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5 février 2013 2 05 /02 /février /2013 18:05

 

Face à la multiplication des plans sociaux, «il est grand temps de mettre en place en France une politique industrielle digne de ce nom», affiment Gabriel Colletis, économiste, Michel Pialoux, sociologue, et Evelyne Perrin, membre d'Agir ensemble contre le chômage, en appelant à la mobilisation de tous.


 

Alors que notre industrie a déjà perdu 269 000 emplois en 2008 et 2009, soit 8 % de ses effectifs, malgré des luttes acharnées (les « Contis », Molex, Freescale, Philips, Chaffoteaux et Maury…) et compte 500 000 emplois de moins qu’il y a dix ans, voilà que les plans sociaux et les annonces de fermetures pures et simples d’entreprises s’accumulent de façon dramatique.

PSA annonce la fermeture de son usine d’Aulnay en 2014 (3 000 emplois directs, soit 8 000 au total avec les emplois induits), et un plan social sur 1 400 emplois au moins pour son usine de Rennes, mais a réalisé 4 milliards d'euros de profits en 2012 et possède 36 filiales dans les paradis fiscaux.

Renault annonce un plan social massif (8 200 suppressions d’emplois, dont 2 500 en ingénierie et recherche) et veut imposer des accords de compétitivité: recul de tous les droits acquis, intensification du travail, baisse de salaires, sous la menace de délocalisation, mais détenait un milliard d'euros dans ses caisses en 2012.

Sanofi veut supprimer 2 500 emplois en France après en avoir déjà supprimé 4 000, alors qu’il s’agit de la première capitalisation boursière du CAC 40 et que l'entreprise a dégagé 9 milliards d'euros de bénéfices en 2011.

Air France, avec son nouveau PDG payé 900 000 euros l’an, est soudain dans le rouge malgré sa place de numéro 3 du transport aérien, et prévoit de supprimer 5 000 emplois en deux ans, après en avoir perdu 4 000 en quatre ans.

Les aciéries d’Arcelor, à Florange, dont les hauts fourneaux sont arrêtés depuis des mois, seront non pas nationalisées, comme l’avait annoncé Jean-Marc Ayrault et commencé à l’envisager Arnaud Montebourg, mais fermées, alors qu’elles sont les plus rentables d’Europe.

Voilà que Goodyear, numéro 3 du pneu, annonce la fermeture de son usine d’Amiens (1 250 salariés encore) au bout de 60 mois de lutte des salariés.

Après son rachat par le fonds d’investissement Butler, 100 licenciements et 4 magasins fermés en un an, Virgin est mis en redressement judiciaire, avec le risque d’une liquidation ultérieure : est-ce pour ne pas s’être adapté au numérique, ou pour que Butler puisse mieux spéculer sur cet emplacement de choix sur les Champs-Elysées ?

Où va s’arrêter l’hécatombe ? A ce rythme là, que restera-t-il, d’ici dix ans, de notre industrie, déjà largement délocalisée dans les pays à salaire très bas et sans contrainte environnementale, et de l’ensemble de notre tissu productif, puisque même les services sont largement touchés (1)?  Nos enfants devront-ils alors s’expatrier pour trouver un emploi ?

François Hollande, qui a mis en place un ministère du Redressement productif, avait, lors de sa campagne présidentielle, fait la promesse de ne pas laisser fermer des entreprises comme Arcelor-Florange, PSA Aulnay, d’interdire les licenciements boursiers, et de promulguer une loi permettant le droit de préemption des salariés en cas de fermeture de leur entreprise.

Il est grand temps de mettre en place en France une politique industrielle digne de ce nom, fondée sur la sauvegarde à tout prix de notre tissu productif, et d’emplois écologiquement soutenables et socialement utiles (2). De telles politiques existent à l’étranger, en Allemagne, en Chine, aux Etats-Unis. Elles supposent de ne pas privilégier les logiques purement financières et boursières des multinationales et des fonds d’investissement, qui amènent à fermer des entreprises rentables et innovantes sans autre forme d’alternative, sur la base de diagnostics biaisés car élaborés par d’anciens patrons (rapport Gallois sur la pseudo insuffisance de compétitivité de l’industrie française), ou de déficits souvent créés artificiellement pour mieux justifier la fermeture (3).

Mais notre industrie ne sera pas sauvée si ses propres producteurs, ceux qui en détiennent le savoir-faire et en produisent la richesse, les salariés, ne se font pas entendre, et s’ils ne conquièrent pas, par tous les moyens, un pouvoir légitime, qui leur est jusque là refusé, car ils n’ont pas voix au chapitre. Or, de nombreux exemples existent à l’étranger d’entreprises reprises par leurs salariés, en Argentine, au Mexique (comme l’usine Continental de Mexico qui réembauche), en Espagne, tandis que certaines économies locales en Europe reposant sur une majorité de coopératives (le Trentin, par exemple) connaissent un chômage très bas.

De même, les citoyens que nous sommes, les élus des territoires abritant des industries, nous avons notre mot à dire : n’avons-nous pas arrosé de subventions issues de nos impôts ces entreprises qui ferment et délocalisent après avoir empoché les prébendes ? Sanofi a ainsi touché 450 millions de crédits d’impôts recherche en 2012… Les concurrents low cost d’Air France comme Ryanair n’ont-ils pas reçu 800 millions de subventions européennes ? Dans ces conditions, et si l’on considère que ce sont les salariés qui produisent la richesse, les entreprises ne devraient-elles pas être considérées comme des biens communs et publics, le bien commun des habitants d’un pays? Comme le souligne en effet Edouard Martin, leader CFDT de la lutte des acieries d’Arcelor Florange, dans ses vœux de lutte du 28 décembre dernier, « c’est tout sauf un combat corporatiste. C’est un combat que nous menons pour l’intérêt général, pour notre région, notre territoire, pour le pays, pour l’Europe. Ce qu’il faut aujourd’hui, c’est arrêter de servir le système qui nous détruit, qui s’autodétruit : la finance internationale ».

Mais la colère monte : les salariés de PSA Aulnay, à l’approche des premières mesures du « plan social », sont en grève depuis le 16 janvier, la direction répondant par un lock out, et sont allés en cars rencontrer les salariés de Renault Flins le 22 janvier dernier. Le meeting tenu jeudi 24 janvier à Sciences Po, à l’appel de SUD-Etudiant et de la CGT Sanofi, a connu une participation massive de salariés en lutte qui, ne comptant plus que sur eux-mêmes, mettent en place des convergences. Ainsi ont-ils appelé mardi 29 janvier, avec les Licenci'elles (fondé par des salariées licenciées des Trois Suisses) et plusieurs autres entreprises, à une manifestation unitaire devant le ministère du travail, pour exiger deux mesures d’application immédiate, l’interdiction des licenciements boursiers et une sécurisation de l’emploi pour tous.

Il est évident que par ailleurs, le projet de loi sur le droit de préemption des salariés sur les entreprises qui ferment – et non de simple préférence, sans aucun caractère obligatoire – devient plus urgent que jamais, et ne doit pas être différé davantage.

C’est bien sûr en tout premier lieu aux salariés concernés de mener la lutte contre la fermeture de leurs entreprises, et c’est ce qui en train de se produire. Mais empêcher la disparition de la majeure partie de notre industrie, de notre potentiel productif, nous concerne tous, salariés, citoyens et consommateurs, élus des territoires, chercheurs et experts… C’est maintenant qu’il nous faut nous mobiliser, avant qu’il ne soit trop tard.

