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13 juin 2014 5 13 /06 /juin /2014 20:53

 

Source : blogs.mediapart.fr/blog/vieille-dame

 

 

Suppression de la dispense de recherche d'emploi !!!!

je viens de m'apercevoir d'un truc horrible : les plus de 60 ans ne sont plus dispensés de recherche d'emploi pour toucher les ASS (équivalent à quelques euros près du RSA pour ceux qui ont suffisamment cotisé !).

Cette mesure n'a pas fait beaucoup de bruit, et ceux qui ne suivent pas les méandres de notre bureaucratie nationale n'ont pas vu venir le coup !!! http://droit-finances.commentcamarche.net/faq/1662-dispense-de-recherche-d-emploi-pour-les-chomeurs

Surprise : nous allons établir que vous n'y avez pas droit, et nous allons donc établir que votre recherche n'est pas sérieuse... et hop, on vous coupe les ASS, sans prévenir (le préavis n'est pas dans les mœurs des bureaucrates, ils adorent les mesures couperet, les meilleures pour jeter à la rue des gens qui commençaient seulement à respirer à nouveau par exemple) ... et comme pour faire un dossier de RSA il faut trois mois de misère totale... vous allez pendant trois mois ne plus avoir de revenu du tout !!!

Salauds, salauds !

(ce n'est pas moi qui suis concernée,(heureuse retraitée au minimum vieillesse !) et c'est seulement ce qui RISQUE d'arriver à certains d'entre nous (nous, les humains) )

 

 

 

Source : blogs.mediapart.fr/blog/vieille-dame

 

 


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13 juin 2014 5 13 /06 /juin /2014 20:35

 

 

Source : www.mediapart.fr

 

Conflit à la SNCF : « Hollande est plus ferme à l’égard des cheminots que de la finance »

|  Par Rachida El Azzouzi

 

 

 

L'exécutif – François Hollande en tête – a appelé vendredi les cheminots à cesser la grève. Mais ces derniers durcissent le ton et reconduisent la grève samedi. Entretien avec le sociologue Marnix Dressen, spécialiste des conditions de travail des agents du rail, sur les raisons de la colère qui dépasse, selon lui, le simple cadre de la réforme ferroviaire

Le 11 juin 1936, alors que les grèves du Front populaire paralysaient la France depuis des semaines, Maurice Thorez, le patron du parti communiste, appelait la gauche prolétarienne et trotskyste à « savoir terminer la grève ». Soixante-dix-huit ans plus tard, c’est François Hollande, le président le plus impopulaire que la cinquième République et la gauche aient connu, qui reprend ses termes pour monter l’opinion publique contre les cheminots à l’origine du premier grand mouvement social à la SNCF de l’ère Hollande.

Depuis la principauté d’Andorre qu’il visite en « co-prince », le chef de l’État a déclaré ce vendredi 13 juin : « Il y a un moment où il faut savoir arrêter un mouvement et être conscient des intérêts de tous (...). À un moment, c'est le travail qui doit reprendre. » Comme dans le dossier des intermittents du spectacle où la tension ne faiblit pas et menace les festivals culturels, moteur de croissance quand l’été venu, l’économie tourne au ralenti (lire nos articles ici et ), le gouvernement a choisi la fermeté. Quitte à s’installer dans l’impasse et envenimer ce conflit qu’il n’a pas vu venir et qui perturbe fortement depuis trois jours l'ensemble du trafic ferroviaire en France, les grandes comme les petites lignes, en Ile-de-France et en province, pénalisant des millions d'usagers au point que certains lancent à leur tour une grève des billets. « Il n'y a aucune raison que la grève continue », a martelé de son côté le premier ministre Manuel Valls.

 

 
© reuters

La ligne dure est risquée à l’heure où la CGT-Cheminots et Sud-Rail, majoritaires dans l'entreprise et à l’origine de la grève avant d'être rejointes par FO et UNSA-Rail, durcissent le ton en ce vendredi 13, appelant à poursuivre et amplifier le mouvement entamé mardi 10 juin. D'assemblées générales en manifestations jusque sur les rails des gares, les cheminots (17,49 % de grévistes aujourd'hui selon la SNCF) ne décolèrent pas. Ils ont voté la reconduction de la grève ce samedi 14 et il n'est pas exclu que les perturbations soient encore très fortes lundi, menaçant les candidats au baccalauréat.

Au centre de la contestation : la réforme ferroviaire qui arrive en discussion mardi 17 juin à l’Assemblée nationale après plus de deux ans de débats, d’assises et de rapports. Destinée à stabiliser la dette du secteur ferroviaire (44 milliards d'euros) et à préparer son ouverture totale à la concurrence, elle prévoit de regrouper dans une nouvelle structure la SNCF et Réseau ferré de France (RFF), qui gère avec déjà de nombreux dysfonctionnements le réseau.

La CGT-cheminots demande « un grand débat télévisé » avec le secrétaire d’État Frédéric Cuvillier. Thierry Nier, secrétaire de l'organisation syndicale, entend qu'y soit évoqué l'avenir de la SNCF « pour que les Français aient l'ensemble des éléments pour juger ». Selon lui, les Français ignorent certaines conséquences qu'aurait la réforme ferroviaire du gouvernement. « Ils ne savent pas que la SNCF va être complètement éclatée et incapable de répondre à leurs besoins de transport, qu'il y aura des milliers de camions supplémentaires sur les routes, de plus en plus de gares et de lignes fermées. »

Mais comme nous l’explique ci-dessous dans un entretien à Mediapart Marnix Dressen, sociologue spécialiste des conditions de travail des agents de transport ferroviaire, enseignant à l'université de Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines, derrière ce conflit – le plus important depuis celui de 2010 contre la réforme des retraites Sarkozy –, se cachent d’autres frustrations et inquiétudes. À commencer par le délitement et le traumatisme d'une corporation pour qui la question de la sécurité importe plus que la compétitivité depuis le déraillement du Paris-Limoges en juillet 2013, déraillement dû à de graves défaillances de la SNCF selon un rapport indépendant dévoilé cette semaine.

Les cheminots ont voté la reconduction de la grève pour ce samedi 14 juin pour la quatrième journée consécutive. Pourquoi cette grève maintenant ?


© dr

On pourrait se demander au contraire, pourquoi une grève seulement maintenant ? Non pas qu’elle arrive trop tard, mais il est vrai que ce qui se profile, à savoir la mise en place de trois établissements publics industriels et commerciaux (EPIC), était sur les rails de longue date. La question de la dette de la SNCF et du devenir du statut des cheminots ne date pas d’aujourd’hui non plus. En fait, si la grève n’a été déclenchée que cette semaine, c’est qu’organiser une grève à la SNCF est beaucoup plus compliqué que ce que s’imaginent beaucoup de nos concitoyens. Ils se représentent volontiers les cheminots comme étant toujours entre deux grèves. Or, il n’en est rien.

D’une part, toute une série de verrous ont été mis en place, tout particulièrement à la SNCF, pour contraindre les acteurs sociaux, direction et organisations syndicales, à s’assoir autour d’une table avant d’engager un bras de fer. De ce point de vue, ceux qui disent qu’à la SNCF, on commence par s’affronter avant de discuter, ne savent tout simplement pas de quoi ils parlent. À moins de se livrer à des grèves sauvages – et on n’est pas en ce moment dans ce cas de figure –, ce n’est pas faisable. Mais plus fondamentalement, pour comprendre pourquoi la grève a été longue à se déclencher, il faut imaginer le long travail de maturation des idées au sein de chaque organisation syndicale, des échanges internes et des discussions intersyndicales et aussi des rencontres formelles ou informelles avec la direction de la SNCF et son ministère de tutelle.

Les organisations syndicales prennent aussi le pouls de la base. Les cheminots sont-ils « chauds », c’est-à-dire prêts à la mobilisation, à « prendre la parole » comme on dit dans notre jargon de sociologue ou au contraire, la « loyauté » domine-t-elle, c’est-à-dire la passivité par pragmatisme ou par découragement ? Il n’est pas rare aussi que la compétition entre syndicats joue un rôle lorsqu’un nombre significatif de cheminots se montrent prêts à en découdre. On est très loin du stéréotype de la grève presse-bouton.

On remarquera d’ailleurs que les élections professionnelles ne sont pas en jeu puisqu’elles ont eu lieu le 20 mars dernier à la SNCF. Lorsqu’il y a de la rivalité dans l’air entre les syndicats, la question peut être de déterminer qui est le meilleur défenseur des salariés et du service public ferroviaire dans le camp des organisations les plus radicales – la CGT et SUD-Rail – ou au contraire qui est le plus raisonnable du côté des réformistes – l’UNSA et la CFDT. Parfois, les clivages connaissent de petits déplacements et des syndicats réformistes haussent un peu le ton, signe que leur base, fût-elle grandement composée de l’encadrement – agents de maîtrise et cadres – comme c’est le cas de l’UNSA à la SNCF, est aussi tentée par la mobilisation.

«La corporation cheminote menacée de délitement éprouve le besoin de ressouder ses rangs»

Le mouvement se durcit partout en France, mais la communication de la SNCF et du gouvernement visent à dire l’inverse en s'appuyant sur les statistiques… Quelle est votre lecture ?

N’étant pas dans le secret des dieux, il vaut mieux se borner à dire qu’on peut compter les trains qui roulent et ceux qui ne roulent pas. Cela donne des indications sur la mobilisation de catégories particulières qui sont susceptibles de bloquer les trafics : les conducteurs et les contrôleurs, ainsi que les aiguilleurs. Mais il y a bien d’autres professions à la SNCF, les commerciaux, les services administratifs, etc., qui peuvent ou non être en grève mais avec moins de visibilité immédiate.

On constate en tout cas une fois de plus que les statistiques des grèves sont des enjeux de lutte et que les nombres de grévistes sont des projectiles utilisés dans la guerre psychologique que se livrent les protagonistes. Cela fait partie de la construction ou du maintien du rapport de force. Ce n’est pas d’aujourd’hui et ce n’est pas spécifique à la SNCF, même si recourir à cette arme est plus banal dans les conflits des chemins de fer.

