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15 juin 2013 6 15 /06 /juin /2013 18:14

 

Marianne

 Samedi 15 Juin 2013 à 18:00

Arnaud Bouillin

 

 

Inspecteur des impôts et expert en fiscalité au Parti du travail de Belgique (PTB), Marco Van Hees vient de publier un livre* aussi caustique que documenté sur les largesses fiscales offertes par le Plat Pays.

 

Néchin, ville belge où Gérard Depardieu a choisi d'investir - BAZIZ CHIBANE/SIPA
Néchin, ville belge où Gérard Depardieu a choisi d'investir - BAZIZ CHIBANE/SIPA


Marianne : Par quel prodige des entreprises peuvent-elles déclarer des centaines de millions d'euros de bénéfices en Belgique sans payer, ou presque, le moindre impôt ?

Marco Van Hees : La Belgique propose aux grandes firmes plusieurs armes de détaxation massive ; la plus connue est celle des « intérêts notionnels ». Cette mesure, adoptée en 2005, fonctionne selon le principe suivant : une société X domiciliée en Belgique et disposant, par exemple, de 100 millions d'euros de fonds propres - le capital injecté par ses actionnaires - réalise, disons, 4 millions d'euros de profits. Normalement, ces profits devraient être taxés à 33,99 %, le taux de l'impôt sur les sociétés en vigueur chez nous.

Eh bien, non : avant d'être imposée, la société X a le droit de déduire de ses bénéfices l'équivalent de 3 % de ses fonds propres, soit, dans cet exemple, 3 millions d'euros. Résultat : au lieu de payer 33,99 % de 4 millions, elle ne paye plus que 33,99 % de 1 million !

Mieux : si elle est dotée de 150 millions d'euros de fonds propres, sa déduction d'intérêts notionnels (4,5 millions) dépasse son bénéfice (4 millions). Elle échappe donc totalement à l'impôt.

GDF Suez, EDF, Danone, LVMH, Carrefour, Auchan : de nombreuses firmes françaises, à capitaux publics ou privés, profitent du système...

M.V.H. : Effectivement. Et pour des montants considérables. En 2011, Danone Finance International, qui n'emploie que six salariés à temps plein, a engrangé 243 millions d'euros de bénéfices. Son impôt ? Dix-neuf millions d'euros seulement, soit un taux de 7,8 %.

La même année, EDF Investissements Groupe (trois salariés) a réalisé 306 millions d'euros de profits et réglé au fisc 900 000 $. Taux d'imposition ? 0,29 %.

GDF Suez Belgium (65 personnes) a fait encore mieux : 790 millions d'euros de bénéfices d'un côté, 343 000 $ d'impôts de l'autre, soit un taux epsilonesque de 0,04 %.

Mais la palme revient à Carrefour Finance : 14 employés, 59 millions d'euros de profits et... 0 $ d'impôt. La Belgique est un paradis pour les multinationales françaises.

Quelle est l'activité réelle de ces filiales ?

M.V.H. : Ce sont des banques internes qui prêtent de l'argent aux autres entités du groupe à travers le monde. Leurs bénéfices proviennent des intérêts qu'elles facturent pour ces prêts. Et, comme toutes les banques ou assimilées, elles ont besoin de fonds propres énormes.

Ce qui tombe bien : plus les fonds propres sont élevés, plus la ristourne fiscale est importante. Cerise sur le gâteau, cet avantage est inconditionnel. Aucun investissement dans le pays n'est exigé pour en bénéficier. Il suffit de monter une structure juridique et d'y loger une poignée de salariés, c'est tout.

L'effet sur l'économie est nul. Celui sur les finances publiques, en revanche, est désastreux : en 2010, le fisc belge a perdu, selon les annexes du budget de l'Etat, plus de 5 milliards d'euros de recettes à cause de ce système aberrant qui ne profite qu'aux très grosses entreprises.

Le fisc français est lui aussi lésé dans l'affaire...

M.V.H. : Evidemment. Une partie des milliards qui alimentent les fonds propres de ces pseudo-banques est prélevée sur les bénéfices réalisés en France, ce qui réduit d'autant la base fiscale. Dans cette histoire, tout le monde est cocu. Sauf les multinationales...

Propos recueillis par Arnaud Bouillin

* Les riches aussi ont le droit de payer des impôts, éd. Aden, 158 p., 12 €.

 

 

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15 juin 2013 6 15 /06 /juin /2013 18:03

 

 

Marianne

Iran. Le modéré Hassan Rohani en tête à la présidentielle!

 Rédigé par Martine GOZLAN le Samedi 15 Juin 2013 à 12:15

 

 

 

Ce samedi 15 juin au matin, les premières estimations officielles partielles donnaient vainqueur à l'élection présidentielle le religieux modéré Hassan Rohani, 64 ans, avec 52% des voix et une participation de plus de 70%. Une fenêtre s'ouvre dans un Iran asphyxié.

 

Hassan Rohani
Hassan Rohani

De l'air! C'est ce qu'ont voulu crier les millions d'Iraniens en allant voter le 14 juin pour une élection présidentielle qui semblait totalement verrouillée par le Guide suprême, Ali Khamenei ( lire le portrait du maitre de la République Islamique dans le Marianne n°843 qui vient de sortir). En éliminant Hachemi Rafsandjani de la liste des candidats autorisés à se présenter, le Guide paraissait assurer la présidence à l'un de ses poulains, principalement le négociateur du dossier  nucléaire, Saïd Jalili, arc bouté sur son refus de la moindre concession. Perdu dans la liste des concurrents, le religieux modéré Hassan Rohani, peu connu, ne semblait avoir aucune chance.

Et voilà que les premières estimations partielles du samedi 15 juin avant 12 heures lui donnent 52% des voix! Au Q.G de campagne de Rohani,  on annonce 54%. Il l'emporte à Qom, bastion du clergé iranien, fief des mollahs!

Car  tous les calculs de Khamenei ont  compté pour rien face à la mobilisation de la société civile iranienne, toutes classes sociales confondues, asphyxiée par les sanctions économiques, indignée par les privilèges des Pasdarans, les Gardiens de la Révolution, l'armée du Guide suprême. Une société révoltée en profondeur, aussi, par la violence étatique qui condamne à la prison les opposants et a banalisé la torture.
Quel était le  moyen d'agir pour cet Iran baillonné? Le vrai vainqueur de la présidentielle de 2009, Mir Hossein Moussavi, est en résidence surveillée comme Mehdi Karroubi qui avait emporté une large partie des suffrages. Tous les représentants de la Vague verte (le soulèvement de la jeunesse en juin 2009)  sont au cachot ou en exil. Et  l'homme qui devait, malgré tout, porter la volonté de changement  populaire, Hachemi Rafsandjani, ultra-célèbre, était éliminé avant la course.
Face à cette opinion traumatisée, le Guide avait laissé, pour la forme pensait-il, subsister quelques  apparences de choix. Un réformateur Mohamed Reza Aref, presque inconnu, un autre , Mohammad Gharazi qui, de son propre aveu, n'avait " ni argent, ni porte-parole, ni structure de campagne". Et Hassan Rohani, religieux  qui, dans les rares meetings d'une campagne électorale ultra-brève, s'est brusquement révélé un défenseur de la cause de la jeunesse et un dénonciateur de la misère qui étrangle le peuple iranien.
Sentant le frémissement du "candidat violet"- c'est la couleur qu'il a choisie- les deux
poids-lourds Mohamed Khatami, l'ancien président réformateur, et Hachemi Rafsandjani, l'éliminé, ont appelé à voter en masse pour Rohani tandis que  se désistait en sa faveur  l'obscur Reza Aref.

A ce stade, quelques jours et quelques heures avant l'élection, le Guide pouvait-il arrêter la machine? Les rares observateurs et journalistes occidentaux présents à Téhéran  ont constamment rappelé qu'il ne pouvait pas se permettre la réédition de la mascarade électorale de 2009. Il lui fallait sauver les apparences. Et les apparences semblaient absolument
contrôlées. L'un de ses poulains, Saïd Jalili probablement, devait gagner la fausse bataille.

Mais, tout à coup, la bataille est devenue vraie! Hassan Rohani a décidé de la  jouer à fond tant les soutiens affluaient, tant la jeunesse avait troqué, dans un enthousiasme qu'on croyait anesthésié par la peur, les rubans verts d'hier contre les rubans violets d'aujourd'hui. Car la situation du pays est effrayante. Une inflation galopante, le taux de la monnaie en chute libre ( + de 80% depuis 2011). Des inégalités sociales et une terreur qui déclenchent régulièrement des émeutes dont les medias occidentaux ne parlent pas puisqu'ils ne sont pas là et que les medias d'opposition sont interdits.Mais les réseaux sociaux parviennent à laisser filtrer les infos, et les medias en persan basés en Occident entretiennent des contacts directs avec les Iraniens. Malgré les anathèmes jetés par le régime sur la BBC en persan et autres relais extérieurs, leurs équipes, jeunes, motivées, efficaces, n'ont rien à voir avec les vieilles lunes nostalgiques du Shah. Beaucoup sont arrivés d'Iran ces dernières années, contraints à l'exil par une répression féroce. Il faut revoir à ce propos une très éclairante émission d'Arte, les " Chroniques de l'Iran interdit" qui avait été diffusée le 12 juin.

