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23 novembre 2011 3 23 /11 /novembre /2011 14:27

LEMONDE | 23.11.11 | 11h59

 
 

Depuis le 9 octobre, dans sa "petite maison modeste" de Lormont, à l'est de Bordeaux, Maritchou Villenave héberge une jeune fille de 16 ans qu'elle ne connaissait ni d'Eve ni d'Adam quelques jours plus tôt. Depuis la rentrée, Océane Quisari, originaire d'un petit village à côté de Dax, est stagiaire en graphisme au lycée d'enseignement professionnel des Iris à Lormont. Elle cherchait un toit à proximité.

"C'est la première fois que je quitte ma famille, je ne pouvais pas faire l'aller-retour chaque jour ; je ne voulais pas non plus que l'hébergement me coûte trop cher", explique la jeune fille. Afin de la recevoir dans de bonnes conditions, la propriétaire de 53 ans a fait quelques travaux dans la chambre libre de sa fille, "mis un lit correct". Elle la dépose même chaque matin, en scooter, devant son lycée situé sur le chemin de son travail. "J'essaie de lui simplifier la vie au quotidien, sourit Mme Villenave. Et au fil du temps, une amitié s'est liée."

Ce binôme fait partie d'un dispositif innovant du conseil régional d'Aquitaine, baptisé "1, 2, Toit". L'idée est simple en apparence : proposer des chambres meublées à des jeunes en formation - apprentis, étudiants, stagiaires de la formation professionnelle, lycéens professionnels, primosalariés... - loin de leur lieu d'hébergement habituel. Dans une étude de diagnostic de 2010, la région Aquitaine avait fait le constat d'un manque de logements adaptés pour ce type de profil : "Il n'existait pas officiellement de logements du parc privé que l'on pouvait louer sur une courte durée de quelques mois et fractionner dans le mois, à proximité des lieux des entreprises ou/et des centres de formation, détaille Emilie Coutanceau, conseillère régionale déléguée à la jeunesse. Il n'y a pas non plus de système d'aide publique possible pour deux hébergements différents en même temps."

Jusqu'à présent, les jeunes s'arrangeaient - et le font toujours pour la grande majorité - avec l'existant : foyers de jeunes travailleurs ou de centres de formation, internats de lycée, chambres d'hôtel, hébergement chez des copains. Pour les plus impécunieux, comme souvent chez les apprentis, "c'est le système D", reconnaît Marc Saint-Germain, conseiller principal d'éducation au centre de formation pour apprentis (CFA) de la chambre des métiers de Gironde, le plus grand du département (1 400 élèves). "Ils préfèrent se lever à 5 heures du matin ou aller chez les copains, et ils changent souvent. Certains dorment même dans leur voiture. Ils arrivent en retard, fatigués et finissent par décrocher", souffle le CPE. Du côté des propriétaires, certains louaient leurs chambres "au black".

Le dispositif aquitain permet donc au jeune en mobilité d'être logé dans de bonnes conditions matérielles et juridiques : charte d'accueil, contrat sur mesure, sélection et mise en relation des personnes. Le Sires Aquitaine, une agence immobilière à vocation sociale, mandatée par la collectivité territoriale pour la mise en place et la gestion du dispositif, rencontre le propriétaire, visite la chambre, s'entretient avec le futur locataire et organise une première rencontre sur site. Ensuite, "c'est un peu la loterie", souligne Sandra Hircha, chef du projet au Sires : ça marche ou... pas. "C'est bien sûr une question de préparation mais aussi de feeling", admet la jeune femme. C'est le cas de Maritchou et Océane : "Au départ, comme je suis assez indépendante, ça m'a fait peur mais je suis tombée sur une très bonne personne et si c'était à refaire, je le referais", confie la jeune fille, soutenue par sa propriétaire dans sa recherche de contrat d'apprentissage. Jusqu'à présent, sur les 74 binômes créés depuis la rentrée 2011 - 150 devraient l'être d'ici la fin de l'année -, aucun désistement n'a été noté.

Pour les propriétaires, au-delà de l'échange avec les jeunes, le principal intérêt est financier, même si la somme reste modique : la recette locative s'élève à 300 euros au maximum pour un mois et par personne (hors restauration), soit entre 10 et 15 euros par jour. Océane, présente en moyenne 15 jours à Lormont, nourrie matin et soir, paie 100 euros par semaine et bénéficie, comme tous les hébergés du dispositif, d'aides de la région équivalentes à la moitié du loyer.

Après la phase expérimentale, menée en 2010, "1, 2, Toit" a été étendu aux cinq départements d'Aquitaine, mais des réticences demeurent - surtout chez les jeunes. "Maintenant, il faut juste que les mentalités évoluent, estime Marc Saint-Germain, dont cinq élèves de son CFA ont déjà utilisé ce dispositif. Et que les jeunes n'aient pas peur de l'inconnu."

Claudia Courtois


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23 novembre 2011 3 23 /11 /novembre /2011 14:23

Reportage | LEMONDE | 22.11.11 | 13h30   •  Mis à jour le 22.11.11 | 20h43

 
 

 

Après la catastrophe de Fukushima, des agents se rendent sur les lieux pour constater et évaluer les dégâts le 17 juin 2011.

Après la catastrophe de Fukushima, des agents se rendent sur les lieux pour constater et évaluer les dégâts le 17 juin 2011.AFP/-


Tokyo Correspondants - Elles sont en première ligne. Actives au sein d'associations et d'ONG oeuvrant pour la prise en charge des personnes âgées, pour l'éducation, pour la défense de l'environnement ou pour la sécurité alimentaire, les Japonaises animent une solidarité locale exprimée lors de la plus grande manifestation antinucléaire, le 19 septembre à Tokyo.

La majorité des participants était des femmes. Un millier d'entre elles, venues de Fukushima, manifestaient à nouveau le 29 octobre dans les rues de Tokyo pour demander des mesures de protection de leurs enfants, protester contre la collusion de l'administration et des intérêts privés pour minimiser un danger mal évalué, et rappeler les valeurs que l'Etat est censé défendre, à commencer par la protection de la population.

La diffusion de cartes des dépôts de matières radioactives, d'inquiétantes mesures de radiation réalisées plus ou moins officiellement, des informations comme la leucémie aiguë contractée par Norikazu Otsuka, présentateur de la télé qui consommait en direct des produits de la préfecture de Fukushima, alimentent la méfiance des mères japonaises qui n'ont souvent qu'un seul désir : déménager.

"Je n'ai aucune confiance dans ce que dit le gouvernement, confie Kozue Nogami, dont la petite fille est à l'école primaire à Tokyo. Ni dans les médias qui ne font que reprendre le discours officiel." Ce qui les retient : l'emploi du mari, le prêt pour la maison familiale.

