,8% par rapport à 2011

|19| Banque mondiale, Global Development Finance 2005.

|20| Du nom de l’économiste américain James Tobin qui avait proposé cette taxe pour mettre un grain de sable dans le rouage de la spéculation.

|21| STIGLITZ Joseph, « La grande désillusion », Fayard, 2002

|22| DU ROY Ivan, « Les Robins des bois de la finance », mai 2010

|23| Une fois de plus, la destination précise de ces fonds devrait être décidée de manière démocratique. Ils pourraient être administrés par un fonds mondial, des institutions régionales ou des gouvernements démocratiques qui seraient sous le contrôle des populations.

|24| ATTAC : Association pour une taxe sur les transactions financières pour l’aide aux citoyens.

|25| Euroclear, Clearstream et Swift traçent toutes les transactions financières dans le monde. Euroclear est une émanation de la banque nord-américaine JP Morgan et Clearstream est une filiale de Deutsche Börse Group, société boursière allemande spécialisée dans les produits dérivés. Swift (Society for Worldwide Interbank Financial Telecommunication) est une société de droit belge fondée en 1973 et qui compte parmi ses adhérents toutes les grandes banques mondiales. Par ces chambres transitent toutes les opérations de compte à compte, les opérations sur titres et sur les devises.

|26| Pour plus d’infos, lire « Mythes et réalités sur la taxe sur les transactions financières », Oxfam-solidarité, mai 2012

|27| Source : fortune, http://money.cnn.com/magazines/fort...

|28| Source : wikipedia - année 2012

|29| Une autre possibilité de s’attaquer à cette pratique des prix de transfert est de se baser sur les bénéfices cumulés mondiaux et de pondérer le taux d’imposition national en fonction du chiffre d’affaires. Exemple : une transnationale fait un bénéfice annuel de 1 milliard de dollars et réalise 40% de ses ventes aux Etats-Unis. On considère qu’elle a gagné 400 millions de dollars aux Etats-Unis et l’impôt s’applique à cette assiette. Voir Susan Georges : « ACPIR : Accord des citoyens et des peuples sur les investissements et les richesses »

|30| CHAPELLE Sophie, « Le Kenya condamne une multinationale pour fraude fiscale », 23 avril 2013

|31| Notons que le gouvernement français décide de faire exactement l’inverse. En effet, en juin 2014, le projet de loi des finances rectificative pour 2014 prévoit de réaffecter 250 millions d’euros du budget du ministère de l’Ecologie vers celui de la Défense. Le budget de la Défense (39 milliards d’euros) est pourtant quatre fois plus important que celui de l’Écologie (9,7 milliards d’euros). Lire RODHO, « Quand l’écologie sert à financer l’armée », 19 juin 2014.

|32| Source : nationalpriorities.org

|33| Op. cit.

|34| Source : www.aacc.fr

|35| CADTM , Chiffres de la dette 2015.

|36| Selon Forbes, entre 2009 et 2014, la richesse totale accumulée par l’ensemble de ces milliardaires a été multiplié par 2,7, passant de 2 400 à 6 400 milliards de dollars.

|37| Source : Forbes

|38| On pourrait encore aller plus loin et décider de réquisitionner tous les montants supérieurs à 50 millions de dollars. Avec une telle mesure, on pourrait débloquer 6300 milliards !

|39| Source : World Wealth Report. Le WWR se base sur le patrimoine net de l’individu (son patrimoine brut, c’est-à-dire l’ensemble des biens qu’il possède, moins ses dettes et autres engagements financiers) en excluant la résidence principale, les objets de collection, les consommables et les biens de consommation durable.

|40| PIKETTY Thomas, Le capital au XXIe siècle, Le Seuil, 2013

|41| Par an, il y a 300 à 400 fortunés qui quittent la France, soit 0,13% des redevables. Entre 1997 et 2001, près de 250 millions d’euros de capitaux ont ainsi quitté la France et n’ont donc pas été soumis à l’ISF.

| -mesures-urgentes-pour-financer,11127#nh9-42">42| « En finir avec les inégalités extrêmes » ; Source : Oxfam.org

|43| Les fondations états-uniennes totalisent aujourd’hui 500 milliards de dollars. La fondation Gates dispose à elle seule de 37 milliards de capital et plus de 1000 employés.

|44| Tandis que les fondations bénéficient en général d’exonérations d’impôts, les dons permettent de diminuer la base imposable de l’impôt sur le revenu

|45| POLLET Jean-François, « La fondation Gates ou la charité (mal) ordonnée », 12 mars 2014

|46| Op. cit.

|47| Les élections américaines sont financées à coup de centaines de millions de dollars par les transnationales, les grandes banques et les grosses fortunes. Selon des analystes cités par le New York Times, « lors des élections de 2010, le coût d’une campagne victorieuse pour le Sénat s’élevait en moyenne à 10 millions de $ et à 1,4 million pour une place au sein de la Chambre des représentants ». « Les élus du Congrès américain de plus en plus riches », Le Figaro, 28 décembre 2011

|48| A paramètres constants par rapport à 2007, cet impôt devrait rapporter un peu plus de 1 milliard d’euros et devrait concerner environ 160.000 personnes.

|49| KING Stephen, « La plupart des gens riches aiment garder leur thune », 2012.

Olivier Bonfond est économiste, conseiller au Cepag, membre du CADTM Europe et auteur du livre « Et si on arrêtait de payer ? 10 questions/réponses sur la dette publique belge et les alternatives à l’austérité » (Aden, juin 2012).

 

 

Source : cadtm.org

 

 

 

 

Financement du développement (en milliards de dollars)

Estimations basses

Estimations hautes

Réduire de moitié l’extrême pauvreté et la faim (Objectif 1)

5 milliards de dollars

Assurer l’éducation primaire pour tous (Objectif 2)

9 milliards de dollars

Améliorer la santé de base (Objectifs 4-5-61) |4|

60 milliards de dollars

TOTAL OMD

120 milliards de dollars

Une vraie lutte contre l’évasion fiscale en Belgique rapporterait
10 milliards d’euros chaque année

Depuis de nombreuses années, le gouvernement belge annonce qu’il va s’attaquer à la fraude fiscale. Mais cela ne va pas au delà des mots. Les montants récupérés grâce à cette lutte ne dépassent pas quelques centaines de millions d’euros. Il est possible de faire beaucoup mieux. L’Union Nationale des Services Publics (UNSP) estime qu’en investissant les moyens humains et techniques nécessaires, on pourrait, après quelques années, faire rentrer 10 milliards d’euros de plus dans les caisses de l’Etat |15|. En réalité, on fait le contraire de ce qu’il faudrait : au nom de l’austérité budgétaire, le gouvernement a annoncé en 2013 qu’il diminuait les frais de fonctionnement dans l’administration et les coûts de personnel, soit en licenciant soit en ne remplaçant qu’un fonctionnaire sur cinq qui partent à la retraite. Le département des finances compte près d’un tiers d’agents ayant 55 ans ou plus, le SPF finances va perdre des milliers d’agents en quelques années. L’UNSP dénonce doublement ce choix. D’une part, cela rend tout simplement impossible un travail efficace en matière de lutte contre la fraude fiscale, d’autre part, elle rappelle depuis des années que chaque investissement en personnel de contrôle auprès du SPF finances rapporte beaucoup plus que le coût engagé !. La Francesemble se trouver également en manque total d’effectif : sur 31000 dossiers déposés depuis juin 2013, seuls 2400 on été traités |16|...

Aide publique au développement, cherchez l’erreur !

1. Paroles, paroles …
Depuis 1970, les pays du Nord se sont formellement engagés à porter leur aide publique au développement à 0,7% du PIB. 40 ans plus tard, nous en sommes toujours loin. De 1990 à 2001, l’APD a même diminué pour les pays membres du Comité d’Aide au Développement (CAD) de l’OCDE, en passant de 0,34 % à 0,22%. En 2007, seuls 5 pays respectaient leur engagement : Norvège, Suède, Danemark, Luxembourg, et Pays-Bas. En 2013, non seulement la situation n’a pas changé mais elle a empiré. La crise économique et l’austérité sont passés par là, et les montants de l’APD sont en train de diminuer un peu partout dans les pays du Nord.

2. De l’argent qui n’arrive pas sur place, ou si mal
Lorsqu’on pense à l’aide publique au développement, on imagine souvent de l’argent qui part du Nord vers le Sud afin de renforcer les capacités financières des gouvernements du Sud et/ou de financer directement des projets de développement. C’est parfois le cas mais pas toujours. En fait, seule une petite partie (de l’ordre de 30%) de l’APD est constituée de ressources financières supplémentaires pour les pays du Sud. Prenons l’exemple de l’envoi de médicaments dans un pays du Sud. Aussi utile que cette aide puisse être, elle ne représente pas une augmentation des capacités financières. De plus, l’achat des médicaments, la location de l’avion, le kérosène utilisé pour les transporter ainsi que le salaire du pilote, tout cela rentre également dans l’aide publique au développement. Pour la partie de l’APD qui arrive réellement dans les pays du Sud, il ressort qu’elle bénéficie surtout aux multinationales. Selon L’ONG EURODAD (Réseau européen sur la dette et le développement), plus de la moitié de l’APD qui passe par les institutions de financement du développement (IFD) est attribuée à des multinationales. Dans un autre rapport (novembre 2014), cette même ONG démontre qu’une partie non négligeable des fonds de l’APD passent par des paradis fiscaux. « En gros, les institutions de financement du développement fournissent aux paradis fiscaux un revenu et une certaine légitimité » relate Mathieu Vervynckt, auteur de ce rapport.

