Source : www.marianne.net
Révélations
A l’époque des faits, Alstom négociait âprement l’obtention d’un « important » avenant à un contrat signé avec les pouvoirs publics quinze ans plus tôt. Ce contrat, baptisé « Gisel », visait à moderniser les réseaux d'énergie de la ville, notamment celui de l'extension de son métro. Pour s’assurer de le décrocher, sans passer par un appel d’offre ouvert à la concurrence, Alstom aurait mis le paquet. Deux dizaines de millions de reais (8 millions d’euros), dissimulés en partie dans des mallettes, en liquide et en petites coupures s'il vous plaît, auraient été distribuées aux grands décideurs de l'Etat de São Paulo.
Livrées par des convoyeurs à moto qui les déposaient dans des restaurants, comme le révèle Marianne cette semaine, les mallettes arrivaient directement dans les mains de hauts fonctionnaires brésiliens corrompus et confortablement attablés. Les sommes étant dans un premier temps transférées via des sociétés écrans (des sociétés offshore immatriculées dans des paradis fiscaux) sous couvert de faux contrats de consultants. Car leur montant était inclus dans le prix du contrat (252 millions de francs, plus de 38 millions d'euros) établi entre Alstom et l'EPTE, l'entreprise publique à l'origine de l'offre chargée de la transmission de l'énergie de la mégalopole brésilienne.
Trois pour cent de 252 millions de francs accordés par ci, 1,5% validés par là... Voici ce que semble nous montrer le tableau récapitulatif d'une note interne au groupe français...
Alstom prend donc ces « allégations » (ou plutôt les accusations des juges brésiliens) « très au sérieux ». Et ils ont raison. Les preuves paraissent accablantes comme le montre le PV d’audition d’un ancien directeur commercial d’Alstom en charge notamment du Brésil. Interrogé en 2006 dans le cadre d'une commission rogatoire internationale par la justice française, celui-ci commence par nier.
Celui-ci raconte donc, sans détour, le circuit mis en place par Alstom et dont le premier arrêt se faisait dans la banque d'Oskar Holenweger chargé du transfert des fonds, via ses sociétés « Janus » et « Assessores » ou encore « Basilio ».
Alstom aurait donc payé cher, très cher les fonctionnaires brésiliens pour obtenir l'avenant au contrat Gisel. Comme elle a payé les fonctionnaires publics de Malaisie, Tunisie ou encore Lettonie selon la justice suisse qui a condamné l'entreprise en 2011 à une amende record de 40 millions de francs suisses.
Alstom est actuellement confronté au Brésil à des allégations de non-conformité aux lois et règlements sur la concurrence. Alstom ne peut pas commenter ces allégations, qui paraissent essentiellement se référer à des questions qui datent du début des années 2000 ou avant, parce que des enquêtes sont toujours en cours. Alstom prend évidemment ces allégations très au sérieux et mène sa propre enquête approfondie, avec le soutien d'un certain nombre de cabinets d'avocats externes spécialisés. Alstom tient à souligner que la société a mis en œuvre dans l’ensemble de son organisation des règles strictes d’éthique et de conformité que tous les employés doivent respecter. Le programme de conformité d'Alstom a été certifié par ETHIC Intelligence, une agence indépendante, et évalué « atteindre les normes internationales les plus élevées ».
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