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31 août 2015 1 31 /08 /août /2015 13:12

 

Source : http://www.lefigaro.fr

 

Le thé des ex-Fralib arrive chez Auchan, Carrefour, Casino, Intermarché et Franprix

Les anciens salariés de Fralib ont relancé la production de l'usine de Géménos, sous la marque 1336, en référence aux 1336 jours de lutte avec leur ancien propriétaire Unilever.

 

Scop-TI, la coopérative de production lancée par les ex-salariés de Fralib à Gémenos, a signé ses premiers contrats avec la grande distribution. La production a repris le 13 août et les premiers sachets de thés et infusions vendus sous sa marque 1336 arriveront en rayons début septembre.

C'est la concrétisation de plusieurs années de lutte. Cinq ans pile après la décision du géant anglo-néerlandais Unilever de fermer son usine de thés et d'infusions (Lipton, Éléphant) Fralib à Gémenos (Bouches-du-Rhône), les premiers sachets de Scop.Ti -qui a repris l'activité de l'usine en 2014- vont rejoindre les rayons de la grande distribution française. La Société Coopérative Ouvrière Provençale de Thés et Infusions a ainsi signé cet été des contrats avec 300 Franprix, 7 Auchan, ainsi qu'avec plusieurs Géant Casino, Casino, Carrefour, Intermarché au niveau national.

Ces centaines de magasins vendront d'ici quelques jours sa gamme «1336», en référence aux 1336 jours de lutte avec Unilever pour empêcher la fermeture et la délocalisation du site en Pologne. Le site fournira aussi Système U pour six variétés de thés à marque de distributeur (MDD), malgré la présence sur le marché d'un gros fournisseur de MDD, Pagès.

Appel d'offres avec Leclerc

Après que la coopérative qui regroupe une soixantaine de salariés (sur les 182 que comptait l'usine au temps d'Unilever) a repris la production le 13 août, ses premiers sachets seront livrés début septembre dans les Auchan de Bouches-du-Rhône et du Vaucluse s'étant engagés à les référencer, puis en octobre dans les autres enseignes. Un appel d'offres est par ailleurs en cours avec Leclerc, toujours pour la marque 1336. En revanche, aucun référencement n'a encore été acté pour la deuxième marque de la coopérative: «Scop-Ti», une gamme bio qui vise les réseaux spécialisés comme Biocoop, Naturalia, Bio C'Bon ou la Vie Claire.

 

La gamme à marque propre «1336» est déclinée en 16 parfums.

 

«On est en train de démontrer la pertinence de notre projet», estime Gérard Cazorla, ex secrétaire CGT de Fralib désormais président de Scop-Ti, même si beaucoup de chemin reste à faire. Après plus de 3 ans et demi de lutte avec Unilever et l'annulation de plusieurs plans de sauvegarde de l'emploi, les ex-Fralib avaient en effet réussi à solder le conflit avec le géant anglo-néerlandais, moyennant 19,3 millions d'euros. Une somme ajoutée à leurs indemnités de licenciements pour lancer leur projet. La coopérative compte désormais étendre le nombre de magasins référençant ses marques. Elle compte produire au terme de sa première année 250 tonnes (à comparer avec 6000 tonnes produites par an du temps d'Unilever) et frôler les 3 millions d'euros de chiffre d'affaires. À plus long terme, Scop Ti vise les bénéfices dès mi-2016 et veut atteindre 9 à 10 millions d'euros de vente d'ici 2019.

 

 

Source : http://www.lefigaro.fr

 

 

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Rappel des mobilisations locales à ce sujet

 

 

Source : http://local.attac.org/attacnimes/?Appel-au-boycott-UNILEVER-soutien

 

 

Appel au boycott UNILEVER/soutien FRALIB

 

8 décembre 2013

Samedi 7 décembre à 11h, dans l’hyper-marché Carrefour Nîmes Ouest, une vingtaine de citoyens ont appelé au boycott des marques de la multinationale UNILEVER et en premier lieu la marque LIPTON, en soutien aux salariés de FRALIB (Thé l’Eléphant, à Géménos proche de Marseille). Contre la fermeture de leur site décidée unilatéralement par la multinationale UNILEVER malgré 3 décisions de justice en leur faveur, les FRALIB voudraient relancer leur activité avec un projet de coopérative s’appuyant sur des productions locales.

Midi-Libre 10 déc 2013Cette action, comme des dizaines d’autres en France, fait suite à l’appel national pour un boycott des produits d’Unilever (Lipton, Amora, Maille, Cif, Omo, Sun, Signal, Dove, Axe, Rexona, Cornetto, Knorr,...et tant d’autres encore, voir ci-après). Cette incitation au boycott a pour but d’exiger de la multinationale Unilever (51 milliards d’euros de chiffre d’affaires et 5 milliards de profits nets en 2012) :
- la cession du nom de marque « Éléphant » (qu’UNILEVER a pourtant décidé d’abandonner au profit de LIPTON !) - un certain volume de commandes pendant la période de démarrage de l’entreprise en SCOP (Société coopérative et participative).

Cette action, à l’appel local de l’association ATTAC Nîmes [1], s’est déroulée dans le calme et a permis, par la distribution de tracts, d’autocollants et la discussion, de sensibiliser à cette cause de nombreux clients et même le personnel, qui ont généralement réagi très favorablement, certains clients allant même jusqu’à vérifier qu’ils n’avaient pas mis dans leur caddie (par inadvertance certainement !) des produits de cette multinationale. Autant de monde appelé à boycotter UNILEVER, pour que vive FRALIB !

*************APPEL NATIONAL*********************************

http://www.france.attac.org/article... Nous, personnalités représentatives de diverses sensibilités, organisations et réseaux du mouvement social, politique et intellectuel, avons décidé, en accord avec les salariés de Fralib, de lancer un appel à la mobilisation citoyenne le 7 décembre prochain. Nous proposons à toutes celles et ceux qui le veulent d’organiser localement ce jour-là des actions symboliques dans les supermarchés visant à populariser le boycott d’Unilever. Une page Facebook https://www.facebook.com/liberezelephant est mise en place pour faciliter la coordination des actions au plan local. Merci à toutes et tous, et que vive l’Eléphant ! Pour que vive Fralib : boycott d’Unilever !

Une entreprise industrielle ancrée dans son territoire, la Provence. Relançant par ses commandes une production locale et écologique de plantes– tilleul, verveine, menthe...- jusqu’alors en déshérence. Liée à ses fournisseurs et à ses clients par des relations commerciales équitables et durables, avec des prix justes. Fondée sur la démocratie interne et la participation de toutes et tous aux décisions. Tel est le projet des travailleurs de Fralib à Géménos, près de Marseille, qui veulent relancer leur entreprise sous forme de coopérative. Depuis trois ans, elles et ils luttent pour obtenir de leur ancien employeur, la multinationale Unilever, le soutien minimum dont ils ont besoin pour se lancer : la cession du nom de marque « Éléphant », qu’Unilever a décidé de faire disparaitre au profit de LIPTON marque milliardaire du Groupe, et un certain volume de commandes pendant la période de démarrage.

Mais Unilever ne veut rien savoir. Bien que la justice ait refusé à trois reprises un plan social injustifiable et annulé tous les licenciements, Unilever a cessé de payer les salaires depuis le 1er avril 2013 et refuse d’accorder une aide au démarrage de leur projet. Unilever (chiffre d’affaires 2012 : 51 milliards d’euros ; profits nets : 5 milliards) veut détruire leur savoir-faire et leur collectif. Devant cette intransigeance, les Fralib avec leurs syndicats CGT et CFE-CGC ont appelé les consommateurs à boycotter toutes les marques du groupe Unilever, à commencer par LIPTON.

Alors que le chômage, la précarité et les dégâts écologiques ne font qu’empirer, le succès du projet des Fralib serait un signal d’espoir et ouvrirait la voie à d’autres possibles. Les Fralib appellent à une première journée d’action pour le boycott massif des produits Unilever le samedi 7 décembre. Répondant à leur appel, nous nous associons à cette action pour inciter Unilever à accéder aux demandes des Fralib. Leur lutte est la nôtre, celle de toutes celles et ceux qui cherchent à engager dès aujourd’hui la transition vers un autre monde, vivable.

Paul Ariès (politologue, mensuel "Les Zindignés"), Clémentine Autain (Fase-FdG), Geneviève Azam (Attac), Olivier Besancenot (NPA), Martine Billard (PG- FdG), Jean-Marc de Boni (La Nef), Benoît Borrits (Association Autogestion), Fabienne Brugel (Compagnie NAJE), Alain Caillé (sociologue), André Chassaigne (PCF-FdG), Sergio Coronado (EELV), Léo Coutelec (Miramap), Thomas Coutrot (économiste), Txetx Etcheverry (Bizi !), François Longérinas (journaliste), Dominique Méda (sociologue), Laurent Pinatel (Confédération paysanne), Xavier Renou (Les Désobéissants), Patrick Viveret (philosophe) et les salariés de FRALIB en lutte depuis plus de 3 ans.

Toutes les marques du Groupe UNILEVER sont identifiables avec ce logo :

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Notes

[1] ATTAC : Association pour la Taxation des Transactions financières et pour l’Action Citoyenne (contact : nimes@attac.org)

 

 

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Action soutien FRALIB

Nouvelle action

Communiqué de presse

19 janvier 2014

2e Action d’appel au boycott UNILEVER/soutien FRALIB (samedi 18 janvier à Nîmes).

Après la réussite de laction du samedi 7 décembre dans l’hyper-marché Carrefour Nîmes Ouest, c’est le Géant Casino de Carré Sud à Nîmes qui a été visé par une vingtaine de citoyens pour l’action d’appel au boycott des marques de la multinationale UNILEVER et en premier lieu la marque LIPTON, en soutien aux salariés de FRALIB (Thé l’Eléphant, à Géménos proche de Marseille).

Contre la délocalisation en Pologne et la fermeture de leur site décidée unilatéralement par la multinationale UNILEVER malgré 3 décisions de justice en leur faveur, les salarié-e-s de Fralib ont monté un projet de reprise du site sous la forme juridique de Scop (société coopérative et participative), qui a été reconnu économiquement viable et qui concernera une centaine de personnes. La scop « T.I » (pour Thés et Infusions) pourrait démarrer, mais Unilever refuse toujours de céder la marque « Éléphant » !

Cette action, à l’appel local de l’association ATTAC Nîmes (*), s’est déroulée dans le calme et a permis, par la distribution de tracts, d’autocollants et la discussion, de sensibiliser à cette cause de nombreux clients et même le personnel, qui ont généralement réagi très favorablement, certains clients allant même jusqu’à vérifier qu’ils n’avaient pas mis dans leur caddie des produits de cette multinationale. Autant de monde appelé à boycotter UNILEVER, pour que vive FRALIB !

ATTAC Nîmes a appelé à cette action car le projet des FRALIB représente une véritable occasion de transition écologique et citoyenne ; écologique en s’appuyant sur des productions locales et de qualité, et citoyenne par la réappropriation de l’outil de travail et le fonctionnement en coopérative.

à noter : 31 janvier et 1er février : Première rencontre européenne « L’Économie des travailleurs » chez Fralib Elle se déroulera dans l’usine occupée Fralib, les 31 janvier et 1er février 2014. Cette rencontre est une continuité des Rencontres internationales « L’Économie des travailleurs » organisées depuis 2007 à partir de l’expérience des entreprises récupérées et d’autres mouvements pour l’autogestion du travail en Amérique latine. Cette rencontre s’annonce déjà comme un succès comme en témoignent les nombreuses inscriptions d’acteurs de reprises d’entreprises par les salariés, de militants et sympathisants de ces expériences venant d’Allemagne, de Catalogne, d’Espagne, de France, de Grèce, d’Italie, du Pays Basque, du Royaume-Uni et de Serbie sans compter une présence significative de latino-américains (Argentine, Brésil, Mexique). Vous trouverez ci-joint le dépliant de l’événement. Elle se déroulera dans l’usine occupée Fralib – 500, avenue de Bertagne, 13420 Gémenos. http://www.autogestion.asso.fr/?p=3841 (*) : ATTAC : Association pour la Taxation des Transactions financières et pour l’Action Citoyenne (contact : nimes@attac.org)

 
 

 

 

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30 août 2015 7 30 /08 /août /2015 14:38

 

Source : http://www.lexpress.fr

 

Japon: des dizaines de milliers de manifestants pacifistes à Tokyo

 

Par LEXPRESS.fr avec AFP , publié le , mis à jour à

 

 

 

 

Manifestation devant le Parlement japonais pour protester contre les lois militaires voulues par le Premier ministre Shinzo Abe, le 30 août 2015 à Tokyo

Manifestation devant le Parlement japonais pour protester contre les lois militaires voulues par le Premier ministre Shinzo Abe, le 30 août 2015 à Tokyo

afp.com/TORU YAMANAKA

 

Quelque 120 000 manifestants sont descendus dans la rue, à Tokyo notamment, pour protester contre les lois de remilitarisation de l'armée japonaise et le Premier ministre Shinzo Abe.

