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6 février 2014 4 06 /02 /février /2014 22:47

 

Secret State - Une minisérie d'Ed Fraiman

Jeudi 6 février 2014 à 20h50 - 4 épisodes

 

Un homme d’État intègre (Gabriel Byrne) se retrouve aux prises avec un sombre scandale politico-financier. Thriller palpitant sur les arcanes du pouvoir, Secret State est servie par un casting de haut vol, Gabriel Byrne (In Treatment, Usual Suspects) en tête.

Des agences du renseignement britannique qui mettent leur nez partout, des politiques ambitieux qui tweetent à tout-va, des médias à l’affût, une journaliste fouineuse, les menaces d'un complot islamiste et les manigances pas très propres d'un monde financier ultralibéral prêt à tout, même à sacrifier des vies.
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Source : www.lepoint.fr

 

TÉLÉVISION - "Secret State", la fiction politique à son point d'orgue

Le Point.fr - Publié le 06/02/2014 à 11:45

La mini-série britannique diffusée jeudi soir sur Arte met en scène Gabriel Byrne en Premier ministre malgré lui, aux prises, notamment, avec le MI6.

 

Gabriel Byrne incarne Tom Dawkins, Premier ministre britannique en temps de crise, dans "Secret State". Gabriel Byrne incarne Tom Dawkins, Premier ministre britannique en temps de crise, dans "Secret State". © Company Pictures & ALL3MEDIA

 

 

Les Britanniques excellent dans l'art de la fiction politique ; pour qui en doute, rendez-vous jeudi soir sur Arte. La chaîne diffuse Secret State, une mini-série en quatre épisodes adaptée du livre A very British Coup et qui met en scène un vice-Premier ministre obligé de prendre la tête du pays sur fond de crise(s) - politique, internationale, sociale....

Scarrow, petite ville britannique. Une explosion dans un complexe pétrochimique américain, Petroflex, entraîne la mort de dix-neuf personnes. Peu de temps après, le Premier ministre meurt dans un "accident" d'avion - en est-ce vraiment un ? - alors qu'il revenait des États-Unis où il était parti négocier les indemnisations des victimes. Tom Dawkins, le vice-Premier ministre au passé militaire que l'on devine trouble, se retrouve propulsé du jour au lendemain à la tête du gouvernement britannique. En face, la société Petroflex rechigne aux indemnités, et fait du chantage à la délocalisation.

Voilà pour le pitch. En toile de fond, la série aborde la toute-puissance du monde de la finance, le complot militaire, les arcanes des services secrets, les petites manipulations et stratégiques des élus... En bref, un thriller politique parfaitement mené, dont la tension captive dès le premier épisode et ne faiblit pas. Le charismatique Gabriel Byrne, en Premier ministre malgré lui, est formidable de gravité, de retenue et d'autorité. À ses côtés, on note aussi tout particulièrement la présence de Charles Dance (vu dans Game of Thrones) en conseiller de Dawkins et Douglas Hodge en ancien espion devenu alcoolique. Seul bémol : on aurait aimé plus d'épisodes et une diffusion sur plusieurs semaines pour faire durer le plaisir !

REGARDEZ - La bande-annonce de "Secret State" :

lien


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6 février 2014 4 06 /02 /février /2014 19:15

 

Source : www.mediapart.fr

 

Les banques européennes menacées par la crise des pays émergents

|  Par La rédaction de Mediapart

 

 

 

Plusieurs établissements bancaires européens sont exposés à hauteur de 2 200 milliards d'euros sur les marchés asiatiques et sud-américains. Un retournement économique pourrait menacer l'ensemble de l'édifice financier européen, selon la Banque des règlements internationaux (BRI).

Les banques européennes sont exposées à hauteur de 2 200 milliards d'euros sur les marchés émergents, selon un rapport de la Banque des règlements internationaux (BRI), publié vendredi 31 janvier, alors que les établissements européens doivent prochainement procéder à une évaluation de la valeur de leurs actifs, dit « stress-test », sous la supervision de la Banque centrale européenne (BCE).

Les banques britanniques sont exposées à hauteur de 370 milliards d'euros dans les économies de la région Asie-Pacifique, les banques espagnoles à hauteur de 340 milliards d'euros en Amérique latine, et les banques françaises et italiennes à hauteur de 140 milliards d'euros en Europe.

En cas de détérioration des marchés émergents, six banques européennes pourraient être particulièrement exposées : les banques espagnoles BBVA, UniCredit et Santander, les britanniques HSBC et Standard Chartered, ainsi que l'autrichienne Erste Bank, possèdent des dizaines de milliards d'euros d'encours bancaires, libres de toutes contreparties dans des pays comme le Mexique, la Thaïlande ou la Turquie.

Les marchés émergents sont touchés, depuis plusieurs semaines, par la conjonction d'un ralentissement de l'économie chinoise et d'une diminution progressive des plans d'aide de la FED à l'économie américaine, qui affecte leur monnaie et leur stabilité économique.

Fuite massive des capitaux hors des pays émergents

Le rapport de la BRI :

 

 

 

 

Source : www.mediapart.fr

 


 

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6 février 2014 4 06 /02 /février /2014 18:33

 

Source : www.reporterre.net

 

Le legs des Jeux olympiques d’hiver : installations pourrissantes et dégât écologique

Mountain Wilderness

mercredi 5 février 2014

 

 

 

 

Les jeux olympiques d’hiver vont s’ouvrir à Sotchi en Russie. Mountain Wilderness rappelle ce qu’il reste des précédents jeux hivernaux : infrastructures obsolètes, bâtiments abandonnés et dégâts environnementaux irréversibles.

 


 

Sotchi va organiser les Jeux olympiques 2014. Nice, Grenoble, Pelvoux et Annecy se sont battus pour obtenir l’organisation des J.O. d’hiver 2018. Annecy s’était vue pré-sélectionnée par le Comité olympique français avant de perdre, tout comme Munich, face au projet de la ville sud-coréenne de Pyeongchang.

Mountain Wilderness, comme de nombreuses organisations de défense de l’environnement, s’était positionnée contre les dégâts faits à la montagne par ces jeux hivernaux (lire ici et ).

Les arguments portés par nos associations quant aux impacts environnementaux et aux choix de développement liés aux J.O. d’hiver semblent aujourd’hui avoir trouver une très large audience. En mars dernier, une « votation populaire » était organisée dans le canton des Grisons, posant la question de la candidature aux J.O. d’hiver de 2022.

Le « non » l’a emporté par 52,66 % sur l’ensemble du canton, ce qui met fin à la candidature grisonne. Les porteurs du projet, qui se vantaient « d’organiser cet événement gigantesque dans les montagnes suisses d’une façon à la fois avantageuse économiquement et satisfaisante sur les plans social et environnemental », n’ont pas convaincu leur population.

 

 

Un an auparavant, c’est la candidature austro-italienne du Tyrol qui était rejetée par le parlement du Trentin. Et le 10 novembre 2013, les habitants de Bavière ont très largement rejeté la candidature de Munich aux olympiades d’hiver de 2022. « Ce vote n’est pas dirigé contre le sport, mais une réponse claire contre l’appât du gain et le manque de transparence du CIO », a souligné Ludwig Hartmann, porte-parole du mouvement « Nolympia ».

Tous ces électeurs ont sans doute été sensibles aux précédents ratés des J.O. : cela fait des décennies que le tremplin de Cortina d’Ampezzo (jeux de 1956) n’a pas accueilli de compétition internationale. La piste de bobsleigh de Sapporo (1972) a été enlevée à l’occasion des J.O. de Nagano, mais tous les bâtiments et constructions qui l’accompagnaient semblent avoir été laissés en l’état.

De même à Sarajevo (1988) où, certes, le contexte post J.O. était très particulier (c’est le moins que l’on puisse dire !), mais où les ruines sont toujours là. Quant aux jeux de Turin (2006), les ratés sont légion !.

 

*Suite de l'article sur reporterre

 

 

Source : www.reporterre.net

 

 

 

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6 février 2014 4 06 /02 /février /2014 18:25

 

Source : blogs.mediapart.fr/blog/victorayoli

 

«Sotte ! Chie» Donnez au peuple du pain et des jeux.

