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25 mai 2012 5 25 /05 /mai /2012 17:46

Le HuffPost avec AFP  |  Publication: 25/05/2012 08:43 Mis à jour: 25/05/2012 09:04

 

Des images incroyables. Au moins un député a dû être transporté à l'hôpital à la suite de heurts au Parlement ukrainien entre plusieurs dizaines de députés pro-pouvoir et d'opposition qui se sont accrochés autour d'un projet de loi sur le statut du russe dans ce pays.

Des dizaines d'opposants ont d'abord bloqué dans l'après-midi la tribune parlementaire pour tenter d'empêcher l'adoption de ce projet de loi préparé par des parlementaires favorables au pouvoir en place . Le texte élargit les droits d'utilisation officielle de la langue russe dans le pays, ce qui revient de facto, selon l'opposition, à lui donner le statut de deuxième langue d'Etat, à côté de l'ukrainien, même si formellement il ne l'autorise pas.

Le président de l'assemblée, qui devait lancer le vote de la loi, a fini par renoncer à cette idée, mais cela n'a pas calmé les députés d'opposition. Plusieurs d'entre eux se sont jetés sur leurs adversaires, qui ont répondu par des coups de poing, les uns ôtant cravate et veste pour rentrer dans la bagarre, les autres essayant comme ils le peuvent de calmer les esprits.

Un parlementaire d'opposition s'est retrouvé à un moment les jambes en l'air. Un de ses collègues s'est jeté sur un des auteurs du projet de loi controversé et l'a roué de coups.

 

Regardez les images de cette incroyable bagare:

 

 


À l'issue du pugilat, au moins un opposant a été blessé à la tête et transporté à l'hôpital en ambulance, a indiqué un responsable parlementaire. Les députés de la majorité pro-pouvoir ont cependant annoncé que l'examen de ce projet de loi pourrait être poursuivi dès vendredi.

L'Ukraine compte une importante communauté russophone et le statut du russe ne cesse de provoquer des conflits dans cette ex-république soviétique de 46 millions d'habitants, située entre la Russie et l'Union européenne. Faire du russe la deuxième langue d'Etat était une des promesses électorales de l'actuel président Viktor Ianoukovitch dont le parti est en position fragile, selon des sondages, à l'approche des législatives prévues fin octobre.

Une scène politique en proie à des remous, en attendant l'Euro de football

L'Ukraine est en proie à des remous sur sa scène politique, avec notamment l'incarcération depuis août de Ioulia Timochenko, ex-Première ministre et opposante à Ianoukovitch. Elle a été condamnée en octobre à sept ans de prison pour abus de pouvoir et s'était lancée dans une grève de la faim. Son sort pourrait influencer la bonne tenue de l'Euro 2012. Le championnat d'Europe des nations de football doit se tenir dès le 8 juin en Ukraine et en Pologne. François Hollande a laissé entendre qu'il n'ira pas en Ukraine pour l'Euro.

Ce n'est pas du tout la première fois que les hommes politiques ukrainiens montrent le mauvais exemple:

 


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25 mai 2012 5 25 /05 /mai /2012 17:38
| Par Martine Orange

 

 

Les plans secrets sur la sortie de la Grèce de la zone euro s’accélèrent. Depuis que des représentants de la Commission européenne ont admis, de façon anonyme, avoir commencé à se préparer à un départ d’Athènes de la zone euro, la question s’impose à tous. Les banques françaises – BNP Paribas, Société générale et Crédit agricole – sont en train d’élaborer dans le plus grand secret des plans d’urgence. « Chaque banque a désormais une équipe spéciale chargée de regarder les conséquences possibles d'un retour de la drachme », selon un témoignage d’un banquier rapporté par Reuters.

Les banques françaises sont parmi les plus exposées au risque grec. Selon les derniers chiffres publiés par la Banque des règlements internationaux (BRI), elles avaient prêté 44,4 milliards de dollars (35,2 milliards d’euros) à la Grèce, alors que les banques allemandes avaient diminué leur exposition pour la ramener à 13,4 milliards de dollars (10,6 milliards d’euros). « Les Français ont joué le jeu et ont continué à prêter à la Grèce, à la différence des Allemands », persifle un banquier français.

Le Crédit agricole est la banque la plus exposée, en raison de sa filiale grecque Emporiki. Lors de son assemblée générale, la direction de la banque a reconnu avoir encore 7 milliards d’euros de créances non provisionnées, auxquels s’ajoute la valeur de sa filiale inscrite dans son bilan pour 4,5 milliards d’euros. Les autorités bancaires françaises assurent que le Crédit agricole est en mesure de faire face, en cas de sortie de la Grèce de la zone euro. Les caisses régionales du Crédit agricole, principales actionnaires du groupe, elles, sont plus inquiètes. L’action de la banque cote désormais moins de 3 euros. Si la descente aux enfers se poursuit, les caisses régionales pourraient envisager de racheter l’ensemble du flottant pour retirer la structure centrale du groupe de la Bourse et redevenir une banque totalement mutualiste, pronostiquent certains.

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25 mai 2012 5 25 /05 /mai /2012 16:30

 

| Par La rédaction de Mediapart

Correspondance à Athènes d'Amélie Poinssot


« Vous n'avez pas bien voté, il faut recommencer » : voilà en quelque sorte le message qui a été renvoyé aux électeurs grecs, après l'échec des leaders de partis à former une coalition pendant les dix jours de tractations qui ont suivi les élections anticipées du 6 mai. Mais le deuxième scrutin prévu pour le 17 juin, six semaines seulement après ces législatives, risque bien de provoquer de nouvelles surprises... D'élections nationales, la consultation prend déjà les allures d'un référendum pour ou contre la monnaie unique.