Contraintes de se débrouiller, ces mères créent des blogs pour échanger les informations ou font leurs courses sur Internet, où elles trouvent des produits venant de l'ouest du Japon, présumés plus sûrs. Mme Nogami, dont le budget alimentaire a augmenté de 15 000 yens (145 euros) par mois, oblige sa fille à apporter une gourde d'eau à l'école. Elle aimerait que cette dernière puisse aussi apporter son bento (plateau-repas) pour ne pas avoir à manger à la cantine, mais le proviseur n'y est pas favorable.

Ces gestes simples se heurtent souvent au mur des conventions sociales japonaises, très normatives. Le ministère de l'éducation véhicule l'idée que rien ne prouve l'impact direct des radiations sur la santé. "Tout va bien, ne vous inquiétez pas" est le discours martelé par les autorités et les médias, que les mères ne veulent pas entendre.

Leur mobilisation leur a permis d'obtenir des concessions, comme l'indication de l'origine des aliments - dont la plupart viennent de l'Est et du Nord - et des mesures de radiation dans les écoles.

Chez celles, majoritaires, qui suivent le discours officiel, il suffit de peu pour faire surgir la crainte. "Nous n'avons aucune info, dit une résidente de l'arrondissement de Nakano, proche de celui de Setagaya où de hauts niveaux de radiation ont été relevés. Mes fils mangent à l'école mais je suis inquiète."

Les initiatives des mères tokyoïtes prennent une autre dimension chez celles de la préfecture de Fukushima. Là, plusieurs font état de symptômes inquiétants chez les enfants : saignements de nez, diarrhées, inflammation de la thyroïde. Ecologiste pratiquant l'agriculture biologique à Kawamata, à 35 km de la centrale accidentée, Sachiko Sato, mère de quatre enfants et activiste du Réseau pour sauver les enfants des radiations, souligne le "fossé entre ceux qui ont quitté la région et ceux qui sont restés". Ce qui est son cas : elle a envoyé ses enfants dans une autre ville, mais n'a pas quitté sa maison. "La région de Fukushima est un champ de bataille entre ceux qui ont la folie de penser qu'ils peuvent dominer la nature et ceux qui la chérissent", dit-elle.

Mme Sato juge insuffisantes les mesures de surveillance périodique des enfants par une échographie de la thyroïde. Comme beaucoup de Japonais, elle accuse l'Etat d'utiliser les 2 millions d'habitants du département de Fukushima comme cobayes pour collecter des données, tout en affirmant qu'il n'y a pas de danger. Les dosimètres donnés aux enfants ne sont pas nominatifs. Les données rassemblées servent à établir des taux moyens pour la région.

Les victimes de la catastrophe nucléaire se sentent dans la position de celles des victimes des bombardements d'Hiroshima et de Nagasaki en 1945, avance Mme Mari Takenouchi, membre de l'Association des atomisés, qui rassemble des victimes du nucléaire depuis Hiroshima jusqu'à Fukushima.

Jusqu'au traité de San Francisco de 1952 qui rendit sa souveraineté au Japon et "conformément aux ordres du général MacArthur, commandant des forces d'occupation", le sort des atomisés "est resté un secret militaire" et "il était interdit aux médecins japonais de les examiner", rappelle le docteur Shuntaro Hida, 94 ans, qui était médecin à l'hôpital militaire d'Hiroshima et a miraculeusement survécu. "A la suite de l'accident de Fukushima, ajoute-t-il, des centaines de parents sont venus me consulter, alarmés par les saignements de nez ou les gonflements de la thyroïde de leurs enfants. Je ne savais quoi leur dire."

Au-delà du politique, les demandes des Japonaises portent le débat sur le terrain émotionnel plus fondamental du droit à la vie, analyse l'anthropologue David Slater de l'université Sophia à Tokyo. C'est sur ce terrain que se plaçait déjà Michiko Ishimure, institutrice à Minamata, victime dans les années 1950-1960 d'une intoxication au mercure déversé dans la mer, qui fit des milliers de morts et d'enfants handicapés. Par ses livres mêlant romanesque, poésie et journal intime, elle contribua à une lente prise de conscience de cette dramatique pollution industrielle. "A Minamata se sont heurtés deux mondes : celui de pêcheurs qui vivaient en symbiose avec la nature et un autre pour lequel la nature n'était qu'un objet à asservir", disait-elle.

Un demi-siècle plus tard, avec l'image du "champ de bataille" qu'est devenue la belle région de Fukushima (probablement rayée de la carte pour des décennies), Sachiko Sato fait le même triste constat. Aucune leçon n'a été tirée d'un drame révélateur des risques que la course à la rentabilité faisait courir à une population.

Philippe Pons et Philippe Mesmer

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23 novembre 2011 3 23 /11 /novembre /2011 14:19

| Par Jade Lindgaard

 

Comme presque chaque année depuis dix ans, un convoi de déchets nucléaires vitrifiés doit quitter Valognes, dans la Manche, mercredi 23  ou jeudi 24 novembre à destination de l'Allemagne. Mais en pleine controverse nationale sur l'avenir de la filière, le départ de ce train « Castor » (acronyme anglais de « Cask for storage of transport of radioactive material »), avancé d'un jour, suscite une mobilisation particulière des anti-nucléaires. Un camp d'activistes « Stop Castor » s'est implanté près de Valognes, gare proche de La Hague, d'où sont partis les colis, pour tenter de bloquer le transport. Pour le collectif du camp Stop Castor : « Partout dans le monde, le tissu de raisonnements spécieux, de promesses mirifiques et de mensonges éhontés avec lequel se soutenait le lobby nucléaire se déchire. » Ils appellent à « bloquer l'industrie du nucléaire» (lire ici leur tribune « le train de déchets radioactifs ne partira pas comme ça »).

Au total, ce sont 11 colis de type « Castor HAW 28 M », d'environ 7 mètres de long, contenant chacun 28 canisters (à part le dernier qui n'en compte que 21) qui doivent rejoindre Gorleben, village du nord de l'Allemagne où sont stockés des rebuts radioactifs. Chaque contenant de ce type permet de conditionner 56 kg de produits de fission dans une matrice de verre, explique l'autorité de sûreté du nucléaire (ASN). Sa masse totale atteint 490 kg. Ce sont des déchets de haute activité à vie longue. C'est le dernier train de ce type qui doit voyager entre la Normandie et l'Allemagne. Il a été autorisé à circuler par le gendarme du nucléaire.

 

 

Exemples de canisters de déchets radioactifs (©ASN)  
Exemples de canisters de déchets radioactifs (©ASN)

Vendredi dernier, des mesures de radioactivité ont été effectuées autour du chargement sous la houlette de l'ASN. Tous les résultats enregistrés sont bien inférieurs au seuil légal : les débits de doses évalués au contact et au centre des capots de protection des colis de déchets sont de l'ordre au total de 130 microsieverts par heure (micro Sv/h) – un millisievert équivaut à 1000 microsieverts – annonce l'Association pour le contrôle de la radioactivité de l'Ouest (Acro), un laboratoire indépendant saisi pour la première fois par l'ASN pour conduire une expertise pluraliste et contradictoire à côté de celle des experts institutionnels de l'IRSN. Des représentants de comités locaux d'information (Cli) et de Greenpeace étaient également présents.