La bataille est devenue vraie et les Iraniens sont allés voter car même un modéré, admis par le système, peut, sous la pression populaire, semer les germes d'un contre-pouvoir!

Si le processus des résultats va à son terme, si, ce soir ou demain, la victoire réelle de Hassan Rohani au premier tour, est validée par le Guide, ce qui semble être le cas, sauf à déclencher ce que Khamenei redoute le plus: une seconde insurection, alors une fenêtre peut s'ouvrir.
1) Sur les droits humains?
Hassan Rohani a promis à la jeunesse de la protéger. Seulement tout l'appareil judiciaire et policier est aux mains du Guide.
2) Sur le nucléaire?
Hassan Rohani a été le négociateur sur le nucléaire sous la présidence de Khatami ( c'est à dire jusqu'en 2005). Il avait accepté en 2003 la suspension de l'enrichissement de l'uranium et avait autorisé les inspections des installations nucléaires.
Seulement le Guide est sur la ligne inverse et son homme-lige sur le dossier reste Said Jalili.

Un second combat se prépare donc dans les allées du pouvoir iranien.
Hassan Rohani osera-t-il?

Ce matin, rapportent les correspondants, Téhéran était calme et vide.
Plongée dans l'attente.

ACTUALISATION  A 15 HEURES:

51% pour Hassan Rohani après dépouillement des résultats de 65 bureaux de vote. Très loin derrière, avec 15% des voix vient le maire de Téhéran, Mohammed Ghalibaf, ex-chef des Gardiens de la Révolution. Le candidat favori du Guide, SaId Jalili, n'obtient que 11% des voix.
Des attroupements se forment devant le quartier général de Rohani puis se dispersent sur ordre des policiers.
Il faut plus de 50% des voix pour l'emporter. Sinon, un second tour aura lieu vendredi 21 juin.

ACTUALISATION A 17 H.30. LES ELECTEURS DE HASSAN ROHANI MANIFESTENT LEUR JOIE DANS LE CENTRE DE TEHERAN. Ils brandissent des affiches sur lesquelles  on peut voir écrit: " Je suis heureux qu'on ait compté mon vote!" . Le slogan des manifestations de 2009, après le truquage des résultats, était: " Où est mon vote?"

18 HEURES. LE MINISTERE DE L'INTERIEUR ANNONCE LA VICTOIRE DE HASSAN ROHANI




* PRECISIONS: QU'EST-CE QU'UN RELIGIEUX MODERE EN IRAN?

Certains lecteurs faisant part de leur étonnement sur l'emploi du terme " religieux modéré", je crois utile de préciser le contexte. Car le contexte iranien est totalement différent de celui du reste du monde islamique. Il n'est pas question de comparer l'Iran avec la Turquie.
Le peuple iranien vit dans une république islamique où les droits de la personne sont bafoués avec constance. La femme est un être sans droits. Nos confrères et consoeurs de la presse iranienne qui n'a pas fait allégeance au régime sont en prison.
Le guide suprême, Ali Khamenei, a les pleins pouvoirs.
Néanmoins, il subsiste au dessous du guide un Parlement et des députés. Il y a des élections dont les résultats, truqués en 2009, peut-être véridiques en 2013, laissent filtrer la volonté populaire.
Un totalitarisme coiffant et étouffant une démocratie: voilà en quoi consiste l'incroyable ambiguité de la république islamique iranienne.
Pour ouvrir une brêche dans le totalitarisme, le peuple , au sens le plus large possible, pas seulement les intellectuels, mais la majorité de la société civile assoiffée de justice économique, de détente internationale avec allègement des sanctions, de démocratie non religieuse,  de fin de la barbarie, ne peut que saisir la plus mince opportunité de changement.
Or, c'est un système religieux qui domine et l'occasion ne peut venir qu'en son sein. Sont qualifiés de "réformateurs" et de "modérés" les religieux qui arrivent à donner une chance aux réformes au coeur de la Bastille théocratique iranienne. Le président Khatami, jusqu'en 2005, avait tenté de le faire mais le système était tel qu'il n'a pas été capable de s'opposer à de spectaculaires liquidations d'intellectuels et d'universitaires par les milices des Gardiens de la Révolution.
Depuis, tout est verrouillé.
Le symbole électoral choisi par Hassan Rohani est la clé.
Les électeurs s'en sont emparés. Il faut savoir qu'une partie des Iraniens se sont détachés de la religion. Ils désespèrent d'un Islam trahi par des politiques cruelles.
Pour eux, voter pour un "modéré'", c'est voter pour celui qui est le plus loin possible de la main de fer qui les broie.
Je rappelle que je ne crois pas à la notion d'islamisme modéré ( ce qui est régulièrement explicité dans mes livres et mes articles) mais que le cas iranien se situe en deça de ce contexte.

Il s'agit en l'occurrence pour un peuple qui aspire à la fin de la théocratie ( en cela la jeunesse iranienne est la moins islamiste du monde musulman!) d'ouvrir un hublot sur l'air libre.






* Pour information, Marianne avait demandé de longue date un visa pour couvrir l'élection présidentielle iranienne. Il ne nous a pas été accordé.

 

 

 

                                                                          ******************************************

 

Rue89

 

Explicateur 15/06/2013 à 12h43
Qui est le modéré Hassan Rohani, nouveau président de l’Iran ?
Pascal Riché | Cofondateur Rue89

 

 

On s’attendait à ce qu’il fasse un bon score, mais à la surprise générale, il a arraché la majorité absolue dès le premier tour : Hassan Rohani, le candidat des réformistes (et d’une grande partie de la jeunesse) a remporté haut la main les élections présidentielles iraniennes. C’est un modéré qui prône une normalisation des relations avec les pays occidentaux. Son élection marque une rupture avec le très conservateur Mahmoud Ahmadinejad, le président sortant, qui a dirigé le pays pendant huit ans.

Rohani a obtenu 50,68% des voix, loin devant le maire de Téhéran Mohammad Bagher Ghalibaf (16,5%) et le candidat des conservateurs radicaux Saïd Jalili (8,6%), qui se déclarait « à 100% » contre la détente avec les ennemis de l’Iran. Le taux de participation a été de plus de 72% : la jeunesse, malgré les fraudes életorales de 2009, n’a pas été dégoûtée et est allée massivement aux urnes pour faire gagner ce candidat.

 


Hassan Rouhani, le 12 juin 2013 à Téhéran, en Iran (FARNOOD/SIPA)

                                                                                                                                                                                                                             1 Qui est Hassan Rohani ?

 

Hassan Rohani est connu en Occident pour avoir été le responsable des négociations portant sur le programme nucléaire iranien, sous la présidence du réformateur Mohammad Khatami (1997-2005).

Seul clerc de la campagne électorale, il est né en 1948 à Sorkheh, et a suivi des études islamiques à Semnan puis à Qom, au début des années 60. Il a également étudié le droit en Ecosse, à la Glasgow Caledonian University.

Il a activement participé à la révolution de 1979, parcourant le pays pour soulever les foules contre le Shah, ce qui lui a valu d’être arrêté plusieurs fois. Après la révolution, il a été élu à l’assemblée consultative islamique, puis a occupé pendant seize ans le poste de secrétaire du Conseil suprême de sécurité nationale. Lorsque Mahmoud Ahmadinejad a été élu président de l’Iran, il a (été) démissionné.

Il s’est lancé dans la campagne en mars 2013, avec le soutien des réformistes et des libéraux :

  • l’ancien président (1989-1997) Hachemi Rafsandjani, dont la candidature n’a pas été acceptée par le Conseil des gardiens de la révolution, lui a apporté son soutien, ce qui a donné un coup d’accélérateur à sa campagne. Ses meetings ont fait le plein, notamment chez les jeunes et les Iraniens de la bourgeoisie ;
  • le candidat Mohammad Reza Aref s’est désisté à la demande de l’ancien président (1997-2005) Mohammad Khatami, ce qui a permis à Rohani d’apparaître comme le seule candidat des réformistes.

                                                                                                                                                                                                                             2 Quelle sera sa marge de manœuvre sur les questions internationales ?

 

Rohani devrait pousser dans le sens du dialogue et d’une plus grande souplesse vis-à-vis des Occidentaux, le but étant d’aboutir à la levée d’une partie des sanctions. Sur Israël, Rohani affiche une position modérée, ne souhaitant pas en faire un ennemi.

Mais sa marge de manœuvre ne sera pas très grande. Le vrai pouvoir est en Iran tenu par les mollahs et les gardiens de la révolution. C’est le Guide suprême (Ali Khamenei) qui reste le maître du jeu.

C’est lui qui décidera du calendrier et des formes d’éventuels assouplissements, s’ils doivent avoir lieu. Jusque-là, Ali Khamenei était sur une ligne dure, refusant toute concession.

                                                                                                                                                                                                                             3 Son élection à la présidence changerait-elle la situation en Syrie ?

 

Très peu probable : même si la guerre civile en Syrie est un sujet majeur pour l’Iran (y compris en termes budgétaires), elle n’est pas un sujet de débat : l’Iran soutient Bachar el-Assad et est désormais impliqué dans le conflit. La chute de Qousseir, désormais aux mains du régime syrien, a été directement provoquée par l’Iran et son allié le Hezbollah.

Comme les autres candidats, Rohani défend la politique iranienne actuelle.