3. Drôle d’aide
Pour autant qu’il se fasse de manière intelligente, l’envoi de médicaments peut être considéré comme une aide. D’autres « aides » sont pour le moins interpellantes. Les règles de l’OCDE en matière d’APD permettent en effet aux Etats du Nord de mettre dans leur ligne budgétaire APD des dépenses comme les coûts liés à l’enfermement et l’expulsion des sans-papiers ou le coût de certaines occupations militaires ! Autre exemple : les réserves de change des pays de la zone CFA sont déposées par les banques centrales de ces pays auprès du Trésor français. Les intérêts produits par ces capitaux sont reversés par la France aux pays africains (heureusement !) mais passent par la ligne budgétaire « Aide publique au développement ». Les annulations de dette constituent une autre composante importante. Cette technique permet aux pays du Nord, sans rien débourser, de réaliser un double coup médiatique : un premier quand ils annoncent qu’ils ont généreusement annulé une partie de la dette d’un ou plusieurs pays, un second quelques mois plus tard, quand ils peuvent s’enorgueillir d’avoir fortement augmenté leur APD. Pour ajouter un peu à ce scandale, l’OCDE, pourtant grand défenseur de la loi du marché, permet aux gouvernements de comptabiliser les annulations de dette à leur valeur nominale et non à leur valeur de marché |17|.

4. L’APD, ce ne sont pas des dons !
Selon la définition de l’OCDE, rentre dans l’APD tout don ou tout prêt bilatéral qui est réalisé à un taux inférieur au taux du marché. Par exemple, si le taux d’intérêt du marché est de 4%, et que l’Etat français fait un prêt à l’Etat nigérien à un taux de 2%, ce prêt sera considéré comme de l’aide publique au développement. Le gouvernement français sera pourtant intégralement remboursé, et avec intérêts… Il est intéressant de noter que beaucoup de pays du Sud remboursent plus au titre de l’APD qu’ils ne reçoivent d’APD.

5. De l’aide comme arme géostratégique
Les bénéficiaires de l’APD ne sont pas ceux qui en ont le plus besoin. Seulement 20 % de l’APD mondiale est dirigée vers les 50 pays les moins avancés (PMA) |18|. Plusieurs études et rapports ont montré que plus un pays achète des armes, plus il reçoit de l’APD. L’APD des Etats-Unis nous fournit un bel exemple : la part de l’Afghanistan, de la Colombie, de l’Irak, de la Jordanie et du Pakistan dans l’APD bilatérale totale a été multipliée par 3,5 entre 2000 et 2003 (de 3 % à 11 %). Même la Banque mondiale le confirme : « Les facteurs stratégiques continuent de jouer un rôle majeur dans l’allocation de l’APD envers les pays récipiendaires |19| ».

Attaques spéculatives sur la monnaie : une affaire en or

Dans son livre « La grande désillusion », Joseph Stiglitz explique comment les détenteurs de capitaux réalisent des profits juteux en réalisant des attaques spéculatives sur une monnaie. Il donne l’exemple de la Thaïlande. « Dans ce pays, la crise a été déclenchée par une attaque spéculative (et un endettement à court terme élevé). Quand ils estiment qu’un pays va dévaluer, les spéculateurs s’efforcent de passer de sa devise au dollar. Rien de plus facile avec la libre convertibilité (la possibilité de changer la devise locale contre des dollars ou n’importe quelle autre monnaie). Quand les opérateurs vendent la devise en question, sa valeur baisse, ce qui confirme leur prophétie. A moins que l’Etat ne tente de la soutenir, ce qu’il fait la plupart du temps : il vend des dollars tirés de ses réserves (les fonds que détient le pays, souvent en dollars, en prévision d’éventuels jours difficiles) et rachète sa propre devise pour maintenir son cours. Mais, finalement, l’Etat épuise ses devises fortes. Il n’a plus de dollars à vendre. La monnaie nationale s’effondre. Les spéculateurs sont satisfaits. Ils ont fait le bon pari. Ils peuvent racheter la devise attaquée – et engranger un beau bénéfice. L’ampleur des gains peut être énorme. Supposons que le spéculateur Fred se rende dans une banque thaïlandaise et y emprunte 24 milliards de bahts, qu’il convertit en dollars : au taux de change initial, cela fait un milliard de dollars. Une semaine plus tard, le taux de change s’effondre : le dollar n’est plus à 24 bahts mais à 40 bahts. Fred prend 600 millions de dollars et les convertit en bahts : cela fait 24 milliards de bahts, qu’il rend à la banque pour rembourser son emprunt. Restent 400 millions de dollars : c’est son bénéfice. Joli profit pour une semaine de travail, et en ayant investi fort peu d’argent personnel ! » |21|

Comparaison des bénéfices et chiffres d’affaires des 10 transnationales les plus rentables (année 2013) et du PIB de certains pays (en milliards de dollars) |27|

STN

Bénéfices

Chiffre d’affaires

Pays

PIB |28|

1

Exxon Mobil

44,9

449,9

Belgique

484,7

2

Apple

41,7

156,5

Roumanie

169,4

3

Gazprom

38,1

153,5

Vietnam

138,1

4

Ind. & Com. Bank of China

37,8

133,6

Hongrie

126,9

5

China Construction Bank

30,6

113,4

Maroc

97,5

6

Volkswagen

27,9

247,6

Nigéria

268,7

7

Royal Dutch Shell

26,6

481,7

Argentine

475

8

Chevron

26,2

233,9

Portugal

212,7

9

Agricultural Bank of China

23

103,5

Burkina Faso

10,4

10

Bank of China

22,1

98,4

Niger

6,6

Le Kenya condamne une multinationale pour manipulation des prix de transfert |30|

« Pour la première fois, un gouvernement africain a traduit une importante société transnationale en justice pour une manipulation des prix de transfert. Cette transnationale indienne (Karuturi) produit des dizaines de millions de roses par an au Kenya. Celles-ci sont expédiées vers l’Europe par le biais d’une filiale à Dubaï. Or, la sous-déclaration de la marchandise expédiée à son entrepôt de Dubaï aurait permis à l’entreprise d’alléger son imposition. Fin 2012, l’administration fiscale du Kenya a jugé la multinationale coupable de manipulation des prix de transfert pour échapper à l’impôt sur le revenu des sociétés. Une fraude qui s’élèverait à 8 millions d’euros, au détriment du gouvernement. »

Les 10 personnes les plus riches de la planète en 2014 et leur fortune en milliards de dollars |37|

1. Bill Gates (USA) : 76

6. Charles Koch (USA) : 40

2. Carlos Slim (Mexique) : 72

7. David Koch (USA) : 40

3. Amancio Ortega (Espagne) : 64

8. Sheldon Adelson (USA) : 38

4. Warren Buffett (USA) : 58,2

9. Christy Walton (USA) : 36,7

5. Larry Ellisson (USA) : 48

10. Jim Walton (USA) : 34,7

« L’extrême concentration des revenus est incompatible avec la vraie démocratie. Quelqu’un peut-il nier que notre système politique est perverti par l’influence de l’argent et que cette perversion empire à mesure que les richesses d’un petit nombre deviennent plus grandes ? »
Paul Krugman, économiste américain.

« J’imagine que cet amour des conservateurs pour les riches vient de l’idée qu’en Amérique, n’importe qui peut devenir riche s’il travaille dur et qu’il économise ses sous. Mitt Romney l’a dit, en fait, « Je suis riche et je ne m’excuse pas d’être riche ». (…) Je ne veux pas que tu t’excuses d’être riche (Mitt), je veux que tu reconnaisses qu’en Amérique, nous devrions tous payer une part juste d’impôts, que nos cours de civisme ne nous ont jamais appris qu’être Américain signifie : « désolé les enfants, tu ne peux compter que sur toi-même », que ceux qui reçoivent beaucoup doivent être forcés de payer dans la même proportion, c’est-à-dire de l’assumer sans se plaindre : cela s’appelle le patriotisme, un mot que les conservateurs adorent utiliser à tout bout de champ tant que ça ne coûte pas un sous à leurs riches bien-aimés |49|. » Stephen King, écrivain, « la plupart des gens riches aiment garder leur thune » (2012)

Annulation de la dette au Sud

200

400

Annulation de la dette au Nord

300

600

Récupération des biens mal acquis

200

1.000

Lutte contre la grande corruption

200

1.000

Lutte contre l’évasion fiscale et les paradis fiscaux

1.000

3.500

Transformation radicale de l’APD

200

400

Taxe Tobin

300

700

Taxe Robin des bois

500

1.000

Taxe sur les bénéfices des transnationales

150

375

Diminution et réaffectation des dépenses militaires

175

350

Diminution et réaffectation des dépenses en publicité

50

275

Impôt structurel sur les millionnaires

450

2.250

Sous-total

3.725

11.850

Apport non récurrent

Impôt exceptionnel sur les milliardaires

1.300

3.200

Impôt exceptionnel sur les millionnaires

4.600

9.250

TOTAL

9.625

24.300

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19 janvier 2015 1 19 /01 /janvier /2015 14:49

 

 

 

 

EN IMAGES 19/01/2015 à 10h53
Inégalités : le graph’ qui va faire enrager les 99%
Thibaut Schepman | Journaliste Rue89
 

La richesse détenue par 1% des personnes de la planète – les plus riches – dépassera bientôt celle des 99% restants. C’est le constat alarmant que dresse ce lundi l’ONG Oxfam dans son étude annuelle sur les inégalités dans le monde [PDF].

 

 


Les 1% les plus riches posséderont bientôt la moitié de la richesse mondiale (Oxfam)

 

Selon Oxfam, qui s’est appuyée sur les données de Crédit suisse, la part du patrimoine mondial détenu par les 1% les plus riches est passée de 44% en 2009 à 48% en 2014, et dépassera les 50% en 2016. Si on entre dans les détails, les inégalités sont encore plus criantes :

  • 80% de la population mondiale se contente de 5,5% des richesses ;
  • 80 personnes possèdent autant de richesses que 3,5 milliards d’autres ;
  • la richesse de ces 80 personnes a augmenté de 600 milliards depuis 2010 alors que la moitié la plus pauvre de la population a vu son capital baisser sur cette période.

« L’inégalité est un choix »

Comme chaque année, l’ONG publie son rapport bourrés de chiffres chocs à quelques jours du Forum mondial de Davos. L’an dernier, les puissants de ce monde y avaient beaucoup parlé d’inégalités. On y lisait un rapport [PDF] disant par exemple :

« Le fossé persistant entre les revenus des citoyens les plus riches et ceux des plus pauvres est considéré comme le risque susceptible de provoquer les dégâts les plus graves dans le monde au cours de la prochaine décennie. »

A cette occasion, Rue89 en profitait pour rappeler l’analyse du prix Nobel d’économie Joseph Stiglitz. Dans une tribune publiée dans le New York Times, celui-ci estimait notamment que « l’inégalité est un choix » :

« Je nous vois entrer dans un monde pas seulement divisé entre les nantis et ceux qui n’ont rien, mais aussi entre les pays qui ne font rien à cela et ceux qui agissent.