 

(1) Beaucoup de nos territoires, une fois fermées ces entreprises, deviendront des « déserts industriels », souligne Laurent Davezies dans La crise qui vient : la nouvelle fracture territoriale, Paris, Le Seuil, octobre 2012.

(2) Lire à ce propos « L’urgence industrielle », de Gabriel Colletis, Bordeaux, Le Bord de l’Eau, 2012 et, sur Mediapart, l'édition participative Un pacte productif pour la France.

(3) C’est ce qui ressort très clairement du tour de France de 35 entreprises en lutte, « Haute tension : les luttes des salariés contre les plans sociaux 2008-2010 », par Evelyne Perrin.

 

 

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5 février 2013 2 05 /02 /février /2013 17:52

 

 

Rue89 - Vie de bureau 05/02/2013 à 15h41
Elsa Fayner | Journaliste Rue89

 

 

Absence de colère, troubles anxieux, non-respect des règles de sécurité : comment ne pas perdre pied quand son emploi est condamné ?

 

 


PSA, à Aulnay : des salariés durant leur pause, le 28 janvier 2013 (Christophe Ena/AP/SIPA)

Pascal travaille depuis vingt ans chez PSA, à Aulnay (Seine-Saint-Denis) et à la chaîne :

« La fermeture, j’y pense tout le temps. Là, je me suis mis en arrêt, j’ai du mal à l’usine. Mieux vaut pas que je me demande pourquoi je travaille, sinon j’arrête. Il n’y a aucune motivation. Les autres, ils continuent par habitude. »

L’usine ferme en 2014. D’ici là, les salariés doivent continuer à assembler, peindre, contrôler les C3 pour qu’elles puissent continuer à rouler. Comment accomplir les mêmes gestes qu’à l’accoutumé, rester motivé, ne pas perdre pied quand on sait son emploi en sursis ?

« Quand il y a de la colère, c’est bon signe »

Le jour de l’annonce officielle de la fermeture du site d’Aulnay, le 12 juillet 2012, sur le parking, l’abattement dominait. L’équipe de l’après-midi avait même été travailler. Certes, la nouvelle avec fuité auparavant. Mais surtout aucune précisions n’étaient données. Quand ? Avec quels reclassements ? Quel accompagnement ?

Mathieu Poirot, psychologue social, parle d’« impuissance apprise » :

« Quand on est dans l’incertitude, sans informations sur ce qui va se passer, on ne peut plus gérer le changement. »

Consultant, il est mandaté par la direction ou par des entreprises qui ferment « pour accompagner le management ou comme médiateur avec les syndicats ». Ce qui le frappe, c’est l’absence de colère chez les salariés :

« Il n’y en a pas tant que ça. Quand il y en a, c’est plutôt bon signe. Mais ce que je vois ce sont plutôt des troubles anxieux et de l’abattement. »

Ce qui peut avoir un impact sur la performance globale de l’entreprise, note Mathieur Poirot :

« Les gens ne respectent plus forcément les règles de sécurité. Des lignes de production peuvent être cassées pour ralentir la production et la garder dans l’usine. »

Ou pour protester, de manière désespérée, contre la fermeture annoncée.

« Je pleure devant les patients, tant pis »

Ingrid préfère témoigner sous pseudo. La quadragénaire s’occupe de l’administration dans une entreprise de presse en redressement judiciaire :

« C’est le bénéfice du doute qui fait que je continue. Il y a éventuellement un repreneur, on le saura en mars. »

Au mieux, il y aura des licenciements dans l’entreprise. Au pire, aucun des repreneurs potentiels ne sera validé par le juge. Ambiance. En attendant, la société « avance au ralenti ». Ingrid diffère des rapports annuels qu’elle aurait dû rédiger : à quoi serviront-ils ?

« Notre directeur est focalisé sur la recherche d’un repreneur, c’est normal, il s’en fiche des tableaux d’analyse du chiffre d’affaires ou des calculs de ce genre. »

Ingrid ne peut pourtant pas s’empêcher d’en réaliser quelques-uns, de ces tableaux, sans que personne ne les lui demande cette année. Par curiosité ou par conscience professionnelle (elle hésite).

Effectuer les mêmes tâches, continuer à travailler... Pour certains, ce n’est pas possible. Comme dans les métiers de services aux autres, notamment de soins, constate Valérie Tarrou, psychologue du travail, qui reçoit des salariés en souffrance :

« Dans ces métiers, il faut garder une distance émotionnelle. Or les personnes qui vivent des périodes difficiles n’y arrivent plus. L’une d’entre elles m’a même dit : “Je pleure devant les patients, tant pis, ils me voient pleurer”. »

Pour d’autres, au contraire, c’est presque reposant. Comme pour Patrice, chez PSA :

« Je me demandais comment les gens pouvaient continuer à bosser. En fait, ça fait une espèce de point fixe, sinon c’est quand même le vide partout. »

Y compris pour les militants CGT comme lui, qui passent, depuis l’annonce officielle de la fermeture, une bonne partie de leurs journées à essayer de convaincre les collègues de se mobiliser :

« Pour les militants de l’usine, les moments de travail à la chaîne soulagent, finalement. C’est un moment un peu carré, où on ne pense pas trop à autre chose. »

« On a un projet, c’est déjà ça »

C’est l’une des principales préoccupations évoquées par les personnes interrogées : les tensions avec les collègues, la difficulté à s’entendre sur l’attitude à adopter, les désaccords dans la détresse.

Pour Karim, lui aussi à Aulnay :

« Quand je viens au travail, je suis dégoûté, même avec les collègues je suis dégoûté. Qu’est-ce que je peux leur dire ? Vous êtes des lâches ? Y’a plus aucune motivation. »

Pascal, syndicaliste, repense la nuit à tous les collègues qu’il a voulu convaincre. Il se repasse les arguments qu’il a utilisés, se dit qu’il aurait pu faire mieux, en cherche de plus percutants.

Dans son entreprise de presse, Ingrid, elle, a fait partie d’un projet de Société coopérative et participative (Scop). L’idée a divisé l’équipe, créé des tensions entre collègues. Sans pour l’instant déboucher :

« On a envoyé notre projet à l’administrateur et au juge pour qu’ils le soumettent au repreneur, c’est limité comme moyen d’action, mais c’est déjà ça : nous avons un projet pour notre entreprise. »

Le problème, pour Ingrid, c’est de ne pas savoir qui sont les candidats à la reprise de l’entreprise, quels sont leurs projets. De ne pas pouvoir s’opposer. De ne pas pouvoir prendre parti.

« Il faut avoir une communication de grands »

Mathieu Poirot, quand il est appelé à la rescousse par des PME comme par des grands groupes, essaie d’alerter ses clients :

« Je les entends souvent dire qu’il faut y aller doucement, ne pas tout dire d’un coup, pour que les salariés “digèrent”. C’est une idée fausse. Il vaut mieux dire les choses clairement, pour que les gens matérialisent la chose ou puisse faire le deuil. Il faut avoir une communication de grands. »

La psychologue du travail Valérie Tarrou confirme :

« La source de la souffrance, c’est de ne pas comprendre ce qui est en train de se passer. Ça donne des arrêts de travail, qui ne sont pas de mauvaise foi, mais parce que ce n’est pas possible de tenir. »

Le consultant conseille de partager avec les salariés les scenarii qui se présentent réellement – le catastrophique (l’entreprise ferme), le neutre (une solution temporaire trouvée pour le moment) ou l’optimiste (un repreneur).