 

Allez, haut les cœurs ! (Haut-le-cœur plutôt). Le grand cirque blanc à tonton Poutine va commencer. Cinquante milliards de dollars jetés en l'air pour Sa gloire. Des milliers d'hectares ont été saccagées, des milliers de quasi-esclaves ont trimé pour quelques kopecks (quand ils ont eu la chance d'être payés !), des dizaines de milliers de flics et de troufions mobilisés pour assurer la « sécurité » (et la surveillance !) des centaines d'athlètes, des milliers de plumitifs et des centaines de milliers de spectateurs. Avec en épée de Damoclès la menace d'attentats spectaculaires et sanglants...

 

Putaing, on va en bouffer de la propagande !

 

La plus grande escroquerie mentale, c’est de faire croire que les « J.O. » sont une fête de la jeunesse, un instant de paix mondiale.

 

Les J.O., sont nés dans la cervelle d’un baron aux idées plus que douteuses : raciste, sexiste, admirateur et protégé d'Hitler. Le C.I.O., multinationale bourrée de thunes, domicilié évidemment en Suisse, ne payant pas d’impôts, a été dirigé pendant des années par Samaranch, fruit délicat du franquisme à qui l’on doit la forme moderne, c’est-à-dire totalement dévolu au fric roi, des J.O., avec les droits télé et les partenariats.

 

Les J.O. représentent l’embrigadement, le nationalisme le plus chauvin, une compétition sous-tendue par les drogues fournies par les grands laboratoires pharmaceutiques mondiaux et grassement commissionnés par les marchands d’inutile.

 

Les villages olympiques sont des ghettos où les robots programmés ne se rencontrent jamais, ne se côtoient pas, ne se parlent pas. Surveillés qu’ils sont par des « entraineurs  kapos ».

 

Le sport vu par le père Coubertin (Baron Pierre de…), ça a toujours plu aux dictateurs : plus haut (pendre les dissidents), plus vite (débarrasser le pays des opposants), plus fort (taper sur ceux qui osent ouvrir leur gueule)

 

Et les sportifs là-dedans ? Parce qu’il y en a qui y croient, qui se décarcassent pour le rêve d’une médaille… Ils sont des marionnettes… Ce sont des champions élevés en batterie, c’est pas du nourri sous la mère ! La course aux médailles – pour l'honneur et la gloire du drapeau (et des sponsors!) - a imposé une sélection des athlètes dès le berceau et des rythmes d’entraînement totalitaires. On n'est pas loin de la servitude volontaire...

 

L'idéologie sportive concentre toutes les tares de l'ultralibéralisme. La performance à tout prix, la compétition sans merci, écraser l'autre pour gagner, en trichant si l'on est assez malin (ou bien « coatché ». C'est l'image de la vie en « Ultralibéralistan » : la lutte de tous contre tous, le chacun pour soi, l'égoïsme exacerbé. L’univers de l’entreprise est irradié par cette idéologie de la confrontation sans merci, par ces images de chocs, d’affrontements, de stages physiques, de préparations au combat économique, de constitutions d’équipes de collaborateurs offensifs « coachés » par des directeurs de ressources humaines inspirés . Non mais, vous les avez vu, ces tarés, faire des stages commandos avec d'anciens légionnaires trop heureux d'en faire baver aux « pékins » en leur prenant du pognon !

 

Seulement les Jeux Olympiques sont, avec la coupe du monde de foute, une des caisses de résonance les plus efficaces de marketing international, car ils touchent des milliards de personnes sur l'ensemble de la planète. Il ne faut pas s'étonner si des états, comme hier la Chine, aujourd'hui la Russie, qui ont une conception pittoresque des droits de l'humain, se servent de ces manifestations pour policer leur image et légitimer leur pouvoir.

 

Jeux Olympiques ? Vafenculo...

 



Octidi 18 pluviôse 222

 

 

Photo X – Droits réservés


 

Source : blogs.mediapart.fr/blog/victorayoli

 



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6 février 2014 4 06 /02 /février /2014 18:15

 

 

Source : www.mediapart.fr

Circulaires, manuels, livres: les ministères censurent le mot «genre»

|  Par Lucie Delaporte

 

 

Cédant à la pression des lobbies les plus conservateurs, le gouvernement a déjà, et depuis plusieurs mois, choisi de faire disparaître partout le mot « genre », désormais jugé trop sulfureux. Au prix d'absurdes acrobaties. Enquête sur une censure discrète qui signe aussi une incroyable défaite idéologique. 

C’est par un coup de fil un peu gêné que Sylvie Ayral a appris que ses quatre conférences programmées en avril dans des collèges de Seine-Saint-Denis étaient, « compte tenu du climat », purement et simplement annulées. L’auteure de La Fabrique des garçons, un livre très remarqué paru en 2011 et qui analyse comment, au collège, les garçons recherchent la sanction disciplinaire comme preuve de leur identité virile, a pourtant déjà fait des dizaines d’interventions en milieu scolaire, avec la bénédiction du ministère de l’éducation nationale. À chaque fois, le thème passionne les collégiens comme les enseignants.

Aujourd’hui, le sujet serait devenu trop sulfureux. Plus encore que le thème de son intervention, c’est manifestement le sous-titre de son livre, «Sanctions et genre au collège», et cette mention du mot « genre », qui a mis en alerte les radars du rectorat. 

 

Najat Vallaud-Belkacem et Vincent Peillon. 
Najat Vallaud-Belkacem et Vincent Peillon. © (dr)

Depuis le succès l’an dernier des mobilisations contre le mariage gay, aux slogans ouvertement homophobes, le terme « genre » est en effet l’objet d’une invraisemblable chasse aux sorcières. Pour désamorcer la fronde réactionnaire qui s’affole de l’introduction d’une prétendue « théorie du genre » à l’école, le gouvernement aurait pu choisir de faire de la pédagogie sur un concept encore assez neuf dans le débat public. Il aurait pu sereinement expliquer que la théorie du genre n’existe pas mais que le genre est un concept précieux pour penser tout ce que les rôles de sexe ont de socialement construit.

Le mouvement de boycott de l’école primaire la semaine dernière l’a encore prouvé, le terme charrie effectivement bien des fantasmes. Mais l'exécutif a préféré faire simple, en mettant, tout simplement, le mot « genre » à l’index. Lois, circulaires, rapports... Afin de ne pas trop froisser les lobbies intégristes, le gouvernement a discrètement choisi de se passer d’un des concepts les plus importants du champ intellectuel de ces dernières décennies.

Le cas de Hugues Demoulin, chargé de mission égalité garçons-filles dans l’académie de Rouen, et déjà rapporté par ce blog, est à cet égard saisissant. La parution de son livre Déjouer le genre – Pratiques éducatives au collège et au lycée, destiné à être un outil de formation pour les enseignants, est bloquée depuis le mois de septembre. Son ouvrage a pourtant été validé à plusieurs reprises par l’éditeur, le Centre national de ressources pédagogiques, qui dépend du ministère de l’éducation nationale. Puis plus rien. Problème de titre. Preuve d’un climat de tension extrême, le chargé de mission ne veut pas répondre à la presse. Aux dernières nouvelles, son livre devrait paraître prochainement… sous un autre titre !

Avec le rapport sur les stéréotypes de genre chez les enfants et les adolescents, commandé par Najat Vallaud-Belkacem au commissariat général à la stratégie et à l’action prospective, et présenté le 15 janvier dernier, la censure a sans doute atteint le sommet du ridicule. « Vu le climat explosif, on nous a fait comprendre que si on pouvait se passer de ce terme, ce serait mieux », confirme à Mediapart Vanessa Wisnia-Weill, l’une des co-auteures du rapport. Comme dans les cas précédents, pas de consignes écrites, mais de fermes recommandations venues « d’en-haut ».« Après nous être interrogées nous avons finalement décidé de peser précisément nos mots », raconte-t-elle.

Le titre du rapport « Luttez contre les stéréotypes de genre » est donc devenu « Luttez contre les stéréotypes garçons-filles » et les occurrences du mot genre sont presque toutes supprimées. Un travail d’orfèvre qui nécessite parfois le recours à de longues et pénibles périphrases. Et laisse, sur deux cents pages, la même étrange impression que la lecture de La Disparition de Georges Perec, son roman rédigé sans la lettre « e ».

La censure dans ce cas précis est d’autant plus absurde que le commissariat général à la stratégie et la prospective a été créé pour éclairer les pouvoirs publics sur le long terme, et donc sans se soucier du « climat », mais aussi pour créer des ponts avec la recherche, où le terme genre est banalement utilisé depuis plus de quarante ans.