 

Des dizaines de milliers de personnes se sont rassemblées devant le Parlement, ce dimanche à Tokyo, pour protester contre de nouvelles lois visant à élargir les prérogatives de l'armée japonaise. Ils témoignent d'une mobilisation grandissante dans le pays, alors que le chef du gouvernement conservateur, Shinzo Abe, et son Parti libéral démocrate (PLD) espèrent faire adopter ces lois au cours de la session parlementaire qui se termine fin septembre. 

"Non à la guerre"

 

Malgré un temps pluvieux, les manifestants s'étaient déplacés nombreux, brandissant des pancartes disant "oui à la paix, non à la guerre". Dans la foule, une immense banderole ornée de ballons de couleur blanche et noire, réclamait la démission du Premier ministre. 

 
 

Aux côtés des membres de l'opposition, dont le dirigeant du Parti démocrate du Japon (PDJ), Katsuya Okada, avaient pris place des étudiants - certains ont même entamé jeudi une grève de la faim - de jeunes parents, des seniors, mais aussi des artistes tels que le compositeur Ryuichi Sakamoto. 

A travers cette réforme, le gouvernement souhaite étendre à un théâtre de conflit extérieur la notion de défense des intérêts du pays, au lieu de la cantonner au seul territoire national. L'armée japonaise aurait ainsi la possibilité d'épauler à l'extérieur un allié en difficulté, en premier lieu les Etats-Unis, dans le cadre d'un schéma dit de "défense collective", même si le Japon n'est pas directement menacé. 

120 000 à Tokyo
 

Mais cette extension des prérogatives des Forces d'autodéfense nippones fait craindre aux Japonais de voir leur pays pris au piège dans un conflit lointain. Au fil des décennies, ils sont devenus très attachés au pacifisme inscrit dans l'article 9 de la Constitution. 

Ils étaient 120 000 dans la rue à Tokyo, selon les organisateurs, 30 000 selon la police, tandis que d'autres actions de protestation avaient lieu à travers le Japon. A Nagoya, un groupe de mères avait improvisé un rassemblement près de la gare, scandant "Protégez nos enfants!". 

Pour Shinzo Abe et ses partisans, ces lois - salués par les Etats-Unis - sont nécessaires face à une Chine qui monte en puissance et une Corée du Nord imprévisible. 

 

 

 

Source : http://www.lexpress.fr

 

 

 

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30 août 2015 7 30 /08 /août /2015 13:25

 

Source : http://www.mediapart.fr

 

Rencontre avec Yanis Varoufakis : « Il est temps d’ouvrir les boîtes noires »

|  Par christian salmon

 

 

Il y a une semaine, l'ex-ministre grec des finances Yanis Varoufakis était en France à l’invitation d’Arnaud Montebourg. J’ai eu la chance de le rencontrer, une occasion de dépasser le personnage-écran, narcissique et provocateur, que les médias ont construit et véhiculé dans le but de le décrédibiliser. C'est un homme chaleureux, ouvert à la discussion et préoccupé non seulement par l'avenir de son pays mais par celui de l'Europe.

 

Avec son crâne rasé, sa veste en cuir et ses chemises bleu électrique, il a fait irruption sur les écrans du monde entier comme un personnage d’une série TV, larger than life, une sorte de “House of Cards” à l’européenne au cours de laquelle les formes et les exigences de la délibération démocratique ont été sacrifiées par les médias à la dramaturgie des événements et aux exigences purement narratives de l’intrigue. Dans cette nouvelle saison de la crise grecque, “It’s the romance not the finance” (c’est la romance pas la finance) qui a fait les beaux jours et les audiences de la médiasphère (lire Grèce contre Europe: la guerre des récits). Mais au-delà du personnage-écran, narcissique et provocateur, que les médias ont construit et véhiculé, qui est Yanis Varoufakis ?

 

Les médias l’ont d’abord adoré. Comparé à Bruce Willis par la chaîne publique de TV allemande ZDF, félicité pour sa « virilité classique » par Stern, qualifié de « sex icon » par le journal Die Welt proche des milieux conservateurs d’Angela Merkel, Varoufakis a fait l’unanimité des médias qui ont reconnu en lui un « intéressant personnage », une story. La palme revint au magazine Stylebook qui fit ce commentaire : « Son style cool est quelque chose que vous ne pouvez pas manquer », sous le titre :  « Pauvre mais sexy ! ». Mais les négociations se durcissant, les commentaires ont changé, son look n’était plus si cool, on lui trouva soudain des airs de « videur de boîte de nuit ». « Les tenues décontractées qu’affiche M. Varoufakis, affirmait The Financial Times, vont bien au-delà d’une question de style. Elles symbolisent le message selon lequel Syriza, le parti de la gauche radicale au pouvoir à Athènes, est un mouvement anti-establishment dont l’intention est de défier l’orthodoxie dont l’Allemagne est le chef de file. » La responsable de la rubrique “Fashion” du Guardian observait que le style de Varoufakis a marqué les esprits à Londres. « Une veste en cuir et une chemise jazzy, ce n’est pas une tenue habituelle pour une réunion internationale des finances »

Les semaines passant, les éditorialistes ne tardèrent pas à percevoir le danger de la « Varoufmania » naissante. Le nouveau ministre des finances grecs était en train de devenir un héros populaire. Le duel Varoufakis/Schäuble (le ministre allemand de l'économie) menaçait de tourner à l’avantage du premier. Car tout opposait les deux ministres des finances : la génération, le style, la « culture » politique. L’héritier d’Helmut Kohl était le survivant d’une génération politique disparue pendant que son collègue grec incarnait l’avenir et s’affichait avec Barack Obama. L’inflexible Dr Schäuble défendait les intérêts nationaux de l’Allemagne quand Varoufakis parlait au nom de l’Europe. L’un, rugueux et minéral, appartenait à la galaxie Gutenberg, coulé dans le marbre de l’expérience vécue. L’autre à la planète Internet, mobile, flexible, adaptable…

 

Wolfgang Schäuble et Yanis VaroufakisWolfgang Schäuble et Yanis Varoufakis © Reuters
 

On pourrait multiplier à l’infini le jeu des oppositions, un contraste saisissant entre deux univers narratifs, une caractérisation idéale pour un scénariste. Plus les nécessités de l’intrigue s’imposaient, plus s’éloignait la perspective d’un compromis. L’arbitrage entre des intérêts contradictoires s’effaçait au profit d’un affrontement fictif qui échappait aux lois de la négociation pour obéir aux lois d’une intrigue dont la résolution ne pouvait être que le triomphe du vainqueur et l‘humiliation du vaincu.

Le ton changea brusquement. Ce qui était surprenant devint déplacé. Le radical chic céda la place au « choc Varoufakis », le « cool » devint une faute de goût sur la scène très « policée » des « institutions ». On alla jusqu’à diffuser sur une grande chaîne allemande une vidéo où il faisait un doigt d’honneur à l’intention des Allemands. Varoufakis au pays du fake ! « Pas les mêmes codes, pas les mêmes référents, pas les mêmes manières de se comporter… », trancha la correspondante du Monde à Bruxelles : « Le look très rock de M. Varoufakis, son côté Bruce Willis – crâne rasé, carrure athlétique, chemise ouverte et col de veston relevé –, avec l’air de monter sur le ring à chaque fois qu’il arrive aux réunions de l’Eurogroupe, le dessert. »

Comment cet homme qui a fait irruption sur la scène médiatique il y a moins d’un an a-t-il attiré tant de haines de la part des dirigeants européens et des médias dominants ? Quel genre d’homo politicus est-il ? Est-ce un brillant économiste égaré dans la politique ? Un piètre négociateur qui a échoué à convaincre ses partenaires européens ? Un donneur de leçons ? Un provocateur comme l’ont décrit à longueur d’articles les médias dominants ? Comment distinguer l’homme réel de l’homme fictif ? Varoufakis de son fake ? Est-il un excellent économiste mais un mauvais politicien selon les mots d’Alexis Tsipras dont l’histoire dira s’il fut un meilleur politicien ? Un marxiste hétérodoxe comme il s’est défini lui-même dans un essai autobiographique écrit bien avant sa nomination et publié par The Guardian en février dernier ? Pourquoi cet homme qui a fait irruption sur la scène médiatique voilà moins d’un an a-t-il attiré tant de haines de la part des dirigeants européens et des médias dominants ? Qui a peur de Yanis Varoufakis ?

Je voudrais dans cet article tenter de répondre à ces questions. Pour cela, il faut bien sûr chasser les fantômes, débrancher les écrans et faire un sort aux images médiatiques et aux fausses rumeurs qui ont pollué son action pendant les cinq longs mois de la guérilla médiatique qui l’a opposé aux représentants actuels de l’Union européenne. Mais pourquoi s’y attarder ? Les lecteurs de Mediapart sont bien informés et savent ce que valent ces figures imposées… Pour comprendre quel genre d’homme politique est Yanis Varoufakis, il ne suffit pas de tourner le dos au personnage public construit par les médias. Il faut tenter de comprendre son rapport à la politique au-delà de la fonction ministérielle qu’il a exercée pendant cinq mois.

Lanceur d’alerte

« Je suis ici, me dit-il, parce que ce qui nous est arrivé est en train de vous arriver. La Grèce est un champ de bataille sur lequel une guerre contre la démocratie européenne, contre la démocratie française, a été tentée et testée... Je suis ici parce que notre Printemps d'Athènes a été écrasé, comme le fut celui de Prague. Bien sûr pas par des tanks, mais par des banques. Comme Bertolt Brecht l'a dit une fois "Pourquoi envoyer des assassins quand nous pouvons recourir à des huissiers ?" Pourquoi faire un coup d'État quand vous pouvez envoyer le président de l'Eurogroupe dire, au nouveau ministre des finances d'un gouvernement fraîchement élu, trois jours après son entrée en fonction, qu'il a le choix entre le programme d'austérité antérieur qui a plongé son pays dans une énorme dépression, ou la fermeture de ses banques nationales ? Pourquoi envoyer des troupes quand des visites mensuelles de la Troïka peuvent contrôler chaque branche du gouvernement et écrire chaque loi du pays ? »

Pour Varoufakis, la Grèce est le laboratoire de cette stratégie du choc dont parlait Naomi Klein et qui sera appliquée, si elle n’est pas combattue, à toute l’Europe. « À ceux qui disent "plus d'Europe" et parlent en faveur d'une "union politique", je dis : méfiez-vous ! L'Union soviétique était aussi une union politique. La question est : Quel genre d'union politique ? Un royaume démocratique de prospérité partagée ? Ou une cage de fer pour les peuples d'Europe ? »

On peut bien sûr discuter de sa stratégie de négociation sauf à considérer comme il l’a démontré à maintes reprises qu’il n’y a pas eu de négociation et qu’il a fait la seule chose qu’il pouvait faire : en appeler à l’opinion publique en l’éclairant, en l’informant, en brisant le secret des délibérations en s’efforçant de créer une opinion publique européenne. « Notre longue négociation de cinq mois fut un conflit entre le droit des créanciers de gouverner un pays débiteur et le droit démocratique des citoyens de cette nation d'être autogouvernés. Il n'y a jamais eu une négociation entre l'UE et la Grèce en tant qu'État membre de l'UE » (lire Un insider raconte comment l'Europe a étranglé la Grèce).

 

Yanis Varoufakis
Yanis Varoufakis © Reuters
 

Par ses déclarations et ses écrits, Varoufakis a jeté une lumière crue sur le fonctionnement de la maison Europe. S’il n’a pas réussi à faire plier la « Troïka », il a démonté les rouages de son pouvoir comme personne avant lui. Il a éclairé la scène de la « dette », une scène confuse où se mêlent les visages impuissants des gouvernants et le pouvoir sans visage de la Troïka, les créanciers voraces, les fonctionnaires de Bruxelles, des instances anonymes, « les marchés » qu’on invoque comme des divinités. Il a mis au jour les contradictions entre le FMI et l’Union européenne sous influence allemande : un conflit entre le néolibéralisme anglo-saxon (dérégulation, intervention de l’État, financiarisation) et l’ordolibéralisme allemand (empire de la « norme », de la faute de l’endettement, la rigueur budgétaire réparatrice...). Il a démystifié la croyance collective des élites bureaucratiques en la performativité des normes juridiques contenues dans les traités européens. L’empire du « chiffre » et de la « norme » qui substitue aux leçons de l’histoire économique des rituels d’obéissance et de sacrifices. Une grammaire du blâme et de la punition qui structure le langage des élites bureaucratiques et médiatiques. « Une des grandes ironies de cette négociation, c’est qu'il n'y a pas eu de discussion macro-économique au sein de l'Eurogroupe. Tout est basé sur des règles, comme si les règles étaient un don de Dieu et comme si les règles pouvaient s’imposer aux règles de la macroéconomie. J’ai insisté pour parler macroéconomie ! »

Si Yanis Varoufakis met au supplice les professionnels de la politique, c’est qu’il est le premier leader politique qui a compris que la politique européenne ne peut survivre à l’opacité de ses délibérations, et en a tiré toutes les conséquences. Le modèle des partis nationaux représentés à Bruxelles est devenu obsolète. L’Eurogroupe est une institution sans existence légale, un groupe informel qui pilote l’Eurozone sans contrôle démocratique. L’institution chargée de faire appliquer les sacro-saintes règles ordolibérales fonctionne sans règles.

