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13 mars 2012 2 13 /03 /mars /2012 17:42

 

http://peleran.over-blog.com/article-toujours-tout-droit-toujours-au-nord-101431572.html

Lundi 12 mars 2012


 

 Jeudi 08 mars 2012 :

   


On a beau me bouger, j’ai vraiment du mal à me lever. Je me décide enfin, lève ma tête, qui retombe aussitôt. Mon crane est vraiment trop lourd ! La soirée de la veille me revient en tête… ah oui, je comprends que ce soit si dur ! Une bonne partie des marcheurs sont déjà debout, beaucoup repliant leurs affaires. Sans sortir de mon duvet, ni de ma couverture, je range sans trop me lever les affaires autour de moi. Vint enfin la couverture puis le duvet. La tête lourde, je parviens à me lever. A part du thé et deux gâteaux, il n’y a plus grande chose à grignoter. C’est ça d’être une marmotte ! Tout en enchainant les verres de thés, je replace les affaires dispachées autour de mon vélo et les accroche sur celui-ci. J’ai enfin retrouvé l’organisation optimale entre les sacs, la carriole etc ! Tout le monde sort les affaires personnelles ou communes, les amène à la caravane puis nettoie les lieux. La queue se fait devant l’unique pièce WC/lavabo. Je sors mon attelage, et prend enfin le temps de fumer une clope.

 

Certains marcheurs s’impatientent : ceux-ci cherchent à marcher groupé, mais il est difficile de réunir tout le monde. Les piétons partent enfin, tournent à gauche à la sortie de l’allée, puis reviennent dans le sens contraire, s’étant aperçus qu’ils repartaient vers le sud. Le groupe est d’ailleurs accompagné de trois autres personnes, désirant faire l’étape avec eux. Aujourd’hui, je n’ai pas à transporter le repas de midi, car l’étape ne fait que 12 kilomètres, aussi, elle sera faite sans pause casse-croute. La route n’a vraiment pas l’air intéressante : la totalité du trajet se fait sur la même route que la veille, celle qui longe la nationale 10. Sachant que celle-ci est empruntée par tous camions filant vers l’Espagne, je vous explique pas comme c’est moche ! Bon, les camionneurs sont cool, nous klaxonnent et nous saluent, mais le paysage est peu varié : la grosse route, avec de part et d’autres les interminables champs de pins de la forêt des Landes (qui sont certes très beau), sauf lorsque ceux-ci sont coupés, ce qui fait un oasis de sable dans un désert de verdure. Les voitures partent ensuite : celle avec la caravane devant aller nous attendre à Castets qui est le prochain bourg d’étape, et celle devant aller faire la diffusion dans les prochains lieux (coller des affiches, distribuer des flyers, etc…). Tant qu’à moi, je reste posé devant la salle à présent fermée, à taper mon article sur la journée de la veille. J’allume ensuite mon téléphone, donne quelques coups de fil pour les nouvelles, puis l’éteint. L’expérience du voyage en Italie, de A à Z sans insu-portable, m’a converti au bonheur de vivre sans, ou en tout cas d’être joignable juste quand ça me chante. Je l’allume donc 5 minutes par jour, quand j’y pense.

 

Petit café au soleil, sur la terrasse d’un restaurant d’ouvriers, avant de repartir. Je grimpe sur mon mini semi-remorque et reprend la route de Castets. La description ci-dessus était en fait bien gentille vis-à-vis de ce qu’étais véritablement cette étape : le summum de l’horreur en paysage est là! Non seulement la nationale et ses poids lourds, non seulement les régiments de pins bien alignés, mais voilà que la nationale est en travaux ! C’est donc tout un décor d’engins à racler, retourner, creuser, abimer et dénaturer la terre que j’ai le bonheur de longer, avec pour  accompagner une poussière passant sous jusqu’à sous mes lunettes de vélo pour me faire pleurer les yeux. Les camions doivent être super contents de voir qu’on leur agrandi le passage pour qu’ils puissent venir toujours nombreux ! C’est ça la croissance ! Et ça construit une aire, sans oublier la belle station essence, des ponts, etc… Lorsque je crois enfin être sorti du nuage de poussière, j’apperçois au loin, devant moi, à au moins deux kilomètres, de nombreux gyrophares. Je me demande ce que c’est, jusqu’à les croiser : une quinzaine de gros tracteurs m’envoient tout un tas de graviers et de poussières en me croisant.

 

Je rejoins les derniers marcheurs à l’entrée de Castets, et la tête de groupe juste avant d’arriver à la caravane. Je croise tout le monde en chantant « Hip Hip Hip Héo », le fameux cris de joie (et non de guerre) de la marche d’Athènes, puis les devance juste devant la caravane. Une table pour le repas de midi est dressée, et une fois tous les marcheurs arrivés, on assiste à un bourdonnement d’affamés autour de celle-ci. Nous nous posons ensuite par terre, à savourer la chaleur d’Apollon (ou Ré, selon la religion). Les commentaires se font sur cette étape vraiment désagréable malgré le peu de kilomètres. Je m’allonge sur le bitume, la tête sur un sac à dos et souffle dans mon harmonica un bon moment. Le groupe se motive ensuite pour bouger au gymnase que la mairie nous a ouvert. Je reste quelques instants supplémentaire, me retrouvant engagé avec un couple affilié Front de Gauche, dans un débat concernant l’utilité du vote.

 

Gaëlle et moi nous rendons au complexe sportif. Il s’agit d’un grand parc avec deux terrains de tennis, un terrain de foot/rugby avec des gradins à coté, un skate park tout au fond et d’autres installations, plus le gymnase où nous devons passer la nuit. J’entre dans le bâtiment, où la plus part des marcheurs sont déjà installés. Je pose mon vélo contre un gradin, m’allonge sur cette même estrade, rabaisse la visière de ma casquette sur mes yeux et m’endors une bonne heure. C’est le froid de la salle qui me réveille vers seize heure. La salle est un peu plus marquée par notre installation que lorsque je me suis assoupi : les sacs ont été sortis de la caravane, de même que les cagettes avec la nourriture, et les panneaux de renseignements. J’aperçois Vincent qui est revenu de l’hôpital. Il est plutôt énervé à cause d’un problème avec la voiture qui devait venir le chercher. Il est donc venu en stop. C’est sûr, c’est pas génial après une nuit chez les toubibs ! Je me mets ensuite à chercher un endroit plus confortable pour dormir que mon gradin en plein courant d’air. Je déplace donc mon vélo jusqu’au fond du gymnase, et trouve derrière une estrade un coin plutôt calé entre le cette dernière et le mur. J’y installe mon tapis de sol, mon matelas, mon duvet et la couverture. Le gymnase est apparemment équipé de douches bien chaudes. Je profite alors de l’occasion, et reste même un certain temps à profiter de ce luxe. Tout propre et tout brillant, je rejoins Alejandra, Dani, Javier et Christo en train de se dorer au soleil. J’y reste quelques temps. Eva arrive avec deux camarades indignés. Puis, la fatigue revenant, je repars derrière mon gradin et m’y endors.

 

_MG_2453.JPGC’est les cris appelant à l’assemblée interne qui me ramènent à la réalité. En ouvrant les yeux, j’ai l’horreur de voir qu’il est vingt-deux heures trente. Je viens de me faire cinq bonnes heures de sommeil d’affilé ! Je rejoins le groupe se regroupant, et tout le monde est surpris de me voir réapparaitre. On me cherchait partout, personne ne savais où j’étais. Malgré mon énorme vélo devant l’estrade, j’étais apparemment bien caché. Les débats débutent ensuite, concernant l’organisation pour Paris, Bordeaux, les prochaines étapes et pour discuter des problèmes survenus dernièrement. Après l’assemblée, Yannick, Eva et un de ses deux compagnons nous quittent, devant nous rejoindre prochainement. J’improvise un combat de coq (entre humains) avec Adrien. 3 – 0 pour moi ! Minuit passé, je choisis quelques photos prise par Gaëlle pour l’article précédent. Je me pose ensuite sur ma couche, attendant la clé internet d’Edouard pour poster sur le blog. En attendant, Javier, Dani et Vincent me rejoignent derrière mon gradin pour partager à fumer et discuter, tantôt en Français, tantôt en Castillan. Vers deux heures et demi, alors que tout le monde part se coucher, j’obtins enfin la clé 3G. Je me connecte, finis la mise en page de l’article et le poste enfin. Quelques minutes à prendre la température du web, puis je repars enfin dans mon lit. Heureusement que j’ai fait mon énorme sieste, car il est quatre heure du matin passé, et il me reste que trois heures à dormir!