« Au moins ça permet des référentiels. Chacun prend le scenario qu’il veut et se prépare. »

Se taire : une catastrophe

Mais ses clients se montrent peu réceptifs :

« Je pense que les managers évitent de passer l’information parce qu’ils se sentent coupables et parce qu’ils cherchent à éviter l’émotion que ça suscite. Ils comprennent les deux positions, celle de la direction et celle des salariés, et, pour réduire cette tension, il vont faire un choix, alors que leur rôle, c’est d’être l’intermédiaire. »

De plus en plus aussi, Mathieu Poirot rencontre des directions qui demandent aux managers de se taire. Une catastrophe, déplore-t-il :

« Dans ces cas-là, des rumeurs circulent. Les gens commencent à se faire leur scenario. C’est inévitable. La direction ne peut pas ne pas communiquer. Ne rien dire dit quelque chose. On pense que la direction cache quelque chose. Et même si, ensuite, elle décide de divulguer son scenario, les gens préfèreront croire celui qu’ils se sont forgés et auquel ils se sont attachés. »

Sur certains sites que visite le consultant, les salariés attendent depuis deux ans. Sans avoir la moindre idée de ce qui est en train de se décider.

 

 

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5 février 2013 2 05 /02 /février /2013 17:40

 

LE MONDE ECONOMIE | 28.01.2013 à 11h39 • Mis à jour le 05.02.2013 à 11h16 Par Francine Aizicovici

 

 

 
Dans une agence de Pôle Emploi, à Nice, le 23 octobre 2012.

Montant des allocations revues à la baisse, réduction de la durée de leur versement, refus d'inscription... : de nombreux chômeurs se heurtent à des décisions pénalisantes de la part de Pôle emploi. Les conséquences vont du remboursement d'indus ou de trop-perçus à la radiation. Et elles résultent, dans certains cas, de dysfonctionnements de l'organisme public.

Les démarches des demandeurs d'emploi relèvent du parcours du combattant. Des recours amiables contre des décisions sont possibles, mais les intéressés en sont rarement informés. Dans un premier temps, le chômeur peut saisir le directeur de son agence. En cas d'échec, il peut s'adresser au médiateur de l'organisme, ou à la direction régionale.

Dans certains dossiers, il est possible de saisir les instances paritaires régionales ou territoriales (IPR, IPT). Les problèmes de paiements indus "se règlent, en général, avec les IPR", relève Luisa Benbouzid, membre du comité CGT des chômeurs et précaires.

 

IL FAUT ÊTRE PATIENT

Le traitement amiable peut aussi concerner les radiations. Mais il faut être patient. L'affaire de Patrick, à Nîmes, aura duré deux ans et demi. En octobre 2009, il dépose une demande d'allocation de retour à l'emploi (ARE). Celle-ci est acceptée mais, dix mois plus tard, il est radié car, selon Pôle emploi, il n'a pas fourni les pièces justifiant le salaire qu'il percevait, ce qui laisse entendre qu'il a fraudé.

On lui réclame alors la somme de 2 248,40 euros. Il saisit le médiateur, en vain, puis trois courriers du service juridique de Pôle emploi le menacent de le traîner devant les tribunaux. Il engage de nouvelles démarches, cette fois avec le comité CGT. Miracle : en février 2012, l'IPR statue en sa faveur : c'est en fait Pôle emploi qui lui doit 16 131,53 euros !

Reste que, "souvent, les demandeurs d'emploi n'ont pas le réflexe de contester une décision, par manque d'information, remarque Florent Hennequin, avocat en droit social. La motivation des indus, par exemple, n'est pas fournie par Pôle emploi. Il n'y a aucun moyen de connaître les calculs, sauf à engager une procédure". Il s'agit alors de saisir le tribunal de grande instance - mais là aussi, il faut patienter deux à trois ans avant d'avoir une audience - ou le tribunal administratif, selon les cas.

 

RAPPEL À L'ORDRE

L'éventualité d'une condamnation peut parfois pousser Pôle emploi à régler le problème "en dernière minute, avant l'audience, par une transaction ou par une annulation de la décision de radiation ou de rejet d'indemnisation", relève Rose-Marie Péchallat, coadministratrice de l'association d'aide aux chômeurs Recours radiation. C'est le cas dans une affaire où Pôle emploi prélevait des trop-perçus sur les allocations de onze ex-salariés d'une même entreprise en raison d'un mauvais calcul de sa part. L'organisme public a clos le dossier le 22 janvier.

D'autres chômeurs doivent aller au bout de leur procédure. Et certains jugements font grand bruit. Comme l'ordonnance du 11 septembre 2012 rendue en référé par le tribunal administratif de Paris.

Soutenu par le comité CGT des chômeurs et précaires, un demandeur d'emploi poursuivait l'organisme pour absence de suivi. Il n'avait bénéficié que de trois rendez-vous à son agence en trois ans, ce qui, a-t-il plaidé, le privait de "la liberté fondamentale du droit à l'accès effectif au travail".

 

CONDAMNÉ

C'est, semble-t-il, la première fois qu'un dossier de ce type arrivait devant le juge. Pôle emploi a été condamné et enjoint à le recevoir "dans les huit jours", à le "rencontrer de manière régulière", etc. En somme, un rappel à l'ordre de ses obligations légales.

Mais l'organisme, appuyé par le ministère du travail, a porté un recours en annulation devant le Conseil d'Etat. Ce dernier a jugé qu'il n'y avait pas de situation d'urgence justifiant le recours au référé. "Mais le Conseil d'Etat ne remet pas en question le constat de violation d'une liberté fondamentale", se félicite Me Hennequin, qui défendait le plaignant.

Ce jugement "a connu un écho auprès de nombreux demandeurs d'emploi", ajoute-t-il. Un dossier collectif d'une vingtaine de personnes devrait être déposé devant le juge au cours du premier trimestre 2013.

Francine Aizicovici

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5 février 2013 2 05 /02 /février /2013 17:31

 

LE MONDE | 05.02.2013 à 06h58 • Mis à jour le 05.02.2013 à 10h38 Par Denis Cosnard

 

 

Un salarié de l'entreprise M-Real à Alizay, dans l'Eure, participe au blocage de l'entrée de son usine pour la quinzième journée consécutive, le 3 novembre 2011.

La scierie Lefèbvre à Buironfosse (Aisne), la manufacture de clarinettes de La Couture-Boussey (Eure), la fabrique de sacs Mondi de Saint-Jean-d'Illac (Gironde)... La disparition de ces usines-là n'a pas fait la une des journaux ni l'ouverture du "20 heures". Mais ces dossiers reflètent la réalité de la désindustrialisation autant sinon mieux que des sinistres spectaculaires comme Petroplus ou Goodyear.

De plus en plus de petites usines de ce type sont en effet rayées de la carte. En 2012, quelque 266 fermetures de sites industriels ont été recensées, soit 42 % de plus qu'en 2011. En moyenne, la taille de ces sites se limite à 71 salariés, selon les chiffres publiés, mardi 5 février, par la société Trendeo, qui traque les annonces de création et de destruction d'emplois.

 

LE DÉLITEMENT S'ACCÉLÈRE

Au final, Arnaud Montebourg a beau se mobiliser en faveur du "redressement productif", le délitement du tissu industriel tend au contraire à s'accélérer. Et l'année 2013 démarre mal : "Le mois de janvier, avec les annonces de Renault puis de Goodyear, a été le plus mauvais en termes de suppressions d'emplois depuis que nous collectons des données", indique David Cousquer, de Trendeo.