Si vraiment ces questions sont importantes, il conviendrait de mettre en place un dispositif d’observation comme celui dont on parle régulièrement à propos du nombre des manifestants, quels que soient les objets des défilés.

 

© reuters

 

«  Il y a un moment où il faut savoir arrêter un mouvement et être conscient des intérêts de tous (…). À un moment, c’est le travail qui doit reprendre », a déclaré ce vendredi matin François Hollande, reprenant à son compte une formule célèbre de l’ancien leader communiste Maurice Thorez en 1936 (« Il faut savoir terminer une grève »). Ne prend-il pas un gros risque politique en mettant la pression sur les grévistes et en s’impliquant de la sorte dans le conflit ?

Aura-t-on la cruauté de faire remarquer que le président Hollande est plus ferme à l’égard des cheminots que de la finance, dont il avait prétendu faire son adversaire au moment où il essayait de rassembler sur son nom le peuple de ce pays et donc notamment les cheminots ? Mais l’essentiel n’est pas là. Je ne pense pas qu’il prenne un gros risque politique, je crains même qu’il ne joue sur du velours. Attendons de voir ce que révéleront les enquêtes sur la perception de cette grève. Mais il faut bien convenir que les cheminots souffrent, comme diraient les agences de communication, d’un « déficit d’image », et lorsque les circulations sont perturbées, on sent souvent à leur égard de la part d’une partie au moins des usagers et des clients une sorte d’hostilité, surtout d’ailleurs du côté de ceux à qui l'on donne la parole ou qui la prennent.

La lecture des blogs de la grande presse permet de mesurer la dose d’animosité que suscitent les travailleurs du rail. Les rumeurs les plus invraisemblables sont colportées à leur encontre, comme par exemple que la dette de RFF résulterait du « statut en or massif » des cheminots… Il est vrai aussi que dans certaines circonstances – cela avait été souligné en 1995 lors de la mobilisation contre le plan Juppé, les sondages montraient que les salariés non cheminots étaient contents de « faire grève par délégation ».

Il y a là, du point de vue des syndicats grévistes, un vrai enjeu. Se donnent-ils la peine de se faire comprendre, d’expliquer les raisons du conflit et par exemple la nature du lien qui peut exister entre conservation d’un statut social protecteur et défense du service public « à la française » ? La tâche est vaste, car nombre d’organes de presse et de chaînes de télévision d’informations continues ou non sont très hostiles a priori aux conflits du travail en général et aux conflits des cheminots en particulier. Elles seront plus crédibles le jour où elles donneront aussi la parole à des usagers solidaires du conflit. Il y en a, mais on ne leur tend pas souvent le micro… En prenant d’ailleurs un peu de recul, force est de constater que si les grèves sont si perturbatrices, c’est bien que le service ferroviaire est d’une certaine utilité…

La dernière grande grève à la SNCF remonte à 2010, sous Nicolas Sarkozy, contre la réforme des retraites. Celle-ci peut-elle connaître la même ampleur au vu de l’impasse actuelle ?

Gardons-nous de tout prophétisme, il est encore trop tôt pour le dire. Pour l’heure, observons seulement que comme le remarque l’historien sociologue Georges Ribeill, la corporation cheminote menacée de délitement par la nature des restructurations permanentes, éprouve très régulièrement le besoin de ressouder ses rangs autour de grandes revendications mobilisatrices.  

La réforme ferroviaire et la politique d’austérité conduite par Guillaume Pepy cristallisent toutes les craintes des cheminots. Mais n’y a-t-il pas, derrière ce conflit, d’autres frustrations et colères ?

En l’occurrence, il ne s’agit pas seulement de la politique de Guillaume Pepy, mais aussi de celle du gouvernement Valls et des orientations vraiment très libérales de la Commission européenne. Oui, bien sûr, vous avez raison, les inquiétudes sont multiples. Dans toute lutte sociale, les composantes du mouvement sont hétérogènes. Et justement, en dehors des luttes contre les fermetures d’entreprise – et encore – la lutte se déclare lorsque des groupes aux attentes diverses se mobilisent simultanément et trouvent un dénominateur commun.

La création d’un troisième EPIC alors que deux ont montré de manière assez éclatante leur caractère dysfonctionnel, la question de la dette que personne ne veut assécher et du devenir du statut ne sont pas seuls en cause. L’ouverture à la concurrence du transport voyageur international, les appels d’offres qui se profilent pour le marché des TER dans les régions, la multiplication des filiales dans le groupe SNCF (près d’un millier à travers le monde dont deux filiales de fret qui, en France même, concurrencent Fret-SNCF), sont aussi des motifs d’inquiétude.

N’oublions pas non plus que la productivité des cheminots a été considérablement accrue à peu près sans discontinuer depuis 1945 et que les travailleurs du rail conservent néanmoins l’image de petits travailleurs tranquilles. Eux savent bien cependant ce qu’ils vivent en interne et les restructurations incessantes. Avec un collègue, Dominique Andolfatto, nous préparons une communication sur les structurations et restructurations internes de l’opérateur historique. Et un des premiers résultats de notre enquête en cours est que nombre de cheminots, à tous les niveaux de cette entreprise de 150 000 personnes, sont incapables de dire quel est aujourd’hui le découpage interne de la SNCF.

Que reste-t-il par exemple de l’échelon régional ? On entend même dire que certains cheminots sont incapables d’identifier leur hiérarchie, car les organigrammes vont moins vite que les recettes miracles vendues par les cabinets de consultants et achetées très cher par la SNCF. Chacun de ces génies de l’organisation tire à hue et à dia et parvient à imposer sa panacée, mais personne ne parvient à donner une cohérence d’ensemble à tout ça. Finalement, on peut dire des grévistes d’aujourd’hui ce que Georges Ribeill écrivait déjà de leurs prédécesseurs de 1986 : « Les agents de conduite ont en particulier la sacoche pleine de revendications précises, et d’aspirations plus floues. »

«Même au plus haut niveau du statut du cheminot, on est très loin des salaires du privé»

Au moment même où la grève démarrait, un rapport pointait les graves défaillances et négligences de la part de la SNCF dans le déraillement du Paris-Limoges à Brétigny-sur-Orge, qui a fait en juillet 2013 sept morts et trente-deux blessés. Est-ce que cela contribue à durcir le mouvement ?

Durcir le mouvement, c’est difficile à dire, mais ce qui est bien probable, c’est que c’est une grande souffrance pour les cheminots qui ont été socialisés à la culture de la sécurité – sécurité des circulations, du travail, etc. – de constater que faute de crédits suffisants et du fait du caractère aberrant de la séparation entre la roue (la SNCF) et le rail (RFF), les contrôles de fiabilité des installations ne sont plus à la hauteur de ce qu’ils devraient être. Il ne s'agit donc pas ou pas seulement de graves défaillances et négligences de la SNCF – on verra si le procès conclura en ce sens –, mais de tout un système qui semble se déliter et porter atteinte à l’identité professionnelle d’une corporation. Or, on le sait, les conflits sur le symbolique sont parfois plus déterminés et reposent sur des soubassements plus profonds que les revendications matérielles.

Temps de travail inférieur à la durée légale, augmentation de salaire, gratuité des transports, etc., les agents de la SNCF sont souvent dépeints à l’image de la Cour des comptes en 2010 comme une caste de privilégiés arc-boutée sur ses acquis sociaux. Qu’en est-il réellement ?

Il est probablement nécessaire qu’une institution se livre à l’exercice de repérage de l’affectation de l’argent public et dispose de moyens importants pour mener ses investigations. Et c’est un fait que les rapports de la Cour des comptes sont souvent bien documentés. Mais on aimerait bien que ces magistrats s’indignent d’autre chose que des « privilèges » des couches populaires. Car le moins que l’on puisse dire est qu’ils ont l’indignation sélective. Que ne comparent-ils pas les ressources qui sont les leurs avec celles des universités ? Mais bon, n’esquivons pas la question. Il se peut que certains cheminots, comme c’est le cas dans toutes les entreprises de certains salariés, aient une durée de travail effective inférieure à ce que prévoient les textes.

En ce qui concerne les cheminots, cela peut tenir à des organisations du travail complexes, par exemple celle des conducteurs de train. Une fois un TGV amené de Paris à Nice, le temps de travail écoulé n’épuise pas complètement la journée de travail mais le solde ne leur permet pas non plus de tracter un nouveau train avant de bénéficier d’un repos. Il y a donc conflit de règles. Il semble préférable qu’un agent de conduite ne fasse pas tout à fait son temps réglementaire plutôt que dépasser ses horaires comme c’est très souvent le cas chez les opérateurs privés, où l'on voit des conducteurs de trains exploser leurs horaires au mépris d’une réglementation du travail en théorie particulièrement stricte dans le transport ferroviaire pour des raisons de sécurité.

Au rang du temps de travail perdu, on pourrait aussi examiner les réorganisations déficientes. Mesurons que les restructurations permanentes et à jet continu, bien souvent chaotiques on l’a dit, génèrent souvent plus de problèmes qu’elles n’en résolvent. Un documentaire comme Les cheminots, de Luc Joullé et Sébastien Jousse, réalisé en  2010, montre bien le caractère absurde du découpage de l’entreprise par branche d’activité. Que de temps perdu à chercher du matériel depuis la disparition de la mutualisation entre « le transport voyageur » et le « transport du fret » ! Ce temps-là, absurde, stressant, coûteux psychologiquement et financièrement, brille par son absence dans les rapports de la Cour des comptes.

Et tant qu’à parler de temps de travail, parlons aussi de ceux qui dans les bureaux ramènent du travail à la maison, ce travail gratuit se pratiquant dans certaines fonctions à la SNCF comme dans toujours plus d’organisations professionnelles, publiques ou privées. Enfin on pourrait aussi conseiller aux auteurs de rapports, d’enquêter comme nous l’avons fait sur les sociétés de gardiennage sous-traitantes de la SNCF il y a encore quelques mois et qui pouvaient faire travailler des maîtres-chiens, sans papiers, trente jours d’affilée et quinze heures par jour. C’est vrai, il faut sérier les problèmes, mais si l'on ouvre le dossier du temps de travail, il faudra recueillir toutes les pièces pertinentes.