Le ministère du droit des femmes, très actif depuis un an et demi dans la lutte contre le sexisme ou l’homophobie – soit des politiques publiques où il est particulièrement difficile de faire l’économie des recherches sur le genre –, a lui-même été prié de faire le ménage dans sa terminologie. Le mot « genre » a ainsi été effacé tant des circulaires que des campagnes de sensibilisation. Le programme ABCD de l’égalité, expérimenté dans certaines écoles (lire notre article) et qui a cristallisé les inquiétudes de certains parents, n’y fait ainsi jamais référence.

Dans l'entourage de la ministre on reconnaît avoir proscrit un terme difficile à comprendre y compris par les adultes de l'ABCD de l'égalité, mais on nie que le genre soit devenu tabou, citant quelques occurrences çà et là dans les programmes de lutte contre l'homophobie. Cette traque dans les documents à destination des écoles prouve bien que cette stratégie est non seulement choquante mais totalement inefficace. Depuis un an, elle est pourtant suivie avec constance.

« C’est normal que ça résiste, on est en train de changer la société ! »

L’examen du projet de loi sur l’école, en février 2013, où le terme  « genre » ne figurait pas, avait donné lieu à une curieuse bataille rangée autour du concept. La députée socialiste des Hauts-de-Seine, Julie Sommaruga, avait ainsi défendu un amendement qui précisait que l’école élémentaire devait promouvoir « l’égalité de genre ». Un amendement alors adopté sans provoquer d’émoi. Au Sénat, l’amendement, jugé trop subversif, est rejeté. Et on lui préfère la formule : « une éducation à l’égalité entre hommes et femmes ». En seconde lecture, Barbara Pompili, députée EELV, revient à la charge et tente de réintroduire l’expression. C’est alors Vincent Peillon en personne qui lui demande de retirer son amendement, au motif que le terme suscite trop de crispations.

« Quand on vous attend à tous les coins de rue avec un bazooka, je comprends la prudence du ministre sur le sujet », avance un expert du ministère, qui défend l’idée qu’employer le mot « genre » revient effectivement à « mettre de l’huile sur le feu ».

Pour autant, effacer le « genre » est tout sauf indifférent. Abandonner un concept qui irrigue des disciplines aussi différentes que l’histoire, la philosophie, la sociologie ou même la biologie relève bien d’une très grave défaite idéologique et donc d’une défaite politique.

« J’entends la volonté d’apaiser. L’école publique et laïque est si violemment attaquée aujourd’hui sur ces sujets… Mais on se trompe complètement de cible ! Les études de genre ont apporté tellement à la compréhension des phénomènes de discrimination, de domination », regrette Sylvie Ayral, qui ne peut imaginer qu’un repli de circonstance. Sur le terrain, ces nouvelles consignes ont évidemment plongé dans la perplexité les responsables des politiques de lutte contre les discriminations dans les académies. « On peut faire sans (le genre) mais si vous voulez aborder certaines problématiques comme la manière dont les garçons sont eux aussi à leur manière victime des stéréotypes, la lutte contre l’homophobie, la lutte contre le masculinisme, on a besoin du concept de genre ! » explique un chargé de mission égalité au sein de l’éducation nationale.


 

Le sociologue Eric Fassin. 
Le sociologue Eric Fassin. © (dr)

Pour le sociologue Éric Fassin, qui se dit abasourdi de découvrir un tel recul, « s’attaquer aux inégalités filles-garçons nécessite de s’attaquer aux mécanismes qui les fabriquent et pour cela il faut passer par le genre ». Ce n’est pas simplement défendre l’égal accès à toutes les professions – une fille peut devenir garagiste et un garçon « sage-femme » – mais aussi s’interroger sur les représentations du masculin et du féminin : pourquoi se moquer d’une fille « garçon manqué » ou d’un garçon « efféminé », par exemple. « En ce sens, les manifestants qui arborent les slogans "Touche pas à mes stéréotypes de genre" ont très bien compris de quoi il s’agissait. En remplaçant égalité de genre par égalité filles-garçons, on veut signifier qu’on ne s’attaquera surtout pas à l’ordre des choses. Or l’idée d’assurer l’égalité sans toucher aux normes est totalement absurde », affirme le chercheur.

Face aux fortes résistances qui se sont exprimées dans la rue depuis un an sur ces sujets, le gouvernement avait-il d’autre choix que de calmer le jeu ? « Je sais qu’au gouvernement certains sont persuadés qu’il s’agit d’un repli stratégique pour avancer sur l’essentiel, mais c’est ne rien comprendre à la situation, s’énerve Caroline de Haas, la fondatrice d’Osez le féminisme qui a récemment quitté le cabinet de Najat Vallaud-Belkacem. Ceux qui ont encore manifesté dimanche sont contre l’égalité hommes-femmes, ils pensent que les rôles sociaux, c’est très bien ! Et on voudrait négocier, trouver un juste milieu. »

Pour elle, « il y a une bataille culturelle, idéologique, philosophique à mener sur l’égalité de genre. C’est normal que ça résiste, on est en train de changer la société ! Je crois que tout cela révèle une absence de culture politique féministe et un vrai problème de colonne vertébrale sur ces sujets alors qu’en face, ils sont très bien formés, très bien organisés ».

La communication gouvernementale sur ces sujets, à commencer par celle du ministère de l’éducation, a été des plus hasardeuses. Fin mai, au lendemain des grandes manifestation, alors que Le Figaro croit bon de surfer sur la vague en titrant « la théorie du genre s’immisce à l’école », Vincent Peillon, interrogé sur France 2, se prend une première fois les pieds dans le tapis en déclarant de but en blanc : « Je suis contre la théorie du genre. » « Si l'idée, c'est qu'il n'y a pas de différences physiologiques, biologiques entre les uns et les autres, je trouve ça absurde », croit bon d’ajouter le ministre dans un saisissant raccourci, qui avait évidemment provoqué la consternation des chercheurs. Trois mois plus tard, après un petit recadrage de son cabinet, Vincent Peillon admet sur France Inter que « la théorie du genre n’existe pas », puis récemment que « la théorie du genre n’est pas enseignée à l'école»… Ce qui suppose qu’elle existe. Au-delà de ces maladresses, le ministre a effectivement décidé de bannir le concept même de genre de tous ses discours pour s’en tenir à la stricte défense de l’égalité filles-garçons.

En supprimant le mot, le gouvernement espère sans doute fermer la porte à des questions sur la transidentité, la procréation, la filiation que le concept de « genre » permet effectivement d’aborder de manière nouvelle et critique. À voir l’importante production théorique sur ces sujets, censurer le mot genre dans les textes et les discours officiel est évidemment dérisoire. En attendant, les militants de la Manif pour tous peuvent savourer une indéniable victoire.

 

 

Lire aussi

 

 

Source : www.mediapart.fr

 



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6 février 2014 4 06 /02 /février /2014 18:05

 

 

Source : www.mediapart.fr

Intégration des immigrés: Matignon veut dessaisir Valls

|  Par Carine Fouteau

 

 

 

Jean-Marc Ayrault souhaite sortir les questions d'intégration des immigrés de la tutelle du ministère de l'intérieur. Il doit présider mardi prochain une réunion interministérielle. Un organisme public, rattaché au premier ministre, serait créé. Mediapart publie la feuille de route provisoire du gouvernement.

Malgré le peu de soutien affiché par les ministres de son gouvernement, en premier lieu Manuel Valls, Jean-Marc Ayrault creuse son sillon sur les questions d’intégration, qu’il a préemptées depuis qu’il a lancé, avant l’été, une concertation avec cinq groupes de travail composés d’experts. La réunion interministérielle annoncée avant Noël, et reportée à la suite de la polémique suscitée par Le Figaro à propos de certaines des préconisations issues des travaux préparatoires, devrait avoir lieu mardi 11 février.

La feuille de route de Matignon, dont i-Télé a évoqué les grandes lignes et que Mediapart présente dans son intégralité (elle est à consulter en cliquant ici), montre que le premier ministre n’a pas renoncé à avancer sur ce dossier inflammable à quelques semaines des élections municipales, quitte à prendre le risque de chauffer à blanc l’opposition, extrêmement remontée sur tout ce qui touche aux « valeurs républicaines » du pays.