Après avoir culminé en 2009, au plus fort de la tempête économique, les fermetures de sites et les plans sociaux s'étaient un peu calmés en 2010 et 2011. Le mouvement est reparti de plus belle à partir de l'été dernier, alors que le nombre de créations d'usines progressait très légèrement, à 166.

Résultat : en quatre ans, 1 087 fermetures ont été annoncées, pour seulement 703 ouvertures. La France compte ainsi 384 sites industriels de moins qu'au début de 2009. C'est "le pays le plus désindustrialisé d'Europe", selon Patrick Artus, de Natixis.

 

Denis Cosnard

 

 

Plus fort recul de l'activité du privé depuis quatre ans

 

L'activité du secteur privé français a replongé en janvier, enregistrant son plus fort recul depuis mars 2009. L'indice  PMI confirme ainsi la première estimation publiée fin janvier et se replie à 42,7 points, contre 44,6 points en décembre, soit son plus bas niveau depuis 46 mois. Il s'éloigne fortement du seuil de 50 points qui marque la frontière entre périodes d'expansion et de contraction.
Cet indicateur avancé de la conjoncture, considéré comme fiable par les analystes, avait déjà touché en septembre son plus bas depuis mars 2009, mais la contraction de l'activité avait depuis ralenti sa cadence. Dans le détail, malgré la faiblesse actuelle de l'activité des services, la confiance des prestataires de ce secteur se renforce et atteint son plus haut niveau depuis cinq mois. Le PMI manufacturier, déjà rendu public, s'est lui replié de 44,6 points à 42,9 points en un mois.

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5 février 2013 2 05 /02 /février /2013 17:23

 

LE MONDE | 05.02.2013 à 10h46 • Mis à jour le 05.02.2013 à 11h13 Par Gérard Davet et Fabrice Lhomme


 

 

Une enquête parlementaire sera aussi ouverte sur le rachat des journaux du Sud du groupe Hersant Médias par Bernard Tapie.

Le groupe Hersant Média (GHM), comptant plus de 3000 collaborateurs, repris au mois de janvier par l'homme d'affaires Bernard Tapie et les héritiers Hersant, est désormais sous le coup de deux enquêtes distinctes. La justice a en effet décidé de s'intéresser de près à la gestion de GHM, propriétaire de plusieurs journaux en France : Nice-Matin, La Provence, sans compter diverses publications outre-mer comme France-Antilles. Le parquet de Paris vient de confier une enquête préliminaire à la brigade financière.

Les policiers sont saisis de présomptions d'"abus de biens sociaux", au préjudice des sociétés du groupe Hersant Média (GHM). Ils vont notamment enquêter sur les flux financiers suspects entre le groupe de presse, au bord de la liquidation fin 2012, avant sa reprise, et le prestigieux golf Robert-Hersant de Nantilly (Eure-et-Loir).

 

 L'ENQUÊTE PARLEMENTAIRE

En parallèle, une commission d'enquête parlementaire devrait voir le jour dans quelques semaines, afin de tirer au clair les conditions de la reprise définitive du groupe de presse par M. Tapie et les héritiers Hersant, actée le 14 janvier par le tribunal de commerce de Paris. Le député socialiste des Bouches-du-Rhône Patrick Mennucci, candidat déclaré à la mairie de Marseille, vient de terminer son projet de résolution en ce sens, document dont Le Monde a eu copie.

Les policiers agissent quant à eux à la suite d'un signalement du ministère du redressement productif, dirigé par Arnaud Montebourg, sur la base de l'article 40 du code de procédure pénale. Celui-ci prévoit que toute autorité constituée, tout officier public ou fonctionnaire qui, dans l'exercice de ses fonctions, acquiert la connaissance d'un crime ou d'un délit, est tenu d'en donner avis sans délai au procureur de la République et de transmettre à ce magistrat tous les renseignements, procès-verbaux et actes qui y sont relatifs.

En l'occurrence, c'est le comité interministériel de restructuration industrielle (CIRI), qui a indiqué à M. Montebourg l'existence d'éventuels abus de biens sociaux au sein de GHM, alors en pleine déconfiture financière.

M. Montebourg a donc signé dès le mois de décembre 2012 un signalement sur la base de l'article 40, mettant en cause auprès du procureur de Paris la gestion de GHM par les héritiers de l'ancien magnat de la presse, Robert Hersant. "J'ai saisi la justice, a confirmé M. Montebourg au Monde, car nous avions là un groupe dirigé par un exilé fiscal, M. Philippe Hersant, dont la gestion était jugée contestable. Nous avons fait notre travail."


 14 MILLIONS D'EUROS DANS LE GOLF ROBERT-HERSANT

Les policiers vont notamment s'attacher à retracer les flux financiers, de l'ordre de 14 millions d'euros selon le CIRI, qui auraient permis d'abonder les comptes de la SCI Golf de Nantilly. Le superbe club house du golf, et les installations sportives, plusieurs dizaines d'hectares plantés d'essences rares appartenant à la famille Hersant, auraient ainsi bénéficié d'aménagements somptuaires, alors que les journaux étaient sur le point de disparaître, en 2012, et que la Comareg, éditrice notamment de Paru-Vendu, liquidée en 2011, avait laissé 1650 salariés sur le carreau.

Sollicité par Le Monde, Me David de Pariente, le conseil de la famille Hersant, a indiqué que "le golf, public, a toujours fait partie du groupe Hersant. Il a ensuite été racheté par Eric Hersant [l'un des petits-fils de Robert Hersant], et sorti de GHM à la demande des banques créancières, qui ont également obtenu le remboursement des flux financiers consentis en sa faveur. Il n'y a aucune illégalité dans l'affaire".

Cette enquête préliminaire, gérée par le parquet, ne devrait pas empêcher la création d'une commission, voulue par le député Patrick Mennucci. En effet, seule l'ouverture d'une information judiciaire, confiée à un juge d'instruction, obligerait, selon les textes en vigueur, le pouvoir législatif à cesser ses travaux. M. Mennucci va donc soumettre au vote de l'Assemblée nationale le principe, déjà arrêté par le groupe socialiste, de la création d'une commission d'enquête parlementaire, qualifiée par avance de "tartufferie" par Bernard Tapie, le 16 janvier.
 

"UN FAVORITISME OUTRANCIER ?"

"La commission d'enquête devra vérifier si la liberté du commerce n'a pas été malmenée par un favoritisme outrancier à l'égard des acquéreurs seuls en capacité de connaître pleinement le dossier, précise le projet de résolution du parlementaire. Des accords secrets ont-ils été conclus par le tandem Tapie-groupe Hersant Média avec d'autres concurrents pour qu'à terme ces derniers bénéficient d'une vente préférentielle lors du démantèlement du groupe ? Enfin, la présente commission s'interrogera également sur l'origine des sommes investies par Bernard Tapie."

Une dernière phrase lourde de sous-entendus, puisqu'elle vise en fait la procédure d'arbitrage, aujourd'hui contestée, qui a permis à M. Tapie d'obtenir en 2008 403 millions d'euros, dans le cadre du conflit lié au passif du Crédit lyonnais. Deux enquêtes judiciaires distinctes, l'une devant la Cour de justice de la République, l'autre devant des juges de droit commun, sont ouvertes pour, notamment, "détournements de fonds publics, faux, recel et complicité de ces délits".