Certains pays arriveront à créer une prospérité partagée – la seule forme de prospérité que je pense vraiment durable. Les autres laisseront les inégalités devenir incontrôlables. »

MERCI RIVERAINS ! Enki

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19 janvier 2015 1 19 /01 /janvier /2015 14:33

 

 

 

 

Le "Café repaire Petite Camargue" se lance à l'aventure...

Il y a eu une réunion à Vauvert de gens appartenant à des partis, des associations, à rien de particulier...
Il était question d'examiner l'idée de la création d'un OVNI (objet votant non identifié) politique: à quelle conditions, pourquoi, comment participer à une "liste citoyenne" aux élections départementales (deux ou trois cantons)?

"Question" est le nom du texte en pièce jointe, et c'est bien cela qu'il ressort de la réunion, des questions et l'envie de se les poser, pour "faire ensemble". Il en traduit quelques unes, c'est comme d'hab, un compte rendu vite fait outrageusement partisan...qui n'engage que "Tina"  et probablement pas les autres participants, car nous ne sommes pas homogènes bien que semblables.

C'est bien ça le passionnant de l'histoire et ce qui rapproche décidément cette initiative de ce que nous avons voulu faire sur la place Tahrir de Nîmes. La "chose" se fait à rebours et sans l'aval d'aucun parti. Ils se dénomment 'Citoyens' mais c'est à défaut d'autre terme pour dire que "Nous sommes des gens ordinaires..." (me souviens plus de la suite).

Pas question de rejouer une petite musique nostalgique pour refaire une recette qui a fait son temps. Pourtant les mêmes ingrédients sont présents: crise sociale, politique, économique, environnementale...Pratiquement tout ce que nous annoncions est advenu, en pire! Franchement c'est casse couilles d'avoir été prophètes dans ces conditions et nous préfèrerions annoncer de bonnes nouvelles.

Et ça c'en est une. Il a été beaucoup question de justement pas trop s'en poser et de "faire le chemin en marchant"...parce que nous n'avons
plus envie de reculer mais d'avancer et que nous savons que personne ne le fera à notre place.

Voilà. J'invite ceux et celles qui seront dans les cantons concernés
à participer (c'est pas encore établi, ça coûte un peu, il faut minimum 3 personnes sur chaque liste..), j'invite les autres à initier la même chose chez eux ou à participer aux initiatives similaires, qu'elles concernent ou non des échéances électorales dont nous n'avons, en vérité, rien à battre!

Nos dirigeants n'ont rien appris des années écoulées, cela  se voit. Nous si! Que cela s'entende!

Biz
Tina (et il y a plein de "Tina"...)

 

 

 

 

Compte rendu d’une réunion en vue de créer une liste « citoyenne » aux élections départementales, à l’appel du « Café-repaire  Petite Camargue », entre autres.

 

Question:pourquoi se préoccuper des élections départementales? Dans cette démocratie  truquée et biaisée qui ne nous représente pas, les élections départementales, avec un abstentionnisme record, sont l'occasion rêvée des petits arrangements entre coquins, des magouilles  d'appareils et de partis. L’enjeu est de taille et suscite tous les appétits : les Conseils Généraux sont très riches, ils gèrent localement une grande part du budget collecté par l'impôt et assurent (ou pas) des missions importantes dans l'allocation et la redistribution des ressources collectives.


Question:pourquoi présenter une liste à ces élections quand nous savons que nous n'y avons "aucune chance" et quand, au fond, nous pensons que participer et voter c'est cautionner et légitimer un système pervers qui ne fait pas ce qu'il dit et ne dit pas ce qu'il fait.


Question:pourquoi s'acharner à utiliser le terme "citoyen" qui nous inclus dans une République déliquescente dont nous récusons les trois quarts des agissements et dont l'hymne nous appelle aux armes or que tout est fait pour nous "désarmer" et qu’il nous invite de plus à laver la "Nation" d'un "sang impur" or que nous nous vivons comme habitants du monde et qu'un même sang coule dans une seule humanité que nous aimons parce que diverse, hors normes.


Question:si nous rayons la mention inutile 'citoyen' comment peut se définir une liste "sans partis" qui veut enfin sortir d'une logique politicienne qui fait descendre les mots d'ordre du haut vers le bas. Mais s’appeler « La Base » peut, de nos jours, mener direct en garde à vue…

 

Question:quelles sont  nos forces et ne les dispersons nous pas en se présentant contre des listes de partis officiels aux options plus ou moins proches des nôtres. Ne sabotons nous pas un travail de réflexion, de synthèse et de convergence déjà entrepris ?


Question:pourquoi se mêler de la politique de "là-haut" et participer au fonctionnement d'un Etat qui a choisi l'option de se débarrasser de l'essentiel de ses responsabilités au profit d'entités nébuleuses (le Marché) ou a-démocratiques (la Troïka, par exemple), qui se concentre sur la surveillance policière et la répression des mouvements sociaux, qui nie avec constance les conflits et leurs origines, se livre à la plus éhontée des propagandes en nous assurant qu'il n'y a pas d'autres alternatives et que par conséquent nous vivons dans le "Meilleur des Mondes", depuis 1984... (1983 pour être exact).

 

Question :comment se réapproprier la politique, locale ou nationale et faire sortir du bois le loup abstentionniste, issu des classes populaires pour l’essentiel et qui laisse donc le plat pays aux mains d’une oligarchie qui a déjà tout et obtient toujours plus, ce qui est logique : ce sont ses membres qui font les lois, les votent et les appliquent. Aucune raison qu’ils ne se servent pas au passage. Aucune raison qu’il nous laissent une planète habitable, ils pensent qu’ils peuvent s’en payer une autre, toute propre et toute neuve. Nous n’avons aucune bonne raison de leur laisser libre le champ politique, sauf à les foutre vraiment dehors, ce que nul ne tente sérieusement.

 

Question :comment montrer que les alternatives à un monde marchand qui génère surtout ravages et misères existent, qu’elles fonctionnent ici à deux pas de chez nous, qu’elles marcheraient mieux encore si nous nous y mettions à plus grande échelle, tous ensemble. Pourquoi abandonnons nous des systèmes éprouvés et efficaces gérés et payés par les salariés (la Sécurité Sociale par exemple) qui représentent toujours une part considérable de la valeur crée en France. Au lieu de geindre chacun dans son coin sur les conneries de ceux qui nous gouvernent, pourquoi ne le faisons pas nous même ? Objectivement, il est raisonnable de penser que ça ne sera pas vraiment pire…et sera même vraiment mieux !

 

Il n'y a pas de réponses à ces questions, elles sont en débat en chacun de nous.


Il n'y en a pas si nous oublions que la politique c'est nous tous qui la faisons tous les jours au quotidien. Nous sommes sources de la force qui met en mouvement la collectivité. Nous n'avons pas besoin d'être d'accord sur la question du sexe des anges pour agir en nous déterminant sur des objectifs concrets à réaliser, en choisissant en conscience les options qui nous paraissent les meilleures, pour nous, pour les autres, pour la planète. Nous le prouvons tous les jours, là où nous vivons, là où nous agissons, champs, usines, bureaux, administrations, écoles, collectifs, associations, familles... Si ce n'est pas ça la politique ce mot n'existe pas ou n'a aucun intérêt. C'est nous qui créons et qualifions toute la valeur qui peut se réaliser en ce bas monde. Ne laissons pas à des parasites le loisir d'en déterminer la nature car ils la veulent marchande et nous la font payer, au plus cher autant que possible. Nous savons qu’elle est tout autre.


Nous ne sommes pas satisfait
sdu système dit "représentatif", c’est le moins qu’on puisse dire. Force est de constater qu'aucun parti n'est capable de s'extraire de sa logique centralisatrice et de ses intérêts propres déterminés par le système et son fonctionnement, de s'abandonner, se dissoudre en confiance dans l'inconnu d'une démocratie réelle qui ne peut être entièrement définie à l'avance puisqu'elle se crée en se faisant et n'est qu'un provisoire sans cesse à perfectionner. Nous pensons même que la politique étant  chose trop importante pour être confiée aux partis politiques, ils ont vocation à en débattre et à la questionner mais pas à la faire. Ils ne sont pas la solution mais le problème.


Aucun de nous n'a d'ambitions de carrière ni même, il faut l'avouer, envie d'être "élu". Nous n'avons que des ego ordinaires, communs. Nous laissons nos drapeaux au vestiaire, sans les renier. Nous (ou vous) accepterons cependant, si le sort ou tout autre processus défini ensemble le décide, d'être l'émanation mandatée et provisoire d'un collectif que nous portons et qui nous porte d'un même élan. Nous ne serons que des noms sur une liste, noms qu’il faut bien donner, ce sont les règles d’un jeu que nous pouvons accepter puisque nous le dénaturons radicalement.


Nous pensons que nous sommes nombreux et de plus en plus déterminés mais que nous sommes dispersés, invisibles, inaudibles même à nos propres oreilles. Nous savons que partout des gens agissent, parfois depuis longtemps, selon des modes de fonctionnement et des idées que nous devrions étendre à toute la société. C'est là une force concrète et réelle que nous ne comptons pas utiliser mais que nous appelons à exister localement par la fédération des énergies. Il faut promouvoir les actions concrètes en cours, les étendre, en créer d'autres. Elles sont là, autour de nous, à deux pas, on leur fait la vie dure or elles sont l'élan vital de notre société, elles portent à bout de bras le présent et le futur.