Ce document de 33 pages n’est pas définitif, ce qui veut dire que certaines des 44 mesures pourraient être retranchées et d’autres ajoutées. Mais l’architecture générale devrait rester inchangée. Le gouvernement rappelle son ambition de « renouveler en profondeur l’approche des questions d’intégration dans un esprit de responsabilité et avec le souci constant du respect des valeurs de la République », qualifiée de démocratique, laïque et sociale. L’appartenance à la nation, insiste-t-il, se définit par l’adhésion à des « valeurs communes et non négociables qui fondent la cohésion républicaine » à savoir la liberté, l’égalité, la dignité, la laïcité et la langue française.

Le fil directeur de cette « nouvelle » politique est d’en finir avec la « confusion entre immigration et intégration ». « S’il est indispensable de mettre en œuvre des politiques d’accueil volontaristes pour les primo-arrivants, il faut cesser de renvoyer à un fait migratoire des familles et des citoyens français installés parfois depuis des générations, et qui n’aspirent qu’à être considérés comme des Français comme les autres », indique le texte, qui révèle, dans son ensemble, une volonté d’éviter les couacs.

Les références aux dispositions les plus clivantes contenues dans les conclusions des groupes de travail ont en effet été gommées. Il n’est plus question ni de remise en cause de la loi de 2004 sur le voile à l’école, ni de reconnaissance de la part « arabo-orientale » de la France. La référence au multiculturalisme est jugée inappropriée. « Le multiculturalisme ne fait pas partie des valeurs de la République française. La France doit toutefois reconnaître l’héritage légué par les migrants au fil des âges, et leur participation quotidienne au dynamisme de notre nation », indique ce plan, qui consiste à mettre en musique les dispositifs existants et en cours d’adoption (réforme Peillon sur l’éducation prioritaire, loi Duflot pour l'accès au logement, loi Lamy sur la politique de la ville). Pas de solution miracle, donc, mais un renforcement des politiques allant dans le sens du droit commun (limiter autant que possible les mesures spécifiques, tout en s’assurant que les populations concernées aient effectivement accès aux services publics prévus pour tous).

Premier pilier : l’apprentissage du « socle commun » aux « primo-arrivants », c’est-à-dire aux étrangers nouvellement arrivés souhaitant s’établir durablement en France, passe par la mise en place d’un « réel parcours d’installation des personnes » via un service public renforcé de l’accueil.

Deuxième pilier : le renouvellement de la politique d’égalité des droits suppose un élargissement de la lutte contre les discriminations liées à l’origine à l’école, dans l’emploi, en matière de santé et dans le logement. « Bien sûr, l’intégration à la française fonctionne au fil des générations : les enfants de migrants ont un niveau de vie deux fois supérieur à celui de leurs parents et les deux tiers d’entre eux vivent avec un conjoint d’une culture différente. Mais elle se heurte à la persistance des stéréotypes liés à l’origine réelle ou supposée, qui pénalisent les personnes qui en sont victimes dans leur vie quotidienne comme dans leur parcours professionnel », souligne le document. L’ensemble des volets de l’action publique doit être concerné, insiste le gouvernement.

L’Éducation nationale est en première ligne. Afin de lutter contre le « plafond de verre », Matignon propose de développer la formation des personnels éducatifs, d’améliorer la coopération entre les parents et l’institution scolaire, par exemple en instaurant un accueil du matin en école primaire et au collège, de favoriser la scolarisation des enfants de moins de trois ans, de consacrer du temps pour le suivi des élèves et le travail en équipe et de lutter contre le décrochage scolaire. Le tout, en s’appuyant sur la récente réforme de l’éducation prioritaire, qui concentre les moyens sur les établissements les plus en difficulté.

Côté emploi, les agents de Pôle emploi devraient être formés aux « risques discriminatoires ». Les techniques de recrutement fondées sur l’appréciation in situ des compétences des candidats devraient être privilégiées. Pour dénoncer des discriminations, des actions collectives pourraient être menées, à l’initiative des syndicats de l’entreprise, avec l’accord des personnes concernées. La fonction publique devrait faire des efforts particuliers en « démocratisant » ses concours et en développant l’apprentissage.

En matière d’accès aux droits sociaux, le gouvernement rappelle son souhait de lutter contre les refus de soins, d’homogénéiser les durées de séjour exigées selon la nature des prestations, de simplifier l’accès à l’assurance vieillesse des migrants âgés, de sensibiliser les travailleurs sociaux aux discriminations « à caractère ethno-racial » et de recourir à des interprètes dans les lieux d’accueil.

Valoriser l’apport de l’immigration

Pour améliorer les procédures d’attribution de logements sociaux, le gouvernement s’en remet aux dispositions de la loi pour l’accès au logement et un urbanisme rénové (Alur) en cours d’adoption au Parlement. La Garantie universelle des loyers, prévue dans ce texte, devrait, quant à elle, permettre de lutter contre les discriminations dans l’accès au logement privé, en empêchant certaines pratiques de contournement de la législation.

Revendication récurrente, la création de carrés musulmans dans les cimetières devrait être encouragée. « De nombreux immigrés finissent leur vie sur le territoire français, mais ils ne peuvent obtenir un lieu de sépulture sur place faute d’espace adapté », regrette le document. Pour restaurer la confiance entre les citoyens et les forces de l’ordre, le gouvernement entérine les dispositifs mis en place par Manuel Valls avec le nouveau code de déontologie et le retour d’un numéro d’immatriculation sur l’uniforme des policiers et gendarmes, sans aller au-delà (la mise en place d’un récépissé pour empêcher les contrôles au faciès).

Troisième pilier : le gouvernement entend favoriser une « politique d’échange et de mémoire », assumant l’apport de l’immigration et valorisant « l’ouverture internationale de notre pays ». La cité nationale de l’histoire de l’immigration serait relancée, la contribution des soldats issus de l’immigration et d’outre-mer valorisée, des figures de l’histoire de l’immigration mises en avant. L’école inciterait à l’apprentissage des langues parlées « dans les grands pôles démographiques de la mondialisation » comme l’arabe, le mandarin et le hindi, aux côtés des enseignements classiques (anglais, espagnol, allemand et italien). Mais la « langue française est au cœur de l’unité nationale », souligne le gouvernement pour contrecarrer les critiques lui reprochant de brader la langue française.

Sur le modèle des offices franco-allemands et franco-québécois, un office franco-maghrébin pour la jeunesse pourrait être créé pour développer les échanges linguistiques et culturels « des deux côtés de la Méditerranée, à partir du socle commun que constitue la francophonie ».

La gouvernance de cet ensemble est encore sujette à discussion. Mais, selon des informations de Libération, le premier ministre devrait annoncer la création d’un commissariat général, d’un haut-commissariat ou d'un délégué interministériel à l’intégration, à la lutte contre les discriminations et à l’égalité, placé sous l’autorité de Matignon et piloté par un haut fonctionnaire. Ce faisant, le périmètre du ministre de l’intérieur s’en trouverait rétréci.

Depuis la création controversée du ministère de l’immigration, de l’intégration et de l’identité nationale en 2007 par Nicolas Sarkozy, l’ensemble des attributions concernant l’entrée et le séjour des étrangers en France ainsi que l’intégration des immigrés, autrefois partagées par les ministères des affaires sociales, de l’emploi, de l’intérieur et des affaires étrangères, avaient été rassemblées. Sous la pression du secteur associatif, révulsé par l’intitulé et la politique de ce ministère, ainsi que d’une partie de l’opposition de gauche et du monde universitaire, l’ex-président de la République avait fini par céder.

En 2010, il avait renoncé à son initiative, sans pour autant revenir à l’organisation antérieure: l’ensemble de ces fonctions étaient revenues au ministre de l’intérieur, c’est-à-dire au premier flic de France, ce qui avait provoqué le mécontentement des détracteurs du ministère de l’identité nationale. Élu à l’Élysée, François Hollande n’avait pas modifié ce dispositif. Selon le décret relatif à ses attributions, Manuel Valls est ainsi invité à préparer et mettre en œuvre la politique du gouvernement en matière d’immigration (légale et illégale), d’asile, d’intégration des populations immigrées et de naturalisation.

Les conséquences de la nouvelle organisation sont encore floues, y compris en matière budgétaire : une partie de la tutelle de l’Office français de l’immigration et de l’intégration (Ofii) va-t-elle échapper à Beauvau ? Moins impacté, le ministère de la ville, confié à François Lamy, devrait-il lâcher la supervision de l’Agence nationale pour la cohésion sociale et l’égalité des chances (Acsé) ? De son côté, le ministre de l'intérieur fait savoir qu'il gardera la responsabilité de la gestion du contrat d'accueil et d'intégration (CAI), c'est-à-dire du suivi des nouveaux détenteurs d'un titre de séjour durant leurs cinq premières années en France. Le Haut conseil à l'intégration (HCI) ne devrait, quant à lui, pas survivre.