Désormais donc, outre l'origine de sa fortune, les circonstances dans lesquelles M. Tapie a pu acquérir GHM intéressent la justice. En effet, 17 banques créancières ont abandonné 165 millions d'euros dans la reprise du groupe par un tandem composé de trois héritiers de Robert Hersant et de l'homme d'affaires Bernard Tapie, deux parties associées à parité. Les partenaires apportent un total de 51 millions d'euros dans l'affaire, comprenant diverses garanties. Philippe Hersant, l'un des fils de Robert Hersant, reste ainsi à la tête de son groupe, tout en ayant effacé ses dettes.

 

 UN TOUR DE PASSE-PASSE

Un tour de passe-passe qui a engendré un affrontement très médiatique, mais aussi politique, entre MM. Tapie et Montebourg. Le pouvoir socialiste, et notamment l'Elysée, très inquiet de voir l'homme d'affaires revenir troubler l'échiquier politique, en particulier à Marseille, a d'abord tenté de contrer l'offensive de M. Tapie, en suscitant plusieurs candidatures concurrentes.

De quoi déclencher la colère de l'ancien patron de l'OM, qui a assuré publiquement à plusieurs reprises n'avoir aucunement l'intention de conquérir la mairie de Marseille. Il a dénoncé une intervention politique, tenté de joindre M. Montebourg et même l'Elysée, en menaçant de publier un enregistrement audio censé prouver ses assertions. "C'est la mission même du CIRI que de trouver des solutions, les meilleures possibles pour redresser le groupe, assure M. Montebourg. D'ailleurs, M. Tapie a amélioré son offre après notre intervention. Nous gardons un œil sur cette affaire."

L'offre concurrentielle la plus aboutie a été menée par le groupe belge Rossel, qui avait déjà repris plusieurs journaux du nord de la France appartenant à GHM. Mais l'épisode de la Comareg, et l'éventualité de voir quelques-uns des 1650 salariés licenciés se retourner sur le plan judiciaire contre le repreneur, aurait refroidi les ardeurs de Rossel. Du coup, M. Tapie, après avoir renoncé à se porter acquéreur, a déposé in extremis une nouvelle offre, en décembre 2012, lui permettant de l'emporter sur le fil.

Dans un communiqué publié le 14 janvier, jour de l'homologation par le tribunal de commerce de Paris de l'accord de conciliation conclu le 19 décembre 2012 entre la famille Hersant et Bernard Tapie, GHM affirmait que "le futur du groupe [était] désormais assuré" et qu'il allait "pouvoir engager les moyens nécessaires à la relance" de ses titres. Le groupe assurait que la réalisation des opérations bancaires et l'augmentation de capital seraient finalisées au plus tard le 15 février 2013.

Lire aussi : Bernard Tapie cherche une grosse pointure pour les journaux du Sud (abonnés)

Gérard Davet et Fabrice Lhomme

Les soupçons portent sur le golf familial

 

Le golf de Nantilly était la dernière folie de Robert Hersant. En 1966, le "papivore" achète un terrain de 3000 m2 dans la vallée de l'Eure, à Ivry-la-Bataille, d'abord pour y bâtir une maison. En 1991, il acquiert de nouveaux terrains dans le hameau voisin de Nantilly. Son but est de transformer son golf en un parcours de 18 trous. Ce sont des flux financiers au bénéfice de cet établissement qui sont aujourd'hui au cœur de l'enquête préliminaire ouverte par le parquet de Paris.

Jusqu'à la fin de sa vie, Robert Hersant s'est consacré à l'embellissement de la propriété, multipliant les projets, modifiant sans cesse les maquettes du golf dans ses bureaux parisiens, comme le racontent Elizabeth Coquart et Philippe Huet dans Le Monde selon Hersant (Ramsay, 1997). Il veut en faire le plus beau golf d'Europe. Pour cela, il dépense une fortune. Il choisit les matériaux les plus nobles, les essences les plus rares. Il sélectionne lui-même chaque végétal, apporte un soin particulier à marier les couleurs. Comme François Mitterrand, Robert Hersant a une passion pour les arbres. Certains en plaisantent: "Le papivore est devenu herbivore..."

La maison d'Ivry-la-Bataille est aussi le lieu de réunion de la tribu au grand complet. Robert Hersant, qui a été marié trois fois, y rassemble pour la nouvelle année épouse et ex-épouses, enfants de son premier et de son deuxième mariage, ainsi que les filles de sa dernière femme, qu'il a adoptées.

 

Xavier Ternisien

 


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5 février 2013 2 05 /02 /février /2013 17:06

 

 
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Google Maps

 

Triste histoire, que celle de Rose H., une très vieille dame poursuivie par son bailleur alors qu'elle payait son loyer rubis sur l'ongle, depuis 65 ans. L'abjection d'une dénonciation et l'avidité d'un promoteur auront eu raison de sa santé.
Triste fin, à l'heure où les discours officiels prônent la solidarité envers les aînés. Voici les faits. 

Rose H. et sa famille ont loué, à partir de 1947, un appartement de 150 mètres carrés dans le 16e arrondissement de la capitale. Les enfants sont partis, le mari décédé, mais Mme H. n'a pas souhaité quitter les lieux où elle avait passé toute sa vie.

Même lorsque le loyer de 1620 francs, lié à un bail de 1948, a été ajusté en 1991, puis en 2005, et encore quelques années plus tard, pour passer de 1736 euros à 2576, sans les charges.

Il absorbait la totalité de sa pension de retraite, mais ses enfants étaient d'accord pour verser un complément, l'essentiel étant pour eux que leur mère, atteinte d'un cancer, finisse ses jours dans l'appartement où elle avait toujours vécu.

 

Licence CC

 

En 2010, la nonagénaire se casse le col du fémur, et ne peut plus marcher qu'avec un déambulateur.

Elle fait alors appel à l'association «  la Chambre aux étoiles », qui fournit à des étudiants des hébergements dans des familles juives : en échange d'une chambre meublée d'au moins neuf mètres carrés, ils consacrent à la personne âgée une ou deux soirées par semaine et deux week-end par mois.

En outre, Rose H. prend deux  locataires à titre payant. Ces dernières lui versent respectivement 470 et 500 euros par mois.

Ce petit monde cohabite sans se faire remarquer, jusqu'à ce que la concierge le dénonce au bailleur. On imagine ce que cette trahison a pu représenter, pour une dame juive, ayant traversé les horreurs de la deuxième guerre mondiale.

Le bailleur, Sas Madeleine-Opéra, est une filiale immobilière du groupe d'assurances

 

Allianz. Ironie de l'histoire, Allianz vend des « solutions dépendance » censées «  vous permettre de rester chez vous le plus longtemps possible sans dépendre financièrement de vos proches ».

Un huissier diligenté de manière irrégulière se présente au domicile de la dame, et procède à un véritable interrogatoire des occupantes. Deux d'entre elles admettent qu'elles versent un loyer.

 

Google Maps

En janvier 2012, le bailleur adresse à Rose H. une assignation à comparaître devant le tribunal d'instance du 16e arrondissement, où il demande la résolution de son bail et son expulsion.

