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17 juin 2013 1 17 /06 /juin /2013 18:03

 

Rue89

 

Lettre recommandée 17/06/2013 à 18h24
Hervé Berlant | Représentant du personnel

 

Non, ce n’est pas difficile de virer quelqu’un dont on veut se séparer : délégué du personnel dans un grand groupe, Hervé raconte comment ses patrons s’y prennent.

 

 


Des employés pointent à l’usine (IBM/CC)

 

Je suis l’Elu, un simple salarié et représentant du personnel, dans une grande société. Je ne suis pas un Obélix tombé à la naissance dans la marmite du syndicalisme, je suis devenu élu sur le tard, poussé par les événements.

En tant que citoyen et salarié, j’ai suivi avec grand intérêt les dernières négociations entre organisations patronales et syndicales sur la réforme du marché du travail. Au cœur des débats, un grand (gros) mot revenait souvent : « fléxisécurité ».

Making of

L’auteur de ce texte, Hervé Berlant (le nom a été changé) a 35 ans, il est représentant du personnel dans une grande entreprise médiatique française.

Il a assisté de nombreux collègues lors de leur licenciement, et en a tiré un petit guide du licenciement à l’usage des patrons. Rue89

 

 

Selon les défenseurs de ce dispositif, en France, il serait difficile pour les dirigeants de s’adapter à l’évolution du marché et d’alléger la masse salariale pour assurer la survie d’une entreprise. Traduction : « Il faut assouplir le code du travail pour faciliter d’avantage les licenciements, car ça coûte trop cher et c’est trop compliqué de virer un salarié. »

Je souris, m’étonne, m’étouffe presque, car selon mon expérience de représentant du personnel, cet argument ne reflète pas du tout la réalité.

Licencier un salarié : rien de plus facile

Fort de ces nombreuses années passées à défendre les collègues de toute ancienneté et de tout niveau hiérarchique, j’ai constaté qu’il n’y avait rien de plus facile pour un dirigeant que de licencier un salarié.

Vous me direz qu’un patron a forcément de bonnes raisons de se séparer d’un employé, que le salarié est mauvais, sinon, il le garderait. En voici pourtant quelques autres :

  • une salariée qui demande un 80% dans le cadre d’un congé parental. L’employeur n’est pas en droit de refuser, mais va décider que cette fainéante doit partir ;
  • une employée qui cumule les congés maternité ;
  • lors d’un changement de direction, le nouveau manager veut sa propre équipe ;
  • un salarié avec de l’ancienneté, qui coûte trop cher ;
  • une volonté de diminuer les coûts, mais sans les contraintes d’un licenciement économique ;
  • une incompatibilité d’humeur avec le supérieur direct ;
  • un salarié jugé « pas corporate »...

J’ai assisté bon nombre de salariés en entretien, et honnêtement il n’y a qu’une personne pour laquelle je peux retenir la faute. J’ai donc rédigé un petit guide pratique, en trois étapes, à l’usage des patrons.

                                                                                                                                                                                                                               1 La convocation

 

Tout d’abord, c’est pénible mais il faut tout de même respecter un minimum « syndical » en matière de procédure de licenciement.

Le patron doit adresser une lettre recommandée avec accusé de réception, convoquant le salarié à un entretien préalable à une « éventuelle » sanction, « pouvant » aller jusqu’au licenciement.

Attention au premier piège : vous devez utiliser le conditionnel, car même si votre décision est déjà prise, en théorie, vous êtes censé recueillir et étudier les arguments que le salarié vous présentera pour se défendre.

Petite astuce : pour économiser les frais liés à l’envoi d’un recommandé (eh oui, un sou est un sou), remettez à l’employé sa convocation directement en main propre, et signifiez lui sa mise à pied à titre conservatoire avec effet immédiat. En clair, il a cinq minutes pour récupérer ses affaires personnelles et quitter les lieux.

« Je ne fais qu’exécuter les ordres »

Pris dans la lumière des phares, le salarié ne réagira pas, ou peu, et quittera les locaux sans broncher ou presque. Prenez alors un air gêné, on doit pouvoir lire sur votre visage l’expression suivante :

« Je suis désolé(e), je n’aime pas faire ça mais j’y suis obligé(e) car c’est mon travail et je ne fais qu’exécuter les ordres. »

Cette attitude n’est certes pas indispensable mais cela peut aider à soulager votre conscience et à préserver votre capital sympathie auprès des salariés. En « off », à certaines personnes, vous pouvez laisser entendre que ce salarié n’était pas au-dessus de tout soupçon, qu’il y a des éléments accablants contre lui. Les mauvaises langues feront le reste.

Le second effet « kiss cool » de cette méthode expéditive sera de terroriser les collègues présents dans l’open space. Le message que vous ferez ainsi passer sera clair : taisez-vous ou bien vous serez le prochain !

                                                                                                                                                                                                                             2 L’entretien

 

Une fois encore, c’est embêtant mais c’est la loi, le salarié peut se faire assister par un autre salarié. C’est presque toujours un représentant du personnel qui s’y colle.

A titre liminaire, lisez ces quelques lignes :

« Nous avons constaté des difficultés, des dysfonctionnements et/ou des faits graves, qui vous ont été plusieurs fois signalés. Malgré ces avertissements, aucune amélioration n’a été constatée.

(Pause, respiration)

C’est la raison pour laquelle nous sommes amenés à prendre à votre encontre une sanction disciplinaire, pouvant aller jusqu’au licenciement. »

Enumérez ensuite une liste non exhaustive de fausses accusations, voire de ouï-dire. Le « must » en la matière : les témoignages d’autres salariés.

Ces employés modèles vous auront fourni au préalable des attestations faites sous la pression hiérarchique, par comportement moutonnier, ou tout simplement par méchanceté gratuite.

Bien entendu, ce salarié qui travaille consciencieusement depuis des années n’a jamais posé le moindre problème, mais peu importe, déstabilisez-le en jetant le discrédit sur son travail, remettez en question sa probité ou mettez en doute ses bonnes relations avec ses collègues et son responsable.

Tel un boxeur, il sera sonné

Surtout ne lui montrez aucune preuve pour étayer vos accusations. Puisqu’il ne sait pas trop bien de quoi on l’accuse, il cherchera dans sa mémoire quels faits vous évoquez. Tel un boxeur pris dans les cordes et assailli de coups, il sera sonné et sa défense fragilisée.

Il est à noter que plus les salariés sont attachés à leur travail, plus les faits reprochés sont fallacieux, et plus l’impact émotionnel sera fort. Ayez donc à bonne distance un paquet de mouchoirs ainsi que votre air empathique.

Groggy, le salarié tentera alors de répondre, mais qu’importe les arguments factuels qu’il vous présentera pour se défendre, rien ne vous oblige à en tenir compte.

Concentrez vous, faites juste semblant de l’écouter, prenez des notes tout en vous demandant si vous allez avoir la chance de croiser Nabilla dans les couloirs aujourd’hui.

Il ne vous reste plus qu’à attendre les deux jours ouvrables prévus par la loi avant de lui envoyer sa lettre de licenciement. Rien ne vous interdit plus de prononcer officiellement son licenciement.

