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27 mai 2014 2 27 /05 /mai /2014 16:30

 

Source : www.mediapart.fr

 

Sous la dette publique, l'arnaque néolibérale

|  Par Laurent Mauduit

 

 

 

Le « Collectif pour un audit citoyen de la dette publique » dévoile ce mardi un rapport important. Ruinant la doxa libérale selon laquelle le pays vivrait au-dessus de ses moyens, il établit que la dette publique aurait été limitée à 43 % du PIB en 2012, au lieu des 90 % constatés, si la France ne s'était pas lancée dans une course folle aux baisses d'impôt et avait refusé de se soumettre à des taux d'intérêt exorbitants.

C’est un travail remarquable qu’a réalisé le « Collectif pour un audit citoyen de la dette publique » : dans un rapport qu’il publie ce mardi 27 mai, il établit de manière méticuleuse que 59 % de l’endettement public français provient des cadeaux fiscaux consentis ces dernières décennies, essentiellement aux plus hauts revenus, et des taux d’intérêt excessifs, qui ont découlé des politiques monétaires en faveur du « franc fort » puis de l’« euro fort ». Et ce constat est évidemment ravageur car il suggère que la politique économique actuelle, conduite par François Hollande et Manuel Valls, est construite sur un mensonge : elle tend à faire croire aux Français que le pays vit au-dessus de ses moyens et que c’est cela qui est à l’origine du creusement des déficits et de la dette.

Au lendemain des élections européennes, qui ont tourné au désastre pour les socialistes, ce rapport ruine ce qui est le cœur de la doxa libérale, à laquelle les dirigeants socialistes se sont convertis. Et il invite à un sursaut, apportant la preuve de manière très argumentée et chiffrée que la France n’est pas condamnée à une punition perpétuelle et qu’il existe d’autres politiques économiques possibles.

Ce rapport très important, il est possible de le télécharger ici ou de le consulter ci-dessous :

 

 

Ce rapport a été réalisé par un groupe de travail du « Collectif pour un audit citoyen de la dette publique », auquel ont notamment participé Michel Husson (Conseil scientifique d’Attac, coordination), Pascal Franchet (CADTM), Robert Joumard (Attac), Évelyne Ngo (Solidaires finances publiques), Henri Sterdyniak (Économistes atterrés) et Patrick Saurin (Sud BPCE). 

Pour établir sa démonstration, le rapport part d’abord des arguments qui sont le plus souvent donnés dans le débat public, pour justifier la politique d’austérité : « Tout se passe comme si la réduction des déficits et des dettes publiques était aujourd’hui l’objectif prioritaire de la politique économique menée en France comme dans la plupart des pays européens. La baisse des salaires des fonctionnaires, ou le pacte dit "de responsabilité" qui prévoit 50 milliards supplémentaires de réduction des dépenses publiques, sont justifiés au nom de cet impératif. Le discours dominant sur la montée de la dette publique fait comme si son origine était évidente : une croissance excessive des dépenses publiques. »

En quelque sorte, voilà le refrain que l’on nous serine perpétuellement : le pays vit bel et bien au-dessus de ses moyens ; et nous avons l’irresponsabilité de vivre à crédit, reportant de manière égoïste sur nos enfants ou nos petits-enfants le poids des dépenses inconsidérées que nous engageons aujourd’hui. Qui n’a entendu ces messages culpabilisants ? Les néolibéraux de tous bords le répètent à l’envi aussi bien dans le cas des dépenses de l’État, qui seraient exorbitantes, que dans le cas de la protection sociale. Ainsi la France financerait-elle son modèle social à crédit.

Les baisses d'impôt ont fait exploser la dette

Las ! C’est le premier argument que démonte utilement ce rapport en soulignant que le postulat même des politiques d’austérité est radicalement erroné. « Ce discours ne résiste pas à l’examen des faits dès lors qu’on prend la peine d’analyser l’évolution relative des recettes et des dépenses de l’État », dit l’étude. Et elle ajoute : « On vérifie aisément que les dépenses (même y compris les intérêts) ne présentent pas de tendance à la hausse. Certes, on observe deux pics en 1993 et 2010, qui correspondent aux récessions. Mais sur moyen terme, les dépenses de l’État ont au contraire baissé, passant d’environ 24 % du PIB jusqu’en 1990 à 21 % en 2008. Tout le problème vient du fait que les recettes ont, elles aussi, baissé, particulièrement au cours de deux périodes : entre 1987 et 1994, puis à partir de 2000. »

C’est ce que met en évidence le graphique ci-dessous, qui mérite d’être largement connu :

                    

Dépenses et recettes de l’État en % du PIB 1980-2012 

Les auteurs en arrivent donc à ce premier constat, qui est majeur car il établit que les politiques néolibérales reposent sur une fausse évidence : « En tendance, de 1978 à 2012, les dépenses ont diminué de 2 points de PIB, les dépenses hors intérêts de la dette (c'est-à-dire pour le service public) de 3,5 points, tandis que les recettes ont chuté de 5,5 points de PIB », dit encore le rapport.

De ce premier constat découle un second qui transparaît dans ces mêmes chiffres : s’il est faux de prétendre que le pays vit au-dessus de ses moyens car il dépenserait trop, en revanche il est exact d’affirmer que la chute des recettes – c’est-à-dire les baisses d’impôt – ont été l’un des éléments moteurs de l’accumulation des déficits publics et donc de l’endettement public.

Ce constat, Mediapart l’avait déjà beaucoup documenté dans un article que l’on peut retrouver ici : Ces dix années de cadeaux fiscaux qui ont ruiné la France. Dans cette enquête, nous révélions le rôle majeur des baisses d’impôts, dont les hauts revenus ont été les principaux bénéficiaires, dans le creusement de l’endettement public, en nous appuyant sur deux rapports publics, publiés par des personnalités incontestables. Dans un premier rapport sur la situation des finances publiques (il peut être consulté ici) publié le 20 mai 2010 et écrit par Jean-Philippe Cotis, à l’époque directeur général de l'Insee, et son prédécesseur, Paul Champsaur, nous avions en effet relevé ces constats (à la page 13) : « Depuis 1999, l'ensemble des mesures nouvelles prises en matière de prélèvements obligatoires ont ainsi réduit les recettes publiques de près de 3 points de PIB : une première fois entre 1999 et 2002 ; une deuxième fois entre 2006 et 2008. Si la législation était restée celle de 1999, le taux de prélèvements obligatoires serait passé de 44,3 % en 1999 à 45,3 % en 2008. En pratique, après réduction des prélèvements, ce taux a été ramené à 42,5 %. À titre d'illustration, en l'absence de baisses de prélèvements, la dette publique serait environ 20 points de PIB plus faible aujourd'hui qu'elle ne l'est en réalité générant ainsi une économie annuelle de charges d'intérêt de 0,5 point de PIB. »

Le rapport n'en disait pas plus... Mais le chiffre laissait pantois : la dette publique aurait donc été de 20 points de PIB inférieure à ce qu'elle était en 2010 sans ces baisses d'impôts décidées depuis dix ans.

Le chiffre mérite un temps de réflexion. 20 points de PIB en moins d'une décennie ! Autrement dit – et ce sont des experts qui travaillaient pour le gouvernement qui le suggéraient –, la France, malgré la crise, aurait presque encore été à l’époque en conformité avec les sacro-saints critères de Maastricht si ces baisses d'impôts n'étaient pas intervenues, et notamment le critère européen qui fait obligation à ce que la dette d'un État ne dépasse pas 60 % de sa richesse nationale. Concrètement, sans ces baisses d'impôts, la France aurait certes crevé ce plafond, mais dans des proportions raisonnables. Juste un chouïa...

Et dans cette même enquête, nous soulignions aussi l’importance d’une autre étude rendue publique le 6 juillet 2010, sous la signature du rapporteur général (UMP) du budget à l’Assemblée, Gilles Carrez (son rapport est ici), qui donnait des évaluations à donner le tournis des baisses d’impôt engagées en France au cours des dix années précédentes.

Ce rapport faisait ainsi ce constat (à la page 7) : « Entre 2000 et 2009, le budget général de l'État aurait perdu entre 101,2 5,3 % de PIB et 119,3 milliards d'euros 6,2 % de PIB de recettes fiscales, environ les deux tiers étant dus au coût net des mesures nouvelles les "baisses d'impôts" et le tiers restant à des transferts de recettes aux autres administrations publiques sécurité sociale et collectivités territoriales principalement. » Soit 77,7 milliards d’euros de baisses d’impôt sur les dix années sous revue. Et le rapport apportait cette précision très importante : « La moitié des allègements fiscaux décidés entre 2000 et 2009 ont concerné l'impôt sur le revenu. Le manque à gagner en 2009 sur le produit de cet impôt s'établit en effet à environ 2 % de PIB, contre 0,6 % de PIB pour la TVA et 0,5 % de PIB pour l'Impôt sur les sociétés (IS). »

En résumé, ce que mettait en évidence ce rapport de Gilles Carrez, c’est que les baisses d’impôt ont joué un rôle majeur sur longue période dans le creusement des déficits. Et que ces baisses d’impôt ont d’abord profité aux foyers les plus avantagés, notamment les 50 % des Français qui sont assujettis à l’impôt sur le revenu.

