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31 décembre 2011 6 31 /12 /décembre /2011 18:55
Libération - Économie Aujourd'hui à 17h24

Par LUC PEILLON

Nicolas Sarkozy le 2 décembre 2011 sur le perron de l'Elysée. (© AFP Lionel Bonaventure)

 

Ainsi s’achève 2011. Dernière année pleine du mandat de Nicolas Sarkozy, l’année se termine sur quatre records majeurs, ou en voie d’être atteints sous peu.  Et ce, dans quatre domaines essentiels : finances publiques, emploi, commerce extérieur et impôts. Retour, à quelques heures de l’intervention télévisée du chef de l’Etat, sur quatre indicateurs qui ne manqueront pas de peser sur la campagne présidentielle.

 

Fiscalité

Suite à l’annonce, à l’automne, de deux plans de rigueur successifs, essentiellement axés sur la fiscalité, les impôts vont fortement augmenter l’année prochaine. De l’ordre de 16 milliards d’euros, à la charge des entreprises, mais surtout des ménages (10 milliards). Résultat : le taux de prélèvements obligatoire va s’élever à 44,8% du PIB en 2012, son plus haut niveau depuis 2001. Il devrait même dépasser - avec 45,8% en 2015 et 46% en 2016 - le record historique de 1999 (45,5%), détenu jusqu’ici par Lionel Jospin… Et ce, alors même que le Président de la République avait exprimé, en début de mandat, son intention d’abaisser les prélèvements de quatre points…

 

Dette

Malmenées, en grande partie, par la crise de 2008/2009, les caisses des différentes administrations publiques (Etat, Sécurité sociale, collectivités locales…) ont largement accentué leur déficit ces dernière années. A tel point que la dette publique de la France s’est creusée de 20 points de PIB en quatre ans. De 64,2% du Produit intérieur brut en 2007, elle devrait finir l’année 2011 à un niveau proche de 85% (plus de 1600 milliards d’euros). Mais c’est l'année prochaine, surtout, qu’elle devrait battre tous les records: selon Bercy, la dette publique représentera alors 88,3% du PIB.

 

Déficit commercial

Avec, fin 2011, 75 milliards d’euros de déficit de balance commerciale - qui représente le solde entre les importations et les exportations de l’économie française – l’Hexagone double quasiment son déficit de 2007 (une quarantaine de milliards). Et bat ainsi tous les records, enfonçant au passage le niveau déjà exceptionnel atteint en 2008 (-56 milliards d’euros).

 

Chômage

C’est le seul record « relatif » de ces quatre indicateurs. Reste qu’en novembre 2011, avec 2 844 800 demandeurs d’emplois inscrits en catégorie A en France métropolitaine, le pays a atteint son plus haut niveau chômeurs, en valeur absolue, depuis 12 ans. Un chômage qui ne devrait cesser de croître l’année prochaine. Ainsi, selon l’Insee, le taux de chômage (au sens du Bureau international du travail) remontrait de 9,3% aujourd’hui à 9,6% mi-2012 (10% avec les DOM).

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31 décembre 2011 6 31 /12 /décembre /2011 18:47
| Par Martine Orange

Au 1er janvier, l'économie française entre de plain-pied dans l'austérité. Les Français vont appréhender les premiers effets des deux plans de rigueur − le premier en août, le second en novembre −, qui entrent en vigueur en ce début de 2012. Faits de bric et de broc, empilant les mesures les plus disparates, sans aucune visibilité ni ligne directrice, ces deux programmes d'économie n'ont qu'une méthode : taxer de la façon la plus large possible la vie quotidienne. La valse des étiquettes va commencer. 

  • Alimentation, transports, travaux désormais soumis à une TVA de 7%

Mesure la plus symbolique et à l'impact le plus fort dans la vie de tous les jours : l'augmentation du taux réduit de la TVA, porté de 5,5% à 7%. Officiellement, les cantines scolaires et les produits de première nécessité − pain, lait, pâtes, denrées alimentaires de base − ne sont pas touchés : la TVA reste à 5,5%. Mais la grande distribution a déjà commencé à invoquer la flambée des cours des matières premières pour annoncer de nouvelles hausses. Tous les autres secteurs qui bénéficiaient d'une TVA à taux réduit, en revanche, sont concernés : travaux à domicile, travaux de rénovation, hébergement, services à la personne, restauration. Les réactions de ce dernier secteur sont guettées avec intérêt : en 2008, il a bénéficié d'un abaissement de la TVA, de 19,8% à 5,5%. La mesure a coûté 3 milliards de recettes annuelles à l'État, sans que les consommateurs n'en voient la couleur. Combien de temps en retour les restaurateurs vont-ils attendre pour répercuter la hausse ?