Dernière question en suspens : quel haut fonctionnaire serait susceptible d’orchestrer cette politique ? De Jean-Michel Belorgey, ancien président du Fonds d’aide et de soutien pour l’intégration et la lutte contre les discriminations (Fasild) à Thierry Tuot, auteur d’un récent rapport remarqué sur l’intégration, en passant par Jean-Marie Delarue, ex-contrôleur général des lieux de privation de liberté, les profils compétents ne manquent pas.

 

Lire aussi

 

Source : www.mediapart.fr

 

 

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5 février 2014 3 05 /02 /février /2014 16:12

 

Source : www.marianne.net

 

EURO : Questions fréquemment posées

 

Rédigé par Jacques Sapir le Dimanche 26 Janvier 2014 à 22:47



Le débat sur une sortie, ou sur dissolution, de l’Euro suscite un certain nombre de questions qui reviennent de manière récurrente. On en aborde dans la note qui suit quelques unes de ces dernières afin de clarifier ce débat.
 

 

1-Différence entre dépréciation et dévaluation de la monnaie.
Ces deux termes sont aujourd’hui employés de manière synonyme. Ils renvoient pourtant à des réalités un peu différentes.

  1. Une dévaluation est un terme employé quand la monnaie à un cours fixe, que ce soit par rapport à un métal (l’or, l’argent, voire les deux) ou par rapport à une monnaie (la Livre Sterling, le Dollar, etc.). La parité est garantie par l’État, qui s’engage à échanger une certaine quantité de sa monnaie contre une certaine quantité de la référence, soit métallique soit d’une autre monnaie, à un taux de change donné. On dit qu’il y a dévaluation quand ce taux est administrativement baissé. La dévaluation fut pratiquée dans les systèmes monétaires à taux fixes (par exemple Bretton Woods). Par analogie, si un gouvernement s’engage à garantir une parité de sa monnaie dans des limites connues (+ ou – 5%) par rapport à un taux de change, et qu’il annonce que sa monnaie pourra fluctuer au-delà des anciennes limites, on parle de dévaluation ou de réévaluation en fonction des mouvements quand ils excèdent ces limites.
  2. La dépréciation est la baisse du taux de change d’une monnaie constatée sur un marché des changes en l’absence d’intervention directe de l’État ou de la Banque Centrale pour en fixer le cours. L’État ou la Banque Centrale peuvent cependant continuer d’intervenir par des « actions de marché » (achat ou vente des autres devises), par des interventions sur le taux d’intérêt, voire, pour la Banque Centrale, par la décision d’acheter de grandes quantités de dettes (publiques ou privées).

2-La dépréciation de l’Euro pourrait-elle remplacer la dissolution de la zone Euro, le retour aux monnaies nationales et la dépréciation de chaque monnaie ?
Cette question est régulièrement posée à chaque fois que les tensions s’accumulent dans la zone Euro. On considère qu’une alternative à la dissolution de l’Euro serait sa dépréciation par rapport au Dollar. Mais, ce faisant, on a tendance à oublier :

  1. Le fait que dans un processus de dépréciation de l’Euro, la parité implicite de chaque pays vis-à-vis de l’Euro n’est pas modifiée. Or, le problème réside dans les différences de gains annuels de productivités et les différences d’inflation à l’intérieur de la zone Euro. Il apparaît que l’on ne peut trouver un taux de change unique qui satisfasse des pays qui ont des économies structurellement très différentes.
  2. Le fait que tous les pays n’ont pas le même degré d’intégration dans la zone Euro. La France est l’un des moins intégrés, alors que le taux d’intégration de l’Espagne ou de l’Italie est nettement plus élevé. Dans une dépréciation de l’Euro, la France gagnerait ainsi nettement plus que ses deux voisin du Sud. Soutenir l’idée de la dépréciation de l’euro par rapport au Dollar, c’est en un sens vouloir la mort des pays du « Sud » de la zone.
  3. Pour réaliser une telle dépréciation, il faudrait que la Banque Centrale Européenne rachète massivement (entre 700 et 1400 milliards) de la dette publique émise par les différents États. Or, si M. Mario Draghi a évoqué cette possibilité (OMT), c’est pour des montants bien moindres. On ne voit pas la BCE se lancer dans une politique qui serait rapidement jugée anti-constitutionnelle aux yeux de la Constitution allemande.

3-Une dépréciation de la monnaie serait-elle favorable à l’économie française ?
Un courant d’idée veut que, aujourd’hui, la concurrence sur le marché des produits se fasse non pas sur le prix mais sur des éléments de qualités. Ceci invaliderait l’idée d’une dépréciation. Un autre courant soutient que l’on peut arriver aux mêmes résultats par une dévaluation interne, soit une baisse des prix et des salaires dans un pays considéré. Il faut alors regarder les résultats de ces diverses politiques.

  1. Une dépréciation de la monnaie (de l’Euro en l’occurrence) a bien des effets positifs sur l’économie, comme cela est montré dans une récente étude du CEPII[[1]]url:#_ftn1 . Différentes études qui ont été faites par des centres de recherche publiques ou privés, indiquent que la compétitivité prix reste largement dominante dans le cas des produits fabriqués en France. Notons que cette étude ne regarde qu’une dépréciation de 10%. Il est connu que les élasticités changent si l’on déprécie la monnaie de 20% et plus. L’étude du CEPII sous-estime en réalité l’impact positif d’une dépréciation.
  2. L’étude citée du CEPII indique aussi qu’une dévaluation interne aurait des résultats équivalents. Mais, elle indique que ces résultats seraient bien plus lents à se manifester. Or, dans ce cas, il faut prendre en compte la baisse de la consommation interne dans le pays considéré.
  3. En fait, une dévaluation interne n’est autre que ce que l’on appelait dans les années 1930 une politique de déflation, comme pratiquée par Ramsay Macdonald en Grande-Bretagne, Pierre Laval en France ou le chancelier Brünning en Allemagne. Compte tenu de la présence de rigidités nominales différentes suivant les prix[[2]]url:#_ftn2 , et du fait que les coûts financiers sont constants en valeur nominale, ces politiques se sont toutes traduites par des désastres sociaux ET économiques. Cette politique est largement responsable de la hausse au-delà de 26% du taux de chômage en Espagne et en Grèce.
  4. Les exemples récents de la Grande-Bretagne et surtout du Japon montrent tout l’intérêt d’une dépréciation de la monnaie, qui fut d���ailleurs massive dans le cas du Japon.

Une dévaluation interne n’est pas une alternative à une politique de dépréciation de la monnaie comme le montrent tous les exemples historiques.
4-La dépréciation de la monnaie s’oppose à la voie de l’effort qu’incarne une politique de réformes structurelles.
C’est une question fréquemment posée, dont le sous-entendu est que l’effort, et donc la souffrance, seul paye en économie. On reconnaît ici la base chrétienne du raisonnement. Il faut ajouter que l’on ne dit rien sur qui devrait faire des efforts…Sur le fond, cela appelle les remarques suivantes :

  1. Il faut préciser de quelles réformes structurelles on parle. En réalité, c’est presque toujours des réformes aboutissant à une baisse des droits sociaux et de la protection sociale. D’autres réformes, concernant la direction de la politique industrielle, l’effort de recherche et d’éducation, qui sont elles de véritables réformes structurelles ne sont que très rarement mentionnées.
  2. Une dépréciation de la monnaie, et l’on se met ici dans l’hypothèse d’un retour au Franc accompagné d’une dépréciation sensible par rapport au Dollar et au DeutschMark, entraînerait une forte croissance pendant une période de 3 à 5 ans. Cette croissance dégagerait les ressources budgétaires et fiscales qui sont nécessaires à la réalisation de véritables réformes structurelles. En réalité, loin de s’opposer, la dépréciation monétaire a toujours été le meilleur moyen de réaliser ces réformes structurelles. Cela est montré par les résultats du scénario pro-investissement dans le cadre d’une sortie de l’Euro[[3]]url:#_ftn3 .
  3. Si l’on procède à une dépréciation forte de la monnaie, on obtient au bout de 3 ans à une forte baisse du chômage (de 1,5 millions à 2,5 millions). Ceci entraînerait un équilibre (voire un solde positif) de l’assurance-chômage. En fait, la meilleure des réformes structurelles, que ce soit sur la question de l’assurance-chômage ou sur celle des retraites, c’est le retour rapide à une forte croissance.