Le coût ​exorbitant de la politique monétaire

C’est donc ce travail très utile, mais parcellaire, que le « Collectif pour un audit citoyen de la dette publique » a voulu prolonger et enrichir. Additionnant l’ensemble des baisses d’impôts engagées depuis 2000 (39,9 milliards d’euros sous Lionel Jospin de 2000 à 2002 ; 12,4 milliards sous Jacques Chirac en 2002-2007 ; 22,7 milliards sous Nicolas Sarkozy), le collectif arrive à un cumul sur dix ans de 75 milliards d’euros, très proche de celui évoqué par Gilles Carrez : « Au total, de 2000 à la mi-2012, les mesures de baisse d’impôts ont représenté 4,3 %  du PIB. Elles ont souvent favorisé les plus riches (baisse de l’impôt sur le revenu, de l’ISF, des droits de succession), les grandes entreprises (niche Copé, Crédit impôt recherche) et certains lobbys (baisse de la TVA dans la restauration). Signalons en particulier que le taux marginal supérieur de l’impôt sur le revenu qui était de 65 % entre 1982 et 1985, avait baissé à 54 % en 1999. Il a été abaissé à 49,6 % en 2002, 48 % en 2003 et 40 % en 2006. Tout au long de ces années l’État s’est donc volontairement et systématiquement privé de recettes au bénéfice des ménages les plus aisés. »

Poursuivant leur audit de la dette, les auteurs du rapport s’arrêtent ensuite sur la seconde raison du creusement de la dette publique : la charge des intérêts de cette dette publique. Observant que la dette publique est passée de 20,7 % du produit intérieur brut (PIB) en 1980 à 90,2 % en 2012, ils font d’abord ce constat : « Cette hausse peut être décomposée en deux effets : le cumul des déficits primaires, et l’effet "boule de neige" qui se déclenche quand "l’écart critique" est positif (c’est-à-dire quand le taux d'intérêt est supérieur au taux de croissance). On constate que près des deux tiers (62 %) de cette augmentation de 69,5 points de PIB peuvent être imputés au cumul des déficits et un gros tiers (38 %) à l’effet "boule de neige". »

 

 

En bref, si la dette publique s’est à ce point creusée, c’est sous l’effet de deux facteurs qui se sont combinés : une pluie de cadeaux fiscaux tout au long des années 2000 ; et une politique monétaire très restrictive qui a poussé les taux d’intérêt à des niveaux aberrants, singulièrement durant la période 1985-2005.  Logiquement, le Collectif s’est donc posé la question décisive : mais que se serait-il passé s’il n’y avait pas eu toutes ces baisses d’impôts, et si, empruntant auprès des ménages et non sur les marchés financiers, la charge des intérêts de la dette avait été moins écrasante ?

Pour éclairer ces deux interrogations, évidemment majeures, les auteurs du rapport apportent les résultats des simulations qu’ils ont réalisées.

Dans le cas de la charge des intérêts, ils ont évalué les évolutions de la dette publique, si le taux d’intérêt réel n’avait jamais dépassé 2 % sur toute cette période 1985-2005. Et la réponse est spectaculaire. Dans cette hypothèse, la dette aurait été en 2012 inférieure de 25 points de PIB au niveau qui a été effectivement constaté.

 

Scénario n°1 : effet « boule de neige » 

Cet effet de 25 points est considérable : il donne la mesure du très lourd tribut que la France a payé à la politique du « franc fort » d’abord, puis à la politique de « l’euro fort ».

La seconde simulation effectuée par les auteurs du rapport, qui porte sur l’impact des baisses d’impôt, est tout aussi impressionnante. Les auteurs ont en effet cherché à savoir ce qu’aurait été l’évolution de la dette publique, s’il n’y avait pas eu ces cadeaux fiscaux – en clair, si les recettes de l’État avaient représenté une part constante du PIB (20 %) entre 1997 et 2007, cette part étant ensuite modulée pour prendre en compte l’impact de la récession. Dans cette hypothèse, écrivent-ils, « la dette aurait été stabilisée entre 1997 et 2007 (en %  du PIB) puis aurait moins progressé entre 2007 et 2012. Dans ce scénario 2, le ratio dette/PIB simulé est en 2007 inférieur de 9 points au ratio observé, et de 18 points en 2012 (graphique 12) ».

 

Scénario n°2 : l’impact des cadeaux fiscaux 

Les auteurs constatent donc que leurs conclusions rejoignent assez sensiblement les conclusions des deux rapports de Champsaur et Cotis d’une part, et de Carrez de l’autre, que Mediapart avait évoqués en leur temps.

Annulation de la dette illégitime

Pour finir, le groupe de travail a cherché à combiner les deux scénarios, celui de taux d’intérêt plafonné à 2 % entre 1985 et 2005 et celui d’une stabilisation du taux de recettes fiscales. « Le résultat est spectaculaire, parce que les deux effets se combinent, de telle sorte que leur impact n’est pas simplement la somme des deux scénarios. Le ratio dette/PIB aurait été stabilisé à 43 % au milieu des années 1990 puis aurait baissé jusqu’à un niveau de 30 % en 2007 (au lieu de 64 % réellement observés). En 2012, le même ratio serait de 43 %, largement inférieur au seuil fatidique de 60 %, à comparer aux 90 % effectivement constatés (graphique 14) », constatent-ils.

 

Un scénario global rétrospectif 

Les auteurs du rapport en concluent qu’il est fondé de parler de « dette illégitime », car dans ce système, les hauts revenus sont gagnants à un double titre : d’abord parce qu’ils sont les principaux bénéficiaires des baisses d’impôt ; ensuite parce qu’ils disposent aussi d’une épargne qui est très fortement rémunérée grâce à ces taux d’intérêt exorbitants.

Comme le disent les auteurs du rapport, la dette publique a donc été le prétexte au cours de ces dernières années d’un formidable mouvement de « redistribution à l’envers », ou si l’on préfère d’un immense mouvement de transferts de revenus puisque si les hauts revenus sont doublement gagnants, les bas revenus, eux, sont perdants, étant conviés en bout de course à supporter le poids du plan d’austérité pris pour contenir l’explosion de la dette. En résumé, ce que les hauts revenus gagnent au travers des baisses d'impôt ou de la politique de l'argent cher, ce sont les revenus modestes qui le financent au travers de la politique d'austérité.

Au lendemain des élections européennes, ce rapport est donc bienvenu, parce qu’il montre qu’une autre politique économique est possible. Quelques esprits chagrins pourront ergoter sur la pertinence de telle ou telle hypothèse prise dans ces simulations. Il reste que cette immense redistribution à l’envers est indiscutable, et que le grand mérite de ce rapport est de le montrer, ruinant du même coup l’arnaque néolibérale selon laquelle le pays vivrait au-dessus de ses moyens.

Une autre politique ! En conclusion, le rapport ouvre même des pistes, évoquant de nombreuses dispositions qui pourraient être prises, pour que la facture de la dette ne soit pas payée toujours par les mêmes : annulation de tout ou partie de la dette illégitime ; allongement substantiel des durées de remboursement et plafonnement des taux d’intérêt ; instauration d’un impôt exceptionnel progressif sur les 10 % (ou le 1 %) les plus riches…

Mais peu importe le détail de ces suggestions. L’important, c’est que ce rapport invite à débattre d’un autre avenir. À débattre donc d’une autre gauche. Et c’est cela l’essentiel : réinventer un autre futur.

 

Lire aussi

Par Laurent Mauduit

 

 

Source : www.mediapart.fr

 

 

 

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26 mai 2014 1 26 /05 /mai /2014 17:41

 

Source : rue89.nouvelobs.com

 

 

A chaud 26/05/2014 à 17h42
Bygmalion : après les européennes, grand déballage à l’UMP
Rémi Noyon | Journaliste Rue89

 

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À CHAUD

Les européennes terminées, le grand ménage de printemps commence. L’avocat de Bygmalion vient de lâcher un gros caillou sur l’UMP, en affirmant que la boîte de communication de Bastien Millot a bien établi de fausses factures pour dissimuler des dépenses de campagne.

 

 

Rappel des faits : la campagne de Nicolas Sarkozy en 2012 a coûté cher, très cher. Si cher que le Conseil constitutionnel en a même invalidé les comptes, estimant qu’ils dépassaient le plafond autorisé – 22,5 millions d’euros.