A deux mètres, l'Acro mesure encore au total 37 micro Sv/h. Selon ses analyses, « ces valeurs respectent la réglementation relative aux transports des matières radioactivesnotamment la limite de 100 micro Sv/h à 2 mmais elles sont loin d'être anodines pour autant, s'agissant de convois qui circulent et stationnent dans des lieux où des personnes du public peuvent être présentes ». Ainsi, à deux mètres d'un wagon, les niveaux d'exposition atteignent respectivement 150 fois le bruit de fond gamma ambiant et 2500 fois le bruit de fond neutrons ambiant. Le rayonnement pourrait être détectable jusqu'à 60 mètres.

 

Inspection du train Castor par l'ASN (©ASN)  
Inspection du train Castor par l'ASN (©ASN)

Selon la réglementation en vigueur, le débit d'équivalent de dose au contact du colis et du véhicule ne doit pas dépasser 2 millisieverts par heure (mSv/h). A deux mètres du véhicule, le débit doit rester inférieur à 0,1 mSv/h.

Les valeurs mesurées restent « très en dessous des normes », analyse Alain Corréa du collectif Stop-EPR, ni ici, ni ailleurs, lui aussi convié, « mais à 30 mètres du convoi, ça débarbouille ». L'activité neutronique préoccupe aussi Guillaume Blavette du Réseau sortir du nucléaire, pour qui cela indique « qu'il reste une activité nucléaire, infinitésimale, alors même que les déchets sont vitrifiés ».

L'Acro conclut d'ailleurs que le public devrait être informé lors des passages de ce type de convois radioactifs. Et que le personnel SNCF susceptible d'être exposé devrait être formé et faire l'objet d'un suivi dosimétrique individuel. L'année dernière, le transport d'un convoi équivalent avait suscité la mobilisation de plusieurs milliers de personnes en Allemagne, qui avaient notamment organisé des sit-ins autour des voies afin de retarder l'avancée du train.

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23 novembre 2011 3 23 /11 /novembre /2011 14:16

| Par Mathieu Magnaudeix

 

Au moment de plaider, le procureur est un peu embêté. De toute évidence, il semble considérer que cette affaire n'aurait jamais dû atterrir devant la dixième chambre correctionnel du Tribunal de grande instance de Paris.

C'est pourtant bien ce qui est arrivé. Ce mardi 22 novembre, Laurent G., demandeur d'emploi parisien de 50 ans, était convoqué devant la justice. Le prévenu, militant de la Coordination des intermittents et précaires (CIP) d'Ile-de-France, comparaissait pour «outrage à Pôle emploi». En octobre 2009, lors d'une action de ce collectif de chômeurs, Laurent G. aurait traité les agents de l'agence Pôle emploi de Vicq d'Azir (Xe arrondissement de Paris) d'«incompétents, de fainéants» et de «bons à rien». La directrice de l'agence avait porté plainte contre le militant. Plainte alors jugée recevable par le Parquet, qui a donc envoyé Laurent G. en correctionnelle pour «outrage à Pôle emploi, représenté par sa directrice». En droit pénal, l'outrage envers un agent public peut être puni de 7500 euros d'amende et de six mois de prison ferme.

On connaissait l'outrage à agent de police, l'outrage à magistrat, l'outrage au président de la République. Mais selon les associations de défense de chômeurs, «l'outrage à Pôle emploi» est une grande première. Mardi matin, deux ans après les faits, les amis, une vingtaine de militants et sympathisants de la CIP, étaient donc venus soutenir Laurent G. Mais bien vite, l'audience a viré en procès du service public de l'emploi, dont plusieurs témoins se sont appliqués à démontrer la cruelle incapacité de répondre à sa mission d'accompagnement des chômeurs.

Après une affaire de conduite en état d'ivresse sur les Champs-Elysées vite expédiée, Laurent G. est appelé à la barre. Dans sa déposition devant les policiers, la directrice de Pôle emploi affirme qu'il «vient régulièrement avec un groupe d'intermittents pour se plaindre» du travail de Pôle emploi, et qu'il a créé le 19 octobre 2009 un «sentiment d'insécurité» en traitant les agents de noms d'oiseaux. D'une voix calme, Laurent G. se dit «surpris de comparaître aujourd'hui». La CIP, dit-il, s'invite régulièrement dans les agences de Pôle emploi pour faire réviser des dossiers en carafe, accompagner des chômeurs radiés de façon abusive, faire débloquer des allocations non versées. «Oui, j'ai régulièrement critiqué le travail de Pôle emploi, reconnaît Laurent. Mais je n'ai pas outragé Pôle emploi, ni sa directrice.» Un peu plus tard, Laurent G. admettra bien avoir prononcé les mots qu'on lui reproche, mais sans viser un agent en particulier.

«Violence institutionnelle»

 

 
© DR

Premier témoin cité par la défense, Philippe Sabater, le secrétaire général adjoint du SNU, le principal syndicat de Pôle emploi, décrit une «situation intenable», alors que plus de 4,3 millions de Français sont inscrits au chômage. «Ce qui produit la violence des deux côtés du guichet, c'est la violence institutionnelle créée par la fusion» de l'ANPE et des Assedic, une «funeste erreur» selon lui. Il dénonce les suppressions de poste (2000 équivalents temps plein entre 2010 et 2011), la dégradation des conditions de travail, ou encore la décision récente de communiquer uniquement par Internet avec les demandeurs d'emploi.

«Du coup, les radiations administratives ont augmenté», soutient Philippe Sabater. Chaque mois, 60% des 480.000 sorties de Pôle emploi s'expliquent par des «cessations d'inscription pour défaut d'actualisation», des radiations administratives ou des sorties non expliquées. Le climat est de plus en plus tendu. Il y a quelques semaines, un demandeur d'emploi a pris quelques heures en otages deux responsables d'une agence parisienne. Mais selon la CIP, d'autres actes désespérés et pas médiatisés ont été recensés récemment – un demandeur d'emploi aurait ainsi tenté de se taillader les veines dans une agence de Seine-Saint-Denis pour obtenir une ouverture de droits, et un jeune intermittent menacé de se trancher la gorge dans l'agence Vicq d'Azir (une «action coup de poing» qu'il a même filmée).

Christine, responsable de l'accueil à la permanence de la CIP, se présente à la barre. La militante parle des refus de droits jamais motivés, des demandeurs d'emploi livrés à eux-mêmes quant à leurs droits, des queues qui se forment dans les agences pour parler au serveur vocal, le 3949 – car l'accueil des chômeurs est désormais minuté, et les entretiens en face-à-face sont devenus rarissimes, comme nous l'avons raconté dans une précédente enquête. Le juge l'interrompt d'un sourire las et lui lance une phrase qui montre qu'il n'apprend rien : «On suit la situation en lisant la presse...»

