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29 janvier 2014 3 29 /01 /janvier /2014 15:25

 

 

Source : www.mediapart.fr

Kadhafi explique avoir financé Sarkozy dans un enregistrement inédit

|  Par La rédaction de Mediapart

 

 

 

Dans un entretien enregistré, réalisé en mars 2011, que l'émission Pièces à conviction (France 3) diffuse ce mercredi, l'ancien dictateur libyen confirme avoir financé la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy en 2007. « Pour nous, en tant que Libyens, s'il gagne les élections grâce à nos fonds, c'est vraiment un gain », dit-il.

L'émission Pièces à conviction diffuse ce mercredi à 23h15 sur France 3 un enregistrement inédit d'un entretien réalisé le 15 mars 2011 par une journaliste du Figaro : l'ancien dictateur libyen, Mouammar Kadhafi, confirme lors de cet entretien avoir financé la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy en 2007.

 

 

« Mon cher ami Sarkozy a un désordre mental… C'est moi qui l'ai fait arriver au pouvoir. Nous lui avons donné le financement nécessaire pour qu'il puisse gagner l'élection (…). Il est venu me voir, dans cette tente. Il nous a demandé un montant, on lui a donné le montant », affirme le dictateur dans l'extrait audio, quatre jours seulement avant l'intervention militaire occidentale de mars 2011, qui conduira à sa chute, en octobre. Il précise également les raisons et les motifs du soutien libyen au candidat de l'UMP : « Pour nous, en tant que Libyens, si le président de la République française gagne les élections grâce à nos fonds, c'est vraiment un gain. »

Le lendemain de cet entretien avec le dictateur libyen, son fils, Saïf Al-Islam Kadhafi, avait demandé que Nicolas Sarkozy rende l'argent de la campagne présidentielle, « Que Sarkozy rende l'argent qu'il a accepté de la Libye ! » corroborant les accusations de Mouammar Kadhafi sur le financement libyen.

 

 

Dans l'enregistrement de Pièces à conviction, l'ancien interprète libyen, Moftah Missouri, qui traduit l'entretien avec la journaliste du Figaro, Delphine Minoui, explique également que Mouammar Kadhafi lui aurait précisé plus tard quel était le montant des fonds destinés à la campagne de Nicolas Sarkozy : « Une vingtaine de millions de dollars. » Montant qu'il avait déjà confirmé dans l’émission Complément d’enquête, diffusée le 20 juin 2013 sur France 2, en expliquant avoir appris de Kadhafi que la Libye avait versé « une vingtaine de millions de dollars » à Nicolas Sarkozy à l'occasion de sa campagne de 2007. Dans cette émission, Moftah Missouri confirmait également l’authenticité du document officiel libyen dévoilé par Mediapart le 28 avril 2012 :

 

 

Ce nouvel élément de preuve du financement libyen intervient alors que plusieurs autres dignitaires du régime ont déjà confirmé le financement de la campagne de Nicolas Sarkozy par Tripoli, à l'image de l'ancien premier ministre Baghdadi Al-Mahmoudi, lors d'une audience d'extradition à Tunis. Le 4 décembre 2013, Anoud Al-Senoussi, fille de l'ancien chef du renseignement, Abdallah Al-Senoussi, affirmait à Mediapart que son père, actuellement détenu en Libye, savait où se trouvent les preuves du financement de la campagne de Nicolas Sarkozy.

Mediapart avait publié le 28 avril 2012 un document officiel, issu des services secrets libyens, qui confirmait la volonté des autorités libyennes « d’appuyer la campagne électorale » de Nicolas Sarkozy et validait la décision de M. Kadhafi de verser 50 millions d'euros au candidat en 2007.

Voici les principaux articles de Mediapart publiés sur cette affaire :

 

 

Source : www.mediapart.fr

 

 

 

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29 janvier 2014 3 29 /01 /janvier /2014 15:16

 

Source : www.mediapart.fr

 

Un capitalisme qui avantage toujours plus les dividendes et la rente

|  Par Laurent Mauduit

 

 

 

L'Insee publie ce mercredi un dossier sur « trente ans de vie économique et sociale ». On y découvre la formidable montée en puissance d'un capitalisme qui avantage la rente et les dividendes servis aux actionnaires.

C’est un ouvrage remarquable que publie ce mercredi 29 janvier l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) : pour la première fois, il présente et met en forme des séries statistiques sur une longue période, ce qui permet d’appréhender – c’est le titre du document – « trente ans de vie économique et sociale ». Agrémenté d’innombrables graphiques, le travail des statisticiens permet de cerner les mutations profondes du capitalisme français ces trois dernières décennies et d’appréhender les fortes inégalités qu’elles ont charriées. Avec à la clef, notamment, un partage des richesses qui avantage de plus en plus le capital au détriment du travail et qui pousse à une véritable explosion des dividendes servis aux actionnaires.

Ce document est si riche qu’il serait vain de prétendre, ici, en donner un véritable aperçu. Embrassant de nombreux volets de la vie économique, des bouleversements sociaux, des mutations démographiques, des habitudes de consommation, des évolutions culturelles ou encore de la situation des finances publiques, il constitue un ouvrage de référence, utile pour d’innombrables débats publics. Le mieux est donc de se plonger directement dans les diverses études. Il est possible de les télécharger ci-dessous :

Juste pour donner un aperçu de l’utilité du travail de mise en perspective qu’a réalisé l’Insee, arrêtons-nous sur ce que révèlent les séries longues qu’il fournit sur le partage capital-travail. La présentation sur trois décennies des évolutions internes du capitalisme français devient saisissante : on se rend compte à quel point de nombreux dirigeants politiques, de droite comme de gauche, enjolivent les choses quand ils prétendent que la France a été, en partie, à l’abri de certaines des inégalités charriées par la mondialisation néolibérale et qu’elle a su protéger son modèle social.

En réalité, les statistiques disent tout l’inverse. Elles confirment que la France n’a pas été à l’abri de ces mutations, mais qu’elle en a même été l’un des acteurs clés, avançant à vive allure vers un capitalisme patrimonial, ou si l’on préfère, un capitalisme d’actionnaires. C’est ce qu’établissent ces séries : la tyrannie de plus en plus forte exercée par le capital sur le travail.

Observons ainsi un premier graphique, celui qui présente l’évolution du « taux de marge » des entreprises, c’est-à-dire la part de l’excédent brut d’exploitation dans la valeur ajoutée des entreprises.

 

 

Le constat saute tout de suite aux yeux. Pendant les Trente Glorieuses, ce taux de marge est confortable, sans être exorbitant. Nous sommes à l’époque du capitalisme dit « rhénan », qui autorise un partage capital-travail ou, si l’on préfère, un partage salaire-profit, relativement équilibré. En somme, c’est un capitalisme qui accepte le compromis social, et le partage capital-travail se fait en fonction des rapports de force politiques ou sociaux du moment.

Envolée de la précarité du travail

Mais après une période de décrochage, du second choc pétrolier jusqu’au virage de la rigueur, au cours de laquelle le taux de marge pique du nez, ce dernier finit par se redresser vivement. Au lendemain du tournant de la « rigueur », sous les effets de la politique de désindexation des salaires conduite (déjà !) par les socialistes, ce taux de marge grimpe ensuite à des niveaux historiques. Et dans la période récente, il n’a que peu faibli, sous les effets de la crise financière.

Dans ce graphique transparaît donc, à partir du milieu des années 1980, ce que sera la formidable montée en puissance en France d’un nouveau capitalisme importé des pays anglo-saxons : le capitalisme d’actionnaires. Un autre graphique, sur la part des dividendes nets dans l’excédent brut d’exploitation, vient confirmer ce constat :

 

 

On y découvre en effet que le basculement de la France dans un type de capitalisme à l’anglo-saxonne a induit un partage des richesses encore plus violent qu’on ne le dit le plus souvent. Car le partage des richesses créées par les entreprises a été déformé, comme on vient de le voir, à l’avantage du capital et au détriment du travail. Mais au sein même du capital, le capitalisme d’actionnaires a poussé à un nouveau mode de partage, au détriment de l’investissement et à l’avantage des dividendes. C’est ce que montre cette infographie de manière spectaculaire puisque la part des dividendes grimpe de 12 ou 13 % en 1980 à près de 30 % aujourd’hui. Et ce qu’il faut bien prendre en compte, c’est que l’évolution ne concerne pas que les grands groupes, ceux du CAC 40. Non ! L’Insee parle ici de toutes les entreprises (non financières).

Cette infographie permet donc de comprendre la raison pour laquelle ce capitalisme peut être baptisé de capitalisme d’actionnaires ou capitalisme de rente.

Mais on se doute bien que si, dans le partage des richesses, le capital a été outrageusement avantagé, le travail, lui, en a fait fortement les frais. On peut en prendre une première mesure dans ce nouveau tableau, sur le pouvoir d’achat :

 

 

Sans grande surprise, on découvre donc que si tout au long des Trente Glorieuses, le pouvoir d’achat a été soutenu (avec des hauts et des bas), il est entré dans les années 1980 dans une phase beaucoup plus dépressive, avant même de régresser sous les effets de la crise.

Autre graphique, même évolution : l’Insee fournit de nombreuses statistiques montrant à quel point la montée en puissance du capitalisme patrimonial a contribué à une envolée spectaculaire de toutes les formes de travail précaire.