 

Vendredi 09 mars 2012 :


Il est huit heure et quart du matin lorsque Adrien réveille tout le monde en courant affolé. Nous devions commencer à nous bouger à sept heure et demi, car nous devons rendre la salle à neuf heure et quart, hors personne n’est levé. Ce n’est donc pas le moment de trainer dans le duvet. Je me motive pour me lever, et pour une rare fois, me retrouve un des premiers debout (c’est depuis un jour historique) ! Bref, rangement, nettoiement, glandoiment pour certains, et on se retrouve tous au soleil, le gymnase libéré et propre. Edouard et Esmeralda, se chargeant de la trésorerie vu que Yannick est parti, me donnent dix euros pour combler le déficit de nourriture du pic-nique des marcheurs.

 

La Marche se motive peu de temps après. Je roule jusqu’à la place centrale du bourg pour chercher une épicerie. Un villageois m’informe qu’il n’y en a pas, mais que je peux trouver une grande surface à deux kilomètres au sud. La flemme de bouger en arrière, je fais donc l’essai de voir ce que peut m’apporter de bon la boucherie du village. Je laisse passer les deux clients devant moi, puis lorsque mon tour vient, je donne un tract au boucher, tout en lui expliquant la marche, ses buts, ses revendications etc… Au même moment, les marcheurs passent devant la vitrine, ce qui fait une belle image de fond pour un exposé. Bref, le tout enveloppé de pas mal de parlotte, je demande au boucher s’il n’a pas quelques choses qu’il risque de jeter bientôt, au dont il veut se débarrasser. L’homme sort deux pâtés de sa vitrine et un joli petit saucisson de forme pavé. Il me les emballe, accompagné d’un « ça, c’est cadeau » ! Je lui prends ensuite un morceau de fromage et une barquette de carottes rappées pour nos deux végétariens (qui pour l’instant n’ont pas été trop gâtés tellement nous consommons principalement de la charcuterie le midi). Il ne me fait payer que le morceau de fromage, cinq euros. Voilà de belles courses ! Je remercie mille fois le boucher, puis passe prendre une baguette supplémentaire pour le repas et une canette que je paie de ma poche.

 

 Je laisse les marcheurs prendre pas mal d’avance, et me pose au soleil, contre un pin une bonne demi-heure. Je suis censé leur apporter le repas à Naboude, soit au douzième kilomètre. Le temps est bien chaud grâce au soleil qui brille de tous ses feux dans le ciel uniformément bleu azur. Je remercie la nature de nous accorder tant de bienveillance dans les premiers pas de notre périple. Pour la saison, avoir le soleil comme allié est une aide incomparable ! Je remonte sur mon vélo au bout de pas mal de temps. La route départementale, filant vers le nord, est tranquille et sans voiture. Je longe les rangées de pin alignés, puis une grande clairière allant jusqu’à la nationale s’éloignant vers le Nord-Est. Je perçois le toit des camions, et mieux encore l’interminable ronronnement de leur moteur. Je ne regrette pas de ne plus longer leur couloir de transit. Sur la route, je lis une première fois « Indignés », écrit à la bombe, puis « Indignész vous », le s ayant été barré puis remplacé par un z. Je trouve que ces inscriptions discréditent notre marche. Je leur en dirais deux mots en les rattrapant. Quelques voitures me croisent dans les deux sens. Une fourgonnette de la gendarmerie me croise en sens inverse. Je la regarde s’éloigner dans mon rétroviseur, jusqu’à ce qu’elle fasse demi-tour, et revienne vers moi, le girophare allumé. Allez ! C’est pour ma gueule ! J’enlève mon casque audio, le véhicule me dépasse, un des flics me faisant signe de m’arrêter. « Il y a un problème messieurs » ? Apparemment, aucun, mais ils veulent quelques renseignements. Ils me demandent tout d’abbord si je fais partie du groupe de marcheurs un peu plus loin. Devant mon approbation, ils me posent pas mal de question : quelles sont nos revendications, quand sommes-nous partis de Bayonne, quand arrivons nous à Paris, où dormons nous ce soir, le soir d’après, combien sommes-nous etc… Mes réponses sont précises, évasives, voir « je ne sais pas », selon ce qu’il me semble le mieux à répondre. Mais les deux gendarmes sont tranquille, ne me font pas de contrôle d’identité, et me font surtout la réflexion vis-à-vis des inscriptions sur la route. Je leur réponds que personnellement, je suis d’accord avec eux, et qu’habituellement, nous les faisons à la craie. Nous passons en tous environ cinq minutes à discuter. Les gendarmes remontent ensuite dans leur fourgon et me klaxonnent avec un salut amical en me doublant.

  _MG_2486-copie-1.JPG

Je rejoins les marcheurs cinq bornes plus loin, à mi-chemin de l’étape. Le groupe ayant faim, nous décidons de nous arrêter. Un champ défriché avec quelques billes de bois en tas nous accueil pour le pique-nic. Nous partageons la charcuterie, le fromage et les carottes rappées du boucher. Discutions sur le paysage, les flics, Kiwi en dessert, clope en digestif, puis petite pause avant de repartir, sauf pour moi, car je reste sur place encore un peu pour profiter du coin tranquil.

 

_MG_2507.JPGJe retrouve les marcheurs de nouveau à l’entrée du village d'Uza . Les marcheurs sont motivés pour se poser un peu au bord d’un étang. Nous nous posons dix bonnes minutes, durant laquelle je coupe une branche de chataigné, que je commence à tailler. L’envie me prends d’en  faire un drapeau que j’accrocherai sur mon vélo, comme j’en avais le projet depuis quelques jours. Je décide de plus de faire une petite sculture en son sommet. Durant ce temps, Adrien patauge dans l’étang. « Elle est bonne ? » qu’on lui demande ? « Oui » qu’il répond. Alors, Cyril, sous un coup de motivation digne de Rahan se jette nu dans l’étang ! Sauf que l’eau était surement bonne en surface pour se tremper les pieds, mais se pour se baigner, c’est autre chose ! Après avoir bien tremblé dans l’étang, il ne tarde pas à regagner la berge ! Après un moment de réflexion, je trouve enfin une petite idée de sculture. Les autres me demandent si c’est un pieu pour empaler un flic, ou un harpon pour pêcher dans l’étang. Je réponds oui à toutes les suppositions. Puis la Marche se remet en route, mais je suis trop motivé par mon idée subite que je désire la finir avant de bouger. Le prospectus de la marche sous les yeux, mon opinel apporte la forme voulue à mon bout de bois. Un arrondi sur le haut, une fente en dessous, j’enlève un bout par ci, par là… Au bout d’une demi-heure, Voilà donc mon bout de bois coiffé d’un bonnet Frigien, sous laquelle Marianne, portant son bandana de contestation est prête à en découdre avec ses ennemis actuels!

 

Pour ne pas changer, je rejoins à nouveau les marcheurs à l’entrée du village d’étape, St Julien en Born. Je les dépasse, trouve la mairie, la contourne, et rejoins le campement. Je ne cherche pas trop à comprendre pourquoi ça gueule, et repart voir si les marcheurs ne vont pas se perdre dans le village. Ils arrivent tout seul, Adrien connaissait la route, nickel ! Après cela, je m’occupe de finir mon drapeau. Je coupe un bout de drap, et trouve une technique pour l’accrocher facilement sans risque qu’il s’abime (du moins j’espère). Cyril et Gaëlle me rejoignent dans mon art, lui pour se faire un drapeau, elle pour écrire sur son dossard. Je marque sur mon drapeau en bleu la tente dans le cercle, avec le slogan en dessous « Toma la Calle », à côté « Désobéissance Civile » en noir, et en dessous des deux, en rouge « Marche Bayonne-Paris 2012 ». Plutôt content de mon travail, je le montre à quelque uns. On me conseil de peindre la Marianne, pour plus de clarté. J’hésite, je verrai plus tard. En attendant, je me bois un verre de soupe bien chaud qui a été faîte, puis comme elle ne descend pas trop, j’en reprends un second, puis un troisième. Pour nous installer, la mairie nous octroie juste un bout de terrain sur le bord du terrain de foot. Nous avons donc alignés les tentes d’ouest en est, sur une seule ligne. Je place la mienne tout au bout de la rangée, côté est, afin d’avoir la chaleur du soleil dès son levé le lendemain. Je me pause ensuite devant ma tente, sur la petite chaise pliante, et joue de l’harmonica, en regardant les étoiles s’allumer. Dani vient se poser à lire à côté de moi afin de profiter de mes petites mélodies. Puis, morts de froids, nous regagnons l’intérieur de nos tentes respectives. Avec un album de Didgeridoo/percussions en fond sonore, je passe une heure à taper le début de ce texte (une heure à tapée correspond à une demi-journée narrée). Mais la flemme d’écrire se faisant de plus en plus forte, je m’arrête. N’ayant vraiment pas la motivation pour sortir de ma tente, je me choisis un film. « Le Cercle des Poêtes Disparus », me plait carrément comme titre de film, je le lance donc. Très bon choix ! Je le conseil à toutes les âmes libertaires ! Hélas, ma batterie cède avant la fin, c’est donc en grand suspens que j’éteint mon ordi. Je sors faire un tour, voir ce qu’il se passe dehors. Plus grand-chose : Esmeralda et Adrien discutent devant la caravane. A l’intérieur de celle-ci, Javier, Dani, Christo et Cyril sont encore éveillés. Je passe un moment avec eux, Esmeralda nous rejoint, puis je regagne ma tente et ne tarde pas à dormir.