                                                                                                                                                                                                                             4 Quel était le candidat du guide suprême l’ayatollah Ali Khamenei ?

 

Ali Khamenei est resté muet sur le sujet, même au moment de voter. Même ses enfants ne le savent pas, a-t-il indiqué. Jusque-là, il appuyait Ahmadinejad et les conservateurs les plus durs.

Le guide suprême a toutefois invité les électeurs à « voter contre l’impérialisme », ce qui a été interprété comme un soutien implicite à Jalili.

Mais une victoire de Rohani ne devrait pas gêner le régime. La situation économique iranienne est très mauvaise : un allégement des sanctions (sur les ventes de pétrole et sur les relations bancaires, notamment) soulagerait le pays.

MERCI RIVERAINS ! Pierrestrato
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15 juin 2013 6 15 /06 /juin /2013 17:54

 

Rue89

 

  Témoignage 15/06/2013 à 16h46

JB Tartiflat

 

 

 


Une figurine de motard (Lord Enfield/Flickr/CC)

 

Je cumule les tares. Je suis psychologue, fonctionnaire, artisan, garagiste et autoentrepreneur ; et motard, en plus. Oh, j’oubliais : pigiste et illustrateur. Manquerait plus que je sois immigré ou gay, tiens.

J’ai longtemps papillonné dans l’éducation nationale en tant qu’élève puis étudiant – plutôt facilement, mais avec trop de curiosité et de facilités pour ne pas me lasser rapidement de ce que je faisais et passer à autre chose – tout en travaillant depuis que j’ai seize ans, quasiment toujours dans la fonction publique.

Depuis une dizaine d’années, je suis conseiller d’orientation psychologue. Vous savez, le vilain qui oriente par défaut les élèves dans des voies de garage, juste pour les embêter. C’est un autre débat.

Quoique. Le reproche qui est souvent fait à la profession est de mal connaître la réalité des métiers, et pour le coup, je démonte l’argument.

Ça commence par un peu de black

Making of
Fronde des autoentrepreneurs, désir de changer de vie : ce témoignage d’un lecteur de Rue89 est au croisement de deux thèmes qui nous intéressent en ce moment. M.D.

Il se trouve que je suis passionné de moto, de motos anciennes en particulier. Et qu’à force d’en bricoler, d’en retaper, je me suis constitué un petit atelier assez bien occupé, une relative expertise, et une certaine notoriété dans le milieu.

Au début, je fais un peu de black pour les copains, histoire d’assouvir mon vice, mais je pressens une demande trop importante pour être satisfaite dans ces conditions – trop aléatoires et risquées.

Aidé par la lecture de l’Eloge du carburateur de Matthew B. Crawford (une petite merveille), le projet de me lancer officiellement mûrit, puis éclot il y a deux ans, à la faveur d’un déménagement. J’ai désormais un grand local, idéal pour y installer mon atelier, dédié aux vieilles BMW (« Tartiflat, l’atelier du fondu savoyard de flats qui ont la patate » !)

Bon, mais j’ai jamais créé d’entreprise, moi... Pas franchement la tradition familiale. Et hormis un bac ES et un bac+5 en éco, plutôt branché sur le travail, je n’ai aucune expérience ni savoir-faire concret. Heureusement, le Net pallie mon ignorance.

Le piège a fonctionné, je me lance en janvier

Pour faire de la mécanique sur les véhicules, il me faut une qualification. Je passe donc un CAP de mécanique moto en candidat libre, sans formation. C’est OK.

Je cause de mon projet autour de moi, je le teste à droite, à gauche, pour recevoir des avis (tous encourageants) mais aussi pour m’engager moi-même à aller au bout du truc, que ce ne soit pas un rêve avorté comme j’en ai des cartons pleins.

Le piège fonctionne : je me prends au jeu et me lance en janvier 2013, après avoir obtenu de ma hiérarchie l’autorisation de cumuler deux activités – chose possible depuis peu, lorsqu’on exerce à temps partiel.

Je découvre assez rapidement que si les démarches de création sont simples, dans les faits, il faut tout de même passer pas mal de temps à signer des attestations, remplir des formulaires, faire des photocopies, et même des copies de copies. Je plains le pauvre gars qui n’a pas appris à lire entre les lignes d’un contrat.

Je découvre aussi les pièges et arnaques qui accompagnent la déclaration officielle ; j’apprends qu’il me faut ouvrir un compte pro, et que ça coûte cher ; qu’il me faut une assurance, et que ça coûte très cher.

Mon « bizness plan » : zéro endettement

Surtout, j’apprends qu’il faut un « bizness plan ». Hum. C’est pas un truc pour vendre du shit ? Non, c’est un truc qu’on apprend dans les écoles de commerce.

J’essaye d’estimer ce que je vais avoir à payer, ce que je vais gagner, et ça suffit à convaincre ma banque d’ouvrir un compte. Parce qu’il n’était pas question d’emprunter : la règle que je me suis fixée pour cette activité, c’est zéro endettement. D’où, a priori, une certaine sécurité. Les bénéfices sont réinvestis dans de l’outillage et de l’équipement, au fur et à mesure.

Réellement, ça démarre trois mois après. Et plutôt bien, puisqu’en fonctionnant uniquement sur le bouche à oreille, je n’arrive pas à satisfaire la demande. Concilier mes deux boulots n’est pas toujours facile, alors je bosse quand les autres dorment.

Je découvre :

  • qu’il faut passer beaucoup beaucoup de temps pour parler avec les clients ;
  • qu’il faut passer beaucoup de temps à faire de la compta ;
  • que c’est pas toujours facile de trouver des fournisseurs fiables ;
  • qu’une heure facturée au client en cache deux ou trois qui ne le sont pas...

Mais je m’éclate.

Le pauvre démarcheur des Pages jaunes

Au bout de six mois, j’atteins le chiffre d’affaires prévu et j’ai un carnet de commandes plein pour quelques mois encore. Pas de quoi me motiver à installer une enseigne dehors, qui risque davantage d’attirer les fâcheux que les passionnés, ceux avec qui j’aime discuter de bécanes et de transfos.

Pour vivre heureux, vivons cachés. Le pauvre démarcheur des Pages Jaunes n’en a pas cru ses oreilles, et m’a rappelé trois fois lorsque je lui ai assuré ne pas vouloir figurer dans l’annuaire.

Ça me fait tout bizarre de constater que j’ai créé une boite qui semble bien marcher. Ça doit ressembler à de la fierté, même si ça n’est pas si difficile. Ça me permet d’explorer une autre facette de ma passion, et de la vivre pas forcément plus intensément, mais en tout cas de façon différente.

Le conseiller d’orientation en moi aussi y gagne. Désormais, je mesure les joies et les peines de la création d’entreprise, et je vois de grands yeux étonnés en face de moi lorsque l’élève – et surtout ses parents – se rendent compte que je connais mieux le milieu de la moto qu’eux-mêmes. C’est un peu comme si j’étais en immersion, en mission d’infiltration dans un autre monde.

Sensibilité de gauche VS statut de patron

Depuis la création de mon atelier, ma vie est plus intense, j’ai la sensation d’avoir plus de prise sur le monde, en étant capable de mener ma barque comme je l’entends.

Certes, il y a des contraintes, mais l’intérêt est que je peux les choisir au lieu de les subir. Souvent, mes collègues me disent leur admiration, eux qui parlent depuis longtemps de démissionner pour faire autre chose, sans jamais oser.

Ça me procure aussi une certaine assurance, de savoir que je pouvais compter sur l’un des deux emplois si l’autre devait devenir un peu trop source d’embêtements. Envoyer paître les fâcheux est un luxe d’autant plus rare lorsque ce sont des clients ou des supérieurs.

Ça me permet enfin, de savoir aux prochaines élections si ma sensibilité de gauche (pas socialiste, hein : de gauche !) résistera à mon statut de patron. Je pense que oui, même si le genre de réformes que constitue celle qui nous occupe aujourd’hui serait susceptible de faire bouger la frontière du vote.

Pas envie de développer mon activité

Si ce projet de limitation du statut venait à se concrétiser, quelles conséquences cela aurait-il ? Bah... pas tant pour moi en fait. Mon chiffre d’affaires est déjà limité par les conditions de cumul d’activités que m’impose mon statut de fonctionnaire. Et j’ai la chance de ne pas devoir vivre que de mes revenus d’autoentrepreneur.

Ceci dit, je trouve l’esprit de cette réforme – forcer les autoentrepreneurs à développer leur activité – fort déplaisant. Je n’ai pas envie de croître, pas envie de soutenir la croissance ni d’embaucher : j’ai juste envie de me faire plaisir en gagnant un peu d’argent de poche, sans plus.

Je ne prétends pas devenir un capitaine d’industrie, je voudrais juste faire mon petit truc dans mon coin, avec un rapport agréments /emmerdements le plus favorable possible.

Je ne me suis pas posé la question de la pérennité de cette activité, je me connais assez pour savoir que lorsqu’un boulot ne m’intéresse plus, je le quitte et j’en prends un autre, c’est tout. Ce donjuanisme professionnel me vaut un CV en trois tomes, mais j’aurai de quoi raconter à mes petits-enfants le soir à la veillée.

Moi, catho punk, anar

J’accepte tout à fait de reverser une partie de ce que je gagne, d’autant plus que ça me reviendra sous forme de traitement dans mon autre emploi. C’est la règle du jeu. Par ailleurs, ce que j’ai gagné m’a permis de faire bosser des copains en leur demandant des travaux d’aménagement, ou en leur achetant de l’outillage, des pièces etc.