Il faut que la Grèce respecte ses engagements si elle veut rester dans la zone euro, ont répété les dirigeants européens réunis mercredi à Bruxelles. Quand ce ne sont pas les agences de notation qui y vont de leur commentaire sur le bulletin à mettre dans l'urne le 17 juin : « Une sortie de la Grèce de l'union monétaire serait probable », a indiqué Fitch, si les nouvelles élections ne débouchent pas sur un gouvernement « ayant pour mandat de continuer le programme d'austérité budgétaire »...

 

Alexis Tsipras, leader de Syriza. 
Alexis Tsipras, leader de Syriza.© (Reuters)

En Grèce, cette menace d'expulsion de l'eurozone fait l'ouverture de tous les journaux télévisés depuis quelques jours. L'équation semble simple mais elle est biaisée. D'une part, elle fait fi du résultat des urnes qui a vu se dessiner le 6 mai une franche majorité contre la politique d'austérité – les « engagements » du PASOK, qui s'est effondré à 13 % des voix, ne sont dès lors plus d'actualité. D'autre part, elle assimile les propositions des partis anti-austérité, et notamment celles de la coalition de gauche Syriza, à une ligne anti-européenne.

C'est d'ailleurs l'argument principal martelé par les socialistes du PASOK et la droite de Nouvelle Démocratie pour tenter d'endiguer la poussée de cette gauche... Car le Syriza (acronyme qui signifie en grec « Coalition de la gauche radicale ») est en position de force : arrivé en deuxième place le 6 mai avec 16,8 % des suffrages, il recueille encore davantage d'intentions de vote dans les derniers sondages. Deux instituts le donnent victorieux le 17 juin – auquel cas il bénéficierait d'un bonus de 50 députés sur 300 à l'assemblée, selon le mode de scrutin grec, régi par une proportionnelle renforcée. Deux autres le placent en deuxième position, juste derrière Nouvelle Démocratie.

On comprend aisément qu'une victoire de Syriza fasse peur à Bruxelles. Le parti ayant refusé depuis le début la politique d'austérité, il ne suivrait pas en cas de victoire la feuille de route fixée par les instances européennes. Son programme est d'ailleurs on ne peut plus clair : moratoire sur la dette, remise en cause de toutes les mesures d'austérité induites par les « mémorandums » adoptés en mai 2010 et en février dernier, audit de la dette publique, nationalisation des banques. Si le Syriza remporte les nouvelles élections, donc, outre le caractère inédit en Europe de l'arrivée au pouvoir d'une gauche alternative, c'est toute l'opération de « sauvetage » mise en œuvre par l'Union européenne et le FMI depuis deux ans qui s'effondre.

Le programme européen de Syriza

Pourtant, contrairement à ce que veulent laisser croire les dirigeants européens et les partis grecs traditionnels, Syriza ne prône pas la sortie de l'euro, encore moins de l'Union européenne. Les Grecs dans une écrasante majorité sont d'ailleurs attachés à l'Union et à sa monnaie. Le parti milite même pour plus d'Europe : une Europe sociale, soucieuse de l'avenir de ses citoyens, non soumise au diktat des marchés. Alexis Tsipras, son leader, le répète aujourd'hui plus que jamais : « La crise que la Grèce traverse est une crise européenne. A problème européen, solution européenne. »

Chaque fois qu'il a fallu voter des mesures d'austérité, les partis au pouvoir ont fait planer la menace de la faillite du pays et du retour à la drachme pour convaincre l'opinion publique et limiter l'hémorragie dans leurs propres rangs. « Poser la question dans ces termes est un chantage, cela ne fait aucun doute, estime le professeur de sciences politiques et ancien ministre Georges Contogeorgis. Cela montre que Bruxelles n'a pas compris le problème grec : le problème, ce n'est pas l'économie, mais l'Etat et le système partisan. »

Ce politologue de l'université Panteio à Athènes (et contributeur régulier de Mediapart, lire ici) ne fait pas davantage confiance à Syriza qu'au PASOK et à Nouvelle Démocratie pour réformer le système : « La classe politique dans son ensemble n'agit qu'en fonction des intérêts particuliers des groupes qu'elle représente. Elle n'agit pas pour la société. Or Bruxelles ne veut toujours pas admettre le niveau de corruption et de collusion d'intérêts qui caractérise la classe politique. »

Mais l'heure n'est pas encore au ménage dans les rangs des partis. Ces jours-ci, les équipes préparent la nouvelle campagne. Poursuivant une stratégie entamée en février, Nouvelle Démocratie a élargi sa base : elle a accueilli d'importants membres de l'extrême droite du LAOS, et s'est réconciliée avec une petite formation qui s'était détachée d'elle il y a deux ans. De son côté, le leader du PASOK, après son voyage à Bruxelles et à Paris, où il a été reçu par François Hollande, entame samedi une tournée de meetings en province. Lundi au plus tard, les partis devront avoir déposé leurs listes de candidats.

Le parti Syriza, lui, prévoit quelques menus changements : le succès du 6 mai était si inattendu que certains candidats ont été les premiers surpris de se retrouver à l'assemblée. Certains ne se représenteront pas devant les électeurs. Rena Dourou, elle, joue déjà le jeu à fond : « J'ai axé ma campagne autour de quatre thèmes, nous explique la jeune candidate, la dimension européenne de la crise, la lutte contre le chômage, la politique de la croissance, la question du paiement de la dette. »

Pour relancer l'économie grecque, Syriza demande d'abord du temps aux autorités européennes : « Laissez-nous injecter de l'argent dans l'économie pour la croissance, et nous paierons la dette ensuite – du moins la partie légitime de la dette, qui sera déterminée par l'audit. Vouloir faire l'inverse équivaut à tuer l'économie du pays. » Le parti refuse le dilemme posé par Bruxelles. « Je ne crois pas que l'Union européenne suspendra son aide si nous remportons les élections, estime Rena Dourou. L'UE, ce n'est pas seulement Mme Merkel et M. Schaüble.... »

« Che Guevara »

Si cette nouvelle campagne sera tout aussi courte que la précédente, les enjeux diffèrent déjà. Outre l'appartenance à la zone euro va se poser la question de la capacité de Syriza à gouverner, alors que le parti se pensait jusque-là du côté de l'opposition. Et s'il arrive en tête, il lui faudra encore chercher des alliances, car il n'obtiendra vraisemblablement pas la majorité absolue. Syriza devra en outre redoubler d'efforts pour paraître crédible au-delà de ses propres rangs.