 

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13 mars 2012 2 13 /03 /mars /2012 17:36
AUTANT VOUS LE DIRE – Actualité Lens – La Voix du Nord

Via Scoop.itMarches Paris 2012


 

Des Indignés à Lens Il y a les objecteurs de croissance qui s’engagent (calmement) dans la course aux législatives et il y a les Indignés du Nord-Pas-de-Calais qui entendent dénoncer « la prochaine mascarade électorale de la présidentielle ». Un appel a été lancé pour une marche entre Lille et Paris, soit 261 kilomètres. L’idée est de mener des assemblées populaires et de débattre sur un changement radical de société. Un petit groupe devrait donc traverser notre contrée autour du 24 mars. Vous êtes prévenus !


Via www.lavoixdunord.fr

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13 mars 2012 2 13 /03 /mars /2012 17:31

 

Manifeste des Indignés et Indignées de Lille (version 1.0)

Voté au consensus à l’AG des indigné-e-s de Lille le 9/3/2012


Pour une Démocratie Réelle, Maintenant !

** Nous sommes **

Nous sommes un mouvement mondial, politique, apartisan, sans leader ni porte parole, non violent mais néanmoins combatif. Citoyen-e-s de tous âges, de toutes nationalités, de toutes origines sociales et culturelles, nous nous rassemblons pour exercer notre droit à la liberté de réunion, de contestation et d’action.

2011 fût une année charnière : une vague de révoltes mondiale a déferlé en Tunisie, Égypte, Syrie, Maroc, Yémen, Espagne, Grèce, Italie, Portugal, USA, Chili, Chine, Inde, Russie… Dans la continuité des mouvements espagnols et grecs des 15 et 25 mai 2011, et des mouvements «Occupy» commençant le 17 septembre 2011 aux USA, des millions d’indigné-e-s luttent de par le monde, pour une “Démocratie Réelle Maintenant”, et afin que les peuples puissent construire de nouveaux modèles de société, justes et dans le respect de l’humain et de l’environnement.

Indigné-e-s par le manque de perspectives politiques pour les peuples, à contre-courant de l’individualisme ambiant, nous nous réapproprions l’espace public en y organisant des assemblées populaires, lieux d’expérimentation d’une démocratie directe et participative. Nous invitons chaque citoyen-ne à y assister, à venir s’exprimer ou écouter, débattre et proposer les solutions de demain.

** Nous refusons **

Nous refusons de nous voir imposer un modèle économique de productivité à outrance où règnent une compétition mondialisée, la corruption, l’exploitation et la culpabilisation des travailleurs, les destructions environnementales, la guerre et la traque des illégaux.

Nous refusons de voir le rentable sacralisé au détriment de l’humain. Nous dénonçons les méfaits, dysfonctionnements et injustices imposés par le monde financier et politique, qui gouvernent le monde aujourd’hui sans écoute ni respect pour l’être humain et son environnement.

Nous refusons de voir notre vie prise en otage par des états et des banques irresponsables, de croire à des discours absurdes prétendant que la création de richesse passe par l’endettement et la croissance, lesquels ne visent qu’à renforcer l’asservissement par l’argent, l’accroissement des profits, l’individualisme, le pillage des ressources non-renouvelables, le gaspillage organisé, et l’industrie de la guerre.

Nous refusons d’assumer des dettes illégitimes car contractées en dépit de l’intérêt collectif par des élus corrompus, marionnettes de la grande finance internationale. Ces oligarches se refusent à toute baisse même symbolique de leurs revenus, alors que dans le même temps, ils exigent de plus en plus d’efforts de la part des peuples et les soumettent à la volonté des riches et des banques, par centaines de millions et pour plusieurs générations.

Nous refusons de voir nos droits sociaux, acquis de haute lutte par nos parents, démantelés sur l’autel de la compétitivité. Nous n’acceptons pas de savoir qu’aujourd’hui en France, cinquième puissance économique mondiale, plus de 8 millions de français vivent sous le seuil de pauvreté, ni que dans le monde, 1 milliard d’humains vivent dans la pire des misères.

Nous refusons que pour maintenir ce système, nos libertés individuelles et nos droits fondamentaux se voient bafoués par la dictature du tout sécuritaire, de la répression policière, de la désinformation médiatique, du développement planifié des fascismes et de l’extrême droite, ayant pour conséquence l’instauration d’un climat anxiogène, de la division, de la peur et de la haine entre les citoyen-ne-s.

** Nous rêvons **

Nous rêvons d’un monde de paix, d’égalité, de richesses partagées, où les humains et les idées circuleront librement.

Nous rêvons d’un monde convivial où les fruits de notre travail participeront au bien être individuel et collectif, à la liberté et à la solidarité, sans misère organisée, sans exploitation, ni oppression, ni destruction, ni surconsommation.

Nous rêvons d’une éducation populaire, pour toutes et tous, visant à développer le sens de l’humanisme, le sens critique et créatif. Une éducation qui suscitera un profond désir de liberté, car c’est le moyen pour les peuples de comprendre le monde dans lequel ils évoluent et d’acquérir les moyens véritables de leur émancipation.

Nous rêvons d’un monde où nous aurons réussi à neutraliser le complexe militaire, industriel et financier qui ravage les peuples et leur environnement.

Nous rêvons d’un monde où tous ensemble, unis, nous saurons imposer cette vision politique.

** Nous exigeons **

Considérant que l’état dit de démocratie représentative entretient des oligarchies politiques, médiatiques, intellectuelles, militaires, industrielles et foncières, qui confisquent de fait aux citoyens et citoyennes le pouvoir de décider de leur destin politique,
nous exigeons que soient convoquées des assemblées constituantes citoyennes dont le but sera de définir un système politique visant :
– à rendre le pouvoir au peuple par le biais de consultations populaires permanentes, garantissant l’égalité de chacun-e dans les processus de réflexion et de décision,
– à ce que la participation aux processus de décision soit libre et ouvert à toutes et à tous, aux niveaux locaux aussi bien que globaux,
– à garantir que jamais le pouvoir ainsi acquis par le peuple ne puisse lui être retiré, notamment par la représentativité, l’autocratie et le rétablissement d’ordres hiérarchiques.

Considérant que les principales cause d’oppression de l’humain dans le monde capitaliste sont le rapport salarial, le rapport marchand, le travail forcé, le remboursement contraint de dettes illégitimes publiques et privées, ainsi que la misère organisée,
nous exigeons que soit établi un salaire citoyen à vie, inconditionnel et universel, satisfaisant aux besoins physiques et psychologiques, à la dignité de chaque être humain, et visant :
– à éliminer le chômage, le travail forcé, l’exploitation salariale, et à transformer radicalement notre rapport au travail,
– à ne plus nous rendre dépendants d’emplois nous réduisant en esclavage au profit des exploiteurs,
– à ce que la création de richesse soit universellement socialisée et également partagée.

Considérant que la possession de biens de luxe est la jouissance de l’extrême minorité exploitante, et que leur acquisition se fait toujours au détriment de ce qui est nécessaire pour la majorité des humains,
nous exigeons que les plus hauts revenus soient strictement limités à l’échelle mondiale, et que les 2% d’humain les plus riches en terme de possessions financières, industrielles et foncières, soient immédiatement expropriés à hauteur de 20% de leurs biens, ceci visant :
– à limiter immédiatement les profits galopants des plus riches, à abolir à terme la propriété privée des moyens de production ainsi que l’exploitation du travail d’autrui, pour en finir avec le « faire pour les riches », et le « faire faire par les pauvres »,
– à généraliser les coopératives ouvrières sur les lieux ainsi réappropriés pour le peuple, ce qui garantira le développement local de la démocratie directe et de l’autogestion, le partage rigoureux et collectivement consenti des richesses produites, ont ainsi l’égalité entre les travailleur-e-s,
– à répondre aux revendications des « Sans Terres » et à rétablir une agriculture vivrière mondiale, écologique, propre à nourrir l’ensemble de l’humanité tout en préservant les écosystèmes, les ressources vitales (terre, eau, air) et chaque organisme vivant sur notre planète.