5-La dépréciation de la monnaie entraînerait une explosion de l’endettement de la France avec des conséquences désastreuses.
C’est un des arguments les plus usés et les plus mensongers. On rappelle ici l’état exact du problème.

  1. En Droit international ce qui compte n’est pas la nationalité du prêteur mais la nationalité des contrats. Quand une dette, publique ou privée, a été émise en droit français, sa monnaie de règlement est la monnaie ayant cours légal en France, quel que soit cette monnaie (Euro ou Franc). Cela porte un nom, la Lex Monetae.
  2. Pour la dette publique, les contrats émis en droit français sont passés de 85% du montant de la dette à 97% en 2013. Donc, seuls les 3% résiduels seraient affectés par une dépréciation de la monnaie.
  3. La dette des ménages est massivement (à plus de 98,5%) en contrats en droit français. Cela veut dire qu’il y aurait une conversion instantanée des dettes et des avoirs détenus en Euro en Franc, au taux de 1 pour 1.
  4. Pour les entreprises non financières, le problème de la nature du droit ne se pose que pour celles, en général les grands groupes, qui ont emprunté en Dollar, en Livre ou en Yen. Mais, ces grands groupes réalisent une large partie de leur chiffre d’affaires hors de France, et dans ces monnaies. L’impact de la hausse de leur endettement serait couvert par la hausse de leur chiffre d’affaires en monnaie autre que le Franc.
  5. Pour les sociétés financières (banques et assurances) une étude de la BRI de Bâle montre que le système bancaire français peut parfaitement digérer ce choc, dont le montant agrégé ne dépasserait pas les 5 milliards d’Euros. Pour les assurances, elles ont massivement réorienté leurs actifs vers la France. Si une aide de l’État est nécessaire, elle devrait être limitée et sera largement digérable dans le cadre d’une forte croissance engendrée par la dépréciation.

6-Si la France sortait de l’Euro et dépréciait sa monnaie, tous les pays l’imiteraient ce qui reviendrait à annuler le bénéfice de l’opération.
Ceci constitue le deuxième argument le plus usité contre une dissolution de la Zone Euro. Mais, il ne tient pas compte des réalités de l’économie.

  1. Il est très difficile pour un pays qui a une balance commerciale massivement excédentaire de voir sa monnaie se déprécier. Pour cela il faudrait que sa Banque Centrale injecte massivement de la monnaie dans son économie (probablement à hauteur de 500 à 600 milliards). Or, la Constitution allemande l’interdit formellement. Il est donc irréaliste de voir l’Allemagne déprécier sa monnaie.
  2. Une dépréciation de la Lire italienne et de la Pesetas espagnole est par contre certaine. Elle devrait être légèrement plus importante que celle du Franc français.
  3. Cette situation a été testée[[4]]url:#_ftn4 et se révèle favorable à la France, mais aussi à l’Italie, à l’Espagne (ainsi qu’au Portugal et la Grèce). Par contre, la constitution d’un bloc monétaire surnommé Euro-Sud, serait très défavorable pour ces pays.

7-Beaucoup de nos problèmes sont antérieurs à la création de l’Euro. Vouloir sortir de l’Euro ne les résoudrait pas.
Troisième argument fréquemment soulevé, en général par des économistes situés à gauche de l’échiquier politique, mais qui repose sur un malentendu.

  1. Il est effectivement vrai que les problèmes structurels de l’économie française sont en partie antérieurs à 1999. Mais il est aussi clair que ces problèmes ont été considérablement aggravé par la création de l’euro.
  2. Ces problèmes furent provoqués par la politique dite du « Franc fort » que la France avait adopté dans les années 1990 pour se préparer à l’Euro. On doit donc logiquement les relier à l’existence de l’Euro, qui seul a donné un certain sens à cette politique. Si la France avait massivement déprécié sa monnaie (-20%) en 1994 ou 1995, une partie de ces problèmes ne se seraient pas manifestés.
  3. Fondamentalement, la France connaît une crise latente, avec des périodes de rémissions, depuis que fut pris le « virage » pro-européen de 1983 et que fut adoptée une politique de financiarisation des activités économiques (1987). C’est cette politique qu’il s’agit de remettre en cause.
  4. Une dépréciation de l’Euro n’a donc de sens que si elle s’accompagne d’une autre politique, d’une rupture avec nombre de mesures qui ont été prises depuis 30 ans, et si elle s’accompagne d’une politique de « dé-financiarisation » dont l’un des principaux instruments sera un contrôle des mouvements de capitaux à court et très court terme. En ce sens une sortie de l’Euro peut être une chance historique de mettre en place cette « autre politique » qui hante la France depuis maintenant trente ans.

8-Quel serait l’impact d’une dépréciation sur l’inflation ?
Il est clair qu’il faut effectivement s’attendre à une remontée de l’inflation à la suite d’une forte dépréciation de la monnaie. Mais, cette poussée d’inflation sera en réalité très modérée et bien inférieure aux estimations les plus folles faites par certains.

  1. On peut estimer l’inflation importée totale, sur une période de deux ans, de 7% à 9%, ce à quoi il faudra ajouter l’inflation résiduelle. C’est donc au total de 10% à 12% d’inflation que la France devrait avoir sur les deux ans suivant la dépréciation du Franc. Cette estimation a été volontairement pessimiste. En réalité, le contexte économique est plus proche de la déflation que de l’inflation.
  2. Le prix de carburants, compte tenu du montant des taxes, ne devrait augmenter que de 5% à 7%.
  3. Des taux d’inflation du niveau que l’on vient évoquer auront par contre pour effet de rendre les taux d’intérêts réels négatifs. Ceci devrait avoir, comme on l’a vu dans les années d’après-guerre, un effet très positif sur l’activité économique et l’investissement.

9-Une dissolution de la zone Euro, et une dépréciation forte de la monnaie, provoquerait l’hostilité des Etats-Unis et des autres pays.
En fait, ceci ne tient pas compte, ici encore, de certaines réalités.

  1. Une dépréciation qui se situerait dans le cadre des calculs qui ont été faits ne provoquerait une baisse de la valeur agrégée de la production de la zone Euro que de 7% (essentiellement en raison d’une réévaluation de la monnaie allemande). Cela équivaudrait à passer de 1 euro pour 1,365 USD à 1 Euro pour 1,27 USD. C’est tout à fait acceptable tant pour les Etats-Unis que pour le Japon[[5]]url:#_ftn5 .
  2. On a souvent dit que l’Euro nous « protégeait » contre le Dollar (sans jamais le démontrer par ailleurs). En fait l’Euro n’a pu être créé qu’avec l’accord des Etats-Unis[[6]]url:#_ftn6 .
  3. La fin de l’Euro concentrerait les pressions spéculatives sur le Dollar et conduirait le gouvernement américain à accepter une nouvelle conférence internationale monétaire.

 


[[1]]url:#_ftnref1 La Lettre du CEPII, n°340, janvier 2014.
[[2]]url:#_ftnref2 B.C. Greenwald et J.E. Stiglitz, “Toward a Theory of Rigidities” in American Economic Review, vol. 79, n°2, 1989, Papers and Proceedings, pp. 364-369. J.E. Stiglitz, “Toward a general Theory of Wage and Price Rigidities and Economic Fluctuations” in American Economic Review, vol. 79, 1989, Papers and Proceedings, pp. 75-80.
[[3]]url:#_ftnref3 Sapir J., P. Murer et C. Durand, Les scénarii de dissolution de l’ Euro, Fondation ResPublica, Paris, septembre 2013.
[[4]]url:#_ftnref4 Sapir J., P. Murer et C. Durand, Les scénarii de dissolution de l’ Euro, op . cit..
[[5]]url:#_ftnref5 Calculs réalisés à partir des PIB des différents pays. Sapir J., P. Murer et C. Durand, Les scénarii de dissolution de l’ Euro, op . cit..

[[6]]url:#_ftnref6 Sapir J., « La fin du duopole », Russeurope, 6 octobre 2013,  http://russeurope.hypotheses.org/1585

 

Source : www.marianne.net

 


 

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5 février 2014 3 05 /02 /février /2014 15:55

 

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Les Madame Irma du CAC 40
Mardi 4 Février 2014 à 17:25

 

Antoine Corbin

 

Conseillers au ton feutré, banquiers péremptoires, agences bien informées... Les voix ne manquent pas pour nous dire où investir nos précieuses économies. On en a entendu, en un an ! L'or va battre tous ses records, la Bourse de Tokyo se cassera la figure, celle de Paris sera en petite forme, le yen va grimper... Pour 2013, les cadors de la finance avaient tout prévu. Sauf ce qui s'est passé.