Déjà, il est la cible première des deux partis traditionnels ; certains, comme le porte-parole de campagne de Nouvelle Démocratie, surnomment son dirigeant Tsipras « Che Guevara »... Et la presse leur emboîte le pas. Dans son éditorial de jeudi, le quotidien Ta Nea écrivait : « Il faut que M. Tsipras s'engage lui aussi sur la formation d'un gouvernement, lui qui a torpillé la possibilité de formation d'un gouvernement après l'élection du 6 mai. Qu'il fasse montre à présent de responsabilité. » Drôle de conclusion quand on sait que les trois autres formations partie prenante des négociations pour un gouvernement de coalition n'avaient nul besoin de l'appui de Syriza pour totaliser une majorité de députés.

En fin de compte, ce nouveau scrutin ressemble à une guerre des nerfs : qui de Samaras, le leader de Nouvelle Démocratie, ou de Tsipras aura les mots les plus durs envers son adversaire ? Car il s'agit bien, pour l'un comme pour l'autre, de conquérir la première place. Pour la première fois depuis la chute de la dictature des Colonels, en 1974, les élections ne seront pas dominées par la traditionnelle opposition Nouvelle Démocratie/PASOK, mais par cet étonnant duel Nouvelle Démocratie/Gauche radicale.

 


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25 mai 2012 5 25 /05 /mai /2012 16:17

 

Le Point.fr - Publié le 25/05/2012 à 18:40 - Modifié le 25/05/2012 à 18:41

  Deux recours ont été déposés vendredi pour bloquer l'application de la loi spéciale par la police.

 


Les trois principales organisations étudiantes en conflit avec le gouvernement québécois ont déposé vendredi deux recours en justice contre la loi spéciale votée une semaine plus tôt et à laquelle elles reprochent de réduire la liberté d'expression et d'association.

"C'est la plus grande affaire constitutionnelle au Québec à cause du nombre de gens concernés", a déclaré l'un des leaders étudiants, Léo Bureau-Blouin, devant le palais de justice de Montréal, affirmant que 1,5 million de Québécois étaient directement touchés. Il a souligné que 140 organisations estudiantines, environnementales et syndicales, ainsi que des groupes communautaires et unions d'artistes s'étaient portées demandeurs pour ces requêtes déposées devant la Cour supérieure du Québec.

  Inquiétude

Il s'agit d'abord d'une requête qui vise à bloquer l'application de la loi par la police et qui pourrait être examinée mercredi prochain, puis d'une requête en nullité, dont l'examen est attendu début juin, ont précisé les dirigeants étudiants. Par la suite - mais cela devrait prendre beaucoup plus longtemps -, certains aspects de la loi pourraient aboutir à la Cour suprême qui devrait se prononcer sur leur constitutionnalité, contestée par ses adversaires.

Léo Bureau-Blouin a déclaré que les demandeurs ne cherchaient pas à "instrumentaliser la justice pour obtenir une victoire politique", mais étaient "sincèrement inquiets" du fait que la loi attaquait "les droits aussi importants que le droit à la liberté d'expression et le droit d'association ainsi que le droit de manifester pacifiquement". Aux yeux du gouvernement de centre droit de Jean Charest, la loi en question est notamment destinée à encadrer la liberté de manifester pour garantir l'accès aux établissements universitaires des étudiants non grévistes, souvent bloqués par des piquets de grève. Elle impose aussi aux manifestants de communiquer à la police leur itinéraire huit heures à l'avance et prévoit des amendes très élevées pour les contrevenants.

 

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25 mai 2012 5 25 /05 /mai /2012 16:10

le 25 Mai 2012

 

"Charest, tu es la casserole, nous sommes la cuillère", clamait une pancarte de manifestant portée dans la nuit de jeudi à vendredi dans les rues de Montréal par un marcheur venu protester contre la loi spéciale limitant la liberté de manifester.

 


 

ou cliquez ici

A Montréal, des centaines de résidents dans plusieurs arrondissements sont descendus dans la rue pour taper joyeusement sur toutes sortes de récipients, produisant un immense tintamarre dans toute la ville. Contrairement à la veille où près de 700 manifestants ont été arrêtés au Québec pour se voir infliger d'importantes amendes, la police n'a procédé à aucune arrestation de groupe. Une seule personne a été arrêtée pour "entrave au travail des forces de l'ordre". Adoptée depuis peu, la nouvelle méthode du concert de casseroles pour exprimer l'opposition à la politique du gouvernement face au conflit étudiant remporte un succès croissant.

Ces manifestations interviennent au moment même où le gouvernement et les fédérations étudiantes semblent sur le point d'entamer une troisième ronde de pourparlers pour régler définitivement le conflit. Une première rencontre devrait avoir lieu la semaine prochaine, les deux parties souhaitant prendre du temps pour la préparation nécessaire.

 

Lire aussi :

Entretien : "Je me bats pour un idéal social au Québec"
Coup de matraque sur le printemps érable
Le Parlement adopte une dangereuse loi d'exception pour museler les étudiants (PCF)

 

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25 mai 2012 5 25 /05 /mai /2012 16:04

 

 

Le Monde.fr | 25.05.2012 à 18h04 • Mis à jour le 25.05.2012 à 18h04

 
Le premier ministre belge, Elio Di Rupo.