                                                                                                                                                                                                                             3 Le licenciement et, au pire, le procès

 

Il a reçu sa lettre de licenciement, s’il est courageux et motivé, le salarié peut porter l’affaire en justice.

Mais il faut beaucoup de patience, de volonté et d’argent pour se payer un avocat et saisir les Prud’hommes, ce dont un salarié au chômage, sans revenu et au fond du trou psychologiquement, manque cruellement.

Malgré cela, il reste une minorité de salariés combatifs (certains diront « procéduriers »), que vous devrez peut-être affronter en justice.

Ne baissez pas les bras, car la lenteur de la justice et les possibilités de renvois et d’appels qu’elle vous offre vous permettront de gagner du temps. Pour vous donner du baume au cœur, n’oubliez pas non plus que chaque mois passé est un salaire de gagné pour vous, sans compter les charges inhérentes que vous n’aurez pas à verser.

Au final, même si le salarié remporte son procès au bout d’une longue période, cela vous coûtera toujours moins de le licencier que de le garder. Vous aurez allégé votre masse salariale et atteint les objectifs d’économies fixés par votre conseil d’administration : il y a de bonnes chances pour que vous décrochiez votre super bonus à la fin de l’année.

Pas plus de neuf licenciés en 30 jours

Prévoyant, vous penserez à provisionner une éventuelle défaite aux Prud’hommes et donc le versement d’une indemnité en fonction du dossier du salarié, de son salaire, de son ancienneté et du minimum prévu par sa convention collective (souvent dérisoire).

Professionnel, vous surveillerez aussi de près l’évolution salariale et l’ancienneté de vos employés, et vous favoriserez au maximum le turn-over. Attention, soyez vigilant, ne vous laissez pas emporter par l’enthousiasme, et évitez le dernier piège tendu par le code du travail : ne licenciez pas plus de neuf salariés sur une période de 30 jours.

Vous seriez alors obligé de mettre en place une contraignante procédure de licenciement économique : consultation des représentants du personnel, entretiens préalables, information de l’inspection du travail, mise en place de dispositifs de reclassement…

Futé, vous éviterez d’atteindre ce quota fatidique en proposant à un employé, de temps en temps, une rupture conventionnelle. Vous pourrez aussi « favoriser » les départs spontanés.

A l’issue de la lecture de ce petit guide, vous constaterez deux choses :

  • oui, il est facile de licencier des salariés en France ;
  • oui, cela peut vous coûter cher, mais uniquement « à cause » de cette minorité de salariés qui savent bien se défendre, qui ont les moyens de prendre un bon avocat et dont le salaire, l’ancienneté et/ou le dossier justifient des indemnités conséquentes.

 

 

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17 juin 2013 1 17 /06 /juin /2013 17:42

 

 

 

17.06.2013 à 15h32 • Mis à jour le 17.06.2013 à 15h33 | Par Anne Michel
 
 
Une coalition d'ONG anti-corruption a affrété deux drakkars au large du G8 de Lough Erne (Irlande du Nord) pour réclamer des actions fortes contre les paradis fiscaux.

Lough Erne (Irlande du Nord), envoyée spéciale.

Lundi matin, alors que s'ouvrait le sommet des chefs d'Etat du G8 à Lough Erne, dans le comté de Fermanagh en Irlande du Nord, le très paisible lac bordant le centre de presse international installé à une heure de route de là, a été le théâtre d'une drôle de manifestation nautique. Deux bateaux vikings affrétés par une coalition d'ONG internationales anti-corruption (One, Oxfam, Save the children...), avec à leur bord des militants affublés de "grosses têtes" grimaçantes à l'effigie de Barack Obama, d'Angela Merkel, de François Hollande, de Vladimir Poutine et des autres dirigeants du G8, ont longé les rives du lac, pour réclamer des actions fortes contre les paradis fiscaux.

Sur les voiles carrées des embarcations enserrés par une flottille de zodiacs et de hors-bord de la police d'Irlande du Nord, deux injonctions en grosses lettres : "mettez fin à l'évasion fiscale" ; "de la nourriture pour tout le monde"... Selon les estimations de l'ONG Oxfam, en effet, le manque à gagner lié à l'évasion et à la fraude fiscales internationale des particuliers atteindrait 156 milliards de dollars! Le double de la somme nécessaire pour éradiquer la pauvreté dans le monde, et donc la faim. Près de la moitié des richesses dissimulées offshore le sont dans des paradis fiscaux adossés dans des pays du G8.
 

 "INCLURE LES PAYS EN VOIE DE DÉVELOPPEMENT"

"Les négociations ont été serrées, mais on a finalement obtenu les autorisations, les militants ont dû partir de la rivière en amont de la petite ville d'Enniskillen et ça fait trois heures qu'ils rament, déclare Sébastien Fourny d'Oxfam. On est là pour demander au G8 d'inclure les pays en voie de développement dans l'échange automatique de données fiscales et de ne pas s'organiser juste entre pays riches. Et on veut de vrais registres publics des sociétés offshore, pas des registres privés comme le propose Cameron !"

Sur les bords du lac, des journalistes de tous pays étaient descendus pour suivre les évolutions d'un ballet nautique pacifique et bon-enfant, ravis d'être ainsi divertis de la longue attente qui caractérise les sommets internationaux, ponctués par des départs au compte-goutte pour le complexe hôtelier de Lough Erne, pour des conférences de presse ou des "briefings" avec les chefs d'Etats. Les représentants des forces de police affectées au centre de presse esquissaient eux aussi des sourires amusés.

À la question (brûlante) sur le rapport entre les vikings et l'évasion fiscale - leur route serait-elle précisément passée par le petit village d'Enniskillen ? - la représentante d'une ONG répondait avec un certain détachement : "Ah, cela ? Rien... Juste pour le fun...plutôt sympa, n'est-ce-pas?"

Anne Michel

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17 juin 2013 1 17 /06 /juin /2013 17:26

 

 

Le Monde - Blog

Comme souvent, une seule photo peut être plus parlante que de longs rapports. Dans une communication efficace, la chaîne de supermarchés américaine Whole Foods, spécialisée dans le bio et l’équitable, a imaginé à quoi ressembleraient nos étals si les abeilles venaient à s’éteindre. L'un de ses magasins, situé à Providence (Rhode Island), a temporairement enlevé tous les produits venant de plantes pollinisées par des abeilles et autres insectes pollinisateurs. Résultat : 237 des 453 produits proposés à l'accoutumée, soit 52 % des récoltes, ont disparu. Parmi eux : les pommes, oignons, carottes, citrons, brocolis, avocats ou encore concombres.

 

En réalité, un tiers de notre nourriture fruits, – légumes et boissons (café, cacao) – dépend des abeilles, rappelle l'enseigne de distribution.

"Les pollinisateurs naturels sont un maillon essentiel de notre chaîne alimentaire. Plus de 85 % des espèces végétales de la terre, dont beaucoup composent les aliments les plus nutritionnels de notre alimentation, exigent des pollinisateurs pour exister. Pourtant, nous continuons à assister à un déclin alarmant de ces populations, regrette Eric Mader, directeur adjoint de la Xerces Society, une ONG qui protège les abeilles. Notre organisation travaille avec des agriculteurs pour les aider à recréer un habitat sauvage et adopter des pratiques moins intensives en pesticides. Ces stratégies simples peuvent faire pencher la balance en faveur de retour des abeilles."