Au cours d’une réunion de l’Eurogroupe, raconte Varoufakis, le Dr Schäuble a déclaré : « Les élections ne peuvent pas changer quoi que ce soit. Si à chaque fois qu'il y a une élection les règles changeaient, l'Eurozone ne pourrait pas fonctionner. » Reprenant la parole, Varoufakis lui répond : « S'il est vrai que les élections ne peuvent rien changer, nous devrions être honnêtes et le dire à nos citoyens. Peut-être devrions-nous amender les traités européens et y insérer une clause suspendant le processus démocratique dans les pays obligés d'emprunter auprès de la Troïka. Mais, a-t-il demandé à ses collègues ministres, est-ce que l'Europe est d'accord avec ça ? Est-ce que nos peuples ont voté pour ça ? » Une réplique digne de l’arpenteur de Kafka ! Varoufakis serait-il l’arpenteur d’un empire envoûté, gouverné par les sortilèges et la pensée magique, chargé non plus de mesurer les distances réelles dans un monde réel mais de spéculer dans un monde envoûté où la raison et la mesure n’ont plus de prises. « Vous mettez en avant un argument que vous avez vraiment travaillé – pour vous assurer qu'il est logique et cohérent – et vous êtes juste face à des regards vides. » Une mécanique particulièrement troublante « pour quelqu'un qui a l'habitude des débats académiques », avoue l’économiste.

Plus le temps passera, plus on se rendra compte que Yanis Varoufakis n’a pas été seulement l’éphémère ministre des finances du premier gouvernement Tsipras, mais un fantastique éclaireur de la scène politique européenne. C’est un héritier de la tradition des Lumières convaincu des vertus de la délibération démocratique et du débat rationnel. Il bouleverse les codes de la politique européenne par une manière inédite de négocier en associant l’opinion publique, en mettant l’accent sur la rationalité dans la discussion. Économiste par accident, marxiste hétérodoxe. politicien malgré lui, Varoufakis appartient à cette nouvelle génération politique des lanceurs d’alerte qui a remplacé les militants ambiguës de l'action humanitaire et du droit d'ingérence. Les Julien Assange ou les Edward Snowden, accusés comme lui de haute trahison, car ils sont prêts à transgresser les règles du secret au nom d’un intérêt plus haut, celui de la démocratie.

Varoufakis en “parrêsiaste”

Pour Varoufakis, le temps est venu de réinventer une nouvelle « agora » européenne, un réseau dont l'objectif  explicite soit la démocratisation de l'Europe. « Je n'ai pas d'autre passion que de contribuer à réinventer la démocratie en Europe. » Non pas un nouveau parti politique, mais une coalition paneuropéenne de citoyens, de Helsinki à Lisbonne et de Dublin à Athènes, s'engageant à passer d’une Europe signifiant « Nous, les gouvernements » à l'Europe du « Nous, le peuple ». « Voilà pourquoi il est si important que nous évitions de commencer des phrases par "Les Allemands ceci" ou "Les Français qui" ou "Les Grecs". Voilà pourquoi il est impératif que nous comprenions que "les" Allemands, "les" Grecs ou "les" Français n'existent pas. Que nous sommes tous des Européens face à une crise éminemment européenne.
 »

Mais comment faire pour créer une nouvelle agora démocratique en Europe ?

Cela pose de redoutables problèmes même si ces problèmes ne sont pas nouveaux. Michel Foucault en a reconstitué la généalogie au tournant du Ve et du IVe siècle à Athènes, justement. Il a décrit la crise de la démocratie athénienne à la fois comme un problème discursif, le paradoxe du « parler-vrai » en démocratie (la parrêsia), et comme un déplacement de la « scène » du politique : de l’« agora » à l’« eklésia » – c’est-à-dire de la « cité » des citoyens à la « cour » des souverains. (Nous dirions aujourd’hui : de la place publique aux tours vitrées de Bruxelles.)

Réinventer une agora démocratique pose donc un double problème : un problème scénographique – le changement de la scène démocratique – et un problème discursif – à quelle condition la parole publique peut s’exercer démocratiquement.

1. Le problème de la scène démocratique. Depuis l’agora des Grecs jusqu’aux réseaux sociaux d’aujourd’hui, en passant par les chambres parlementaires et leur règlement, la démocratie dépend de dispositifs concrets d’énonciation, de transmission, de réception, de la parole. Dans quel ordre vont s’exprimer les orateurs ? Comment leur parole est-elle retransmise : grâce à l’acoustique du lieu, ou par des moyens de retransmission comme la radio, la télévision, ou Internet ? Quelle est la forme du droit de réponse utilisée par les citoyens ? S’effectue-t-il en direct, sous la forme de questions écrites, par l’intermédiaire des journalistes, ou par la voie d’une interpellation directe à la tribune ou comme c’est le cas aujourd’hui au cours des débats à la télévision par Twitter interposé ? C’est toute la question de l’acoustique démocratique. Reste la question du temps. Qui décide de l’ordre du jour ? Qui dicte l’agenda des enjeux démocratiques ? Qui du gouvernement et des médias conditionnent l’agenda de l’autre ? Le timing des médias se substitue au temps long de la délibération. L’agenda politique cède le pas à l’agenda médiatique. Tel est le rôle que joue la nouvelle « agora » des internautes qui peut imposer un autre agenda politique et parfois même renverser le régime et sa mauvaise « parrêsia », en s’assemblant sur les places publiques et en exprimant sa colère…

2. Les conditions d’un « parler-vrai ». Varoufakis est un adepte du “parler vrai” dans le sens que lui a donné Michel Foucault dans son séminaire du Collège de France sur la “Parrêsia”:  une pragmatique et une éthique du discours de vérité (Le Gouvernement de soi et des autres – cours au Collège de France 1982-1983, Paris, Gallimard/Le Seuil, 2008, p. 194). La “parrêsia” selon Foucault suppose des conditions juridiques, formelles – le droit pour tous les citoyens de parler, d’opiner –, mais aussi des compétences particulières de la part de ceux qui s’expriment et prennent l’ascendant sur les autres. « Condition formelle : la démocratie. Condition de fait : l’ascendant et la supériorité de certains. » Foucault retient deux autres conditions. « Une condition de vérité : la nécessité d’un logos raisonnable. Il faut que le discours soit un "discours de vérité" ou à tout le moins inspiré par la quête de la vérité et non simplement par le désir de plaire ou de flatter l’auditoire. C’est pourquoi un discours de vérité n’est possible dans une démocratie que sous la forme de la joute, de la rivalité, de l’affrontement, ce qui exige, dernière condition, du courage de la part des individus qui prennent la parole, le courage dans la lutte. »

 

« Il est temps d’ouvrir les boîtes noires » 

Le meilleur moyen de comprendre le rapport de Varoufakis à la politique et sa conception de l’engagement public est de lire un texte peu connu qui date d’avril 2012, trois ans avant qu’il soit nommé ministre de l’économie du gouvernement d’Alexis Tsipras. Ce texte qui s’intitule « Il est temps d’ouvrir les boîtes noires » a été écrit à l’occasion d’une exposition de son épouse, l’artiste Danae Stratou (lire notre Boîte noire). C’est une métaphore de la nécessaire ré-invention de la démocratie. C’est un texte politique non pas dans un sens étroit, celui d’un programme électoral ou d’une analyse politique ; son titre le dit assez, c’est un “geste” politique qui dessine une autre manière de faire de la politique.

 

Photo de l'exposition de Danae Stratou Photo de l'exposition de Danae Stratou © DR
 

« Nous vivons entourés de boîtes noires, m’explique Varoufakis. Nos téléphones portables sont des boîtes noires et nous n’avons nul besoin d’en connaître le fonctionnement précis pour les utiliser. Les personnes qui nous entourent sont aussi des boîtes noires, même celles que nous connaissons le mieux, nous ignorons tout des métabolismes qui sont à l’œuvre dans leur corps, de l’activité de leurs neurones quand elles nous parlent ou nous écoutent. Et cela ne nous empêche pas de les comprendre et de les aimer. » Mais il y a d’autre boîtes noires : « Les entreprises, les marchés, les États, les banques, les institutions supranationales sont des super-boîtes noires. Des réseaux interconnectés de pouvoirs qui fonctionnent dans l'opacité mais qui contrôlent nos vies. Personne ne comprend comment elles fonctionnent, pas même les personnes à leur tête. Elles détiennent le pouvoir d’écrire l'ordre du jour, de déterminer la conversation, d'implanter des désirs dans nos âmes, de canaliser le flux d'informations pour nous attirer dans le réseau. L’ouverture de ces super-boîtes noires est devenue une condition préalable indispensable à la survie des populations et de la planète. Car ces boîtes noires depuis 2008 ne fonctionnent plus. Nous n’avons plus d’excuses. Il est temps d’ouvrir ces boîtes noires. »

 

 

Boîte noire : L’œuvre de Danae Stratou est un projet participatif. L’artiste a proposé à un éventail de personnes contactées par les réseaux sociaux d’exprimer par un mot leur inquiétude, leur peur de l’avenir ou leur besoin de protection. Parmi un millier de réponses, elle a choisi une centaine de mots qu’elle a déposés dans 100 “boîtes noires” en aluminium, alignées au sol à égale distance les unes des autres, de manière à former une grille rectangulaire. L’installation constitue donc une sorte d’échiquier des frayeurs contemporaines. En entrant dans l'espace d'exposition, le spectateur est confronté à un mélange de sons, des bips, des battements cardiaques, des explosions et des lignes plates. Chaque boîte contient un écran sur lequel s’affichent les mots sélectionnés par l’artiste et un compte à rebours qui dramatise l’écoulement des secondes comme dans une bombe à retardement. Lorsque le compte à rebours est écoulé, chaque boîte émet le son d’une explosion, de manière à intensifier la sensation de tension, de crise et d'alarme…

 

 

 

 

Source : http://www.mediapart.fr

 

 

 

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27 août 2015 4 27 /08 /août /2015 21:14

 

Source : http://www.la-croix.com

 

 

Première victoire judiciaire pour les « électrosensibles »

Le tribunal des contentieux de l’incapacité de Toulouse a accordé une allocation adule handicapé (AHH) à une femme souffrant du « syndrome d’hypersensibilité aux ondes électroniques ».

 

26/8/15 - 18 H 18

 

 

 

12 juillet 2001 une antenne de transmission et de relai de téléphone mobile et portable fixée sur...

/AFP PHOTO JACK GUEZ

 

12 juillet 2001 une antenne de transmission et de relai de téléphone mobile et portable fixée sur le toit d'un immeuble à Paris.
 

Les associations espèrent que cette décision permettra la reconnaissance de ces troubles qui ne sont toujours pas considérés comme une maladie en France

 

C’est de chez elle, via un téléphone fixe, que Marine Richard raconte son histoire. « Pour installer ma ligne, il a fallu creuser dans la montagne », confie cette femme de 40 qui, depuis trois ans, vit en Ariège dans une bergerie totalement isolée.

« Sans électricité et coupée de la route », précise cet écrivain, ancienne réalisatrice de documentaires, qui pourrait bien devenir la figure de proue des « électrosensibles », ces personnes souffrent de problèmes de santé liés selon elles aux ondes électromagnétiques, émises notamment par le wi-fi et à la téléphonie sans fil.

 

Reconnaissance d’un handicap

En juillet, Marine Richard a obtenu la reconnaissance de son handicap par le tribunal du contentieux de l’incapacité de Toulouse. Cette instance a estimé que son « syndrome d’hypersensibilité aux ondes électroniques » lui donnait le droit à une allocation d’adulte handicapé (AHH) de 800 € par mois.

Une « première importante » pour Étienne Cendrier, porte-parole de l’association Robin des Toits, qui a rendu publique la décision du tribunal ce mardi. « On espère bien que cela permettra d’aboutir à la reconnaissance en France du syndrome d’electro-hypersensibilité », souligne-t-il.

 

« Des céphalées, des troubles cardiaques, digestifs et neurologiques »

Les problèmes de santé de Marine Richard ont débuté en 2010. « Lorsque j’ai installé le wi-fi chez moi à Marseille. Rapidement, j’ai été touchée par de gros problèmes de concentration qui ont cessé quand j’ai retiré le wi-fi, raconte-elle. Mais ensuite, j’ai développé des troubles liés au wi-fi de mes voisins ou à des antennes-relais proches de mon domicile. J’ai donc été obligée d’aller vivre ailleurs, dans des endroits sans ondes. Pendant plusieurs mois, j’ai vécu dans ma voiture, dans une roulotte ou dans des bois ».

Aujourd’hui, Marine Richard voit revenir ses symptômes dès qu’elle passe plusieurs heures « exposée à des champs électromagnétiques » en dehors de chez elle. « Je développe alors des céphalées souvent très intenses, des troubles cardiaques, digestifs et surtout neurologiques, avec des pertes de mémoire », détaille-t-elle.

 

Un premier échec en Ariège

En 2013, Marine Richard s’est adressée à la maison départementale du handicap (MDPH) de l’Ariège pour obtenir une allocation adulte handicapé. « Ces dernières années, plusieurs MDPH en France ont accordé cette allocation à des personnes électrosensibles », explique Manuel Hervouet, fondateur du Collectif des électrosensibles. L’an passé, la MDPH de l’Essonne a aussi octroyé une aide financière à un homme de 22 ans pour qu’il puisse protéger des ondes son logement.