Après un troisième témoignage – une autre militante de la CIP –, Laurent G. revient à la barre. «Je ne sache pas que le droit d'exercer un droit à l'accompagnement des demandeurs d'emploi et de critiquer l'accueil qui leur est fait constitue un outrage!» Le jeune procureur se lève. Il ne masque pas sa gêne. «La poursuite du ministère public – qu'il représente pourtant en tant que magistrat du parquet – me semble d'un fondement juridique fragile», dit-il sans ambages. Et pour cause: le délit d'outrage ne s'applique en effet qu'aux personnes physiques (les agents publics), pas aux personnes morales comme Pôle emploi. En quelques mots, le représentant du Parquet vient de remettre en cause toute la procédure. Fait rare, il ne recommande aucune peine, et s'en prend même à Pôle emploi, dont aucun représentant n'a daigné pointer son nez au tribunal.

«Ce n'est pas si fréquent que le Parquet relève que des poursuites ne sont pas bien fondées légalement», se réjouit à la sortie du tribunal Elise Vallois, l'avocate de Laurent G. Pendant sa plaidoirie, l'avocate avait plaidé le «droit de critiquer l'action politique et administrative sans encourir de poursuite pénale». Visiblement, la justice est du même avis qu'elle. A moins d'une grosse surprise, la relaxe semble la plus probable. Jugement le 13 décembre.

 

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23 novembre 2011 3 23 /11 /novembre /2011 14:10
| Par Pierre Puchot

Le Caire, de notre envoyé spécial

Place Tahrir, dans la nuit de mardi à mercredi.  
Place Tahrir, dans la nuit de mardi à mercredi.© (P.Puchot)

Ils sont toujours là, par dizaines de milliers, et cette nuit la place Tahrir a des airs de cour des miracles. On y trouve tous les milieux, tous les âges : des familles au complet, des personnes âgées, des handicapés, des vendeurs de maïs, de mouchoirs, de thé... Mardi soir, plusieurs heures après le discours du maréchal Tantaoui, qui a tenté de mettre fin à quatre jours d'émeutes qui ont fait plus de trente morts, il y a encore beaucoup de monde, davantage qu'en juillet, date des dernières manifestations de masse.

Le chef militaire, représentant du Conseil suprême des forces armées (CSFA), qui dirige de fait le pays depuis la chute de Moubarak, a annoncé quelques concessions aux manifestants et, en particulier, l'organisation d'une élection présidentielle «avant la fin juin 2012». Il a aussi précisé que l'armée était prête à organiser un référendum sur le transfert du pouvoir aux civils. «L'armée ne veut pas le pouvoir», a-t-il assuré.

Celui qui a été durant vingt ans l'un des principaux ministres de l'ancien président Hosni Moubarak a également confirmé la tenue des élections législatives à partir du 28 novembre. Ces élections doivent s'échelonner sur plusieurs semaines tant leur organisation se révèle complexe. Ces annonces du maréchal Tantaoui ont été faites juste après l'annonce de la démission du gouvernement nommé en mars et conduit par Essam Charaf. Dans la journée, des consultations ont eu lieu entre le commandement militaire et les différentes forces politiques, dont les Frères musulmans. Mohamed El-Baradei, prix Nobel de la paix en 2005 et opposant à Moubarak, ferait figure de favori pour remplacer M. Charaf au poste de premier ministre.

Mais le discours du maréchal Tantaoui n'a aucunement désamorcé la colère des manifestants de la place Tahrir. Plusieurs milliers d'Egyptiens se sont entassés ici, certains depuis plusieurs jours, à même le sol, parfois munis de couvertures. Du haut de son promontoire, Nassim lance une barre chocolatée en guise de bienvenue dans ce qu'il considère être désormais la «nouvelle révolution égyptienne».

Emmitouflé dans une lourde couverture orange et noir, le jeune homme désigne sa jambe enserrée dans un bandage : «J'ai reçu ça en cadeau cette semaine : je courais, ma jambe a été à moitié écrasée par une moto pendant que la police attaquait. Je suis là avec mon frère, on ne bougera d'ici.» 

A quelques pas d'eux, Hassan, 82 ans, se tient droit, immobile, assis sur sa chaise. Il n'était pas là pour les premières manifestations, mais craint désormais pour ses enfants, pour sa famille, redoute que les espoirs qui les portent depuis des mois ne s'évanouissent tout à fait.  Passé minuit, les couples et les familles se font rares, ce sont davantage les jeunes qui continuent de déambuler, et de commenter le discours du jour.

Lotfi travaille habituellement dans un hôtel à Charm El-Cheikh. La saison touristique n'a pas été bonne, et depuis la fin septembre, il est au Caire, où réside sa famille : «On a perdu sur tous les plans : économique, politique, et au niveau de la justice. Personne ne gouverne, et le conseil de l'armée fait ce qu'il veut. On a vu, depuis quatre jours, ce dont ils sont capables. Ils nous tirent dessus, ils nous asphyxient, ils nous tuent. Il n'y a rien de plus à dire, les choses sont simples : il faut nous débarrasser de ces gens-là.»

Place Tahrir, dans la nuit de mardi à mercredi.
Place Tahrir, dans la nuit de mardi à mercredi.© (P.Puchot)


«Mourir à petit feu»

 

Place Tahrir, dans la nuit de mardi à mercredi.  
Place Tahrir, dans la nuit de mardi à mercredi.© (P.Puchot)

Il y a ceux, aussi, qui restent pour porter secours aux blessés. Hicham, 41 ans, pharmacien, distribue des bandages et du sérum physiologique: « Tantaoui se moque de nous, il nous prend pour ses chiens, éructe-t-il. Qu'a-t-il dit aujourd'hui ? Que le pouvoir demeurerait encore pour plusieurs mois entre ses mains. Nous n'en voulons plus, et nous n'avons que faire de l'annonce d'un nouveau président : nous avons simplement droit à un gouvernement qui nous représente, qui fasse appliquer la justice, et les objectifs de cette révolution que les militaires font mourir à petit feu.»

Dans l'avenue Mohamed-Mahmoud, où se tient la police anti-émeute, une détonation, puis un mouvement de foule, et une nouvelle vague de gaz... Dans les rues adjacentes, les manifestants entrent et sortent du brouillard, se tenant les yeux et la bouche, couverte d'un petit masque blanc ou d'un masque à gaz. Sur la place, les manifestants refluent, puis reprennent leur position.