Las, il semblerait même que les chiffres évoqués soient en-dessous de la réalité. Bygmalion accuse en substance l’UMP de l’avoir contraint à rédiger de fausses factures pour dissimuler des dépenses de campagne. En clair, c’est le parti qui payait plutôt que le candidat Sarkozy, soumis à un plafond. L’avocat de Bygmalion, Me Patrick Maisonneuve, évoque un total de 11 millions d’euros.

Copé a chargé ses collaborateurs

 


Capture d’écran du site de l’UMP au moment du Sarkothon

 

Ces accusations interviennent à la veille d’un bureau politique de l’UMP. Copé devait y être cuisiné par les grands barons du parti. Les déclarations de l’avocat de Bygmalion font glisser les regards et les rancœurs vers Nicolas Sarkozy.

Ces derniers jours, Jean-François Copé avait entrepris de charger ses collaborateurs, dont le tout nouveau eurodéputé Jérôme Lavrilleux, qui devrait donc bénéficier de l’immunité parlementaire... Ce lundi, Jean-François Copé a porté plainte contre X. Dans la soirée, Jérôme Lavrilleux a avoué, au bord des larmes, des « dérapages financiers », mais a tenté de protéger Nicolas Sarkozy et Jean-François Copé, affirmant que ce ne sont pas eux qui l’ont poussé à maquiller les comptes.

 

Voir le document

(Fichier PDF)

 

En crise depuis la bataille qui a opposé François Fillon et Jean-François Copé pour la présidence du parti, l’UMP pourrait ne pas se relever de ce mauvais pas. La droite est tiraillée politiquement entre une aile centriste, allergique au Front national, et un courant qui veut au contraire durcir le discours pour siphonner l’électorat frontiste.

Au-delà de ces discussions politiques, issues de la soudure mal faite entre le RPR et l’UDF, la droite s’écharpe sur des querelles de personnes pimentées par les affaires judiciaires.

 

 

Source : rue89.nouvelobs.com

 


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26 mai 2014 1 26 /05 /mai /2014 17:28

 

Source : www.marianne.net

 

 

Enfin presque...

Le « Parti de l'abstention » remporte 51 députés sur 74 !
Lundi 26 Mai 2014 à 15:15 | Lu 2693 fois I 15 commentaire(s)

 

Kevin Erkeletyan

 

Oui, le Front national arrive bel et bien en tête de ces élections européennes et il ne s'agit pas de nier cette réalité. Mais si l’on réattribuait les sièges français au Parlement européen sans oublier les abstentionnistes (c’est à dire tout de même près de 27 millions de citoyens), les résultats seraient sensiblement différents…

 

20 MINUTES/VARELA/SIPA
20 MINUTES/VARELA/SIPA
Les résultats de ces européennes sont trompeurs : ils ne tiennent compte que de la minorité (43,1%) de Français, inscrits sur les listes électorales, qui sont allés voter. « C'est le principe d'une élection mon bon Monsieur », répondront les esprits les plus vifs. Certes. Mais si, par curiosité (et par malice aussi, il faut bien le dire), on réattribuait les sièges au Parlement européen sans omettre cette majorité silencieuse constituée de 27 millions de citoyens qui ne sont pas rendus aux urnes, les résultats seraient sensiblement différents…

Le « Parti de l’abstention » occuperait alors la grande majorité des sièges de la délégation française à Strasbourg : selon nos calculs*, 51 des 74 postes à pourvoir lui reviendraient. Le Front national (qui passerait de 26% à 11,2% des voix) devrait, lui, se contenter de 10 sièges et n’en laisserait que 8 à l’UMP (8,9%) et 5 au PS (5,9%). Toutes les autres listes seraient alors éjectées de l'hémicycle : ils n’atteindraient pas le seuil minimum des 5% nécessaires pour espérer obtenir un député : UDI/Modem (4,2%), Europe Ecologie-Les Verts (3,8%), Front de gauche (2,7%) et Divers gauche (2,5%).

 

*Cliquer sur le lien ci-dessus pour visualiser la répartition réelle des sièges


* à partir des premiers résultats publiés par le ministère de l’Intérieur. 
Source : www.marianne.net

 

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26 mai 2014 1 26 /05 /mai /2014 17:01

 

 

 

 

 

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24 mai 2014 6 24 /05 /mai /2014 20:34

 

Source : www.mediapart.fr

 

Frédéric Lordon: «Refaire monnaie commune»

|  Par Joseph Confavreux

L'économiste est l'invité d'«En direct de Mediapart».

 

 

Frédéric Lordon, qui vient de faire paraître La Société des affects – Pour un structuralisme des passions (Éditions du Seuil), était vendredi en direct de Mediapart. Joseph Confavreux l'a interrogé sur la passion en politique et en économie, mais aussi, à travers notamment la question d'une éventuelle sortie de l'Euro et d'un détour par les monnaies nationales, sur les mésusages de l'Europe et un possible recours à la notion de Nation, qui soit à la fois irrécupérable par l'extrême droite et susceptible de réouvrir des possibilités démocratiques.

*Pour voir l'entretien, cliquer ici

 

 

Source : www.mediapart.fr
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23 mai 2014 5 23 /05 /mai /2014 21:35

 

Source : www.marianne.net

 

 

Pays-Bas : le « Parti de l'abstention » entre au Parlement !
Vendredi 23 Mai 2014 à 17:00

 

Kevin Erkeletyan

 

Les médias français se réjouissent en choeur du « pari raté » et du « revers » enregistré par Le Parti pour la liberté (PVV) de Geert Wilders au Pays-Bas. Au point presque d'en oublier le taux de participation catastrophique à ce scrutin (37%). Selon nos calculs, si le Parti de l'abstention existait, il empocherait 21 sièges au Parlement européen... sur les 26 dont disposent les Pays-Bas !

 

GILLES VALERA/20 MINUTES/SIPA
GILLES VALERA/20 MINUTES/SIPA
N’en déplaise à la presse française, Geert Wilders n’est pas seul. Des perdants comme lui, aux Pays-Bas, il y en a des tas. Tous les partis politiques, moins un : celui de l’abstention. Le seul gagnant de ces élections.
 
Car les premières estimations sont trompeuses. Elles ne prennent en compte que les 37% d’électeurs qui, jeudi, ne sont pas restés chez eux. Mais si l’on réattribuait les sièges distribués sans oublier ceux qui ont choisi de s’abstenir, les estimations de résultats seraient sensiblement différentes… Le grand « Parti de l’abstention » ferait une entrée tonitruante au Parlement : selon nos calculs, 21 sièges sur les 26 en jeu devraient alors lui revenir. Contre seulement 2 pour les centristes (qui passeraient de 15,6% des suffrages à 5,8%) et 1 siège pour chacune des autres formations pouvant prétendre à entrer au Parlement : les chrétiens-démocrates (5,6%), les libéraux (4,6%) et le parti de la liberté de Geert Wilders (4,5%). Les autres partis, dont le Parti socialiste (extrême-gauche), disparaitraient purement et simplement du Parlement. 

 

Source : www.marianne.net

 

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23 mai 2014 5 23 /05 /mai /2014 20:57

 

Source : www.mediapart.fr

 

 

CIF: un plan social à plus d’un demi-milliard d’euros!

|  Par Philippe Riès

 

 

 

 

Le plan social lié à la liquidation du Crédit immobilier de France va coûter plus d'un demi-milliard d'euros, avec un millier de suppression d'emplois dès cet été. Ce scandale d'Etat est étouffé dans l’édredon par la nomenklatura financière. Principal bénéficiaire de l'opération : Bercy et sa direction du Trésor. Principale victime : le logement social.

La gestion « en extinction » du Crédit immobilier de France (CIF) est un scandale d’État qui n’a jamais éclaté, étouffé dans l’édredon par la nomenklatura financière, une classe politique complice et une direction du Trésor y employant son reste de puissance. On connaît maintenant la facture financière du bien mal nommé « Plan de sauvegarde de l’emploi » (PSE), qui prévoit d’en détruire 1 083 en chiffres nets, les lettres de licenciement devant parvenir à leurs destinataires à partir du 1er juillet : plus d’un demi-milliard d’euros, 575 millions très précisément. C’est beaucoup, beaucoup d’argent, un record historique à coup sûr, pour priver des salariés de leur travail.

Après la bénédiction donnée fin 2013 par la Commission européenne au plan de liquidation organisé par les pouvoirs publics français, la continuité du sarkozysme au hollandisme étant garantie par le directeur du Trésor Ramon Fernandez, le feu vert à l’enclenchement du processus est venu le 4 avril dernier de la DIRECCTE (direction régionale des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de l’emploi) d’Île-de-France, pour toutes les composantes de « l’unité économique et sociale Crédit Immobilier de France ».