Près d'un tiers des colonies d'abeilles aux Etats-Unis ont été décimées au cours de l'hiver 2012-2013, selon une étude réalisée par le ministère de l'agriculture américain et des associations professionnelles, publiée le 7 mai, qui souligne aussi les conséquences "désastreuses" pour une économie du miel qui pèse 30 millions de dollars outre-Atlantique.

Si les autorités américaines évoquent des raisons multiples, comme "les parasites, les maladies, les facteurs génétiques, une mauvaise nutrition et l'exposition aux pesticides", cette dernière est majoritairement citée par les scientifiques pour expliquer la surmortalité des pollinisateurs domestiques et sauvages (bourdons, papillons, abeilles sauvages, etc.).

L'Union européenne a ainsi annoncé, le 29 avril, la suspension pour deux ans, à compter du 1er décembre, de l'utilisation de trois insecticides impliqués dans ce déclin. Ces molécules, l'imidaclopride, le thiaméthoxame et la clothianidine appartiennent à la famille des néonicotinoïdes, insecticides parmi les plus utilisés au monde en agriculture et que l'on retrouve dans des dizaines de produits tels le Cruiser, le Gaucho, le Poncho ou le Cheyenne.

L'application de cette interdiction ne sera pas évidente tant ces substances persistent dans l'environnement, comme je l'avais expliqué dans un précédent papier. Mais elle est essentielle si l'on veut éviter de connaître la même réalité qu'en Chine, abordée par l'excellent documentaire Des abeilles et des hommes, où des milliers de paysans pollinisent les fleurs à la main, à partir de pollen qui leur est envoyé d'autres régions où les butineuses vivent encore.

Audrey Garric

Suivez-moi sur Twitter : @audreygarric et Facebook : Eco(lo)

Photo : PRNewsFoto/Whole Foods Market

 

 

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17 juin 2013 1 17 /06 /juin /2013 17:15

 

 

 17.06.2013 à 10h42 • Mis à jour le 17.06.2013 à 16h50 | Par Gérard Davet et Fabrice Lhomme

 
 
Bernard Tapie, en décembre 2012.

L'arbitrage Tapie a bien été faussé. C'est la conviction des enquêteurs, qui disposent de suffisamment d'éléments pour établir qu'une "escroquerie en bande organisée" a permis à l'homme d'affaires, le 7 juillet 2008, d'obtenir 403 millions d'euros à l'issue de l'arbitrage soldant son litige avec le Crédit lyonnais.

Le Monde a eu accès au dossier judiciaire de ce qui apparaît de plus en plus comme une affaire d'Etat. Les documents et témoignages recueillis par les juges semblent étayer l'existence d'une entente préalable à l'arbitrage. Comme l'a résumé, le 12 juillet 2012, l'ex-président du Crédit lyonnais, Jean Peyrelevade, devant la Cour de justice de la République (CJR) : "J'ai une conviction : le succès de M.Tapie est le résultat d'une véritable conspiration."

L'Etat, qui s'apprête à déposer un recours en révision, après s'être constitué partie civile, va pouvoir s'appuyer sur la procédure établissant qu'il y a eu fraude. Pour cela, il fallait établir un lien entre l'arbitre Pierre Estoup et Me Maurice Lantourne, l'avocat de Bernard Tapie.

C'est chose faite. L'enquête met en exergue le rôle moteur de ce tandem, aidé par le pouvoir sarkozyste. L'ex-patronne de Bercy, Christine Lagarde, entendue comme témoin assisté, a ainsi affirmé à la CJR, le 23 mai : "Au moment où j'ai pris mes décisions dans l'affaire Tapie, j'ai déjà indiqué que je n'avais aucune raison de douter de l'impartialité de M. Estoup. Aujourd'hui, avec le recul et au vu des éléments que vous me communiquez, il est évident que mon sentiment est différent..."


Lire (abonnés) : Arbitrage : Lagarde se défausse sur Richard, son ex-collaborateur et La lettre d'allégeance de Christine Lagarde à Nicolas Sarkozy


Bernard Tapie a l'affection démonstrative. En témoigne cette dédicace du 10 juin 1998, figurant en pages intérieures d'un exemplaire de son livre Librement adressé au magistrat Pierre Estoup : "Pour le président Pierre Estoup, en témoignage de mon infinie reconnaissance. Votre soutien a changé le cours de mon destin. Je vous remercie d'avoir eu l'intelligence et le cœur de chercher la vérité cachée derrière les clichés et les apparences. Avec toute mon affection."

Quel est donc ce mystérieux "soutien" qui a " changé le cours de on destin" ? Se peut-il que ce "soutien" se soit à nouveau manifesté dix ans plus tard, le 7 juillet 2008, sous la forme de la sentence arbitrale rédigée par ce même M. Estoup ? La police a identifié trois niveaux d'intervention : la décision est politique, initiée à l'Elysée par Claude Guéant et Nicolas Sarkozy. Deux architectes sont désignés, Stéphane Richard, directeur du cabinet de Mme Lagarde, et Jean-François Rocchi, patron du CDR, l'organisme chargé de gérer le passif du Crédit lyonnais, tous deux mis en examen. Et deux maîtres d'oeuvre gèrent l'arbitrage : Me Maurice Lantourne, le conseil de M. Tapie, et M. Estoup.

"ME LANTOURNE A SUGGÉRÉ M. ESTOUP"

Les policiers ont trouvé dans l'agenda de M. Tapie les numéros de téléphone de l'arbitre. Dans celui de M. Estoup, il y a la trace, en sus des coordonnées de l'homme d'affaires, d'un rendez-vous avec un certain... "Tapie ", le 30 août 2006. Les deux hommes assuraient ne pas se connaître.

Reste à imposer M. Estoup dans la procédure. Me Lantourne s'en charge : "J'ai effectivement proposé le nom du président Estoup", admet-il en garde à vue, le 28 mai, confirmant les déclarations de l'avocat du CDR, Me Gilles August, qui avait assuré aux enquêteurs, le 2 mai 2012 : "Me Lantourne a suggéré Pierre Estoup..."

Les deux hommes se connaissent. Et c'est un souci : les règles de l'arbitrage contraignent M. Estoup à déclarer son indépendance. Il aurait donc dû signaler à toutes les parties ses relations avec le camp Tapie, mais s'en est bien gardé. Il prend même soin de déchirer, au cas où, les pages de son agenda personnel, entre janvier et octobre 2008, période-clé de l'arbitrage.