Alors pourquoi maintenant ? Simplement parce qu'il s'agit là d'une tribune  offerte, occasion de se compter non pas en pourcentage de voix mais en nombre de personnes désireuses de se fédérer et d'initier une démarche qui ne tiendra pas particulièrement compte d'aucune échéance électorale pour avancer par la suite. C'est une occasion de retourner les armes qu’on nous laisse encore contre ceux qui veulent se les accaparer. A nos amis adhérents des partis nous disons que ce n’est pas à nous de les rejoindre dans leurs structures rigides mais à eux de se fondre avec nous. L’état ultralibéral n’a pas plus besoin de démocratie locale que de gouvernement national, c’est à nous de recréer des lieux communs. Pour que tous puissent se sentir partout « chez eux »…

 

Pourquoi maintenant ? Eh bien parce qu’il faut un début à tout. Ce n’est d’ailleurs pas le début, c’est un combat continu de la « société civile » qui n’est rien et veut être tout. Ici et ailleurs ce combat s’engage, Podemos en Espagne, Syriza en Grèce…avec leurs contradictions et eux-mêmes évolutions de luttes plus anciennes menées là-bas ou ailleurs. L’insurrection est venue, elle court le monde, qui doute qu’il faut la préparer aussi ici?

 

Nous savons que nous avons à redouter aussi bien le krach que la « réussite » d’un système capitaliste délirant et suicidaire. Nous savons qu’on nous mène à l’abattoir tout autant que le peuple grec, entre autres. Les dégâts sociaux et environnementaux sont déjà considérables, ce sera un vrai défi d’en soigner les blessures. Pourquoi attendre qu’ils deviennent irréversibles et que s’allume la Guerre, le choc des Civilisations qu’on nous prépare pour nous détourner des vrais problèmes? Ils veulent nous désunir, unissons nous ! Ce serait irresponsable de ne pas le faire. Cela commence ici et maintenant.

 

Il y aura d’autres réunions, il y en aura peut-être de similaires ailleurs, nous le souhaitons. Participez !

Ils veulent nous enterrer, ils ignorent que nous sommes des graines !

 

 

 


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19 janvier 2015 1 19 /01 /janvier /2015 14:10

 

 

Source : www.eauxglacees.com

 

 

 

2015-01-18
REMOUS
par Marc Laimé, dimanche 18 janvier 2015 @ 13:25

 

L’annonce que « la réalisation du projet de barrage initial n’est plus d’actualité » par la ministre de l’Ecologie le vendredi 16 janvier 2015 signe un moment décisif d’une crise qui est par ailleurs loin d’être réglée sur place, puisque pro et anti-barrage vont continuer à s’affronter dès le lundi 19 janvier, après la présentation publique à Albi des deux solutions « alternatives » privilégiées par la deuxième mission d’expertise commanditée par Ségolène Royal, qui vient de rendre un nouveau rapport conclusif. Mais cette amorce de « sortie de crise » marque surtout en coulisses l’incertaine tentative de porter un coup d’arrêt à vingt ans de laxisme face au lobby agricole des gouvernements qui se sont succédés depuis l’orée des années 2000. L’arbre de Sivens ne doit pas cacher la forêt. Le gouvernement est aujourd’hui contraint, avec vingt ans de retard, (et sans pouvoir l’afficher officiellement sauf à mettre le feu aux campagnes), d’imposer une nouvelle doctrine en matière de gestion quantitative des ressources en eau pour l’agriculture en France, sauf à voir la Commission européenne, qui a engagé des poursuites contentieuses dans le dossier de Sivens, prendre ensuite argument de l’inadéquation de la doctrine française en matière de « gestion de l’eau en agriculture » pour ouvrir un nouveau contentieux pour non respect des obligations souscrites au titre de la mise en œuvre de la Directive cadre européenne sur l’eau du 23 octobre 2000. Procédure qui se conclurait par des amendes colossales…

 

C’est ce contexte explosif qui explique les nouvelles tensions qui vont se faire jour localement dès lundi. Au niveau du grand Sud-Ouest, si le Parti du maïs, le Lobby de l’eau et « l’état profond » PS qui les soutiennent obstinément depuis des décennies, doivent accepter la “nouvelle doctrine” en matière de gestion de l’eau en agriculture que les ministères de l’Ecologie et de l’Agriculture ont été contraints d’élaborer dans l’urgence depuis l’automne dernier - sous l’aiguillon du contentieux européen ouvert sur le dossier de Sivens -, c’est toute une “weltanschauung”, une logique économique dépassée (le modèle agricole productiviste), un mépris affiché de l’environnement et des pratiques politiques bien ancrées (chantage, coup de force et combinaziones…) qui seraient vouées à disparaître.

La ministre de l’Ecologie précisait dans le communiqué rendu public le 16 janvier avoir "validé" les deux solutions proposées dans le rapport d’expertise qui lui aurait été remis ce même jour : le premier scénario envisage "la réalisation d’un réservoir de taille plus réduite sur le site de Sivens" et le second inclut plusieurs retenues combinées, notamment en amont du site.

Ces scénarios feront l’objet d’un débat lors de la prochaine session, programmée avant la fin du mois de janvier, du Conseil général du Tarn, maître d’œuvre du projet, ajoutait le communiqué.

Ces nouvelles propositions "sécurisent les besoins en eau découlant du projet de territoire" et "répondent à l’objectif" d’un bon état des eaux, estime le communiqué, précisant que le rapport "établit à 750.000 m3 les besoins de stockage" d’eau. Et propose "un projet de territoire reposant sur des productions à forte valeur ajoutée et génératrices d’emploi local, et sur le renforcement des circuits de proximité". Ce qui "permet de maintenir des exploitations de taille familiale".

Depuis le drame de Sivens, deux missions d’expertise successives, diligentées par le ministère de l’Ecologie, ont travaillé à élaborer un scénario de « sortie de crise », sans pouvoir faire émerger un compromis, même après avoir formalisé à la mi-décembre cinq scénarios alternatifs, dont seuls deux sont désormais retenus.

L’abandon du projet initial de barrage a été vivement critiqué dès le vendredi 16 janvier par ses partisans, qui l’estiment nécessaire pour irriguer les terres agricoles alentour. "Rayer d’un trait de plume le projet pose des soucis : qui va payer les entreprises contractées ? Et ça veut dire qu’on est reparti pour quatre ou huit ans d’études, sans aucune garantie qu’il n’y ait pas encore une fois des zadistes" sur le site du nouveau projet, s’emporte Philippe Jougla, président de la FDSEA du Tarn, le syndicat agricole majoritaire grand défenseur du barrage.

S’affirmant "très suspicieux vis-à-vis des experts", il demeure partisan d’"un ouvrage à l’identique" avec pour seule transformation une réduction du volume d’eau alloué à l’irrigation. Tout en se déclarant prêt à soutenir un projet de barrage "réduit", mais toujours à Sivens, c’est-à-dire avec un volume d’eau d’1 million m3, au lieu d’1,5 million comme initialement prévu. Un scénario qui a également les faveurs de la chambre d’agriculture du Tarn.

Mais pas celles des « antibarrage » qui, s’ils se disent "satisfaits" que le projet initial soit "abandonné", refusent d’apporter "pour l’instant" leur soutien à l’alternative consistant à construire d’autres retenues.

"Nous demandons de nouvelles études et nous estimons qu’il sera démontré qu’aucun ouvrage ne sera nécessaire", a ainsi déclaré à l’AFP Ben Lefetey, porte-parole du Collectif pour la sauvegarde de la zone humide du Testet. Les opposants estiment en effet que les besoins en irrigation peuvent être satisfaits en utilisant les retenues collinaires existantes, des ouvrages de stockage d’eau construits par les agriculteurs eux-mêmes, et remplis par les eaux de ruissellement ou de pompage. S’il est prouvé que les besoins en eau ne peuvent pas être satisfaits par les retenues déjà construites, "alors, il faudra discuter d’un possible ouvrage". "Mais il faudra que ce soit le moins impactant pour l’environnement. Sinon, nous nous réservons le droit d’utiliser des recours en justice", conclut-il.

Irrigation et “projet de territoire”

Il faut revenir en arrière, en amont du drame de Sivens, pour comprendre ce qui s’y joue aujourd’hui. En 2010 un bras de fer oppose les irrigants au gouvernement Fillon, qui devait, après le Grenelle de l’environnement, en application de la loi sur l’eau du 30 décembre 2006, et en cohérence avec la mise en oeuvre de la Directive cadre européenne sur l’eau (DCE), mieux encadrer l’usage de l’eau en agriculture.

En 2011, la présidentielle approche, Nicolas Sarkozy lâche que “l’environnement ça commence à bien faire”… NKM élabore un programme de relance de l’irrigation. Bruno Le Maire, ministre de l’Agriculture prépare deux décrets qui réouvrent en grand les vannes, en autorisant le financement des barrages et retenues collinaires sur fonds publics, sous couvert “d’adaptation au changement climatique”. Les décrets sont publiés au JO par François Fillon le dimanche du second tour de la présidentielle qui consacre la victoire de François Hollande… Peu après sa nomination comme ministre de l’Ecologie, Delphine Batho établit un moratoire sur ces deux décrets, et refuse d’accorder une dérogation au projet de Sivens, qui était opportunément ressorti des cartons, à la faveur du plan “Sarkozy-Fillon-NKM-Le Maire” de relance de l’irrigation.

Mais, sous la pression de la FNSEA, Jean-Marc Ayrault réouvre le dossier dès novembre 2012, et confie la réalisation d’un rapport à Philippe Martin, alors député et président du Conseil général du Gers.

Le “rapport Martin”, entièrement rédigé par un certain Philippe Quévremont, Ingénieur des Ponts et des eaux et Forêts, membre du CGEDD, qui avait déjà signé fin 2011 un précédent rapport qui prônait la relance massive de l’irrigation dans tout le Sud-Ouest, est remis à Jean-Marc Ayrault le 5 juin 2013. Il dissimule la réouverture des vannes de l’irrigation en la déguisant sous l’appellation de “projet de territoire pour la gestion équilibrée de la ressource en eau”.

Le Comité national de l’eau, organe central des turpitudes du Lobby de l’eau, crée un groupe de travail ad hoc qui a pour mission de valider la nouvelle doctrine pro-irrigation, sous cette appellation fallacieuse de “projet de territoire”. Une démarche cruciale car c’est cette nouvelle “doctrine” qui doit permettre à la France de se justifier, en cas de contentieux européen, à l’heure où les irrigants, dans toute la France, exigent la construction de centaines de nouveaux ouvrages.