Le groupe spécialisé dans le financement de l’accession à la propriété pour les ménages les plus modestes peut donc mettre en œuvre le « document unilatéral » négocié, non sans peine, avec les représentants des salariés. Ce « document strictement confidentiel » (c’est indiqué en rouge en haut de chacune des 98 pages), que Mediapart a pu consulter, reprend dans une « synthèse de la motivation économique » la thèse officielle justifiant l’extinction : un modèle de financement à long terme sur les marchés rendus inviables par la crise financière. Scénario dont l’inéluctabilité a été contestée ici-même et dont on peut se demander ce qu’il vaudrait aujourd’hui sur des marchés obligataires européens « normalisés » (fût-ce artificiellement et pour le moment) par l’action de la BCE.

Le document détaille, entité par entité, les 1 186 postes voués à disparaître, les 104 créations jugées nécessaires à la gestion de la disparition progressive du CIF, et les 1 104 postes qui subsisteront, pour le moment, après l’exécution du PSE. Il précise les critères en fonction desquels se fera le choix des personnels remerciés, en fonction de l’âge, de la situation de famille. Il expose les différentes structures qui sont créées pour informer les salariés, les former, les aider dans la recherche d’une reconversion, EIC (espace information conseil) dans chaque entité concernée et « Antennes Emploi » couvrant tout le territoire. Il énumère les très nombreux dispositifs mobilisés pour atténuer le choc : reclassements internes, retraites et pré-retraites (en passant par la case chômage financée par l’Unedic), temps partiels, aides à la création d’entreprises, subventions aux tiers employeurs reprenant des salariés du CIF, aide à la mobilité géographique, compensation temporaire des baisses de salaires, etc. Et les enveloppes financières qui y sont affectées.

La lecture de ce document laisse songeur quant à la sophistication atteinte par la technostructure française, en trente années de choix du chômage de masse, pour l’accompagnement des destructions d’emplois. On se surprend à rêver de ce qui se passerait si le même savoir-faire était consacré à encourager leur création. La seconde observation porte sur les ressources considérables allouées aux consultants extérieurs et experts en tout genre qui vont peupler les structures d’accompagnement, et pour lesquels le PSE du CIF sera certainement une excellente affaire.

En fin de compte, un salarié du CIF ayant « choisi » la préretraite recevra une indemnité forfaitaire globale correspondant à 12 mois de salaires en brut, laquelle ne pourra, en tout état de cause, être inférieure à 50 000 euros. Si l’issue imposée est le licenciement, les trois options aboutissent à des indemnités pouvant aller jusqu’à 320 000 euros (option numéro 2), le salaire brut de référence (payé sur 36 mois dans les options 1 et 3) ne pouvant être inférieur à 3 500 euros ni supérieur à 6 000 euros. Des montants qui paraîtront évidemment extravagants au salarié ordinaire confronté à un drame équivalent.

Razzia du Trésor sur les fonds propres du CIF

Au total, selon des sources internes et externes (car le chiffre n’apparaît évidemment pas dans le document), le CIF aurait provisionné 525 millions d’euros pour financer le PSE, auxquels il faut ajouter deux enveloppes de 25 millions chacune pour adoucir les futurs licenciements. Soit un total de 575 millions d’euros. Qui dit mieux ? Même le PSE de Dexia (dont on ne connaît pas le coût global) est certainement très largement enfoncé. Il est vrai que contrairement au CIF (encore bénéficiaire en 2013 en dépit de l’arrêt de toute activité commerciale), l’ancienne banque franco-belge a déjà coûté plus de 10 milliards d’euros aux contribuables en deçà et au-delà de Quiévrain. En admettant même que le CIF « en extinction » ait les moyens de financer jusqu’au bout le PSE (seul l’avenir le dira), le gâchis financier et social est impressionnant.

À ce jour, il n’y a eu que 190 demandes de départ volontaire, dont 175 ont reçu un avis favorable, explique un ancien cadre. Cinquante salariés du CIF sont partis à La Banque postale, qui est donc encore très loin des 300 postes promis. C’est d’ailleurs pourquoi il faut accueillir avec prudence les 840 offres d'emploi mises en avant par différents établissements financiers, selon des sources syndicales.

En principe, selon le plan de résolution approuvé par la Commission européenne, le CIF devrait enregistrer des pertes jusqu’en 2024. Pertes dues essentiellement à la rémunération de la garantie financière d’un maximum de 28 milliards d’euros courant jusqu’en 2035. Exemple : en 2014, le CIF « perdrait » 90 millions d’euros mais va rémunérer le Trésor à hauteur de 189 millions d’euros. De 2013 à 2021, pour un risque nul, le Trésor encaissera en cumulé 1,68 milliard d’euros, si le « scénario central » est au rendez-vous. Les fonds propres du groupe vont fondre de 2,4 milliards d’euros en 2012, au début d’une opération baptisée abusivement « sauvetage », à 1,1 milliard en 2016. Fonds sur lesquels les actionnaires (les SACICAP) pourraient récupérer 650 millions, le reste tombant dans l’escarcelle… du Trésor.

L’objectif inavoué de la liquidation, dénoncé ici même, à savoir la captation des fonds propres du CIF par l’État, étant bel et bien atteint. CQFD !

Entre-temps, « aidé » en cela notamment par le petit tour effectué au gouvernement par Cécile Duflot, le temps de faire adopter la loi ALUR, le volume des constructions neuves continue à s’effondrer en France au 1er trimestre 2014, après une nouvelle année noire en 2013 (331 687 mises en chantier, au plus bas depuis dix ans). L’objectif gouvernemental de 500 000 mises en chantier par an apparaît aussi fantaisiste que la désormais célèbre « inversion de la courbe du chômage ».

La disparition progressive du CIF, dont l’activité va se réduire au recouvrement et aux contentieux (avec un taux de défaillance augmentant logiquement du fait de la fuite des meilleurs clients qui peuvent tenter de racheter leur crédit), va laisser en déshérence toute une population modeste que les grands réseaux bancaires ont toujours traitée par le mépris. L’impact devrait être sensible pour les bailleurs sociaux qui voient disparaître des candidats au rachat de leur habitation aidée, alors qu’il est évident, sauf pour les luddites réfractaires au marché, que la « respiration » du parc HLM devrait dégager des ressources financières afin de financer le logement social au bénéfice de ceux qui en ont vraiment besoin.

Pur produit de la nomenklatura bureaucratico-financière qui a voulu la mort du CIF – la classe politique se contentant de regarder passer le train –, la « politique du logement » française continuera donc à présenter un niveau record d'aides en tout genre (sociales et fiscales, pour quelque 40 milliards d’euros par an) avec une crise endémique de l’habitat, le tout dans un contexte théoriquement favorable de crédit très bon marché. On s’incline devant pareille performance….

 

 

Lire aussi

 

Source : www.mediapart.fr

 

 

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23 mai 2014 5 23 /05 /mai /2014 20:55

 

 

Source ; www.reporterre.net


 

Lyon Turin : la Commission européenne réaffirme son soutien

Camille Martin (Reporterre)

vendredi 23 mai 2014

 

 

 

Suite aux révélations des opposants et de Reporterre sur le Lyon Turin, la Commission européenne s’est sentie obligée de réaffirmer son soutien au projet. Un marché de chantier vient d’être signé par le gouvernement français, malgré les virulentes critiques de la Cour des comptes.


La révélation faite par les opposants au projet ferroviaire Lyon Turin et publiée en France par Reporterre fait des vagues : il s’agissait du rapport du "coordonnateur européen pour le corridor méditerranéen" Laurens Jan Brinkhorst, daté d’octobre 2013. Or ce rapport expliquait que les participants du Comité « sont convenus de la nécessité de réactiver la ligne existante pour qu’elle devienne l’axe ferroviaire principal pour le transport des marchandises entre la France et l’Italie ».

Pourquoi cette opinion nouvelle ? Parce que, poursuit le coordinateur, « le point de vue partagé est l’impossibilité politique de proposer la construction d’une nouvelle ligne sans avoir entrepris tous les efforts possibles pour rétablir la ligne existante comme artère principale de transport après les travaux d’élargissement du tunnel ferroviaire Fréjus/Mont Cenis ».

Vous lirez dans notre article tous les détails de ce rapport et pourrez télécharger le rapport lui-même.

La conclusion évidente de ce rapport est que, si le transport de marchandises doit continuer à se faire durablement sur la ligne existante, une des motivations essentielles du projet ferrovaire Lyon Turin s’écroulait. Déjà très discutable s’il devait acheminer fret et voyageurs, le projet devient carrément délirant s’il ne sert qu’aux voyageurs.

Le coordonnateur s’est senti obligé de réagir à cette révélation de son propre rapport. Dans un communiqué publié le 21 mai, reçu par courriel mais dont nous ne trouvons pas trace sur internet, "le coordonnateur européen salue la prochaine reprise des travaux en France liés à la nouvelle liaison ferroviaire Lyon-Turin et rappelle l’engagement de l’UE en faveur de ce projet"....