Considérant que la limitation de circulation des humains sur terre crée une ségrégation entre les plus riches et les plus pauvres, entraînant la violence aux bordures des empires et dans les ghettos, et impliquant la surveillance policière des exclus et des pauvres, ainsi que la protection armée des propriétés et villégiatures des plus riches,
nous exigeons la libre circulation des citoyens dans le monde entier, ainsi que la limitation et le contrôle strict de la circulation des minerais, marchandises et des capitaux, ceci visant :
– à ce que chaque citoyen puisse avoir la liberté de découvrir les différentes cultures sur terre, et à permettre un échange et un mélange harmonieux entre les peuples,
– à ce que les frontières entre les pays ne soient plus des lieux de guerres mais de rencontres,
– à éliminer les commerces et trafics d’armes, de drogues et d’humains, ainsi que l’évasion fiscale, qui forment les piliers du capitalisme mondialisé,
– à ce que les marchandises ne parcourent plus des distances absurdes autour du monde, et que les lieux de production et de consommation soient les plus proches possibles.

Considérant que les militaires, leurs dirigeants et leurs armes entretiennent le premier commerce du monde, USA, Russie, France et Angleterre en contrôlant les deux tiers, et qu’ils ne servent qu’à semer la mort et la destruction pour le contrôle des peuples et des ressources de notre planète,
nous exigeons le démantèlement universelle et immédiat des armes et de leurs usines de production , ceci visant :
– à l’abolition de l’armée, du mercenariat, et de la guerre, soit du plus grand effort et du pire fléau affligé à l’homme par l’homme,
– à ce que soit libérée l’énorme masse de travailleurs contraints de participer à ce travail mortifère, à ce que les soldats du monde soient affranchis de leur tâche aliénante et inhumaine, et à ce que les petits et grands chefs de guerre soient enfin réduits à l’impuissance,
– à ce que l’ensemble des moyens militaires restant soit mis à disposition d’une logistique civile de redistribution mondiale et de répartition des biens élémentaires, de développement des infrastructures vitales, et d’aides immédiates aux populations en cas de catastrophes environnementales.

Considérant que la volonté guerrière, la logique productiviste, les excès de la société de consommation et le goût du luxe provoquent d’irrémédiables dégâts sociaux et environnementaux — au rythme d’extinction actuel, 40 % des espèces sont amenées à disparaître d’ici la fin du siècle, 75 % d’ici 300 ans – et mettent en péril la survie même de l’humanité,
nous exigeons un contrôle démocratique et universel de l’ensemble des choix et stratégies industrielles ainsi que du développement des infrastructures urbaines et agricoles, ceci visant
– à préserver les ressources écologiques qui peuvent encore l’être et dont la destruction peut facilement s’avérer fatale à l’humanité,
– à protéger les sols et les écosystèmes des pollutions chimiques et de l’érosion provoquées par l’agriculture intensive, les monocultures, les OGM, les pollutions militaires liées notamment aux munitions radioactives, mais aussi par l’urbanisme, les transports, le traitement des déchets, et protéger ainsi les populations de l’ensemble de ces pollutions mortelles, mutagènes et cancérigènes, aujourd’hui massivement répandues dans l’environnement,
– à enrayer les phénomènes d’intenses variations climatiques provoquant d’ores et déjà d’importants cataclysmes, ouragans, désertification, montée du niveau des océans, et limiter la catastrophe humanitaire annoncée que sera la migration des centaines de millions d’humains touchés.

Considérant que la misère, la compétition et la domination, l’individualisme et l’égoïsme tendent à nous isoler les uns des autres, génèrent le stress et la folie, la haine et la violence, nous contraignant ainsi à réaliser pour survivre les tâches les plus inhumaines, dégradantes et dangereuses,
nous exigeons le développement d’une éducation universelle visant :
– à favoriser le savoir vivre ensemble, le sens de l’égalité et de la coopération, le sens de la liberté individuelle et collective, le respect, l’écoute, la curiosité, la découverte de soi et de l’autre,
– à construire une société conviviale et festive substituant à l’aliénation du travail productif le droit à l’oisiveté et au temps libre, l’improvisation, la joie de vivre, l’émancipation,
– à cultiver les savoir humains fondamentaux, construction et ingénierie civile, agriculture et écologie, médecine et sciences, philosophie et arts, permettant de faire soi même et de faire ensemble,
– à développer nos moyens d’analyser le monde et de développer notre esprit critique, nous permettant de jouer pleinement notre rôle de citoyen responsable dans la société.

** Révoltons-nous **

Nous, les indigné-e-s manifestons notre révolte. Nous sommes réalistes et bien conscients des injustices de ce monde. Nous sommes conscients qu’on ne peut pas espérer voir la situation politique et économique s’améliorer si l’on ne procède pas rapidement à un changement radical de notre société. Laissés pour compte, sans droits, sans emplois, retraités, lycéens, étudiants, précaires, ouvriers, employés, petits entrepreneurs, travailleurs indépendants, cadres, professeurs, agriculteurs, penseurs et rêveurs, philosophes et bidouilleurs, artistes, routards, migrants, policiers et militaires qui voudront déserter, petits maîtres qui abandonneront leurs petits pouvoirs, utopistes de toutes nations, ceci est notre appel : UNISSONS NOUS ! RÉVOLTONS NOUS !

Les Indignés/Démocratie Réelle, Maintenant !/Mouvement du 15 Mai 2011, Lille, le 9 Mars 2012.

 


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13 mars 2012 2 13 /03 /mars /2012 16:04
Par Mathieu Molard
journaliste multimédia

 

Dimensions militaires, financières, religieuses... et soutien à l'Iran se cachent derrière la posture de Moscou.

 

 

 
in   
 

M. Lavrov a lui insisté sur le fait que son pays ne "protégeait aucun régime". "Nous protégeons le droit international", a-t-il dit. (c) Afp

M. Lavrov a lui insisté sur le fait que son pays ne "protégeait aucun régime". "Nous protégeons le droit international", a-t-il dit. (c) Afp

Lundi 12 mars, la Russie, par l'intermédiaire de son ministre des Affaires étrangères, a renouvelé son appel à la fin des violences en Syrie "d'où qu'elles viennent". Sergueï Lavrov a, par ailleurs, assuré de son soutien la mission de l'envoyé de l'ONU et de la Ligue arabe en Syrie, Kofi Annan, qui se trouvait à Damas samedi dernier. Le même jour, Russes et Arabes avaient cosigné une déclaration en cinq points : "mettre un terme à la violence en Syrie indépendamment de son origine", créer un mécanisme de contrôle d'une possible transition, organiser l'acheminement de l'aide humanitaire, soutenir la mission de Kofi Annan. Dernier élément: rappel du principe de "non-ingérence" dans les affaires syriennes.

La Russie sait Bachar al-Assad condamné

Si, implicitement, le Kremlin reconnaît ainsi une possible transition en Syrie, il reste le principal opposant sur la scène internationale à toute intervention. Lavrov a répété devant les Nations Unies qu'il ferait obstacle à toute résolution qui ne renverrait pas dos à dos les deux parties. Pour André Filler, maître de conférence à l'université Paris 8, la Russie sait la chute de Bachar al-Assad inéluctable. "Ils espèrent désormais que le régime tombe naturellement. Si les Russes freinent des quatre fers sur le dossier syrien, c'est d'abord que le pays revêt un enjeu stratégique majeur. Le port de Tartous, dans lequel stationne une trentaine de navires russes, est leur seule ouverture sur la Méditerranée mais aussi la seule base militaire russe en dehors de l'ancienne Union Soviétique". "Les navires qui y sont stationnés sont anciens et en très mauvais état", nuance Julien Nocetti, chercheur associé au sein de l'Institut Français des Relations Internationales

La Syrie, un enjeu stratégique

Mais l'enjeu est symbolique : depuis quelques années la Russie tente de réaffirmer sa position dans la région, prépondérante sous l'aire soviétique. En 2005, Vladimir Poutine a décidé d'effacer 70% des 12 milliards de dollars de la dette syrienne contractée vis-à-vis de la Russie. En 2007, nouvelle étape dans le rapprochement, Damas et Moscou ont signé un contrat important portant sur l'achat d'armement, notamment des missiles sol-air. Dans un communiqué publié le 10 mars 2012, le Conseil National Syrien a annoncé qu'il n'assumerait pas, en cas de prise de pouvoir, les engagements signés par le "gouvernement illégitime". Un contrat d'armement qui s'inscrit dans une politique globale de réinvestissement économique du pays. Lukoil, premier producteur russe de pétrole, a réalisé de nombreux investissements dans le pays, riche en gaz. Au total, les investissements russes en Syrie avoisineraient les 20 milliards de dollars.

Conflit diplomatique avec les pays du Golfe

Comme dans d'autres pays de la zone, la Russie est en concurrence avec la Qatar et l'Arabie Saoudite, ce qui entraine parfois des tensions diplomatiques fortes. A la fin novembre 2011, l'ambassadeur de Russie au Qatar avait été roué de coups par des douaniers. "L'émirat avait proposé plusieurs dizaines de milliards de dollars contre le soutien de la Russie à une intervention en Syrie" explique Julien Nocetti. Le Kremlin soupçonne les deux pays du Golfe de financer des camps d'entraînement islamistes en Tchétchénie. "Ils pensent que les Occidentaux sont naïfs vis-à-vis de la question religieuse en Syrie. Ils craignent un risque de libanisation dans le pays", ajoute-t-il.