Il invoque un manquement au contrat . Celui-ci dit en effet que « le preneur devra occuper continuellement et personnellement les locaux avec les membres de sa famille et les personnes à son service  (…) Sauf autorisation expresse et par écrit du bailleur, le preneur ne pourra pas prêter les lieux, en totalité ou en partie, même pour un court délai et à titre gracieux, ni les échanger ni les sous-louer, soit nus soit meublés ou garnis, ni vendre ni céder son droit à la présente location. »

L'avocate de Rose H, Me Florence Diffre, répond que sa cliente n'a commis aucun manquement, les jeunes filles devant lui « assurer une compagnie et une présence nécessaires pour qu'elle puisse continuer à vivre de manière autonome ».

 

AFP

 

Elle ajoute que, même si les faits reprochés constituaient une illégalité, cette dernière ne serait pas « d'une gravité telle » qu'elle justifierait la résiliation du bail : en effet, les conditions d'occupations étaient paisibles, n'engendraient aucun trouble, et les loyers étaient parfaitement acquittés. Elle ajoute que la procédure, « abusive », est motivée par « le souci de réaliser une opération immobilière ».

Rose H., bien qu'âgée de 94 ans, vient à l'audience du tribunal, fixée le 29 mai 2012. Las, l'avocat de Madeleine-Opéra, Me Laurent Hay (prononcer è, et non aïe), ne se présente pas. La juge, agacée, radie l'affaire.

Néanmoins, les enfants de Rose H., ayant peur, demandent aux locataires de partir. L'état de santé de Rose H. se dégrade et ne lui permet plus de rester dans son appartement.

 

Licence CC Thomas Bjørkan

 

Elle intègre une maison de retraite médicalisée, au mois d'août 2012. Me Diffre propose alors un arrangement à son confère : Madeleine-Opéra  dispense Rose H. de loyer pendant quelque mois, le temps qu'elle vide le logement, et elle rend les clés. Il refuse.

Comme elle ne peut plus verser son loyer à partir du moment où elle doit payer la maison de retraite, Madeleine-Opéra lui envoie une nouvelle assignation, lui réclamant 18.244 euros, soit  sept mois de loyer, et l'expulsion. A l'audience, Me Diffre a fait valoir que, «  de fait, la procédure diligentée par Sas Madeleine-Opéra a atteint son objectif, à savoir la libération des locaux ». Devant la juge, elle a proposé à Me Hay de lui rendre les clés de l'appartement. Celui-ci les a refusées.

Le jugement sera rendu le 12 mars.

Souhaitons que la juge fasse preuve d'humanité. Certes, nul n'est censé ignorer la loi... Mais que le locataire qui n'a jamais péché en prêtant son appartement pour les vacances, ou en l'échangeant avec une famille américaine, jette la première pierre  à la malheureuse vieille dame!

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5 février 2013 2 05 /02 /février /2013 17:00

 

LE MONDE | 04.02.2013 à 14h42 • Mis à jour le 05.02.2013 à 17h42 Par Philippe Mesmer - Tokyo, correspondance

 

 
Un homme, sans protection sérieuse contre les radiations, travaille à dégager les débris sur le site sinistré de la centrale de Fukushima, quatre jours seulement après la catastrophe, survenue le 11 mars 2011.

 

 Près de deux ans après la catastrophe nucléaire de Fukushima, dans le nord-est du Japon, et de multiples allégations sur l'implication de la pègre japonaise dans la reconstruction, la police a arrêté, jeudi 31 janvier, un yakuza soupçonné d'avoir illégalement envoyé des travailleurs dans les zones sinistrées. D'après la police, Yoshinori Arai dirige un gang basé dans le département de Yamagata (nord du pays) et affilié au syndicat du crime Sumiyoshi-kai, le deuxième plus puissant du Japon avec 12 600 membres.

M. Arai aurait envoyé à plusieurs reprises des journaliers à un sous-traitant de Yamagata engagé dans la décontamination radioactive de Date, ville du département de Fukushima. Ces travailleurs n'auraient touché que la moitié des 20 000 yens (158 euros) promis par journée de labeur. Le reste serait allé dans la poche du groupe de M. Arai.

Cette affaire montre que la reconstruction et les milliards de yens qu'elle draine, attirent la pègre. Le chantier est d'autant plus alléchant que le milieu nippon souffre depuis plusieurs années d'une perte de ses sources de revenus en raison d'une législation plus répressive et d'une police mobilisée contre ses membres. Un décret du 1er octobre 2011 sanctionne ainsi toute personne entretenant des liens ou faisant des affaires avec les membres du milieu.

Dans le Tohoku, la région sinistrée, les gangs seraient impliqués à des degrés divers dans la plupart des activités liées à la reconstruction, comme les travaux de démolition et le traitement des déchets. La police mènerait des enquêtes sur 37 affaires. En mai 2012, elle avait arrêté Makoto Owada, autre cadre de la Sumiyoshi-kai, pour avoir envoyé des travailleurs à la centrale nucléaire de Fukushima en passant par une société écran du département de Tochigi (nord-est).

 

INTER

Cette présence de la pègre notamment dans la gestion de la catastrophe nucléaire est avérée depuis longtemps. Le journaliste d'investigation Tomohiko Suzuki en a fait un livre en 2011 – Les Yakuzas et l'industrie nucléaire. Pour l'écrire, il a travaillé durant l'été 2011 pendant un mois et demi à la centrale en se faisant embaucher par une société locale, filiale de Toshiba, sans lien, précise-t-il, avec le milieu.

Selon lui, des yakuzas ont travaillé à Fukushima dès le début de la catastrophe, participant à la lutte pour limiter les dégâts. Ils "sont chargés de trouver des gens et de les envoyer sur le site". Ils cibleraient les personnes endettées, les sans-domicile et des personnes souffrant d'un handicap psychologique. Selon M. Suzuki, la pratique ne daterait pas de l'accident de Fukushima et concernerait l'ensemble de la filière nucléaire, qui aurait recours à ces services pour les travaux les plus dangereux.

Dans les premiers jours du drame, l'exploitant de la centrale, la Compagnie d'électricité de Tokyo (TEPCO), en manque de main-d'oeuvre, aurait demandé aux recruteurs de faire venir "ceux qui n'ont pas peur de mourir".

Autant d'éléments qui avaient incité TEPCO à annoncer, le 19 juillet 2011, son intention d'écarter les yakuzas des activités liées à la centrale. L'entreprise a décidé de faire signer un document à ses sous-traitants affirmant qu'ils n'avaient aucun lien avec la pègre. Mais le recours aux sociétés écrans complique les vérifications éventuelles.

L'annonce de l'arrestation de M. Arai coïncide avec l'affaire impliquant Tetsuo Nayuki, un membre éminent de l'agence de régulation du nucléaire (NRA) – mise en place en septembre 2012, notamment pour "restaurer la confiance au Japon et à l'étranger dans la régulation" du nucléaire dans l'Archipel. Le 22 janvier, M. Nayuki a transmis illégalement des informations à une entreprise du secteur nucléaire, la Japan Atomic Power Company (JAPC), concernant les failles passant sous la centrale de Tsuruga dans le département de Fukui (centre du pays).

Alors que la NRA inspecte toutes les centrales pour en évaluer les risques sismiques, la JAPC désirait prendre connaissance de ce rapport afin de préparer en amont un contre-argumentaire et être prêt à contrer la diffusion publique de ces informations.

L'entreprise se défend de toute action de lobbying et affirme ne pas avoir versé d'argent à M. Nayuki.

Philippe Mesmer - Tokyo, correspondance

La police entend un ancien patron de la sûreté nucléaire

Des cadres du nucléaire en poste au moment de la catastrophe de Fukushima viennent d'être entendus par la justice nippone.