Je n’ai pas la sensation d’être en concurrence avec mes confrères qui ont un autre statut. Je ne ressens absolument pas les reproches qui sont censés être faits par les artisans aux autoentrepreneurs.

Clairement, si on m’avait dit que ce statut serait limité dans le temps, je n’aurai pas franchi le pas. On a inventé un outil formidable qui m’a donné l’occasion de découvrir et de m’essayer à l’esprit d’entreprise, c’est réellement stupide que de vouloir le brider.

Allons... C’est moi, élevé au socialisme catho, nourri au punk, vieilli en fût anar qui ait écrit cette phrase là ? Ben oui. C’est pas la moindre réussite du statut d’autoentrepreneur.

 

 

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14 juin 2013 5 14 /06 /juin /2013 21:42

 

                                                                                                                                                                                                                      « Ce que nous appelons aujourd’hui “ Europe ” et que nous appelions il n’y a pas si longtemps encore la Communauté européenne n’existe pas et ne se soucie plus guère du respect des droits humains dans les pays qu’elle intègre pour des motifs avant tout économiques ou stratégiques. » Par Marie-Christine Navarro, écrivaine et universitaire.

 


 

Un nouveau nom hante un certain imaginaire français depuis ces dernières années, singulièrement depuis 2010 et aujourd’hui encore, hélas, sous le nouveau gouvernement dit de « gauche » dont la France s’est dotée depuis exactement un an. Les événements dramatiques qui se sont déroulés dernièrement à Montreuil (Seine-Saint-Denis) sont là pour nous le rappeler. Ce nom est celui de Rom, et il s’est rappelé à notre bon souvenir dès septembre 2012, sous la nouvelle législature récemment élue. Qu’on ne s’y trompe pas. Il ne s’agit nullement du breuvage que certains vacanciers chanceux ont pu siroter sous de lointains tropiques, ni de la ville éternelle italienne dont les touristes du monde entier viennent visiter régulièrement les merveilles. « Rrom » s’est mis à désigner la figure de l’Autre, autant dire de son irréductible et supposée étrangeté.

Dans mon enfance, on parlait déjà de Romanichels, ou de Gitans ou encore de Tziganes. Et toutes ces appellations ont ceci de commun qu’elles sont ambivalentes. Elles désignent à la fois le paria, le hors-caste et celui dont on suppose qu’il est doté de quelque chose qui nous manquerait et que nous envierions secrètement. C’est d’ailleurs par ce biais que Freud analysa les mécanismes inconscients à l’œuvre dans tout racisme, antisémitisme et j’ajouterais sexisme. L’Autre aurait accès à une forme de jouissance que je lui prête et dont l’accès me serait interdit. C’est ainsi que nous fantasmons sur la capacité qu’ont ces populations de traverser les frontières, d’êtes libres comme le vent, de transporter avec elles cet éphémère flamboyant et universel qu’est la musique. Oui, les Tziganes et leurs violons nous ravissent et nous raviront longtemps encore, même si ce mot est de toutes façons toujours aussi dépréciatif en Europe centrale. Oui, le flamenco gitan d’Andalousie a ses lettres de noblesse. Oui, le jazz manouche fait les belles nuits parisiennes. Il n’est que de voir la programmation 2013 du musée Guimet pour s’en convaincre : en mai et juin, on pourra y voir et y entendre les Kathak Gypsies, les Gitans du Rajasthan, leurs chants poignants et leurs danses savantes. De même, le cirque Romanès enchante petits et grands, même s’il reste menacé de fermeture par le pouvoir.  Et ce sont ceux-là mêmes qui applaudissent aux spectacles de ces glorieux saltimbanques qui agréeront au démantèlement des campements dits rroms de Montreuil et d’ailleurs.

Nomades, avez-vous dit ? Certes – même si beaucoup d’entre eux ont été sédentarisés au cours des siècles –, bohèmes et de Bohême et de la lointaine et si proche Inde, notre matrice à nous, tristes Européens d’aujourd’hui. Il y a ainsi un nomadisme chic, dont la mode, la haute couture et la banque se sont emparés ces derniers temps. Les cartes bancaires nomades, les sacs griffés nomades, toute une jet-set internationale huppée qui traverse allègrement les frontières et joue avec ce qu’il est convenu d’appeler la mondialisation, sans parler des capitaux virtuels qui circulent à la vitesse de la lumière sur les places boursières, échappant au contrôle de ceux-là même qui les détiennent, puisqu’il suffit d’une fraction de seconde à un robot pour les faire se déplacer là où le profit sera encore plus grand, les dommages collatéraux humains encore plus nombreux.

Mais les corps, eux, sont lourds, encombrants, trop visibles, surtout lorsqu’ils voyagent en groupe. C’est là l’autre face, misérable, du nomadisme, qu’on appelle aussi immigration, celle dont on ne veut ni à Montreuil, ni en France en général. Comment s’identifier à ces misérables qui s’entassent dans des campements – bidonvilles dits provisoires, sur des terrains municipaux souvent privés d’eau et d’électricité,  au bord des autoroutes, dans des conditions matérielles indignes, dans des roulottes surpeuplées et souvent insalubres, faute de courage de la part des autorités locales ? Les voilà démunis de tout, encombrés d’innombrables sacs en plastique de toutes sortes contenant leurs maigres biens, des enfants pleins les bras, alors que l’Europe du nord en fait si peu aujourd’hui, coïncidant trop bien à l’image que nous nous faisons d’eux, fabriquée de toutes pièces par la lâcheté d’un pouvoir politique qui n’offre aucune alternative de logement décent à ces populations. Nous ne voulons pas les voir, parce qu’en ces temps de crise sociale et économique généralisés, nous ne voulons pas ressembler à ce que nous pourrions un jour devenir nous-mêmes, poussés à l’exil, être à notre tour migrants, immigrés, c’est-à-dire stigmatisés, victimes du sort et non plus maîtres de lui.

Il faut donc revenir à cette ambiguïté fondamentale sous-jacente à l’appellation de Rroms qui désigne aujourd’hui ceux à qui l’on dénie l’appartenance à notre commune humanité.

L’appellation Rroms renvoie à une identité transnationale qui traverse les frontières. Or, ces Rroms sont aussi des citoyens, et ils le revendiquent, qui appartiennent à des nations qui leur donnent une identité légale. En ce qui concerne aujourd’hui l’Europe, ils sont donc aussi Roumains, Bulgares, Hongrois, et – faut-il le rappeler – ostracisés dans leur propre pays. Le film remarquable Just the Wind que le réalisateur hongrois Bence Flieghauf leur consacre est à cet égard très éclairant. Ils fuient, ils vont chercher ailleurs et singulièrement dans ce qu’il est convenu d’appeler la Patrie des droits humains, le refuge, l’accueil, le travail, bref des conditions de vie meilleures que là où ils vivent. Mais ce que nous appelons aujourd’hui « Europe » et que nous appelions il n’y a pas si longtemps encore la Communauté européenne n’existe pas et ne se soucie plus guère du respect des droits humains dans les pays qu’elle intègre pour des motifs avant tout économiques ou stratégiques. Elle est devenue une zone, la Zone Euro. Nous sommes devenus ironiquement des zonards définis par une monnaie, une zone de libre-échange sans contrôle, sans légitimité, sans réel pouvoir politique, et tragiquement, sans solidarité.

Le  nouveau pouvoir en place en France martèle, dans une inconscience totale quant aux conséquences néfastes potentielles de telles allégations, que ces populations « ne veulent pas s’intégrer ». Cela signifierait-il qu’elles ne seraient pas « intégrables » ? Arrêtons-nous un instant sur cet autre concept ambivalent d’intégration. Et lourd d’un passé historique dont notre mémoire préfère ne pas se souvenir.

Tout d’abord, il faudrait préciser. S’intégrer à quoi ? A ce que l’on pense être un modèle enviable, alors que nous vivons une désintégration générale qui vise tous les aspects de notre vie quotidienne, qu’elle soit de l’ordre de l’économique, du politique, de l’éthique ou de l’intime ? Alors que nous vivons dans une société où l’atomisation de chaque sujet a force de loi, chacun étant un ennemi potentiel pour chacun, un concurrent en compétition ? Alors que chaque groupe constitué en « communauté » ne défend plus que ses propres intérêts au détriment de l’intérêt général, oubliant l’articulation nécessaire entre le Particulier et le Général, concepts si chers aux Lumières et que nous remisons aujourd’hui aux oubliettes de l’Histoire ? Alors que chaque minorité fabrique de l’autre en permanence et se fractionne en sous-communauté, en minorité à l’intérieur de minorités, selon un processus de fragmentation dangereux pour la cohésion de tous. Car nous sommes tous semblables, et chacun différent. Tous pareils, et chacun d’une irréductible singularité.