Et les salaires ?

Alors là, il est plaisant d’en dénoncer le niveau. Les recrutements dans l’exécution se font à peine au SMIC. Comparons aussi les salaires des conducteurs de TGV avec celui des pilotes du transport aérien, du moins dans les compagnies héritières des opérateurs historiques, Air France par exemple. Et même au plus haut niveau du statut du cheminot, on est très loin des salaires qui se pratiquent dans les entreprises privées. Comparons ce que gagne un polytechnicien qui a décidé de faire carrière dans le transport ferroviaire avec les revenus de ses camarades de promotion qui ont opté pour l’industrie pétrolière… Comparons aussi les dix plus hauts salaires de la SNCF avec celui de leurs homologues des banques…

Ce qui est vrai, c'est que jusqu’à présent, les cheminots gravissent des échelons au fil de leur carrière mais c’est aussi le cas des universitaires titulaires et des… magistrats de la Cour des comptes. En fait, derrière toutes ces polémiques, se joue bien autre chose : ce que beaucoup reprochent aux grévistes de la SNCF, c’est de résister, de ne pas se laisser plumer et ravaler au niveau de leurs camarades cheminots des sociétés ferroviaires privées comme Euro Cargo Rail, premier concurrent de la SNCF dans le fret ferroviaire.

Toutes ces querelles faites aux cheminots évoquent le passé. De tous côtés, même Nicolas Sarkozy ne s’en était pas privé, on célèbre, un siècle après sa mort, le grand homme qu’a été Jean Jaurès. Eh bien écoutons-le affronter Clemenceau le 13 mars 1906, et on percevra peut-être mieux les luttes des cheminots, même si Jaurès ne pensait pas particulièrement à eux. « Ces hommes donc, quand ils luttent sont des forces de civilisation. Et ce qu’il y a de beau chez eux, ce qu’il y a de grand, et d’admirable, c’est qu’ils ne luttent pas que pour eux-mêmes, c’est qu’ils luttent pour tous leurs camarades, pour toute leur classe, c’est souvent qu’ils luttent, qu’ils continuent le combat, sentant bien qu’eux-mêmes vont être vaincus mais sachant aussi qu’ils préparent pour des efforts nouveaux et pour des générations nouvelles, des conditions d’existence meilleures. »

 

 

Source : www.mediapart.fr

 


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12 juin 2014 4 12 /06 /juin /2014 17:09

 

 

Source : www.marianne.net

 

Coupe du monde 2014

La grand fête du "foot mafia" débute aujourd'hui
Jeudi 12 Juin 2014 à 05:00

 

Régis Soubrouillard
Journaliste à Marianne, plus particulièrement chargé des questions internationales En savoir plus sur cet auteur
Alors que commence la Coupe du monde et que vient de s'achever le 64e congrès de la FIFA à São Paulo, le journaliste écossais Andrew Jennings publie "Omerta, la FIFA de Blatter, une histoire de mafia". Une enquête autoéditée qui revient sur l'achat des votes lors de l'attribution des événements internationaux, le trafic de billets et décrit la direction de la fédération sportive en "syndicat du crime".

 

Jean-christophe Bott/AP/SIPA
Jean-christophe Bott/AP/SIPA

Prise entre un « Qatargate », une campagne présidentielle qui s’annonce mouvementée et l’organisation d’une Coupe du monde sur fond de mouvements sociaux, la FIFA a tenu son 64e congrès annuel à São Paulo sous tension. Il y a dix jours, le Sunday Times affirmait détenir des preuves que des votes avaient été achetés par Mohammed bin Hammam, ex-président de la Confédération asiatique de football, exclu à vie de la FIFA en 2011, dans le cadre d’un autre scandale de corruption.

 

Michael Garcia, le président de la chambre d’investigation du Comité d’éthique, s’était donné jusqu’à lundi pour boucler une investigation de presque deux ans sur l’attribution des Coupes du Monde 2018 à la Russie et 2022 au Qatar. Certaines sources évoquent la possibilité d’un « Russiagate » sur l’attribution de la Coupe 2018 qui ferait l’objet de pressions diplomatiques, notamment de négociations d’un apaisement des tensions en Ukraine. 

 

Depuis dimanche, la pression sur la FIFA est encore montée d’un cran. Cette fois-ci, les risques sont financiers. Les grands sponsors que sont Adidas, Visa et Sony ont tous demandé que cette affaire soit rapidement jugée, estimant qu’elle nuisait aussi à leur image. 

 

Récemment, le journaliste écossais Andrew Jennings, lui, a publié une enquête sur le système à l’œuvre à l’intérieur de l’association qui régente le football mondial. Préfacée par l’ancienne gloire brésilienne Romario, devenu député de gauche au Brésil, le journaliste y retrace l’histoire de cette association devenue, selon lui, une mafia internationale sous la présidence du brésilien Joao Havelange. Achats de votes, trafics de billets, valises de lingots, dépenses somptuaires, gestion truquée des droits télés, liens avec la pègre locale, le journaliste décrit par le menu tous les travers du foot business moderne dans une enquête qu'il a préféré autoéditer pour échapper aux pressions. Sortie en 2006, son précédent livre Carton rouge avait fait l’objet d’une tentative d’interdiction par la FIFA. 

 

Comment Blatter a installé le « système Bin Hammam » avant de le faire tomber

 

Andrew Jennings révèle ainsi que le Qatari Mohammed Bin Hammam, ancien président de la Confédération asiatique de football, accusé aujourd’hui par le Sunday Times  d’avoir distribué des enveloppes pour l’obtention du Mondial 2022, avait financé les campagnes électorales 2002 et 2006 de Sepp Blatter, actuel président de la FIFA : « Depuis douze ans, il allonge le cash nécessaire pour acheter des votes qui ont permis à Blatter de rester sur son trône », affirme le journaliste qui décrit comment Sepp Blatter s’est assuré les votes de l’Europe et de l’Afrique aux élections présidentielles de 2011 en attribuant les compétitions de 2006 et 2010. C’est le même Bin Hamman qui a mené la candidature victorieuse du Qatar pour l’organisation de la Coupe du monde 2022 à coups de millions d'euros : 1, 7 millions pour s’assurer les votes asiatiques, 5 millions pour les votes africains et des cadeaux en nature très réguliers, détaillés dans l’enquête, à plusieurs membres de fédérations. 

 

Les relations entre Blatter et Bin Hamman se seraient dégradées lorsque le qatari a souhaité se présenter contre lui à la présidence de la FIFA en 2011. Blatter serait alors allé chercher des financements pour sa campagne chez la fédération rivale saoudienne qui ne souhaitait pas voir un qatari à la tête du foot mondial. Blatter installera à la même époque un comité anticorruption... Les affaires concernant Bin Hammam ont alors commencé à apparaître en pleine lumière avant que le porteur de valises de la FIFA ne soit finalement banni pour « usage d’argent ». Blatter espérait, lui, passer à travers les gouttes jusqu’à la prochaine échéance électorale de 2015, musclant le Comité d’éthique, désignant un expert anti-corruption chargé de rendre un rapport et multipliant la sortie d’affaires pour faire diversion.

Le pari a failli être gagnant et pourrait encore l’être même si, ces dernières semaines, le ciel s’est nettement assombri au-dessus de la tête de Blatter. Certaines voix commencent à se faire entendre à l’intérieur de la pourtant pas très courageuse FIFA et celles-ci demandent le départ du « parrain » du ballon rond. Mais rien n’est moins sûr donc. Car Blatter avait déjà été mis en difficultés en 2002 avec la faillite de la société de contrats de droits télés ISL. Soutenu par les représentants du « tiers-monde du football » qu’il sait récompenser, Blatter a réussi à tenir son rang.    

 

Un trafic de billets... organisé par la FIFA

 

Andrew Jennings décrit aussi les liens de consanguinité dans la gestion des droits marketing du foot. La Confédération brésilienne du football, a par exemple, longtemps été dirigée jusqu’en 2010 par Ricardo Teixeira, l‘ancien gendre de Havelange, qui fera razzia sur tout le foot brésilien avec la pègre locale et auquel l'auteur consacre un chapitre entier.

Un mode de gestion reproduit par Sepp Blatter dont le neveu, Philippe Blatter, dirige Infront sports media, une société internationale leader dans le marketing sportif et la gestion des droits audiovisuels. Cette société est actionnaire minoritaire, à hauteur de 5%, de Match Services, qui a obtenu l’intégralité des contrats de vente de billets pour tous les événements FIFA jusqu’en 2023... Match Services, qui a été créée en 2002, est directement basée à Zurich, en voisin du siège de la FIFA.

La société mère Byrom, elle, aurait une holding sur l’Île de Man et est gérée par les frères mexicains Jaime et Enrique Byrom, deux vieilles connaissances de Blatter, installés luxueusement à Manchester et qui travaillent en partenariat avec la Fifa depuis 1994, au départ en tant que simple tour operator avant de se développer dans la vente de billets d’événements sportifs. 

 

Jennings raconte que la vente des tickets pour l’Afrique du Sud a été un fiasco financier (50 millions de dollars de perte) pour les deux businessmen mexicains compte tenu du prix prohibitif des billets. Pour rattraper le coup, ils comptent bien se refaire au Brésil notamment avec la vente des 450 000 « package VIP » (une loge VIP vaudrait autour de 2 millions de dollars). De toutes façons, les deux frères auraient l'habitude d'établir un marché parallèle dans chaque nouveau pays organisateur. En général, c’est ce marché qui fait exploser les tarifs. En 2010, seulement 60% des billets auraient été vendus au prix initial prévu. Avec une profusion de détails, l’auteur accuse les vendeurs officiels d’alimenter eux-mêmes les circuits parallèles et de racketter les supporters, grâce à des amis douteux, et ce avec la bienveillance du président de la FIFA, qui clame pourtant haut et fort combattre le marché noir…

 
Difficile à accepter pour les populations locales. D'autant que les Brésiliens doivent faire, depuis mars 2012, avec la Lei geral da Copa, une loi imposée par la FIFA à leur pays. Entre autres joyeusetés, celle-ci stipule que porter atteinte à l’image de la Fifa ou à ses sponsors est un crime fédéral ! Ou bien encore que c'en est fini des tarifs réduits au stade...