Marc Touati (ABRAHAM/NECO/SIPA)
Marc Touati (ABRAHAM/NECO/SIPA)
Marianne est formel : le CAC 40 clôturera l'année 2014 un 31 décembre. Nous pouvons même vous dire que ce sera un mercredi. Quant à savoir à quel niveau... Avant d'interroger les Mme Irma de la finance sur l'année 2014, nous nous sommes replongés dans leurs prévisions pour 2013. Elles décoiffent, mais pas dans le sens espéré. Ni les monnaies, ni les indices, ni les matières premières n'ont suivi les chemins annoncés. Facile de se moquer après coup ? Peut-être, mais personne ne force nos experts et analystes à répondre, quand on leur demande de quoi sera fait l'année qui s'annonce. Par ailleurs, mesurer l'écart entre leurs prévisions et la réalité n'est pas tout à fait inutile, car ces prévisions servent à orienter le placement de votre argent.


Que vous ayez une assurance vie, de l'épargne salariale ou un plan d'épargne en actions, les décisions d'investissement sont prises sur la base des recommandations des analystes. Heureusement pour vous, ils les révisent régulièrement. Car à douze mois, sans cruauté excessive, on peut dire qu'elles ne valent pas grand-chose. Nos experts, en général, ont une fâcheuse tendance à prolonger les tendances des dix-huit derniers mois, en les atténuant légèrement pour rester prudents. Les cours du blé monteront parce qu'ils ont monté, les prix de l'immobilier ne baisseront pas car ils n'ont pas baissé. C'est ainsi que l'effondrement de l'or, l'envolée de la Bourse de Tokyo ou le coup d'arrêt à la croissance indienne surviennent sans prévenir. Mais à qui se fier ? Aux éboueurs. En 1984, l'Economist a interrogé sur la marche du monde quatre étudiants d'Oxford, quatre anciens ministres des Finances, quatre patrons de multinationale et quatre éboueurs. L'expérience a été renouvelée par le magazine fin 2011. A chaque fois, les éboueurs s'en sont tirés correctement. Et en plus, ils participent à la propreté des rues.

 
DE LA PRÉDICTION À LA RÉALITÉ - Devait-on croire les experts en 2013 ?

Sur les pays émergents
 

Il a dit... Marc Touati, spécialiste de macroéconomie interrogé sur toutes les chaînes, fondateur du cabinet Acdefi, maître de conférences à Sciences-Po : «Les pays émergents continueront de croître à un rythme soutenu.» L'Inde devrait afficher une croissance de «6 %», alors que le Japon stagnera à «1 %».
 

Mais hélas... La croissance du Japon en 2013 devrait frôler les 2 %. Le pays a connu une année record. Quant à l'Inde, 2013 a été la pire année depuis dix ans, avec une croissance de 3,7 %. Cela dit, rendons justice à Marc Touati, il se contente en général de répéter ce que des analystes anglo-saxons ont dit avant lui. Goldman Sachs s'attendait à une «année record», le cabinet Ernst & Young envisageait 9,5 % de progression du PIB indien pour 2013 et voyait le Japon englué dans le marasme. Marc Touati ne s'est pas trompé, il a juste copié.
 

Sur l'immobilier
 

C'était écrit... «Il n'y a pas eu, il n'y a pas et il n'y aura pas de Grand Soir de l'immobilier», claironne le 6 décembre 2012 Alexandre Mirlicourtois, directeur des études du cabinet Xerfi, qui annonce pour l'année à venir «une correction infime» des prix.
 

Ça s'est passé.
 

Les prix ont baissé de 3 % au moins en 2013 selon la Fnaim, dans un volume de transactions historiquement faible, et le début d'année 2014 est très morose.
 

Sur le CAC 40
 

Ils ont dit... Les dizaines d'experts interrogés par l'agence Reuters mi-décembre 2012 voyaient en moyenne le CAC 40 en hausse de 9 % sur douze mois, soit 4 000 points en fin d'année. Les analystes de la Société générale se distinguaient par leur pessimisme. Ils tablaient sur une baisse de près de 5 %.
 

Et finalement... A 18 %, la progression du CAC a été deux fois plus importante que prévu... L'indice a fini l'année à 4 200 points. Même erreur du côté des Bourses américaine et britannique, dont les progressions ont été sous-estimées de moitié par les analystes.
 

La Bourse de Tokyo
 

Ils en étaient sûrs... Le Japon ? A la traîne, anémié, essoufflé, embourbé. Les 17 analystes interrogés début 2013 par l'agence Reuters prévoient une progression dérisoire de l'indice Nikkei, qui passerait de 10 500 à 11 000 points.
 

En fait... Le Nikkei a réalisé une année record, dépassant les 16 000 points. Du jamais-vu depuis trois décennies. Au printemps encore, interrogé par Forbes, Jeff Gundlach (une sorte de Marc Touati américain, abonné des plateaux télé), annonçait un effondrement de 20 % de la Bourse de Tokyo.
 

L'or
 

C'était joué d'avance. Le métal précieux était à la hausse depuis douze ans, et il fallait vraiment être aveugle pour ne pas voir que le mouvement allait se poursuivre ! L'once démarre l'année tout près des 1 700 dollars. Fin décembre, début janvier, la Société générale l'imagine à 2 200 dollars courant 2013, la BNP Paribas CIB au-delà des 2 000 dollars...
 

Enfin, presque... En réalité, 2013 est l'année du krach. L'or termine à 1 200 dollars. Facteur aggravant pour nos prévisionnistes, la baisse démarre fin janvier 2013 ! Une seule banque avait entrevu ce qui allait se passer. C'était la Saxo Bank dans ses «prévisions chocs» 2013, un exercice de prospective qui, précise l'établissement, ne constituent pas «les prévisions officielles de Saxo Bank».
 

Devises
 

Il le savait... Quand Marc Touati n'est pas en plateau, c'est que Christian Saint-Etienne le remplace. Le 25 décembre 2012, il annonce : «Deux mille treize sera encore une année de crise de l'euro.»
 

Il se trompait ! L'euro a progressé de 2,3 % face au dollar et il s'est à peu près tenu contre le franc suisse. Comme crise, on a fait pire. A la décharge de Christian Saint-Etienne, personne n'avait vu venir l'événement majeur du marché des devises, le décrochage du yen. Début 2013, la BNP est totalement à côté de la plaque. Elle voit l'euro/yen à 100 fin 2013. Ce sera 140 yens pour 1 euros.
 

Pétrole
 

Ils n'étaient pas d'accord entre eux... Fin 2012, les experts interrogés par Reuters prévoient en moyenne un baril de brut à 107 dollars.
 

Et ils... avaient bien raison ! Pas si mal, on termine à 95 dollars... Seul hic, la prévision moyenne était faite de pronostics très différents, allant de 80 à 115 dollars le baril.

 
Source : www.marianne.net

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5 février 2014 3 05 /02 /février /2014 15:47

 

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La fin des bourses
Mercredi 5 Février 2014 à 05:00

 

Michel Santi (*)

 

Phénomène sans précédent depuis 50 ans, le marché des actions est devenu un marché obligataire alternatif ! Cette mue des bourses mondiales en tiroir caisse pour investisseurs friands de revenus réguliers et substantiels est à l’évidence lourde de conséquences pour le monde de l’entreprise.

 

Jason DeCrow/AP/SIPA
Jason DeCrow/AP/SIPA

Le contexte général d’incertitude et la récession européenne expliquent certes la frilosité des entreprises à investir et à embaucher. Après tout, les perspectives économiques en Europe n’inspirent guère que du pessimisme, en dépit des taux d’intérêt actuels proches du zéro absolu qui devraient – théoriquement – favoriser l’investissement de la part des patrons d’entreprises. Pourtant, c’est précisément ce niveau des taux à leur plus bas historique qui, contre toute attente, freine de manière décisive tout investissement sur le moyen et sur le long terme de la part des entreprises. En tentant de sauver le système, les banques centrales ont involontairement contribué à enfler une nouvelle bulle spéculative. De fait, ces taux d’intérêt réels infimes, voire négatifs dans certains pays, censés à la base favoriser l’investissement et dynamiser les économies…ont créé un monstre !
  