Les patrons des entreprises publiques belges devraient voir leurs salaires drastiquement réduits - et même divisé par huit pour celui de l'opérateur de télécoms Belgacom -, selon un projet examiné vendredi 25 mai par les principaux ministres du gouvernement d'Elio Di Rupo.

Le ministre chargé des entreprises publiques, le socialiste Paul Magnette, a présenté en conseil des ministres restreint une note visant à ramener le salaire annuel fixe des dirigeants des sociétés majoritairement détenues par l'Etat au niveau de celui des directeurs généraux d'administration, soit 200 000 euros brut. Ils pourront en outre bénéficier d'une part de salaire variable, limitée à 30 % du fixe, et d'avantages divers (voitures, etc.), mais au total, leur rémunération ne pourra pas excéder 290 000 euros bruts par an.

Pour des raisons juridiques, ces limites ne devraient intervenir que lors de la nomination (ou du renouvellement) des patrons et membres des comités de direction des entreprises publiques, selon Paul Magnette, dont le texte doit encore être adopté par le gouvernement puis par le Parlement. La baisse de salaire sera particulièrement importante pour le poste d'administrateur délégué de l'opérateur historique de télécommunications Belgacom, dont l'actuel titulaire, Didier Bellens, a gagné 2,24 millions d'euros au total en 2011 et qui verrait ses revenus divisés par huit (- 87 %).

 

INTERDICTION DES PARACHUTES DORÉS ET DES STOCK-OPTIONS

Moins bien rémunérés, les dirigeants des autres sociétés publiques verraient néanmoins leurs salaires fortement rabotés : de 73 % pour Bpost (la poste belge), de 51 % pour Belfius (ex-Dexia Banque Belgique), de 40 % pour la SNCB Holding (chemins de fer) ou encore de 20 % pour la Loterie nationale. Toutefois, pour les entreprises les plus soumises à la concurrence internationale et qui rencontreraient des difficultés pour recruter des dirigeants de premier plan, une "modulation" permettant de dépasser ces plafonds "n'est pas exclue", selon Paul Magnette.

La note prévoit par ailleurs l'interdiction, dès l'entrée en vigueur de la loi et donc pour les contrats en cours, des "parachutes dorés" et des "stock-options". "Il s'agit de 'remoraliser' le monde des grandes entreprises publiques", a expliqué M. Magnette, en citant en exemple des décisions similaires annoncées en Europe. En France, le premier ministre, Jean-Marc Ayrault, a assuré que la limitation des salaires des patrons des entreprises publiques, promise par François Hollande, interviendrait "vite".

 

A lire : Baisse des salaires, fronde des actionnaires... les grands patrons face à la crise


 

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25 mai 2012 5 25 /05 /mai /2012 15:02

 

Le Monde - 25 mai 2012

 

Le 15 mai, l'historien belge Pierre Piccinin entrait pour la troisième fois de sa vie sur le territoire syrien. Professeur d’histoire, passionné par le monde arabe, il multipliait les voyages dans la région, notamment en Egypte et en Libye. Sur son blog, il prenait régulièrement position en faveur du régime syrien, dénonçant la propagande de l'opposition et une surestimation généralisée de la répression. A tort.

Alors qu'il se rendait à Homs pour rencontrer l'Armée de libération, il est arrêté le 17 mai à Tall Kalakh, une localité de la région frontalière avec le Liban. Accusé d'être un agent des services secrets français, il est jeté en prison. Après six jours de détention à Homs et à Damas, il a finalement été expulsé sur intervention décisive de la diplomatie belge. De retour dans son pays, il témoigne de l'horreur des prisons syriennes dans La Libre Belgique.

Dans la prison de Homs, "c’est à la chaîne", raconte le professeur de l’école européenne de Bruxelles à Uccle. "Ils emmènent les corps, cela revient tout le temps. (...) Les gens, on les attache dans le couloir, puis c’est l’électricité, on les bat à mort. Les gens étaient morts dans le couloir. C’est la torture à la chaîne." "Au début, ils fermaient la porte mais après ils n'ont plus fait attention du tout à moi. Je me suis dit que, m'ayant laissé voir tout cela, jamais ils n'allaient me laisser partir. Je pensais que c'était terminé pour moi."


"C’était vraiment l’enfer, l’enfer sur Terre"

Les policiers syriens l’interrogent sur ce qu’ils ont découvert dans sa clé USB : des photos des rebelles de Talbisseh. Sur le bureau, "il y avait des aiguilles, des morceaux d’ongle, du sang." Après son premier interrogatoire, il est passé à tabac, en pleine nuit. Le 18 mai, il est transféré à Damas, au siège de la sécurité, dans le quartier de Qazzaz, là où un attentat à la voiture piégée a fait 55 morts le 10 mai. "Les cellules étaient pleines, les gens hurlaient toute la nuit", raconte-t-il. "C’était vraiment l’enfer, l’enfer sur Terre", raconte-t-il à la RTBF.

Le 19 mai, il est transféré dans la prison de Bab Al-Musalla. Il raconte alors l'élan de solidarité "formidable" de la part des autres détenus qui "ont rassemblé un peu d’argent et payé un garde" pour qu'il puisse avoir accès à un téléphone. Par le biais d'un ami, les autorités belges sont alertées et un diplomate est dépêché pour obtenir sa libération. Le 22 mai, il est transféré dans une cellule de l’aéroport de Damas puis rapatrié.

Depuis son retour en Belgique, Pierre Piccinin a revu son jugement sur le régime syrien. "Dans la situation actuelle, rien ne changera en Syrie, avec son régime de terreur, si on n'intervient pas", affirme désormais l'historien. "Je pense que je me suis trompé, il faut savoir, surtout dans des cas comme ça, reconnaître ses erreurs", a-t-il conclu.