 

 

Les deux graphiques ci-dessous mettent en évidence cette même tendance : la précarité a totalement envahi le monde du travail.

 

 

On comprend donc que ces mises en perspective sont très précieuses pour éclairer le débat public. Soit dit en passant, elles permettent aussi de comprendre les graves conséquences que risquent d’avoir les cadeaux que François Hollande fait aux entreprises : ils vont encore accentuer ces tendances. Avec, pour les actionnaires, des perspectives de dividendes encore plus formidables…

 

 

Source : www.mediapart.fr

 

 

 

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29 janvier 2014 3 29 /01 /janvier /2014 15:01

 

Source : rue89.nouvelobs.com

 

 

Tribune 29/01/2014 à 15h34
Le graphique qui démonte la « politique de l’offre » de Hollande

Léo Charles, économiste

 

 

Si les médias français ont su relever le « tournant social-démocrate » ou « social-libéral » du président français lors de ses vœux à la presse mardi 14 janvier, il est une partie de l’intervention de François Hollande qui est passée étonnamment inaperçue dans l’hexagone.

Relevée par Paul Krugman sur son blog [et par Rue89 avant lui, ndlr], la déclaration présidentielle sur l’offre créant sa propre demande n’a pas fait de grandes vagues en France. Pire, les différents « experts » économiques invités sur les plateaux télé se sont félicités de cette prise de conscience étatique.

Si la mobilisation de l’histoire de la pensée économique dans les débats actuels n’est pas sans intérêt, il est cependant nécessaire de bien faire son choix.

                                                                                                                                                                                             1 L’offre crée-t-elle sa propre demande ?

 

Ainsi, la croyance selon laquelle « c’est la production qui ouvre des débouchés aux produits » a été formulée pour la première fois par l’économiste Jean-Baptiste Say en 1803. Ce qui deviendra plus tard la loi des débouchées ou loi de Say a été vivement critiquée, notamment par John Maynard Keynes.

Ce dernier critique entre autres la neutralité de la monnaie chez Say (et donc l’inexistence de l’épargne) mais surtout la non prise en compte de la demande. Par conséquent, pour Keynes, l’offre ne peut être créatrice de sa propre demande car cette première dépend de cette seconde.

En effet, à travers le concept de demande effective, Keynes met en avant la nécessité pour un entrepreneur d’avoir des anticipations positives. En résumé, rien ne sert de créer, il faut pouvoir vendre.

Et la réalité économique de la France vient confirmer ce fait. Lors de son enquête mensuelle de conjoncture dans l’industrie, l’Insee tente d’identifier les types de difficultés rencontrées par les entreprises françaises. Basé sur les déclarations des entreprises, le constat est saisissant comme le montrent le graphique et le tableau suivants.

 


Les entreprises françaises ont plus un problème de demande (« demand ») que d’offre (« supply ») (Francesco Saraceno)

 

Fondé sur l’enquête mensuelle de conjoncture dans l’industrie, il présente les difficultés évoquées par les responsables des entreprises françaises. Les réponses qui évoquent un problème de demande sont en bleu ; celle qui parlent d’un problème d’offre sont en jaune (les deux : bleu foncé, aucune : rouge).

Il s’avère donc opportun, au regard du réalisme économique prôné par François Hollande, de mobiliser la conception keynésienne de l’économie plutôt que celle de Say. En effet, les entreprises françaises déclarent souffrir d’une insuffisance de la demande (sous toutes ses formes : consommation, investissement ou exportation) plutôt que des difficultés à produire. En d’autres termes, lorsque les carnets de commande sont vides, rien ne sert d’embaucher plus pour produire plus… Implacable.

                                                                                                                                                                                          2 Une relance par la demande est-elle encore possible ?

 

Alors, évidemment, les libéraux de tous bords vont derechef mobiliser les vieux arguments pour décrédibiliser cette politique économique.

Premier argument  : la relance ne peut réussir lorsque le pays est le seul à la réaliser (fuite de la demande vers d’autres pays). Nous pouvons objecter sur ce point que l’inverse est aussi vrai en ce qui concerne les politiques de l’offre : si tous les pays les mettent en place, cela ne peut marcher. En effet, l’Allemagne, érigée en modèle économique de l’Europe, instaure depuis des années une politique économique favorisant l’offre. Or, derrière la réussite économique de l’Allemagne, on oublie souvent que les excédents des uns sont les déficits des autres… Si la France et l’ensemble des partenaires européens décident de mettre en place de telles politiques, la demande risque à terme de manquer (on peut rappeler que près de 60% des exportations allemandes sont à destination de l’Union.

Second argument  : la relance par la demande creuse la dette de l’Etat. La réponse est encore une fois simplissime : on applaudit la mise sur la table de 30 milliards d’euros dans le cadre du pacte de responsabilité avec les entreprises et on refuserait un investissement similaire en faveur de la demande ? Logique.

                                                                                                                                                                                            3 La solution se trouve dans une renégociation...

... des rapports de force intra-européens et mondiaux

 

La mise en place d’une politique de la demande est certes difficile dans les conditions actuelles mais pas impossible. Il faut pour cela renégocier les rapports de force tant au niveau de l’Union européenne qu’au niveau mondial, quitte pour cela à taper un peu du poing sur la table.

Au niveau européen, une politique de relance par la demande, généralisée à l’ensemble des pays de l’Union aurait l’avantage d’éviter les fuites. Il faudrait pour cela imposer la vision française dans les négociations économiques. A ceux qui craignent une possible sortie de l’UE, qu’ils soient rassurés.

L’Allemagne est la première à utiliser ces « méthodes » de négociation et face à l’importance des pays européens pour la santé de l’économie allemande, il serait étonnant qu’elle entame un rapport de force avec l’Union européenne.

Au niveau international, il est temps pour l’UE de cesser d’être le « bon élève du libéralisme mondial ». A l’instar de la majorité des pays, Etats-Unis en tête, on peut imaginer introduire une dose de protectionnisme dans la politique économique européenne. Attention, une dose, n’est pas et ne sera jamais, une fermeture de nos frontières, comme le propose le Front national. On peut par exemple s’inspirer du « Buy American Act » qui depuis 1933 incite les entreprises américaines à préférer les produits nationaux lors de commandes publiques. On peut aussi simplement inciter les consommateurs européens (entreprises et ménages), en contrepartie de certains avantages (réduction d’impôts pour les entreprises réalisant des investissements productifs, baisse de la TVA sur les produits respectant certaines normes sociales ou environnementales), à favoriser le local – européen ou français – dans le but de relancer l’économie.

La mise en place de ce pacte de responsabilité avec les consommateurs de toutes sortes, associée à une renégociation des rapports de force, pourrait permettre à la France ainsi qu’à l’Union européenne de se relever de la crise.

Comme le dit si bien Paul Krugman, « les seuls obstacles structurels importants à la prospérité du monde sont les doctrines obsolètes qui encombrent l’esprit des hommes ». Dommage que le président français en soit resté à des « lois » économiques depuis longtemps dépassées.

 

Source : rue89.nouvelobs.com

 


 

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28 janvier 2014 2 28 /01 /janvier /2014 18:18

 

Source : www.lemonde.fr

 

Comment les banques ont profité de la crise grâce aux garanties d'Etat

LE MONDE | 27.01.2014 à 10h46 • Mis à jour le 27.01.2014 à 18h17 | Par Marie Charrel

 

Entre 200 et 300 milliards d'euros par an : c'est l'avantage financier que les banques européennes ont tiré des garanties implicites que leur ont fournies les Etats pendant la crise, selon une étude réalisée par l'expert financier indépendant Alexander Kloeck à la demande des eurodéputés du groupe écologiste. « C'est l'un des graves dysfonctionnements révélés par la crise et il n'a pas encore été traité », s'alarme le député européen belge (Groupe les Verts-Alliance libre européenne), Philippe Lamberts.

Publiée lundi 27 janvier, cette étude pourrait relancer les débats sur le sujet, alors que Michel Barnier, le commissaire européen au marché intérieur, s'apprête à présenter, mercredi 29 janvier, son projet de séparation des activités bancaires, visant à mieux réguler le secteur.

 

« TOO BIG TO FAIL »

En 2010 et 2011, la question de ces garanties implicites agitait la classe politique européenne. Quand la banque Lehman Brothers a fait faillite, en 2008, les autorités ont réalisé que certains établissements étaient systémiques, ou « too big to fail » : « trop gros pour qu'on puisse les laisser faire faillite » sans provoquer des dégâts sur l'économie réelle. C'est le cas des grandes banques européennes universelles, mêlant récolte des dépôts des épargnants et activités sur les marchés : BNP Paribas, Deutsche Bank, UBS… 

« Les investisseurs sont persuadés qu'en cas de crise grave, les gouvernements agiront pour les empêcher de faire défaut », commente Laurence Scialom, spécialiste du sujet à l'université Paris-X - Nanterre. C'est ce que les économistes appellent la garantie ou subvention implicite des Etats.