Ce sont ces trois concepts hérités des Lumières qu’il nous faut avoir sans cesse en mémoire : le Général qui doit s’articuler au Particulier, mais aussi s’adosser à quelque chose qui échappe à la loi et qui demeure la caractéristique de toute démocratie digne de ce nom, le Singulier, notion pensée avec brio par Diderot dans Le Neveu de Rameau et dont il est impératif de se souvenir aujourd’hui. De quoi s’agit-il ? Il s’agit d’une frange de la population rétive à tout obéissance à la loi quelle qu’elle soit. Non seulement il existe des lois injustes contre lesquelles il est juste de s’insurger, mais il existe aussi des individualités qui ne se sentent pas ou peu concernées  par la loi. En marge, ailleurs. Chez Diderot, elles ont pour figure ce qu’il nomme le génie, l’artiste, le parasite, le pique-assiette, le raté, selon les normes sociales en cours. Bref, ceux dont Platon ne voulait pas dans sa République, parce que non fiables : les poètes et les femmes. La force de toute démocratie est précisément d’accepter en son sein cette singularité-là qui est aussi son levain. Certains parmi nous ne souhaitent pas « s’intégrer » et il est souhaitable qu’il en soit ainsi et que la démocratie le tolère. C’est là sa force. Mais nous doutons tellement de notre modèle que nous tentons d’en exclure tout ce et ceux qui nous semblent potentiellement « dangereux » pour lui. De préférence les plus démunis, les Sans. Sans Toit, Sans Papiers, Sans Argent. Chaque vague d’immigration, ouvriers italiens du bâtiment dans le sud de la France victimes de pogroms, mineurs polonais du nord dont les grèves furent durement réprimées par le pouvoir en place, a payé du lourd tribut de son sang son appartenance à la citoyenneté française. Et à chaque vague, le discours des autorités est resté tristement immuable : ils étaient et demeurent une fois encore aujourd’hui  les « non-intégrables ». 

Toute discrimination exercée par le pouvoir commence toujours par le plus faible et finit de proche en proche par gagner tout le corps social. Yehudi Menuhin, que j’ai eu l’honneur de rencontrer peu avant sa mort et dont je fis le portrait à France Culture, se plaisait à le rappeler. Travaillant avec des musiciens tziganes et soucieux de leur sort, ils proclamaient haut et fort que ce serait là le défi européen à venir. Et qu’on mesurerait l’existence d’une véritable démocratie en Europe à la manière dont elle traiterait ses minorités. Qu’on en juge aujourd’hui.

Dans la France d’aujourd’hui, ce sont d’abord ceux qu’on considère comme fous, qu’on laisse sans soins faute de moyens et dont on parle si peu, qui en ont fait les frais. Puis les prisonniers qui vivent dans des conditions indignes de toute démocratie. Puis les musulmans que l’on amalgame trop souvent aux fondamentalistes. Puis récemment les homosexuels. Puis les immigrés, les basanés, les métèques. Les Juifs aussi et encore, dont le silence des institutions dites représentatives est assourdissant face aux discriminations faites aux Rroms sur notre sol. Les Rroms d’aujourd’hui, les Juifs d’hier. Sans parler des discriminations faites à cette majorité que constitue les femmes, femmes de toutes classes assassinées sans bruit par leur conjoint sur notre sol. Ça finit par faire beaucoup de monde. Ça finit par concerner tout le monde ou presque.

Le pouvoir politique en place serait bien inspiré de réfléchir à tout le poids de ce contexte historique avant de manier la notion si ambiguë d’intégration et de décider qui est ou n’est pas à ses yeux intégrable. Avons-nous la mémoire si courte que nous avons oublié que sous le IIIe Reich, l’Allemagne et l’Autriche déclaraient que les Tziganes d’Europe, qui travaillaient par ailleurs dans les usines et étaient des employés sans problème « demeuraient de toute façon et par nature des populations éternellement a - sociales », c’est-à-dire bonnes à être déportées et exterminées dans les camps. Rappelons-nous Chelmno, rappelons-nous Auschwitz où les Tziganes d’Europe furent victimes de génocide, crime reconnu depuis peu, et si souvent oublié.

Ce qui se passe en ce moment à Montreuil est en l’espèce symptomatique et révélateur. La municipalité d’obédience écologique et de gauche a chassé les Rroms du « campement » où ils vivaient depuis un an, elle a refusé qu’ils stationnent sur la place où se tient en ce moment même, triste ironie du sort ou coïncidence parlante, une exposition sur l’Europe (!),  elle leur a refusé l’accès à la salle municipale du marché. Il y a eu des affrontements avec les forces de police et les agents de la ville, bref, elle a laissé, par lâcheté ou calcul politique, pourrir une situation  à laquelle elle aurait dû remédier depuis longtemps en offrant d’abord un toit à ses familles pour qu’elles puissent travailler décemment, comme c’est leur souhait. Elle a séparé les femmes enceintes et les enfants des hommes – comme n’importe quel pouvoir totalitaire l’aurait fait et l’a fait par le passé – alors que dans la culture rrom, on traverse les frontières en famille, et qu’il n’y a pas pire malheur que l’individualisme suicidaire et la solitude pour elle. Et aux côtés des forces de police, des agents municipaux, il y a ce qu’on appelle les groupes de « la tranquillité publique » qui montent la garde et surveillent, au nom du sacro saint principe de sécurité, les Rroms délogés et regroupés, symbole encore, sur la place de la Fraternité ! Qui sont ces citoyens honnêtes, ces braves gens, ces volontaires qui relaient de plus en plus dans les municipalités les forces de police défaillantes ou insuffisantes en nombre ? Des milices qui ne disent pas leur nom et sans aucune légitimité ? Excusez-moi, mais je ne me reconnais ni dans cette gauche-là, ni dans cette France-là et je ne souhaite nullement m’y intégrer, mais protester. M’insurger. C’est comme si, à l’horizon de 2017, nous n’aurions bientôt plus le choix qu’entre une France de droite et une France pétainiste, ce à quoi il faut résolument se refuser.

Les migrants économiques et politiques arrivent de toutes parts. Chassés par les guerres, les famines, et bientôt les désastres écologiques. Cela ne fait que commencer. Nous, pays d’Europe, tous concurrents les uns par rapport aux autres au lieu d’être solidaires, fermons les yeux sur les Africains qui se meurent chaque jour en Méditerranée, s’entassent à Lampedusa, que l’Italie s’en occupe, ce n’est pas notre affaire ! Il s’agit non seulement de mutualiser nos dettes, mais d’être solidaires de tous ceux qui fuient et frappent à nos portes. Est-ce trop demander que de nous partager ces victimes de fléaux dont nous sommes en partie responsables et que nous avons générés ?

Mais de qui est-ce que je parle quand je dis « nous » ? Ce nous, c’est vous, Rroms de Montreuil et d’ailleurs, c’est moi peut-être demain. Il suffirait d’un accident nucléaire majeur en France. En vérité, il suffit déjà de cet effondrement généralisé qui nous rend aveugles puisque nous le vivons de l’intérieur sans nous en apercevoir. Nous migrons déjà. Nous deviendrons alors, sous l’œil sans pitié de nos nouveaux maîtres, ces étranges étrangers dans lesquels nous ne nous reconnaîtrons pas. Mais il sera alors trop tard.

 

 

 

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14 juin 2013 5 14 /06 /juin /2013 21:24

 

 

Rue89

« Port de vinaigre » 14/06/2013 à 09h29
Philippe Vion-Dury | Journaliste Rue89

Sujet suggéré par un internaute

 

 

Le mouvement de protestation qui a débuté à São Paulo il y a tout juste une semaine prend de l’ampleur. Des milliers de Brésiliens étaient descendus dans les rues après l’annonce d’une nouvelle augmentation du tarif des transports, le prix du ticket de bus et de métro passant de 3 à 3,20 reais (1,04 à 1,11 euro).

Si cette légère hausse a été l’étincelle, c’est maintenant toute la classe politique municipale qui est la cible de la grogne populaire. Mauvaise gestion généralisée des équipements publics, accusations de corruption... Les critiques s’accumulent.

 


Des manifestants à São Paulo, le 12 juin 2013 (GUSTAVO BASSO/SIPA)

 

Les manifestants, ces « vandales »

Les heurts qui ont éclaté ces derniers jours à São Paulo laissent craindre que la protestation ne dégénère en une spirale de violence. Les forces de police ont tiré à coups de flashball et de grenades lacrymogènes au cœur de la ville, faisant au moins 55 blessés, dont six journalistes du journal Folha de São Paulo.

La dernière nuit de manifestations a donné lieu à au moins 40 arrestations dans les rues de la ville. Encore un point de discorde : le journal Globo a révélé que les manifestants arrêtés devaient payer une somme de 20 000 reais (environ 8 000 euros) pour être remis en liberté. Au Brésil, manifester peu donc coûter cher.

Les photos et vidéos qui commencent à tourner sur Internet (comme sur ce Tumblr) témoignent de la tension qui règne dans les rues.

 

 

Affrontements entre manifestants et policiers à São Paulo

Le 11 juin 2013

 

La police s’est justifiée en invoquant la présence de cocktails molotov, couteaux et drogues. Le ton avait été donné un peu plus tôt par le gouverneur de l’Etat Geraldo Alckmin, qui a dénoncé des actes de vandalisme et loué le « professionnalisme de la police ».

De son côté, le ministre de la Justice Jose Eduardo Cardozo déclarait les revendications « légitimes », mais le recours à la violence et au vandalisme inacceptables.

La presse aux ordres ?

Pourtant, les vidéos qui circulent sur le Web tendent à prouver que les autorités n’ont pas lésiné sur l’usage de la force. Une vidéo relayée par le journal UOL par exemple montre le passage à tabac d’un journaliste par des policiers.