Pendant ce temps-là, selon des estimations, la FIFA devrait engranger un bénéfice de 2 milliards de dollars.

 

 

La FIFA vue de Suisse : pouvoir, patronage et patriarches...

Dans une interview donnée le 3 juin au quotidien suisse Le Temps, Mark Pieth, professeur de droit de l’université de Bâle qui a réalisé un audit de la FIFA pendant deux ans au sein d’une Commission indépendante (CIG) fait un bilan critique de l’organisation: « A notre arrivée, en 2011, nous avons fait connaissance avec un univers dominé par les jeux de pouvoir, le patronage et les patriarches, installés depuis des décennies. Trop de personnes à la FIFA ont accumulé des dettes et des faveurs à recevoir ». 
 

Il décrit un système totalement dérégulé que l’Etat suisse n’a jamais surveillé, notamment d’un point de vue fiscal : « En vingt ans, la FIFA est passée d’une association qui vivotait à une entité qui génère des milliards de bénéfices. Mais comme elle a un statut d’organisation à but non lucratif, il a bien fallu les reverser. C’est ainsi que s’est installé un système de redistribution aux pays ou aux membres du comité, sans véritables critères. Les sommes vont et viennent en fonction des pouvoirs ».
 

Ce juriste estime que les révélations encore à venir sur le Qatar « vont provoquer un séisme au sein de la FIFA »« Cette affaire va constituer un premier grand test pour le travail de la CIG, et notamment pour les différents comités dont nous avons recommandé la mise en place. Mais c’est la première fois qu’il faudra se poser la question de l’attribution de la Coupe du monde. Va-t-on la retirer au Qatar ? Va-t-on revoter ? Tout n’est pas si simple. Les enjeux financiers sont énormes. Qui va payer les tierces parties qui ont déjà commencé à y travailler ? ».

Des questions auxquelles la FIFA va devoir apporter des réponses rapidement et auxquelles la Suisse, longtemps indifférente, commence à s'intéresser. Charles Poncet, célèbre avocat genevois et ancien politicien suisse, a ainsi demandé mercredi la dissolution de la FIFA compte tenu du niveau de corruption atteint dans l’association.

 

 

Source : www.marianne.net

 

 

 

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12 juin 2014 4 12 /06 /juin /2014 16:32

 

Source : www.bastamag.net

 

 

 

Racisme environnemental

Écologie des pauvres, écologie des riches : quand les inégalités sont aussi environnementales

par Sophie Chapelle 12 juin 2014

 

 

 

 

 

 

Les catastrophes naturelles et pollutions industrielles ne frappent pas de la même manière toutes les populations. Au contraire. « Si vous voulez savoir où un stock de déchets a le plus de chances d’être enfoui, demandez-vous où vivent les Noirs, les Hispaniques, les Amérindiens et autres minorités raciales », interpelle le sociologue Razmig Keucheyan dans son dernier ouvrage La nature est un champ de bataille. Saturnisme, mal-logement, précarité énergétique… Autant de facettes d’un « racisme environnemental » qu’il propose de combattre. En s’attaquant aux racines du capitalisme. Entretien.

Basta ! : Votre ouvrage, La nature est un champ de bataille, bat en brèche l’idée que l’humanité subit uniformément les conséquences de la crise écologique. Qu’entendez-vous par « inégalités environnementales » ?

Razmig Keucheyan [1] : Les inégalités sont classiquement associées à trois dimensions : les inégalités de classes, de genres (inégalités entre hommes et femmes) et ethno-raciales. Je propose d’en ajouter une quatrième, la dimension environnementale. On ne subit pas les effets de la crise environnementale de la même manière, selon la classe sociale, le genre ou la minorité ethno-raciale à laquelle on appartient. Or le discours écologique dominant décrit souvent la question écologique comme étant vécue uniformément par la population mondiale. La notion d’« inégalités écologiques » permet de montrer que les différentes catégories de population ne sont pas égales face au changement climatique par exemple.

Une des facettes de ces inégalités, c’est le « racisme environnemental »...

Exactement. Le concept de « racisme environnemental » est né aux États-Unis au début des années 80 dans le cadre du mouvement pour la justice environnementale, qui est une bifurcation tardive du mouvement des droits civiques (pour l’égalité des droits entre Noirs et Blancs, ndlr). Les animateurs de ce mouvement s’aperçoivent que les entreprises privées et l’État ont tendance à stocker les déchets toxiques à proximité de quartiers noirs. Et à protéger les catégories sociales les plus favorisées, les blancs en particulier, des nuisances environnementales. Le concept de racisme environnemental permet de penser ensemble discriminations racistes et questions environnementales.

En quoi l’ouragan Katrina qui a dévasté la Nouvelle-Orléans en 2005 est-il le révélateur de ce racisme environnemental ?

Ces inégalités environnementales s’inscrivent dans la durée. Et parfois, cette temporalité s’accélère, notamment lors des catastrophes naturelles. L’ouragan Katrina a été une expression extrêmement visible, y compris médiatiquement, du racisme environnemental. Les personnes âgées et les Noirs, issus majoritairement des classes populaires, ont particulièrement souffert au moment où l’ouragan a frappé, mais aussi dans la durée. Comme le montre Naomi Klein dans La Stratégie du choc, Katrina a été l’occasion pour la municipalité de gentrifier le centre-ville, et d’empêcher le retour des populations noires pauvres.

Le racisme environnemental existe-t-il en Europe et en France ? Sous quelles formes ?

La littérature sur cette question porte beaucoup sur le monde anglo-saxon. Du fait de la centralité de l’esclavage dans l’histoire des États-Unis, la problématique du racisme environnemental y tient une place plus forte que dans d’autres pays. Mais ces problèmes existent aussi en France sous des dénominations différentes. Par exemple, j’évoque dans le livre le cas du saturnisme, lié aux peintures dans les logements anciens dégradés qui ont souvent été habités par des immigrés africains subsahariens [2]. Une étude statistique de 2012 sur la justice spatiale en France révèle également que si la population étrangère d’une ville augmente de 1 %, il y a 29 % de chances en plus pour qu’un incinérateur à déchets, émetteur de différents types de pollutions comme les dioxines [3], soit installé. Les incinérateurs ont donc tendance à se trouver à proximité de quartiers populaires ou d’immigration récente, car les populations qui s’y trouvent ont une capacité moindre à se défendre face à l’installation par les autorités de ce genre de nuisances environnementales. Ou parce que les autorités préfèrent préserver les catégories aisées ou blanches de ces nuisances.

Le cas de la Grèce montre aussi comment une crise économique peut se transformer en crise écologique. Là-bas comme ailleurs, se chauffer au fioul coûte beaucoup plus cher que de se chauffer au bois. La crise économique a accéléré les coupes illégales en Grèce et la déforestation. Dans le même temps, les licenciements des gardes forestiers du fait des mesures d’austérité ont accéléré indirectement la déforestation. Crise économique et crise écologique sont une seule et même crise.

Certains estiment que les pauvres polluent beaucoup plus que les riches, en particulier du fait du poids démographique des pays les plus pauvres. Que répondez-vous à cela ?

Ce que j’appellerai « écologie de droite » repose sur deux piliers. D’une part, la confiance dans les mécanismes de marché pour régler le problème du réchauffement climatique (marchés carbone, de produits financiers comme les obligations catastrophe ou les dérivés climatiques...), et d’autre part l’obsession pour la démographie. « L’écologie de gauche » devrait être extrêmement critique vis-à-vis de tous les arguments démographiques. Il faut admettre que des populations qui sont en situation de survie, notamment dans les pays du Sud, peuvent engendrer des dévastations écologiques. Dès lors que la survie de populations est en jeu, la question environnementale est secondaire. Développement et écologie sont intimement mêlés. Mais il existe par ailleurs des travaux qui montrent que l’empreinte écologique des populations les plus riches est bien supérieure, du fait de leur consommation, à celle des populations pauvres. La question n’est pas démographique mais relève de la dynamique du système. La crise environnementale est liée au capitalisme et aux inégalités qu’il génère.

S’attaquer au capitalisme serait donc une façon de résoudre la question environnementale ?

Oui, tout à fait ! Quatre caractéristiques du capitalisme en font un système néfaste pour l’environnement. D’abord, le capitalisme est productiviste : il cherche en permanence à augmenter la productivité pour générer des profits. Il n’y a pas dans le capitalisme de mécanisme d’auto-limitation, mais une logique de fuite en avant permanente. Le deuxième aspect est la dimension prédatrice du capitalisme : il ne peut survivre que grâce à la prédation sur les ressources naturelles. La troisième caractéristique est que le capitalisme – industriel en particulier – est lié à un système énergétique basé sur les énergies fossiles, le carbone (charbon, pétrole, gaz). Enfin, il repose sur une injonction permanente à consommer toujours plus, qui a des effets catastrophiques sur l’environnement. Le problème est donc fondamentalement lié à la dynamique du capitalisme et à ses effets sur l’environnement et les inégalités.

Remettre en cause le capitalisme suppose de mettre en question l’avenir de secteurs industriels polluants – pétrole, chimie, automobile... – et donc l’avenir de leurs salariés. Comment résoudre ce dilemme ?

J’ai essayé dans mon ouvrage de construire un langage, des concepts et un imaginaire qui puissent être partagés par deux mouvements souvent séparés, les mouvements écologistes au sens large et le mouvement ouvrier. Pour cela, je me suis beaucoup appuyé sur l’approche marxiste. Le marxisme parle aux mouvements ouvriers au travers de catégories comme les inégalités, l’impérialisme, la lutte des classes. Et ces catégories aident à comprendre la crise environnementale. L’évolution des secteurs de l’industrie doit être réfléchie par les acteurs et syndicats de ces secteurs. Mais le préalable, quand on travaille dans une perspective marxiste écologique, est d’essayer de construire une grille d’analyse commune qui parle aux uns et aux autres, et qui permette de trouver des solutions.