 

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25 mai 2012 5 25 /05 /mai /2012 14:54

 

 

Le Monde.fr avec AFP | 25.05.2012 à 16h13 • Mis à jour le 25.05.2012 à 16h13

 

Huit civils ont été tués vendredi 25 mai par les forces de l'ordre en Syrie, où des manifestations massives contre le régime se sont déroulées à Alep et Idleb, dans le nord du pays, rapporte l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH). "Des dizaines de milliers de personnes ont défilé à Alep et sa province", réclamant la chute du régime, a précisé le chef de l'OSDH, Rami Abdel Rahmane.

"Il s'agit des manifestations les plus importantes à Alep" depuis le début de la révolte contre le régime le 15 mars 2011, a indiqué M. Abdel Rahmane, qui avait déjà souligné l'ampleur des manifestations la semaine dernière dans cette deuxième ville du pays. Selon l'ONG, un manifestant a été tué et des dizaines d'autres ont été blessés par les forces régulières, qui ont tiré à balles réelles et lancé des gaz lacrymogènes sur les protestataires.

Dans la province d'Idleb, dans le nord-ouest du pays, "des dizaines de milliers de manifestants ont également défilé", dans les localités de Maaret Al-Noman, Kafrnoubol, Saraqeb, Hass et Sargé, tenues par les rebelles, a indiqué M. Abdel Rahmane. Des combats ont opposé les forces régulières aux soldats déserteurs dans le village de Maarchourine, toujours dans cette province.

 

Sept personnes ont été blessées à Houla lors d'une manifestation antirégime le 25 mai 2012.

 

Les forces de l'ordre ont aussi tiré sur des manifestants dans la province de Deraa, dans le sud, blessant plusieurs d'entre eux à Inkhil, à la sortie des mosquées après la prière de midi. Un civil a été tué dans une embuscade dans cette même province. A Homs, des manifestants ont défilé dans plusieurs quartiers malgré les bombardements et les tirs, ainsi que dans les villes voisines d'Al-Quaryatayn et Houla, où sept personnes ont été blessées.

 

  PROCHAIN RENDEZ-VOUS : DAMAS

Les militants pro-démocratie avaient appelé à manifester vendredi sous le slogan "Notre prochain rendez-vous, Damas", appelant à intensifier le mouvement dans la capitale, quadrillée par les agents de sécurité. Plusieurs manifestations ont ainsi eu lieu à l'aube dans les quartiers populaires de Damas pour rendre hommage à l'Armée syrienne libre, formée essentiellement de déserteurs, et appeler à la chute du régime du président Bachar Al-Assad. "Le quartier Tadamone ne pliera pas", proclamait une pancarte brandie par des manifestants. A Tabbalé, ils ont appelé les "cheikhs de Damas à prendre leurs distances avec le régime", selon des vidéos postées par les militants pro-démocratie sur Internet.

Dans l'après-midi, les forces de l'ordre ont tiré des gaz lacrymogènes pour disperser des manifestants dans le quartier historique de Midane, toujours selon l'OSDH qui a fait état de plusieurs autres manifestations dans la capitale et sa banlieue, où un enfant a été tué par un tireur embusqué à Irbine. Dans la province de Hama, quatre personnes ont été tuées par les forces gouvernementales dans la nuit de jeudi à vendredi, "alors qu'ils gardaient leur ferme" dans le village de Chizar, a précisé l'OSDH.

Un civil a péri dans le quartier de Sabounié, à Hama, dans le nord du pays. Dans la même région, des soldats ont été blessés lors de combats contre des déserteurs, selon la même source. Pour sa part, l'agence officielle syrienne SANA a fait état de la mort de six personnes dans l'explosion d'une charge déposée par "un groupe terroriste" sur le seuil de leur maison dans le village de Rabla, dans le province de Homs.

 

 

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25 mai 2012 5 25 /05 /mai /2012 14:17

 

 

 

LE MONDE SCIENCE ET TECHNO | 25.05.2012 à 16h49 • Mis à jour le 25.05.2012 à 16h49

Par Stéphane Foucart et David Leloup

 
Lettre de juin 1989 adressée à des hauts cadres de Philip Morris.

 

 

Le 19 juin 1989, Keith Teel, avocat au cabinet Covington & Burling, écrit un mémo confidentiel à plusieurs hauts cadres de Philip Morris. "Depuis un certain temps, écrit-il, nous travaillons à recruter des scientifiques français qui pourraient nous aider sur le problème de l'ETS environmental tobacco smoke, littéralement "fumée ambiante du tabac". La semaine dernière, en France, chez John Faccini, les membres de notre groupe britannique ont rencontré quatre scientifiques français qui, espérons-le, formeront [en France] le noyau dur d'un groupe de sept à neuf consultants sur la question de la qualité de l'air intérieur et de l'ETS." La rencontre qu'il y détaille a lieu chez un consultant d'origine britannique installé en France, ancien du groupe Pfizer devenu directeur de l'Institut français de toxicologie, une société privée installée à Lyon. Elle donne le coup d'envoi de la participation occulte d'un petit groupe de chercheurs français à une vaste campagne de propagande scientifique pour dédouaner le tabagisme passif de ses méfaits. Une plongée dans les documents internes que les cigarettiers américains ont depuis été contraints, par décision de justice, de rendre publics, offre un aperçu fascinant et inédit des "French connections" de cette conjuration.

 

Mais pour comprendre le "problème de l'ETS" qu'évoque l'avocat dans son mémo, il faut d'abord revenir en 1981. Cette année-là, le 17 janvier, le British Medical Journal publie les résultats d'une grande enquête épidémiologique montrant, sans ambiguïté, le lien entre tabagisme passif et cancer du poumon. L'étude menée par Takeshi Hirayama (Institut national de recherche sur le cancer, Tokyo) est solide. Plus de 91 000 femmes, non fumeuses et âgées de plus de 40 ans, recrutées sur l'ensemble du territoire nippon ont été suivies pendant près de quinze années : celles qui partagent la vie d'un fumeur montrent un risque de cancer pulmonaire accru, proportionnel à la quantité de cigarettes quotidiennement consommées par leur compagnon... Dans les années suivantes, une abondante littérature confirmera et renforcera ce constat.