Dans un premier temps, la presse s’est globalement rangée du côté de la version officielle, n’hésitant pas à désigner les manifestants comme des « vandales ».

Non sans ironie, la « Une » de la Folha de São Paulo fait cohabiter sur la même page les événements qui secouent la ville et les violences policières en Turquie.

 


Une du journal Folha de Sao Paulo du 12 juin

 

Le journal a même publié l’interview d’un policier qui aurait été contraint de tirer sur la foule, pour éviter d’être « lynché » par les manifestants furieux.

Victime d’abus, la presse change de camp

La position des journaux semble cependant avoir évolué ces dernières heures. Le journal Folha de São Paulo commence à revoir son analyse et sa ligne éditoriale, privilégiant dorénavant les « violences policières » au « vandalisme des manifestants ».

Ce revirement n’est pas sans cause : de nombreux journalistes ont été victimes de la brutalité des forces de l’ordre. Deux reporters du journal ont reçu des tirs de flashball dans les yeux et cinq autres ont été blessés alors qu’ils couvraient les événements.

Un journaliste de Carta Capital, comme 192 autres personnes, a été arrêté pour « port de vinaigre », liquide utilisé pour soulager des effets des gaz lacrymogènes.

 

 

Un journaliste arrêté pour « port de vinaigre »

Le 13 juin 2013

Selon RSF, trois autres professionnels des médias ont été arrêtés par la police militaire, sur l’avenue Paulista : deux d’entre eux pour entrave à l’action de la police et libéré une heure après, le troisième, qui travaille pour Portal Aprendiz, a été inculpé pour « formation de bande criminelle » ainsi que « dommages au patrimoine ». Il se trouve toujours en détention.

 

 

 

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14 juin 2013 5 14 /06 /juin /2013 17:23

 

 

slate.fr

Publié le 10/06/2013
Mis à jour le 10/06/2013 à 9h19

 

Depuis 2012, Interpol est sponsorisé par le premier fabricant de cigarettes au monde, Philip Morris. Un conflit d’intérêts qui enfreint la Convention-cadre antitabac de l’OMS, alors que l’industrie continue d’alimenter la contrebande mondiale de cigarettes.

 

 

REUTERS 

 

Début avril, un courrier confidentiel arrive au siège mondial d’Interpol, à Lyon. L’expéditeur: un bureau attaché à l’Organisation mondiale de la santé (OMS). L’objet: comment Interpol, l’organisation internationale de police, gère ses conflits d’intérêts avec l’industrie du tabac. «Nous avons alerté Interpol. Pour qu’une collaboration avec l’OMS soit possible, il fallait qu’ils renoncent à leur lien avec l’industrie du tabac. Ils n’étaient pas très informés sur le sujet, et très étonnés par notre critique», révèle le Dr Armando Peruga, haut fonctionnaire à l’OMS.

Le premier affront est intervenu le 12 novembre 2012, à Séoul, en Corée du Sud. Selon nos informations, parues dans Lyon Capitale et Die Zeit, plus de 140 Etats, signataires de la Convention-cadre antitabac de l’OMS, découvrent avec stupeur un accord financier entre Interpol et Philip Morris, numéro un mondial du tabac. Un don de 15 millions d’euros sur 3 ans pour lutter contre le trafic illégal de cigarettes. La demande d’Interpol pour accéder au statut d’observateur à la Convention de l’OMS est alors reportée en 2014.

«J’ai appris pour le financement le matin même des discussions», confie Thor Erik Lindgren, membre de la délégation norvégienne. «Il y avait une opinion unique. C’était très clair. Pour tous les Etats, ce partenariat n’était pas compatible avec la Convention», se souvient Franz Pietsch, chef de la délégation autrichienne. «Surtout qu’il a été prouvé que l’industrie du tabac participe au trafic illégal de cigarettes», ajoute le responsable d’une délégation de l’Union européenne.

Dans son article 5.3, la Convention antitabac de l’OMS exige en effet que «les politiques ne soient pas influencées par les intérêts commerciaux et autres de l’industrie du tabac». Thomas Zeltner, à l’origine de la Convention-cadre et consultant à l’OMS, alerte:

«Si j’étais responsable d’Interpol, j’aurais beaucoup de questions sur cette collaboration. C’est quelque chose de très délicat, un partenariat avec l’industrie du tabac. Je ne sais pas pourquoi Interpol va dans cette direction, car il y a des doutes de conflits d’intérêts et d’indépendance

Codentify, le coup de pub d’Interpol pour Philip Morris

Mais la collaboration avec Philip Morris va plus loin qu’une «simple» atteinte à la Convention de l’OMS.

Dans sa lutte contre le trafic illicite de cigarettes, Interpol a décidé d’utiliser un système de détection des contrefaçons: Codentify. Un code électronique d’authentification à douze chiffres, breveté par le «Big Four» de l’industrie du tabac: Philip Morris International (PMI), British American Tobacco (BAT), Japan Tobacco International (JTI), et Imperial Tobacco Group (ITG).

«Le but de la traçabilité est de contrôler l’exportation des produits de l’industrie du tabac», explique Luk Joossens, expert belge du trafic illégal de cigarettes.

«Les autorités doivent mettre en place le système de traçabilité et vérifier la production. Mais avec Codentify, c’est l’industrie qui va pouvoir contrôler elle-même la traçabilité auprès des autorités.»

Il ajoute:

«Dans la traçabilité, il y a forcément des contacts avec l’industrie. Mais ce n’est pas à l’industrie de proposer le système. Au Brésil, par exemple, il y a un système de traçabilité qui est indépendant de l’industrie, avec lequel les autorités peuvent contrôler la taxation et les produits exportés

Dans les conférences internationales, Ronald Noble, le secrétaire général américain d’Interpol, fait la promotion de Codentify. Les concurrents, des indépendants du tabac comme l’entreprise Sicpa en Suisse, n’ont pas été approchés.

Du côté de l’industrie, Interpol, et ses 190 Etats signataires, apparaît comme une redoutable opportunité pour vendre Codentify. Car le système est encore dans sa phase de lancement. Le 8 mai 2013, a été inaugurée l’association qui administre Codentify, la DCTA. L’adresse de l’association est une boîte aux lettres à Zurich (Suisse), qui renvoie directement au siège de Philip Morris International, basé à Lausanne. Le numéro un du tabac légitime ainsi son image et sa marque sur le plan international, en s’associant avec les polices du monde entier.

Depuis des années, l’industrie du tabac cherche à collaborer avec Interpol. Ce partenariat a été facilité par une Australienne, dont le nom revient dans toutes les conférences internationales: Jeannie Cameron. Basée à Londres, la directrice de l’entreprise de conseil JCIC International a été pendant 10 ans cadre chez British American Tobacco.

Jointe au téléphone, elle confirme qu’elle a «mis autour d’une table le président de Philip Morris International, Louis C. Camilleri, et le secrétaire général d’Interpol, Ronald Noble». A Lyon, au siège d’Interpol, le Secrétariat général nie le rôle de cette lobbyiste de l’industrie du tabac:

«Si Jeannie Cameron est une experte mondialement reconnue du commerce illicite des produits du tabac, elle n’est pas une intermédiaire entre Interpol et l’industrie.»

Pourtant, Interpol reste bel et bien un client de JCIC International. Jeannie Cameron est également intervenue dans plusieurs conférences internationales, en 2011 et 2012, où était présent Ronald Noble. Très récemment, du 3 au 5 juin 2013, lors d’un forum international sur les contrefaçons à Vienne (Autriche), la lobbyiste vantait le système de contrôle des contrefaçons d’Interpol.

Pour Thomas Zeltner, surnommé le «Tobacco Taliban» par les lobbyistes du tabac, l’influence de l’industrie sur la chaîne de contrôle, sur le travail de police d’Interpol, reste très dangereuse:

«L’un des buts de l’industrie du tabac est l’information gathering, pouvoir “rassembler des informations”. Tu prends vingt cafés, et à la fin, c’est comme un puzzle. On l’a vu avec les Tobacco Documents. Chaque mini-entretien provoque une note qui part directement à la centrale

L’UE, premier partenaire de l’industrie du tabac

En 2011, à Lyon, Ronald Noble, le secrétaire général d’Interpol, reçoit des journalistes de CNN, l’un des rares médias qui a pu franchir les grilles du cube en verre et béton de 10 étages. 

«Nous voulons au moins 1 milliard de dollars car le monde n’est pas sécurisé comme il devrait l’être

Depuis son élection en 2000, l’Américain tente de donner un second souffle à l’organisation mondiale de police. Car le budget d’Interpol reste très limité. Il n’était que de 70 millions d’euros en 2012, inférieur aux 84 millions de l’organisation régionale, Europol.

Ronald Noble multiplie alors les partenariats public-privé: la Fifa (10 millions d’euros en 2011), le comité de la Coupe du monde 2022 au Qatar (10 millions de dollars en 2012) ou l’industrie pharmaceutique (4,5 millions d’euros en 2013). En 2011, les financements externes représentaient 13% du budget d’Interpol, le reste étant assuré par les contributions des Etats (3,2 millions d’euros pour la France en 2013, l’un des plus gros donateurs). En 2012, la part externe grimpait à 20,7% du budget, une augmentation de près de 85% en seulement un an.