Comment faire prendre conscience aux classes populaires des pays « riches », actrices de la consommation de masse, que les inégalités écologiques sont aussi mondiales ?

Il y a un travail à faire de réactivation du concept marxiste d’impérialisme. Il faut parvenir à montrer que cette exploitation des pays du Sud par les pays du Nord, et l’exploitation des classes moyennes et populaires dans les pays du Nord sont le fruit d’une même logique, d’un même mécanisme. Le capitalisme est producteur d’inégalités. Quelque chose de crucial se joue autour des notions de dette écologique et de dette économique. Il suffit de voir le succès du livre du chercheur états-unien David Graeber (lire notre entretien) : la dette et l’austérité, toutes deux extrêmement liées, sont des questions politiques centrales aujourd’hui. Il faudrait étudier la manière dont la dette économique entraine des réformes de l’État et des privatisations, et dont la dette écologique, via l’exploitation du Sud par le Nord, vient accentuer ce phénomène.

Selon vous, qu’est-ce que « l’écologie qui vient » ?

« L’écologie politique qui vient » est une écologie qui se fond dans les autres problématiques. Elle n’est pas cloisonnée mais se mêle de ce qui ne la regarde pas : inégalités, finance, guerre, lutte des classes... La question écologique doit être pensée à partir des catégories habituelles de la gauche radicale. Le mouvement sur le racisme environnemental, ou la manière dont certains syndicats – comme Sud – se réinventent au contact des catégories populaires, semblent préfigurer un lien accru entre la question écologique et la problématique des inégalités par exemple. Poser la question du changement climatique en rapport avec les inégalités environnementales permet de rendre les choses concrètes et peut constituer un véritable levier de mobilisations.

Propos recueillis par Sophie Chapelle
@Sophie_Chapelle

Photo : CC Eden Politte (Parc Bellevue, Washington) Duane Romanell (La Nouvelle Orléans après Katrina) / Thibaud Saintin (une décharge quelque part en Thaïlande)

A lire : Razmig KEUCHEYAN, La nature est un champ de bataille. Essai d’écologie politique, Hors Collection ZONES/La Découverte, mars 2014. Pour commander ce livre dans la librairie la plus proche de chez vous, rendez-vous sur le site lalibrairie.com.

 

Notes

[1Razmig Keucheyan est docteur en sociologie et maître de conférences à l’université de Paris-IV-Sorbonne. Il est l’auteur de Constructivisme. Des origines à nos jours (Hermann, 2007), d’une anthologie des Cahiers de prison d’Antonio Gramsci, Guerre de mouvement et guerre de position (La Fabrique, 2012) ainsi que de Hémisphère gauche, cartographie des nouvelles pensées critiques, Zones/La Découverte, 2013, 2eéd..

[2« Le saturnisme est une maladie ancienne qui a refait son apparition à Paris dans les années 1980. On l’observe principalement dans l’habitat ancien dégradé. Les catégories de la population affectées sont celles qui résident dans ces immeubles : principalement à cette époque des immigrés africains subsahariens. C’est l’absorption des écailles et des poussières de peinture qui provoque le saturnisme. L’air que l’on respire, on le voit, a une teneur éminemment politique. » Note de l’auteur.

[3Voir cette publication du CNIID (Centre national d’information indépendante sur les déchets).


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Source : www.bastamag.net

 

 

 

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10 juin 2014 2 10 /06 /juin /2014 21:30

 

 

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Le traité transatlantique menace aussi le peuple américain
Mardi 10 Juin 2014 à 14:00

 

Alexandre Coste
Journaliste à Marianne chargé de l'animation de la communauté des Mariannautes En savoir plus sur cet auteur

 

Le "Monde Diplomatique", comme l’a fait "Marianne" il y a quelques semaines, propose ce mois-ci à ses lecteurs un grand dossier sur le traité transatlantique. Parmi les points abordés, l’un s’avère très intéressant car peu évoqué dans les autres médias : les dangers que font courir aux citoyens américains ces négociations commerciales si elles aboutissent.

 

Thomas Graning/AP/SIPA
Thomas Graning/AP/SIPA

Non, les Européens ne sont pas les seuls à être menacés par la signature du traité transatlantique. La population nord-américaine a également du mouron à se faire. Dans le grand dossier sur le Grand Marché Transatlantique (GMT) qui paraît ce mois-ci dans le Monde Diplomatique, un article fait le point sur les dix principales menaces qui planent sur le peuple américain.
 
Si la perspective de trouver des organismes génétiquement modifiés (OGM) dans les assiettes est une crainte légitime des opposants au traité en Europe, il faut savoir que le danger est partagé avec les Américains. En effet, aux Etats-Unis, près de la moitié des Etats imposent l’étiquetage des produits alimentaires contenant des OGM. Mais les compagnies agro-industrielles du type Monsanto font pression pour que ces avertissements passent à la trappe à l’issue des négociations.

Ce n’est pas tout. On apprend que les entreprises pharmaceutiques européennes souhaitent que l’Agence américaine des produits alimentaires et médicamenteux renonce à ses contrôles indépendants préalables à la vente de médicaments sur le territoire des Etats-Unis. Et le lobby américain Pharmaceutical Research and Manufacturers of America (PHRMA) fait pression pour que le traité limite la capacité des gouvernements américains et européens à négocier la baisse du coût des soins pour les programmes publics de santé...
 
Mais le point le plus spectaculaire et le plus inattendu évoqué dans l'article du Monde diplo est la volonté des négociateurs européens de démanteler les réformes de Barack Obama pour encadrer le secteur financier, en s’attaquant notamment à « la règle Volcker, qui limite la capacité des banques commerciales à développer des activités spéculatives » ou bien encore à « la régulation publique des assurances »

Ironiquement, c’est le merveilleux monde de la banque qui pourrait sonner le glas du GMT. Du moins, c'est ce que prétend aujourd'hui l'exécutif français. La BNP pourrait être condamnée par le gouvernement américain à verser une amende de plus de 7 milliards d’euros pour avoir développé des activités avec des pays sous embargo (Cuba, l’Iran…). Une sanction qui n’est pas du goût de Laurent Fabius et François Hollande. Le président a annoncé qu’il mettrait le traité transatlantique dans la balance lors de sa rencontre avec Barack Obama qui a eu lieu jeudi dernier, lors de la commémoration du Débarquement en Normandie. Le même président qui avait expliqué, par le passé, qu'il fallait « aller vite » dans les négociations car « sinon, nous savons bien qu’il y aura une accumulation de peurs, de menaces, de crispations »...

 

 

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9 juin 2014 1 09 /06 /juin /2014 17:07

 

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La dette perpétue l’accaparement du monde et le pillage des ressources

Renaud Duterme (CADTM)

vendredi 6 juin 2014

 

 

 

Si les impacts sociaux et environnementaux de la colonisation sont aujourd’hui connus, le capitalisme a depuis trouvé un moyen de poursuivre son emprise sur le monde et les ressources naturelles : la dette.


La nature colonisée

Si une partie des bouleversements écologiques l’ont été malgré les instigateurs de l’expansion européenne (pensons aux transferts de plantes, d’animaux et de maladies entre les différents continents) (1), la colonisation, par l’imposition d’un modèle productiviste et capitaliste, a été à la source d’un désastre écologique dont les conséquences se font sentir jusqu’à aujourd’hui.

C’est en effet à cette époque qu’a débuté un processus de production sans limite, si ce n’est l’accumulation elle-même. Concrètement, cela s’est traduit par la subordination à un système de monocultures impossibles à cultiver dans les régions tempérées du Nord ainsi que par l’exploitation jusqu’à épuisement des ressources minières et forestières des pays colonisés.

Cette exploitation, qui a été un des facteurs du décollage économique de l’Europe, a entraîné dans les régions concernées un épuisement des sols, la destruction de l’habitat et la disparition d’espèces, une déforestation massive ainsi qu’une vulnérabilité accrue aux aléas climatiques.

On retrouve déjà cette constatation sous la plume d’Eduardo Galeano au sujet de la canne à sucre : « Le sucre a détruit le Nord-est du Brésil. Cette région de forêt tropicale a été transformée en savane. Naturellement propice à la production alimentaire, elle est devenue région de famine. Là où tout avait poussé avec exubérance, le latifundio destructeur et dominateur ne laissa que roc stérile, sol lessivé, terres érodées. […]

Le feu utilisé afin de nettoyer le terrain pour les champs de canne dévasta la faune en même temps que la flore : le cerf, le sanglier, le tapir, le lapin, le paca et le tatou disparurent. Tout fut sacrifié sur l’autel de la monoculture de la canne ». (2)

Par la suite, l’industrialisation des régions du Centre a encore accru l’exploitation, celle des peuples colonisés mais également de leurs écosystèmes. Les cinq derniers siècles de pillage portent ainsi en eux les germes de la crise écologique globale que nous connaissons.

Si l’exploitation coloniale et ses conséquences environnementales sont aisément compréhensibles, on peut se demander pourquoi les indépendances n’ont pas mis fin à la situation. Or, le pillage mis en œuvre a perduré grâce à une arme aussi pernicieuse qu’efficace : la dette.

L’écologie de la dette

La dette va devenir la pièce centrale d’un néo-colonialisme, permettant aux grandes puissances (pays riches au service de leurs entreprises transnationales) de poursuivre l’accaparement du monde sans s’encombrer de la tutelle politique.

Si la dette a depuis des siècles été utilisée comme moyen de domination, l’après-guerre va voir se mettre en place un véritable système dans lequel tout sera fait pour que les pays pris au piège ne puissent s’en défaire, du moins sans un renversement du rapport de force au profit des populations.

Les liens entre écologie et dette ont été résumés par le dictateur indonésien Suharto, pour qui « il n’est pas nécessaire de se casser la tête à propos des dettes, car [l’Indonésie] a encore des forêts pour la rembourser » (3). Les pays endettés seront effectivement contraints de brader leurs ressources naturelles aux grandes transnationales pour satisfaire le remboursement de la dette. (4)

Cet élément est fondamental pour comprendre l’accès aux matières premières bon marché dont ont bénéficié les pays les plus nantis et qui permet d’expliquer la période de croissance qu’ont connut l’Europe, les Etats-Unis et, dans une moindre mesure, le Japon, ces dernières décennies.