Les policiers ont aussi découvert que, depuis 1997, M. Estoup facture des honoraires, en tant que consultant, à l'ex-avocat de M. Tapie, Me Francis Chouraqui. Les juges ont surtout la preuve, après avoir saisi deux courriers adressés en mars 2000 par Me Lantourne à M. Estoup, que l'arbitre est déjà intervenu, comme consultant, aux côtés de M. Tapie, dans le conflit qui l'oppose au Crédit lyonnais. Dans l'ordinateur de Me Lantourne figure aussi une note du 20 septembre 2008, relative à l'arbitrage, et destinée à Christine Lagarde. Aurait-il fourni des arguments à la ministre de l'économie ? L'avocat dit avoir écrit ce document pour sa propre gouverne. Mais la note est rédigée... au féminin.

Mais Me Lantourne ne fréquente pas que M. Estoup. Il s'est adressé, avant l'arbitrage, à Me Jean-Denis Bredin, le futur deuxième arbitre, dans des conditions troublantes. Cela se passe le 29 septembre 2006. A la demande de son client Bernard Tapie, Me Lantourne envoie ce jour-là un courrier lié au conflit avec le Crédit lyonnais à Me Bredin.

Le véritable axe reste l'axe Lantourne-Estoup. Les deux hommes se sont croisés, décomptent les enquêteurs, dans au moins dix procédures, depuis 2001, dont l'une en juin 2008, soit un mois avant la sentence finale. Les policiers trouvent même la trace d'un rendez-vous entre M. Estoup et M. Lantourne, le 9 octobre 2007. "Je ne pense pas que cela pose un problème...", répond aux policiers M. Estoup. Il a, tout comme Me Lantourne, ses entrées à l'Elysée – où il rencontre le secrétaire général Claude Guéant – ou à Bercy, et il donne, dans ses différentes missives, du "cher ami" à l'avocat de Bernard Tapie.

Encore faut-il mettre cela à profit. D'après les documents saisis, M. Estoup s'y active. D'abord, éviter tout recours de l'Etat. Dans un courrier adressé à Me Lantourne, et pas aux autres parties, l'arbitre écrit, le 14 novembre 2007 : "Je me suis attaché à assurer la sécurité juridique de ce document en supprimant tout ce qui pouvait dans le compromis ouvrir la voie à d'éventuels recours."


NEUTRALISER LES ARBITRES

Ensuite, dans ce scénario bien huilé, il faut neutraliser les deux autres arbitres, Me Jean-Denis Bredin et Pierre Mazeaud. Les honoraires sont confortables. Me Bredin touchera, au final, 398 000 euros. Pour une somme de travail réduite. Les échanges de courriers en attestent, c'est Me Estoup qui se charge de tout. Comme pour le " préjudice moral", cette somme de 45 millions d'euros allouée au couple Tapie. Le 23 juin 2008, Me Bredin écrit à ce sujet à M. Estoup : "Je vous adresse mon modeste brouillon, qui reprend pour l'essentiel vos excellentes observations..."

Le 30 juin 2008, nouveau courrier, cette fois rédigé par M. Estoup et adressé à ses collègues : "J'ai pratiquement terminé, non sans mal, la rédaction de la sentence..." C'est bien lui qui est à l'œuvre, ce que reconnaît Pierre Mazeaud, dans une missive : "Je tiens donc à vous remercier pour tout ce que vous faites, d'autant plus que j'en serais totalement incapable." M. Mazeaud n'est pas un expert en arbitrage, et paraît se désintéresser du dossier, au point qu'il a confié le soin aux collaborateurs de M. Estoup de rédiger ses propres courriers, avec son en-tête. Il s'agace quand les policiers le titillent : M. Tapie "est un voyou", lâche-t-il, "mais comme tout voyou, il a droit à la justice".


"J'ÉTAIS LE MÉCANICIEN"

Quant à Me Bredin, sa santé et sa mémoire sont chancelantes. Aux enquêteurs, il indique ne pas avoir connu M. Estoup avant l'arbitrage. C'est faux. M. Estoup possède deux de ses ouvrages, chaleureusement dédicacés. Dont l'un, dès 1991. Les deux hommes s'apprécient depuis longtemps : "Il a préfacé, confie M. Estoup aux policiers, un livre que j'ai écrit sur la justice française..." Me Bredin, de toute façon, a une conviction, exposée aux policiers : " M. Tapie a été déshonoré". Victime d'un AVC, il n'est pas en pleine possession de ses facultés. Le 4 mars 2009, il écrit à M. Estoup : "Pardonnez-moi, cher ami, de ne pouvoir vous écrire une lettre manuscrite mais mon état de santé m'en empêche complètement".

M. Estoup a donc le champ libre. "J'étais le mécanicien", admet-il. Le 15 juillet 2008, huit jours après la sentence, alors qu'un recours pourrait être envisagé, il a cette phrase, à l'intention des deux autres arbitres : "Selon les informations qui me sont parvenues, notre sentence est parue inattaquable." M. Estoup a des sources à Bercy. Le 28 novembre 2008, alors qu'il n'est plus question d'un recours, dernier courrier : "La tempête s'éloigne et les vents sont calmés."


Lire aussi (abonnés) : Affaire Tapie : l'implication de Nicolas Sarkozy est désormais au cœur de l'enquête


Gérard Davet et Fabrice Lhomme

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17 juin 2013 1 17 /06 /juin /2013 17:05

 

Le Monde.fr

 17.06.2013 à 11h06 • Mis à jour le 17.06.2013 à 16h00

 

 

 

 
Nicolas Sarkozy et Christine Lagarde à l'Elysée, le 25 août 2009.

L'ancienne ministre de l'économie, Christine Lagarde, a été auditionnée le 23 mai par la Cour de justice de la République dans l'affaire Tapie-Lagarde. Lors de la perquisition que les enquêteurs ont effectuée à son domicile parisien, le 20 mars, ils ont trouvé une lettre manuscrite, non datée, destinée à Nicolas Sarkozy, en forme de serment d'allégeance.

"Cher Nicolas, très brièvement et respectueusement", écrit la patronne du FMI.

"1) Je suis à tes côtés pour te servir et servir tes projets pour la France.

2) J'ai fait de mon mieux et j'ai pu échouer périodiquement. Je t'en demande pardon.

3) Je n'ai pas d'ambitions politiques personnelles et je n'ai pas le désir de devenir une ambitieuse servile comme nombre de ceux qui t'entourent dont la loyauté est parfois récente et parfois peu durable.

4) Utilise-moi pendant le temps qui te convient et convient à ton action et à ton casting.

5) Si tu m'utilises, j'ai besoin de toi comme guide et comme soutien : sans guide, je risque d'être inefficace, sans soutien je risque d'être peu crédible. Avec mon immense admiration. Christine L. "

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17 juin 2013 1 17 /06 /juin /2013 16:49

 

Le Monde - Blog

Depuis plusieurs mois, de multiples retours m'ont été faits sur l'inégale répartition territoriale des agents de Pôle emploi. Pour étayer ce sujet, je demande depuis le début de l'année à Pôle emploi de me fournir les chiffres détaillés de la taille des "portefeuilles" de chômeurs par conseiller et par agence.

Ces données sont facilement accessibles sur le logiciel interne de Pôle emploi. Le 26 juin 2012, Pôle emploi a d'ailleurs publié la taille moyenne sur l'ensemble du territoire. En moyenne un conseiller suit 161 chômeurs à Pôle emploi. Mais dans certaines agences, ce chiffre monte jusqu'à 500. Depuis le 26 juin 2012, Pôle emploi n'a jamais publié de mise à jour de ce chiffre.