A priori, on pourrait juger que c'est une bonne chose, puisque cette garantie n'est quasiment jamais utilisée. L'ennui, c'est qu'elle a de nombreux effets pervers. D'abord, elle incite les banques à prendre plus de risques sur les marchés financiers. « C'est l'aléa moral : la certitude d'être aidé par l'Etat pousse à adopter des comportements moins prudents », explique Bruno Colmant, économiste à l'Université catholique de Louvain.

Ensuite, la garantie implicite crée des distorsions de concurrence. Les banques qui en bénéficient profitent de conditions de financement plus favorables que les autres établissements sur les marchés, puisqu'elles sont jugées plus sûres.

 

« CES INSTITUTIONS GAGNENT DE L'ARGENT GRÂCE AU SOUTIEN DES ETATS »

Les agences de notation reconnaissent cet avantage. Elles attribuent deux types d'évaluation aux banques « too big to fail » : l'une, dite stand alone, considérant le seul bilan de santé financier de l'établissement, l'autre dite all-in, intégrant la garantie des Etats. « La seconde note est toujours meilleure que la première, preuve que ces institutions profitent de taux d'intérêt plus bas, et donc, gagnent de l'argent grâce au soutien des Etats », dit M. Lamberts.

C'est en se fondant sur ces écarts de notes qu'Alexander Kloeck a établi qu'entre 2007 et 2012, le secteur bancaire européen a reçu l'équivalent de 208,8 à 320,1 milliards d'euros par an de subventions implicites des Etats, qui ont, pour l'essentiel, profité aux établissements systémiques. L'étude évoque également les estimations menées par d'autres experts ces dernières années, suivant des méthodologies différentes. Les résultats, très variables, s'échelonnent entre 96 et 293 milliards d'euros par an. 

« Ces calculs purement théoriques ne veulent rien dire », balaie un banquier parisien, rappelant que lorsqu'ils ont prêté de l'argent aux institutions bancaires, les gouvernements ont été entièrement remboursés, intérêts en plus.

Ces garanties publiques ont tout de même nui aux Etats au plus fort de la crise, puisque les agences de notation ont considéré qu'elles risquaient d'alourdir les dettes souveraines. C'est l'un des motifs évoqués par Standard & Poor's et Moody's lorsqu'elles ont dégradé la note de l'Etat français en 2012.

 

« IMPOSER UNE FILIALISATION DES ACTIVITÉS DE MARCHÉS LES PLUS RISQUÉES »

Les gouvernements commencent à prendre des mesures pour atténuer ces effets pervers : les règles de Bâle III ont imposé aux banques de renforcer leurs capitaux propres afin d'être en mesure de mieux absorber les chocs ; la France, les Etats-Unis et le Royaume-Uni ont adopté de lois de séparation des activités bancaires. « L'objectif est d'imposer une filialisation des activités de marchés les plus risquées, afin qu'elles ne profitent plus de la garantie publique dont bénéficient légitimement les dépôts des particuliers », résume Hubert de Vauplane, professeur de droit bancaire à Paris-II. 

« C'est un début, mais ces législations doivent aller plus loin, sans quoi les bonus des traders resteront, de facto, garantis par l'Etat », ajoute Christophe Nijdam, du cabinet indépendant d'analyse financière AlphaValue. Comme de nombreux experts, il juge que ces lois comportent tant d'exceptions – surtout en France – que leur efficacité sera limitée.

« Nous espérons que le projet de Michel Barnier ira plus loin que la loi française, trop peu ambitieuse », commente-t-on chez Finance Watch, une ONG qui lutte pour une meilleure transparence financière.

Lire également : Michel Barnier propose de filialiser les activités bancaires les plus risquées

  • Marie Charrel
    Journaliste au Monde

 

Source : www.lemonde.fr

 


 

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28 janvier 2014 2 28 /01 /janvier /2014 18:04

 

Source : www.agoravox.fr

 

Vrais chiffres chômage décembre 2013, 27700 demandeurs d’emploi de plus, malgré 299600 radiations

 

 

324 500 demandeurs d'emploi de + en 1 an, soit une moyenne de +27 041 par mois.

+ 39,6 % de radiations administratives en 1 seul mois !! + 32,8% sur un an ! du jamais vu.

94 480 offres d'emplois (majoritairement précaires) pour environ 9 500 000 chômeurs et travailleurs précaires et intermittents, y compris les invisibles (détails en bas de page)

Toujours 1 inscrit sur 2 qui ne perçoit aucune indémnité de Pole emploi.

Seuls 2 chômeurs sur 10, sortent des listes pour "reprise d'emploi déclarée".

 

Radiations des listes A,B,C,(D,E) de Pôle Emploi par motifs, décembre 2013 :
 
- Défauts d'Actualisation : 193 300, 41,3 % des sorties des listes.

- Radiations Administratives (les punis) : 60 300, 12,9 % des sorties.

- Autres Cas ( les morts, suicidés, emprisonnés .. ) : 46 000 et 9,8 % des sorties.
 
soit 299 600 radiés des listes (64 %) pour autres motifs que :
 
- Stages parking : 41 800, 8,9 % des sorties.

- Arrêts maladie, maternité etc : 32 300, 6,9 % des sorties.
 
- Reprises d'emploi déclarées : 94 200, ne représentent que 20,1 % des sorties des listes de pôle emploi.
 
Demandeurs d'emploi par catégories :

A : 3 303 200 +0,3 % ( + 5,7 % sur 1 an )
B : 645 400 +0,8 % ( + 4,8 % sur 1 an ) travailleurs pauvres moins de 78 heures
C : 949 500 +0,7% ( + 8,1 % sur 1 an ) travailleurs pauvres de + de 78 heures
D : 281 700 -0,3 % ( + 6,9 % sur 1 an ) stages parking, occupationnels etc
E : 384 700 +1,7% ( + 7,8 % sur 1 an ) contrats aidés etc

TOTAL : 5 563 700 ( données corrigées ), hors DOM TOM, soit + 6,2 % sur 1 an, soit 27 700 chômeurs de + par rapport à Novembre.
 
TOTAL, dom-tom compris : 5 961 600 ( page 15 du rapport de la DARES, lien en bas de page )

Quelques chiffres qui parlent :


Chômage Longue durée (entre 2 et 3 ans) : + 17,3 % sur 1 an


Chômage Très Longue Durée + de 3 ans : + 18,1 % sur 1 an

Chômage des 50 ans et +, + 11,6 % sur 1 an

+ d'1 chomeur inscrit à pôle emploi sur 2 (51,7 %) ne perçoit AUCUNE INDEMNITE, ni ARE (allocation retour à l'emploi), ni allocation de solidarité (ASS, AER ...)

Offres d'emploi dispo, dernier chiffre connu : 113 709.

Le + scandaleux, LES INVISIBLES, complètement en dehors des statistiques
 
Ne sont pas comptés dans ces 5 961 600 demandeurs d'emploi et travailleurs pauvres occasionnels :
 
1 417 800 foyers bénéficiaires du RSA, en effet sur 2 290 000 environ de foyers (dernier chiffre connu) , seuls 872 200 sont inscrits à Pôle Emploi, les autres bénéficient d'autres suivis (associations, collectivités locales, etc.) en sachant qu'un foyer bénéficiaire, comporte parfois + d'un demandeur d'emploi en son sein, donc si on parle en nombre d'individus c'est pire.
 
+ 1 000 000 au bas mot, sur les environs 2 millions de bénéficiaires de l'AAH ou d'une pension d'invalidité, ne sont pas inscrits à Pôle emploi, malgré une aptitude et un désir d' accès à emploi adapté.
 
+ d'1 million de SANS-DROITS, principalement :
 
- des jeunes de moins de 25 ans, primo demandeurs d'emploi, qui comme vous le savez n'ont même pas droit au RSA. (quasi unique en Europe)
 
- des sans droits, pour motif, dépassement des plafonds de ressources dans le foyer, exemple, votre conjoint(e) perçoit 650€ d'allocation chomage, ou 790€ d'allocation adulte handicapé, vous n'aurez même pas droit au RSA, car vous dépasserez le plafond couple qui est de 621€ par mois, si vous ètes NON SDF.

- des bénéficiaires de pensions de reversions (veufs, veuves) de 55 ans et +, qui dépassent les plafonds du RSA, et qui n'ont pas encore l'age pour prendre la retraite ou encore percevoir le minimum vieillesse "ASPA" ( 67 ans) ASPA récupérable sur le patrimoine, au décès.

- des bénéficiaires de pensions alimentaires qui dépassent les plafonds du RSA (plafonds 2 fois inférieurs aux seuils de pauvreté, une véritable honte)

- on peut également évoquer, des étudiants, boursiers ou non, qui cherchent des petits jobs alimentaires, qui sont donc bien demandeurs d'emploi, en concurrence avec les autres (même si beaucoup sont aussi exploités en stages sous payés, voir gratuits)
 
- on peut évoquer enfin, des auto-entrepreneurs, qui ne gagnent rien ou presque, et sont demandeurs d'emploi en parallèle.

 - on peut parler également de retraités qui cherchent un emploi car leur retraite ne couvre pas les charges fixes pour survivre ( loyer, énergie, assurances, voiture, téléphone, eau, nourriture, santé (lunettes, dentiste ..) incalculable


Faites le calcul vous même, on arrive au total, à + de 9,5 MILLIONS demandeurs d'emploi en France, et travailleurs pauvres occasionnels.
 