 

Pour les cigarettiers, le risque se concrétise vite. Dès le milieu des années 1980, une trentaine d'Etats américains considèrent que les preuves scientifiques apportées suffisent à bannir la cigarette des lieux publics. D'où une baisse de la consommation. La réaction ne se fait pas attendre. Pour éviter la contagion, les industriels mettent sur pied un réseau mondial de ceux qu'ils nomment dans leurs documents internes les "blouses blanches" : des scientifiques secrètement rémunérés par eux comme consultants. "Le but de ce programme était d'identifier, de former et de promouvoir des scientifiques, médecins ou ingénieurs qui ne seraient pas assimilés à l'industrie par le public", expliquent Joaquin Barnoya et Stanton Glantz (université de Californie à San Francisco), deux des meilleurs connaisseurs des stratégies de l'industrie cigarettière, dans une analyse publiée en 2005 dans l'European Journal of Public Health. De fait, pour n'avoir aucun contact direct avec les cigarettiers, c'est le cabinet d'avocats Covington & Burling, mandaté par Philip Morris, qui s'occupe de recruter les "blouses blanches", de les payer, de les défrayer et de rendre compte de leurs activités.

 

Un mémo interne de Philip Morris, daté d'avril 1988, décrit en termes simples l'objectif du projet : "Il permettra de continuer d'utiliser l'argument selon lequel il n'y a pas de preuve scientifique convaincante que l'ETS représente un risque pour les non-fumeurs." Une autre note interne, datée de février de la même année, explique qu'il devra "disperser les suspicions de risques" - en mettant systématiquement en avant d'autres polluants de l'air intérieur.

 

Qui sont les "quatre scientifiques français" mentionnés par Covington & Burling dans le mémo de juin 1989 ?

 

Le message de l'avocat ne précise pas le nom de ces "consultants" français. Quelques mois plus tard, Philip Morris fait organiser à Montréal (Canada) un "symposium international sur l'ETS". La conférence semble d'abord un événement scientifique "normal" : elle se tient dans les murs d'une prestigieuse institution - l'université McGill - et est financée par une organisation au nom rassurant - l'Institute for International Health and Development (IIHD). La "conférence de McGill" est aujourd'hui citée comme un modèle de manipulation de la science et d'"industrie du doute".

 

Car non seulement l'IIHD était une organisation-écran de l'industrie du tabac, non seulement les portes de l'université McGill avaient été ouvertes par le toxicologue Donald Ecobichon, un professeur de l'institution financée par les cigarettiers, mais la totalité des quelque 80 participants étaient invités, et payés ou défrayés, par Covington & Burling. Les "tobacco documents" mentionnent parmi eux quatre Français : André Fave, présenté comme un vétérinaire sans affiliation académique, Roland Fritsch et Guy Crépat, professeurs de biologie à l'université de Bourgogne, et Alain Viala, professeur à la faculté de pharmacie de Marseille...

 

Comment évaluer leur rôle ? D'abord, leur seule présence sur la liste des participants contribue à donner un caractère international à l'événement, gage de crédibilité. Dans un rapport d'activité adressé à ses commanditaires, Covington & Burling se félicite ainsi que "quelque 30 scientifiques européens de sept pays différents" aient participé à l'événement. Ensuite, il s'agissait pour les quatre Français de se "former" à la rhétorique de l'industrie. De fait, dans le mémo de juin 1989, Covington & Burling déplore que les scientifiques français approchés, bien que désireux de s'investir, soient désarmés sur le terrain du tabagisme passif. Dès lors, écrivent les avocats de Covington & Burling, "nous avons pensé qu'il serait utile qu'ils échangent avec plusieurs de nos scientifiques britanniques plus avertis". Lesquels sont présents en masse à Montréal.

 

Quant à l'utilité de la conférence, elle ne fait aucun doute : Covington & Burling précise que le compte rendu, édité sous forme de livre, a été distribué en Europe à "des journalistes et des parlementaires". Quelque 400 copies ont été ainsi écoulées. Or les conclusions du conclave sont, bien sûr, que le tabagisme passif est "un sujet controversé", en raison "du peu de confiance dans les publications", de "l'impossibilité à conclure" du fait des "biais introduits dans les travaux sur l'ETS"... Bref, qu'il n'y a encore nulle raison d'exclure la cigarette des lieux publics. Dans les documents internes du Tobacco Institute - un think tank financé par les majors du tabac -, on trouve ainsi une lettre type exposant les conclusions de la "conférence de McGill" adressée à plusieurs dizaines de journalistes américains de la presse nationale et régionale identifiés comme "équilibrés" ou "favorables"...

 

Les quatre Français présents à Montréal en novembre 1989 ont continué, dans les années suivantes, à percevoir de l'argent de Covington & Burling. Et dès 1990 d'autres Français les rejoignent sur les listes de consultants dressées par le cabinet d'avocats. On y trouve Dominique Bienfait (chef du service aérolique et climatisation du Centre scientifique et technique du bâtiment), André Rico (toxicologue à l'Ecole nationale vétérinaire de Toulouse, légion d'honneur 1998), Georges Tymen (spécialiste des particules en suspension dans l'atmosphère à l'université de Brest), John Faccini (alors président de la Fédération internationale des sociétés de toxicologues-pathologistes) ou encore Jacques Descotes (aujourd'hui directeur du Centre antipoison - Centre de pharmacovigilance du CHU de Lyon)...