Sur le terrain, l’exploitation intensive va se généraliser puisque, mondialisation oblige, on va assister à une concentration d’une demande provenant des quatre coins du monde sur des zones d’offre limitées. (5) Cela aura d’ailleurs pour conséquence perverse d’encourager une consommation sans limite, les effets de la production se faisant sentir bien loin des lieux d’achat....

 

*Suite de l'article sur reporterre

 

 

Source : www.reporterre.net

 

 

 

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8 juin 2014 7 08 /06 /juin /2014 19:00

 

 

Source : www.marianne.net


 

Révélations

Corruption au Brésil : les documents qu'Alstom n'aurait jamais voulu voir publiés
Vendredi 6 Juin 2014 à 12:30

 

Patricia Neves

 

Cette semaine, Marianne consacre sa couverture à ceux qui "se croient au-dessus des lois", du Qatar à Bygmalion, en passant par France Télé jusqu'aux... caisses noires d'Alstom. Car au Brésil, d'anciens hauts dirigeants du fleuron industriel français sont soupçonnés de corruption active et blanchiment d'argent. Ces derniers auraient pris l'habitude de distribuer des mallettes d'argent à des fonctionnaires d'Etat pour s'assurer l'obtention de contrats importants. Un système visiblement très au point et une affaire qui tombe mal.

 

Siège d'Alstom à Levallois-Perret, perquisitionné par la police le 21 novembre 2007 - Christophe Ena/AP/SIPA
Siège d'Alstom à Levallois-Perret, perquisitionné par la police le 21 novembre 2007 - Christophe Ena/AP/SIPA
Soumis au bon vouloir de la justice brésilienne, Alstom appréhende et se défend. Laborieusement. Les accusations sont graves. Corruption active, blanchiment d’argent. Le tout publiquement exposé dans un acte d’accusation de près de cinquante pages soigneusement rédigé par les procureurs fédéraux de São Paulo en février dernier. Déterminés, ces derniers comptent bien récupérer les deniers publics de l’Etat paulista qui auraient été utilisés par Alstom dans le versement de généreux pots-de-vin en 1998. Onze personnes, dont d'anciens dirigeants du groupe français, sont actuellement mis en examen.
 
A l’époque des faits, Alstom négociait âprement l’obtention d’un « important » avenant à un contrat signé avec les pouvoirs publics quinze ans plus tôt. Ce contrat, baptisé « Gisel », visait à moderniser les réseaux d'énergie de la ville, notamment celui de l'extension de son métro. Pour s’assurer de le décrocher, sans passer par un appel d’offre ouvert à la concurrence, Alstom aurait mis le paquet. Deux dizaines de millions de reais (8 millions d’euros), dissimulés en partie dans des mallettes, en liquide et en petites coupures s'il vous plaît, auraient été distribuées aux grands décideurs de l'Etat de São Paulo.

Livrées par des convoyeurs à moto qui les déposaient dans des restaurants, comme le révèle Marianne cette semaine, les mallettes arrivaient directement dans les mains de hauts fonctionnaires brésiliens corrompus et confortablement attablés. Les sommes étant dans un premier temps transférées via des sociétés écrans (des sociétés offshore immatriculées dans des paradis fiscaux) sous couvert de faux contrats de consultants. Car leur montant était inclus dans le prix du contrat (252 millions de francs, plus de 38 millions d'euros) établi entre Alstom et l'EPTE, l'entreprise publique à l'origine de l'offre chargée de la transmission de l'énergie de la mégalopole brésilienne. 

Trois pour cent de 252 millions de francs accordés par ci, 1,5% validés par là... Voici ce que semble nous montrer le tableau récapitulatif d'une note interne au groupe français... 

 

La répartition des commissions payées par Alstom dans le cadre de la signature du 10e avenant au contrat Gisel (Cliquez sur l'image pour l'agrandir)
La répartition des commissions payées par Alstom dans le cadre de la signature du 10e avenant au contrat Gisel (Cliquez sur l'image pour l'agrandir)
Des pratiques que ne commente pas ou peu le fleuron de l’industrie française. Sollicité, l'entreprise Alstom s'est contentée de faire parvenir à Marianne un communiqué, élaboré à l’avance (voir en fin d'article). Cette fois, au moins, elle a préparé sa défense, contrairement à cet hiver. Déjà contacté par nos soins en janvier, le groupe s’était en effet fendu d’un « no comment ». 
 
Alstom prend donc ces « allégations » (ou plutôt les accusations des juges brésiliens) « très au sérieux ». Et ils ont raison. Les preuves paraissent accablantes comme le montre le PV d’audition d’un ancien directeur commercial d’Alstom en charge notamment du Brésil. Interrogé en 2006 dans le cadre d'une commission rogatoire internationale par la justice française, celui-ci commence par nier.

 

Extrait du PV d'audition de l'ancien directeur commercial d’Alstom en charge du Brésil, le 3 juillet 2006. (Cliquez sur l'image pour l'agrandir)
Extrait du PV d'audition de l'ancien directeur commercial d’Alstom en charge du Brésil, le 3 juillet 2006. (Cliquez sur l'image pour l'agrandir)
Avant de changer d'avis deux ans plus tard en avouant avoir dépassé le seuil de commissions autorisé à l'époque, avant la loi anticorruption de 2000, par la COFACE, l'organisme d'assurance-crédit qui protège les entreprises d'éventuels impayés.

 

Corruption au Brésil : les documents qu'Alstom n'aurait jamais voulu voir publiés

 

PV d'audition du même directeur commercial, le 4 juin 2008. M. Metz, son supérieur hiérarchique dont il évoque le nom est depuis décédé (Cliquez sur l'image pour l'agrandir)
PV d'audition du même directeur commercial, le 4 juin 2008. M. Metz, son supérieur hiérarchique dont il évoque le nom est depuis décédé (Cliquez sur l'image pour l'agrandir)
Comme lui, d'autres anciens cadres d'Alstom ont des trous de mémoire inopinés. A l'instar du directeur commercial international de Cegelec, racheté en 1998 par Alstom, également interrogé en 2006.

 

Extrait du PV d'audition du directeur commercial international de Cegelec, le 3 juillet 2006 (Cliquez sur l'image pour l'agrandir)
Extrait du PV d'audition du directeur commercial international de Cegelec, le 3 juillet 2006 (Cliquez sur l'image pour l'agrandir)
Il y en a pourtant un qui se met à table dès l'ouverture de l'information judiciaire en France. C'est l'ancien directeur financier d'Alstom. Un temps mis en examen pour abus de biens sociaux, recel d'abus de biens sociaux, corruption active d'agents étrangers, il a été acquitté lors du non-lieu général requis en 2009 par le procureur. Car il était autorisé, jusqu'en juin 2000, de verser des commissions...

Celui-ci raconte donc, sans détour, le circuit mis en place par Alstom et dont le premier arrêt se faisait dans la banque d'Oskar Holenweger chargé du transfert des fonds, via ses sociétés « Janus » et « Assessores » ou encore « Basilio ».

 

PV d'audition de l'ancien directeur financier d'Alstom, en juillet 2006 (Cliquez sur l'image pour l'agrandir)
PV d'audition de l'ancien directeur financier d'Alstom, en juillet 2006 (Cliquez sur l'image pour l'agrandir)
Ainsi, contrairement à ce que dit Alstom, les commissions qui auraient été versées au Brésil ne seraient pas un cas isolé. Elles auraient fait en réalité partie d'un système très organisé et même institutionnalisé, comme le raconte l'ancien directeur financier, en 2008, de nouveau face aux enquêteurs.

 

Extrait du PV d'audition du même directeur financier en 2008 (Cliquez sur l'image pour l'agrandir)
Extrait du PV d'audition du même directeur financier en 2008 (Cliquez sur l'image pour l'agrandir)

 

« La direction commercial "étranger" connaissait l'existence de ce compte et c'est elle qui ordonnait les mouvements. » Une information que confirme une source proche du dossier en parlant quant à elle de direction commerciale « internationale ». 

Alstom aurait donc payé cher, très cher les fonctionnaires brésiliens pour obtenir l'avenant au contrat Gisel. Comme elle a payé les fonctionnaires publics de Malaisie, Tunisie ou encore Lettonie selon la justice suisse qui a condamné l'entreprise en 2011 à une amende record de 40 millions de francs suisses.

 

Communiqué d'Alstom transmis à Marianne

Alstom est actuellement confronté au Brésil à des allégations de non-conformité aux lois et règlements sur la concurrence. Alstom ne peut pas commenter ces allégations, qui paraissent essentiellement se référer à des questions qui datent du début des années 2000 ou avant, parce que des enquêtes sont toujours en cours. Alstom prend évidemment ces allégations très au sérieux et mène sa propre enquête approfondie, avec le soutien d'un certain nombre de cabinets d'avocats externes spécialisés. Alstom tient à souligner que la société a mis en œuvre dans l’ensemble de son organisation des règles strictes d’éthique et de conformité que tous les employés doivent respecter. Le programme de conformité d'Alstom a été certifié par ETHIC Intelligence, une agence indépendante, et évalué « atteindre les normes internationales les plus élevées ».

 

 

 

 

 

 

 

Source : www.marianne.net

 

 

 

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6 juin 2014 5 06 /06 /juin /2014 18:01

 

Source : rue89.nouvelobs.com

 

 

Au guichet 06/06/2014 à 17h00
Amende : la BNP peut-elle couler (et cinq autres questions) ?
Camille Polloni | Journaliste Rue89

 

 

 


Des dollars (Antonin/Flickr/CC)

 

Les Etats-Unis veulent sanctionner la banque française BNP Paribas, qui a fait du commerce avec des pays sous embar

go entre 2002 et 2009.