En Ariège, Marine Richard s’est heurtée à un refus de la MDPH, ce qui l’a conduit à saisir le tribunal de Toulouse. Celui-ci a nommé un expert médical, qui a constaté l’existence d’un « syndrome d’hypersensibilité aux ondes électromagnétiques ». « La description des signes cliniques est irréfutable. La symptomatologie disparaît dès que les causes sont éliminées. Mais cette élimination impose un mode de vie qui ne permet pas la moindre suspicion de simulation. En milieu protégé, le handicap est en nul, en milieu hostile, il peut atteindre 100 % », souligne l’expert, cité dans le jugement.

 

Une première qui engendre de l’espoir

Les associations espèrent que cette décision incitera la médecine à reconnaître ces troubles. Pour l’instant, l’Organisation mondiale de la santé reste prudente. L’hypersensibilité électromagnétique (HSEM) « est caractérisée par divers symptômes non spécifiques qui diffèrent d’un individu à l’autre », estime-t-elle.

« Ces symptômes ont une réalité certaine et peuvent être de gravité très variable. Il n’existe ni critères diagnostiques clairs pour ce problème sanitaire, ni base scientifique permettant de relier les symptômes de la HSEM à une exposition » aux champs électromagnétiques, souligne l’instance internationale dans un avis de 2005. « En outre, la HSEM ne constitue pas un diagnostic médical », ajoute l’OMS.

En France, l’Agence française de sécurité sanitaire de l’environnement (Asnes) estimait en 2009 qu’« aucune preuve scientifique d’une relation de causalité entre l’exposition aux radiofréquences et l’hypersensibilité électromagnétique n’a [vait] pu être apportée jusqu’à présent ». Cette agence, où aucun expert ne pouvait être joint hier, doit rendre un nouveau rapport sur le sujet début 2016.

 

 

 

26/8/15 - 18 H 18

 

 

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Source : http://www.la-croix.com

 

 

 

 

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27 août 2015 4 27 /08 /août /2015 21:02

 

Source : http://www.lemonde.fr

 

 

Les « engagements volontaires » de la grande distribution contre le gaspillage alimentaire

Le Monde.fr avec AFP | • Mis à jour le | Par

 

 

Les distributeurs ont signé jeudi 27 août une convention interdisant la destruction d’invendus consommables.

 

A la contrainte d’une loi qu’elle redoutait, la grande distribution a donc préféré le volontariat. Convoquées, jeudi 27 août, par la ministre de l’écologie, Ségolène Royal, les principales enseignes ont accepté de signer une « convention d’engagement volontaire en faveur de la lutte contre le gaspillage alimentaire ».

 

Depuis que le Conseil constitutionnel avait, le 13 août, censuré pour des raisons de procédure les dispositions « antigaspi » inscrites dans la loi de transition énergétique, Mme Royal avait décidé de « mettre la pression » sur la filière, pour la pousser à s’impliquer davantage. La convention n’a pas encore été signée, mais toutes les enseignes présentes (Système U, Auchan, Intermarché, Lidl, Picard, Carrefour, Simply Market, Monoprix, Casino, Cora, Leclerc et ALDI), soit la quasi-totalité du secteur de la grande distribution, ont annoncé leur intention de la ratifier. Ces derniers jours, les responsables de plusieurs marques, notamment Leclerc et Système U, s’étaient pourtant irrités d’être montrés du doigt par la ministre. Ils ont finalement choisi d’enterrer la hache de guerre.

L’accord reprend les principales dispositions qui avaient été censurées par le Conseil constitutionnel. Priorité sera donnée à la prévention du gaspillage. Toutes les surfaces de vente de plus de 400 m2 devront signer des conventions de don de denrées alimentaires avec des associations caritatives habilitées. En outre, la destruction d’invendus encore consommables, notamment par javellisation, sera interdite.

 

Lire la synthèse : La France fait la chasse au gaspillage alimentaire

La date limite d’utilisation optimale supprimée sur certains produits

En contrepartie de cet engagement des professionnels, la ministre a mis de côté les sanctions initialement prévues par la loi, soit une amende de 3 750 euros en cas de destruction délibérée de stocks alimentaires encore consommables. Toutefois, a-t-elle prévenu, « il faudra vérifier que les engagements sont tenus ». Un « point d’étape » sera fait dans trois mois et, si le dispositif retenu n’est pas appliqué, la ministre aura recours à « une disposition législative ».

« Cet engagement est pour nous doublement positif, s’est félicité, au sortir de la réunion, Jacques Creyssel, délégué général de la Fédération des entreprises du commerce et de la distribution (FCD). D’une part, la ministre a reconnu le caractère exemplaire de la grande distribution, qui donne chaque année l’équivalent de 120 millions de repas et qui ne contribue que pour 5 à 10 % au gaspillage alimentaire. D’autre part, nous avons décidé de travailler dans un cadre contractuel, qui permet de ne pas passer par la loi. »

Mme Royal a par ailleurs promis « l’application immédiate » de deux mesures de la loi de transition énergétique qui ont échappé à la censure du Conseil constitutionnel. D’une part, la mise en place, avant le 1er septembre 2016, d’une « démarche de lutte contre le gaspillage » au sein des services de restauration collective gérés par l’Etat et les établissements publics (écoles, collèges, lycées, hôpitaux, maisons de retraite…), qui représentent « des millions de repas » quotidiens.

D’autre part, la suppression de la date limite d’utilisation optimale (DLUO) sur certains produits non périssables, comme le sucre ou le vinaigre. Cette date, explique la ministre, « est souvent source de confusion pour le consommateur qui l’apparente à une date limite de consommation (DLC) ».

Mme Royal, qui a indiqué que cinquante-huit « territoires zéro déchet, zéro gaspillage » sont déjà en place — un nouvel appel à projets aura lieu en octobre —, a aussi annoncé le lancement d’une « campagne nationale de mobilisation de tous les acteurs contre le gaspillage alimentaire ».

 

Regarder notre grand format : Les glaneurs des villes

 

 

 Pierre Le Hir
Journaliste au Monde


 

 

 

Source : http://www.lemonde.fr

 

 

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27 août 2015 4 27 /08 /août /2015 20:27

 

Source : http://www.humanite.fr

 

 

 
Attac secouée, mais pas démobilisée
Grèce
Cécile Rousseau
Jeudi, 27 Août, 2015
L'Humanité

 

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AFP
 
L’université d’été d’Attac a débuté mardi soir à Marseille par un constat amer de la situation politique grecque, mais déjà des mobilisations européennes se profilent à la rentrée.

Marseille (Bouches-du-Rhône), envoyée spéciale.  Un parfum de déception flotte sur Marseille. Alors que s’ouvrait, mardi soir, l’université d’été d’Attac dans la cité phocéenne, sur le thème : « Climat, dette, austérité : ça va chauffer ! », l’attention était focalisée vers d’autres rivages de la Méditerranée. Depuis l’annonce de la démission du premier ministre grec, Alexis Tsipras, et la tenue de nouvelles élections en septembre, c’est un peu la douche froide dans les milieux militants et altermondialistes.

Dans le grand amphithéâtre du campus de l’université Saint-Charles, lors de la séance plénière intitulée « Quelle Europe possible ? », Aurélie Trouvé, coprésidente du conseil scientifique d’Attac, ne mâche pas ses mots. « Cet espoir de rupture (la victoire de Syriza aux élections – NDLR) s’est soldé par un échec, faute d’avoir préparé une alternative politique ou de l’avoir portée suffisamment, mais aussi faute d’une solidarité européenne pour appuyer ce qui se passe en Grèce… »

 

Il ne faut pas non plus tomber dans le piège de la division politique

Pour Thanos Contargyris, économiste et membre fondateur d’Attac Grèce, il ne faut pas jeter le bébé avec l’eau du bain : « Malgré toutes ces déceptions, l’espoir n’est pas mort en Grèce. »

En juillet, la tenue du référendum dans la péninsule hellénique, son résultat triomphant en faveur de Tsipras, avait suscité un grand enthousiasme. Bien vite retombé avec l’acceptation, le couteau sous la gorge, par le gouvernement des mesures d’austérité dictées par la troïka.

Comme le raconte l’économiste grec : « L’asphyxie financière était totale, il n’y avait plus qu’un jour d’argent dans les banques, il était trop tard. Merkel et les autres ont réussi à renverser ce gouvernement en lui faisant signer quelque chose d’inacceptable. Il ne faut pas non plus tomber dans le piège de la division politique qui fait partie du même plan. »

 

Cela ne suffit pas de gagner 
les élections, il faut aller au-delà

Mais pour Éric Toussaint, président du Comité pour l’annulation de la dette du tiers-monde (CADTM) Belgique, membre de la Commission pour la vérité sur la dette grecque, si les créanciers sont les premiers responsables de cette bérézina, certaines erreurs stratégiques auraient pu être évitées par l’exécutif grec. « On ne peut pas rester dans une négociation sans créer un rapport de force clair et net », tranche-t-il. Cela ne suffit pas de gagner les élections, il faut aller au-delà. Le 20 février dernier, après trois semaines de négociations, le ministre de l’Économie grec était arrivé à un accord avec l’Eurogroupe, en s’engageant sur des 
réformes drastiques en échange d’une extension du plan d’aide financière. Selon Éric Toussaint, plutôt que de s’aventurer sur cette pente dangereuse, « à ce moment, il aurait fallu faire jouer le règlement européen n° 472 qui dit qu’un État sous ajustement structurel peut réaliser un audit de sa dette. La Grèce aurait dû suspendre le paiement le temps de l’audit ! ».

L’échec de Tsipras acté, le problème de la dette demeure entier pour tous les pays européens. Comme le souligne un des économistes de Podemos, Juan Laborda, en six ans, « en Espagne, la dette publique aura été multipliée par quatre ».

Inverser la vapeur, faire basculer la pression du côté des banques et non plus de celui du peuple demeure une nécessité impérieuse. Pour tous, cela passe par une action à l’échelle européenne. Le 15 octobre, jour du sommet des chefs d’État de l’Union européenne, des marches militantes convergeront d’un peu partout vers Bruxelles. Le lendemain, une conférence citoyenne sur la dette 
et la démocratie prolongera la mobilisation.

« Nous sommes dans des temps de crise et de douleurs, mais ce sont des douleurs d’accouchement !, exulte Pedro Arrojo, d’Attac Espagne. Cette crise nous a permis de voir quelle Europe était vraiment en train de se construire, et le remède, c’est la solidarité, la cohésion sociale ! Ni le peuple grec ni le peuple ibérique ne peuvent réussir si nous ne parvenons pas à penser cette Europe. Vous avez raison, ça va chauffer ! » s’exclame-t-il en reprenant le mot d’ordre de l’université d’été.

 

L’université d’été bat son plein  Les échanges se poursuivent jusqu’au 28 août. Aujourd’hui, un débat sur 
« la financiarisation de la société et 
de la nature », un autre sur « comment neutraliser les lobbies industriels et combattre l’impunité des multinationales » ou sur « l’instauration d’un revenu 
de base » sont au menu. Demain, les discussions tourneront autour « des ressources énergétiques et des enjeux géopolitiques » ou de la réforme du système financier, avec, notamment, 
une intervention d’Éric Toussaint sur 
la dette publique. La plénière de clôture de l’université se penchera sur le climat 
dans la perspective de la COP21.
 
 
 
 
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26 août 2015 3 26 /08 /août /2015 14:32

 

 

Sur le terrain 26/08/2015 à 10h59
Saillans fait des petits : une journée participative dans un village perché
Emilie Brouze | Journaliste Rue89

 

A Aucelon, dans la Drôme, élus et habitants planchent sur un projet de gîte pour redynamiser le village. Inspirés par les Saillanssons qui, à 25 km de là, expérimentent la démocratie participative

(D’Aucelon, Drôme) Il ne faut guère avoir le vertige pour se hisser jusqu’à ce minuscule village perché. Pas d’autre choix, d’abord, que d’emprunter la route étroite et tortueuse qui nous arrête à 755 m d’altitude. Tout en haut, les maisons sont suspendues sur un promontoire, en équilibre au milieu des montagnes. 49 citoyens sont inscrits sur les listes électorales de la commune, mais seulement dix-huit habitants vivent là à l’année.

 

Aucelon, le 24 juillet 2015 (Emilie Brouze/Rue89)

 

Aucelon se situe à 25 km de Saillans, la petite ville où au premier tour des municipales, le 23 mars 2014, les 1 199 habitants ont élu une liste collégiale. Pendant la campagne, plusieurs réunions publiques ont permis aux Saillanssons de bâtir le fonctionnement de leur mairie idéale. Voilà aujourd’hui près d’un an et cinq mois que l’équipe municipale expérimente, non sans difficultés, un fonctionnement participatif.

Un maire blasé du pouvoir pyramidal

Ici, on est loin de la démocratie participative promue par certains partis politiques qui lancent des plateformes collaboratives (qui agonisent). On est loin aussi des consultations numériques de l’Assemblée nationale sur des projets de loi. A Saillans, si Internet est utilisé comme un outil de diffusion de l’information et, parfois, de sondage, il est avant tout question de participation physique.