 

Seule une part des émoluments des "blouses blanches" françaises figure dans les "tobacco documents", les archives de l'industrie n'étant encore pas intégralement numérisées. Le bilan 1991 de Covington & Burling indique par exemple que les sommes offertes à chacun varient considérablement, des modiques 2 279 francs suisses (2 580 euros courants) de M. Descotes, qui n'a semble-t-il joué qu'un rôle mineur dans le dispositif, aux 46 445 francs suisses (52 584 euros courants) de M. Faccini, discrètement versés sur un compte en Suisse. La moyenne se situe sur 1991 autour d'une dizaine de milliers de francs suisses par consultant. Ces rémunérations sont toutefois très inférieures à celles des consultants britanniques dont certains sont payés jusqu'à dix fois plus.

 

Ces sommes ne sont pas des crédits de recherche. A quels services correspondent-elles ? Souvent, les documents ne l'explicitent pas. "J'ai été contacté, au début des années 1990, par un toxicologue britannique du nom de George Leslie qui m'a proposé de faire partie d'un groupe de scientifiques intéressés par l'étude de la pollution de l'air intérieur, raconte Jacques Descotes, seul "consultant" que nous ayons réussi à joindre et à faire réagir à sa présence dans les "tobacco documents". J'ai accepté, mais mon seul contact a toujours été George Leslie et je n'ai jamais eu de liens avec Philip Morris ou Covington & Burling. Je n'ai jamais été payé. Les 2 279 francs suisses dont il est question dans les documents sont vraisemblablement les frais liés aux coûts de mes participations à des conférences."


Un courrier d'avril 1992, envoyé par George Leslie à Covington & Burling, indique toutefois que M. Descotes a facturé des honoraires pour sa présence à une conférence à Athènes (Grèce) en 1992, sans toutefois en préciser le montant. Pour ce même événement, André Rico et Alain Viala ont réclamé 4 000 francs français (830 euros courants) par jour, comme le montrent les factures qu'ils ont établies à l'intention de George Leslie... Toutes ces réunions scientifiques sur la qualité de l'air intérieur sont co-organisées par l'association Indoor Air International (IAI), dont George Leslie est le coordinateur. Les "tobacco documents" l'indiquent sans ambiguïté : tout est financé par l'argent du tabac et mis en musique par George Leslie, sous la supervision de ses maîtres. Ces conférences sont l'un des éléments-clés de la stratégie des cigarettiers pour relativiser les risques liés au tabagisme passif.

 

"Au début, j'avoue ne pas m'être trop posé la question de la provenance de tout cet argent qui servait à organiser ces conférences, toujours tenues dans des cadres agréables. Je n'ai appris qu'incidemment, par un autre membre du groupe, que l'argent provenait de Philip Morris, poursuit M. Descotes. Au départ j'ai imaginé que l'objectif était de constituer un réseau de taupes dans la communauté scientifique et médicale, des sortes d'agents dormants qui pourraient être "réveillés". Comme je n'avais pas l'intention d'être jamais "réveillé", cela ne me posait pas de problème. Aujourd'hui encore, je ne comprends pas l'intérêt qu'ils pouvaient avoir dans l'organisation de ces conférences sur l'air intérieur puisque aucun de nous n'était spécialiste du tabac et qu'il n'était presque jamais question de tabagisme passif..."


L'explication est simple. On la trouve notamment dans un mémo de 1990 de Covington & Burling adressé à Philip Morris, présentant une conférence à venir à Lisbonne (Portugal) : "Le centre d'intérêt ne sera pas le tabac, ce sera plutôt de montrer l'insignifiance de la fumée ambiante de la cigarette, en mettant en avant les vrais problèmes de qualité de l'air", écrit Covington & Burling. Après Montréal et Lisbonne, le cabinet se félicite, dans la même note interne, de voir venir d'autres conclaves sur le sujet, organisés ou noyautés par ses "blouses blanches" : Budapest, Hanovre, Milan, Visby, Windsor, Oslo...

 

Et en France ? En 1995, 1998 puis 2001, Guy Crépat et Roland Frisch (université de Bourgogne) organisent au sein de leur institution de telles conférences sur l'air intérieur. Aux côtés d'Indoor Air International (IAI) apparaissent comme co-organisateurs deux associations scientifiques sans lien avec le tabac : la Société française de toxicologie (SFT) et l'Association pour la prévention de la pollution atmosphérique (APPA).

 

Mais l'organisation est sous influence. En 1995, près de la moitié des 18 membres du comité technique de la conférence sont des consultants payés ou confortablement défrayés par l'argent du tabac. En 1998, ils sont cinq sur six ; en 2001, ils sont quatre sur quatre.

 

Résultat ? Là encore, les scientifiques qui y participent parlent de tout ce qui peut polluer l'air intérieur - "allergènes animaux", "champignons et moisissures", "émanations des moteurs Diesel ", "virus et bactéries", "radon ", etc. - sauf du tabagisme passif.

 

Au contraire du faux colloque de McGill, ces conférences voient la participation d'une majorité de scientifiques sans lien avec le tabac, venant simplement présenter leurs travaux. Mais en excluant ou en marginalisant le tabagisme passif, les "blouses blanches" de l'IAI - qui deviendra plus tard l'International Society of the Built Environment (ISBE) - parviennent à diluer, voire à faire disparaître les risques liés à la fumée de cigarette... Dans un mémo adressé à Philip Morris en 1990, Covington & Burling l'explique sans fard : "Nos consultants ont créé la seule société scientifique au monde qui traite des questions de qualité de l'air intérieur."


D'où le rôle des cigarettiers dans la construction de l'ensemble d'un domaine de recherche et sa perception par le public, les décideurs... et les médecins eux-mêmes ! "Jusqu'en 2005, de nombreux collègues de l'Académie de médecine, tout à fait honnêtes, me demandaient si j'étais sûr que le tabagisme passif relevait bien de la santé publique et pas plutôt de la politesse", confie le professeur Gérard Dubois (CHU d'Amiens), pionnier français de la lutte contre le tabac.