Sources : Rapport complet de la DARES de 20 pages (et non pas le simple communiqué de presse envoyé aux médias) : http://travail-emploi.gouv.fr/IMG/p...

 

 

Source : www.agoravox.fr

 

 

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28 janvier 2014 2 28 /01 /janvier /2014 17:08

 

Source : www.bastamag.net

 

 

Quand des multinationales du BTP imaginent la manière dont vous allez vivre demain...

par Le Postillon 28 janvier 2014

 

 

 

Des « hubs multimodaux », des « nœuds de mobilité décarbonnée », des Modul’air et des UrbanBridge : pour 286 000 euros, Eiffage a été chargée d’imaginer la ville durable à l’horizon 2030, par la communauté d’agglomération de Grenoble. Une ville où la mobilité serait reine, chaque déplacement contrôlé, et les évolutions techniques imposées. Reste à rendre tout cela « acceptable » pour les habitants. Voici le meilleur des mondes imaginé par Eiffage, raconté par le journal grenoblois Le Postillon, qui a assisté à la soirée de présentation des conclusions de l’étude.

Cela fait plusieurs années que l’entreprise de BTP Eiffage « imagine la ville durable à l’horizon 2030 »  [1]. Depuis 2007, l’entreprise a monté un laboratoire de prospective en développement urbain durable, nommé Phosphore. Ce laboratoire avait besoin de « terrains de jeu virtuels » ou de « bac à sable », selon les propres mots d’Eiffage. C’est-à-dire des vraies villes avec de vrais habitants. Les programmes Phosphore 1 et 2 ont été élaborés sur le petit quartier d’Arenc à Marseille, Phosphore 3 a eu pour théâtre 200 hectares à Strasbourg. Depuis 2011, Phosphore 4 travaille sur l’agglomération grenobloise, un territoire autrement plus grand : « 31 000 hectares et plus de 400 000 habitants. Avec ce nouveau terrain de jeu virtuel, les défis et champs d’analyse de Phosphore 4 ont, une nouvelle fois, été largement renouvelés ».

En introduction de la soirée de présentation des conclusions de l’étude, le 17 septembre 2013, Marc Baietto, président de la Métro – la communauté d’agglomération de Grenoble – se félicite d’avoir eu le « courage » de confier cette étude à une entreprise privée, « pour nous permettre de réfléchir librement (sic). (…) Il nous faut sortir de nos ornières, de nos cercles, de nos habitudes de pensée. La réflexion est libre. Travailler avec un groupe comme Eiffage, c’est un gros avantage. »


Une étude à 286 000 euros mais un esprit « non mercantile »...

Pour Eiffage, travailler avec un groupe comme la Métro est un gros avantage, qui s’évalue, cette fois-ci, à 286 000 euros payés par la communauté de communes (le tarif initial était de 885 000 euros, revu ensuite à la baisse) [2]. A ce prix-là, Valérie David, directrice du développement durable chez Eiffage, s’extasie, lors de la soirée de présentation des conclusions de l’étude : « On a travaillé avec un esprit d’enfant, candide. (…) Trente-cinq professionnels tous différents, tous motivés ont travaillé pendant dix-huit mois, et ont laissé libre cours à leurs idées. » Avant d’assurer, sans rire : « L’objectif de ce laboratoire n’est pas mercantile. » Pour Phosphore 4, la boîte s’est donc associée avec des entreprises aussi désintéressées qu’elle : Poma, leader du transport par câble et Dassault Systèmes, qui s’est occupé de réaliser les maquettes.

Quelles sont donc ces fameuses idées [3] ? Pour résumer, Eiffage propose de réorganiser totalement les déplacements grenoblois, en installant à chaque entrée de l’agglomération des « hubs multimodaux » (hub signifiant plate-forme de correspondance en novlangue) qui seront des « filtres, plate-formes logistiques et nœuds de mobilité décarbonée ». Dans le projet, le plus grand d’entre eux est situé au nord-ouest de l’agglomération, sur la commune du Fontanil-Cornillon et occupe une surface de plusieurs dizaines de milliers de mètres carrés et plus de huit cent mètres de long. Il propose des commerces, des services et un « parking de 8 000 places ». On peut s’y garer et ensuite prendre un des « transports en commun non émissifs ou de déplacement ‘‘doux’’ (TER, transport urbain par câble, tramway, vélos et véhicules électriques en autopartage) » qui pourra nous mener un peu partout dans l’agglomération.

 

 

Dans chaque quartier sont implantées des « halles universelles », qui sont – attention langage technocratique – des « équipements multifonctionnels qui agissent comme relais locaux au sein de schéma de décongestion structuré dès l’entrée de ville par les hubs multimodaux ». Vous n’avez pas compris ? C’est pourtant limpide : elles seront « de nouvelles centralités rayonnantes qui apportent mixité et vitalité au sein des quartiers », implantées à moins de cinq minutes à pied de tous les habitants.

 

Breveter la Haute Qualité de Vie®

On passe rapidement sur les autres facettes de ce délire prospectif : les Modul’air (cabines pouvant aussi bien être utilisées en tant que téléphérique ou accrochées à l’arrière d’un tramway), les Urbanbridge (ponts montables et démontables rapidement), les panneaux solaires recouvrant entièrement la « voie tangentielle », les « services rendus » au voyageur pendant le temps de transport par le développement de gadgets entièrement connectés et « intelligents », et les quelques « must » écolos pour faire joli (toits végétalisés, ressourceries-recycleries). La plupart de ces idées, recyclées par ce laboratoire dont « l’objectif n’est pas mercantile » sont bien entendu déjà brevetées. Il faut donc écrire Modul’air®, Urbanbridge®, et surtout HQVie® : un des concepts centraux de Phosphore est en effet le référentiel Haute Qualité de Vie®, censé « définir un ensemble de principes directeurs applicables aux écomobilités ». Si les modalités restent très floues, au moins la marque est déposée !

En gros, les deux entreprises proposent un plan qui leur permettra de réaliser le maximum de bénéfices. Eiffage s’occupera des nouveaux immenses bâtiments, des parkings et de la requalification des routes ; Poma s’appropriera bien naturellement le juteux marché des transports par câble omniprésents. Résultat pas si mauvais pour un labo non « mercantile ».

D’ailleurs, les retombées économiques sont déjà là : Eiffage est parvenu à obtenir deux chantiers très importants sur la presqu’île scientifique, quartier en pleine mutation appelé à être le futur centre-ville de Grenoble. Le « leader européen du BTP » va construire l’ « îlot Cambridge », comprenant 140 logements, 344 m2 d’activités, 210 m2 de locaux partagés et une crèche. En plus de ce « premier prototype du référentiel Haute Qualité de Vie d’Eiffage », l’entreprise a également été lauréate d’un Partenariat public privé (PPP) conclu dans le cadre de la juteuse « opération Campus ». Eiffage s’occupera donc de la construction et de la gestion du futur « pôle mondial de l’énergie », répondant au doux nom de « GreEn-Er », situé également sur la presqu’île et dont la première pierre (qui était un arbre, pour faire plus « développement durable » – sans avoir peur du ridicule) a été posée début septembre par Geneviève Fioraso, ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche.

 

Un problème central : « l’acceptabilité sociale »

Au-delà de l’étude, les destins d’Eiffage, Poma et de la métropole grenobloise semblent donc très liés. Ce qui fait penser que beaucoup d’idées de Phosphore, jugées très « fantaisistes » par certains, ont quand même quelques solides chances de voir le jour. Eiffage assure que « tout ce qui est proposé est réalisable techniquement ». Le problème, c’est qu’il n’y a pas que la technique à prendre en compte, mais aussi cet affreux paramètre que sont les habitants. C’est pour ça que la question de « l’acceptabilité » est revenue plusieurs fois lors de la soirée de présentation du 17 septembre 2013.

Valérie David, directrice du développement durable chez Eiffage : « L’acceptabilité sociale de l’équipement aussi lourd qu’un hub – vous avez entendu les chiffres de dimensionnement – c’est pas rien. On fait le pari que d’ici une vingtaine d’années il y aura une prise de conscience suffisamment importante parmi les citoyens pour accepter l’idée d’infrastructures aussi importantes qui permettent de rendre un éventail de services économiques, sanitaires ou environnementaux. Le pari qu’on fait aussi, c’est l’augmentation dans la population de l’appétence forte pour des politiques publiques qui préservent d’avantage la santé des citoyens. »


L’immobilité n’est pas un business

Rappelons qu’avant de faire de la prospective, le groupe Eiffage – troisième groupe de BTP français derrière Vinci et Bouygues – est surtout connu pour avoir construit des autoroutes, des ponts (dont le viaduc de Millau) et même des centrales pétrolières. D’ailleurs, l’entreprise – en même temps qu’elle phosphore sur la « ville post-carbone » – continue de construire ce genre d’équipements ne préservant pas franchement « la santé des citoyens ». Encore récemment, Pierre Berger, le nouveau président d’Eiffage (qui est un homonyme du propriétaire du Monde) intriguait dans Les Echos (30/08/2013) pour « la relance du plan autoroutier », incluant notamment « la réalisation des contournements autoroutiers de villes comme Lyon et Grenoble ».