Après plusieurs dirigeants (dont l'ancien président Tsunehisa Katsumata, de la compagnie d'électricité de Tokyo TEPCO, fin janvier), la police a convoqué Haruki Madarame, ancien responsable de la Commission de sûreté nucléaire (NSC). Il fut l'un des conseillers du gouvernement au moment du drame de mars 2011.

Des habitants du département de Fukushima ont déposé plainte contre lui. Ils lui reprochent d'avoir tardé à rendre publics les chiffres de la diffusion de substances radioactives et de ne pas avoir pris de mesures efficaces pour protéger la centrale contre le tsunami à l'origine de la catastrophe nucléaire. Le parquet devrait se prononcer en mars sur d'éventuelles mises en examen.

La police nippone entend un ancien patron de la sûreté nucléaire

 

Des cadres du nucléaire en poste au moment de la catastrophe de Fukushima viennent d'être entendus par la justice nippone.
Après plusieurs dirigeants (dont l'ancien président Tsunehisa Katsumata, de la compagnie d'électricité de Tokyo TEPCO, fin janvier), la police a convoqué Haruki Madarame, ancien responsable de la Commission de sûreté nucléaire (NSC). Il fut l'un des conseillers du gouvernement au moment du drame de mars2011.
Des habitants du département de Fukushima ont déposé plainte contre lui. Ils lui reprochent d'avoir tardé à rendre publics les chiffres de la diffusion de substances radioactives et de ne pas avoir pris de mesures efficaces pour protéger la centrale contre le tsunami à l'origine de la catastrophe nucléaire. Le parquet devrait se prononcer en mars sur d'éventuelles mises en examen.

 

 

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5 février 2013 2 05 /02 /février /2013 16:48

 

Le Monde.fr avec AFP | 05.02.2013 à 13h14 • Mis à jour le 05.02.2013 à 14h09


 

 

 
Un navire japonais capture une baleine dans l'Antarctique, en 2006.

Un secteur "mourant", c'est ainsi que le Fonds international pour le bien-être des animaux (IFRAW) qualifie l'industrie baleinière japonaise. Cette ONG basée à Londres affirme que le programme de pêche à la baleine nippon est dans "le rouge depuis plus de vingt ans" et est largement subventionné par l'Etat, à hauteur de 10 millions de dollars par an.

Selon IFAW, l'argent généré par la vente de viande de baleine est loin de couvrir les frais engendrés par l'entretien de la flotte baleinière et la campagne de pêche annuelle en Antarctique. "C'est l'argent du contribuable qui paye cette activité et qui permet de la maintenir à flot", ajoute Patrick Ramage, directeur du programme Baleines de l'IFAW. Selon l'organisation, au cours des vingt-cinq dernières années, les subventions directes du ministère japonais de l'agriculture à la chasse à la baleine ont atteint près de 400 millions de dollars. 

 

 TOLÉRANCE

Dans un rapport présenté mardi 5 février à Tokyo, l'IFAW estime que la consommation de viande de baleine a décliné constamment depuis les années 1960, et que le Japon en possède un stock de 5 000 tonnes environ. En juin 2012, l'Institut de recherche sur les cétacés (IRC), organisme japonais semi-public, a admis que 908,8 des 1 211 tonnes de viande issue de la campagne 2010-2011 et commercialisée entre novembre 2011 et mars 2012 n'avaient pas trouvé preneurs.

Un responsable de l'Agence de la pêche japonaise a refusé de commenter ce rapport dont il a dit ne pas avoir connaissance. Il a toutefois réaffirmé la position officielle japonaise, à savoir que cette pêche est à des fins scientifiques. Le Japon a tué 14 000 baleines depuis 1988, beaucoup plus que ne l'exigerait une chasse à des fins scientifiques, estime l'IFAW.

 

Lire : Le Japon accumule les stocks invendus de viande de baleine


Une flotte baleinière japonaise a largué les amarres le 28 décembre pour l'Antarctique pour sa campagne annuelle, malgré les menaces de l'organisation écologiste Sea Shepherd. L'Agence de la pêche japonaise a indiqué que l'objectif était de pêcher environ 935 petits rorquals et 50 rorquals communs d'ici au mois de mars. Le Japon pêche des baleines en vertu d'une tolérance de la Commission baleinière internationale pour la chasse à des fins de recherche, bien que la chair des animaux finisse sur les étals nippon. L'organisme international proscrit toute pêche commerciale.

 

 Lire : Les baleiniers japonais voguent vers l'Antarctique


L'IFAW invite le Japon à cesser de subventionner la chasse baleinière et à plutôt utiliser ces fonds publics pour développer l'observation des baleines, "une solution rentable qui profiterait aux baleines, à la population et aux communautés côtières du Japon et d'ailleurs." L'observation des baleines rapporte environ 2,1 milliards de dollars chaque année dans le monde, estime l'ONG. Au Japon, les excursions d'observation des cétacés ont généré 22 millions de dollars en 2008. 

 

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5 février 2013 2 05 /02 /février /2013 16:28

 

Rue89 - Réactions en chaîne 05/02/2013 à 18h40
Sophie Caillat | Journaliste Rue89

 

Infosignalée par un internaute


Seringue (Zaldylmg/Flickr/CC)

 

« Un drame » : « 50 enfants paralysés » suite à la vaccination contre la méningite dans la sous-préfecture de Gouro, dans l’Est du Tchad, « à qui la faute ? ». Quand l’opposant tchadien Abdelkrim Yacoub, en charge de la diplomatie au Conseil national pour le changement et la démocratie au Tchad (CNCD), nous a signalé l’affaire, on s’est d’abord demandé si les petits Africains n’avaient pas servi « de cobayes ».

Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), il s’agit en fait d’un « syndrome collectif inexpliqué », également appelé « hystérie collective », sur lequel existe toute une littérature scientifique [PDF].

Une dépêche AFP confirme l’hospitalisation de 38 enfants suite à un incident vaccinal survenu fin décembre dans la province de Gouro. Le ministère de la Santé tchadien cité par l’agence a tardivement décrit « des réactions inhabituelles chez des dizaines d’enfants » et l’évacuation de « sept patients en Tunisie pour des examens complémentaires et pour une prise en charge encore plus spécialisée. »

Pourquoi ces convulsions ?

Les scènes décrites par la presse tchadienne sont impressionnantes : les enfants se seraient mis à gémir juste après la vaccination, à convulser, à faire des mouvements incontrôlables. Si bien que, selon un parent rencontré à l’hôpital par N’Djamena Matin :

« Rien que pour stabiliser les enfants, il fallait 3 à 4 personnes pour les maintenir. Paniquée par la tournure que prenaient les faits, l’équipe a pris la poudre d’escampette. »

Restent les nombreuses questions que la presse d’opposition posait le 12 janvier, toujours sans réponses. Le journal Al Wihda demandait ainsi :

« Pourquoi a-t-on vacciné 500 enfants dans une région qui ne dispose que d’un médecin, et qui n’a été capable de fournir des conseils ou de traiter les effets indésirables du vaccin qu’une semaine plus tard ? »

« Une manifestation théâtrale »

Voir le document

(Fichier PDF)

A la demande du ministère tchadien de la Santé, quatre experts de l’OMS ont remis un rapport (ci-dessous) le 21 janvier 2013. Notons que la même organisation onusienne prescrit les vaccins et analyse les incidents de vaccination, ce qui ne laisse pas présager d’une grande indépendance.