Au sein d’Interpol, les polices nationales commencent sérieusement à se poser des questions. Selon nos informations, la Suisse a demandé plus de transparence fin 2011. Plus récemment, après le don de Philip Morris, c’est l’Allemagne, à l’Assemblée générale d’Interpol de Rome en novembre 2012, qui a critiqué la gestion des dons. Jürgen Stock, vice-président de l’Office fédérale de police criminelle en Allemagne, a estimé que «la neutralité et la réputation d’Interpol ne doivent jamais être remises en question par des intérêts économiques».

Des dons du privé qui, dans le règlement d’Interpol, ne requièrent ni le vote des Etats en assemblée générale, ni l’approbation de la Commission de contrôle. Les 15 millions d’euros de Philip Morris n’ont été approuvés que par le Comité exécutif d’Interpol.

A Lyon, le Secrétariat général se défend d’être le premier à collaborer avec l’industrie du tabac:

«La capacité de l’Union européenne à combattre en toute indépendance le trafic de produits illicites a-t-elle été mise en doute par qui que ce soit après la signature de quatre accords avec l’industrie du tabac, totalisant près de 2 milliards de dollars?»

Dès 2004, les dons du «Big Four» à l’UE pour lutter contre la contrebande crédibilisent l’industrie après une décennie de scandales, de lobbyisme et de rapports scientifiques biaisés, révélés par les «Tobacco Documents».

Si ce partenariat a pu faire ses preuves (70 millions de cigarettes de contrebande saisies en Espagne en 2010), il a ouvert la porte aux lobbyistes à Bruxelles. Ainsi, en 2004, le don de Philip Morris d’1 milliard d’euros, n’était en réalité qu’un compromis visant à retirer la plainte de l’UE pour contrebande contre le cigarettier américain.

«L'Europe avait préparé un dossier pour déposer plainte, et c'est sous cette pression que Philip Morris a voulu rembourser ce qu'il avait volé en taxes à l’Europe, sans procès désagréable pour la compagnie. L'argent est d'ailleurs revenu en partie directement aux Etats spoliés», explique Bertrand Dautzenberg, président de l’Office français de prévention contre le tabagisme.

En Ukraine, les cigarettes «perdues» de l’industrie du tabac

Si l’industrie du tabac s’inscrit logiquement dans une lutte contre le trafic illégal d’un côté, elle continue à organiser la contrebande de cigarettes détaxées de l’autre.

Dans une enquête titrée «Tobacco Underground», le consortium international de journalistes d’investigations (ICIJ, que le grand public a découvert avec les Offshore Leaks), a mis en lumière la responsabilité de l’industrie dans le trafic illicite, notamment en Ukraine.

Entre 2003 et 2008, la production de cigarettes a augmenté de 30% en Ukraine, alors que la consommation se stabilisait. Près de 30 milliards de cigarettes étaient «perdues» en 2008 par une industrie contrôlée à 99% par le «Big Four». Selon un expert du ministère de la Santé ukrainien cité par l’ICIJ, «les compagnies de tabac tirent des bénéfices en vendant aux trafiquants». Il ajoute:

«Ils leur vendent les cigarettes au même prix qu’aux revendeurs légaux

Des cigarettes détaxées qui alimentent le marché noir dans l’Union européenne. En 2004, au moment même où Philip Morris octroyait un don d’1 milliard d’euros à l’UE, 470.000 paquets de Marlboro et L&M, deux des plus grandes marques du fabriquant, étaient saisies à la frontière polonaise. Dans un rapport sur le tabac en Ukraine (2009), l’OMS écrit:

«Seuls les grossistes ont pu acheter un nombre si important de cigarettes, et les producteurs de tabac pouvaient facilement trouver qui parmi ces revendeurs partenaires étaient en train de vendre des cigarettes aux trafiquants.»

Pas vu, pas pris, en clair.  En Syrie, c’est le numéro 3 mondial, Japan Tobacco International, qui est actuellement sous investigation de l’Office européen de lutte antifraude (Olaf), soupçonnée d’alimenter la contrebande dans le pays de Bachar-el-Assad.

Lanceur d’alertes, Luk Joossens, expert belge sur le trafic illicite, dénonce depuis des semaines le partenariat de l’industrie du tabac avec Interpol. Il soupire:

«C’est incompréhensible qu’Interpol reçoive de l’argent de Philip Morris. Incompréhensible qu’ils travaillent avec les quatre multinationales qui réalisent un système de traçabilité des cigarettes, Codentify, et que l’une de ces compagnies soit Japan Tobacco International. Un organisme de police ne peut pas travailler avec une entreprise soupçonnée d’organiser de la contrebande. C’est inacceptable.»

Mathieu Martiniere et Robert Schmidt

 


Mathieu Martinière est un journaliste indépendant basé à Lyon. Vous pouvez le suivre sur Twitter @Mat_Marty. Robert Schmidt est également un journaliste indépendant allemand, basé à Lyon. Collabore avec Die Zeit, Spiegel Online (Allemagne) ou NZZ (Suisse).

 


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14 juin 2013 5 14 /06 /juin /2013 17:03

 

slate.fr

Devant le siège de la banque UBS à Zurich (Suisse) REUTERS/Arnd Wiegmann

 

Tout va mal pour les banques suisses: deux d'entre elles intéressent la justice française, et les témoignages accablants d'anciens employés de haut niveau de ces entreprises se multiplient dans la presse.

 

1/ Une information pour blanchiment de fraude fiscale contre la banque de Genève Reyl & Cie, célèbre pour avoir accueilli l'argent de Jérôme Cahuzac, a été ouverte par le parquet de Paris le 31 mai, confiée au juge Van Ruymbeke. Un ancien cadre de la banque, Pierre Condamin-Gerbier, qui a par ailleurs été responsable de l'UMP en Suisse, avait déclaré un peu plus tôt qu’il disposait d’une liste d’une quinzaine de noms d’ex-ministres ou d’actuels ministres possédant un compte en Suisse. Il a aussi évoqué, sans plus de précision, des sportifs et des patrons de presse. Condamin-Gerbier a été auditionné à l'Assemblée nationale par le rapporteur du projet de loi de lutte contre la fraude fiscale, le député socialiste Yann Galut.

 

2/ La banque suisse UBS a été quant à elle mise en examen le 6 juin pour démarchage illicite, le fait de venir chercher des clients en France pour les inciter à ouvrir un compte en Suisse et se soustraire au fisc, et sa filiale UBS France pour complicité. C’est dans ce climat qu’un ancien chargé d’affaires (conseiller clientèle) de la banque livre un témoignage détaillé et gênant pour son ex-employeur dans le quotidien suisse Le Temps («Confession d'un banquier», accessible sur inscription).

«Jean (un pseudonyme, NDLR) s’occupait d’un portefeuille comprenant en moyenne 300 clients, essentiel­lement des chefs d’entreprise, des professions libérales, pharmaciens, médecins ou avocats, dont les avoirs oscillaient entre 250.000 et 2 millions de francs suisses.»

Le conseiller raconte qu’il allait régulièrement à Paris au milieu des années 2000 pour gérer les comptes de ses clients, mais aussi pour en démarcher de nouveaux et leur faire ouvrir un compte.

«L’objectif principal, c’est la rentabilité du portefeuille, le net new money qu’il rapporte à la fin de l’année. Vous êtes incité à atteindre vos objectifs, car cela détermine le bonus, qui peut varier entre un mois et une année de salaire supplémentaire.»

Jean utilisait les locaux de l’agence parisienne, ce qui était normalement interdit, et donne des explications très détaillées de la manière dont il ouvrait secrètement les comptes de ses clients français. Ces derniers étaient d'ailleurs «paranoïaques», évitant à tout prix d'avoir à donner leur véritable identité au téléphone, se faisant par exemple appeler par un pseudo du genre «Tonton Alfred» ou «l’ami du Louvre»!

«UBS ne tolère aucune activité visant à aider des clients à se soustraire à leurs obligations fiscales», réplique l’agence. Le conseiller estime au contraire que l’agence, non seulement connaissait ces pratiques, mais les rendaient possibles en fournissant le matériel:

«On nous mettait tout à dis­position, un ordinateur de voyage avec les documents vides dedans et un Nokia, vide également.»

Pour ce témoin de l'intérieur, les documents prouvant une compatibilité parallèle existe.

«Je les ai vus, il s’agissait d’un tableau Excel. Ils permettaient de calculer les bonus des CA français et suisses quand on se transférait des clients.»

Et le conseiller d’ajouter:

«Pourquoi aller en France si ce n’était pour prospecter et acquérir de nouveaux clients? Vous pensez qu’UBS payait quatre ou cinq voyages par an, parfois ­jusqu’à dix ou douze à des dizaines de conseillers à la clientèle, pour aller serrer des mains? Cela n’aurait pas de sens.»

 

 

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14 juin 2013 5 14 /06 /juin /2013 16:41

 

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Dans le cadre des mardi du collectif Roosevelt 2012 pour faire bouger les députés, voici le témoignage d’un patron qui opté pour la semaine des 4 jours comme moyen de partager le travail, de lutter contre le chômage (« Chaque mois, 80000 ou 100000 personnes arrivent en fin de droits » écrivent Pierre Larrouturou et Michel Rocard dans Le Monde daté du 14 juin 2013).
13/06/2013
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14 juin 2013 5 14 /06 /juin /2013 15:51

 

Le Monde.fr

13.06.2013 à 10h29 • Mis à jour le 13.06.2013 à 12h26

 

Par Martine Valo

 
 
Une plage de Saint-Michel-en-Grève, recouverte d'algues vertes, en août 2009.