Le lancement de Phosphore est donc une stratégie du groupe pour jouer sur tous les tableaux. Et être perçu comme un précurseur quand les effets du réchauffement climatique se feront plus durement ressentir. Remarquons au passage que le meilleur des mondes selon Eiffage ne propose jamais de diminuer drastiquement les déplacements, seule solution évidente pour lutter contre le réchauffement climatique. Dans le livre Des villes et des hommes, distribué à l’ensemble des participants à la fin de la soirée, le chercheur Jean Viard, pape universitaire de la mobilité, assure que « la mobilité est notre nouvelle culture, comme hier la sédentarité ». Pour Eiffage et Poma, la sédentarité, c’est has been. Et surtout, l’immobilité n’est pas un business.

 

Des déplacements contrôlés, réglementés, enregistrés

Cette société de la « mobilité décarbonée » sera très réglementée, notamment grâce à une « gestion centralisée des déplacements ». En clair : tous les déplacements seront fliqués. Selon Fabrice Ollier, chef de centre chez APRR (Autoroutes Paris Rhin Rhône) – une filiale d’Eiffage, également présent à la soirée : « Le mode d’acheminement des marchandises devra répondre à un cahier des charges. (…) Comme une tournée de transports en commun est écrite et portée sur un plan, les tournées de marchandises doivent être aussi répertoriées, référencées, bien identifiées et bien cadrées. Dans le cas contraire si on ne rentre pas dans le cahier des charges, la marchandise est invitée à être arrêtée au silo-hub, à être reconditionnée en fonction de sa destination finale, à être ainsi acheminée par des moyens décarbonés dans les centralités, les halles universelles, qui assurent la logistique du dernier kilomètre. »

Sous prétexte d’inventer la société de la « mobilité décarbonée », Eiffage imagine donc une ville où il ne sera plus possible d’amener des marchandises sans que le voyage ait été « validé » par des techniciens. On peut raisonnablement supposer que ce contrôle ne s’arrêtera pas au transport des marchandises et qu’il concernera bientôt toutes les formes de déplacements, répertoriés et analysés grâce aux multiples puces RFID dont l’habitant lambda devra se servir pour emprunter les transports. C’est le monde de l’Enfer vert, du titre d’un livre de Tomjo [4], qui décrit à partir du cas de Lille-Métropole, l’instauration d’« une dictature technique au nom de l’urgence écologique. Laquelle utilise l’effondrement de la société, du lien social jusqu’à la biodiversité, pour justifier son emprise totale ».

Instaurer cette dictature technique ne se fera pas sans vague. Valérie David l’a bien compris et prévient : « Il faut inciter à entrer dans des logiques vertueuses de massification et réduire les possibilités de déroger ou de faire comme on veut. C’est un langage coercitif, mais bon. » Si on ne peut pas savoir aujourd’hui si les délires prospectifs d’Eiffage aboutiront en 2030, 2050 ou 2084, une chose est certaine : la métropole qui vient est bien partie pour se construire sur les mêmes logiques de contrôle total des déplacements.

Le Postillon (voir le site du journal local)

Photo : CC kopp38

 

Le journal Le Postillon ? : « Après avoir existé entre 1885 et 1886, Le Postillon a ressurgi depuis mai 2009, avec pour unique business plan d’occuper le créneau porteur et néanmoins complètement délaissé de la presse locale critique. Devant l’ampleur de la tâche, nous nous concentrons sur des sujets locaux et parlons presque exclusivement de Grenoble et sa cuvette. Aucune association, organisation ou parti politique n’est parvenu jusqu’ici à nous convaincre de devenir son journal de propagande. Et malgré les nombreuses sollicitations, nous avons refusé toute entrée dans notre capital : nous sommes donc complètement indépendants. Depuis peu, le Postillon a aussi un site Internet. »

 

Notes

[1Toutes les citations non sourcées de ce texte sont issues du livre d’Eiffage Des villes et des hommes, contributions du laboratoire Phosphore d’Eiffage à la ville durable, 2013.

[2Initialement la Métro devait subventionner Eiffage à hauteur de 885 000 euros pour réaliser l’étude Phosphore 4, qui devait durer un an, entre juin 2011 et juin 2012. Ce qui a fait pas mal grincer des dents à l’intérieur même de la communauté de communes, qui possède son propre service de « prospective ». Mais tout ne s’est pas déroulé comme prévu : l’étude a traîné en longueur et finalement la Métro a résilié une grande partie du contrat. Ce dernier s’est uniquement concentré sur « les systèmes des éco-mobilités douces et rapides » et n’a finalement coûté « que » 286 000 euros à la Métro.

[3Sur son site, l’Association démocratie écologie solidarité (Ades) dénonce le « Pillage du public par le privé (PPP) » et déplore que cette étude soit « un pot-pourri de toutes les idées circulant depuis 30 ans autour de la ville durable, produites le plus souvent par des structures publiques, des universités, et même les services techniques de la Métro dont le capital culturel a été carrément siphonné par Eiffage pour réaliser cette étude. Le tout sans un mot sur la faisabilité financière de cette prospective. Donc sans utilité pour les élus décideurs ».

[4Tomjo, L’Enfer vert, L’échappée, 2013.


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28 janvier 2014 2 28 /01 /janvier /2014 16:53

 

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Les grandes banques françaises profiteraient de l’équivalent d’une subvention de 48 milliards !

par Agnès Rousseaux 28 janvier 2014

 

 

 

Les banques européennes bénéficient d’un « soutien » de 200 à 300 milliards d’euros par an, grâce à la garantie implicite que les États leur fournissent. L’équivalent de 1,5% du PIB européen ! Et près de deux fois le budget annuel de l’Union européenne ! Telle est la conclusion d’une étude réalisée par l’expert financier indépendant Alexander Kloeck, à la demande des eurodéputés écologistes.

Cette garantie implicite concerne principalement les banques « mixtes », qui combinent deux types d’activités au sein d’une seule entité juridique : banques de dépôts, elles gèrent l’épargne des particuliers ou des entreprises, et leur octroient des prêts ; banques d’affaires, elles interviennent sur les marchés financiers. En cas de faillite bancaire, les États sont garants « en dernier recours » des dépôts des épargnants. Sauf que dans le cas de ces banques mixtes, cette garantie de l’État s’étend de fait au département « marché » de ces mêmes banques. Car les investisseurs anticipent le fait que malgré les risques pris par une banque d’affaire, l’État sera toujours là en cas de faillite. Une telle garantie permet aux banques mixtes de bénéficier sur les marchés financiers de taux d’intérêts plus bas que ceux des banques d’affaires « pures » (celles qui ne sont pas aussi des banques de dépôt).

Les agences de notation évaluent deux fois ces banques mixtes : une évaluation « stand alone », sur la banque seule, et une évaluation « all-in » – bien plus favorable – qui intègre la garantie des États. L’étude d’Alexander Kloeck se base notamment sur cet écart de note et les taux d’intérêt différents qui en résultent, en faisant la synthèse de nombreuses études déjà réalisées sur le sujet. Résultat : grâce à ces taux d’intérêt plus favorables, en 2012, le secteur bancaire européen a perçu l’équivalent de 234 milliards d’euros de subvention implicite des États, selon l’estimation moyenne la plus probable.

 

Réformer le secteur bancaire

En France, les quatre plus grands établissements bancaires sont des banques mixtes : BNP Paribas, Crédit agricole, Société générale et BPCE (Banque populaire - Caisse d’épargne). Cette garantie implicite de l’État français leur rapporterait l’équivalent d’une subvention annuelle de 48 milliards d’euros, selon l’économiste Gaël Giraud, chercheur au CNRS (lire notre enquête : Réforme bancaire : comment le gouvernement s’est écrasé devant le monde de la finance). En plus de ce cadeau substantiel, ces taux d’intérêt préférentiels encouragent les banques à développer leurs activités de marché et à prendre davantage de risques, analyse Alexander Kloeck. Ils favorisent ainsi la déconnexion entre spéculation financière et économie réelle. C’est également une distorsion de concurrence flagrante en faveur des banques mixtes par rapport aux autres banques.

Une façon de mettre fin à cet incroyable avantage serait d’opérer une claire séparation entre banques de dépôts et banques d’affaires – en revenant ainsi à la situation qui prévalait dans les années 1990. Les banques mixtes ont été autorisées en France par la loi bancaire de 1984. Les premières banques mixtes françaises sont nées avec la fusion du Crédit Agricole et du Crédit Lyonnais, et celle de BNP et Paribas en 2000. Le gouvernement français, avec la réforme bancaire votée en 2013, n’a pas voulu s’opposer aux intérêts privés des puissantes banques françaises. L’Union européenne, qui planche actuellement sur une réforme des activités bancaires, osera-t-elle aller un peu plus loin ?

 

- Lire l’étude ici (en anglais).

 


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28 janvier 2014 2 28 /01 /janvier /2014 16:39

 

Source : www.mediapart.fr

Et revoici la RGPP !

|  Par Laurent Mauduit

 

 

François Hollande a mis en place son « conseil stratégique de la dépense publique ». Avec la RGPP de Nicolas Sarkozy, le mimétisme est total : même procédure ; même objectif de 50 milliards d'économies ; priorité donnée aux coupes dans les dépenses sociales ; et McKinsey a plus que jamais ses entrées à l'Élysée.