 

 

*Suite de l'article sur reporterre

 

 

Source ; www.reporterre.net

 

 

 

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23 mai 2014 5 23 /05 /mai /2014 20:51

 

 

Source : www.mediapart.fr

 

 

Assistants parlementaires européens: une belle cagnotte pour les partis

|  Par Ludovic Lamant et Marine Turchi

 

 

Piocher dans la manne européenne soulage les finances de leur parti. Mediapart détaille plusieurs cas d'eurodéputés français qui utilisent l'enveloppe du parlement pour rémunérer des militants.

Si l'on en croit le classement de l'ONG Votewatch, les élus français comptent parmi les moins investis au sein du parlement européen (21e État membre, sur 28, en termes de présence et de participation). Mais s'ils n'ont pas forcément brillé dans l'hémicycle lors du dernier mandat, certains eurodéputés français se sont acclimatés sans mal à d'autres règles du jeu bruxelloises. Ils se sont même révélés maîtres dans un genre très particulier : l'utilisation de l'enveloppe du parlement pour rémunérer des cadres de leurs partis.

Une fois élu à Strasbourg, chaque député s'entoure d'une équipe d'assistants, à géométrie variable, pour travailler sur les dossiers tout au long du mandat, préparer les rapports et les votes. Certains se contentent de deux ou trois collaborateurs, répartis entre Bruxelles et leur circonscription en France. D'autres, plus ambitieux, affichent six ou sept assistants au compteur. Mais pour tous, la règle est la même : un élu dispose d'une enveloppe de 21 000 euros charges comprises, pour rémunérer son équipe chaque mois. Libre à elle ou lui, ensuite, de s'organiser comme bon lui semble, en musclant ses effectifs au parlement, ou, au contraire, dans sa circonscription d'élection. Si l'ensemble de l'enveloppe n'est pas dépensé à la fin du mois, l'élu reverse ce qu'il reste aux caisses du parlement.

Mediapart a passé en revue certains cas de parlementaires français, à droite comme à gauche, qui ont profité de ce système d'assistants, pour rémunérer des cadres de leur parti ou courant politique. Deux vice-présidents du FN salariés par Marine Le Pen, l'un des principaux animateurs du courant de François Fillon placé chez l'eurodéputé filloniste Alain Cadec, des responsables du parti de gauche reconvertis en assistants éphémères de Jean-Luc Mélenchon… À chaque fois, il est très difficile d'établir avec précision le type de travail effectué par ces assistants bien particuliers auprès de leur élu à Strasbourg.

Sur le fond, ces manœuvres n'ont rien d'illégal. Parfois, ce ne sont que des contrats à temps partiel qui portent sur des sommes modestes. Les députés concernés profitent en général du flou juridique qui entoure le statut d'assistant « local ». Ces techniques d'élus ne sont d'ailleurs pas la spécificité du seul parlement européen, où, depuis 2009, l'encadrement des assistants s'est renforcé. Mais l'utilisation de ces fonds publics, censés, en théorie, financer la vie démocratique au sein du parlement, pour soulager, à la marge, les comptes des partis nationaux, laisse tout de même songeur. Inventaire de quelques cas flagrants. 

  • Jean-Marie et Marine Le Pen (FN) : le cas emblématique

Longtemps endetté, le Front national est passé maître dans l’optimisation de l'enveloppe bruxelloise de ses trois députés. Au fil des mois, leurs assistants ont changé à plusieurs reprises, passant d’un poste ou d’un député à un autre. Jusqu’à attirer les questions du parlement européen lorsque Marine Le Pen a salarié, pendant la campagne de 2012, les deux vice-présidents de son parti. Comme l'avait révélé Mediapart, les services financiers du parlement se sont en effet interrogés à l'été 2012 sur les rémunérations comme assistants « locaux », à temps partiel, de Louis Aliot et Florian Philippot.

Tous deux furent les directeurs de campagne de Marine Le Pen pour la présidentielle, mais aussi les porte-parole de son parti pour les législatives. Or, comme l'avait rappelé le parlement, les fonds débloqués pour financer le travail des assistants parlementaires ne peuvent pas servir à financer une campagne électorale. Ce à quoi la présidente du FN avait répondu que « la durée horaire modeste de leurs contrats d'assistance parlementaire permet(tait) de concilier deux activités professionnelles ». Elle avait aussi précisé que Florian Philippot bénéficiait par ailleurs d'un « contrat complémentaire » lié à la campagne.


Marine Le Pen entourée de ses deux vice-présidents, Florian Philippot et Louis Aliot, au siège du FN, le 6 octobre 2011. 
Marine Le Pen entourée de ses deux vice-présidents, Florian Philippot et Louis Aliot, au siège du FN, le 6 octobre 2011. © dr

Un autre point avait questionné le parlement : l'embauche de son compagnon Louis Aliot, rémunéré dès juillet 2011 plus de 5 000 euros en brut par mois, pour un temps partiel (lire notre enquête) – un poste qu'il a quitté il y a quelques mois. Aujourd'hui, Marine Le Pen a placé parmi ses assistants « accrédités » l'une de ses proches, Catherine Griset, qui est parallèlement son assistante personnelle à son cabinet, au siège du FN.

De son côté, Jean-Marie Le Pen salarie comme assistants « locaux » son assistant personnel Gérald Gérin, sa secrétaire personnelle à Montretout Micheline Bruna (qui figurait l'année dernière parmi les assistants « locaux » d’un autre député FN, Bruno Gollnisch), le vice-président du FN en charge des élections et conseiller régional de Lorraine Jean-François Jalkh et Julien Sanchez, nouveau maire de Beaucaire, conseiller régional du Languedoc-Roussillon, qui fut jusqu'à son élection l'adjoint au directeur du service de presse du parti.

Ces noms ne sont pas inconnus. Membres du premier cercle des Le Pen, on les retrouve (à l’exception de Julien Sanchez) dans les statuts des micro-partis de la famille (lire nos articles ici et là), comme présidents, secrétaires généraux ou trésoriers. Jointe au cabinet de Jean-Marie Le Pen, Micheline Bruna ne souhaite pas commenter son poste d’assistante de député européen : « Moi je ne peux pas répondre, envoyez-moi votre mail pour le président. »

Le règlement du parlement interdisant depuis 2009 l'embauche d'un membre de sa famille, les Le Pen ne pouvaient pas recruter comme assistante parlementaire Yann Maréchal, sœur de Marine Le Pen, à la tête de la direction des grandes manifestations du FN. On la retrouve en revanche parmi les assistants « locaux » de Bruno Gollnisch, où elle participe selon lui aux « relations publiques et communication ».

Comment ces collaborateurs concilient-ils leur travail au FN et leur contrat auprès des députés européens ? Sont-ils également rémunérés par le parti ? À ces questions, le Front national ne répond pas (lire notre boîte noire). Jean-Marie Le Pen se contente d'expliquer qu'il a « 5 assistants dont un accrédité et 4 locaux dont 2 à temps partiel ». Bruno Gollnisch répond qu'il « n'a pas l'intention de détailler les charges, emplois, statuts, compétences de (leurs) collaborateurs, question sans grand intérêt au regard des enjeux actuels ».

 

Eric Chomaudon. 
Eric Chomaudon. © Viadeo
  • Alain Cadec (UMP) : un proche collaborateur de Fillon placé chez un eurodéputé filloniste

À l'UMP, l'un des exemples les plus saillants de cette astuce s'appelle Éric Chomaudon. Ce proche collaborateur de François Fillon aurait été son chef de cabinet si l'ancien premier ministre avait remporté la présidence de l'UMP. Entre septembre 2012 et février 2014, Chomaudon a été rémunéré par le parlement européen comme assistant « local », à temps partiel, de l'eurodéputé Alain Cadec, tout en travaillant bénévolement pour Fillon et son mouvement. Une manière pour le candidat à la présidentielle de 2017 de conserver son collaborateur qu'il ne pouvait, jusqu'en novembre, pas rémunérer.

À 33 ans, cet ancien conseiller technique de Fillon à Matignon est devenu l’adjoint au secrétaire général de son mouvement Force républicaine, son écurie pour 2017. Il gère aussi l’agenda et les relations avec les élus de l’ancien premier ministre. « Il a travaillé sur ces questions à Matignon, il a trouvé un prolongement naturel avec Force républicaine. Il l'accompagne dans tous ses déplacements », confirme le secrétaire général du mouvement, Patrick Stefanini. En mai 2013, il est avec lui au Forum de Doha. À l’automne, il est à ses côtés lors de sa tournée en régions :


Eric Chomaudon, toujours aux côtés de François Fillon. Ici à Dreux le 24 octobre, à Lyon le 5 septembre, à Nice le 13 septembre. 
Eric Chomaudon, toujours aux côtés de François Fillon. Ici à Dreux le 24 octobre, à Lyon le 5 septembre, à Nice le 13 septembre. © Photos du site de Force Républicaine

Pendant la campagne pour l’élection du président de l’UMP, François Fillon le présentait déjà comme son « collaborateur », comme en atteste ce courrier du 30 août 2012, dans lequel il sollicite un cadre de l’UMP pour les parrainages et le renvoie vers Éric Chomaudon.