Entretemps de nombreuses ONG de défense de l’environnement, au premier rang desquelles FNE, dénoncent le rapport Martin, qui a surtout permis d’enterrer en grande pompe un autre rapport, qui venait lui aussi d’être tout juste adopté par le Conseil économique social et environnemental (CESE), et qui prônait une toute autre approche de l’usage de l’eau en agriculture, puisqu’il défendait un nouveau modèle agricole respectueux de l’environnement…

Philippe Martin succède à Delphine Batho le 4 juillet 2013. Sa première décision officielle, un décret publié au JO le 15 juillet, repousse de deux ans la date-butoir à laquelle les irrigants devaient avoir créé des Organismes uniques, censés faciliter une meilleure régulation de l’usage de l’eau en agriculture…

Rebaptisé “Partager la ressource en respectant les milieux naturels aquatiques”, le concept de “projet de territoire” resurgit dans un document de 6 pages rédigé par des haut-fonctionnaires du ministère de l’Agriculture en juin 2013, document qui va cadrer les débats de la table ronde sur l’eau qui se tiendra à la 2ème Conférence environnementale les 20 et 21 septembre 2013, au palais d’Iéna à Paris.

Les 60 participants à cette table ronde, désignés par le gouvernement, qui n’auront chacun que deux minutes pour s’exprimer, dont de nombreux représentants de la FNSEA et de l’APCA, sont invités à valider le concept de “projet de territoire”. Le compte-rendu de la table ronde est repris dans un document publié trois jours plus tard sur le site internet de Matignon, document qualifié de “Feuille de route de la 2ème Conférence environnementale”.

C’est en s’appuyant sur ce document, sans aucune valeur légale, que Philippe Martin, reprenant le concept de “Projet de territoire pour la gestion équilibrée de la ressource en eau” dans un courrier qu’il adresse aux directeurs des Agences de l’eau le 11 octobre 2013, met un terme au moratoire de Delphine Batho.

Son courrier autorise en effet les agences de l’eau à financer à nouveau des projets de barrages er de retenues collinaires, sous réserve qu’ils répondent aux caractéristiques des “projets de territoires” définies par le véritable auteur du rapport Martin, Philippe Quévremont, orientations reprises par les hauts-fonctionnaires du ministère de l’Agriculture, favorables à l’irrigation, qui ont préparé la table-ronde sur l’eau de la Deuxième conférence environnementale, co-présidée par Pascal Canfin (qui y déclarera benoitement qu’il n’y connait rien !) et… Stéphane Le Foll.

Ensuite le groupe de travail ad hoc du Comité national de l’eau va “figer” ces préconisations, qui vont devenir les tables de la loi, et faire figure de nouvelle doctrine française pour l’usage de l’eau en agriculture, à la plus grande joie de la FNSEA…

Et c’est donc cet intense lobbying qui permet de relancer de manière accélérée à la fin de l’année 2013 la construction du barrage de Sivens, enlisé depuis la fin 2012 après le refus de Delphine Batho d’autoriser le lancement des travaux par dérogation.

L’Europe s’en mêle

On ne l’apprendra qu’après le drame, mais l’action de l’eurodéputée EE-LV Catherine Grèze, évoquée dans Le Monde le 19 novembre, puis dans Reporterre le 20 novembre 2014, établit sans équivoque la responsabilité du gouvernement dans le drame de Sivens

Dès 2011, bien avant que le projet contesté de barrage ne fasse l’actualité, alertée par les premiers opposants qui le combattent, Catherine Grèze interpelle la Commission européenne, l’alertant sur les innombrables manquements du dossier. Interpellations qu’elle va réitérer à six reprises jusqu’en 2014.

En novembre 2013 la Commission interpelle la France, dans le cadre d’une procédure pré-contentieuse EU-Pilot, et lui demande de lui apporter toutes les garanties que le projet respecte les réglementations française et européenne. Par l’intermédiaire du Secrétariat général aux affaires européennes (SGAE), rattaché à Matignon et compétent en la matière, la France répond quatre mois plus tard à la Commission, et lui adresse un memorandum de huit pages, en défense du projet, daté du 7 mars 2014.

Le 28 juillet 2014, la Commission européenne notifie au gouvernement français qu’elle considère que ses réponses n’apportent pas les garanties du respect des directives européennes. Ce qui ouvre la porte à une procédure d’infraction.

Cette procédure, plus que probable dès le mois d’août 2014, à la lumière de la réponse de la Commission, rendrait impossible le financement européen du projet qui représentait plus de 2 millions d’euros, soit 21 % du financement global du projet de barrage.

L’attitude du gouvernement apparaît rétrospectivement totalement scandaleuse, puisqu’il était non seulement parfaitement informé qu’une procédure de pré-contentieux instruite par la Commission avait toutes les chances d’aboutir, mais qu’il aura nécessairement défendu ce projet dans la note adressée le 7 mars 2014, via le Secrétariat aux affaires européennes, directement rattaché à Matignon, aux services de la Commission.

Rappelons que le périmètre et la composition du « gouvernement de combat » de M. Manuel Valls n’ont été rendus publics que le 1er avril 2014. Jusqu’à cette date le ministère de l’Écologie, dont les services ont obligatoirement été saisis pour alimenter la réponse adressée le 7 mars 2014 par le Secrétariat aux affaires européennes à la Commission, était dirigé par un certain... Philippe Martin.

De fait, après le drame, la Commission européenne annonce, le 26 novembre 2014, l’ouverture d’une procédure d’infraction contre la France pour non-respect de la législation européenne dans le cadre du projet de barrage de Sivens. Déclarant que « sur la base des informations dont elle dispose, les autorités françaises ont lancé le projet nonobstant la détérioration de l’état écologique de la masse d’eau qu’il est susceptible d’entraîner. »

Le piège

La crise provoquée par le drame de Sivens dépasse dès lors très largement les rives du Tescou et le département du Tarn.

Le gouvernement doit trouver une issue à l’affaire de Sivens, qui continue localement à exacerber les tensions, puisqu’aucun consensus n’a pu se faire jour autour d’une alternative acceptable par les pro et les anti-barrages.

Mais le véritable enjeu est ailleurs. La Commission européenne a engagé une procédure contentieuse contre la France dans l’affaire de Sivens. La France doit apporter une première réponse à la Commission avant la fin du mois de janvier 2015.

Idéalement il faut pouvoir faire valoir auprès de la Commission qu’une solution satisfaisant aux contraintes de la DCE a été acceptée localement par toutes les parties prenantes, c’est le motif du communiqué de Ségolène Royal du 16 janvier, de la réunion organisée à Albi le lundi 19 janvier, puis du vote de l’assemblée délibérante du Conseil général du Tarn qui est annoncé avant la fin janvier.

Beaucoup plus important, le Comité national de l’eau a examiné dès le 9 décembre une nouvelle version, considérablement amendée (en bien…), du texte dédié aux “Projets de territoire pour la gestion quantitative de l’eau en agriculture”, qui n’a encore aucune valeur légale, puisqu’il devra être adopté en séance plénière par le CNE, avant de se transformer en arrêté, décret ou circulaire, qui établiront légalement la nouvelle doctrine française en matière d’irrigation…

Or ce texte du 9 décembre examiné par le CNE met à bas la doctrine “Quévremont-Martin”, favorable à l’irrigation à outrance, et définit de très nombreux critères qui permettraient, s’ils étaient réellement mis en oeuvre, de procéder à l’aggiornamento que la France aura mis vingt ans à réaliser.

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Le nouveau "Projet de territoire pour la gestion de la ressource en eau", CNE, 9 décembre 2014

L’enjeu de la sortie de crise de Sivens est donc bien national. Il emporte, au terme d’un conflit violent au sein même des différentes instances concernées des ministères de l’Agriculture et de l’Ecologie, l’imposition d’une nouvelle doxa, qui va bien au-delà de l’usage de l’eau en agriculture, puisqu’elle revient à promouvoir aux forceps un nouveau modèle agricole, davantage respectueux de l’environnement, comme en témoigne le document élaboré par les associations qui ont participé aux travaux de la mission d’expertise, qui privilégie une approche du "territoire" axée sur de nouvelles pratiques agricoles. Un pied de nez qui doit beaucoup à la présence dans la délégation de FNE national de Florence Denier-Pasquier, sa vice-présidente, et ex-rapporteuse du Rapport du CESE, qui avait été prestement enterré par le rapport "Quévremont-Martin" à l’été 2013...

Dans la foulée, une nouvelle mission d’expertise CGEDD-CGEEAAR va revoir de fond en comble les fonadamentaux de la gestion de l’eau en agriculture dans le grand Sud Ouest, au regard de la nouvelle doctrine française en voie d’adoption (forcée)…

La sortie de crise de Sivens conditionne dès lors pour une bonne part l’avènement, ou non, d’un “aggiornamento” lourd de conséquences que la FNSEA refuse évidemment, tandis que l’ensemble des associations participant à la concertation mettaient solennellement en garde contre la tentation d’un deuxième passage en force, dans un communiqué commun, publié le lundi 19 janvier 2015 dans la matinée, avant la rencontre prévue à la Préfecture d’Albi.

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Le communiqué commun des associations, 19-01-15

SIVENS/TESTET : le dossier d’Eaux glacées

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impression
2015-01-07
VAGUES
par Marc Laimé, mercredi 7 janvier 2015 @ 09:22

 

Diffusé en 2009, ce film de 52 minutes de David Briffaud et Fabien Mazzoco, produit par Lilith Production, pointait déjà avec une acuité remarquable les dérives de la logique productiviste qui a promu à outrance la culture du maïs irrigué.

 

« La France produit et exporte du maïs. En été, cette culture consomme jusqu’à 80% des réserves d’eau et assèche les rivières. Les réserves de substitutions qui prélèvent l’eau l’hiver sont-elles une solution ? N’y a-t-il pas d’alternative à cette culture et à cette agriculture intensive ? 
À travers le portrait de deux agriculteurs, l’un, céréalier en Vendée en GAEC à quatre associés sur 500 hectares, dont 120 de maïs irrigué, l’autre en Charente-Maritime reconvertissant 140 hectares en polyculture et élevage bio, ce film pose le problème de la politique agricole du "tout maïs" et de ses conséquences économiques et écologiques.