Tandis que le marché des actions offrait traditionnellement rentabilité et croissance sur le long terme aux investisseurs, et que le marché obligataire devait permettre, lui, de dégager du revenu. La création monétaire a bouleversé cette donne car l’afflux de liquidités à l’échelle planétaire s’est dès lors progressivement agglutiné sur les marchés boursiers internationaux qui disposaient d’un atout de taille en cette période de taux déprimés : les dividendes. Comme les investisseurs en mal de rentabilité se sont rendus compte que la distribution de dividendes sur les portefeuilles actions répondait à leur quête de rendement, ils ont donc détourné le marché boursier de sa vocation originelle de financement des entreprises pour en faire une machine à produire du rendement, par dividendes interposés.
  

Phénomène sans précédent depuis 50 ans, le marché des actions est ainsi devenu un marché obligataire alternatif ! Cette mue des bourses mondiales en tiroir caisse pour investisseurs friands de revenus réguliers et substantiels est à l’évidence lourde de conséquences pour le monde de l’entreprise, pour les travailleurs,pour les banques centrales comme pour les dirigeants politico-économiques. Alors que la vocation première des bourses était de mettre les pourvoyeurs de capitaux en relation avec les sociétés ayant besoin de liquidités. Alors que, en mettant leurs capitaux à disposition, les investisseurs sont supposés percevoir une participation au développement de l’entreprise, en contrepartie du risque assumé. Le fait est que le contexte des taux très bas stérilise toute la palette des investissements, car la dépendance accrue des entreprises à ces détenteurs de liquidités – uniquement préoccupés par obtenir du rendement sur le court terme – opère une redistribution en profondeur des ressources.
  

En effet, elle contraint les sociétés à modifier leur stratégie car l’outil de travail se transforme progressivement en un instrument financier. Les banques centrales constatent donc que leur politique de taux d’intérêt proches du zéro - loin de motiver les entreprises à placer sur le long terme - conduit celles-ci à privilégier au contraire la liquidité à court terme, comme la distribution de dividendes ou le rachat d’une partie de leurs propres actions. A l’instar de Ford qui, pour voir décidé de doubler son dividende, a bénéficié de la flambée de son titre de plus 35% les trois mois ayant suivi cette décision ! Le monde de l’argent a donc trouvé une parade pour surmonter l’écueil des taux nuls en parvenant – comme toujours - à trouver une nouvelle « vache à lait ». Les revenus nets distribués par les sociétés (non financières) à travers le monde occidental n’atteint-il pas aujourd’hui un record historique à 10% de la valeur de ces entreprises ? Cet appât du gain a gonflé une nouvelle bulle et a, accessoirement, faussé et dévoyé toute la théorie économique qui veut que des taux d’intérêt à de tels niveaux et qu’une création monétaire dynamique doivent logiquement profiter aux acteurs économiques. Au lieu de cela, les mécanismes de transmission monétaire ont été déroutés pour transformer les marchés boursiers en bandits manchots cracheurs de monnaie.
  

En outre, la notion de gestion du risque censée privilégier les marchés obligataires - sécuritaires - aux bourses - nettement plus spéculatives – s’est estompée. Le contexte des taux d’intérêt proches du zéro absolu n’a ainsi fait qu’exacerber cette quête effrénée aux profits avec, une fois de plus, des conséquences calamiteuses pour l’économie réelle. Les entrepreneurs préfèrent en effet consacrer leur cash-flow à distribuer des dividendes en lieu et place d’opérer à des placements sur le moyen et sur le long terme dans l’intérêt de leur société et de leurs salariés. Les banques centrales soupçonnaient-elles que leur politique monétaire hyper laxiste ne ferait qu’accentuer cette guerre que se livrent travail et capital ? Toujours est-il que l’influence prépondérante de l’actionnariat sur les stratégies des sociétés cotées dénature le métier d’entrepreneur. Pour avoir cédé à la pression des détenteurs de liquidités ayant pris son titre en otage, le chef d’entreprise et son directeur financier sont progressivement devenus des pourvoyeurs de revenus réguliers, au détriment de l’investissement et bien-sûr de l’emploi.
  

Que les responsables politiques, économiques et monétaires daignent enfin s’intéresser de près au théâtre boursier et à ses coulisses, si leur souci est bien de pérenniser la croissance et de résorber le chômage. Car les patrons des entreprises cotées ont désormais achevé leur mue en grands argentiers, et jouent à fond le jeu de la financiarisation. C’est pourquoi il n’est plus possible de miser aujourd’hui sur eux, ni sur leurs entreprises, et encore moins sur le marché boursier pour relancer nos économies. Le marché des capitaux n’est effectivement plus qu’un gigantesque « hedge fund » qui exploite opportunément les bourses et qui s’en détournera dès que la bulle sera sur le point d’imploser. Devenue distributrice de capitaux, l’entreprise participe aujourd’hui pleinement de la mort, lente mais inéluctable, du culte des bourses.

 

(*) Michel Santi est économiste, auteur de « L'Europe, chronique d'un fiasco politique et économique », « Capitalism without conscience » . Son dernier ouvrage est  «Splendeurs et misères du libéralisme»  (l’Harmattan).

 

Source : www.marianne.net

 

 



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5 février 2014 3 05 /02 /février /2014 15:35

CADTM

 

Source : cadtm.org

 

Livre

Remettre en cause le paiement de la dette illégitime

4 février par Fondation Copernic

 

 


Fondation Copernic – collectif d’auteurs |1|

Peu après la défaite de Nicolas Sarkozy et l’élection de François Hollande à la présidence, la Fondation Copernic a publié en 2012 un petit livre très stimulant intitulé Changer vraiment ! Quelles politiques économiques de gauche ? |2| Publié chez Syllepse, ce travail collectif, toujours d’actualité, mérite d’être lu et débattu. Il constitue un outil efficace pour l’élaboration d’une alternative aux politiques néolibérales qui sont d’application partout dans les pays les plus industrialisés. Ci-dessous un extrait portant sur la nécessité de réformer radicalement la fiscalité et d’annuler la dette illégitime.

« La réforme radicale de la fiscalité (avec le réexamen des dépenses fiscales inutiles) est ainsi la condition sine qua non pour que l’engrenage de la dette ne renaisse pas après que la dette actuelle a été annulée au moins partiellement pour tenir compte de son caractère largement illégitime. Les collectifs pour un audit citoyen de la dette publique mettent ce caractère en évidence depuis plusieurs mois |3|. Mais on ne peut se contenter de prendre des mesures pour régler le problème de la dette future. Le service actuel de la dette limite de façon évidente le degré de liberté de la politique économique.

En effet, si la détérioration des comptes publics est structurellement due essentiellement à la diminution des recettes fiscales au regard des besoins, comme l’attestent les rapports cités au début de ce chapitre, la dette accumulée depuis tant d’années, pour être légale, n’en est pas moins largement illégitime, d’autant plus qu’elle sert de justificatif à l’austérité. Tout aussi illégitimes sont alors les intérêts versés aux créanciers – souvent bénéficiaires parallèlement des largesses fiscales –, dont la charge représente annuellement 2,5 % du PIB, c’est-à-dire approximativement l’écart qui sépare le taux de déficit public du fameux critère de Maastricht de 3 %. En 2012, ces intérêts représentent pour la dette de l’État 48,8 milliards d’euros, soit le plus gros poste du budget de l’État après l’enseignement scolaire (62,3 milliards d’euros, dont 16,8 pour les retraites) et les 4/5 des recettes de l’impôt sur le revenu. Tout plaide donc pour soulager les dépenses publiques et sociales de la contrainte financière par la mise en œuvre d’un moratoire sur le paiement des intérêts de la dette. Ceci dans l’attente des résultats de l’audit qui doit conduire à l’annulation de la part illégitime de la dette. » |4|

 

Notes

|1| Guillaume Etievant, Jean-Marie Harribey, Norbert Holcblat, Michel Husson, Pierre Khalfa, Alain Lipietz, Christiane Marty, Jacques Rigaudiat, Stéphanie Treillet

|2| Fondation Copernic, Changer vraiment ! Quelles politiques économiques de gauche ?, Syllepse, Paris, 2012, 9€, http://www.fondation-copernic.org/s... et http://www.syllepse.net/lng_FR_srub...

|3| www.audit-citoyen.org

|4| Extrait reproduit intégralement figurant p. 40. Le titre original a été conservé.

 

 

Source : cadtm.org

 

 

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