Pour pouvoir conserver son collaborateur après Matignon, l’ancien premier ministre l'a placé chez l'un de ses proches, Alain Cadec, eurodéputé UMP de la circonscription Grand Ouest, qui l'a pris en charge avec son enveloppe de parlementaire. Car ni Fillon, qui avait déjà utilisé son quota de collaborateurs de député de Paris, ni son mouvement, ne pouvaient rémunérer Éric Chomaudon. « Force républicaine n’a pu me prendre en charge que lorsqu’elle a eu un peu de moyens, en novembre », explique à Mediapart Éric Chomaudon. Quand je suis sorti de Matignon, je vivais avec l’allocation chômage et mon contrat à temps partiel avec Alain Cadec, qui consistait en une vingtaine d’heures par mois. »


Alain Cadec et Eric Chomaudon (à l'arrière-plan) avec François Fillon, en visite à Bruxelles le 21 février 2013. 
Alain Cadec et Eric Chomaudon (à l'arrière-plan) avec François Fillon, en visite à Bruxelles le 21 février 2013. © alain-cadec.org

Sur sa fiche Linkedln, Éric Chomaudon évoque son travail aux côtés de François Fillon et Force républicaine, mais ne mentionne pas son poste auprès d'Alain Cadec. Un oubli ? Autre étrangeté : bien qu'assistant « local » d’un eurodéputé élu dans les Côtes-d'Armor, il habite dans le VIe arrondissement de Paris et ne possède aucune résidence dans l'Ouest.

D'après des témoignages recueillis par Mediapart, certains se sont interrogés, à l'UMP et au parlement européen, sur la réalité de cet emploi. Éric Chomaudon affirme qu'il n'avait rien de fictif : « J’étais rémunéré pour un travail que j'effectuais pour Alain (Cadec). Il n’y a pas de règles, l’assistant local s’installe où il veut, la mission est définie entre lui et le député. J’étais en charge des relations avec les élus et cadres UMP. Je suis son représentant à Paris, pour faire le travail au parlement, il a d’autres assistants à Bruxelles. »

Pourtant, bien que basé à Paris et en charge des relations avec les élus, Éric Chomaudon est inconnu à l’antenne du parlement européen à l’Assemblée nationale, que nous avons contactée. Même Matthieu Leroux, le responsable du groupe PPE (la droite européenne) au bureau de Paris, en lien avec plusieurs assistants « locaux » ou accrédités à Bruxelles, explique à Mediapart qu’il « ne sai(t) même pas qui c’est » et que son bureau n’a été en contact qu’avec Angélique Pawlak, l’autre assistante « locale » d’Alain Cadec. « Ils ne connaissent pas tous les assistants », plaide Éric Chomaudon, qui précise : « Ma mission était d’échanger avec les députés, sénateurs, cadres UMP, cela se passe dans les couloirs. »

Chomaudon était en réalité surtout présent à l’UMP, ce qu’il assume : « Pendant un an, on était en période électorale. Entre les municipales et les européennes, il y avait quasiment toutes les semaines des réunions de la commission nationale d’investiture (CNI), dont est membre Alain (Cadec). Il n’est pas que député européen, c’est aussi un homme politique. Il suit aussi l’action du parti, et comme il ne pouvait pas être présent au bureau politique de l’UMP le mercredi, je lui faisais des comptes-rendus. »

Pour autant, le collaborateur de Fillon ne nie pas la porosité entre ses deux postes : « Tout cela est mélangé et lié. » Il ne conteste pas non plus ce système des enveloppes parlementaires dont profitent les partis. « Nous sommes beaucoup à cumuler un ou deux contrats de parlementaires pour des missions croisées. Cela vaut aussi pour un collaborateur de parlementaire national », explique-t-il, en affirmant qu'« on se partage le temps » car « dans ces boulots on bosse 24 heures sur 24. » Contacté par Mediapart, Alain Cadec, lui, ne voit pas le problème et évoque « un contrat à temps très partiel ».

« Rien n'interdit à un chômeur d'exercer une activité bénévole », justifie de son côté Patrick Stefanini, qui ne cache pas que son mouvement n'avait pas les moyens de rémunérer des cadres avant l'automne. « Force républicaine n'avait pas de salariés, la plupart étaient des collaborateurs de cabinet. Éric Chomaudon était un collaborateur bénévole, il s'occupe de tous les déplacements de François Fillon, qui ne sont pas financés par l'UMP étant donné les relations avec Jean-François Copé... »


François Fillon venu soutenir Alain Cadec (à droite) pour les européennes, lors d'un meeting dans la Sarthe, le 7 mai.

François Fillon venu soutenir Alain Cadec (à droite) pour les européennes, lors d'un meeting dans la Sarthe, le 7 mai. © dr

L’eurodéputé a-t-il voulu rendre service à François Fillon, dont il est un fidèle, en embauchant son collaborateur, que l’ancien premier ministre ne pouvait rémunérer lui-même ? L’ancien premier ministre s'est d'ailleurs battu pour son investiture. Représentant de son mouvement force Républicaine dans les Côtes-d’Armor, Alain Cadec est, avec Alain Lamassoure, le seul filloniste tête de liste aux européennes. 

« François Fillon s’est battu comme d’habitude pour défendre ses amis, d’autant qu’Alain (Cadec) a un bilan très honorable », se contente de répondre Éric Chomaudon, qui explique son arrivée chez l'eurodéputé par une relation ancienne : « Cela fait des années que l’on se connaît avec Alain (Cadec), et on a eu une possibilité de travailler ensemble. »

Sa mission s’est en tout cas terminée en février, juste après l’investiture pour les européennes d’Alain Cadec. « Une fois investi, il a décidé de revoir sa stratégie, ses différents collaborateurs, et moi de me consacrer pleinement à Force républicaine et François Fillon. » Du côté de l'ex-premier ministre, on explique qu'Éric Chomaudon est salarié de Force républicaine « à mi-temps, depuis novembre » et collaborateur du député de Paris « depuis mars », puisqu'une « petite partie de l'enveloppe parlementaire s'est libérée ».

Ce n’est pas la première fois que les moyens de campagne de l'ancien premier ministre suscitent des interrogations. En 2012, Fillon avait déjà été accusé d’organiser sa campagne législative depuis Matignon en faisant travailler plusieurs de ses collaborateurs, dont Éric Chomaudon. C’est d’ailleurs chez lui qu’était domiciliée l’association de financement du candidat Fillon, comme l’avait relevé Rue89« Il a une vie en dehors de Matignon », avait alors justifié Matignon.

  • Jean-Luc Mélenchon (Parti de gauche) : des collaborateurs tous militants du parti

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Sur sa page officielle au parlement européen, Jean-Luc Mélenchon déclare pas moins de sept assistants, avec des contrats très variés. À y regarder de près, beaucoup d'entre eux font aussi – et surtout – tourner la machine du parti de gauche à Paris. Faux, se défend d'emblée Laurent Mafféis, qui supervise l'équipe bruxelloise : « Aucun d'entre nous, à l'exception de François Delapierre, n'a de responsabilité exécutive au sein du parti de gauche. » Et aucun d'entre eux, assure-t-il, n'est rémunéré en même temps par le parti. Mafféis, que Mélenchon présente comme son « disque dur », a notamment dirigé, pendant la campagne présidentielle de 2012, le « pôle argumentaire » du Front de gauche, à une époque où il était déjà assistant accrédité à Strasbourg.

« Je travaille avec Jean-Luc Mélenchon depuis l'époque où il était ministre (2000-2002, ndlr) et il a toujours fait cela, choisir ses collaborateurs parmi des militants », poursuit Mafféis. De ce point de vue, le casting bruxellois est impressionnant : outre François Delapierre, secrétaire national du PG à la « bataille idéologique », on trouve Juliette Prados, l'attachée de presse du patron du PG, Antoine Léaument, qui se présente comme le responsable de la commission réseaux sociaux du parti, ou encore Matthias Tavel, qui travaille à l'argumentaire du parti.

Une manière de récompenser les militants les plus motivés, en leur versant un salaire que le parti de gauche n'a tout simplement pas les moyens de payer autrement ? Voire de rémunérer des cadres sans le dire ? « Ce n'est absolument pas le cas, et ce n'est pas comme cela qu'on l'envisage », assure Laurent Mafféis. « Jean-Luc Mélenchon ne se découpe pas en tranches, il n'y a pas d'un côté le président du parti de gauche, et de l'autre l'eurodéputé. Il est tout à la fois, il parle de l'Europe en permanence, et fait beaucoup pour européaniser le débat français. Il est donc logique que son attachée de presse soit la même pour le parlement européen et pour le parti de gauche. »

C'est déjà ce que le co-président du Front de gauche expliquait à Mediapart en juillet 2013, en substance, en réponse aux attaques contre son manque d'assiduité au parlement européen : « Je ne suis pas un fonctionnaire du parlement, je suis un représentant du peuple français au parlement européen. C'est la conception de base de mon mandat. »

Également contacté par Mediapart, François Delapierre précise qu'il s'agit dans son cas d'un « temps ultra-partiel » – 10 % de son temps de travail –, exercé depuis moins d'un an, depuis Paris – comme son statut d'assistant « local » le lui permet. « Je travaille sur la coordination de l'action de Jean-Luc au parlement, avec le calendrier du parti de gauche », explique Delapierre, qui tire l'essentiel de ses revenus de son poste de conseiller régional en Île-de-France. Les trois autres assistants « locaux » sont, eux, employés à temps plein.