La révision générale des politiques publiques, autrement connue sous son sobriquet de « RGPP », est assurément l’une des réformes clés du sarkozysme, l’une de celles qui ont suscité dans le pays un fort rejet durant le précédent quinquennat et ont contribué à la défaite du champion de l’UMP. Réforme symbolique ! On avait pu y voir la preuve de l’autoritarisme de ce régime, de son libéralisme doctrinaire et de son égoïsme social. On aurait donc pu penser que le projet serait définitivement abandonné.

Et pourtant, il est au contraire plus que jamais d’actualité. Et la réforme prend toujours valeur de symbole – même si ce dernier fonctionne aujourd’hui différemment : on peut y voir la preuve que François Hollande ne fait que dupliquer les unes après les autres toutes les réformes économiques que Nicolas Sarkozy avait dans sa besace. Ce fut le cas d’abord du « choc de compétitivité », avec, à la clef, les 20 milliards d’euros de crédit d’impôt offerts sans la moindre contrepartie aux entreprises et une hausse de la TVA, notamment, pour les financer ; ce fut le cas ensuite avec les 35 milliards d’euros de cadeaux, liés à la suppression progressive des cotisations familiales à la charge des entreprises ; et c’est donc maintenant le cas avec le plan d’économie de 50 milliards d’euros que François Hollande veut mettre en chantier.

Avec cette nouvelle « RGPP » qui ressort des cartons – même si la réforme n’a pas repris le même nom –, c’est encore plus caricatural que cela : c’est exactement le même projet que sous Nicolas Sarkozy que l’Élysée a réactivé, comme s’il n’y avait pas eu d’alternance. Le même projet, exactement le même : nous sommes en mesure, documents confidentiels à l’appui, de l’établir. Le même projet de 50 milliards d’euros d’économies, qui était déjà secrètement en chantier sous le précédent quinquennat ! Et affichant, d’un quinquennat à l’autre, le même but : couper d’abord dans les dépenses sociales. S'appuyant sur les mêmes conseillers de l’ombre, et notamment le cabinet McKinsey qui s’est goinfré de commissions sous le précédent quinquennat et a plus que jamais ses entrées dans les coulisses du nouveau pouvoir socialiste, et tout particulièrement auprès du secrétaire général adjoint de l’Élysée, Emmanuel Macron.

* La même procédure, avec l’Élysée aux commandes. Un premier constat saute aux yeux : François Hollande procède par mimétisme et a d’abord copié strictement les mêmes procédures que celles retenues sous le précédent quinquennat. Il a en effet annoncé, mardi 14 janvier, lors de sa conférence de presse « la création d'un Conseil stratégique de la dépense publique », qui se réunira chaque mois pour évaluer les politiques publiques. C’est cette structure qui va diriger le plan d’austérité voulu par François Hollande, avec les réformes structurelles qu’il impose.

Et de la parole aux actes ! Le Journal officiel du 23 janvier a publié un décret, signé la veille par le président de la République (on peut le consulter ici), précisant comment les choses vont se passer. Le texte annonce qu’il est « créé un Conseil stratégique de la dépense publique » et ajoute : « Le Conseil est chargé de proposer et de suivre le programme de réalisation des économies structurelles qui sont présentées dans le cadre du programme de stabilité de la France. Il assure le redressement des comptes de la Nation tout en veillant à favoriser la croissance et l'emploi. »

Le décret précise ensuite que « le Conseil stratégique de la dépense publique est présidé par le Président de la République », et qu’il est composé du premier ministre, flanqué de quelques autres ministres. « Le Président de la République peut également inviter à participer au Conseil les représentants des organismes ayant à connaître de la dépense publique ainsi que toute personnalité qualifiée », indique encore le décret.

En clair, c’est l’Élysée qui est aux manettes. Selon les règles autoritaires de la monarchie républicaine, c’est le chef de l’État qui commande et décide de tout, y compris avec le concours de « toute personne qualifiée » choisie par lui. Le coup d’État permanent, en quelque sorte…

Les choses n’ont d’ailleurs pas traîné. À peine le décret était-il paru au J.O., que le chef de l’État a présidé, ce même 23 janvier, un premier Conseil stratégique de la dépense publique, étant entendu qu’une réunion du même type se déroulera chaque mois.

Or c’est exactement la même organisation – le même coup d’État permanent… – qu’avait choisi Nicolas Sarkozy quand, au lendemain de sa victoire de 2007, il avait donné le coup d’envoi de la RGPP (lire Réforme de l’État : préparé en catimini, l’acte II doit attaquer l’os). Tout juste le nom de la structure était-il différent : sous Nicolas Sarkozy, c’est un « Comité de modernisation des politiques publiques » qui avait la charge de trouver les nouveaux gisements d’économies. Mais à cette différence près, c’était la même organisation : la présidence était assurée par le chef de l’État, flanqué du premier ministre et de quelques autres ministres – les mêmes qu’aujourd’hui. En clair, François Hollande n’a effectivement fait que dupliquer le mode de travail voulu initialement par Nicolas Sarkozy. Un mode de travail détestable puisqu’il avait conduit à court-circuiter le travail normal du gouvernement. Et on sait comment tout cela s’est terminé : c’est finalement le secrétaire général de l’Élysée, Claude Guéant, qui avait hérité du « bébé » et qui était devenu le grand ordonnateur de la RGPP.

À l’époque, le Comité de modernisation comprenait aussi une autre personnalité : Michel Pébereau, l’ancien président de BNP Paribas. Ce qui avait beaucoup choqué. Que venait faire l’ex-patron d’une banque, porte-parole d'intérêts privés, dans une instance publique, en charge de l’intérêt général. Beaucoup y avait vu un détestable mélange des genres. « La composition de ce comité est ubuesque », s’agaçait ainsi le député socialiste Christian Eckert (devenu depuis rapporteur général du budget à l’Assemblée), qui ne comprenait pas « la présence d’un grand financier dans une telle instance ».

Alors, maintenant que l’Élysée s’arroge toujours le droit de décider de tout, jusqu’à inviter dans ce comité une « personnalité qualifiée » – tiens, tiens !… –, les dirigeants socialistes diront-ils que ce mimétisme, jusque dans les moindres détails, est « ubuesque » ? Le qualificatif ne serait pas exagéré…

McKinsey, de droite à gauche

* Le même objectif : 50 milliards d’euros d’économies. C’est le second constat qui saute aux yeux : y compris dans le choix de l’objectif d’économies à réaliser, le mimétisme est total.

Lors de cette même conférence de presse, mardi 14 janvier, François Hollande a en effet annoncé son intention de procéder à 50 milliards d’euros d’économies sur les dépenses publiques d'ici 2017, venant s’ajouter aux 15 milliards d’euros d’économies décidées pour 2014 ; et il a laissé entendre que cela était un « préalable à toute baisse d’impôts ». Depuis, on a appris que le plan d’austérité devrait se décomposer de la manière suivante : 18 milliards d’euros d’économies en 2015, puis de nouveau 18 milliards d’économies en 2016 et enfin 14 milliards en 2017.

Mais d’où vient ce chiffre de 50 milliards que François Hollande a subrepticement sorti de son chapeau ? En réalité, il n’a pas fait preuve de beaucoup d’imagination : c’est dans un dossier de Nicolas Sarkozy et de Claude Guéant qu’il est allé le puiser. Le 14 octobre 2010, le Bulletin officiel des annonces de marchés publics lance ainsi un appel d’offres (on peut le consulter ici), dont l’intitulé est le suivant : « Assistance à la mise en œuvre opérationnelle du programme de révision générale des politiques publiques. » Il s’agit de l’un de ces innombrables appels d’offres que l’Élysée lance pour se faire assister par des cabinets de conseil, le plus souvent anglo-saxons, dans la réforme à la hache de l’État qu’il a entreprise.

Parmi d’autres, le cabinet McKinsey répond à l’appel d’offres et finit par le gagner. Ce cabinet présente la singularité d’être très bien introduit dans les coulisses du pouvoir sarkozyste. L’un de ses dirigeants, Karim Tadjeddine, est un proche d’un haut fonctionnaire, François-Daniel Migeon, que Nicolas Sarkozy a intronisé comme patron de la direction générale de la modernisation de l’État (DGME) pour épauler, de Bercy, sa grande œuvre, la RGPP. Ancien du cabinet d’Éric Woerth et également ancien de ce même cabinet McKinsey, François-Daniel Migeon a de bonnes raisons de s’entendre avec ce Karim Tadjeddine.

Les deux hommes s’entendent d’ailleurs si bien que l’on peut retrouver sur le site Internet du cabinet McKinsey un entretien du premier réalisé par le second (il est ici), qui est un chef-d’œuvre de complicité (lire Le conflit d’intérêts se loge au cœur de la réforme de l’État).

Le cabinet McKinsey est l’un de ceux qui ont été au centre d’une âpre controverse pour s’être enrichis grâce à la RGPP, en monnayant leurs conseils par des commissions astronomiques. On a ainsi appris, grâce au rapport d’information publié en décembre 2011 par le député UMP François Cornut-Gentille et le député socialiste Christian Eckert (il peut être téléchargé ici), que le total des commission a atteint de 2006 à 2011 la somme astronomique de 111,64 millions d’euros. Le chiffre figure à la page 63 du rapport parlementaire ou peut être consulté ci-dessous :


 

Et sur ce montant, McKinsey est celui qui a été le plus boulimique puisque, en association avec le cabinet Accenture, il a reçu 38,99 millions d’euros d'honoraires, ce qui a fait de lui le cabinet le plus engagé dans la RGPP.