 

>> Lire : Pôle emploi en grève à Saint-Denis : « On suit jusqu’à 500 chômeurs chacun »


Il suffirait à la direction de faire une extraction de ces données sur les mille agences françaises et de me fournir un tableau. Pôle emploi est un organisme public et est soumis à l'obligation de communiquer ses données à n'importe quel citoyen qui le demande.

Après de nombreuses demandes faites de manière formelles et informelles, la direction de Pôle emploi m'a régulièrement répété qu'elle me fournirait ces données, en repoussant systématiquement l'échéance. Mercredi 12 juin, lors d'un colloque organisé à Sciences Po, j'ai à nouveau demandé, notamment au directeur de Pôle emploi, s'il pouvait s'engager dans une démarche de publication de ses données. La réponse qui m'a été faite est visible en ligne sur cette vidéo. (voir ici)


Jean Bassères n'a donc visiblement aucune intention de me fournir ces données. A ma demande, formulée juste après la conférence, de me fournir également les indicateurs de performance de Pôle emploi calculés régulièrement pour être fournis à l'Unedic, M. Bassères m'a affirmé "qu'il verrait, mais que ces chiffres sont compliqués à lire". Le refus de publier ces données (qui sont calculées régulièrement par le service statistique de Pôle emploi), ne semble reposer sur aucun cadre légal.

C'est pourquoi Le Monde a décidé de saisir la commission d'accès aux documents administratifs (CADA). La CADA est une institution indépendante chargée de faire appliquer la loi du 17 juillet 1978 qui "reconnaît à toute personne le droit d'obtenir communication des documents détenus dans le cadre de sa mission de service public par une administration".  A l'heure où le chômage explose, refuser de publier des données aussi cruciales pour les chômeurs et plus largement pour les citoyens français, nous semble en effet inexplicable. Je tâcherai de rendre compte sur ce blog des suites de cette démarche.

 

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16 juin 2013 7 16 /06 /juin /2013 18:22

 

 

autonomiste.com

 Autonomie alimentaire: une ferme dans votre fenêtre

Voici un exemple de 1er pas que vous pouvez faire faire l’autonomie: faire pousser votre nourriture dans une fenêtre. En effet, je vous présente ici une façon facile de faire pousser votre nourriture vous-même pour 3 fois rien en termes de coûts.

Voici le seule vidéo que j’ai trouvé sur le net qui a du sous-titrage en français: Elle vous décrit le système et la motivation derrière la communauté de développement du produit.

 

 

Voilà l’idée: vous utiliser des articles que vous trouvez majoritairement déjà dans votre maison ainsi que quelques uns que vous achetez pour l’occasion et vous créez votre propre jardin dans une fenêtre. Fini les insectes et/ou les insecticides. Et il s’agit d’un projet du type DIY (Do It Yourself – Faîtes le vous-même) pour lequel vous allez trouver tous les plans et toutes les informations sur ce site.

Si vous ne désirez pas construire votre système vous-même, alors vous pouvez en acheter tout fait ici.

Voici quelques exemples de fermes-fenêtres:

windows farming 639x1024 Autonomie alimentaire: une ferme dans votre fenêtre

exemple de ferme fenêtre Autonomie alimentaire: une ferme dans votre fenêtre

cityscape green 300x187 Autonomie alimentaire: une ferme dans votre fenêtre

Voici donc une façon originale et économique de pouvoir faire pousser plusieurs trucs à l’intérieur même de votre maison.

Pensez à toutes ces herbes et épices que vous pourriez avoir sous la main. Toujours frais et sans jamais avoir à sortir pour les cultiver…

Est-ce que vous avez ce qu’il faut pour faire votre premier pas vers l’autonomie alimentaire?

 

 

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16 juin 2013 7 16 /06 /juin /2013 17:53

 

Marianne

 Dimanche 16 Juin 2013 à 11:00
Laurent Mauduit*

 

 

 

Et pourquoi les dirigeants socialistes multiplient-ils les cadeaux de ce type en faveur du patronat ? C'est, au fond, le vrai mystère.

 

DUPUY FLORENT/SIPA
DUPUY FLORENT/SIPA

A défaut d'être conforme à ses engagements de campagne, la politique économique de François Hollande est frappée d'une incontestable - et désespérante - cohérence. Après que la réforme fiscale eut été enterrée, la promesse aux ouvriers de Florange, trahie, la loi de séparation des activités bancaires, torpillée, l'austérité budgétaire et salariale, prolongée, que croyait-on en effet qu'il puisse advenir d'une autre promesse emblématique, celle d'un encadrement des rémunérations patronales ? Eh bien, oui ! Elle aussi a été oubliée. Triste mais presque prévisible...

Triste parce que, si les années récentes ont apporté une leçon, c'est assurément celle-ci : les grands chefs d'entreprise français sont radicalement incapables de pratiquer l'autorégulation. Mille fois, les deux grandes associations du monde patronal que sont le Medef et l'Afep l'ont pourtant répété : nul besoin de légiférer en ce domaine, l'autodiscipline finira par produire ses effets ! Et longtemps les gouvernements les ont crues, ou ont fait mine de les croire, les félicitant périodiquement pour les codes de bonne conduite qu'elles adoptaient.

Pourtant, ces codes de bonne conduite Afep-Medef n'ont jamais produit d'effets ou se sont révélés beaucoup trop laxistes. Avec, au bout du compte, le résultat que l'on sait : même quand la grande crise a commencé, à partir de 2007, même quand elle a poussé le pouvoir d'achat vers le bas et le chômage vers le haut, les rémunérations des grands patrons sont restées, elles, outrageusement élevées. Pis que cela, elles n'ont cessé de s'envoler.

Les chiffres sont sur la table et nul ne les conteste. Le montant annuel moyen des rémunérations des dirigeants du CAC 40 n'a ainsi cessé de progresser tout au long des années 2000, pour atteindre 1,91 million d'euros en 2008, puis 1,98 million en 2009. En 2010, alors que la crise redouble, c'est un nouveau record qui est atteint, à 2,46 millions d'euros, avant 2,42 millions en 2011 et 2,32 millions en 2012.

Et encore, ces chiffres ne prennent-ils en compte que les rémunérations fixes et variables, et pas les revenus liés aux stock-options, aux retraites chapeau et autres compléments de revenus. Car, dans ce cas, selon le cabinet Proxinvest, le revenu moyen des mêmes PDG a atteint 4,2 millions d'euros en 2011, en hausse de 4 % sur l'année précédente.

Chiffres mirobolants qui attestent que l'autorégulation ne fonctionne pas et qu'il n'y a en vérité qu'une seule limite à l'appétit des «goinfres», comme les avait appelés un jour un chroniqueur économique : celle que la loi peut fixer. Durant la campagne présidentielle, la proposition de François Hollande - il s'agissait de la 26e, dans sa plate-forme - avait donc été bien accueillie, puisqu'elle visait à fixer «un écart maximal de rémunérations de 1 à 20» dans les entreprises publiques. Et pour les entreprises privées, si le candidat socialiste n'avait pas chiffré son engagement, il avait plaidé aussi pour que l'Etat fixe de nouvelles règles du jeu, plus contraignantes.