Ici, vingt jeunes défilent en hurlant à tue-tête, réclament justice pour leur frère, l'un des martyrs tués quelques jours plus tôt, dont ils exhibent le portrait. Là, un petit groupe discutent autour d'un cheikh. A côté d'eux, trois jeunes « islamistes » (largement minoritaires sur la place) veillent à ce que rien ne vienne perturber l'échange. Au milieu de la place, sur le terre-plein, dans des tentes faites de bâches en plastique et de draps blancs, des bénévoles soignent et donnent à manger à ceux que les jours passés au milieu des effluves de gaz lacrymogène ont complètement épuisé.

Parfois, une ambulance traverse la place, emportant un blessé. «Vous voyez, explique Nassima, 25 ans, les analystes de ce pays expliquent que l'armée est le dernier recours, car il n'y a plus rien qui tient debout dans ce pays. Ils craignent le chaos. Mais regardez : nous y sommes, dans ce chaos, et il faut maintenant reconstruire sur les bases de cette révolution. C'est ce que le conseil de l'armée devait faire, nous permettre d'avoir une nouvelle constitution. On a voté pour cela. Mais depuis, rien : on attend toujours qu'il nous rende justice.»

Place Tahrir, dans la nuit de mardi à mercredi.  
Place Tahrir, dans la nuit de mardi à mercredi.© (P.Puchot)
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22 novembre 2011 2 22 /11 /novembre /2011 18:03

caen.maville.com

Mardi 22 novembre 2011

 

Les Indignés du nucléaire ont commencé à se réunir à Yvetot-Bocage, dans un champ prêté par un agriculteur membre de la Confédération paysanne.
Les Indignés du nucléaire ont commencé à se réunir à Yvetot-Bocage, dans un champ prêté par un agriculteur membre de la Confédération paysanne.
Une nouvelle génération d'opposants au nucléaire se prépare à gêner le départ d'un train de déchets allemands, mercredi, à Valognes.
Une génération d'Indignés du nucléaire est apparue hier à Valognes. Regroupés sous le nom de Collectif Valognes Stop Castor (Castor est le nom des emballages des déchets nucléaires), ils veulent exprimer leur « indignation » et leur « colère » vis-à-vis du nucléaire sur un mode autre que celui des opposants traditionnels. « Il faut renouveler les pratiques, arrêter de croire qu'on peut sortir du nucléaire par les élections. Il faut porter atteinte à cette industrie en l'attaquant au portefeuille, en rendant visible l'aberration du marché des déchets nucléaires », indiquaient hier leurs porte-parole spontanés.

 

Ces Indignés ont décidé de s'attaquer aux deux « maillons faibles du nucléaire, les lignes haute tension et les transports ». Un convoi de déchets vitrifiés allemands devait quitter la gare de Valognes jeudi. Des cars d'opposants devaient arriver mercredi et jeudi. Areva et la SNCF l'ont avancé d'une journée. C'est donc mercredi que ces Indignés tenteront de « perturber le départ du convoi, même si on sait qu'on ne l'empêchera pas. Il faut rendre ces transports ingérables. »

Yannick Rousselet, porte-parole local de Greenpeace, regarde d'un bon oeil cette mobilisation. « D'un point de vue politique, c'est déjà une réussite. » Greenpace, qui sait ce que bloquer un convoi veut dire, n'appelle pas ses militants à participer à l'action mercredi, mais ne leur interdit pas. Avec Europe Écologie-Les Verts, le Crilan, le NPA, Greenpeace invite les citoyens à manifester pacifiquement devant la gare de Valognes ce mardi soir, sans tenter de bloquer les voies.

Il y a donc deux rassemblements à Valognes : ce mardi, à 18 h, rassemblement antinucléaire pacifique devant la gare et mercredi, à 10 h, rassemblement avec tentative de blocage des voies. Une autre manifestation est prévue mercredi midi à Caen.

Les deux collèges de Valognes, l'un public et l'autre privé, et le lycée seraient fermés. La mairie a aussi pris des arrêtés, « à la demande » du préfet de la Manche, interdisant stationnement et circulation des véhicules dans une vingtaine de rues.

 

Gilles COLLAS.  Ouest-France  

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22 novembre 2011 2 22 /11 /novembre /2011 16:57
Première publication 22 novembre 2011 à 06h20 - 

Par Steve Taylor | Agence QMI


Crédit photo : Agence QMI

Malgré l'avis d'éviction, une centaine d'indignés occupaient toujours à minuit le parc de la

Confédération à Ottawa, dans la nuit de lundi à mardi.

Lundi après-midi, la Commission de la capitale nationale avait lancé un ultimatum aux manifestants qui se sont installés dans ce parc depuis la mi-octobre.

En vertu de cet avis envoyé lundi après-midi, les manifestants avaient jusqu'à minuit (lundi soir) pour quitter le parc. Les structures et les équipements de camping devaient être déplacés.

Toutefois, la plupart des petites tentes étaient toujours en place sur le coup de minuit, bien qu'une grande partie du campement ait été démantelé.

La fontaine qui se trouve au milieu du parc a été transformée en petite forteresse à l'aide de planches de bois.

De nombreux indignés ont également couvert leur visage de foulards et de vêtements, au cas où les policiers arriveraient et tenteraient de les chasser avec des gaz lacrymogènes.

Selon le porte-parole des manifestants, Paul Boudreau, plus de 90 % du groupe a voté pour une résistance face à l'avis d'expulsion.

«Nous avons décidé de politiquement résister à l'éviction, a-t-il dit. L'avis d'expulsion de la Commission de la capitale nationale n'est pas correct et on ne s'y pliera pas.»

M. Boudreau s'attendait par contre à ce que des arrestations aient lieu au cours de la nuit.

Lundi à Vancouver, les indignés ont été délogés du site qu'ils occupaient depuis des semaines. À Toronto, un juge ontarien a décidé que les manifestants qui occupent le parc St. James doivent quitter les lieu

Les indignés d'Ottawa ne cèdent pas
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22 novembre 2011 2 22 /11 /novembre /2011 16:51

Agoravox -par Patrick Samba mardi 22 novembre 2011

 

 

Jour après jour depuis le vendredi 4 novembre, des Indigné(e)s occupent nuit et jour l’esplanade de La Défense. Au pied de l’imposante Grande Arche dont le gouvernement leur interdit l’accès, et surtout quand il pleut… Aujourd’hui cela fait donc un peu plus de deux semaines qu’ils l’occupent. Une occupation non-violente. Nuit et jour, malgré le froid, la pluie (seulement fifine jusqu’à présent), et le harcèlement de la Police. Une Police au départ extrêmement agressive. Mais sa violence n’est pas parvenue à entamer leur détermination. Malgré aussi l’impossibilité de s'abriter dans une tente ou sous une bâche ou même sous un carton, puisqu’elle tente souvent violemment de les déposséder du moindre carton pouvant leur servir de pancarte. De la violence pour un carton !... Ils dorment à même le sol ; quand ils dorment.