Depuis les élections, les Saillanssons ont reçu plus d’une centaine de sollicitations de médias, d’étudiants en sciences politiques, d’élus ou de citoyens s’intéressant à leurs méthodes. Un scénariste en quête d’inspiration a même récemment logé sur place quelques jours pour se livrer à des observations.

Saillans a résonné aussi autour d’elle, près du Vercors. Joël Boeyaert, le charismatique maire sans étiquette d’Aucelon, blasé du pouvoir pyramidal, a suivi avec attention la campagne saillanssonne et assisté à plusieurs réunions.

« Ça m’a encouragé à le faire », affirme l’homme de 58 ans, éleveur de vaches allaitantes. A l’été 2014, des Saillanssons sont venus l’aider à animer une journée de réunions participatives à Aucelon.

 

Aucelon (Emilie Brouze/Rue89)

 

Un projet commun

Pendant ce jour de juillet 2014, plusieurs groupes d’habitants ont parlé de leur village et débattu sur ce qu’ils pouvaient faire pour améliorer l’existant. Une soixantaine de personnes étaient présentes d’après le maire, « dont des gens de l’extérieur ». Il en est ressorti au moins trois priorités :

  • lancer une veille économique : à part la bergerie et la présence du boulanger, qui cuit ses pains dans le four communal et redescend les vendre dans la vallée, il n’y a pas d’activités ;
  • créer un lieu commun convivial, type bistrot associatif ;
  • attirer de nouveaux habitants à l’année, en commençant par établir un inventaire des possibles habitations.

L’hiver, le village sommeille. Les résidences secondaires « encombrent » la commune, qui a connu un fort exode rural. Et Aucelon, qui compte un logement social (une maison en bois), a peu de place pour accueillir de nouvelles têtes.

 

 

L’ancienne école d’Aucelon (Emilie Brouze/Rue89)

 

Si, à Saillans, un noyau d’habitants est à l’origine de la démarche participative, à Aucelon, c’est plutôt le maire qui a poussé ses administrés à tenter l’expérience. Il constate :

« Suite à la première journée participative, on n’a pas réussi à faire en sorte que les gens s’emparent d’un dossier. »

Et puis, au printemps, la commune a eu la possibilité d’acheter une grande maison située en face de la mairie (120 000 euros, subventionnés à hauteur de 66 000 euros par le programme européen de développement rural Leader). Celle de Louis, l’ancien doyen décédé fin 2014, dont la photo est accrochée en mémoire au mur de son atelier. A l’intérieur de la bâtisse, Aucelon aimerait y aménager un gîte, dont les parties communes et la terrasse pourraient profiter aux habitants.

Ce gîte, c’est une aubaine de projet participatif, appuie le maire : il concentre toutes les préoccupations évoquées en juillet par les habitants. Un « copil » – l’abréviation pour « comité de pilotage » – a été mis sur pied pour mener à bien le projet. Huit élus et habitants se sont portés volontaires pour l’intégrer.

 

Tournesols et vaches baladeuses

Ce vendredi 24 juillet 2015, rendez-vous était donné en début d’après-midi dans l’ancien atelier de Louis. Le maire, en chemise à carreaux, s’est réveillé à l’aube la veille : la faute à des vaches baladeuses.

Sur la table, un bouquet de tournesols. Le projet de gîte est explicité en lettres vertes sur un tableau blanc, à la première personne du pluriel :

« Nous souhaitons créer à Aucelon un lieu d’accueil convivial qui favorise une présence durable d’habitants permanents, qui produise de l’activité économique et qui s’intègre dans la vie locale, touristique, culturelle et environnementale du territoire. »

 

Dans l’atelier de Louis (Emilie Brouze/Rue89)

 

Céline Langlois, psychologue et « facilitatrice », anime la réunion et fait office de gardienne du temps. Pour ouvrir la séance, elle fait tinter une cloche.

Première étape, après le tour de présentation mutuelle : retravailler la charte de fonctionnement du copil.

Pour celui qui n’est pas informé du contexte, la réunion, codifiée, a des allures étranges. Les participants peuvent manifester leur approbation en applaudissant par la langue des signes (les deux mains bougent en direction du plafond) et signaler leur fin de prise de parole. Des temps de réflexion en petits groupes sont organisés avec un support papier.

« La cinquième phrase est assez contradictoire avec la deuxième et la troisième », objecte l’un. « Et si on mettait réalisable plutôt que réaliste ? », propose un autre. « On n’écrit pas la Constitution », minimise Céline Langlois.

La maison de Louis grince et le vent s’engouffre par les fenêtres entrouvertes. Ce qui fait virevolter les feuilles disposées sur un fil à linge. Dehors, un arbre abrite une table où sont disposés des verres de cantine scolaire, de l’eau et du sirop.

 

 

Dans l’atelier de Louis (Emilie Brouze/Rue89)

 

Pendant une pause, Margaret Obermeier, 79 ans, me parle de Louis, qu’elle a bien connu :

« Un grand mécanicien, il savait absolument tout faire. »

Elle habite la Suisse et vient depuis des dizaines d’années en vacances à Aucelon, dans la maison familiale. Elle y a tenu trois hivers de suite avec un poêle à charbon.

« A Aucelon, il y a eu beaucoup de tentatives d’installation de personnes qui vivaient en marge, des éclopés de la vie qui fuyaient les astreintes de la vie moderne et n’ont pas tenu le coup. J’en ai vus une vingtaine. »

 

Margaret Obermeier dans une rue d’Aucelon (Emilie Brouze/Rue89)

 

Comment on prend une décision ?

Dans l’atelier de Louis, seize personnes sont autour de la table, dont onze habitants (d’Aucelon ou d’ailleurs) et cinq invités qui vont être questionnés. L’adjointe de l’Agence de développement touristique de la Drôme éclaire ainsi le petit groupe sur le défi que constitue le lancement d’un gîte dans un endroit aussi reculé. Pour assurer l’équilibre dans les quatre ou cinq ans, il faut prévoir minimum dix-quinze lits.

Dans la salle, il y a un couple qui portera sans doute le projet : ils ont 36 ans, deux enfants, et aimeraient s’installer au village. Lui est graphiste et télétravaille à temps partiel ; elle vient de créer une association de parentalité. Ils aimeraient « faire du tourisme social et solidaire », « valoriser les produits locaux » dans cette zone classée Natura 2000.

 

 

image

 

A l’aide d’un vidéoprojecteur, deux chargés de mission du CAUE (Conseil d’architecture, d’urbanisme et de l’environnement) présentent deux scénarios d’aménagement de la bâtisse.

« Ils sont peu nombreux au village mais il y a plus de monde que d’habitude en réunion », fait remarquer Jean-Pierre Allègre, qui a exercé 30 ans comme architecte libéral, au sujet de ce projet « atypique ».

Distribution de Post-it en fin de réunion : un vert chacun pour le positif, un orange pour les aspects négatifs. Suivie d’une tournée de table-bilan. Un participant ose :

« Quand il y aura une décision à prendre, comment on va faire ? »

 

Dans l’atelier de Louis, à Aucelon (Emilie Brouze/Rue89)

 

« Elle redonne le pouvoir d’agir »

« Qui va décider à la fin ? Nous, on n’a pas tranché », relève aussi Lydia Seyne, 60 ans, maire de 1995 à 2001 :

« La démocratie participative, elle résonne un peu partout. Elle redonne aux citoyens le pouvoir d’agir. Je crois que c’est pour ça que les gens disent “ça nous fait du bien”. Ils ont l’impression d’agir. [...]

Généralement, on laisse faire les élus et on critique. Mais on doit être là, aussi. »

Lydia Seyne explique avoir déjà travaillé dans ce sens, quand elle était maire. Elle fait référence notamment à la création de la bergerie, un bâtiment communal édifié dans les années 90 :

« Le village se désertifiait, tous les habitants s’étaient retrouvés : on avait fait une réunion pour se demander quoi faire. »

 

Lydia Seyne devant chez elle à Aucelon (Emilie Brouze/Rue89)

 

« C’est une démarche difficile, ça prend du temps », observe Monique Le Coz, 75 ans, enseignante retraitée qui habite Aucelon une partie de l’année.

« Plus de temps que si c’était un gugusse qui décidait seul. En même temps, c’est intéressant et ça anime les gens qui participent. »

 

Monique Le Coz, à Aucelon (Emilie Brouze/Rue89)

 

Vincent Humbert, 53 ans, longue barbe blanche et sac en peau, habite Pradelle depuis dix ans où sa compagne a une ferme d’alpagas. « Un choix de vie », comme de nombreux néoruraux installés dans la région ces deux dernières décennies.

« Saillans, ça fait poser des questions, ça fait réfléchir. »

Tous dans le salon du maire

Les habitants d’Aucelon tiendraient presque tous dans le salon du maire. Alors pour les sonder, pourquoi Joël Boeyaert a-t-il besoin de formaliser une réunion ? « La technique de réunion participative amène implicitement de la positivité », rétorque-t-il.

« Ça permet de vaincre une inertie. Les gens sont heureux, en réunion. [...] J’entends beaucoup de gens se plaindre de la politique, de la société, du pays : les réunions participatives, ça permet de mettre en action les habitants. Comme ils disent à Saillans, de leur donner le “pouvoir d’agir”. »

 

En réunion, à Aucelon (Emilie Brouze/Rue89)

 

La participation permet de regrouper des individus aux compétences diverses. Elle demande aussi aux habitants de prendre leur part de responsabilités, souligne le maire.

Le participatif dans une minuscule commune ne signifie pas pour autant que la tâche est plus aisée. Joël Boeyaert :

« Dans un groupe de vingt personnes, il suffit d’en avoir deux qui n’ont pas envie pour interférer et gangréner le groupe. »

Christophe, 40 ans, ancien chef d’orchestre qui a été élu secrétaire du copil, note que, pendant la réunion, un ou deux participants semblaient moins enclins au participatif. « On doit gérer d’anciennes façons de faire », opine-t-il. Au sein même du conseil municipal, la méthode ne fait pas l’unanimité.

Sur la démarche participative, Christophe fait le lien avec l’histoire du lieu – peu d’habitants encore en sont natifs.

« Tout le monde a un lien sentimental avec Aucelon, mais personne n’est “héritier du pays”. On doit se poser la question : qu’est-ce qu’on construit ensemble ? »

 

Christophe à Aucelon (Emilie Brouze/Rue89)

 

 

Source : http://rue89.nouvelobs.com

 

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26 août 2015 3 26 /08 /août /2015 14:21

 

Source : http://www.mediapart.fr

 

 

Un appel historique contre le crime climatique

|  Par Jade Lindgaard

 

 

En finir avec les discussions dilatoires sur le climat et passer, enfin, à l’action en forçant États et industries à laisser les énergies fossiles dans le sol. Tel est le message principal d’un appel « pour en finir avec les crimes climatiques » lancé par cent personnalités internationales que Mediapart publie en avant-première.

 

En finir avec les discussions dilatoires sur le climat et passer, enfin, à l’action en forçant États et industries à laisser les énergies fossiles dans le sol. Tel est le message principal d’un appel «r en finir avec les crimes climatiques » lancé par cent personnalités internationales que Mediapart publie en avant-première.

 

L'appel est à lire en intégralité, et en libre accès, dans le Club.

 

Pour la première fois, de nombreuses figures intellectuelles et militantes de premier rang s’associent pour dénoncer le « crime contre l’humanité » que représente le dérèglement climatique, et le comparer à l’horreur de l’esclavage et de l’apartheid. Parmi elles, on distingue l’archevêque Desmond Tutu, la journaliste Naomi Klein, la physicienne et activiste Vandana Shiva, les climatologues Claude Lorius et Valérie Masson-Delmotte, les écrivains Patrick Chamoiseau et Erri de Luca, l’agro-écologue Pierre Rabhi, le paysagiste Gilles Clément, ou encore Leonardo Boff, l’un des chefs de file de la théologie de la libération.

Sont aussi signataires les sociologues Dominique Méda et Saskia Sassen, les anthropologues Philippe Descola, David Graeber et Eduardo Viveiros de Castro, les philosophes Jean-Pierre Dupuy, Michael Hardt, Clive Hamilton et Catherine Larrère, les économistes Joan Martinez Alier, Jean Gadrey, Gaël Giraud, Susan George et Serge Latouche, la styliste Vivienne Westwood ainsi que Pablo Solon et Yeb Saño, anciens négociateurs sur le climat pour la Bolivie et les Philippines (tous les noms des cent premiers signataires sont publiés sous la tribune ici, également ouverte à la signature). Le texte est né d’une initiative commune de l’historien et éditeur Christophe Bonneuil, et des mouvements Attac et 350.org.

 

Occupation d'une mine de lignite en Allemagne par des activistes pendant l'action  "Ende Gelände", le 14 août 2015 (©350).Occupation d'une mine de lignite en Allemagne par des activistes pendant l'action "Ende Gelände", le 14 août 2015 (©350).