L'enjeu religieux 

Le régime Baassiste de Bachar al-Assad est jugé tolérant vis-à-vis des différents courants religieux. Le Kremlin peut ainsi se placer en protecteur des chrétiens d'Orients, comme en témoigne la récente visite du patriarche Cyril, sans pour autant froisser les 15 millions de musulmans russes. Selon André Filler "les musulmans interpréteraient une intervention militaire comme une attaque de l'Occident contre un pays majoritairement musulman", et ce, même si c'est pour soutenir une rébellion plus traditionaliste sur la question. Alors qu'il est contesté dans son propre pays, Vladimir Poutine ne peut se mettre à dos cette communauté qui a massivement voté pour lui.

La Syrie pour préparer l'Iran

Même si la Russie n'a pas intérêt à voir tomber Bachar al-Assad, elle semble s'être faite une raison. Si, pourtant, elle maintient un soutien fort sur la scène internationale, au risque de se mettre à dos certaines puissances internationales, c'est qu'elle envisage le jeu diplomatique actuel comme une répétition générale de ce qui pourrait se passer en Iran. Pour André Filler, "la chute du régime syrien affaiblirait fortement l'Iran et renforcerait les États-Unis". Et si les investissements russes sont importants en Syrie, ils sont colossaux en Iran. Lukoil a déclaré vouloir transférer, à terme, 25% de sa production de pétrole en Iran.

 

Par Mathieu Molard
journaliste multimédia


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13 mars 2012 2 13 /03 /mars /2012 15:43
Médiapart - Mardi 13 Mars 2012 à 05:00
Yianis Makridakis - Tribune

 

Yianis Makridakis est écrivain. Ayant un sentiment de profonde gratitude et de respect envers les citoyens français, il a voulu leurs adresser cette lettre, à travers Marianne2, pour les informer de ce que la Grèce vit réellement aujourd'hui. Son but, « éviter l'assaut des régimes totalitaires des marchés en Europe afin de pouvoir enfin créer une Union Européenne des citoyens et des personnes ».

 

(Paris : manifestation de soutien pour les grecs - SEVGI/SIPA)
(Paris : manifestation de soutien pour les grecs - SEVGI/SIPA)
Chers Français et concitoyens Européens,

Je m'adresse à vous, pas seulement grâce à votre tradition démocratique et à vos combats pour les droits de l'homme, mais aussi parce que votre pays, et certains Français illuminés du passé, comme Octave Merlier en 1945, ainsi que beaucoup d'autres personnalités à la fois célèbres et anonymes se sont précipités pour soutenir et aider les citoyens grecs et les combattants de la résistance dans les moments historiques de la guerre civile (1946-1949) et de la dictature militaire en Grèce (1967-1973).

Je vous adresse un cri d'angoisse et d'indignation à cause de ce qui se passe dans mon pays ces deux dernières années sous le prétexte d’une politique économique qui vise à échapper à la crise de la dette.

Je m'adresse à vous en tant que dernier espoir en attendant d'activer vos sentiments démocratiques et humanitaires et de mobiliser votre réaction à travers des textes et des mouvements, afin de changer le parcours de l'Europe, qui, en commençant par la Grèce, se déplace tête baissée vers une gouvernance par des régimes totalitaires.

En Grèce, chers Français et concitoyens européens, on estime que nous sommes déjà depuis longtemps sous un régime dictatorial.

Les partis politiques et leurs représentants au Parlement, ont été élus en 2009, lorsque la situation politique en Grèce était complètement différente et rien ne préconisait ce que nous vivons aujourd'hui. Les partis politiques, les partis au pouvoir n'ont pas dit un mot aux citoyens sur la crise économique et la dette dans leurs programmes électoraux. En revanche, ils sont montés au gouvernement sous le slogan « De l’argent, il y en a ».

Et après quelques mois, sans avoir eu l'approbation des citoyens grecs, les partis au pouvoir ont amené notre pays au Fonds Monétaire International (FMI) et sous la tutelle de la Troïka en signant le premier Mémorandum (protocole du plan d’austérité).

Je ne vais pas vous ennuyer en vous présentant des circonstances, que vous connaissez déjà à travers les nombreuses références et reportages des médias. Je dirai seulement que l'échec du premier protocole d’austérité (Mémorandum 1) a conduit le pays dans une récession économique majeure et la société dans la pauvreté et la décadence.

Suite à cette première déviation politique, puisque le protocole a été signé sans que le citoyen grec ait donné son accord, une deuxième, plus provocante,  a suivi. Le Premier Ministre grec George A. Papandreou, élu en 2009, a démissionné et Lucas Papademos, ancien banquier et membre de la Banque centrale européenne, a été nommé Premier Ministre à sa place.

Un gouvernement non élu, sous la direction du Premier Ministre Lucas Papademos, a continué de poser des dilemmes de chantage aux citoyens grecs dans le but de signer un nouveau Mémorandum, qui rassure à jamais tous les prêteurs du pays, prévoit de céder une partie de la souveraineté nationale de la Grèce, appauvrit davantage les citoyens grecs, impose de vendre jusqu'à concurrence leurs ressources nationales en jetant le pays dans une récession encore plus profonde, avec toutes les conséquences que cela puisse apporter à la société désorganisée.

En parallèle, ce gouvernement non élu a adopté une violence inouïe et illégitime contre des citoyens grecs, qui, parfois à travers des rassemblements, ont tenté de protester.

En ayant tout signé à l'insu des citoyens grecs dans le Mémorandum 2, ce gouvernement non élu a accepté la condition de rassurer d’une manière constitutionnelle le remboursement de la dette. C'est-à-dire que ce gouvernement non élu a effectué le changement de la Constitution Grecque en faveur des prêteurs.

Les élections en Grèce, si elles ont lieu un jour, n’auront plus de sens, puisque le gouvernement nommé actuel a signé des accords engageant les futurs gouvernements. Ils ont donc engagé les citoyens grecs et la société grecque pendant au moins huit ans, jusqu'en 2020, année où, selon le scénario le plus optimiste, la dette grecque sera à 120% du Produit Intérieur Brut (PIB), telle qu'elle était en 2009, lors des dernières élections.


Chers Français et concitoyens Européens.

Nous les Grecs, nous vivons sous le régime dictatorial des marchés, nous souffrons et le pire de tout ce que nous éprouvons n’est ni la pauvreté ni la misère, mais le désespoir car nous ne pouvons pas nous exprimer en tant qu'individus et en tant que citoyens. Nous sommes captifs de ceux qui ont régné pendant trente ans dans notre pays, qui ces deux dernières années, ont changé de masque, feignent d’être innocents, les réformateurs, signent tout contrat et mémorandum qui ne sert que les intérêts des prêteurs et battent impitoyablement chaque manifestant pacifique qui se sent étouffé par l'injustice accumulée, en employant la répression policière et ses armes chimiques.

Chers Français et concitoyens Européens, je vous demande de pressentir notre avenir commun et celui de l'Europe. La Grèce n'est pas la victime. Elle est la première victime. C'est un cobaye. Si les objectifs sont atteints, ce qui n'est pas loin de la réalisation, la formule sera appliquée à d'autres pays, ayant comme conséquence la transformation de l’Europe des citoyens à l'Europe des gens économiquement et politiquement misérables.

De la Grèce, berceau de la démocratie, de Chios, l'île où j’habite, qui se trouve à la frontière de l'Union européenne, en face de la côte Turque, j’émets un cri avec toute la force qui me reste et je demande votre aide parce que notre présent ici est privé de droit d'expression politique et notre avenir n'existe pas.

Je vous remercie et je compte sur votre aide pour faire entendre notre voix et ensemble nous pouvons enfin nous battre pour une Europe à visage humain.


Traduction du Grec: Lazaros MAVROMATIDIS

 

Retrouvez Yianis Makridakis sur son blog.
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13 mars 2012 2 13 /03 /mars /2012 15:36
Marianne - Mardi 13 Mars 2012 à 12:00 | Lu 944 fois I 2 commentaire(s)

 

Greek Crisis
Historien et ethnologue, ancien correspondant en France pour la revue grecque Nemecis, Panagiotis...

 

 

Suite des carnets hellénistes de Panagiotis Grigoriou, qui décrit la relative accalmie en Grèce depuis Rhodes. La saison touristique va bientôt ouvrir, tout doit être fait pour accueillir les visiteurs à bras ouverts, en laissant de côté les problèmes du pays. Mais est-ce parce qu'on n'en parle plus qu'ils vont disparaître pour autant ?