Et de plus en plus de gens ont connaissance de cette situation. Et pas seulement les riverains et employés des multinationales de la Finance et de l’Industrie. Car aujourd’hui un verrou a sauté : les média français commencent à parler de leurs compatriotes indignés. Pas toujours en des termes qui leur conviennent, mais l’essentiel est là, ils en parlent. Et phénomène encore plus essentiel, leur parole se délie.

Les analyses, ou plutôt les absences d’analyse des média.

Manquant encore d’imagination, de saine curiosité professionnelle, certains d'entre eux en sont encore à poser la question récurrente : « Pourquoi le mouvement des Indignés ne prend-il pas en France ? ». Pratiquement pas un journal, pas une radio, pas une télé qui n’ait posé la question. A laquelle en général ils ne tentent même pas de répondre. Et quand ils le font, la réponse est toujours la même.

La situation en France, selon eux, ne serait pas la même qu’ailleurs. Heureusement que nos experts en lapalissades sont là pour nous le faire savoir !... Mais alors que l’on pourrait s’attendre à ce qu’au moins ils nous précisent les différences chez nous des effets de la crise, leur traduction de la situation va dans un tout autre sens. Se gargarisant d’une autosatisfaction bien française, une des sources de l’arrogance nationale moquée de par le monde, ils avancent que la protection sociale y serait plus étoffée qu’ailleurs, offrant un airbag permettant d’amortir efficacement les divers chocs de la crise. Outre évidemment qu’il est un moyen de rassurer le lecteur, l’auditeur ou le téléspectateur, et donc de l’encourager à se satisfaire de son sort, l’argument tombe à l’eau. Pour la bonne raison que les effets de la crise, même s’ils peuvent être anticipés, chez nous dans l’immédiat ne sont pas encore perceptibles de manière massivement rigoureuse. Sauf si l’on possédait des actions. Mais peut-on alors parlé de rigueur, ou au contraire tout au plus d’amincissement, même s’il y a effectivement épreuve psychologique ? Et c’est bien cela qui fait la différence. A l’inverse de l’Espagne et des USA où les fameuses sub-primes, dépossédant nombre de propriétaires de leur logement, ont jeté un nombre important de familles à la rue. Ceci expliquant cela, à savoir une rage chez eux déferlant sur le pavé.

Accompagnant cette question, dont personne n’aura ignoré la dimension perfide, accourt systématiquement ce constat selon lequel les Indigné(e)s à La Défense seraient bien peu nombreux. On pourrait en effet avec eux en être confondu. Mais pas dans le sens où les média satisfaits de leur pertinente observation pourraient s’y attendre. Car encore une fois elle ne démontre que leur myopie. S’ils venaient sur place constater la réalité, ils s’apercevraient en effet qu’en dehors d’un noyau plus ou moins constant, un roulement très important y a lieu. Et 100 dormeurs par jour pendant 15 jours ne font pas 100 personnes mais plus d’un millier, près à se retrouver là au moindre trafalgar. Et il ne s’agit là que du nombre de dormeurs. Le Ministère de l’Intérieur, lui, est parfaitement au courant, qui filme en permanence …

Si on a la chance de pouvoir interroger un professionnel de l’information ailleurs que sur le parvis de La Défense, sur la raison de sa difficulté à quitter la chaleur cotonneuse de son bureau non encore fortement irradié, il arrive qu’on vous réponde : « Vous voyez le monde à travers le prisme des indignés. Mais le monde ne tourne pas autour de vos préoccupations. Le journalisme est avant tout une affaire de relativisme : on hiérarchise les infos, on établit des priorités, on essaie de rendre compte de la marche du monde, non pas à travers l'un de ses aspects, mais à travers plusieurs d'entre eux. On fait des choix. Alors certes, ceux-ci peuvent être discutés. On peut aussi considérer que ce qui vous parait à vous essentiel est certes intéressant, mais peut-être pas au premier plan dans la période actuelle ». Certes, mais qui a parlé de premier plan ? Ce dont, indigné, on parlait alors, c’était tout simplement d’une… totale absence de plan.

Et les Indigné(e)s, eux, ils en pensent quoi ?

Pour les Indigné(e)s les choses sont très simples. Pour eux qui vivent les évènements en direct, la cause de l’absence de « prise » dans la population est double.

Elle est objectivement liée au silence des média et à la répression policière. Cette dernière étant la seule jusqu’à ces jours récents à avoir été - et parcimonieusement - relatée par ces mêmes média (et quand elle ne le fut pas alors de manière tronquée) décourageant de fait un peu plus, et cette fois-ci par la peur, toute velléité de mobilisation. Tout le monde le sait, c’est une chose de ne parler que de la violence policière et une autre d’en parler au cœur d’une information plus globale, et ainsi de la relativiser.

La répression policière ne doit surtout pas être minimisée sous prétexte d’une comparaison avec celle qu’ont subi nos concitoyens du monde arabe. Si elle n’a rien de comparable, il n’en reste pas moins que les charges violentes, les coups de matraque et autres coups, les jets de gaz lacrymogène directement dans les yeux, un coup de pied dans le visage (la jeune grecque Nikki), une luxation d’épaule (Antonio), un hématome sous-dermique abdominal (Michel), entre autres (et je ne parle pas de mon propre cas), sont totalement intolérables dans des pays européens dits civilisés dans lesquels la liberté d’expression est un des piliers de la démocratie et un droit inaliénable garanti par la Constitution, qui plus est quand on en use de manière non-violente.

Il va falloir que ça s’arrête, et les journalistes dans l’affaire ont un rôle à jouer. S’ils avaient été plus nombreux à faire leur travail, bien des abus auraient été évités du seul fait de leur présence. Il va falloir que ça s’arrête parce que je ne veux pas, et aucun démocrate ne le veut, apprendre la mort de l’un d’entre nous. Et en l’occurrence de Max menacé de mort mercredi 16/11 à La Défense par un policier qui ne restera pas anonyme. Lequel lui aurait affirmé qu’« ils étaient plusieurs à vouloir lui faire la peau, mais que c’est lui qui le tuerait ». Sa faute, sa « provocation » ? Avoir chanté pendant des heures à la sortie du métro de La Défense : « Travaille, consomme, et ferme ta bouche », sa version soft du slogan préféré des Indigné(e)s français, lequel se hurle en ces termes : « Travaille, consomme, et ferme ta gueule ! » ?

Le silence des média et la répression policière, certes, mais n’y-a-t-il rien d’autre ?

Et la résignation ? Ne faut-il pas interroger cette résignation profonde très brutalement fixée en chacun d’entre nous au lendemain de l’échec cuisant de la contestation massive de la réforme des retraites ? Sinon comment peut-on comprendre le rejet par les Indigné(e)s français(es) des institutions politiques et syndicales (et non pas de leurs militants), alors qu’à l’inverse des espagnols se mesurant eux en multitude, ils ne peuvent compter que sur un faible nombre de mobilisés effectifs ?