« Pour continuer à agir, penser, aimer, prendre soin, créer, produire, contempler, lutter », écrivent-ils, « pour nous épanouir en tant que sociétés, individus et citoyen.e.s, nous devons tout.e.s agir pour tout changer ». Cela passe par « contraindre » multinationales et gouvernements à « abandonner » les profits qu’ils tirent de l’extraction des réserves de charbon, de gaz, de pétrole ou de l’agriculture industrielle. « Nous affirmons notre détermination à laisser les fossiles dans le sol », martèlent-ils, appelant à « une insurrection » pour le climat.

Ce qui distingue cet appel de celui de « l’épreuve des peuples pour le climat » publié mi-juin par une alliance inédite de mouvements sociaux et de syndicats c’est que, cette fois-ci, le texte cible nommément l’industrie des hydrocarbures (charbon, pétrole, gaz) et qu’il rompt avec la traditionnelle répartition des rôles entre acteurs, qui sépare d’un côté les États et de l’autre des représentants de la société civile.

Face à l’échec annoncé de la conférence de Paris sur le climat, la COP 21, à limiter le réchauffement de la température moyenne à +2 °C, ils appellent à mettre en œuvre eux-mêmes, par leurs propres moyens, les transformations nécessaires de nos modes de production et de consommation. C’est une rupture avec le système économique dominant. C’est aussi le refus de s’en remettre aux élus et hauts fonctionnaires qui échouent à réguler à la hauteur de ce qu’il faudrait. « Nous n’attendrons pas que les États agissent, écrivent les signataires, L’esclavage et l’apartheid n’ont pas disparu parce que les États ont décidé de les abolir, mais par des mobilisations massives qui ne leur ont pas laissé le choix. »

Pourquoi Mediapart s’associe-t-il à cet appel contre le crime climatique ? Parce que nous pensons aussi que la COP 21 ne sera qu’un espace secondaire d’action contre le dérèglement du climat. Les objectifs de réduction des gaz à effet de serre présentés à ce jour par les États (États-Unis, Chine, Europe, Japon, etc.) sont beaucoup trop insuffisants et mettent le monde sur la voie d’un réchauffement bien supérieur à 2°. Ces contributions nationales ne figureront sans doute même pas dans le texte de l’accord de Paris. Au mieux apparaîtront-elles en annexe, sans qu’aucune contrainte ne s’exerce sur les pays pour les obliger à les respecter.

De plus, l’éventuel accord de Paris ne mettra rien en place pour agir sur les causes de ces émissions de gaz à effet de serre : transport, chauffage, extraction fossile, déforestation, agriculture industrielle, mondialisation des échanges. Au mieux prétendra-t-il agir sur leurs effets : les rejets de CO2 et de méthane. Au fil des ans et des échecs, les négociations climatiques se sont désarmées. La bataille pour le climat se déroule en dehors des salles de réunion de l’ONU.

Dans ces conditions, pour agir réellement contre le réchauffement planétaire, il faut plus que jamais percer la bulle de l’indifférence et empêcher l’inertie. Pour y parvenir, il y a besoin de travailler sur les représentations et le cadre d’interprétation. Il faut se décoller de l’agenda institutionnel, se rapprocher du terrain, ne jamais se contenter de discours et de déclarations d’intention. Réintroduire la juste perspective historique. Prêter attention aux voix dissonantes du récit officiel.

 

 

Source : http://www.mediapart.fr

 

 

                                                          ********************************

                                                                           L'APPEL

 

 

Source : http://350.org/climate-crimes-fr/

 

 

 Laissons les fossiles dans le
sol pour en finir avec les
crimes climatiques 

 

 

 

 

Nous sommes à la croisée des chemins. Nous ne voulons pas nous retrouver contraint.e.s à survivre dans un monde devenu à peine vivable. Des îles du Pacifique Sud à la Louisiane, des Maldives au Sahel, du Groenland aux Alpes, la vie quotidienne de millions d’entre nous est déjà perturbée par les conséquences du changement climatique. Par l’acidification des océans, par la submersion des îles du Pacifique Sud, par le déracinement de réfugiés climatiques en Afrique et dans le sous-continent indien, par la recrudescence des tempêtes et ouragans, l’écocide en cours violente l’ensemble des êtres vivants, des écosystèmes et des sociétés, menaçant les droits des générations futures. Ces violences climatiques nous frappent inégalement : les communautés paysannes et indigènes, les pauvres du Sud comme du Nord sont les plus affectés par les conséquences du dérèglement climatique.

 

Nous ne nous faisons pas d’illusions. Depuis plus de vingt ans, les gouvernements négocient mais les émissions de gaz à effet de serre n’ont pas baissé et le climat poursuit sa dérive. Alors que les constats de la communauté scientifique se font plus alarmants, les forces de blocage et de paralysie l’emportent.

 

Ce n’est pas une surprise. Des décennies de libéralisation commerciale et financière ont affaibli la capacité des Etats à faire face à la crise climatique. Partout, des forces puissantes — entreprises du secteur fossile, multinationales de l’agro-business, institutions financières, économistes dogmatiques, climatosceptiques et climatonégationnistes, décideurs politiques prisonniers de ces lobbies — font barrage et promeuvent de fausses solutions. 90 entreprises sont à l’origine des deux tiers des émissions mondiales de gaz à effet de serre. De véritables réponses au changement climatique nuiraient à leurs intérêts et à leur pouvoir, remettraient en cause l’idéologie du libre-échange, et menaceraient les structures et les subventions qui les soutiennent.

 

Nous savons que les multinationales et les gouvernements n’abandonneront pas aisément les profits qu’ils tirent de l’extraction des réserves de charbon, de gaz et de pétrole ou de l’agriculture industrielle globalisée gourmande en énergie fossile. Pour continuer à agir, penser, aimer, prendre soin, créer, produire, contempler, lutter, nous devons donc les y contraindre. Pour nous épanouir en tant que sociétés, individus et citoyen.ne.s nous devons tout.e.s agir pour tout changer. Notre humanité commune et la Terre le demandent.

 

Nous gardons confiance en notre capacité à stopper les crimes climatiques. Par le passé, des femmes et des hommes déterminé.e.s ont mis fin aux crimes de l’esclavage, du totalitarisme, du colonialisme ou de l’apartheid. Elles et ils ont fait le choix de combattre pour la justice et l’égalité et savaient que personne ne se battrait à leur place. Le changement climatique est un enjeu comparable et nous préparons une insurrection similaire.

 

Nous travaillons à tout changer. Nous pouvons ouvrir les chemins vers un futur vivable. Notre pouvoir d’agir est souvent plus important que nous ne l’imaginons.. A travers le monde, nous luttons contre les véritables moteurs de la crise climatique, défendons les territoires, réduisons les émissions, organisons la résilience, développons l’autonomie alimentaire par l’agro-écologie paysanne, etc.

 

A l’approche de la conférence de l’ONU sur le climat à Paris-Le Bourget, nous affirmons notre détermination à laisser les énergies fossiles dans le sol. C’est la seule issue.

 

Concrètement, les gouvernements doivent mettre un terme aux subventions qu’ils versent à l’industrie fossile, et geler leur extraction en renonçant à exploiter 80% de toutes les réserves de carburant fossile.

 

Nous savons que cela implique un changement historique majeur. Nous n’attendrons pas que les Etats agissent. L’esclavage et l’apartheid n’ont pas disparu parce que des Etats ont décidé de les abolir, mais par des mobilisations massives qui ne leur ont pas laissé le choix.

 

L’issue est incertaine. Nous avons toutefois une occasion unique de renouveler la démocratie, de démanteler le pouvoir hégémonique des multinationales et de transformer radicalement nos modes de production et de consommation. Tourner la page des fossiles est une étape décisive vers la société juste et soutenable dont nous avons besoin.

 

Nous ne gâcherons pas cette chance, à Paris comme ailleurs, aujourd’hui comme demain.

 

 

Pour signer la pétition : cliquer ici ou  ici

 

 

 

CET APPEL est soutenu
par :

 

Agnès Sinaï (Institut Momentum), Alberto Acosta (économiste), Alberto Zoratti (Fair Italy), Alex Randall (Climate Outreach), Amy Dahan (Historienne des Sciences), Anabela Lemos (Justica Ambiental, Mozambique), Asad Rehman (Friends of the Earth UK), Bernard Guri (Centre for Indigenous Knowledge & Organisational Development), Bill McKibben (fondateur de 350.org), Boaventura de Sousa Santos (sociologue), Catherine Larrère (philosophe), Christophe Bonneuil (historien), Cindy Wiesner (Coordinator of Grassroots, Global Justice Alliance, USA), Claire Nouvian (Bloom), Claude Lorius (glaciologue), Clive Hamilton (philosophe), David Graeber (anthropologue), Desmond Tutu (archevêque émérite), Dominique Bourg (philosophe), Dominique Méda (sociologue), Edgardo Lander (sociologue), Eduardo Viveiros de Castro (anthropologue), Emem J. Okon (Kebetkache Women Development & Resource Centre, Nigeria), Emilie Hache (philosophe), Erri de Luca (écrivain), Esperanza Martinez (ancienne ministre de la Santé publique du Paraguay), Esther Vivas (chercheure et militante altermondialiste), Faikham Harnnarong (Coordinator, Thai Climate Justice Working Group- Thailand), François Gemenne (politiste), Frank Murazumi (Amis de la Terre Ouganda), Gaël Giraud (économiste), Geneviève Azam (économiste), George Monbiot (journaliste), Gerry Arrances (militant anti-charbon), Gilles Boeuf (président du MNHN), Gilles Clément (paysagiste), Gilles-Éric Séralini Godwin Ojo (Amis de la Terre, Nigeria), Gus Massiah (Cedetim), Guy Aurenche (président du CCFD), Isabelle Frémeaux (Laboratoire des Imaginaires Insurrectionnels), Isabelle Stengers (philosophe), Jacques Testart (biologiste), Jagoda Munic (Amis de la Terre Croatie – Amis de la Terre International), Jean-Baptiste Fressoz (historien), Jean-Pierre Dupuy (philosophe), Jean Gadrey (économiste), Jean Merckaert (Revue Projet), Jeanne Planche (Attac France), John Holloway (sociologue et philosophe), Joan Martinez Alier (économiste), John Jordan (Laboratoire des Imaginaires Insurrectionnels), Jon Palais (Bizi !), Josie Riffaud (Confédération paysanne), Julien Rivoire (FSU), Jutta Kill (militante écologiste), Kaddour Hadadi (musicien et chanteur, HK et les Saltimbanks), Kevin Smith (Liberate Tate), Kumi Naidoo (Greenpeace International), Larry Lohmann (The Corner House), Lech Kowalski (réalisateur), Leonardo Boff (théologien), Lidy Nacpil (Jubilee South), Mamadou Goïta (Institut de recherche et de promotion des alternatives au développement, Mali), Louise Hazan (350.org), Marc Dufumier (agronome), Marc Luyckx Ghisi (écrivain), Marc Robert (chimiste), Marie-Monique Robin (journaliste), Matthieu Orphelin (porte-parole de la Fondation Nicolas Hulot pour la nature et l’Homme), Maude Barlow (Food & Water Watch), Maxime Combes (économiste, membre d’Attac), Naomi Klein (essayiste), Michael Hardt (philosophe), Michael Löwy (sociologue), Mike Davis (historien et sociologue), Nicolas Haeringer (350.org), Nicolas Hulot (président de la Fondation Nicolas Hulot pour la nature et l’Homme), Nnimmo Bassey (Oil Watch International), Noam Chomsky (linguiste et philosophe), Nick Hildyard (The Corner House), Noble Wadzah (Oil Watch Afrique), Olivier Bétourné (éditeur), Olivier de Schutter (juriste), Pablo Servigne (collapsologue), Pablo Solon (ancien ambassadeur de la Bolivie), Pascoe Sabido (Corporate Europe Observatory), Pat Mooney (ETC Group), Patrick Chamoiseau (écrivain), Patrick Viveret (philosophe), Paul Lannoye (ancien député européen), Philippe Bihouix (ingénieur), Philippe Desbrosses (Intelligence Verte), Philippe Descola (anthropologue), Pierre Rabhi (agronome et penseur de l’écologie), Pierre-Henri Gouyon (écologue), Priscilla Achakpa (Water Supply and Sanitation Collaborative Council, Nigéria), Razmig Keucheyan (sociologue), Rebecca Foon (musicienne), Richard Girard (Polaris Institute), Roger Cox (avocat), Saskia Sassen (sociologue), Serge Latouche (économiste), Soumya Dutta (Alliance nationale des mouvements anti-nucléaires, Inde), Stefan C. Aykut (politiste), Susan George (économiste), Swoon (artiste), Thomas Coutrot (économiste, porte-parole d’Attac), Tom Kucharz (Ecologistas en Accion, Espagne), Tony Clarke (International Forum on Globalization), Txetx Etcheverry (Alternatiba), Valérie Cabannes (End Ecocide), Valérie Masson-Delmotte (climatologue), Vandana Shiva (physcienne et écologiste), Vincent Devictor (écologue), Vivienne Westwood (styliste), Yeb Saño (ancien ambassadeur des Philippines pour le climat), Yvonne Yanez (Oil Watch).

 

 
L’appel est paru dans l’ouvrage
“Crime climatique, stop !”