 

(Tourisme à Athènes - SAEZ PASCAL/SIPA)
(Tourisme à Athènes - SAEZ PASCAL/SIPA)
Le métronome de la crise n'indique pas le même tempo partout. Dans les îles grecques, et bien au-delà, son signal, pourtant toujours audible, s'atténue quelquefois par l'écho de la mer. À Rhodes, ce signal, trahit pourtant une certaine agitation. C'est la saison du grand rafistolage en direct. Peinture, menuiserie et surtout, l'appréhension du futur. Les hôtels et les autres infrastructures touristiques, sont en ce moment en réfection, car le moment du premier vol charter ne tardera pas. Examiné sous ce prisme, le quasi-imprévisible qui a créé l'événement du 7 mars, comme dirait peut-être Georges Braque en pareilles circonstances, a été largement commenté sous la polémique, à travers les terrasses du vieux port, et dans les cafés, décorés des images du passé.
 
Un vieil homme a même levé sa canne de marche, la tenant fièrement par son pommeau en signe d'indignation... contre les indignés et les politiciens, sans distinction : « Voyez-vous, ces images de Rhodes feront le tour du monde par votre Internet et par les télés, les touristes auront alors peur, c'est du blasphème (sic) à l'encontre de notre tourisme, les indignés ne travaillent-ils pas dans cette branche ? Puis, ces politiciens – escrocs, pourquoi sont-ils venus se montrer ainsi —, c'était bien prévisible, honte, honte à tous, nous creusons notre propre tombe alors tout seuls ».

La réponse fut immédiate : « Monsieur, vous vous trompez, Rhodes et la Grèce c'est le soleil plus désormais les manifestations, les touristes viendront évidement, car ils savent qu'ils ne craignent rien, certains étaient déjà sur la place de la Mairie hier, et ils prenaient bien des photos, vous ne les aviez pas remarqués, ils étaient même plutôt souriants ».
 
Par contre, chez les politiciens, les événements de Rhodes « constituent un mauvais signal, car en dépit de ces actes, il s'agit de protéger et de préserver le fonctionnement de notre régime démocratique », a déclaré devant le conseil des ministres, Lucas Papadémos, le premier, Premier ministre de notre pays à être si... démocratiquement élu, plébiscité même, par tous les automates banquiers, plantés sur notre territoire, d'où sans doute, le dernier sobriquet qu'on lui a collé, « l'automate ».

La spirale de la dette

Alors les automates, Papadémos et les siens ces derniers jours, se déclarent plus que satisfaits, se félicitant entre eux, et si possible devant les caméras, de l'achèvement « réussi » du PSI, autrement-dit, « de la plus grande restructuration de dette de l'histoire d'un pays » selon le journal Le Monde de ce samedi 10 mars.

Car ainsi, la Grèce « évite la sortie de route incontrôlée mais doit néanmoins finir d'organiser sa propre faillite. Certes, 83,5 % des créanciers privés de la Grèce ont accepté d'abandonner 53,5 % de leurs titres, a indiqué Athènes, vendredi 9 mars au matin. Mais le gouvernement grec a décidé d'utiliser la force — et de contraindre les prêteurs récalcitrants à prendre leurs pertes. L'opération doit permettre d'effacer la moitié des 206 milliards d'euros d'emprunts du pays souscrits par les banques, assureurs et autres fonds. Et contribuer à ramener à 120,5 % du produit intérieur brut la dette hellène en 2020, contre 160 % aujourd'hui. Un niveau très élevé, qui ne met pas le pays à l'abri ».
 
Sauf que le PIB grec, devrait passer de –7,5 % à +2 %, en quelques mois, donc la nouvelle dette ne sera pas viable de toute façon... les citoyens non plus. C'est sans doute ce dernier paramètre « gênant », qu'un retraité a voulu aussitôt rappeler à la suffisance du ministre de l'Economie Venizélos, en lançant sur lui un yaourt, en pleine réunion nationale du PASOK ce samedi, aux quartiers sud d'Athènes. « Un homme âgé, alors dérangé et problématique, qui malheureusement a réussi à pénétrer dans les locaux », ont indiqué les proches du ministre. Venizélos, selon la presse, a alors tout simplement changé de veste gardant tout son sang froid, minimisant ainsi l'incident.

Espoir et tourisme

Mais à Rhodes, on sait faire aussi dans la diachronie à travers l’identité égéenne et méditerranéenne, par ses métamorphoses culturelles depuis les temps anciens, alors toujours visibles. Puis, comme pour Elytis, le poète, la mer Égée renvoie à l’éternité, une « mer perpétuelle », et on peut comme lui, penser au « soleil et [aux] années, qui viendront sans nous, porter déjà le deuil et chanter celles, qui déjà sont passées, si cela est réel ».
Pourtant, et avant toute éternité, comme il faut bien lutter pour la vie... sous « l'éternité » de la dette souveraine, on peut aussi juger finalement opportun, que de préparer ses bagages pour l'Australie, et pour les années qui viendront encore heureusement avec nous, et... avec tous les automates de la terre réunis, qui nous sont alors tombés sur la tête.
 
Comme ces deux amis entre eux, en train de pêcher, rencontrés sur la plage au nord de la ville, à l'heure du passage du ferry en provenance du Pirée : « Nous nous mordons la queue sur le tourisme je crois. Nous nous gargarisons le vinaigre de la globalisation à travers la gorge. Les touristes viendront et paieront encore moins cher, quelques dizaines d'euros au mieux, pour une pension complète dans les hôtels étoilés donnant sur la baie. Ces mêmes hôtels qui nous réclament à nous, les autochtones, 80 euros par nuit et sans pension. Donc, pour faire venir nos amis d'Athènes désirant séjourner à l'hôtel, c'était l'été dernier, nous avions réservé et réglé nos factures par Internet, via les tour opérateurs de Londres. Mon épouse est au chômage, elle sera peut-être embauchée dans un hôtel, et encore, il faut activer notre réseau, nous ne sommes plus très jeunes voyez-vous, puis, elle travaillera pour combien, 500 euros pas mois, 12h par jour ?

Moi même, je suis employé dans l'administration locale, mon salaire est ramené à 900 euros, nous avons deux enfants... Ma sœur vit en Australie, nous pensons éventuellement partir mais si possible, après l'été. Nous hésitons encore, car nous étions heureux chez nous, c'est notre île, nous l'aimons, puis, paraît-il que Rhodes c'était de la Grèce riche qu'en pensez-vous ? Nous avons vu à la télé qu'à Salonique des gens ont faim, Papadémos et les autres, nous ne voulons plus les voir, notre pays est si doux et eux, ils sont tellement durs, au diable tous 
».
 
D'autres par contre, ne partagent pas cet avis. Des universitaires par exemple, fréquentant les cafés branchés de Rhodes, lecteurs parfois assidus de la presse gouvernementale, se plaignant ainsi de la baisse de leurs salaires, ceci-dit, ils espèrent encore, «préparer la retraite pour bientôt, si possible bonne, c'est à dire, mille deux cent euros, plus un complément ». Ni lutte, ni indignation, chez certains d'entre eux en tout cas, autrement-dit, le sort de la Grèce raconté comme une mauvaise météo, puis, retour aux petites affaires de la faculté, la résistance finalement en option, facultative.

 

En revanche, Petros et sa fiancée Fani, elle, employée auprès d'une agence maritime, lui travaillant dans le tourisme, se disent prêts pour un autre avenir, désormais obligatoire selon eux :
« Nous y resterons et nous nous battrons jusqu'au bout. Par le travail et dans la lutte. Les salopards partiront d'ici un jour, pas nous, il est hors de question, mais sur Rhodes, les mentalités sont un peu lentes, disons ».
 
Le jeune homme de 21 ans, déféré devant la justice sur l'île des Chevaliers, à la suite des événements du 7 mars, a été condamné vendredi à quinze mois de prison avec un sursis de trois ans. « Ces accusations sont fausses, j'ai été poussé par la foule, je me suis retrouvé sur le policier et c'est ainsi qu'il a été blessé, c'était involontaire », a-t-il precisé, dans sa déposition au tribunal. Son avocat, Stelios Alexandris a déclaré aussitôt aux journalistes de la presse locale, que « le vrai perdant est notre démocratie ainsi blessée ». 
 
J'ai recueilli la version de trois militants de la gauche locale, SYRIZA et KKE (P.C.) sur le 7 mars. « Certains des nôtres étaient présents sur la place, mais nous avons officiellement appelé à ne pas participer aux... assauts, non pas par quelconque connivence avec les politiciens des grands partis du mémorandum, mais parce que nous sommes en train de subir une attaque sans précédent, de dénigrement des nos actions politiques. Cette propagande, cette pratique anti-gauche alors très sombre, renvoie aux habitudes des années 1950-1960.

Les indignés, disons de la première ligne, étaient alors des sympathisants d'autres mouvements, l'extrême droite ne devait pas être trop loin non plus, bien que très peu nombreuse sur Rhodes, puis, il y avait les jeunes du mouvement anarchiste, bien de chez nous. Nous avons même contribué à faire libérer le jeune garçon anarchiste, arrêté par la police. Il l'ont "simplement pris", car il était déjà repéré lors d'une action précédente de son mouvement, seulement, nous ne pouvons pas accepter une telle intimidation de la part des autorités.