Présentant le décret qui limite à 450 000 $ la rémunération annuelle des patrons des entreprises publiques, Pierre Moscovici avait donc annoncé, dès le 26 juillet 2012, que les patrons du privé seraient, eux aussi, mis au pas. «Une loi régulera, voire prohibera certaines pratiques qui nous semblent excessives», avait-il prévenu. Et Jean-Marc Ayrault lui avait emboîté le pas, citant la Suisse en exemple pour ses pratiques d'encadrement.

Las ! On sait donc ce qu'il en est advenu : comme tant d'autres promesses de François Hollande, elle a été bafouée. D'abord, la règle fixée pour les entreprises publiques n'est pas respectée partout - et notamment pas à EDF. Ensuite, dans des entreprises où l'Etat est l'actionnaire principal, l'appétit patronal continue d'être presque sans limites : c'est, par exemple, le cas chez Renault, avec Carlos Ghosn, le patron boulimique.

Mais, surtout, pour le privé, l'histoire vient de s'achever par une pantalonnade puisque Pierre Moscovici vient d'annoncer dans les Echos qu'il «n'y aura pas de projet de loi spécifique sur la gouvernance des entreprises» et qu'il s'en remettra aux grands patrons pour qu'ils adoptent - ben, voyons ! - une «autorégulation exigeante». L'histoire est d'autant plus consternante que, dans le même temps, la réforme de la taxe à 75 % est partie aussi en quenouille. Le prélèvement exceptionnel sera donc payé non plus par les PDG mais par leurs entreprises.

Voilà donc l'épilogue : adieu, le plafonnement des rémunérations ! Adieu aussi, la taxe à la charge des chefs d'entreprise ! Les grands patrons peuvent donc dire un grand merci aux socialistes : avec eux, c'est le beurre et l'argent du beurre. Inespéré !

Et pourquoi les dirigeants socialistes multiplient-ils les cadeaux de ce type en faveur du patronat ? C'est, au fond, le vrai mystère. Car, depuis un an, du maintien de la «niche Copé» jusqu'au «choc de compétitivité», en passant par l'abandon de la réforme de la taxation des plus-values de cession et maintenant le non-plafonnement des rémunérations patronales, le gouvernement sait qu'il n'obtiendra rien en retour. Il désespère son propre camp mais ne bénéficiera d'aucune sollicitude du camp d'en face. Les ingrats...

* laurent.mauduit@mediapart.fr

 

 

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16 juin 2013 7 16 /06 /juin /2013 17:44

 

 

Mediapart - blog

Il n’est point besoin d’études scientifiques approfondies pour se convaincre des effets pervers de la financiarisation démesurée de nos économies qui a accompagné la mondialisation néolibérale à partir du début des années 80. Le constat récurrent de l’éclatement de bulles de crédits et de celles du prix des actifs qu’elles nourrissent, avec des ondes de choc de plus en plus violentes pour l’économie mondiale, comme en témoignent celles de la crise financière des subprimes de 2008, se suffirait presque à lui-même. Pour autant, il demeure utile d’essayer de quantifier des seuils critiques de cette financiarisation, sachant qu’au-delà de ces niveaux, la finance, au lieu de servir l’économie réelle comme elle doit et peut le faire (mise en relation efficace des agents à besoin de financement avec ceux à capacité de financement, et saine gestion des risques par une distribution adaptée du crédit stimulant à la fois investissement, créations d’entreprise et innovation), se retourne finalement contre elle. C’est précisément le but d’une étude économétrique fort intéressante menée récemment, en juillet 2012, par deux économistes de la Banque des règlements internationaux (BRI), Stephen G. Cecchetti et Enisse Kharroubi (1).

Deux seuils critiques ont ainsi été mis en évidence de façon significative d’un point de vue statistique, si l’on en juge par la robustesse des équations obtenues sur un échantillon de 21 pays de l’OCDE pour la période 1980-2009. Lorsque le montant des crédits dépasse la valeur du PIB (i.e. un ratio des crédits rapportés au PIB supérieur à 100 %) ou si la part de l’emploi dans le secteur financier dépasse les 4 % de l’emploi total, alors on peut parler d’hypertrophie de la finance. Les gains de productivité du travail par tête seraient dès lors affectés négativement par de multiples canaux, en particulier par le détournement d’un capital humain qualifié vers les « métiers » de la finance attiré par l’explosion des rémunérations dans ce secteur durant les trois dernières décennies, et cela au détriment des autres secteurs d‘activités de l‘économie réelle, impactant du même coup la dynamique générale de l‘innovation autre que financière (2). Concernant le premier indicateur, il est à noter que les économistes du Fonds monétaire international parviennent à la même conclusion avec un intervalle critique allant de 80 % à 100 %. En ce qui concerne le second indicateur, le graphique ci-joint, repris de l’étude, montre la relation croissante puis décroissante entre part de l’emploi dans la finance (en abscisses) et rythme des gains de productivité (en ordonnées), avec un point de retournement situé à 4 % pour le poids du secteur financier dans l’emploi total (la courbe en rouge donne l’ajustement économétrique).

 


Comme le notent les experts de la BRI, l’expansion hypertrophique de la finance, ainsi mesurée, a eu un coût non négligeable, notamment pour des économies comme l’Irlande ou l’Espagne ayant connu une croissance économique forte avant la crise, mais essentiellement portée par la bulle du crédit immobilier dont on sait ce qu‘il en est advenu. Ainsi, sur la période 2005-2010, l’étude montre que si le poids du secteur financier n’avait pas poursuivi sa hausse mais était resté stable dans ces deux pays, la productivité du travail aurait alors beaucoup moins baissé, avec un différentiel (par rapport au scénario de la stabilité) de 0,6 point de pourcentage pour l’Espagne et de 1,4 point pour l’Irlande.        

Bien au-delà des résultats de cette étude, s’il est utile de rappeler qu’un système bancaire et financier efficace et régulé par les pouvoirs publics est indispensable au bon fonctionnement de l’économie réelle, alors force est de constater que le triomphe du capitalisme financier depuis le début des années 80 l’a détourné de son cœur de métier, pour servir en premier lieu les intérêts d’une oligarchie bien éloignés de l‘intérêt général, avec en sus les graves risques systémiques pour l‘économie mondiale que laisse encourir une finance dérégulée ayant pris le pouvoir sur……….le politique (3).