Or il est du plus haut intérêt de comprendre dans quelle condition le cabinet McKinsey a répondu à l’appel d’offres de l’État du 14 octobre 2010, que nous venons d’évoquer. Le document qu’il a soumis à l’État pour essayer de gagner l’appel d’offres était resté jusqu’à ce jour confidentiel, mais Mediapart est parvenu à s’en procurer une copie. On peut consulter ci-dessous les passages les plus importants de ce document :

Et bingo ! On a tôt fait de constater que l’objectif de 50 milliards d’euros d’économies est l’obsession qui parcourt ce document. On le lit à la page 5/33 : « D’ici à 2013, dans l’hypothèse où la croissance du PIB apporterait 50 milliards de recettes supplémentaires, 50 milliards d’euros d’économies doivent être consenties de manière récurrente. » On le lit encore à la page 9/33 : « Cette trajectoire suppose une réduction des dépenses récurrentes de l’ordre de 50 à 100 milliards d’euros en fonction de la croissance du PIB. » Et ainsi de suite, page après page…

CQFD ! François Hollande n’a pas seulement recopié les procédures choisies par Nicolas Sarkozy pour mettre en œuvre la RGPP ; il a aussi fait sien son objectif central, celui des 50 milliards défendus par McKinsey. Et ce n’est pas tout…

Les amitiés d'Emmanuel Macron

* La même obsession : tailler dans les dépenses sociales. D’un quinquennat à l’autre, le mimétisme va de fait encore au-delà. Sous Nicolas Sarkozy, la RGPP se fixait pour première priorité de tailler dans les dépenses sociales ou celles des collectivités territoriales. On en trouve trace dans le document de McKinsey que nous venons d’évoquer : il invite ainsi l’État à réfléchir – délicieux jargon ! – à « une refocalisation des prestations sociales sur la base d’une analyse par bénéficiaire », ou encore (bigre !) « la mise en place de nouvelles règles de gouvernance » pour les hôpitaux.

Or, si l’on ne sait encore que peu de choses sur la nouvelle RGPP à la sauce socialiste, on comprend tout de même que cette fois encore, ce sont très exactement les mêmes cibles qui seront visées. Dans le cas des collectivités locales, c’est le chef de l’État lui-même qui a précisé qu’elles seraient les premières concernées par le plan d’austérité.

Et avant même la conférence de presse du mardi 14 janvier, Bercy s’est répandu en indiscrétions auprès de nombreux médias pour expliquer que ce seraient bel et bien les dépenses sociales qui seraient les premières concernées par le plan de 50 milliards d’euros d’économies. Toute la presse s’en est donc fait l’écho. Tel BFMTV, qui faisait ces annonces : « Il n'y a pas de temps à perdre car l'ampleur de la tâche est historique. L'idée est qu'à partir de l'année prochaine, 100 % des efforts budgétaires reposent uniquement sur les économies sur les dépenses. Au niveau de la méthode, François Hollande veut en finir avec les coupes budgétaires aveugles. Il compte s'appuyer sur des réformes structurelles. Le logement en ligne de mire. À Bercy, on se fait épauler par le cabinet de conseil McKinsey. On a déjà dans le viseur la Sécurité sociale et le logement, deux champs sur lesquels on pourrait faire des économies le plus rapidement. Le budget de l'État va être sérieusement mis à contribution. Chaque ministre doit présenter au plus vite un plan d'économies. François Hollande va donc présider tous les mois cet observatoire de la dépense, afin de faire des points d'étape et trancher lui-même sur des sujets comme les dépenses sociales ou le millefeuille territorial où les lignes ont toujours beaucoup de mal à bouger. »

Et dans L’Expansion, c’était, au même moment, presque la même petite musique : ce sont les dépenses sociales et les dépenses des collectivités locales qui seront d’abord mises à contribution.

* Les mêmes exécutants. Mais il y a encore autre chose qui n’a pas changé : ce sont les mêmes conseils que sous Sarkozy qui sont à la manœuvre pour proposer à l’Élysée les ingrédients du plan d’austérité.

Au détour de l’article de BFMTV que nous venons de citer, nous venons de voir réapparaître le nom de McKinsey, chargé selon ce média d'épauler Bercy. Et c’est effectivement le cas. Selon nos informations, si le patron de la DGME, François-Daniel Migeon, a été remercié au lendemain de l’alternance (lire Le Monsieur RGPP de l’ère Sarkozy va quitter Bercy), les contrats liant l’État aux si gourmands cabinets de conseil ont été reconduits. Et notamment celui de McKinsey.

Malgré l’alternance, McKinsey a même désormais ses entrées en direct à l’Élysée, pour des raisons qui ne manquent pas d’intérêt. L’un des ténors du cabinet, Karim Tadjeddine, y compte en effet un ami précieux, en la personne d’Emmanuel Macron, qui est le plus proche collaborateur de François Hollande sur ces sujets, en sa qualité de secrétaire général adjoint de l’Élysée.

 

Karim Tadjeddine 
Karim Tadjeddine

Il faut dire que les deux amis ont fait un long chemin ensemble. D’abord, Karim Tadjeddine et Emmanuel Macron sont, l’un et l’autre, membres de l’association « En temps réel » qui regroupe quelques financiers en mal de notoriété et des strauss-kahniens reconvertis dans la vie des affaires. Mais les deux amis ont aussi pour point commun d’avoir participé aux travaux de la commission Attali, qui s’était distinguée en janvier 2008 en faisant 216 propositions sulfureuses, prétendument pour « libérer » la croissance française – des propositions néolibérales que Nicolas Sarkozy, dans les violentes turbulences de la crise financière, s’était empressé de jeter à la poubelle.

 

Emmanuel Macron 
Emmanuel Macron

Emmanuel Macron était ainsi le secrétaire général de cette commission et, comme sa biographie sur le site Internet de McKinsey le confirme, Karim Tadjeddine en était le rapporteur.

Elle est pas belle, la vie ? Les deux amis ont cheminé ensemble, sous le quinquennat de Nicolas Sarkozy, pour promouvoir une politique de déréglementation. Et les voilà qui continuent, avec la bénédiction de François Hollande, pour tailler l’État en pièces, et dans la foulée l’État-providence…

Non, décidément rien n’a changé. Absolument rien. François Hollande a tout recopié de la RGPP, jusqu’aux moindres détails…

 

 

 

Source : www.mediapart.fr

 

 

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28 janvier 2014 2 28 /01 /janvier /2014 16:24

 

Source : www.marianne.net

 

Le fossoyeur de la gauche française
Mardi 28 Janvier 2014 à 05:00

 

Michel Santi*

 

La reconversion abrupte du Président français à la loi de l’offre est époustouflante car désormais François Hollande conditionne la croissance à la production. Une observation simple de la conjoncture française aurait pourtant montré que le travail et que l’investissement y sont déficients, non du fait d’un manque de ressources ou de biens produits, mais bien du fait d’une consommation et d’une demande agrégée anémiques

Christophe Ena/AP/SIPA
Christophe Ena/AP/SIPA

«  Le temps est venu de régler le principal problème de la France : sa production. (…) C’est donc sur l’offre qu’il faut agir. Sur l’offre ! Ce n’est pas contradictoire avec la demande. L’offre crée même la demande. » Tel est le verbatim de François Hollande lors de sa conférence de presse du 14 janvier dernier. L’électrochoc qu’il entend appliquer à l’économie française afin de la tirer de sa profonde récession se décline donc en mesures visant essentiellement à s’attirer les faveurs du patronat et du milieu des affaires en général, tout en rétrécissant l’Etat.
 

Ce ne sont cependant pas les 30 milliards d’euros d’économies (fin des cotisations familiales) offertes aux entreprises à l’horizon 2017 qui sont choquantes. Pas plus que la servilité française vis-à-vis des diktats allemands et bruxellois pour la poursuite, voire pour l’amplification, d’une austérité dont on sait pourtant désormais qu’elle précipitera la France dans une nouvelle dépression. En effet, qui est aujourd’hui capable de nier que c’est les économies et autres réductions budgétaires de l’ordre de 1.8 points de P.I.B. réalisées en France en 2013 qui y ont propulsé le chômage à des niveaux records de près de 11% ?
 

En réalité, cette reconversion abrupte du Président français à la loi de l’offre est surtout époustouflante car François Hollande conditionne la croissance à la production. En d’autres termes, il part du principe selon lequel la croissance ne repartira que dès lors que les entreprises produiront plus ! Et adopte ainsi les enseignements pour le moins controversés de Jean-Baptiste Say (1767-1832) selon lesquels seules l’offre et la production stimulent la croissance. La demande, quant à elle, étant supposée suivre nécessairement…
 

Ce faisant, François Hollande dépasse sur sa droite les néoclassiques comme John Stuart Mill qui reconnaissait dans ses « Principes d’économie politique » qu’il n’était possible de doubler les capacités de production d’un pays qu’en doublant le pouvoir d’achat des consommateurs ! A moins que le Président ne destine en fait l’ensemble de l’augmentation de la production de nos entreprises à l’exportation, transformant ainsi la France en une seconde Allemagne ? Toujours est-il que François Hollande ignore ostensiblement la révolution keynésienne ayant ringardisé Say et Ricardo, et ayant décrédibilisé le dogme selon lequel c’est l’offre qui induit sa demande propre. Les économistes néoclassiques ne vont-ils pas jusqu’à affirmer qu’il ne peut y avoir de réduction de la consommation car les gens doivent bien dépenser leur revenu pour acheter des biens… ?
 