Et cette résignation est redoutable. On ne la lève pas d’un simple claquement de doigt. Mais en revanche quand elle sera levée…Et il vaudrait mieux qu’elle ne le soit que de manière progressive. Car elle le sera, inexorablement. Le processus actuel n’est pas mondial par hasard. La tentation pour le gouvernement serait de chercher à l’étouffer « dans l’œuf » comme il l’a déjà dit. On a vu le résultat. Or la coquille des œufs est déjà brisée, et le retour en arrière est désormais impossible. Il suffit pour s’en convaincre d’observer le crédit de sympathie dont bénéficie le Mouvement. Les policiers rasent le camp de La Défense ? Dès les premières heures de la journée la solidarité a déjà fait son œuvre et les stocks renouvelés. Quel plus grand plaisir y-a-t-il après une nuit passée dans le froid et le vent, avec parfois un peu de pluie, sans la protection d’un toit de fortune, que de se réveiller en trouvant du café chaud offert par les habitants proches de La Défense, ainsi que des croissants et pains au chocolat encore chauds, déposés en général par des femmes, parfois habillées de tailleur qu’elles n’ont manifestement pas acheté à Prisunic, et cela avant de rejoindre leur bureau bien chauffé mais glacé de La Défense ?

Et il n’est question là que de la sympathie du quartier…

Et ne parlons pas de celle de certains gendarmes et policiers. On leur parle. On la connait. Regardez les vidéos et le nombre de ceux, conscients des termes de la Constitution, qui retiennent leurs collègues voulant bouffer de l’Indigné(e). Mais ils ne disent pas encore « non », et notamment aux atteintes à la liberté d'expression, et contrairement à certains je n’irai pas prôner l’estime pour l’ensemble d’entre eux sans aucune distinction.

 

Une libération de la parole et de l’indignation.

L’impact psychologique et politique de l’occupation de La défense ne requiert pas forcément un grand nombre d’Indigné(e)s très déterminés. Car elle se veut avant tout un acte de résistance symbolique. Un acte dans la réalité de relations physiques, conviviales (ce qui ne veut pas dire sans conflit), voire charnelles, les pieds sur la terre d’un espace public libre, avec échange de regards, et pas seulement une action virtuelle derrière un écran d’ordinateur. Et un symbole est parfois bien plus dur qu’une matraque et plus puissant qu’un bataillon de CRS. Un symbole c’est un fil rouge et blanc auquel sont accrochés des ballons de baudruches colorés tenus par quatre clowns remontant à reculons les marches de La Défense et faisant reculer trente policiers « revêtus d’uniforme de brutalité »… (cf le début de la vidéo)

Quand les brigands sont vêtus d'uniformes de brutalité - Paris - YouTube

Et cette sympathie commence désormais à s’afficher dans les médias.

LCI De quel droit la police... ? 16_11on Occupy France - live streaming video powered by Livestream

Il y a quelques jours quatre magazines et reportage télé ont offert une place aux indignés :
La Nouvelle Edition - CANALPLUS.FR

Les indignés - ARTE
Videos - C à vous - France5 (à 16 min 57)

Émission Face à l'actu

 Cette sympathie est née du sentiment que le courage et la détermination des Indigné(e)s de La Défense, l’affirmation de leur dignité, sont en train de laver l’affront, l’humiliation qu’ont vécu les manifestants de l’automne 2010 de la part des thuriféraires de l’oligarchie financière, des patrons d’industrie et des idéologues ultralibéraux à la pensée cupide matinée de fascisme larvé. Une parmi les multiples atteintes à notre dignité. Mais pas la moindre. Parce que, oui, aujourd’hui la coupe étant plus que pleine, et son contenu fortement irradié, elle déborde. Et nous « ON JOUE PLUS » !

Si ce mouvement ne devait parvenir qu’à libérer la parole et permettre à l’indignation collective de s’exprimer, il aura déjà atteint là un but essentiel.

Mais soyons en sûr ils ne se laisseront pas faire. Ils en ont les moyens. Ils paieront des porte-parole éloquents s’affichant indignés pour se répandre sur les plateaux télé ou radio afin de discréditer le mouvement par des propos outranciers ou scandaleux. Sans compter ceux qu’il ne sera même pas nécessaire de payer. Et cela d’autant plus facilement que les Indigné(e)s n’ont pas de porte-paroles officiels, de leaders patentés. Comme tout le monde sera susceptible de pouvoir prendre la parole, non pas au nom des Indigné(e)s, mais au nom de la dignité, des journalistes à l’éthique chancelante ou corrompue ne manqueront pas d’ouvrir leur micro aux manipulateurs. Mais les mensonges et les manipulations ne porteront plus, car si les auditeurs et les téléspectateurs ne pourront distinguer à la voix ou à l’apparence entre un vrai indigné et un manipulateur, ils feront vite la différence entre les mots du mensonge assénés depuis tant d’années et ceux de l’indignation.

 

SOUVENT QUAND L’ARGENT PARLE, LA VERITE SE TAIT.

SOUS LES PAVES, LE POTAGER !

PAS DE FUKU SHEZ MOI !

LE NUCLEAIRE TUE, ET D’ABORD LA DEMOCRATIE !

ARRET DE LA CONSTRUCTION DE L’EPR DE FLAMANVILLE !

EVA JOLY, INDIGNE-TOI !

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22 novembre 2011 2 22 /11 /novembre /2011 16:45
Ces indignés ordinaires qui compliquent la vie des autorités

Ce sera incontestablement le slogan de l'année 2011 : "Indignez-vous". Une indignation Hesselienne très contagieuse puisque même les Etats-Unis, patrie du capitalisme, voient se lever des citoyens ordinaires pour dire pacifiquement "non" à une société à la dérive. Face à eux, les autorités peinent à trouver une parade sans tomber dans certains cas dans la violence comme aux Etats-Unis ou dans des procès ridicules comme en France.

Les américains et les banques, c'est une longue histoire mais, trop c'est trop. Sitôt le risque de collapsus passé, les grandes banques sont reparties de plus belle dans la course à tous les excès notamment les golden salaires pour une poignée de dirigeants ou de cadres. Des avantages largement financés par des frais exorbitants de gestion imposés aux clients. Face à cette situation "intolérable" les cousins indignés américains ont trouvé une parade pour régler leurs comptes avec les grands établissements financiers.

Pragmatiques, ils ont donc décidé d'attaquer là où ça fait mal. Des dizaines de milliers d'individus ont tout simplement décidé de clôturer leurs comptes dans les banques commerciales et d'aller voir ailleurs, de préférence des banques mutualistes et coopératives. Le 5 novembre dernier avait ainsi lieu le "Bank Transfert Day" (Journée du transfert de banque). Pour le seul mois d'octobre, plus de 650 000 comptes ont été ouverts, dans des banques coopératives censées donner la priorité au consommateur, et non à l'actionnaire et offrir des services bancaires moins chers. Seul bémol, elles offrent généralement moins de services.