_____________________

(1) Pour accéder à cette étude, activez le lien suivant :  http://www.bis.org/publ/work381.pdf
(2) Consulter sur le sujet les travaux de référence de Thomas Philippon et Ariell Reshef :  http://pages.stern.nyu.edu/~tphilipp/papers/pr_rev15.pdf
(3) Lire le brillant article Le pouvoir de Wall Street d’Adrien Auclert : http://www.laviedesidees.fr/Le-pouvoir-de-Wall-Street.html

 

 

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16 juin 2013 7 16 /06 /juin /2013 17:24

 

Médiapart

 

 

 

Un reportage de notre correspondante à Athènes

Dans le studio central de NET, la chaîne d'information en continu, deux présentateurs s'entretiennent avec le journaliste politique qui suit Nouvelle Démocratie. Silencieux, caméramans et preneurs de son, casques sur les oreilles, s'assurent de la qualité de la retransmission. Un journal télévisé comme un autre ? Presque. Sauf que le travail que font actuellement les journalistes a été déclaré « illégal » par le gouvernement. Officiellement, l'audiovisuel public grec, ERT, n'existe plus depuis mardi soir : le groupe a disparu par décret en quelques heures, et avec lui, cinq chaînes de télévision, sept stations de radio nationales et 19 autres régionales. Mais certaines antennes bravent l'interdiction : les équipes de NET n'ont pas arrêté une minute de travailler. Le journaliste informe des dernières évolutions politiques : un timide geste de Samaras, prêt à rouvrir « une partie » de ERT, le refus des partenaires de la coalition, l'attente de la réunion des trois composantes du gouvernement ce lundi... Tout est encore en suspens, toutes les hypothèses sont évoquées. Un peu plus tard, le plateau est en duplex avec une autre journaliste, au cœur de l'orchestre symphonique de ERT qui se prépare pour le concert du soir : l'ensemble doit interpréter l'une des œuvres majeures de Theodorakis, Axion Esti.

 

Le studio central de NET, la chaîne d'information en continu qui fonctionne malgré l'interdiction du gouvernement. 
Le studio central de NET, la chaîne d'information en continu qui fonctionne malgré l'interdiction du gouvernement.© Amélie Poinssot

Infos en direct, invités politiques, figures de la société civile : les plateaux s'enchaînent, sans interruption. Le présentateur Fanis Papathanassiou sort de deux heures de direct : « Nous avions une eurodéputée Pasok en ligne pour savoir ce qui se dit du côté européen, et puis sur le plateau des juristes, des avocats, des journalistes... » C'est une ambiance de travail toute nouvelle pour ces journalistes, confinés auparavant dans une couverture très institutionnelle des événements : « Nous nous sommes libérés, nous n'avons plus personne au-dessus de nos têtes ! » On voit d'ailleurs revenir des visages qui avaient été bannis des chaînes publiques pour leur ferme opposition aux politiques d'austérité, comme l'économiste Yannis Varoufakis.

Dans les salles de montage, on s'active tout autant : les employés préparent des clips d'images d'archive. Ici les succès des sportifs grecs, là une rétrospective de Melina Mercouri... Une manière de rappeler la richesse du patrimoine constitué par le fonds d'archives d'ERT.

Mais de l'autre côté de l'écran, dans les foyers, il a d'abord fallu prendre son mal en patience. Le gouvernement a ordonné mardi soir la coupure du signal des émetteurs du mont Hymette, sur les hauteurs de la métropole, et la société DIGEA, qui gère les fréquences en Grèce, a obéi prestement. Peu étonnant, en réalité : ce consortium est formé par les six chaînes privées du pays, concurrentes de ERT (Skaï, Mega, Antena, Alpha, Star, Makedonian TV). À noter que d'après la législation européenne, les propriétaires des réseaux ne peuvent être les télévisions elles-mêmes. Mais ce n'est qu'une irrégularité parmi d'autres dans le paysage audiovisuel grec. Ces mêmes chaînes privées n'ont jamais payé les licences d'émission attribuées par l'État grec...


Dans le hall d'entrée de ERT. 
Dans le hall d'entrée de ERT.© Amélie Poinssot

Dans un premier temps, NET n'est visible que sur le canal analogique 902, contrôlé par le Parti communiste grec, mais la transmission est régulièrement brouillée. Puis, avec l'aide de l'UER, l'Union européenne de radio-télévision qui regroupe les chaînes publiques du continent – et dont le président est venu vendredi pour appeler le gouvernement à rétablir « immédiatement » le signal –, la chaîne d'information est transmise par satellite. Mais là encore, c'est le jeu du chat et de la souris : il faut changer régulièrement de faisceau pour capter la chaîne...

Autant dire que les équipes techniques ont travaillé d'arrache-pied pendant ces premiers jours. Au service Internet, Makis a passé une nuit blanche le premier soir. Après la coupure des transmissions, ce sont les lignes téléphoniques et le réseau Internet qui ont été coupés : le fournisseur d'accès de ERT, la société Forthnet, probablement soucieuse de bonnes relations avec le gouvernement a, elle aussi, obéi aux ordres. Les techniciens basculent alors sur un réseau wi-fi alternatif... Une heure plus tard, le site web du groupe s'effondre, victime de hacking. « Nous n'avions plus que les médias sociaux pour communiquer : comme dans une dictature ! Est-ce que tous les problèmes de ERT et la nécessité de la réformer justifient un tel black-out ? Mon père m'a souvent parlé de la Junte... Eh bien, je crois que c'est à mon tour de la vivre à présent, même s'il n'y a pas de tanks cette fois-ci. » Un tel black-out, de fait, n'a pas d'équivalent sur le continent. Même au moment de l'effondrement de la RDA, la transmission de la télévision n'avait pas été interrompue.

 

« Une forme d'Occupy contre les 1 % qui ne savent raisonner qu'avec des chiffres »

 

Réunion des syndicats, samedi 15 juin. 
Réunion des syndicats, samedi 15 juin.© Amélie Poinssot

Jeudi, avec l'aide de l'UER, la chaîne d'information NET apparaît en live streaming sur un nouveau site. Les webmasters continuent de se relayer, jour et nuit, pour alimenter les comptes sociaux. Et ressortent quelques perles sur Youtube, comme cette intervention, il y a un an, de Simos Kedikoglou, l'actuel porte-parole du gouvernement – celui-là même qui a annoncé la fermeture de ERT en quelques heures : « ERT est une propriété publique, la détruire serait favoriser des intérêts privés et étrangers (…) On ne laissera pas faire ça », déclare-t-il dans cet extrait vidéo.

Un autre site, ERTopen, est construit en vitesse : traduit en quatre langues, il relaie toutes les informations relatives à ERT depuis vendredi soir. « Notre but, explique Annita Paschalinou, aux manettes, est d'informer le monde entier. » La jeune femme relève toutes les manifestations de solidarité exprimées à l'étranger pour le maintien de l'audiovisuel public en Grèce. « Ce qui est frappant, c'est la solidarité qui naît entre nous, aussi. À travers cette mobilisation nous découvrons des collègues que nous ne connaissions même pas ! Pour moi, il y a quelque chose de révolutionnaire qui est en train de se passer : c'est une forme d'Occupy contre les 1 % qui ne savent raisonner qu'avec des chiffres. » D'autant qu'il y a là un paradoxe : ERT ne coûte rien à l'État. Financé par la taxe audiovisuelle – prélevée sur les factures d'électricité – et les recettes publicitaires, le groupe était autonome et ses comptes, bénéficiaires.