Ainsi finalement, le juge pour mineurs n'a retenu aucune charge contre lui. Nous pensons que des approbations publiques sur les places initiales, nous devons arriver à un autre stade plus constructif, déjà, nous attendons les élections sous les intimidations des adversaires politiques. Le système mise gros depuis le Mémorandum II, des journalistes nous ont dit qu'à Athènes déjà, beaucoup d'argent a circulé en février pour acheter ou "corriger" des médias. Des journalistes de la presse écrite ou de la radio supposés anti-mémorandum, qui désormais "admettent l'inéluctable" ; nous pensons par exemple que le revirement survenu à la Radio-9, appartient à ce contexte. Il ne faut plus se voiler la face, la gauche a perdu toutes ses batailles depuis deux ans, désormais, il ne faut plus perdre, car bientôt, elle peut ne plus exister, elle sera éventuellement mise hors la loi, et il y a à craindre que les sociétés occidentales de 2012 ne soient pas prêtes pour mener la lutte clandestine, comme en 1940
».

Un pays ingouvernable ?

Chez les bancocrates aussi on réfléchit. Le gouvernement de l'automate, d'ailleurs remanié depuis quelques jours suivant le stratagème désuet de la poudre aux yeux, prend acte du châtiment de Rhodes et se prépare pour la fête nationale du 25 mars. Nous commémorons la Révolution du 1821 et la liberté retrouvée, après une longue domination Ottomane. Ainsi, et de son côté, l'hebdomadaire de l'extrême droite « La Cible », paru jeudi, présente sur sa Une, la photographie retouchée du bâtiment de l'Assemblée Nationale, peint... en treillis, sous le titre : « La seule solution face à une Europe qui vacille et à un régime en décomposition, c'est l'État National. En Grèce, hier, comme aujourd'hui, c'est le Peuple qui fait la Résistance et l'Armée qui fait la Révolution ! - Les parachutistes réservistes de nouveau en tête, ils seront là où il faut, ce 25 mars».

Et dans les pages intérieures, on peut lire l'appel de cette Union des Réservistes des Forces... effectivement très Spéciales : « Nous appelons à manifester Place de la Constitution, devant le monument du soldat inconnu pour enfin montrer au gouvernement d'occupation et à ses déchets hellénophones qui nous gouvernent, qu'il ne pourront plus briser la réaction du peuple grec (...) ».
 
Je ne suis pas un adepte du conspirationnisme à toutes les sauces rallongées, seulement, je trouve d'une assez curieuse coïncidence, que les déclarations récentes de Michel Rocard, certes formulées différemment, expriment au fond la même idée, sur cette « seule solution, car ce pays devient ingouvernable », (voir le billet précédent).
 
Au même moment sur Internet, un texte se réclamant du mouvement des Indignés, appelle à occuper les rues et les places ce 25 mars et d'y rester. Donc effervescence. Au P.C. grec, on se dit inquiet des agissements des parachutistes réservistes, car « un coup provocateur serait en préparation ». Ceci-dit, on se demande parfois, et pas très ouvertement, chez certains camarades à gauche, « pourquoi un État national serait-il obligatoirement issu d'une idée accaparée et orientée par l'extrême droite, et ainsi remorquée dans ses eaux territoriales, alors troubles... La gauche désunie finira par... perdre ses eaux et comme la politique s'apparente parfois à la mer, elle traversera les portillons étanches comme dans les entrailles du Titanic. » (paroles entendues à Athènes, en janvier 2012).
 
Pas loin de la ruelle Pier (et non pas Pierre !) et Marie Curie à Rhodes, des chats se nourrissent dans les poubelles alors remplies, en attendant les vacanciers, tout comme la presse locale, qui multiplie les reportages, sur les grands voyagistes britanniques, allemands, français ou russes. « La saison sera inaugurée comme toujours, après le 25 mars », peut-on aussi entendre ici ou là, dans les ruelles de la vieille ville. Et à Athènes alors ?
 
 
Retrouvez Panagiotis Grigoriou sur son blog.

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13 mars 2012 2 13 /03 /mars /2012 14:36

LEMONDE | 13.03.12 | 13h20   •  Mis à jour le 13.03.12 | 14h35

 
 

 

Les autorités américaines ont annoncé avoir finalisé l'accord avec cinq grands établissements - dont la Bank of America - pour leur faire renoncer à une partie des créances immobilières.

Les autorités américaines ont annoncé avoir finalisé l'accord avec cinq grands établissements - dont la Bank of America - pour leur faire renoncer à une partie des créances immobilières.AFP


Les prières du révérend Ryan Bell ont presque été exaucées. Lundi 12 mars, les autorités américaines ont annoncé avoir finalisé l'accord avec cinq grands établissements – Ally Financial, Bank of America, Citigroup, JPMorgan Chase et Wells Fargo – pour leur faire renoncer à une partie des créances immobilières que leur doivent certains ménages et éviter la saisie de leur maison. Coût de l'opération : 25 milliards de dollars (18,9 milliards d'euros). "C'est une bonne chose, commente M. Bell, mais il faut poursuivre le chemin."

Depuis des semaines, le révérend de l'église adventiste d'Hollywood ne cesse de fustiger les banques de Wall Street accusées de malmener ses paroissiens endettés, au point d'avoir attiré l'attention du New York Times. Samedi 10 mars, M. Bell a d'ailleurs encore parlé finance dans son sermon en utilisant le passage de la Bible où Jésus chasse les changeurs d'argent hors du temple (Marc 11:15-19).

Mais la référence préférée du religieux est tirée de l'Evangile selon saint Matthieu contant l'histoire de ce roi qui, par charité, efface la dette de l'un de ses serviteurs, avant d'apprendre que celui-ci est sur le point d'étrangler un de ses compagnons qui lui doit de l'argent. Le roi se fâche alors et le livre aux bourreaux. "C'est ainsi que mon Père céleste vous traitera, si chacun de vous ne pardonne à son frère", est-il écrit.

 

"OPERATION COMMANDO"

Pour M. Bell, la parabole illustre parfaitement la situation actuelle. "Les banques ont été sauvées et maintenant elles étranglent les ménages", explique-t-il. Il faut donc les punir... Le révérend – plus proche d'Eric Cantona, notre ex-footballeur antibanques, que de l'abbé Pierre – a ainsi décidé de retirer l'argent de son église de Bank of America et appelé ses paroissiens à faire de même avec les vilaines banques. La somme reste modeste, de l'ordre de 450 000 dollars.

Mais M. Bell n'est pas seul. Loin de là. D'autres congrégations religieuses, églises, synagogues... participent à cette "opération commando" poussée notamment par PICO National Network, une organisation de communautés religieuses militant pour la justice sociale. "Nous avons un pouvoir économique", se réjouit l'un de ses directeurs, Gordon Whitman. Car l'accord de 25 milliards de dollars reste encore trop modeste, dit-il, pour aider les emprunteurs en détresse : "Il faudrait 300 milliards."

Claire Gatinois (New York, envoyée spéciale)


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13 mars 2012 2 13 /03 /mars /2012 14:29

LEMONDE.FR avec AFP | 13.03.12 | 08h22   •  Mis à jour le 13.03.12 | 14h22

 
 

 

Un moine tibétain dans le Sichuan, le 22 février 2012.

Un moine tibétain dans le Sichuan, le 22 février 2012.REUTERS/CARLOS BARRIA


Un jeune moine tibétain s'est immolé par le feu dans le sud-ouest de la Chine. Le bonze, âgé de 18 ans, était originaire du monastère de Kirti, haut lieu de la résistance tibétaine. Il s'est transformé en torche humaine dans la ville d'Aba, dans l'ouest de la province du Sichuan, à forte population tibétaine, a indiqué l'organisation Free Tibet, dont le siège est à Londres. L'immolation, confirmée également par Radio Free Asia, a en revanche été niée par la police locale.

 

>> La carte des immolations de Radio Free Asia


Au moins vingt-six Tibétains, en majorité des moines bouddhistes, se sont immolés par le feu ou ont tenté de le faire en moins d'un an dans les zones tibétaines chinoises.

De nombreux Tibétains se plaignent de la répression de leur religion et de leur culture et de ce qu'ils considèrent comme une domination grandissante des Han, ethnie fortement majoritaire en Chine. La session annuelle du Parlement chinois se déroule actuellement à Pékin et le pouvoir redoute encore plus d'éventuelles contestations.

Le mois de mars est aussi un moment sensible pour les Tibétains. Le dalaï-lama, leur chef spirituel, avait en mars 1959 pris le chemin de l'exil, traversant à pied l'Himalaya pour arriver en Inde.