« La culture du maïs vaut-elle le prix à payer en termes d’épuisement des ressources en eau et de pollution ? Certains, qu’ils soient agriculteurs, citoyens ou associations, doutent que les solutions proposées soient les bonnes dès que la logique productiviste n’est pas remise en cause.

« La rivière du Mignon, en Charente-Maritime, est asséchée : une situation qui est devenue chronique à cause des prélèvements opérés pour arroser le maïs au détriment du milieu naturel. 
Le maïs est cultivé depuis le 15e siècle en France, en Aquitaine et en Alsace. Les maïs hybrides ont permis d’étendre ces cultures à d’autres zones. La culture du maïs est destinée à l’alimentation des animaux d’élevage. LA PAC en 1992 a mis en place des primes à l’hectare, en particulier pour les cultures irriguées. Or, l’irrigation en été consomme 80% des ressources en eau et, en France, ce sont la moitié des zones humides qui ont été asséchées en 30 ans. La culture du maïs contribue aussi au lessivage des terres et à la pollution des rivières par les intrants.

« En octobre 2000, la Directive Cadre Européenne sur l’eau impose à la France de retrouver un "bon état des eaux et des milieux aquatiques" d’ici 2015. Si l’eau vient à manquer l’été, on peut la récupérer l’hiver : l’eau est partout et pour tout le monde, et la crue dérange. La solution consiste alors à construire des bassins pour les réserves de substitution avec l’eau prélevée en hiver. En 2008, la crise de l’ostréiculture révèle la mauvaise santé des eaux. Le 31 janvier 2008, l’Europe a condamné la France pour violation répétée de la réglementation sur la qualité des eaux potables dans trois départements : les Deux-Sèvres, la Vendée et la Charente-Maritime.

« Pourtant la logique d’agriculture intensive n’est pas stoppée. Les subventions pour les réserves d’eau alimentent la course au stockage de l’eau et "l’artificialisation" du milieu, alors que le financement à 70% des réserves d’eau de substitution pour maintenir la culture du maïs crée une dette pour 20 ans !

« Face au problème, la résistance citoyenne s’organise et certains agriculteurs en sont partie prenante. Le sorgho, la luzerne peuvent être utilisés pour l’élevage, mais ces cultures ne sont pas favorisées car le poids du lobby "Monsanto," dont l’activité est exclusivement tournée vers le maïs, est très fort. Les céréales sont cotées en bourse et souvent destinées à l’exportation.Les règles sont définies au plan mondial avec une démarche de spécialisation des zones de production. C’est ainsi que les céréales se croisent (exportation de maïs et importation de soja, par exemple).

« Il y a actuellement 6,7 milliards de personnes sur la planète et en repensant les systèmes de production (conversion en agriculture bio notamment), on pourrait en nourrir 9 milliards (Source : FAO). Hélas, aucune mesure n’est prise pour renverser la situation : le maïs passe pour assurer le meilleur revenu et explique le choix que font les agriculteurs, les aides allant prioritairement aux cultures irriguées et à la constitution de réserves d’eau.

« Avec une sensibilité certaine à la beauté de la nature, ce documentaire révèle les contradictions que doit affronter le monde agricole et dégage avec clarté les enjeux majeurs. »

Avec la participation de :

- Claude Poitiers, agriculteur céréalier en Vendée, en GAEC à 4 associés, sur 500 hectares dont 120 de maïs irrigué.

- Julien le Guet, animateur nature batelier dans le Marais Poitevin.

- Marc Benoît, agronome, directeur de recherche à l’INRA.

- Benoît Biteau, agriculteur en Charente-Maritime, en reconversion en polyculture et élevage biologique sur 140 hectares.

- Luc Servant, président de la Chambre d’agriculture de Charente-Maritime. 

- Patrick Picaud et Claude Matard, Association Nature Environnement 17 (La Laigne).

- Michel Bertin, ostréiculteur, Bassin de Marennes d’Oléron. 

- Michel Barnier, ancien ministre de l’Agriculture.

- Christine Dumont, habitante du Marais Poitevin.

- François-Marie Pellerin, Ingénieur géologue - CORDE Marais Poitevin.

Commander le DVD du film sur le site de Voir et Agir (12 euros).

SIVENS/TESTET : le dossier d’Eaux glacées

- Barrage de Sivens : letter d’un opposant à la Préfète du Tarn

Les eaux glacées du calcul égoïste, 4 juillet 2014

- Barrage de Sivens : la faute de Ségolène Royal

Les eaux glacées du calcul égoïste, 11 septembre 2014

- Barrage de Sivens : Ségolène Royal écarte l’un des deux experts pro-irrigation

Les eaux glacées du calcul égoïste, 12 septembre 2014

- La lutte de Sivens : le film

Les eaux glacées du calcul égoïste, 18 septembre 2014

- SivensTestet : grand pique nique à proximité de la zone humide le dimanche 21 septembre à midi

Les eaux glacées du calcul égoïste, 20 septembre 2014

- Sivens/Testet : la mobilisation s’enracine

Les eaux glacées du calcul égoïste, 1er octobre 2014

- Sivens/Testet : déjà 49 et 43 jours de grève de la faim

Les eaux glacées du calcul égoïste, 14 octobre 2014

- Sivens/Testet : nouvelles mobilizations avant la grande manifestation des 25 et 26 octobre

Les eaux glacées du calcul égoïste, 20 octobre 2014

- Sivens/Testet : une semaine de silence

Les eaux glacées du calcul égoïste, 30 octobre 2014

- Sivens/Testet : la face cachée de l’iceberg

Les eaux glacées du calcul égoïste, 31 octobre 2014

- Sivens : lettre ouverte à Thierry Carcenac, par Benoit Biteau

Les eaux glacées du calcul égoïste, 3 novembre 2014

- Jean Pierre Darré, l’homme qui a manqué à Sivens/Testet

Les eaux glacées du calcul égoïste, 7 novembre 2014

- Sivens : le compte n’y est pas

Les eaux glacées du calcul égoïste, 12 novembre 2014

- Sivens, le Gers et le Rajasthan

Les eaux glacées du calcul égoïste, 14 novembre 2014

- Sivens/Testet : Henri Chevalier, trente ans de combat pour l’eau dans le Sud-Ouest

Les eaux glacées du calcul égoïste, 16 novembre 2014

- Sivens/Testet : une thèse extraordinaire qui éclaire le conflit

Les eaux glacées du calcul égoïste, 16 novembre 2014

- Sivens/Testet : la Commission européenne étudierait le lancement d’une procedure d’infraction

Les eaux glacées du calcul égoïste, 19 novembre 2014

- Sivens/Testet : la Commission européenne lance une procedure d’infraction

Les eaux glacées du calcul égoïste, 26 novembre 2014

- Après Sivens, revoir "Pour quelques grains d’or

Les eaux glacées du calcul égoïste, 7 janvier 2015

 

 

 

Source : www.eauxglacees.com

 

 

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18 janvier 2015 7 18 /01 /janvier /2015 18:02

 

Source : degooglisons-internet.org

 

 

Dégooglisons Internet

Une initiative du réseau Framasoft en faveur d'un internet libre, décentralisé, éthique et solidaire.

 

Village libriste

Au milieu des multinationales tentaculaires, quelques organisations non-lucratives continuent de lutter activement pour un Web ouvert et respectueux des internautes.

En plus de Framasoft, association loi 1901 qui mène la présente campagne, nous pouvons citer l'April, la Quadrature du Net ou encore l'Aful. Ces associations vivent de vos dons, n'oubliez pas de les soutenir !

Quel sont les enjeux ?

Ces dernières années ont vu se généraliser une concentration des acteurs d’Internet (Youtube appartient à Google, WhatsApp à Facebook, Skype à Microsoft, etc.). Cette centralisation est nuisible, non seulement parce qu’elle freine l’innovation, mais surtout parce qu'elle entraîne une perte de liberté pour les visiteurs. Les utilisateurs de ces services derniers ne contrôlent plus leur vie numérique : leurs comportements sont disséqués en permanence afin de mieux être ciblés par la publicité, et leurs données - pourtant privées (sites visités, mails échangés, vidéos regardées, etc.) - peuvent être analysées par des services gouvernementaux.

La réponse que souhaite apporter Framasoft à cette problématique est simple : mettre en valeur, pour chacun de ces services privateur de liberté, une alternative Libre, Ethique, Décentralisée et Solidaire. En savoir plus…

  Village libriste Fermetum Centralisum Espionnum Privatum NSA 595,900,80 460,1050,80 1130,780,80 920,1130,80 1190,570,80 1120,1180,80 1160,940,80 735,630,80 620,1110,80 790,1020,80 1240,410,80 730,125,80 980,745,80 1210,1430,80 375,1205,80 680,480,80 1250,1090,80 730,1300,80 835,180,80 1040,580,80 710,300,80 550,1240,80 450,910,80 810,410,80 980,940,80

 

Source : degooglisons-internet.org

 

 


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18 janvier 2015 7 18 /01 /janvier /2015 17:16

 

PAR LE “CAFE REPAIRE DE PETITE CAMARGUE” (Collectif membre du Forum Social Local 30)
 

 

OPERATION CORREA

“Les ânes ont soif Episode 1

  

Projection suivie d'un débat

en présence de Pierre Carles


www.cp-productions.fr

 

 

 

Bonne nouvelle : l’Equateur dirigé par un gouvernement de gauche et son président Rafael Correa proposent des solutions enthousiasmantes à la crise économique, sociale et environnementale. Cette expérience progressiste (révolutionnaire ?) intéresse visiblement peu les médias audiovisuels français. Intrigués par ce manque de curiosité, Pierre Carles et son équipe se sont retroussé les manches pour réaliser un premier épisode de leur enquête.