  • Jean-Louis Cottigny (PS) : un dirigeant de la fédération PS du Pas-de-Calais comme assistant
Jean-Louis Cottigny et son collaborateur Cédric Dupond. 
Jean-Louis Cottigny et son collaborateur Cédric Dupond.

Au Parti socialiste, le député européen Jean-Louis Cottigny, élu dans l'euro-région Nord-Ouest, affiche huit assistants parlementaires au compteur. Parmi ses assistants « accrédités », on trouve, depuis avril 2013, Cédric Dupond, repéré à seize ans, qui fut son adjoint à la mairie de Beaurains (Pas-de-Calais).

S'il est rémunéré pour un temps plein auprès de l'eurodéputé à Bruxelles et Strasbourg, Cédric Dupond cumule pourtant un grand nombre de postes et mandats dans le Pas-de-Calais : il est adjoint aux finances de Beaurains, élu à la communauté urbaine d'Arras et il est surtout à la tête de la fédération PS la plus puissante de France.

Membre du quatuor exécutif qui gère le PS 62en charge de la vie fédérale et des élections, il fait office de premier secrétaire. Ce poste, non rémunéré, l'oblige notamment à être présent aux nombreux conseils, bureaux et secrétariats fédéraux (exemples récents ici, , ou encore là). Lors de sa prise de fonctions, il avait détaillé son plan pour « remettre en route » cette fédération mise sous tutelle.

 

Cédric Dupond (à gauche) avec les trois autres membres de la collégiale qui dirige la fédération du PS du Pas-de-Calais. 
Cédric Dupond (à gauche) avec les trois autres membres de la collégiale qui dirige la fédération du PS du Pas-de-Calais. © dr

Contacté, Cédric Dupond ne cache pas qu'il n'est pas « à 100 % du temps à Bruxelles ». « Tous les lundi et vendredi je suis à la fédération, mais je fais mes 35 heures auprès de Jean-Louis Cottigny, Bruxelles n'est qu'à 1 h 30 de route du Pas-de-Calais », explique-t-il, en affirmant avoir renoncé à un meilleur salaire à la préfecture, où il était attaché principal.

« Le temps plein n'est pas forcément géographique, justifie Jean-Louis Cottigny. J'ai confié à Cédric une mission de dossiers, pour ses compétences sur l'environnement. Il travaille pour moi, et son activité à la fédération est politique. » Concernant les cinq autres assistants « locaux », l'eurodéputé explique les avoir recrutés non pas par rapport à leur appartenance au PS mais « à leurs qualités et à une particularité personnelle ».

« J'ai pris en priorité des demandeurs d'emploi, des gens en difficultés professionnelles ou familiales, à qui j'ai voulu remettre le pied à l'étrier. » Il cite notamment « des gens qui avaient besoin de travailler un minimum d'heures pour retrouver la protection sociale », des bénéficiaires du RSA « qui ne trouvaient plus leur voie ».

 

 

Boîte noire :

Au Front national, le directeur de communication Alain Vizier nous a renvoyés vers Ludovic de Danne (conseiller aux affaires européennes de Marine Le Pen et assistant « accrédité » à Bruxelles de Jean-Marie Le Pen), qui n'a pas donné suite à notre demande. Jean-Marie Le  Pen n'a, malgré nos relances, pas répondu à nos questions, se contentant de nous faire savoir, par email, qu'il avait « 5 assistants dont un accrédité et 4 locaux dont 2 à temps partiel ». Sollicité, Julien Sanchez, l'un de ses assistants « locaux », par ailleurs maire de Beaucaire, n'a pas donné suite.

Bruno Gollnisch est lui resté évasif en expliquant qu'il avait « plusieurs assistants, de divers statuts », fonctionnant « en pool » avec un partage des tâches (secrétariat, préparation des votes, suivi des commissions, gestion internet, relations internationales, relations publiques et communication), mais il a refusé d'en dire davantage.

                       
                                                                                                                                                                                                                                           Source : www.mediapart.fr


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23 mai 2014 5 23 /05 /mai /2014 20:21

 

 

Source : www.bastamag.net

 

 

 Visas gold »

Quand la citoyenneté européenne devient une marchandise

par Morgane Thimel 22 mai 2014

 

 

Conditionner l’obtention d’un titre de séjour à l’épaisseur du portefeuille et à l’importance du patrimoine, l’idée fait fureur en Europe. De Riga à Amsterdam en passant par Lisbonne et La Valette, des capitales européennes monnayent les permis de séjour sur leur territoire : de 75 000 euros à 2 millions d’euros, pour s’installer tranquillement en Europe ou acquérir une nationalité tant convoitée. Enquête sur le business des « visas gold » réservés aux migrants fortunés.

Alors que l’Union Européenne ferme ses portes à des milliers de migrants qui viennent s’échouer sur les côtes de Sicile, certains candidats à l’installation ont trouvé une parade. Pas besoin de maitriser la langue du pays d’accueil, de faire preuve d’un intérêt particulier pour son histoire et sa culture… Il suffit d’un portefeuille bien garni et d’être prêt à se délester de quelques dizaines de milliers d’euros au profit d’une entreprise ou d’un État.

La Lettonie a été l’un des premiers pays à voir dans son appartenance à l’Union Européenne une source de profits potentiels. Depuis 2010, ce petit pays au bord de la mer Baltique est devenue l’une des portes d’entrées dans l’eldorado européen. A Riga, la capitale, loin des plages de Lampedusa et de ses « boat-people », les candidats au permis de séjour débarquent plutôt dans les services lettons de l’immigration avec leur agent immobilier et leur interprète. Russes et Chinois sont majoritaires. Condition sine qua non pour obtenir un permis de séjour : posséder un bien immobilier sur le sol letton – d’une valeur minimale de 150 000 euros dans la capitale, moitié moins en province. Certains, moins nombreux, ont choisi une des autres options offertes : investir dans une entreprise nationale ou placer 300 000 euros dans une banque lettone. À la clef, un permis de séjour de cinq ans, qui peut ensuite devenir permanent.

Des immigrés, oui, mais fortunés

Pour le gouvernement, cette manne financière doit aider à redresser l’économie nationale, mais également soutenir la démographie. Le pays a perdu en 10 ans plus de 10 % de sa population, en partie à cause d’un solde migratoire négatif. Entre 2010 et 2011, début de mise en service du dispositif, le nombre de permis de séjour a doublé. La première année, 1700 titres de résidence répondant à ces critères d’investissement économique ont été délivrés [1]. De quoi relancer doucement l’immigration – fortunée – vers ce pays. Pour peu que les gens y restent ! Aucune condition de résidence sur le territoire national n’est imposée aux arrivants : en tant que résidents d’un pays de l’Union Européenne et de l’espace Schengen, ils sont libres de se déplacer en Europe [2]. Sous certains critères, ils peuvent même obtenir un droit de séjour dans un autre État membre. Il suffit de prouver qu’ils ont les ressources nécessaires et une assurance maladie, explique Cecilia Malmström, commissaire européenne aux Affaires intérieures.

La Lettonie est loin d’être le seul pays européen à proposer ces nouveaux visas. Combien dans l’Union pratiquent ce marchandage ? Deux ? Cinq ? Une quinzaine ! Hongrie, Portugal, Malte, Pays-Bas… Du nord au sud, des plus touchés par la crise aux plus épargnés. La plupart ont initié cette pratique entre 2010 et 2014, certains y voyant un moyen d’attirer des capitaux neufs, d’autres de redynamiser un marché de l’immobilier durement touché par la crise, comme l’Espagne. Les conditions initiales varient peu d’un pays à l’autre : investissement financier dans l’industrie, aide au rachat de la dette nationale, acquisition d’un bien immobilier... Il s’agit seulement d’être riche.

Accueillir les riches et les escrocs

La différence se situe dans les montants imposés et le suivi de ces nouveaux résidents. Aux Pays-Bas, où le système existe depuis octobre 2013, le seuil imposé compte parmi les plus élevés : 1,25 million d’euros placés dans l’économie locale pour obtenir son visa permanent. Quasiment au même niveau que l’Espagne, qui demande deux millions d’euros de rachat de dette publique, depuis septembre 2013. Pour les « plus modestes », la péninsule ibérique octroie également des permis de séjour pour un investissement immobilier de 500 000 euros. De son côté, Chypre propose depuis 2012 des permis de séjour pour l’achat d’un bien pour 300 000 euros, mais exige que les candidats aient un casier judiciaire vierge, pour se prémunir de mauvaises surprises.