Paradoxalement, les banques commerciales ne sont pas mécontentes de perdre leurs clients moins fortunés, car depuis les nouvelles régulations fédérales comme celle plafonnant les frais liés aux découverts bancaires, ces clients sont moins rentables pour les banques. Mais peu importe, l'important est de prouver que tout un chacun détient une part du levier pour bousculer le système.

Autre exemple : le mouvement Occupy Wall Street (OWS) démarré le 15 septembre et qui suscite la polémique en raison des violences policières qui émaillent la gestion des manifestations.

Le 4 novembre dernier, en Californie, une journée de mobilisation dégénére avec le saccage des commerces du centre ville et une confrontation avec la police. Bilan : 80 arrestations et 8 blessés dont un vétéran de la guerre d’Irak qui se retrouve hospitalisé avec la rate perforée après être passé entre les mains de la police malgré son absence d'agressivité.

Le 17 novembre, ce sont 30 000 personnes qui manifestent à New York, quelques jours après avoir été délogée par la police de Zuccotti Park, à deux pas de Wall Street. Parallélement, le mouvement s'étendait à 30 grandes villes américaines.

"Les 99%" comme ils s'appellent, en opposition au 1% de la population la plus fortuné qui détient un tiers de la richesse nationale, n'entend pas baisser les bras. Les violences policières perpétrées à leur encontre, qui tournent en boucle sur le web, les renforcent un peu plus dans leur détermination à poursuivre le bras de fer avec les autorités.

En France, autre lieu, autres mœurs. Patricia Jolly dans Le Monde relatait début novembre la convocation le 31 octobre dernier de neuf indignés devant la 29e chambre correctionnelle du tribunal de grande instance de Paris pour avoir, très précisément, « décollé », en s'y appuyant, le haut d'une vitre d'un fourgon de police.

Les faits remontent au 21 septembre quand des indignés français organisent un sit-in, place de la Bourse. En fin d'après-midi, quatre-vingt-onze personnes sont interpellées. A l'intérieur des camions de police, avec nos doigts collés aux vitres, on formait des coeurs car c'est le symbole de la paix. Puis le camion a démarré, un camarade a perdu l'équilibre et s'est appuyé à la vitre qui s'est un peu décollée explique l'une des manifestantes.

Résultat onze personnes renvoyées devant le tribunal correctionnel et une procureure qui va jusqu'à requérir trois mois de prison ferme contre une indignée déjà condamnée quatre fois pour conduite en état d'ivresse et violences. Pour chacun des dix autres prévenus au casier vierge, la représentante du ministère publique demande 500 euros d'amende.

Le jugement a été rendu le 14 novembre. Tous les prévenus ont été relaxés.

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22 novembre 2011 2 22 /11 /novembre /2011 16:41

cyberpresse.ca - Publié le 22 novembre 2011 à 06h10 | Mis à jour à 09h21

Les indignés de Montréal n'ont pas l'intention de partir

 

Les indignés

La centaine d'«indignés» qui campe toujours au square Victoria à Montréal entend rester. En assemblée tard lundi soir, le groupe a voté en faveur d'une grande manifestation pour une «occupation responsable» de la place.

Ils déclinent ainsi l'invitation du maire Gérald Tremblay, qui a affirmé lundi soir qu'ils pouvaient maintenant «partir la tête haute».

La Presse a assisté aux délibérations qui se sont déroulées sous terre, tard lundi soir, dans la station de métro square Victoria. Soixante-dix personnes se sont montrées enthousiastes à l'idée de poursuivre Occupons Montréal.

«Nous n'avons pas l'intention de partir. Nous avons l'intention de réviser le message: d'expliquer que l'on veut rester et occuper responsablement», a expliqué Alain Berger, l'un des occupants.

Pour souligner à grands traits sont désir de rester, Occupons Montréal prépare un grand rassemblement ce samedi après-midi, au square Victoria. C'est sous un tonnerre d'applaudissements que cette proposition a été acceptée.

Alain Berger souligne aussi que le point de presse organisé par quelques membres du groupe plus tôt ce lundi ne «représentait pas l'opinion de la majorité». Des indignés de la première heure ont quitté le campement afin de poursuivre leurs actions militantes à l'extérieur.

Plusieursdénoncent les problèmes de gestion d'Occupons Montréal, aux prises avec des problèmes d'itinérance et de toxicomanie.

Cette prise de position publique a déplu à plusieurs occupants. En assemblée hier soir, un groupe a tenté de faire accepter une proposition pour limiter les contacts des participants avec la presse, en vain.

D'autres admettent ouvertement que l'occupation mène à des accrochages préoccupants, mais gardent l'espoir de tout concilier: le militantisme, les tâches sur le site et la gestion de la sécurité. «On veut démontrer que l'on peut gérer notre communauté, ici, mais on ne peut pas le faire seuls, affirme Paul Bode, un des occupants. On ne veut pas juste l'aide de la Ville. On veut l'aide de tout le monde.»

 

 

Les indignés expulsés à Québec

radio-canada.ca -

Mise à jour le mardi 22 novembre 2011 à 8 h 05 HNE

Expulsion des indignés Les indignés ont été expulsés par les autorités de la Ville de Québec.

 

Les indignés ont été expulsés par les autorités de la Ville de Québec.

La Ville de Québec a mis à exécution sa menace d'expulser les indignés de la place de l'Université-du-Québec. Le campement a été démantelé dès 6 h, mardi matin, par des employés municipaux.

Un périmètre de sécurité avait été établi autour du site pour empêcher les gens d'y accéder. Des dizaines de policiers escortaient les employés municipaux qui ont complété le démantèlement des tentes vers 7 h 15.

Seulement quelques personnes étaient présentes, tôt mardi, lors de l'intervention des autorités municipales. Les indignés ont accepté de quitter les lieux sans résister.

L'un des manifestants, Guy Wera, a critiqué l'attitude du maire Régis Labeaume en affirmant qu'il allait continuer de porter le message du mouvement. « On s'attendait à ce qu'il arrive quelque chose. Nous, on est là pour parler de démocratie, on est là pour montrer au peuple comment notre démocratie ne marche pas et qu'on a des dictateurs élus. Le comportement du maire est un comportement de dictateur. »

Le porte-parole de la Ville de Québec, Jacques Perron, a rappelé que les manifestants devaient quitter les lieux uniquement pour des raisons de sécurité. « La position de la Ville est claire. Une fois que les installations vont avoir été démontées, les gens pourront revenir sur la place publique. On n'est pas contre la liberté d'expression. Les gens pourront revenir manifester et prendre la parole. Cependant, la Ville ne tolérera plus aucune installation, ça, c'est clair. »

Le maire de Québec, Régis Labeaume, avait lancé lundi soir un ultimatum aux indignés pour qu'ils quittent les lieux, affirmant que sa patience avait atteint sa limite.

Les indignés occupaient la place de l'Université-du-Québec depuis le 22 octobre.

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