 

Crime Climatique Stop !  L’appel de la société civile est un livre coordonné par Attac France et 350.org, publié aux éditions du Seuil.

Pour le commander, cliquez sur ce lien.

 

Crime climatique STOP !

 

Sommaire :

Préface – Nous avons combattu l’apartheid. Aujourd’hui, le changement climatique est notre ennemi à tous

Archevêque Desmond Tutu, prix Nobel de la paix

Introduction – Il est temps de mettre un terme aux crimes climatiques

Nicolas Haeringer, Maxime Combes, Jeanne Planche et Christophe Bonneuil

1e PARTIE – LE CHAOS CLIMATIQUE, CRIME CONTRE L’HUMANITE

Le changement climatique est le plus grand combat que nous aurons à mener de notre vivant. Et pourtant, nous regardons ailleurs

Naomi Klein

Vers un monde plus chaud et plus dangereux. L’état des connaissances

Jean Jouzel et Valérie Masson-Delmotte

De la violence climatique comme persécution contre les plus vulnérables

François Gemenne et Alex Randall

Nous faisons face à un nouvel apartheid, entre la Terre et les oligarchies

Vandana Shiva

Crime climatique et écocide : réformer le doit international

Valérie Cabanes

L’Afrique et les catastrophes climatiques qui s’annoncent

Nnimmo Bassey

2e PARTIE – LE BAL DES FAUX SEMBLANTS ET DES FAUSSES SOLUTIONS

La folie des COP

Pablo Solòn

Le climat des affaires !

Susan George et Maxime Combes

Géoingénierie : confier notre avenir à des apprentis-sorciers ?

Clive Hamilton

Faut-il financiariser la planète pour la sauver ? 

Tamra Gilbertson and Joanna Cabello

Du mirage de la croissance « verte » à un monde post-croissance

Philippe Bihouix

3e PARTIE – ABANDONNONS LES FOSSILES, PAS LA PLANETE ! 

Rien ne sert d’attendre Paris pour démarrer la bataille. Vive la résistance !

Bill Mc Kibben

Le futur est ouvert ! Quelques leçons du tournant énergétique allemand

Stefan C. Aykut

Bonne nouvelle pour le climat !

Guy Aurenche

Creuser pour survivre, la loi d’airain du capitalisme

Maxime Combes

La malédiction de l’abondance : extractivisme et sous-développement

Alberto Acosta

L’œuvre d’art (et d’activisme) à l’âge de l’Anthropocène

John Jordan

Comment faire plier une multinationale climaticide

Jon Palais

Conclusion – Résister et créer les alternatives pour la transition

Geneviève Azam

Appel de la société civile « Laissons les fossiles dans le sol pour en finir avec les crimes climatiques » et 100 premiers signataires

 

 

Source : http://350.org/climate-crimes-fr/

 

 

 

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25 août 2015 2 25 /08 /août /2015 15:05

 

Source : http://rue89.nouvelobs.com

 

 

Très chère vie privée 25/08/2015 à 14h57
Face à la surveillance, les Allemands organisent la résistance
Marc Meillassoux | Journaliste

 

 

Un homme tient une pancarte lors d’une manifestation contre la surveillance à Berlin, en juillet 2013 (BONESS/IPON/SIPA)

 

Ces dernières semaines, l’Allemagne a vibré au rythme de plusieurs affaires concernant les données personnelles, et le pays est en passe de devenir le dernier bastion de résistance de la vie privée.

Courant août, un jeune Allemand se faisait arrêter à l’aéroport de Francfort, pour avoir désactivé la puce électronique RFID incrustée dans sa carte d’identité en la passant au micro-ondes.

Si anecdotique qu’elle soit à première vue, l’affaire a réveillé des vieux démons. En 2010, l’introduction de mouchards dans les documents d’identité avait suscité un vaste débat public. Alors que le gouvernement allemand se montrait intransigeant, plusieurs tutoriels vidéo expliquant comment « neutraliser » la puce s’étaient propagés sur la Toile :

  • certains proposaient alors d’attaquer carrément la puce au marteau :

 

 

Souvenir du décompte des juifs

Une vraie « affaire d’Etat » avait déjà secoué le pays quelques semaines plus tôt, après la mise en examen pour haute trahison des deux blogueurs de Netzpolitik, un site d’information dédié à l’actualité et aux libertés numériques. Face à la campagne de soutien (plusieurs milliers de manifestants à Berlin et 150 000 euros de donations), le ministre de la Justice Heiko Maas avait démis de ses fonctions le procureur fédéral – à quelques mois de sa retraite – et nié toute implication en bloc de son ministère.

En toile de fond, le projet de loi sur la conservation temporaire des données (« Vorratsdatenspeicherung ») met les politiques allemands dans une situation impossible. Cette loi, qui prévoit la conservation pendant plusieurs semaines des données de connexion télécoms (métadonnées), rencontre une résistance tenace dans la population. Contraint d’appliquer une directive européenne que la Cour constitutionnelle de Karlsruhe avait pourtant rejetée en 2010, le gouvernement a refilé le dossier à… l’un de ses anciens fervents opposants : Heiko Maas. Et le ministre passe un sale quart d’heure sur la Toile, où on le surnomme notamment le « prince Charles de la Sarre », l’éternel numéro deux prêt à tout pour devenir calife à la place du calife.

Cette question des données personnelles, la classe politique la redoute depuis longtemps. En 1983, le recensement de la population d’Allemagne de l’Ouest avait été sanctionné par un veto du Conseil constitutionnel. En 1987, le pays avait été le théâtre de manifestations massives dans tout le pays, avec des cas d’agressions physiques contre les enquêteurs. Le souvenir du décompte du demi-million d’Allemands juifs avant l’arrivée d’Hitler au pouvoir avait mis le gouvernement en porte-à-faux.

 

Pseudos et adhésif sur les webcams

Cette sensibilité est toujours perceptible dans le rapport quotidien des Allemands à la vie privée, notamment sur Internet. S’ils sont dans l’ensemble plutôt actifs sur les réseaux sociaux comme Facebook (34% de la population allemande contre 42% en France), ou Twitter (1,5% d’utilisateurs réguliers contre 3,5%), la méfiance est souvent de mise : le recours à des pseudonymes sur Facebook est largement répandu, de nombreuses habitations sont floutées sur Google Street View (244 000 requêtes en octobre 2010) et les bouts de scotch masquant les webcams intégrées aux ordinateurs portables sont monnaie courante.

Des actions plus radicales ont également vu le jour, comme l’opération « Camover », en réponse à la prolifération des caméras de surveillance à Berlin, notamment dans son métro.

 

 

Le phénomène a connu un renouveau après les affaires WikiLeaks et Snowden, à tel point que l’Allemagne devient la destination favorite des « White-Hats » du monde entier.

Ces dernières années, la chasse aux hackers et « hacktivistes », particulièrement violente aux Etats-Unis et en Grande-Bretagne, a ainsi poussé la journaliste britannique de WikiLeaks Sarah Harrison, la réalisatrice de « Citizenfour » Laura Poitras et l’hacktiviste Jacob Appelbaum (un des développeurs du navigateur anonyme Tor) à quitter leur pays et s’établir dans la capitale allemande.

 

Berlin, refuge des hacktivistes

En juin, lors d’une soirée-débat au club berlinois About : Blank, Jacob Appelbaum résumait :

« Nous sommes venus ici, car nous pensons que c’est un endroit sûr pour poursuivre notre travail et que l’Allemagne montrerait l’exemple. Ici, les gens s’intéressent, s’organisent, prennent part aux débats. »

 

 

Le Chaos Computer Club est par exemple une institution en Allemagne, avec ses congrès annuels rassemblant des hackers venus des cinq continents. Le succès du Chaos Computer Camp, qui vient de s’achever en Allemagne, témoigne de la vitalité et de l’influence du mouvement : les 4 500 places pour cette semaine de camping-hacking ont trouvé preneurs en quelques semaines.

La journaliste Sarah Harrison, qui ne peut plus poser un pied en Angleterre, fait également référence à la procédure extraordinaire lancée en Allemagne suite à l’affaire Snowden :

« Notre premier ministre [David Cameron, ndlr] dit tranquillement que “le temps est révolu où les citoyens pouvaient réclamer le droit de ne pas être surveillés”. On en est là. Le fait que des citoyens et des politiques veuillent enquêter sur les pratiques illégales de surveillance est à des années-lumière de ce qu’on observe dans la plupart des pays. »

 

Paranoïa des dénonciations sous l’ex-RDA

Cette méfiance envers l’intrusion de l’Etat dans la vie privée des citoyens est évidemment liée aux traces laissées par deux régimes totalitaires en 50 ans. Pour l’historien Hubertus Knabe, président du mémorial de la Stasi (« Staatssicherheit », la Sécurité d’Etat) de Hohenschönhausen, les Allemands en sont encore largement marqués :

« Le sujet est très délicat en Allemagne car le souvenir du régime de la République démocratique d’Allemagne (RDA) est encore présent : le doute permanent, la paranoïa des dénonciations, l’utilisation des “données sensibles” [dossier médical, orientations politiques, sexuelles, ndlr] à des fins de chantage. »

Cet historien s’est porté partie civile auprès de la « Cour des Sages » de Karlsruhe au moment des révélations sur l’espionnage de la population allemande par la NSA et par son homologue allemand, la BND.

Dans sa jeunesse, Hubertus Knabe avait lui-même eu maille à partir avec la police d’Etat. Après avoir passé des livres d’Ouest en Est, il avait été dénoncé par son meilleur ami. Un souvenir entretenu à l’école mais aussi à travers une vaste production cinématographique (« La Vie des autres », « La Vague », « Le Tunnel ») et littéraire (« Stasiland », « Ils savent tout »).

Les Français « s’en foutent » ?

A côté, le voisin français paraît plus passif, notamment au regard de la mobilisation lors de la loi sur le renseignement, pourtant autrement plus intrusive que le projet de loi allemand. En dépit de la campagne de sensibilisation d’associations – La Quadrature du Net, le fournisseur d’accès associatif French Data Network (FDN), Reporters sans frontières, Amnesty, etc. – ainsi que les prises de position de la Commission nationale informatique et libertés (Cnil), le grand public a été relativement absent, sur le Net comme dans la rue. Face à l’apathie générale, Mediapart avait publié la « Lettre à ceux qui s’en foutent » de Laurent Chemla (le cofondateur de Gandi), au moment du vote de l’Assemblée.

Ce manque de vigilance ne serait pas l’apanage de la France. Selon Jacob Appelbaum, qui a notamment révélé l’espionnage de la chancelière Merkel dans l’hebdomadaire Der Spiegel :

« Aux Etats-Unis, les gens considèrent que l’utilisation de données personnelles n’était que le fait des régimes totalitaires allemands, en occultant toute responsabilité collective et affirment que “ça n’arrivera jamais chez nous”. Ils se trompent : aujourd’hui, les données collectées par la Tailored Access Operations [service de la NSA, ndlr] sont directement utilisées pour des entreprises d’assassinats [par drone en Afghanistan, ndlr]. […]

Le niveau de conscience dans le débat allemand fait une différence énorme dans l’issue politique. »

 
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25 août 2015 2 25 /08 /août /2015 14:09

 

Source : http://www.mediapart.fr

 

Les gendarmes croient tenir leurs terroristes sur le plateau de Millevaches!

|  Par Louise Fessard

 

 

Sur le plateau de Millevaches, l'affaire de Tarnac a laissé des traces. Accusé d’avoir cadenassé une gendarmerie du Limousin, un militant creusois de 35 ans sera jugé le 3 septembre pour «entrave au mouvement de personnel ou de matériel militaire». Au départ ouverte pour «terrorisme», l’enquête révèle une surveillance gendarmesque délirante du plateau.

 

Le 3 septembre, Gregory, un militant de 35 ans, comparaîtra devant le tribunal de grande instance de Guéret (Creuse) pour « entrave au mouvement de personnel ou de matériel militaire ». Rangé parmi les atteintes à la défense nationale, il s’agit d’un délit introduit dans le code pénal le 4 juin 1960 – en pleine guerre d’Algérie – par une ordonnance visant à faciliter « le maintien de l’ordre, la sauvegarde de l’État et la pacification de l’Algérie ».

C’est une blague potache qui vaut au Creusois d’être jugé pour cette infraction rarement poursuivie devant les tribunaux français. Il est accusé d’avoir le 8 novembre 2014 cadenassé le portail de la gendarmerie d’Eymoutiers (Haute-Vienne) lors d’une manifestation pacifique en mémoire du jeune botaniste Rémi Fraisse. Gregory est également poursuivi pour « organisation d’une manifestation non déclarée ». Il encourt jusqu’à cinq ans d'emprisonnement et 75 000 euros d'amende.

 

Ce samedi 8 novembre 2014, le plateau de Millevaches est en ébullition après la mort du jeune militant écologiste Rémi Fraisse, tué le 26 octobre par une grenade d’un gendarme à Sivens (Tarn). Environ 80 personnes défilent pacifiquement du centre-bourg d’Eymoutiers jusqu’à la gendarmerie devant laquelle elles s’installent pour pique-niquer. Un participant, le visage dissimulé par sa capuche et un foulard, cadenasse l’entrée de la brigade. Après quoi, il retire tranquillement sa capuche pour rejoindre le pique-nique. Les manifestants accrochent deux banderoles « Désarmons la police » et « A la niche les cognes », maculant symboliquement le macadam de peinture rouge. L’action sera revendiquée par l’Assemblée populaire du  plateau de Millevaches dans une vidéo publiée par Rue89 le 10 novembre (l'appel a depuis été retiré mais on peut le retrouver ici).