De l’Irlande à Malte : comment s’acheter le droit de vivre en Europe ?

 

(Passez la souris sur la carte pour voir les différentes conditions d’accès des pays)

Vérifier qui sont les nouveaux arrivants : une condition que le Portugal aurait peut être dû mettre en place, lorsqu’il a lancé son dispositif en 2012. Dans ce pays très touché par la crise, avec l’aval de la Troïka (Commission européenne, banque centrale européenne et FMI), le gouvernement portugais de Pedro Passos Coelho (centre-droit) décide de créer à son tour un « permis de séjour pour activité d’investissement ». Des permis surnommés dans le pays « vistos dourados », les visas dorés. Les candidats ont le choix entre un achat immobilier d’au moins 500 000 euros, le transfert d’un million d’euros minimum, ou la création de 10 emplois. Depuis sa mise en place, le Portugal aurait délivré 772 permis selon les chiffres officiels, dont 612 à destination de Chinois. Parmi eux, Xiadong Wang, installé depuis 2013 à Cascais, cité cossue située aux portes de Lisbonne.

En mars 2014, ce citoyen chinois est arrêté par les autorités portugaises. Comme le révèle le journal local, Diario de Noticias, l’homme est recherché en Chine pour fraude fiscale. Il y encourt une peine de 10 ans de prison. Son pays d’origine ne l’avait pas signalé. L’entrée de son nom dans la base de donnée d’Interpol en janvier dernier a été le déclencheur. Pour les autorités portugaises, son arrestation est la preuve que le gouvernement et la police des frontières ont fait leur travail. Mais sur le site internet de Diario de Noticias, plusieurs internautes s’insurgent. « Ce gouvernement est incompétent. Ils vendent le pays au rabais, en font un dépotoir à ciel ouvert où les [escrocs] viennent laver leur argent sale », peut-on lire. Plus loin, une autre personne n’hésite pas à dire « ce gouvernement [et son dispositif] font la honte des Portugais. » L’affaire a choqué, relançant la question des motivations de ces riches migrants.

Passeur de riches : un business très rentable

Des entreprises se sont spécialisées dans l’accompagnement de ces migrants fortunés. Comme la société Henley & Partners, décrit un article du Figaro. Basée à Jersey, un paradis fiscal, celle-ci serait le leader mondial du secteur. Sur son site internet, les destinations s’alignent. L’Europe y est largement représentée : Autriche, Belgique, Croatie, Chypre, ou encore la Suisse et le Royaume-Uni… Pour chaque pays, un programme détaillé des étapes et des conditions à remplir. Un vrai mode d’emploi, auquel s’ajoutent les intérêts propres à chaque contrée. Ici une nature verdoyante et chaleureuse, là des avantages fiscaux pour les résidents, les niches dont il est possible de bénéficier.

La société ne laisse rien au hasard pour que chacun trouve son propre paradis. Et pour faciliter l’arrivée de ces nouveaux migrants. Pourquoi perdre du temps dans des démarches longues et complexes de demandes de visas alors qu’un permis de résident européen permet de circuler facilement dans toute l’Union ? De plus, la plupart de ces pays ne taxent pas ou peu les résidents disposant de permis de séjour longue durée. Pour les étrangers aux portefeuilles les mieux garnis, la firme propose une solution encore plus intéressante : s’offrir une nationalité européenne. Sur son site, trois destinations : l’Autriche, Chypre et Malte. Le gouvernement du plus petit État de l’Union Européenne, Malte, a décidé de « vendre » la citoyenneté de son pays depuis novembre 2013. Il a confié l’exclusivité de la gestion des dossiers à la société Henley & Partners, contre une commission de 7 500 euros par candidature.

Une citoyenneté européenne à vendre aux plus offrants

650 000 euros. C’est le prix fixé par le Parlement maltais à l’automne dernier. Pas de conditions de résidence dans l’île, ce simple apport financier à l’économie nationale suffit. Le Premier ministre, Joseph Muscat, voit là une façon d’attirer des capitaux neufs dans son pays. D’après les chiffres avancés par le gouvernement, la mesure pourrait intéresser 200 à 300 candidats par an. Soit un minimum de 130 millions d’euros de revenus annuels pour le pays. Mais selon un sondage réalisé par le quotidien local Malta Today, la population serait en majorité opposée à ce dispositif. Un avis partagé par Bruxelles. La décision a provoqué un véritable séisme au sein du Parlement européen, soulevant des critiques face à cette marchandisation de la citoyenneté européenne.

Au sein des instances de l’Union, des eurodéputés et membres de commissions européennes ont immédiatement signifié leur hostilité à la nouvelle réglementation maltaise. Parmi eux, Viviane Reding, commissaire chargée de la Justice. « La citoyenneté n’est pas à vendre », a-t-elle déclaré à Strasbourg en janvier. Dans la foulée, le Parlement européen adopte une résolution [3], estimant « qu’un tel régime de vente pure et simple de la citoyenneté européenne compromet la confiance mutuelle sur laquelle repose l’Union. » Malte a depuis accepté de revenir sur son dispositif, en partie : il est désormais obligatoire de résider la majeure partie de l’année sur l’ile et de démontrer un lien réel avec Malte. Il nécessite également un investissement de 1,15 million d’euros, dont 500 000 euros d’achat immobilier, auquel s’ajoute un montant de 25 000 euros pour un conjoint ou enfant mineur, et 50 000 euros pour un enfant de 18 à 26 ans. Des concessions que le gouvernement maltais a accepté alors que rien ne les obligeait à le faire. Dans l’Union Européenne, la nationalité d’un des pays membre permet d’accéder automatiquement à la nationalité européenne [4], mais les conditions d’octroi font partie des prérogatives propres à chaque État. Chacun des 28 gouvernements décide donc de sa propre législation et de ses conditions.

Un cadre commun pour l’Europe ?

Alors que l’immigration clandestine est au cœur des débats pour ces élections européennes, la marchandisation des permis de séjour est complètement ignorée par les candidats. Clarisse Heusquin, candidate Europe Écologie - Les Verts dans la région Centre-Massif central, reconnaît découvrir ces dispositifs : « J’ai été vraiment choquée, atterrée en en prenant connaissance. C’est une Europe à deux vitesses qui est en train de se construire. D’un côté, on ferme les frontières et de l’autre, on accueille les capitaux. Cette Europe-forteresse est indigne. » Pour elle, la solution passe par une Europe fédérale et des politiques harmonisées en matière d’immigration.

De son côté, Pierre Henry, directeur général de l’ONG France Terre d’Asile regrette que le débat sur les questions migratoires ne soit pas abordé dans son ensemble. « Entre ceux qui souhaitent sortir de Schengen, ceux qui veulent punir les États qui ne respectent pas certaines règles, ceux qui pensent que la nomination d’un commissaire européen à l’immigration résoudrait le problème, et ceux qui se contentent de critiquer sans propositions… En fait, il n’y pas de vrai débat sur la question migratoire. » La question de la vente de la nationalité reste bien éloignée de la place publique, mais se popularise auprès des gouvernements. La Lituanie peaufine son projet et devrait être le prochain pays à poser ses conditions. Son prix : 260 000 euros versé à une entreprise lituanienne et cinq emplois créés. Le gouvernement n’attend plus que l’aval du parlement.

Et en France, qu’en est-il ? L’Hexagone ne propose pas de conditions d’accès aussi favorables que ses voisins. Toutefois, dans un document [5] de la Commission européenne, il est précisé que des permis de résidence pour « contributions économiques exceptionnelles » peuvent être attribués en France à des actionnaires (au moins 30 % de capital) de grandes sociétés. Les conditions : créer 50 emplois en France ou investir au moins 10 millions d’euros. Il n’est pas envisagé pour le moment de mettre en place des clauses plus avantageuses ou plus strictes pour ces riches investisseurs. Rien étonnant d’après Pierre Henry. « Aujourd’hui, en France, le gouvernement cherche à tout prix à éviter le débat sur l’immigration, dans une espèce de peur du populisme. Cela ne règle rien et ce n’est pas pour ça que les polémiques ne se poursuivent pas. » Celles et ceux qui ne disposent pas de ces visas « business class » en paient le prix fort : 23 000 migrants sont morts aux portes de l’Europe depuis 14 ans [6].

Morgane Thimel

Photo : CC Andrés Nieto Porras

 

Notes

[1Selon les chiffres de l’OCDE.

[2Selon l’article 21 de la convention d’application des accords de Schengen relatif à la circulation des étrangers titulaire d’un titre de séjour.

[4Article 9 du Traité sur l’Union Européenne


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Source : www.bastamag.net

 


 

 

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