 

lien de l'affiche ici

 

 

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18 janvier 2015 7 18 /01 /janvier /2015 17:07

 

Reçu par mail

 

 

Appel à l’action : Solidarité internationale avec les SDF en Hongrie

 

 

Solidarité internationale avec les SDF de Hongrie, de la par du site On vaulx mieux que ça de Vaulx-en-Velin0
Jean Sintes
Pour des liens internationaux sur le droit au logement pour tous.


Appel à l’action : Solidarité internationale avec les SDF en Hongrie
« Etre SDF n’est pas un délit ! »
http://onvaulxmieuxqueca.ouvaton.org/spip.php?article4188

Source : A Város Mindenkié : mouvement « La Ville est à Tous »
« Etre SDF n’est pas un délit ! »
Appel à l’action : Solidarité internationale avec les SDF en Hongrie
Sous invitons nos amiEs partout dans le monde à joindre notre lutte contre la criminalisation des SDF en Hongrie.
Les élections de 2010 ont apporté une tournure politique entièrement autoritaire et répressive en Hongrie. La démocratie constitutionnelle a été essentiellement abolie : les droits du travail ont été réduits tout comme les droits aux allocations sociales ; un système de travail forcé a été installé ; les chercheurs d’asile doivent subir un régime injustifiable de détention ; une politique pénale a été introduite avec des sanctions chaque fois plus disproportionnées ; la surveillance des fonctionnaires a été autorisée à une échelle jamais vue. Depuis la transition vers le capitalisme en 1990, le niveau de la pauvreté et de l’inégalité n’ont jamais été si haut qu’aujourd’hui.
En dépit de plusieurs années de plaidoyer et de protestation, être SDF est devenu un délit à sanctionner en Hongrie. En novembre 2012, la Cour constitutionnelle a invalidé une loi qui criminalisait le fait de vivre dans la rue, avec l’argument que l’État doit traiter la question du sans-abrisme comme un problème social et non pas comme de la délinquance. En réponse, le parti au gouvernement a décidé de changer la Constitution même, autorisant ainsi les municipalités à punir « la résidence habituelle sur l'espace public». Maintenant, les SDF peuvent être punis par du travail forcé, des pénalités financières, et l'emprisonnement dans la plupart des quartiers de Budapest voire des municipalités environnantes.
Nous, SDF et militantEs du mouvement La Ville est à Tous vous demandons votre aide pour abolir cette loi inhumaine et exprimer votre solidarité avec les SDF en Hongrie. Merci d'organiser une manifestation de solidarité entre les 13 et 15 février en face de l’ambassade ou du consulat de la Hongrie dans votre pays. Veuillez nous envoyer des photos et/ou vidéos pour les diffuser sur notre site internet et sur notre facebook et montrer ici la manifestation internationale contre la guerre menée par le gouvernement contre les pauvres.


Vous trouverez certainement les moyens d’exprimer votre solidarité. Si vous avez des questions ou besoin de plus d’information, contactez-nous à avarosmindenkie@gmail.com.


Merci de votre soutien !


http://avarosmindenkie.blog.hu/2014/01/31/_tre_sdf_n_est_pas_un_delit_appel_l_action_solidarite_internationale_avec_les_sdf_en_hongrie
Notre site : http://onvaulxmieuxqueca.ouvaton.org/
Quelques chiffres sombres de la Hongrie : 113 personnes sont mortes de froid en décembre 2014.
http://onvaulxmieuxqueca.ouvaton.org/spip.php?article4187

 

 

 


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17 janvier 2015 6 17 /01 /janvier /2015 15:37

 

 

Source : www.mediapart.fr

 

Mobilier, voiture, téléphones... Mediapart dévoile les privilèges accordés à l'ex-président Sarkozy

|  Par Mathilde Mathieu

 

 

 

Malgré son retour à la tête de l'UMP, Nicolas Sarkozy conserve la quasi-totalité des moyens que l'État offre à ses anciens présidents. Mediapart les dévoile, jusqu'au moindre détail. Du loyer déboursé pour ses bureaux aux salaires de ses collaborateurs en passant par ses porte-manteaux ou autres lampadaires, les chiffres donnent le tournis.

Nicolas Sarkozy doit cacher bien des secrets d’État. Trois semaines après son départ de l’Élysée en mai 2012, l’État français, bonne mère, lui a payé un « coffre fort » (1 016 euros), un « coffre de sécurité » (1 074 euros) et une « armoire forte » (2 073 euros), aussitôt livrés dans les cossus bureaux de la rue de Miromesnil à Paris où l'ancien chef de l'État venait de poser ses guêtres.

 

Nicolas Sarkozy quitte l'Elysée après sa défaite en mai 2012 
Nicolas Sarkozy quitte l'Elysée après sa défaite en mai 2012 © Reuters

Le contribuable a aussi payé le déménagement (8 513 euros), de même que l’équipement de son repaire en lampadaires, canapé, fauteuils avec « accoudoirs fixes et réglables », porte-manteaux, « imprimante jet couleur », ordinateur de bureau, portable, « smartphone », « GSM », « bureaux en verre transparent », etc. En tout, 56 724 euros d’achats. Depuis lors, l’État règle le loyer de Nicolas Sarkozy à hauteur de 16 341 euros par mois, soit 196 092 euros par an, en toute légalité.

Tous les anciens présidents vivent en effet sous perfusion de la République depuis une décision de 1985 – une simple lettre – paraphée par le socialiste Laurent Fabius, alors premier ministre. Mais la nature et le coût exacts de ces largesses, estimées entre 1,5 et 2 millions d'euros annuels par tête de pipe, sont toujours restés confidentiels.

Alors que Nicolas Sarkozy a repris fin novembre les rênes du principal parti d'opposition, à mille lieues d'une retraite politique, Mediapart les dévoile aujourd'hui jusque dans le moindre détail.

Ci-dessous, l'inventaire du mobilier installé rue de Miromesnil en mai 2012 :

 

 

Toutes les données publiées par Mediapart, qui couvrent la période mai 2012 à décembre 2014, sont tirées de pièces officielles qu'un militant de la transparence, Raymond Avrillier, a obtenues du gouvernement mercredi 14 janvier, après quatre mois d'attente et de recours. Elles lui ont été transmises par le service de Matignon qui gère les privilèges dévolus aux trois "ex" (Giscard d'Estaing, Chirac et Sarkozy).

Fin 2014, plusieurs députés PS ont déjà dénoncé une « utilisation (de ces moyens) à des fins personnelles » et un conflit d'intérêts en ces termes : « Au nom de quoi le contribuable français doit-il être le complice du retour caricatural du chef (Sarkozy) » ? En tant qu'ancien président (il s'était augmenté son salaire de 170 %), Nicolas Sarkozy sera de toutes façons bénéficiaire d'une indemnité de 6 000 euros à vie.

• Une caverne d'Ali Baba rue de Miromesnil : 570 000 euros depuis 2012

On découvre aujourd'hui que l'État a déboursé précisément 215 392 euros en 2014 pour la location de ces bureaux et leur entretien. Dans la liste : frais de nettoyage, électricité, « dépenses informatiques », copieurs, papier, timbres, machines à affranchir... Nicolas Sarkozy, lui, s'affranchit peu des mamelles de l'État puisqu'en 2013, une note de « blanchissage » de 284 euros a même été prise en charge. Côté communication, on relève encore 11 119 euros de factures de téléphones mobiles, plus 4 720 pour des fixes.

Sur deux ans et demi (achat du mobilier compris), l’addition de la rue de Miromesnil dépasse ainsi les 570 000 euros. Et dire que Nicolas Sarkozy déclarait encore en octobre dernier, à propos du RSA (revenu de solidarité active) et de « l'assistanat » : « Est-ce que toute allocation doit avoir comme contrepartie une activité ? Pour moi la réponse est oui. »

Ci-dessous, la liste de ses frais de fonctionnement :


 

 

• La citroën de collection :

 

Le modèle de limousine fourni par l'Etat à N. Sarkozy 
Le modèle de limousine fourni par l'Etat à N. Sarkozy

Depuis mai 2012, le conférencier Sarkozy, traditionnel pourfendeur des déficits publics, roule en C6V6 HDI Exclusive, « la dernière limousine française haut de gamme » (dixit La Tribune). La facture adressée à l'État révèle que cette voiture a été achetée 44 141 euros à un vendeur Citroën de Levallois-Perret (Hauts-de-Seine), cinq jours seulement après la défaite de Nicolas Sarkozy à la présidentielle, et qu'elle a été agrémentée d'un « toit ouvrant électrique » et d'un « pack lounge ». Évidemment, l'ancien président ne paie pas son carburant lui-même (4 046 euros par an, 5 301 euros d'entretien).

 

 

• Salaires de ses collaborateurs : 660 000 euros net par an

Ce ne sont pas les cinq fonctionnaires d'État mis à disposition qui coûtent le plus cher, mais les cinq conseillers contractuels rémunérés entre 5 247 euros et 7 020 euros en net par mois, recrutés au bon vouloir de Nicolas Sarkozy. Il est bien possible que le plus gros salaire revienne à la demi-sœur de Carla Bruni, Consuelo Remmert, « conseillère diplomatique » chargée de vendre les conférences du patron aux banquiers et dirigeants du monde.


 

 
© SGG

En extrapolant sur deux ans et demi, on peut estimer qu'environ 1,6 million d'euros a ainsi été encaissé par la fine équipe (avec un coût encore plus lourd pour l'État, qui assume toutes les charges sociales).

Dans l'absolu, il faudrait aussi compter les traitements des policiers assurant la protection de l'ancien chef d'État, que Matignon a occultés des documents transmis à Raymond Avrillier, estimant que la « divulgation (de telles informations) porterait atteinte à la sécurité de Monsieur Nicolas Sarkozy ». Impossible de savoir combien ils sont.

Au passage, on notera que le chauffeur fourni par le ministère de l'intérieur (4 000 euros mensuels) alterne bizarrement au volant avec un collègue détaché du conseil général des Hauts-de-Seine (5 339 euros), que Nicolas Sarkozy a dirigé de 2004 à 2007, et où son fils Jean siège comme vice-président.