 

La société savante en question - l'ISBE, donc - fonde même une revue scientifique, Indoor and Built Environment. Mais là encore, les dés sont pipés. Une étude dirigée par David Garne (université de Sydney, Australie) parue en 2005 dans The Lancet a montré qu'Indoor and Built Environment publiait une large part de travaux menés par des consultants du tabac aux conclusions favorables à l'industrie. La revue valorise aussi les "blouses blanches" qui ne parviennent pas à publier dans d'autres revues scientifiques. Selon la base de données Scopus, Guy Crépat a publié cinq articles dans toute sa carrière, dont quatre dans Indoor and Built Environment. Son compère Roland Fritsch en a un total de quatre à son actif, dont trois dans la fameuse revue...

 

Contrôle sur le contenu de conférences, contrôle sur une revue savante : l'industrie du tabac a donc eu entre ses mains d'utiles ficelles. Mais ce n'est pas tout. En juin 1990, la panique s'empare des cigarettiers : l'Agence américaine de protection de l'environnement (EPA) vient de conclure que la fumée de cigarette est un cancérogène avéré et que 3 800 Américains meurent chaque année du tabagisme passif. Ces conclusions - provisoires - sont ouvertes aux commentaires. L'industrie active ses troupes. Comme d'autres, Guy Crépat et John Faccini se muent en lobbyistes internationaux et, sans déclarer leurs liens financiers avec les cigarettiers, soumettent chacun un commentaire très critique envers la méthodologie de l'EPA. Dans sa contribution, Guy Crépat critique les statistiques utilisées par l'agence américaine, bien que n'ayant lui-même jamais publié de travaux de biostatistiques... A l'appui de son argumentaire, il cite également, en annexe, une publication d'Alain Viala, autre "blouse blanche" française de l'industrie... De son côté, John Faccini adresse en guise de commentaire à l'EPA la version anglophone de l'un de ses articles, écrit à la demande des industriels.

 

Après le lobbying transatlantique, place à l'entrisme local. Certains consultants s'immiscent dans l'APPA - qui, elle, n'a aucun lien avec les cigarettiers. Cette association de médecins et de scientifiques est un interlocuteur-clé des pouvoirs publics sur les questions de qualité de l'air. Au début des années 1990, Alain Viala devient président de son comité régional PACA-Marseille. Choquée, l'actuelle direction de l'APPA dit n'avoir jamais été informée d'un tel conflit d'intérêts, mais précise que l'association s'est séparée de M. Viala voilà plusieurs années, à la suite de la découverte d'autres malversations qui se sont soldées devant la justice...

 

Son implication dans l'APPA et son titre de professeur donnent à M. Viala toute légitimité à s'exprimer dans la presse. Le Parisien le cite le 18 octobre 1991 : il y déclare que "les risques de cancer [dû au tabagisme passif] ne sont pas certains". A l'Agence France Presse (AFP), il assure à la même époque qu'il n'y a pas de "démonstration convaincante que l'exposition à la fumée ambiante du tabac augmente les risques de cancer chez les non-fumeurs". Le professeur de médecine Stanton Glantz, spécialiste des stratégies des majors de la cigarette, y voit "la rhétorique classique de l'industrie" et note que les termes employés par M. Viala, "fumée ambiante du tabac", sont une expression inventée par les cigarettiers.

 

En France, fumer dans les lieux publics a été interdit en 2007, vingt et un ans après que les autorités sanitaires fédérales américaines ont reconnu le lien entre plusieurs maladies et le tabagisme passif. Quel est le bilan de celui-ci, en France, lors de ces deux décennies? Dans un récent Bulletin épidémiologique hebdomadaire, l'épidémiologiste Catherine Hill (Institut Gustave-Roussy) estime qu'en 2002 environ 1 100 non-fumeurs en sont morts. C'est l'une des estimations les plus basses, d'autres donnent le triple. Supposons - hypothèse basse - que l'exposition hors domicile soit responsable de la moitié du bilan : entre 1986 et 2007, le doute savamment entretenu par l'industrie serait alors responsable de quelque 10 000 morts. Et sans doute bien plus.

 


Le 2e et dernier épisode de ce dossier sera à lire dans "Science & techno" du 2 juin.

Stéphane Foucart et David Leloup

Plongée dans les "tobacco documents"

 

Pour la Journée mondiale contre le tabac, jeudi 31 mai, Le Monde s'est plongé dans les "tobacco documents", à la recherche des liens entretenus par certains chercheurs français avec l'industrie américaine du tabac. Ces documents secrets ont été versés dans le domaine public à partir de 1998, après les poursuites de 46 Etats américains contre les majors de la cigarette. Quelque 13 millions de documents, soit plus de 79 millions de pages, ont, depuis, été numérisés et sont accessibles sur un site hébergé par l'université de Californie à San Francisco, grâce à des fonds de l'American Legacy Foundation - laquelle bénéficie, par décision de justice, d'une dotation des cigarettiers pour maintenir et enrichir la Legacy Tobacco Documents Library.

http ://legacy.library.ucsf.edu

 

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25 mai 2012 5 25 /05 /mai /2012 14:10

 

We feed the World – Le marché de la faim (bande-annonce) par editionsmontparnasse

Extrait du DVD We Feed the World – Le marché de la faim
Chaque jour à Vienne, la quantité de pain inutilisée, et vouée à la destruction, pourrait nourrir la seconde plus grande ville d'Autriche, Graz... Environ 350 000 hectares de terres agricoles, essentiellement en Amérique latine, sont employés à la culture du soja destiné à la nourriture du cheptel des pays européens alors queprès d'un quart de la population de ces pays souffre de malnutrition chronique...

 

Version intégrale

 

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