 

1 Pourquoi la BNP est soumise à la loi américaine ?

 

Parce que les opérations financières ont été libellées en dollars : toute transaction en dollar, même si elle est passée entre deux sociétés basées en dehors des Etats-Unis, passe à un moment où à un autre par New York, et donc par la juridiction des Etats-Unis. Elles sont traitées par une « chambre de compensation », qui convertit en dollars les paiements réalisés.

Les Etats-Unis ayant décrété un embargo strict sur plusieurs pays, dont l’Iran, Cuba, la Libye et le Soudan, ces transactions passées par le sol américain entre 2002 et 2009 sont donc délictueuses au regard de la loi américaine, même si la banque travaillait depuis Genève. L’une des sanctions envisagées par les Etats-Unis contre BNP Paribas est d’ailleurs d’interdire transitoirement à la banque de compenser en dollars, ce qui lui porterait préjudice au niveau international.

C’est le régulateur bancaire du comté de New York, Benjamin Lawski, et le procureur fédéral de l’Etat, Cyrus Vance, qui ont déclenché les poursuites.

Si BNP Paribas avait libellé les opérations financières en euros, elle aurait été soumise aux lois européennes, beaucoup moins restrictives vis-à-vis de ces pays, et tout aurait été légal. Le gouverneur de la banque de France souligne que BNP Paribas n’a pas contrevenu aux règles françaises, européennes ou mises en place par les Nations-Unies.

En conséquence, le ministre des Finances Michel Sapin s’est déclaré « favorable au renforcement de l’euro comme monnaie de confiance dans les échanges internationaux », « dès lors que les Etats-Unis considèrent que les transactions dans leur monnaie peuvent avoir des conséquences judiciaires ». Mais à ce jour, sur les marchés de matières premières, la quasi-totalité du commerce international se fait en dollars.

2 La BNP peut-elle couler ?

 

Non. Même si la banque n’a provisionné qu’1,1 milliard de dollars pour faire face à une amende américaine, elle disposait en décembre 2013 de 91 milliards d’euros de fonds propres. Elle fait donc savoir qu’elle « pourrait facilement absorber une sanction de plusieurs milliards de dollars ».

Le montant précis de l’amende réclamée par les Etats-Unis ne cesse d’augmenter. Passée de 3 à 5 milliards de dollars, elle serait désormais comprise entre 10 et 16 milliards.

Lorsque le ministre de l’Economie Arnaud Montebourg évoque une « peine de mort » qui « n’est pas acceptable, sur aucune entreprise », il exagère sans doute. Mais la formule permet de montrer la détermination du gouvernement français, en soutien à l’établissement bancaire. Il est vrai que BNP risque de subir une baisse de son cours de bourse, une atteinte à sa réputation et un affaiblissement général.

A titre de comparaison, les pertes du Crédit Lyonnais dans les années 90 sont estimées à 130 milliards de Francs (l’équivalent de 27 milliards d’euros aujourd’hui). Après une quasi-faillite, la banque avait été privatisée en 1999.

3 Quel sera le coût pour le contribuable ?

 

« Compte tenu des fonds dont dispose la banque », un scénario où l’Etat renflouerait la banque pour la sauver est « peu probable », estime un analyste financier spécialisé sur les banques.

En revanche, l’amende infligée (qui risque d’être aggravée par l’interdiction temporaire de travailler en dollars) aura des résultats sérieux sur les bénéfices du groupe et donc sur l’impôt sur les sociétés que ce dernier paye chaque année. Le manque à gagner pourrait être de plusieurs milliards d’euros pour l’Etat.

4 Que peut faire le gouvernement français ?

 

Sans contester la validité de l’analyse juridique américaine – la banque a continué ses transactions, même après des avertissements –, les pouvoirs publics tentent d’obtenir, par la voie diplomatique, une remise sur l’amende, en mettant en avant le « caractère disproportionné des sanctions envisagées » et le « risque de déstabilisation de la zone euro ».

C’est la formule utilisée par François Hollande dès de mois d’avril, dans une lettre à Barack Obama. Le Président français a remis la question sur la table à l’occasion des célébrations du débarquement. Une initiative assez mal vue du côté américain, où l’on considère que le président des Etats-Unis n’a pas à intervenir dans un dossier judiciaire.

5 Quelles têtes vont tomber ?

 

Dans un entretien au Monde jeudi, le ministre des Finances Michel Sapin confirme que des employés de BNP Paribas ont déjà été licenciés.

« La banque a pris des décisions lourdes, en interne, pour adapter ses procédures. Un certain nombre de collaborateurs qui avaient participé aux transactions concernées ont été remerciés dans des conditions nettes et claires », révèle le ministre, précisant que ses contacts avec BNP Paribas sont réguliers.

Sous pression du régulateur américain, une dizaine de hauts responsables de BNP Paribas pourraient quitter la banque, dont le directeur général délégué Georges Chodron de Courcel, ou encore Baudoin Prot, le président du groupe.

6 La crise peut-elle remettre en cause le traité transatlantique ?

 

C’est ce qu’affirme Michel Sapin :

« Cela pourrait affecter les discussions en cours sur le traité de libre-échange. C’est une question suivie de près par le ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius. »

Le ministre des Affaires étrangères a également réagi. Aux yeux de Laurent Fabius, le traité « ne peut exister que sur une base de réciprocité ».

« Evidemment, si dans le cas d’une banque européenne, c’était d’unilatéralisme qu’il s’agissait et non pas de réciprocité, ça risque d’avoir des conséquences négatives, c’est exact. »

Menace ou réalité ? Le montant final de l’amende infligé par les autorités américaines à BNP Paribas devrait être connu d’ici quelques semaines.

 

 

Source : rue89.nouvelobs.com

 

 

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6 juin 2014 5 06 /06 /juin /2014 17:42

 

Source : www.mediapart.fr

 

De BNP Paribas à la BCE, l’Europe est toujours plombée par ses banques

|  Par Philippe Riès

 

 

 

La vraie question posée par la chronique de l'actualité monétaire et bancaire en Europe est celle des institutions politiques qui placent les intérêts des banquiers au centre des « marchandages ». L’Europe va donc continuer à payer un lourd tribut, économique et social, à un jeu où les banquiers se distribuent les meilleures cartes.

Tandis que l’ennemi autoproclamé de la « finance » (c’est loin, le Bourget…) s’agite en défense de la banque BNP Paribas, qui s’est pris les pieds dans le tapis effiloché de la justice américaine (notre article ici), les dirigeants de la BCE s’enfoncent un peu plus, en frappant le sol de leur canne blanche, sur le chemin obscur des mesures dites « non-conventionnelles », dont personne ne sait où il conduit. En résumé, les banquiers ne font pas le travail pour lequel l’État leur accorde des franchises privilégiées, à savoir financer l’activité économique. Mais ils ont néanmoins droit à la sollicitude des pouvoirs publics quand leurs jeux spéculatifs tournent mal. Le changement, ce n’est vraiment pas maintenant.

 

Fragile par dessin: les banques 
Fragile par dessin: les banques © PUP

Dans un livre remarquable, Fragile by Design (Fragile par dessin ou… dessein), dont une recension plus complète viendra plus tard, les universitaires américains Charles Calomiris  et Stephen Haber écrivent notamment que « la banque moderne est le mieux comprise comme un partenariat entre le gouvernement et un groupe de banquiers, un partenariat mis en forme par les institutions qui gouvernent la distribution du pouvoir dans le système politique ».

« Les politiques gouvernementales à l’égard des banques, poursuivent-ils, reflètent les accords qui donnent naissance à ces partenariats, ainsi que le pouvoir des groupes d’intérêt dont le consentement est crucial pour la capacité du groupe politique qui contrôle le gouvernement à soutenir ces accords. » Sous cet angle, tout le développement de la crise financière mondiale depuis son éclatement en 2007 est une formidable illustration de ce que les auteurs appellent le « jeu des marchandages bancaires », un « processus politique » dont « les enjeux sont le pouvoir et la richesse ».

En prenant le contrôle en 2000 de Paribas, au terme d’une violente guerre de mouvement contre la Société générale qui avait déjà négocié un rapprochement amiable avec la vénérable banque d’affaires, les hauts fonctionnaires de la banque « à la française » ne mettaient pas seulement la main sur l’Orangerie de la rue d’Antin, où il s’installeront en conquérants, mais sur un « animal » assez particulier, à l’ADN bien différent du leur. Une culture bancaire internationale plus proche de la flibuste que de la gestion domestique de la rente. Que les sérieux ennuis de BNP Paribas aux États-Unis viennent des agissements « borderline » de l’ancienne Paribas Suisse n’est pas « innocent ». 

Dans le « bagage » apporté par Paribas au nouvel ensemble, il y avait aussi une leçon qui s’est répétée à de multiples reprises depuis les origines de la globalisation financière : pour les banquiers européens, l’Amérique est rarement, pour ne pas dire jamais, la terre promise. En 1984, Paribas, nationalisée comme toute la finance française en 1981, mettait fin à l’hémorragie financière provoquée par l’aventure américaine commencée dix ans plus tôt avec l’entrée au capital de la banque d’affaires de Chicago, A.G. Becker, devenue ensuite Becker Paribas, filiale à 100 %.

Comment Michel Pébereau et ses successeurs, Baudouin Prot puis Jean-Laurent Bonnafé, ont-ils cru pouvoir conduire une « grande stratégie américaine », centrée sur BancWest en Californie, tout en voulant jouer au plus fin avec la législation américaine sur les embargos visant l’Iran, le Soudan et Cuba ? Perte de contrôle de l’héritage génétique de Paribas, qui vient de se rappeler à leur bon souvenir ? Ou plutôt incompréhension du fait que dans « la distribution du pouvoir dans le système politique » aux États-Unis, le « jeu des marchandages bancaires » n’obéit pas tout à fait aux même règles qu’en France où les banquiers peuvent toujours compter sur la bienveillance d’un « régulateur captif », avant tout sensible aux intérêts de ceux qu’il « régule ». Tout l’enjeu de la future Union bancaire européenne, ce qui explique une gestation dans la douleur, étant de savoir si le transfert de la supervision au niveau européen changera véritablement cette donne pour les grandes banques dites « systémiques » comme BNP Paribas. À voir.