La France, empêtrée dans les problèmes de pollution agricole qui contamine ses cours d'eau, vient d'être condamnée par la Cour de justice de l'Union européenne (CJUE). Cette dernière a rendu, jeudi 13 juin, un arrêt qui constate les "manquements" chroniques de Paris. Cette décision est un prélude à une possible amende de plusieurs dizaines de millions d'euros, voire à des astreintes journalières qui alourdiraient considérablement le montant réclamé.

Il s'agit de la vieille affaire des nitrates et de l'incapacité de Paris de se mettre en conformité avec une directive européenne de 1991. Ce contentieux porte précisément sur la sous-estimation des "zones vulnérables" qu'il faudrait impérativement protéger, autrement dit sur le manque d'autorité de l'Etat pour faire respecter les bassins versants dont les teneurs en nitrate dépassent déjà les 50 milligrammes par litre. La CJUE prépare en outre un deuxième rappel à l'ordre, qui devrait dénoncer d'ici à fin 2013 la frilosité des programmes pour redresser la situation dans ces mêmes zones.

L'excès d'azote minéral et organique – essentiellement d'origine agricole – entraîne, une fois transformé en nitrates, l'eutrophisation des rivières et nourrit le phénomène des proliférations d'algues vertes. Le problème est plus large cette fois : les zones vulnérables concernent 55 % des surfaces agricoles selon l'état des lieux révisé fin 2012. La liste actuelle englobe 19 000 communes. Les porte-parole de l'agriculture intensive se sont récriés contre ce classement soi-disant excessif, et la FNSEA a déposé plusieurs recours devant les tribunaux. A Bruxelles, c'est la cartographie précédente, celle – peu réaliste – de 2007, qui est dénoncée comme insuffisante.

 

"FAIBLESSE DE LONGUE DATE"

 La ministre de l'écologie Delphine Batho estime que l'arrêt de la CJUE "sanctionne une faiblesse de longue date", autrement dit le manque d'empressement de ses prédécesseurs car une délimitation plus réaliste des zones vulnérables aurait dû être faite fin 2011. "J'ai l'intention de rencontrer rapidement la Commission européenne pour présenter notre programme d'action, annonce-t-elle. Il va falloir davantage que de la bonne volonté pour convaincre Bruxelles et éviter une lourde condamnation pour manquement sur manquement." Cette procédure-là est redoutable puisqu'elle risque d'entraîner des amendes par jour d'astreinte.

Ainsi en 2007, la Commission européenne avait déjà décidé de saisir la CJUE et de suggérer une astreinte de 130 000 euros par jour pour... infractions de la France vis-à-vis de la même directive nitrates de 1991. Il était alors reproché à cette dernière ses taux démesurés de nitrates dans l'eau potable en Bretagne. Le gouvernement de l'époque s'en était sorti en plaidant beaucoup et en fermant prestement les points de captage les plus pollués. Résultat : les Bretons boivent une eau réglementaire qu'il faut aller chercher loin, tandis que leurs rivières continuent d'être chargées de pollution diffuse. Et les fonctionnaires européens ont fini par se lasser de cette inefficacité persistante.

Après moult avertissements sur ses zones vulnérables incomplètes et sur la faiblesse des actions menées pour y faire diminuer les taux de nitrates, la Commission européenne a de nouveau traduit la France devant la CJUE  en février 2012. Si elle ne constate pas de progrès de la qualité de l'eau dans les prochains mois, elle sera en droit de saisir à nouveau les magistrats. L'unique suspense dans cette affaire réside dans la sévérité du montant des pénalités.

Martine Valo

 

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14 juin 2013 5 14 /06 /juin /2013 15:33

 

LE MONDE

13.06.2013 à 11h27 • Mis à jour le 14.06.2013 à 10h01

 

Par Paul Benkimoun et Stéphane Foucart

 
 
En dépit des dénégations des industriels du secteur, les pesticides sont bel et bien impliqués dans un grand nombre de pathologies lourdes.

En dépit des dénégations des industriels du secteur, les pesticides sont bel et bien impliqués dans un grand nombre de pathologies lourdes – cancers, maladies du sang, troubles neurologiques, malformations, etc. – dont l'incidence tend à augmenter dans le monde. C'est l'idée-force d'une impressionnante expertise collective menée sur l'ensemble des connaissances internationales actuelles, et pilotée par l'Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm), qui l'a rendue publique jeudi 13 juin.

Cette synthèse rassemble les données épidémiologiques issues de nombreux pays (Etats-Unis, Canada, Australie, Finlande, Danemark, etc.), qui précisent les effets sanitaires des principaux produits phytosanitaires : insecticides, herbicides et fongicides. Une grande part du rapport concerne les expositions professionnelles (agriculteurs, ouvriers du secteur agrochimique, etc.), mais aussi les personnes vivant ou travaillant dans ou à proximité de zones agricoles. En France, terre d'agriculture, 15 % de la population sont ainsi concernés.

 

"AUGMENTATIONS DE RISQUES SIGNIFICATIVES"

Après avoir passé au crible la littérature scientifique internationale, les experts concluent que l'exposition à des pesticides conduit à "des augmentations de risques significatives pour plusieurs pathologies".

C'est ainsi que chez les agriculteurs, les ouvriers de l'industrie qui fabriquent ces produits ou ceux qui les appliquent, il y a une "présomption forte" d'association entre une exposition professionnelle aux pesticides et la survenue de certaines proliférations malignes de cellules lymphoïdes (lymphomes non hodgkiniens) et de cancers de la prostate. Les agriculteurs et les applicateurs de pesticides sont également exposés à un risque accru de myélome multiple, une autre prolifération maligne dans la moelle osseuse. Et ce n'est pas tout. Que ce soit dans le cadre d'expositions professionnelles ou non, les adultes présentent un plus grand risque à développer une maladie de Parkinson.

Un lien avec d'autres pathologies comme les tumeurs du système nerveux central est aussi suspecté. En Gironde, par exemple, région viticole très consommatrice de pesticides, l'incidence de ces maladies est trois fois supérieure au niveau national. Entre 2000 et 2007, elle a augmenté de 17 %.

 

"ATTENTION AU SYNDROME DU RÉVERBÈRE"

Les travaux internationaux examinés mettent en lumière un autre fait majeur : la période de vulnérabilité que représente la grossesse. "Il y a une présomption forte d'un lien entre une exposition professionnelle de la femme enceinte à certains pesticides et un risque accru pour l'enfant de présenter un hypospadias ou de développer, plus tard, un cancer cérébral ou une leucémie", constate l'épidémiologiste Sylvaine Cordier (Inserm, université Rennes-I) et coauteure du rapport. Selon des données internationales, l'exposition professionnelle du père ou de la mère augmente de 30 % à 53 % le risque de tumeurs cérébrales de l'enfant à naître.

Les agricultrices enceintes ne sont pas les seules concernées. Celles qui habitent dans des zones agricoles d'épandage ou celles qui utilisent les pesticides à des fins domestiques le sont également : "Des études montrent un risque augmenté, pour l'enfant à naître, de leucémies, de troubles de la motricité fine, de déficit cognitif, de troubles du comportement comme l'hyperactivité", ajoute Mme Cordier.

Si les preuves sont suffisantes pour agir vis-à-vis de certains produits – les organochlorés et les organophosphorés –, Jean-Paul Moatti, directeur de l'Institut thématique "Santé publique" commun aux organismes de recherche publics français met en garde : "Attention au syndrome du réverbère où l'on ne regarde que ce qui est éclairé. Notre expertise collective pointe le développement de nombreuses pathologies, mais de futurs travaux pourraient découvrir des effets insoupçonnés des pesticides analysés, ou mettre en évidence la toxicité d'autres substances."


DES DÉCISIONS POLITIQUES ATTENDUES
 

Les auteurs recommandent donc d'"améliorer les connaissances sur l'exposition des populations" et d'obtenir la composition complète des produits mis sur le marché, ce qui n'est pas le cas aujourd'hui, les formules commerciales restant protégées par le secret industriel. En Europe, ces données ne peuvent être réclamées par un seul pays – comme aux Etats-Unis –, car elles relèvent de la règlementation communautaire.

"Si les auteurs de cette large expertise réclament surtout que l'on fasse plus de recherche, dit de son côté François Veillerette, porte-parole de l'association Générations futures, ils n'en tirent pas moins des conclusions très fortes, qui doivent mener à des décisions politiques : vente des pesticides interdites à des utilisateurs non professionnels ou interdiction pour les collectivités publiques d'y avoir recours..."

Retirer du marché les produits est parfois nécessaire mais pas toujours suffisant. Les scientifiques le savent bien. "De nombreux produits ont été interdits mais les plus persistants demeurent présents dans l'environnement ou s'accumulent dans la chaîne alimentaire, dont l'homme constitue le dernier maillon." Pour le député socialiste Gérard Bapt, qui avait déjà lancé l'alerte sur les dangers sanitaires du bisphénol A, et qui a organisé la présentation des résultats de l'expertise à l'Assemblée nationale, "ce travail montre l'ampleur du problème en matière de santé publique. La question est de savoir si, comme dans le cas du chlordécone aux Antilles, nous n'avons pas dépassé le point de non-retour".

Paul Benkimoun et Stéphane Foucart

 

 

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