Les experts de l’OMS mettent hors de cause le vaccin MenAfriVac, dont le lot « ne présentait pas de défaut » et est « utilisé dans toute la région ». Les crises « sont déclenchées par le bruit, les visites de personnes étrangères et la survenue de crises chez d’autres patients ». Les victimes sont âgés de 8 à 25 ans, et 77% sont des filles.

Contacté par Rue89, le Dr. Patrick Zuber, responsable de l’équipe sécurité des vaccins à l’OMS, précise :

MenAfriVac

Quelque 100 millions de doses de ce vaccin contre la méningite ont été administrées dans la zone qui va du Sénégal à la Somalie, où cette épidémie sévit de manière saisonnière. Selon le Dr Zuber de l’OMS, ce vaccin a « un très bon profil de sécurité, des réactions fébriles occasionnelles et locales peuvent survenir mais il n’y a jamais rien eu de grave ».

« Il s’agit d’une réaction psychogène de masse. Par exemple, deux ou trois enfants vont décrire des crampes horribles, et ça va faire boule de neige.

Les analyses cliniques et biologiques n’ont pas permis de trouver de pathologie objective, la chaîne du froid a été revue, il n’y a pas de déviation des pratiques. C’est une manifestation théâtrale concernant une trentaine de personnes. »

« Epidémie »

Le phénomène a bien été décrit dans la littérature scientifique : par exemple en Iran en 1992, en Jordanie en 1998, où 122 enfants ont été hospitalisés après une vaccination antidiphtérique, en Australie en 2007 avec le Gardasil... des événements du même type peuvent sont rapportés avec différents vaccins dans différents pays.

Des « épidémies » de ce type ont aussi été rapportées en France par l’Institut national de veille sanitaire (InVS) : des malaises dans un hôpital, au sein d’une chorale ou d’une mairie sont ainsi classifiés comme « syndrome collectif inexpliqué » ou « syndrome des bâtiments malsains ».

N’empêche, Abdelkrim Yacoub reste sceptique :

« Comment croire à ces conclusions ? Les institutions internationales n’avaient-elles pas intérêt à démontrer que la vaccination n’est pas en cause dans cette tragédie afin que le Tchad continue à recevoir des fonds, notamment de GAVI (l’Alliance mondiale pour les vaccins et la vaccination) qui finance l’introduction de nouveaux vaccins ?

La performance et l’efficience des programmes de vaccination nécessitent un renforcement des capacités humaines et techniques des pays en développement, notamment du Tchad, en vaccinologie et management sanitaire. »

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4 février 2013 1 04 /02 /février /2013 19:34

 

 

Marianne - Lundi 4 Février 2013 à 16:52 |

 

Arnaud Bouillin - Marianne

 

La réforme du statut privilégié de ces officiers ministériels n'est toujours pas à l'ordre du jour. Elle est pourtant recommandée depuis plus d'un demi-siècle dans nombre de rapports.

 

GILE/SIPA
GILE/SIPA
Ils sont un peu plus de 9 300 à exercer en France, ils réalisent 7 milliards d'euros de chiffre d'affaires par an et ils ne renonceraient pour rien au monde à leur mission de service public. On les comprend : d'après une étude sur les professions libérales publiée en novembre dernier par Bercy, le revenu d'activité d'un notaire s'est élevé en moyenne à 228 000 € en 2010. L'équivalent de 19 000 € par mois avant impôt. Une formidable sinécure dont Vincent Le Coq, maître de conférences en droit public, et Laurent Lèguevaque, ancien juge d'instruction, ont pointé les multiples travers dans leur Manifeste contre les notaires (Max Milo Editions, 2011). Facturation de documents inutiles ou de frais indus sur des expertises déjà payées à d'autres (les diagnostics plomb, amiante, termites, performance énergétique), silence assourdissant de la corporation sur l'obligation de gratuité des actes dans le cadre de l'aide juridictionnelle, contrôle en trompe l'œil de l'Etat qui le délègue en pratique aux intéressés...  

Depuis un demi-siècle, les rapports se succèdent, signés d'experts patentés, de l'économiste Jacques Rueff (1960) à l'avocat Jean-Michel Darrois (2009), pour réclamer une réforme du notariat. En vain : à ce jour, aucun gouvernement, de droite ou de gauche, n'a osé s'attaquer aux privilèges de ces officiers ministériels dont Jacques Attali, dans un autre rapport promptement enterré en 2008, préconisait de «supprimer les tarifs réglementés». Car c'est bien là que se situe le nerf de la guerre.

A entendre le Conseil supérieur du notariat, le fait pour les pouvoirs publics de fixer l'émolument d'acte, qui rémunère la rédaction proprement dite, et l'émolument de formalités, censé couvrir les frais des démarches administratives, ce barème officiel, donc, serait «un gage d'égalité des citoyens». Une égalité chère payée. Selon la comparaison internationale publiée en décembre 2007 par la Commission européenne, les honoraires perçus dans l'Hexagone en matière de transactions immobilières se situaient à l'époque parmi les plus élevés d'Europe : 2 949 € pour un bien de 250 000 € et 5 493 € pour un bien de 500 000 €, ce qui, sur les 20 pays étudiés, situait les notaires français au 4e et au 2e rang des intermédiaires les plus gourmands. Et encore, c'était avant la nouvelle hausse des tarifs décidée par décret en février 2011 ! La facture pour l'établissement d'un Pacs ou la mise en conformité d'un règlement de copropriété est ainsi passée de 218,27 € à 233 € (+ 6,7 %). Mais le vrai scandale, c'est qu'il en coûte désormais 82,50 € de plus, hors TVA, pour l'achat d'un bien supérieur à 60 000 €. Tout bénéfice quand le marché - et ceux qui alimentent en statistiques les suppléments immobilier des gazettes, à savoir... les notaires – tire depuis des années les prix à la hausse.

On aurait pu croire que la nouvelle garde des Sceaux, soucieuse d'équité et de justice sociale, se déciderait enfin à mettre un coup de pied dans la fourmilière. Erreur : comme Rachida Dati, Michèle Alliot-Marie ou Michel Mercier avant elle, Christiane Taubira a préféré célébrer «la grandeur, la hauteur, la noblesse» de la mission qui incombe aux notaires lors de leur 108e congrès en septembre dernier, à Montpellier. Une «noblesse» qui viendrait notamment de l'obligation qui leur est faite d'instrumenter, c'est-à-dire de prêter assistance au citoyen qui la réclame, et ce, y compris, a cru bon d'ajouter la ministre, «lorsque les actes paraissent faiblement rémunérés». Pourquoi nos dirigeants, toutes étiquettes confondues, manifestent-ils autant de mansuétude à l'égard d'une profession aussi peu menacée par la crise et les fins de mois difficiles ? Vincent Le Coq, notre empêcheur d'hypothéquer en rond, a sa petite idée sur la question. «Les notaires ont toujours rendu d'éminents services aux politiques, explique-t-il à Marianne. Ainsi, ils ne leur posent jamais de questions quand il s'agit d'avaliser de juteuses, et parfois contestables, opérations immobilières pour le compte de la commune, du département ou de la région. Quand ce n'est pas pour un proche ou pour eux-mêmes...»


CE QUE PROPOSE MARIANNE

Déréglementer les tarifs des notaires et ouvrir la profession à la concurrence, comme le demande avec insistance la Commission européenne.

  • Article publié dans le magazine Marianne (823), du 26 janvier au 1er février
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