 

 

« Nous, assemblée populaire du plateau de Millevaches, appelons tous et chacun dans les jours qui viennent, à se rendre en masse devant les commissariats, gendarmeries et casernes, afin d’y bloquer par tous les moyens nécessaires, piquets, soudures, cadenas, murets, etc., la sortie des uniformes globalement inutiles, malfaisants et régulièrement assassins qui les peuplent. »

« C’était franchement bon enfant avec des vieux et des jeunes, du genre casse-croûte devant la gendarmerie, se souvient Didier, 58 ans, retraité d’ERDF installé dans un village des alentours depuis trente ans. Il n’y a pas eu d’insulte, ni de cris. Les gendarmes, qui étaient à 200 mètres, n’ont pas eu à intervenir. » Sur le plateau, la mort du jeune militant écologiste a profondément touché. « Ça a créé de la colère "On nous tire comme des lapins !", car les gens ont réalisé que ça aurait pu être n’importe lequel d’entre nous : des Rémi Fraisse, il y en a plein ici », explique Daniel Denevert, 66 ans, ancien cadre supérieur dans la santé qui s’est installé dans le coin en 2009 à l’âge de la retraite. « Je l’ai vraiment vécu comme une injustice, ajoute de son côté Didier. Face aux jeunes, on n’hésite pas à tirer dans le tas, à faire dix blessés pour en effrayer cent, mais quand des agriculteurs se conduisent mal, on ne leur tire pas au Flashball dans la figure, ni à la grenade ! »

Ce dont ne se doutent alors pas les manifestants, c’est que les militaires, mis en cause dans l’affaire de Sivens, sont sur les dents. Et que des enquêteurs, venus de la section de recherche de Limoges, les photographient soigneusement derrière une fenêtre de la brigade. Car le matin déjà, un gendarme d’Eymoutiers, venant à 6h40 prendre son service, s’est heurté à un portail dûment clos par une chaîne cadenassée. Sur le boîtier interphone de la brigade figurait une affiche fraîchement collée au ton accusatoire : « Ils tuent Rémi Fraisse ». Dans quatre brigades voisines de Corrèze et de Creuse, ses collègues militaires ont eu la même mauvaise surprise.

Ni une ni deux, l’OPJ d’Eymoutiers, qui n’a pas froid aux yeux, se lance dans une enquête de flagrance pour « terrorisme » par « dégradation de bien » et « participation à un mouvement insurrectionnel ». Rien que ça. Présenté comme « faisant partie du premier cercle des responsables du mouvement » du plateau de Millevaches, le poseur de cadenas est rapidement identifié sur les photographies du rassemblement comme un habitant d’un petit village voisin, nommé Gregory.

Où l’on retrouve l’«ultra-gauche»

Lorsqu’ils repèrent en plus parmi les pique-niqueurs Julien Coupat et Gabrielle Hallez, les gendarmes pensent tenir leur insurrection. Venus en voisin de Tarnac (Corrèze), les deux militants, soupçonnés d’avoir saboté des lignes de TGV en 2008, sont alors encore sous le coup d’une mise en examen pour terrorisme [la juge d’instruction parisienne en charge du dossier a depuis abandonné cette qualification - ndlr]. Mieux encore, les gendarmes de la cellule de renseignement du Limousin, appelés en renfort, croient reconnaître une autre mise en examen, Aria Thomas, un cadenas à la main.

« Au regard de l'implantation des lieux de commission des faits, de l'appartenance à la mouvance politique (extrême gauche) des individus impliqués et de la sensibilité qui en découlait », les gendarmes de la section de recherche de Limoges sont saisis de l’enquête préliminaire ouverte par le parquet de Guéret. Lequel parquet requalifie les faits en « entrave au mouvement de personnel ou de matériel militaire ». Au total, ce sont 36 manifestants qui sont identifiés sur les clichés et étiquetés « sympathisants de la communauté anarchiste » pour avoir participé à un pique-nique militant devant la gendarmerie. Leurs profils n'ont pourtant rien d'inquiétant : une employée du Conseil départemental, le responsable d’une radio associative du plateau, plusieurs acteurs locaux de l’économie solidaire et sociale (« De Fil en réseau », « Garage associatif et solidaire en Limousin »), le « fils du médecin retraité » d’un village voisin, ainsi qu'une adolescente de 14 ans…

Les enquêteurs ne lésinent pas sur les moyens. À l’issue de la manifestation, ils filent plusieurs manifestants dans Eymoutiers et relèvent leurs plaques d’immatriculation, ainsi que celles des participants à une réunion se déroulant plus tard dans l’après-midi. Le 15 et le 16 novembre 2014, deux autres rassemblements en mémoire de Rémi Fraisse à Tulle et à Saint-Antonin sont placés sous surveillance. Sans résultat. L’analyse des empreintes digitales et génétiques sur les quelques mégots et morceaux d’adhésif ne donne rien non plus, à part un profil inconnu des fichiers ; pas plus que celle du trafic téléphonique des bornes situées à proximité des brigades cadenassées. C’est également en vain qu’une trentaine de quincailleries et de magasins de motos de la région sont interrogés sur les récents acheteurs de chaînes et de cadenas.

 

Manifestation à Tulle, le 15 novembre, après la mort de Rémi Fraisse.Manifestation à Tulle, le 15 novembre, après la mort de Rémi Fraisse. © (dr)
 

À défaut de faits, il faut donc pas mal d’inspiration à la section de recherche de Limoges pour conclure le 18 mai 2015 à une action « d'individus formant la frange radicale de la mouvance anarchiste (…) regroupés autour d'une organisation auto-baptisée "Assemblée Populaire du Plateau de Millevaches" ». Dans ce rapport de synthèse, l’enquêteur voit dans l’Assemblée une « structure clandestine dont la finalité portait sur des opérations de déstabilisation de l'État par des actions violentes ». Et, dans une vision très policière, il la dote de deux théoriciens, Julien Coupat et le romancier Serge Quadruppani.

Voici l’intégralité du passage intitulé « Historique de la mouvance anarchiste du Limousin ».  

« Dans les années 90 jusqu'au début des années 2000, des individus affiliés à des mouvements libertaires d'ultra-gauche s'installaient en Haute-Vienne, notamment dans les communes de Nouic, Blond, Cieux et surtout Bussière-Boffy. Ces installations accompagnées d'implantations de yourtes engendraient une profonde discorde avec les élus et la population.

À partir de 2008 et suite à la médiatisation de l'affaire "des inculpés de Tarnac", de nombreux membres se revendiquant des milieux anarcho-autonomes rejoignaient le "Plateau de Millevaches" situé aux confins des trois départements de la région du Limousin pour se rassembler autour de leur leader charismatique et idéologue, le nommé Julien Coupat (mis en examen et incarcéré dans l'affaire citée supra relative à des actes de terrorisme sur les lignes du TGV français). Ces nouveaux arrivants bénéficiaient alors d'appuis de certains élus locaux et de personnes déjà installées et ralliées à leur cause. Au fil du temps, émergeait alors une structure clandestine dont la finalité portait sur des opérations de déstabilisation de l'État par des actions violentes menées au cours des manifestations d'importance.

Cette communauté anarchiste se regroupait finalement dans un mouvement baptisé "L'assemblée populaire du Plateau de Millevaches". Son observation permettait de mettre en évidence que celle-ci était régulièrement fréquentée par de nombreux sympathisants belges, suisses, italiens et allemands ainsi que par de jeunes activistes originaires de différentes régions de France. Très méfiants, les membres de cette mouvance adoptaient une attitude de délinquants d'habitude. Au delà de ce mode de vie qui s'apparentait à la théorie prônée par Coupat Julien et Quadruppani Serge (considéré comme l'un des fondateurs), ces individus affichaient une volonté d'agir de manière concertée avec comme seul but de porter atteinte à l'État, à l'autorité de celui-ci et à ses infrastructures. Ils obéissaient ainsi à une doctrine "philosophico-insurrectionnaliste", tel qu'il était mentionné dans un pamphlet intitulé "L'insurrection qui vient".

De ce fait, ils s'agrégeaient systématiquement à des mouvements de mécontentement écologistes, altermondialistes, anti-nucléaires, etc., prenant systématiquement pour prétexte certaines initiatives gouvernementales qu'ils baptisaient de "grands projets inutiles et imposés par le gouvernement ou les collectivités territoriales". La violence à l'égard des forces de l'ordre avec la volonté de porter atteinte à leur intégrité physique apparaissait toujours dans les slogans de ces individus.

La mort de Fraisse Rémi donnait alors une nouvelle tribune à ces activistes et servait d'argument aux fins de mener des actions violentes contre les intérêts de l'État et ses représentants. Ils espéraient ainsi entraîner dans leur sillage les lycéens, écologistes, anticapitalistes, etc., souhaitant défendre cette cause et dénoncer la position du gouvernement. »

« Un copié-collé de l’affaire de Tarnac »

« C’est de la pure connerie, un copié-collé de Tarnac », réagit Daniel Denevert. Librement inspirée des élucubrations policières de l’affaire de Tarnac, cette réécriture de l’histoire du plateau de Millevaches ferait presque sourire ses habitants si elle ne dévoilait pas un degré de surveillance policière inquiétant.

En fait de cellule clandestine, l’Assemblée populaire du plateau de Millevaches est un mouvement informel créé en 2010 au moment du mouvement contre la réforme des retraites. « Nous avions fait des blocages de dépôts de carburant, des taggages, une caisse de solidarité pour les grévistes, explique Daniel Denevert. Depuis, nous avons pris l’habitude de nous réunir à chaque fois qu’un sujet de société national ou local surgit. La liste de diffusion rassemble 150 à 200 personnes avec des parcours et sensibilités très différentes, des écolos, des artisans, des agriculteurs, des libertaires, etc. C’est une terre assez isolée, peu peuplée, avec des habitudes de solidarité quotidienne. L’assemblée fait écho à cet esprit de bienveillance. » 

 

Serge Quadruppani.
Serge Quadruppani.
 

Qualifié de fondateur du mouvement, l’écrivain et traducteur de polars Serge Quadruppani, 53 ans, ne s’est en fait installé sur le plateau qu’en 2011, soit un an après sa création. Croyant reconnaître sa voix dans l’appel vidéo diffusé sur Dailymotion, les gendarmes ont demandé à l’Institut de recherche criminelle de la gendarmerie nationale (IRCGN) de comparer sa bande-son avec un entretien radiophonique donné par l’écrivain. Encore une fausse piste, l’expert n’a relevé « aucune concordance objective ». « C’est très flatteur d’avoir voulu faire de moi l’idéologue du plateau, j’ai beaucoup de sympathie pour ce qui s’y passe, mais ces gens n’ont pas besoin de moi comme théoricien, s’amuse le romancier libertaire. Quant à la structure clandestine, c’est ridicule, il s’agit d’une assemblée publique à laquelle toute le monde peut participer. »

Entendu en audition libre le 24 mars 2015 à l’issue de l’enquête, le seul suspect Gregory a refusé de répondre aux questions des gendarmes. « J’ai l’impression qu’ils se sont tapés de gros films et ont écrit une belle histoire », dit le jeune homme, investi dans une association agricole. Jointe par téléphone, son avocate Me Martine Blandy, juge l’enquête « disproportionnée dans ses qualificatifs et ses moyens ». « Cette débauche de moyens n’a mené à rien, elle a juste permis de faire du renseignement», estime l’avocate limougeaude.

Michel Lulek, qui dirige un trimestriel local intitulé INPS, ne reconnaît pas non plus sa montagne limousine dans le récit gendarmesque. « Ce n’est pas du tout le campement de babas caricatural décrit, dit ce journaliste. Le plateau a connu des vagues successives d’installations de nouveaux habitants : des agriculteurs normands et hollandais dans les années 1950, le retour à la terre un peu naïf post-1968, la génération "développement local et éducation populaire" de la décentralisation des années 1980 dont je fais partie. Puis dans les années 2000 sont arrivés des gens dans une recherche d’autonomie, catalogués de décroissants qui ont installé quelques yourtes, ainsi que des militants engagés dans des luttes politiques, des squats. Les assemblées reflètent cette diversité, y compris celle des natifs du coin. »

Il rappelle que le mouvement s’est également investi dans des débats très locaux, comme la réforme des communautés de communes et l’avenir du plateau, une région à faible densité que les géographes de la Datar transformeraient volontiers en « usine à bois et plateforme de production d’hydroélectricité pour le reste du pays ». « Réduire ces mobilisations à une groupe d’activistes, dans une grille de lecture policière hiérarchisée, c’est aussi une façon facile de se boucher les oreilles et de ne pas entendre les vraies questions posées sur le déficit de démocratie locale et la reconfiguration d’un territoire », estime Michel Lulek.

 

 

 

Source : http://www.mediapart.fr

 

 

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