 

L'équipe de sécurité gère la surveillance du bâtiment de l'ERT. 
L'équipe de sécurité gère la surveillance du bâtiment de l'ERT.© Amélie Poinssot

Comme Annita, ils sont nombreux à n'appartenir à aucun parti politique, ni même au syndicat maison. Et à l'exception des plus hauts postes, la volonté d'opposer une résistance et de poursuivre le travail a été immédiate et unanime. Assemblées générales, constitution d'équipes thématiques, coordination horizontale, organisation de concerts avec les ensembles musicaux de ERT, diffusion d'un journal de grève avec les confrères de la presse écrite... Une occupation auto-gérée des lieux prend forme et les bénévoles sont nombreux à prêter main forte, notamment au sein de l'équipe « sécurité », chargée de surveiller le bâtiment et ses alentours. Dans un coin du hall d'entrée, Dimitris, un plan sous les yeux, coche les moindres coins où l'envoi d'un vigile est nécessaire. « Ce n'est pas tant par peur d'une intervention des MAT (l'équivalent des CRS - ndlr) que par peur de la provocation de petits groupes qui pourraient mettre en danger la mobilisation. » Dehors, la foule se presse autour d'une table ronde. Le Britannique David Harvey voit dans ce combat « une opportunité de ne pas laisser cette crise se transformer en gâchis complet : c'est une occasion pour créer des médias ouverts et libres, c'est un moment merveilleux. Continuez à être critiques ! » Applaudissements nourris de l'assistance.

Mais à l'intérieur du bâtiment, les yeux sont fatigués, les cœurs lourds. La mauvaise gestion de ERT ? Nikos Michalitsis, l'ancien directeur technique général, a plus d'une histoire à raconter. Pour commencer, lui-même a fait les frais des pratiques clientélistes de Nouvelle Démocratie que le parti dénonce aujourd'hui. En septembre, après huit ans de service, il est rétrogradé de directeur général à directeur. Puis, dix jours avant la fermeture de ERT, il est déchu de toute responsabilité. L'homme s'estime victime d'une vengeance personnelle : en 2010, il avait tenu tête à Kedikoglou qui voulait alors changer de contrat pour les antennes d'émission. « Il voulait signer un contrat avec une autre entreprise, des amis à lui bien sûr, et ERT allait devoir payer beaucoup plus cher », raconte l'ancien directeur technique général. « J'ai dénoncé également à plusieurs reprises des nominations d'incompétents, des embauches partisanes qui n'avaient rien à faire ici. Cela ne plaisait pas. » Nikos Michalitsis soupçonne en outre que ERT ne plaisait plus trop au gouvernement ces derniers temps. Plus critiques que les chaînes privées sur la politique d'austérité, plus fermes face à la montée néonazie : les chaînes publiques sont les seules à n'avoir jamais invité des membres de Aube Dorée sur leurs plateaux. Quelles que soient les motivations qui ont conduit à la fermeture de ERT, Nikos Michalitsis conclut, optimiste « Nous leur opposons une belle résistance. Face à l'écran noir de l'obscurantisme, nous diffusons la lumière et l'image de la démocratie. »

« Nous ne sommes évidemment pas responsables des dérives de ERT »dénonce de son côté Odin Linardatou, l'animatrice d'une des émissions phare de la chaîne, « Antapokrites » (Correspondants), et chef du service International. Avec vingt-sept ans d'ancienneté maison, cette journaliste émarge aujourd'hui à 1 200 euros par mois... « Évidemment qu'il y avait de gros problèmes à ERT. Moi j'étais favorable à la réforme proposée il y a un an et demi. Cela allait entraîner des licenciements, certes, mais il s'agissait de réformer sans interrompre la transmission ! » Surtout, pointe la journaliste, « il faut assurer l'indépendance politique de ERT ». Or le président actuel, Nikos Simos, est un proche de Nouvelle Démocratie.


Sans ERT, un paysage audiovisuel bien triste

 

Le siège de l'ERT, occupé. 
Le siège de l'ERT, occupé.© Amélie Poinssot

Si ERT est montrée du doigt aujourd'hui comme un exemple de mauvaise gestion, elle a en réalité déjà subi un important dégraissage. Cette entreprise publique de droit privé comptait 5 150 salariés (permanents et contractuels ou free-lance) avant la crise ; seulement 2 600 à la veille de sa fermeture. Certains dénoncent avec cette fermeture un plan préparé de longue date. « Plutôt que d'en faire un grand groupe médiatique, le gouvernement Samaras n'a cessé de le dégrader depuis son arrivée au pouvoir », constate Kostas Spiropoulos, l'ancien directeur général de la télévision. L'homme sait de quoi il parle : il avait négocié des contrats avec les plus grands groupes européens pour diffuser des séries et des documentaires à des prix défiant toute concurrence, parmi lesquels des séries britanniques de la BBC (« à un prix tellement bas que je n'avais pas le droit de le révéler »)... jusqu'à son licenciement, en décembre. Depuis, tous ces contrats ont été abandonnés.

La raison de son départ ? L'homme avait monté une coproduction avec Arte et une quinzaine de chaînes européennes autour du succès des séries turques en Grèce et dans les Balkans. Le projet a été taxé de « propagandiste » et le dossier de coproduction retoqué alors qu'il était passé, en toute transparence, par toutes les commissions habituelles. Kostas Spiropoulos dénonce une politique incohérente de bout en bout : lui-même, en tant que directeur général, a essayé de diminuer les coûts et notamment proposé, en septembre dernier, de fermer le magazine du groupe, qui présentait les programmes des différentes chaînes« À l'heure d'Internet, j'ai jugé que ce magazine, créé en 1970, n'avait plus trop de raison d'être. Kedikoglou m'a alors rétorqué : pas question, c'est une propriété publique ! » De même, le directeur général s'efforçait de réduire la taille des équipes de télévision sur le terrain pour la couverture de gros événements de type meetings politiques ou visites de chefs d'État. « Ce sont les partis eux-mêmes qui réclamaient une couverture maximale », lâche-t-il. En fin de compte, c'est ce virage qui agace tout le monde : « Nouvelle Démocratie avait une approche étatiste de ERT. Et maintenant, elle se présente comme libérale ! »

Le gouvernement est aujourd'hui coincé : il n'avait pas prédit une telle mobilisation du côté de la société. Car les chaînes de ERT étaient aussi très critiquées par le public, leurs émissions étaient inégales, et leur couverture des événements parfois superficielle. Elles publiaient in extenso les communiqués des partis politiques, se contentaient souvent, pour couvrir une actualité, de plateaux de commentateurs professionnels... Mais c'était aussi le seul média en Grèce à produire du documentaire. Sans ERT, le paysage audiovisuel grec apparaît bien triste : sur les chaînes privées, pas d'émissions culturelles, et des débats dont le niveau laisse à désirer.

En attendant la décision du Conseil d'État qui doit se prononcer, lundi, sur la constitutionnalité de la mesure, la mobilisation ne faiblit pas. Et ce, malgré un nouveau coup dur : alors qu'à ERT, les salariés sont normalement payés en deux fois, au 15 et à la fin du mois, vendredi, rien n'a été versé sur leurs comptes bancaires. 

 

L'arrivée des premiers exemplaires du journal des grévistes. 
L'arrivée des premiers exemplaires du journal des grévistes.© Amélie Poinssot

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