Une observation simple de la conjoncture française aurait pourtant montré que le travail et que l’investissement y sont déficients, non du fait d’un manque de ressources ou de biens produits, mais bien du fait d’une consommation et d’une demande agrégée anémiques. En réalité, la conversion de l’exécutif français à cette loi de l’offre – qui réfute catégoriquement qu’une économie puisse souffrir d’un déclin de la demande agrégée – justifie du coup la posture des néolibéraux qui sont convaincus que le chômage est accentué par les aides sociales. Ce tournant idéologique de François Hollande passe également sous silence l’existence de phénomènes appelés « récessions » – comme celle que nous subissons depuis 2007 – et qui ont pour effet d’appauvrir les nations.
 

On sait pourtant depuis Keynes qu’une économie peut bel et bien souffrir d’un effondrement généralisé de sa consommation et de son investissement, et que la dépense publique n’est nullement en compétition avec la dépense privée. Au contraire, le tassement de la dépense publique conduit nécessairement à une régression de la dépense privée, dans le cadre de crises aigües comme celle que nous traversons aujourd’hui. C’est, du reste, exactement ce que nous conte l’histoire de l’austérité appliquée dans nombre de pays européens, et qui se traduit aujourd’hui par une menace très sérieuse de déflation à la japonaise en Europe périphérique, y compris en France.
 

Car seules la relance de sa consommation et de sa demande agrégée – et non la réduction de ses dépenses – permettront de rétablir la croissance en France. Comme il va de soi que le rétrécissement du champ d’action de l’Etat dans un contexte où notre économie est loin – très loin ! – du plein emploi est absolument contre-productif. Il est certes crucial d’améliorer la compétitivité de nos entreprises et d’alléger certaines de leurs charges, mais il est tout aussi fondamental pour un gouvernement de séquencer judicieusement les réformes. En l’occurrence, la priorité des priorités reste le rétablissement de la consommation, qui se répercutera forcément sur une amélioration de la production, et donc de l’offre.
 

Dans la conjoncture catastrophique actuelle où l’Europe se retrouve : privée de munitions traditionnelles (du fait de taux d’intérêt à zéro) pour combattre un taux de chômage épouvantable. La déclaration extraordinaire du Président français selon laquelle l’offre induit naturellement sa demande prouve en creux l’incapacité de la gauche à articuler une politique économique qui tienne la route. Et nous indique que nos déboires actuels ne sont pas uniquement la faute de politiques mises en œuvre en leur temps par des gouvernements de droite.
 

(*) Michel Santi est économiste, auteur de « L'Europe, chronique d'un fiasco politique et économique »« Capitalism without conscience »   . Son dernier ouvrage est  «Splendeurs et misères du libéralisme»    (l’Harmattan)

 

Source : www.marianne.net

 

 

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28 janvier 2014 2 28 /01 /janvier /2014 15:55

 

Source :rue89.nouvelobs.com

 

 

« Tir aux pigeons » 27/01/2014 à 18h30
Municipales : crève-cœur au village, on ne pourra plus rayer de noms aux élections
Emilie Brouze | Journaliste Rue89

 

C’est l’une des nouveautés des municipales 2014 : .dans les communes de 1 000 à 3 500 habitants, les électeurs n’auront plus la possibilité d’ajouter ou de rayer des candidats sur les listes

C’est la douloureuse fin du coup de stylo dans l’isoloir. Pour des centaines de milliers d’électeurs, aux prochaines municipales, le panachage des listes ne sera plus possible dans les communes de 1 000 à 3 500 habitants. Avant la réforme, la pratique concernait 33 000 communes.

Ce qui va changer

Pour les communes de moins de 1 000 habitants, il ne sera plus possible de voter pour une personne qui n’est pas candidate.

 

Pour les communes de 1 000 à 3 499 habitants, le mode de scrutin change : les conseillers municipaux sont élus au scrutin de liste bloquée. Le panachage n’est plus autorisé. Les électeurs voteront également pour un ou plusieurs conseillers communautaires.

Plus question donc d’ajouter ou de rayer des noms sur les listes pour proposer dans l’enveloppe son équipe municipale idéale, ou régler ses comptes. Ou encore de présenter des candidatures isolées : les listes devront êtres complètes et strictement paritaires.

Le dépouillement va être moins casse-tête (et plus rapide). Il risque aussi d’être un peu moins marrant.

Sébastien P., 36 ans, vote à Volmerange-les-Mines (Moselle), 2 036 habitants, le 23 mars prochain. Il est bien embêté :

« Il y a des gens que j’aime et que je déteste dans les deux listes ! »

D’habitude, il « panachait ». Ça lui plaisait de fabriquer sa liste idéale, un peu comme le sélectionneur de l’équipe de France. Cette réforme lui « fait mal » :

« A ce niveau-là, les programmes sont plus ou moins similaires. On votait pour des personnes. Maintenant je vais devoir voter pour des gens que j’’estime incompétents. »


Des vaches holstein à Laqueuille (Puy-de-Dôme), en juin 2013 - voir plus bas (THIERRY ZOCCOLAN/AFP)

 

Dans son village, comme bien souvent dans les communes de cette taille, les candidats se présentent « sans étiquette ». « Pas de PS ou d’UMP ici, mais des villageois qui ont des petites ambitions personnelles », écrit-il. Des listes qui comportent un « noyau de motivés » et le reste qui fait tapisserie.

« Parfois, c’est assez moche »

Aurélie, 31 ans, a rayé une fois le nom d’un candidat : il ne lui inspirait pas confiance. Plus jeune, elle a participé au dépouillement de son village, dans la Nièvre :

« C’est assez moche, parfois, quand les gens règlent leurs comptes ou balancent. Dans un petit village, plein de choses se cristallisent au moment des élections. »

C’est l’une des raisons avancées par le ministre de l’Intérieur Manuel Valls pour justifier la réforme, en plus de la question de la parité : empêcher « les conflits personnels de prospérer au détriment des choix politiques ».

Mais pour Aurélie, comme Sébastien, les municipales sont avant tout une histoire de personnes où, dans l’isoloir, les convictions politiques n’entrent pas forcément en ligne de compte.

Non, ce n’est pas le tir aux pigeons

Pour Alain Daziron, professeur d’histoire-géo et responsable de la maison de la culture de Larrazet (Tarn-et-Garonne), 640 habitants, cette réforme n’est pas un simple changement mais « une mutation en profondeur du regard que notre temps porte sur la commune ». Il insiste :

« C’est une sacrée mise à distance. La liste bloquée limite l’incertitude qui est pourtant un élément-clé de la démocratie. »

Voir le document

(Fichier PDF)

Il a adressé à Rue89 un document [PDF] où il énumère et contrecarre les principaux reproches du panachage.

  • C’est le « tir aux pigeons » : Jean-Marc Boyer, maire de Laqueuille (Puy-de-Dôme), explicite à La Montagne :

« Dans les petites communes, le panachage est une imbécillité [...] c’est souvent du n’importe quoi avec des gens qui se défoulent, rayent des noms pour mettre celui de la grand-mère ou de l’idiot du village. »

Contre-argument : le « défouloir » est marginal, affirme Alain Daziron. Si le panachage peut heurter certains égos, il est surtout un excellent « thermomètre de la ville communale ».

  • C’est un bricolage électoral qui peut bousculer la cohérence d’une équipe candidate.

Contre-argument : « C’est le meilleur stimulant de la vie municipale », rétorque Alain Daziron : « Il permet, notamment dans les petites communes, l’émergence de listes incomplètes et de candidatures individuelles là où le monolithisme et le clientélisme peuvent anesthésier tout le champ communal. »

  • C’est une règle qui échappe aux nouveaux habitants.

Contre-argument  : « C’est dramatique de penser qu’une communauté ne peut pas se réinventer . [...] Y aurait-il des électeurs de seconde zone exonérés de tendre l’oreille à ce qui se passe dans leur commune d’adoption et à qui il faudrait flécher le vote ou mettre le bulletin dans l’urne ? »

  • Le panachage ne panacherait pas tant que ça les conseils municipaux.

Contre-argument : « C’est la réserve la plus inattendue », commente Alain Daziron, « quand on sait que le panachage est de loin, dans son principe, le mode de scrutin le plus ouvert ».

Bulletins nuls

A moins de deux mois des municipales, la fin du panachage fait craindre aussi un afflux de bulletins nuls, si crayonnés.

« Tout un public risque d’être déboussolé », témoigne dans La Voix du Nord René Decodts, maire de Cassel (Nord). « Surtout les personnes âgées, elles avaient l’habitude de faire leurs listes. »

 

 

Source :rue89.nouvelobs.com

 


 

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