Questionnée jeudi 15 janvier sur le renoncement à ces avantages, la conseillère en communication de Nicolas Sarkozy explique que son patron, désormais à la tête de l'UMP, va conserver ses locaux de Miromesnil. « Il reste ancien président, argue Véronique Waché. La circulaire de 1985 s'applique donc comme pour Chirac et Giscard. Il travaille trois jours par semaine à l'UMP et deux jours rue de Miromesnil, où sont organisés des rendez-vous non politiques avec des personnalités diplomatiques ou de la société civile, qui ne viennent pas voir le président de l'UMP mais l'ancien chef d'État. » « Pour qu'il n'y ait pas d'ambiguïtés », l'organisation a été « doublée » (un directeur de cabinet de chaque côté, deux secrétariats, etc.).

Si l'on comprend bien, Nicolas Sarkozy garde tous ses collaborateurs de la rue de Miromesnil à l'exception de Véronique Waché, qui « quitte son poste et change d'employeur pour basculer à 100 % sur l'UMP ». L'État continuera en particulier de rémunérer la « conseillère diplo », Consuelo Remmert, « parce qu'il y a des fonctions de représentation diplomatique à assurer ». Quant à Michel Gaudin, le directeur de cabinet côté Miromesnil, Véronique Waché assure qu'« il est préfet à la retraite » et qu'il ne plombe donc pas « l'enveloppe ancien président ».

 

Frédéric Péchenard et Brice Hortefeux en réunion rue de Miromesnil, le 19 septembre, à Paris. 
Frédéric Péchenard et Brice Hortefeux en réunion rue de Miromesnil, le 19 septembre, à Paris. © TF1/Sept à Huit

Après dépouillement de ces documents, Raymond Avrillier, lui, ne compte pas en rester là. Il estime « raisonnable » de conserver à Nicolas Sarkozy ses « moyens de protection, dont la voiture peut faire partie », de même qu'« une ou deux secrétaires pour répondre au courrier ». « Mais pour le reste, depuis qu'il a été élu président de l'UMP, la question se pose de l'usage de cet argent public à des fins politiques. »

Raymond Avrillier rappelle ainsi qu'un parti n'a pas le droit de bénéficier de dons ni d'avantages en nature de la part d'une personne morale (association, collectivité, entreprise, etc.). « En l'occurrence, pointe-t-il, le président de l'UMP reçoit de l'argent du secrétariat général du gouvernement. L'État est-il encore, dans tous les sens du terme, une personne morale ? »

L'ancien élu de Grenoble compte bien interpeller la Commission nationale des financements politiques (CNCCFP), chargée de vérifier les comptes des partis, « sur la régularité de ce financement ». « Ne faudrait-il pas comptabiliser une partie des avantages de Nicolas Sarkozy dans les recettes du parti ? » lance Raymond Avrillier. Quid par exemple de ses déplacements ?

Pour rappel, la décision de 1985 de Laurent Fabius offrait aux anciens présidents « la gratuité pour eux-mêmes et leur conjoint sur l'ensemble des réseaux publics ferroviaires, aériens et maritimes, dans la meilleure classe », pour aller à Doha ou Pékin, au cap Nègre ou à Varennes.

 

 

→ Voir sous l'onglet Prolonger les détails de la procédure engagée par Raymond Avrillier pour obtenir ces documents

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17 janvier 2015 6 17 /01 /janvier /2015 15:27

 

 

Source : www.mediapart.fr

 

Les économistes atterrés tentent de dessiner une autre politique économique

|  Par martine orange

 

 

 

Les économistes atterrés dénoncent dans un nouveau manifeste les ravages des politiques libérales imposées en Europe. D’autres voies sont possibles, assurent-ils. Allant de l’écologie à la finance en passant par l’Europe, ils avancent des propositions, moins convaincantes que leurs analyses.

 

C’était en 2010. Hallucinés par ce qu’ils voyaient et entendaient, des économistes s’étaient retrouvés dans un collectif pour faire le constat de la crise financière de 2008 et essayer de comprendre les mécanismes fous qui avaient conduit le monde au bord de l’explosion économique. Ils avaient pris le nom d’atterrés, pour dénoncer les dogmes d’une science économique qui avait totalement dérivé, le catéchisme d’un néolibéralisme dont la faillite était patente.

Quatre ans après la publication de leur premier manifeste, les économistes atterrés reprennent la plume, avec le même sentiment de consternation. Aucune leçon n’a été tirée de la crise financière de 2008. « Les décideurs n’ont rien appris, ou voulu apprendre, de la crise. Les économistes bien en cour se montrent d’autant plus arrogants que leurs préceptes sont invalidés. Les lobbies financiers demeurent d’autant plus avides qu’ils n’ont pas eu à payer le prix de leurs errements », écrit le collectif.

 

 

Entre-temps, les faits ont largement corroboré leurs diagnostics. L’éclatement de la bulle pétrolière comme la guerre des devises viennent prouver que les États n’ont toujours pas repris le contrôle de la finance et que le monde reste à la merci de leur puissance. Les élections grecques, tout comme le marasme européen, soulignent combien les politiques d’austérité imposées dans toute l’Europe ont échoué, n’amenant avec elles que la déflation, le chômage stratosphérique et les ruptures sociales, comme ils l’avaient prédit.

« D’autres politiques sont possibles », assurent-ils dans ce nouveau manifeste, qui entend être un outil politique pour engager une reconquête intellectuelle. Quinze courts chapitres passent en revue les grands problèmes, en dressent le constat et cherchent à esquisser des propositions et des solutions.

Un certain nombre d’associations avaient reproché aux économistes atterrés d’avoir privilégié une vision productiviste, lors de la parution de leur premier manifeste. Leurs critiques ont été entendues, alors que le changement climatique, l’épuisement des ressources, la dégradation de la nature, deviennent chaque jour plus manifestes. C’est donc par la question écologique que les économistes atterrés ont décidé de commencer leur manifeste. Leur constat ne prête guère à discussion. Comment être opposé à des modes de production plus soutenables, à des modes de consommation plus sobres ? De même, comment ne pas être d’accord quand ils insistent sur le fait que l’écologie, notre bien commun, ne peut être laissée aux mains des marchés et doit revenir sous contrôle démocratique ?

Mais une fois cette question centrale posée, le manifeste semble avoir du mal à tirer toutes les conclusions de cette rupture, d’envisager vraiment des schémas différents (comme beaucoup d’entre nous d’ailleurs). Bien sûr, les économistes atterrés insistent sur la nécessité d’abandonner le modèle de l’agriculture productiviste. Bien sûr, ils soulignent dans un autre chapitre l’importance de mesurer la richesse des nations à partir d’autres critères que le seul PIB. Bien sûr, ils disent que la puissance publique doit reprendre la main sur cette question et donner des impulsions majeures. Mais leurs propositions prioritaires pour clore ce chapitre – transposer dans la loi des objectifs de transition écologique, engager un plan dans le bâtiment pour la rénovation énergétique, mettre en place des circuits de financements privilégiés pour les projets de transition énergétique – paraissent convenues. Tout cela est-il vraiment à la hauteur des enjeux ?

C’est un peu le reproche général qui pourrait être adressé à ce nouveau manifeste. Les économistes atterrés sont indubitablement plus à l’aise dans l’analyse des dysfonctionnements que dans l’esquisse du futur. Désireux de faire de ce manifeste un outil de reconquête intellectuelle, ils déconstruisent avec brio les discours libéraux sur la dette, la dépense publique, la fiscalité, la finance. Ils rappellent comment la mise à bas de tout le système fiscal et de redistribution a abouti à un creusement des inégalités jamais vu depuis le début du XXe siècle et à une violence sociale inouïe.

Mais lorsque vient le moment des propositions, beaucoup semblent nous renvoyer au passé antérieur. Que signifie le keynésianisme dans un  monde ouvert à tous les vents, bousculé par les technologies comme par la révolution internet ? Cet impensé traverse plusieurs chapitres et donne à certaines de leurs propositions un caractère poussiéreux. Affirmer que le plein emploi doit être l’objectif premier de la politique économique ne peut que rallier tous les suffrages. Mais comment y parvenir ? Que vaut le travail au moment où l’intelligence artificielle fait des progrès insoupçonnés, où les robots prennent la place des hommes ? Quel nouveau contrat social faut-il passer ?

Les économistes atterrés ne pouvaient passer sous silence dans leur nouveau manifeste une question qui les divise depuis des mois : l’Europe et l’euro (voir Les économistes atterrés se divisent sur les vertus du fédéralisme européen). Tous se retrouvent pour dénoncer la politique suicidaire de la commission européenne, qui entre two pack et six pack, règle d’or et traité de stabilité financière, n’est plus qu’un catéchisme néolibéral. Tous dénoncent l’étrange statut de la banque centrale européenne qui préfère sauver les banques mais laisser les États à la merci des marchés. Tous se retrouvent sur le constat d’une construction mal faite de l’euro, qui mène l’Europe du Sud à la ruine. Mais après ? Faut-il conserver cette monnaie unique ou en partir ? Faut-il faire le grand saut du fédéralisme européen ou revenir à l’État-nation ?

Le chapitre sur l’euro reprend les deux thèses. D’un côté, il met l’accent sur la nécessité de changer les traités européens, de fixer d’autres objectifs à la construction européenne. Avant de constater l’impossibilité de changer : « Ce scénario se heurte aujourd’hui à l’opposition de certains pays notamment l’Allemagne qui veulent insérer les politiques économiques dans le carcan des traités européens actuels et surtout les subordonner à la volonté des classes dirigeantes européennes et nationales. » De l’autre, il souligne que les populations, les Grecs notamment, ne veulent pas abandonner l’euro mais pourraient y être contraintes par accident. Cette sortie risquerait de provoquer un bouleversement immense mais ne serait pas insurmontable, pour les partisans de l’abandon de l’euro.

Tous se retrouvent, finalement, sur la même analyse : les Européens doivent mettre en pièces la tunique de Nessus du libéralisme qui les enferme. « Avec ou sans l’euro, il faut mettre fin à une situation qui conduit les peuples à se combattre les uns les autres en rivalisant par des baisses de salaire et de protection sociale au nom de la compétitivité. »

 Nouveau manifeste des économistes atterrés – 15 chantiers pour une autre économie. Les liens qui libèrent. 10 euros

 

 

Source : www.mediapart.fr

 

 


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