Et en mars 2008, des manifestations de moines bouddhistes à Lhassa, la capitale du Tibet, à l'occasion du 49e anniversaire du soulèvement et de l'exil du dalaï-lama, avaient dégénéré en émeutes et gagné les provinces voisines à forte population tibétaine.

 

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13 mars 2012 2 13 /03 /mars /2012 14:23

Forum mondial de l'eau | LEMONDE | 12.03.12 | 17h29   •  Mis à jour le 13.03.12 | 10h45

 
 

New Delhi, correspondant régional - "La guerre de l'eau" : le scénario alarmiste figure désormais en bonne place dans les analyses prospectives sur la sécurité en Asie du Sud. En février 2011, le Sénat américain avait publié un rapport intitulé "Eviter les guerres de l'eau", centré sur les risques pesant sur le Pakistan et l'Afghanistan. L'étude s'inscrit dans une littérature déjà abondante sur la montée des conflits géopolitiques attisés par la raréfaction de la ressource hydrique dans une région où le triangle Pakistan-Inde-Chine est déjà éminemment instable. En butte à des besoins croissants en énergie, les Etats agrégés autour de l'Himalaya - surtout la Chine et l'Inde aux économies émergentes - sont embarqués dans d'ambitieux projets de barrages hydroélectriques, attisant d'inévitables tensions avec les pays voisins situés en aval.

Le réchauffement climatique et son impact sur la fonte des glaciers himalayens, qui accroît les risques d'inondation à court terme, ajoutent aux inquiétudes ambiantes. L'Inde se situe au coeur de ce puzzle "hydropolitique". Dès que l'on décortique les contentieux avec ses voisins, le partage de l'eau de l'Himalaya s'impose comme une source majeure de frictions.

Avec la Chine, la controverse n'a cessé de s'aiguiser ces dernières années. Elle se focalise sur les projets chinois le long du Brahmapoutre (appelé aussi de son nom tibétain Yarlung Zangbo par les Chinois), lequel prend sa source au Tibet, ainsi que sur la plupart des grands fleuves d'Asie.

En sortant du Tibet, le Brahmapoutre traverse les Etats indiens de l'Arunachal Pradesh et de l'Assam (Nord-Est) avant de sillonner le Bangladesh. Aussi le gouvernement de New Delhi voit-il avec beaucoup de suspicion la construction de tels barrages qui risquent d'altérer la course du fleuve sur ses terres du Nord-Est. Les passions se sont récemment embrasées à propos de rumeurs sur un prétendu projet pharaonique de Pékin visant à détourner l'eau du Brahmapoutre pour la canaliser vers les régions assoiffées de la Chine du Nord.

Ce plan de diversion massive relève toutefois plus d'un fantasme indien que d'une réalité chinoise, en tout cas pour l'instant.

Amère ironie : l'Inde reproche à la Chine un égoïsme de l'eau qu'elle inflige elle-même à ses voisins situés en aval. Car le Bangladesh aussi se plaint amèrement des projets indiens de barrages ou de retenues d'eau sur le Brahmapoutre comme sur le Gange. Dans cette affaire, la tâche de New Delhi est compliquée par les intérêts particuliers de ses propres Etats fédérés, comme l'a illustré l'attitude récalcitrante du Bengale-Occidental qui a fait capoter en 2011 un projet d'accord indo-bangladais sur la rivière Teesta. Cette question du partage de l'eau alimente également au Népal des sentiments hostiles à New Delhi.

Le Népal est certes un pays situé en amont, mais son arriération technologique l'a conduit à coopérer avec l'Inde pour la construction de ses barrages en vertu d'accords dénoncés comme "inégaux" par certains partis népalais.

Plus à l'ouest de la chaîne himalayenne, l'Inde "en amont" se heurte aussi au Pakistan "en aval", selon le scénario de type bangladais. A la différence près que la discorde est exacerbée par la rivalité historique opposant les deux Etats nés en 1947 sur les décombres de l'Empire britannique des Indes.

La trentaine de barrages construits, ou en passe de l'être, par New Delhi alimente les pires accusations au Pakistan, notamment de certains groupes djihadistes lançant des menaces terroristes sur le thème : "l'eau ou le sang". La ressource en eau se raréfie dans les deux pays : la moyenne disponible par habitant a chuté à 1 700 m3 en Inde et à 1 000 m3 au Pakistan. D'où l'enjeu de ce partage de l'eau de l'Indus et de ses cinq affluents qui traversent le Cachemire indien avant d'irriguer la plaine du Pendjab pakistanais.

Bien que les deux Etats se soient déjà livrés quatre guerres, la querelle de l'eau a pour l'instant été globalement endiguée grâce au traité de l'Indus signé en 1960 sous les auspices de la Banque mondiale. Cet accord alloue au Pakistan les trois cours d'eau dits "occidentaux" (l'Indus et ses deux affluents Jhelum et Chenab) - près de 75 % de l'ensemble du débit - et à l'Inde les trois dits "orientaux" (Ravi, Beas, Sutlej, autres affluents de l'Indus). L'Inde se voit en outre reconnaître le droit à usage limité (irrigation, hydroélectricité) en amont sur l'Indus et ses deux affluents "occidentaux" confiés au Pakistan. New Delhi s'est toujours réclamé de ce traité pour défendre la légalité de ses projets de barrage au Cachemire. En réalité, l'affaire est moins juridique que stratégique, le Pakistan se sentant fragilisé face à la capacité que les Indiens s'arrogent à réguler éventuellement le cours de ses cours d'eau.

 

Frédéric Bobin


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13 mars 2012 2 13 /03 /mars /2012 14:17

LEMONDE | 13.03.12 | 11h14   •  Mis à jour le 13.03.12 | 11h30

 
 

 

Concernant la vente des farines, l'Autorité de la concurrence condamne les meuniers à une amende de 242,4 millions d'euros.

Concernant la vente des farines, l'Autorité de la concurrence condamne les meuniers à une amende de 242,4 millions d'euros.D.R.


Les meuniers français et leurs homologues allemands vont manger leur pain noir. Selon la décision de l'Autorité de la concurrence, dévoilée mardi 13 mars, ils devront s'acquitter d'une lourde amende collective d'un montant total de 242,4 millions d'euros.

Ces fabricants de farine pour la grande distribution sont condamnés à double titre. D'une part, pour avoir noué une entente franco-allemande pour limiter les volumes d'exportation sur leurs territoires respectifs. Et d'autre part, en ce qui concerne les meuniers français, de s'être accordés pour fixer le prix, la production, et pour se répartir la commercialisation de la farine en sachets.

C'est un meunier allemand, la société Werhahn qui a dévoilé le pot aux roses, sachant qu'une entreprise qui dénonce une entente bénéficie d'une exonération totale ou partielle. Dans le cas présent, Werhan, deuxième entreprise de meunerie allemande, qui risquait une amende de 16,66 millions d'euros, s'en sort indemne. A la suite de cette dénonciation, l'Autorité de la concurrence s'est saisie de l'affaire en avril 2008. Elle a mené des perquisitions en France et outre-Rhin avec le concours de son homologue allemand Bundeskartellamt.

D'après les pièces saisies, les meuniers français et allemands avaient établi un pacte de non-agression mutuelle. Ils limitaient l'accès à leurs marchés respectifs et maîtrisaient les exportations de farine en sachets en les maintenant à un niveau défini par avance, estimé à 15000tonnes par an. Selon les sages de la rue de l'Echelle, l'infraction aurait duré de mai 2002 jusqu'en 2008.

Pour cette entente, l'Autorité a prononcé une sanction de 95,5 millions d'euros. La société la plus taxée, Axiane meunerie, devrait s'acquitter d'une amende de 19,9 millions d'euros ; viennent ensuite les Grands moulins de Paris (11,8 millions) et les Grands moulins de Strasbourg (9,8 millions).

L'Autorité estime que cet accord "a mis les meuniers français à l'abri de la concurrence des meuniers allemands plus compétitifs. Les consommateurs français ont ainsi perdu l'opportunité d'acheter la farine à prix plus bas".

 

VERROUILLAGE DES MARCHÉS

Second grief : le verrouillage du marché français. D'abord avec la création de France farine dès 1965. Cette entreprise a pour actionnaires les meuniers français pour qui elle commercialise la farine en sachets auprès de la distribution, que ce soit par le biais de la marque nationale Francine dont elle est propriétaire ou par le biais de marques de distributeurs ou régionales. France farine applique un prix de cession unique, puis répartit les commandes entre ses actionnaires par zone géographique.

Pour répondre aux appels du hard discount, les meuniers ont créé une deuxième structure Back Mühle, qui négocie collectivement la vente de farine en sachets depuis 2001.

Pour ces deux ententes, l'Autorité a prononcé une sanction de 146,9 millions d'euros. Dont 44 millions pour Axiane meunerie, 35 millions pour Euromil Nord et 24,6 pour les Grands moulins de Paris.

Laurence Girard

 


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