Pour les banques américaines, la facture pénale de la « crise des subprimes » et de ses ramifications dépasse les 70 milliards de dollars, et devrait encore gonfler de quelque 12 milliards avec le dernier épisode BofA, les actionnaires ayant jusqu’ici accepté de payer pour que les « rois de Wall Street » évitent la prison. Ce n’est pas un hasard si le patron de Goldman Sachs, Lloyds Blankfein, s’est inquiété avant tout de l’effet d’un « plaider coupable » par Crédit Suisse (c’est fait) et BNP Paribas (c’est probable), un passage officiel aux aveux que les banques américaines ont réussi à éviter jusqu’à présent.

Culture, histoire, religion : dans les arrangements institutionnels américains, le mensonge est pire que le crime. Les informations distillées jour après jour par la presse américaine laissent entendre que BNP Paribas paiera très, très cher d’avoir menti pour dissimuler la fraude. Et que des têtes tomberont.

« L'ennemi de la finance » au secours de BNPP

L’intervention, tardive, maladroite et vouée à l’échec, du gouvernement français dans ce contentieux procède, elle, d’une conception « relativiste » de l’indépendance de la justice dans un pays qui ne parvient pas à se débarrasser de son héritage napoléonien afin de rejoindre la pratique ordinaire des démocraties avancées (il en va de même pour les institutions politiques bonapartistes de la Ve République). La part étant faite à la gesticulation politique d’un pouvoir complètement dévalué, c’est aux dirigeants de BNP Paribas que le gouvernement français devrait demander des comptes, pas au président des États-Unis qui a eu beau jeu de botter en touche.

Ayant donc fait, une fois encore, la preuve de leur nocivité, les banques continuent par ailleurs à faire la démonstration de leur inutilité. C’est, en substance, ce que Mario Draghi est venu confirmer, s’il en était besoin, à l’issue de la dernière réunion du conseil des gouverneurs de la BCE, le 5 juin.

Tout est dans le constat suivant : « Le taux annuel d'évolution des prêts aux entreprises non-financières était de -2,7 % en avril 2014, comparé à -3,1 % en mars », dans la zone euro. On peut y ajouter l’évolution du principal agrégat monétaire (M3), tombé à 0,8 % en avril, contre 1 % en mars. Autrement dit, toutes les mesures empilées par la banque centrale depuis 2007-2008 n’ont toujours pas réussi à déboucher « le canal de transmission de politique monétaire », les banques ne jouant pas le jeu. L’économie « réelle » de la zone euro reste piégée dans une trappe à liquidité, les entreprises victimes d’un « credit crunch » persistant.

Il faut évidemment féliciter Francfort de n’avoir pas (pas encore ?) cédé aux sirènes des « marchés » en se ralliant à « l’assouplissement quantitatif » pratiqué au Japon (pionnier et récidiviste avec les « Abenomics »), aux États-Unis et en Grande-Bretagne. La démonstration est faite que cette politique d’achat indiscriminée de titres de dette (publique et privée) affiche un rendement marginal extrêmement faible dans la relance de l’économie mais alimente par contre la hausse des actifs boursiers et immobiliers, pour le plus grand bénéfice de leurs détenteurs et des intermédiaires financiers. 

Même si on ne fait pas boire un âne qui n’a pas soif, Mario Draghi et ses collègues pensent néanmoins qu’ils peuvent traîner le bourricot jusqu’à l’abreuvoir et lui mettre la tête dans l’eau. Au milieu d’une batterie de mesures qui cherchent à atteindre une multiplicité d’objectifs (la politique monétaire a bien changé de nature), la baisse de 10 points de base du principal taux directeur (de 0,25 % à 0,15 %) ciblant avant tout la parité dollar/euro, les plus significatives sont les deux opérations de « refinancement à long terme ciblées » (TLTRO) annoncées pour septembre et décembre prochains.

Excluant explicitement le crédit immobilier aux particuliers, elles visent à « contraindre » les banques européennes à prêter quelque 400 milliards d’euros aux entreprises non-financières, en leur servant une rentabilité exceptionnelle garantie sur quatre ans. « Nombre de conditions viseront à faire en sorte que ces fonds soutiennent l’économie réelle », a précisé le président de la BCE. Une manière de dire que le résultat est loin d’être assuré. La pénalisation des dépôts des banques auprès de la BCE, avec l’institution « historique » d’un taux négatif de -0,10 %, a une portée avant tout symbolique. C’est peu cher payer une aversion pathologique au risque et, de toute façon, le coût en sera reporté sur les clients.

 

Alignement sur le dollar 
Alignement sur le dollar © Gavekal

L’Europe va donc continuer à payer un lourd tribut, économique et social, à un « jeu des marchandages bancaires » dans lequel il est clair que les banquiers fixent les règles et se distribuent les meilleures cartes. Comme répété à satiété ici même, les expériences des années 1990, négatives au Japon et positives en Scandinavie, indiquent que d’autres arrangements institutionnels, des équilibres politiques différents pouvaient conduire à d'autres voies de sortie : la lumière complète sur le bilan des banques (le passage en revue des actifs est en cours en ce moment en Europe, sept ans après le début de la crise !), la purge des équipes dirigeantes, la nationalisation temporaire des établissements chaque fois que nécessaire, le cantonnement des actifs douteux ou pourris dans des structures ad hoc, une plus grande ouverture à la concurrence et des encouragements à la déconcentration du secteur bancaire, l’incitation à la mise en place de financements alternatifs au crédit bancaire.

Comme le notent encore Calomiris et Haber, « la crise du crédit subprime n’était que la dernière d’une très longue série de crises bancaires aux États-Unis. Ce qui doit être expliqué est pourquoi les États-Unis ont un système bancaire sujet aux crises de manière aussi persistante ». L’essentiel, au-delà de la recherche de coupables, est la « question importante : comment pouvons-nous changer les institutions politiques pour réduire les incitations à former des coalitions socialement improductives », telles que celles qui placent les banquiers au centre du jeu des « marchandages » ?  

 

Lire aussi

 

 

Source : www.mediapart.fr

 

 

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5 juin 2014 4 05 /06 /juin /2014 18:14

 

Source : www.reporterre.net

 

 

L’éolien offshore bénéficie aux industriels, pas à l’écologie

Marc Théry

jeudi 5 juin 2014

 

 

 

Sous les vivats de la presse et des politiques, deux nouveaux parcs éoliens en mer ont été attribués. Problème : ce secteur n’est pas rentable, il représente un surcoût important qui se répercutera sur la facture des consommateurs. Mais l’opération se fait au bénéfice des grands industriels.


Les questions énergétiques sont complexes, et on tient à les compliquer à l’infini, surtout quand on ne veut pas que le public sache et comprenne.

Il y a trois semaines, toute la presse française a été pleine des cris de joie des mondes politique et économique, à l’annonce de l’attribution par la ministre de l’écologie des deux parcs éoliens offshore, au large du Tréport, en Manche, et de Noirmoutier, face à la Vendée.

Sur ces deux parcs, d’une puissance de 500 MW (mégawatt) chacun, l’un n’avait pas été attribué lors du premier tour, en 2012, qui avait vu l’attribution de quatre autres parcs, de puissance similaire. Nous allons donc avoir, d’ici une dizaine d’année trois mille MW de puissance éolienne offshore installés le long de nos côtes.

Tout a été dit à cette occasion : les entreprises françaises, la technologie française (en fait allemande et espagnole, par le biais de rachat de sociétés), les énergies renouvelables françaises, sans oublier, bien sûr, l’emploi français qui va arroser tous nos pôles côtiers de la Manche et de l’Atlantique. « 10 000 emplois créés », a affirmé la ministre, madame Royal, une spécialiste de l’emploi « vert ».

Derrière la belle vitrine, des questions en suspens

Tout… ou presque : pas possible en effet de savoir combien vont nous rapporter toutes ces merveilles. Sur plusieurs dizaines d’articles, un seul abordait bien allusivement la question. Et pour cause : cette frénésie verte et française va, quand elle sera toute en activité, nous coûter, à nous consommateurs, 1,5 milliards d’euros par an.

Ceci va se retrouver sur l’énigmatique ligne CSPE de nos factures d’électricité, fourre-tout opaque, largement exploité par les contempteurs des énergies renouvelables, toutes mises dans le même sac, et bien d’autres choses encore.

Les contrats conclus dans le cadre du fameux appel d’offres « éolien offshore » attribuent un surcoût de 160 €/MWh (Mégawatt-heure) à cette production (0,16 €/kWh - kilowatt-heure -), toujours Hors Taxe, sur un prix de base de 40 à 60 €/MWh, soit un prix de rachat final obligatoire entre 200 et 220 €/MWh HT.

Pour comparer, l’éolien terrestre aujourd’hui est à un prix de rachat contractuel moyen de 70 €/MWh HT, soit un poids actuel sur la CSPE de 10 à 30 €/MWh, et bientôt plus rien, vu la vitesse à laquelle les autorités révisent les prix du nucléaire.

2 % de production pour un surcoût de 5 %

Globalement, ces parcs vont produire environ 10 TWh/an (térawatt-heure), soit autour de 2 % de la consommation française, mais leur surcoût va alourdir la facture globale (part production) de plus de 5 % : 1,5 Mrd €/an. On comprend pourquoi les autorités sont discrètes sur le sujet… Ce qui fera une subvention annuelle de 150 000 € par emploi créé : on peut vivre, avec ça. On a à faire, répétons-le, à des spécialistes !

Pendant ce temps, tout est fait pour décourager l’éolien terrestre, pourtant lui aussi créateur d’emplois, sans doute pas assez bien payés pour tout ce beau monde. Et pourtant, le potentiel inexploité reste immense sur terre, pourvu qu’on ne s’emploie pas à ériger sans cesse des barrières comme s’il en pleuvait, et que l’on favorise l’investissement participatif local, qui implique la population et lui donne un intérêt économique.

Silence radio dans les médias...

 

*Suite de l'article sur reporterre

 

 

Source : www.reporterre.net

 

 

 


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