La hausse de la TVA va aussi se répercuter sur le prix des transports. La SNCF a annoncé une augmentation de 3,2% − incluant une nouvelle révision tarifaire − sur les prix des billets de TGV, Téoz et Lunéa à partir de mardi. Cette hausse moyenne est de toute façon sans signification puisqu'il y a longtemps que la tarification de la SNCF est devenue incompréhensible. Le prix du métro parisien bondit lui aussi : le carnet de dix passe à 12,70 euros. Le forfait Navigo reste inchangé : celui-ci a déjà augmenté de 1,5% en fin d'année, la RATP ayant anticipé l'augmentation à venir. Faute d'informations précises, il est impossible de dire comment évolueront les tarifs des transports urbains en province. Mais eux aussi sont soumis à la nouvelle TVA.

Les livres et les produits culturels, qui bénéficient d'une TVA à taux réduit, sont provisoirement épargnés. Ils ne seront frappés d'une TVA à 7% qu'à partir du 1er avril.

  • Des taxes spéciales sur les sodas et l'alcool

La disposition a fait beaucoup de jaser, tant l'argumentaire, présenté par le gouvernement, a été jugé surréaliste. Soudain préoccupé de notre santé, par la lutte contre l'obésité, il a décidé d'imposer une taxe spéciale sur les sodas. D'un montant évalué à 2 centimes par canette, cette taxe devrait rapporter 280 millions de recettes de poche à l'État. Les distributeurs ont déjà averti qu'ils répercuteraient intégralement cette taxe. Le prix du litre de Coca-Cola s'élèvera, selon eux, à 1,50 euro contre 1,30 actuellement.

Toujours dans le même souci de protection de la santé, les taxes sur les alcools au-dessus de 18°. Le gouvernement en escompte 300 millions d'euros de recettes supplémentaires.

Vers un nouveau plan de rigueur dès le début de l'année
  • Gaz : + 4,4% au 1er janvier ; +65% en cinq ans.

Les promesses n'engagent que ceux qui les reçoivent. En jurant au printemps que le prix du gaz resterait inchangé jusqu'à l'élection présidentielle, le ministre de l'Industrie, Éric Besson, savait qu'il n'était que dans l'effet d'annonce. La disposition bâclée a été attaquée par Suez-GDF et les autres distributeurs de gaz et le conseil d'État l'a recalé. Le gouvernement n'a pu qu'obtempérer. Après négociation, les tarifs réglementés du gaz pour les particuliers comme pour les entreprises augmentent de 4,4% au 1er janvier. La mesure concerne quelque 12 millions de foyers particuliers.

Depuis la privatisation de Gaz de France, première décision industrielle de Nicolas Sarkozy à son arrivée à l'Élysée, les tarifs réglementés du gaz ont augmenté de quelque 65%. Les prix du gaz en France sont désormais les plus élevés d'Europe, comme le rappelle l'association UFC-Que choisir. Dans un rapport dont elle a le secret, la Commission de régulation de l'énergie, autorité indépendante de tout sauf des intérêts particuliers, faisait le même constat tout en insistant sur le fait que les tarifs réglementés ne sont pas forcément synonymes de prix bas. Au fait, qui disait que l'ouverture à la concurrence du marché de l'énergie, la privatisation de Gaz de France et la création d'un géant mondial gazier, capable d'optimiser au mieux ses approvisionnements, seraient profitables à l'intérêt de la France et de ses consommateurs ? Soudain, beaucoup ont la mémoire qui flanche.

  • Santé, prestations sociales à l'amende

Dans le cadre de la lutte contre les déficits sociaux, une nouvelle taxe, allant de 3,5% à 7% de leur chiffre d'affaires, frappe les mutuelles complémentaires de santé. Celles-ci ont déjà prévenu qu'elles étaient dans l'obligation de répercuter intégralement cette nouvelle taxe sur les assurés. Selon les mutuelles, l'augmentation moyenne est de 4,5%, mais peut aller jusqu'à 8-9% pour certaines mutuelles. Depuis cinq ans, les tarifs des mutuelles ont augmenté de plus de 30%, amenant de plus en plus de Français à ne plus cotiser à une assurance complémentaire. La France est, après les États-Unis, le pays occidental où les dépenses de santé sont le moins bien remboursées. Un tiers des Français renoncent à se faire soigner. Cela n'empêche pas certains de répéter comme une scie que le système français est le plus généreux du monde et qu'il convient de le réviser pour le mettre aux normes communes.

Dans le même temps, les indemnités d'arrêt maladie ont été révisées. Une journée de carence est désormais imposée aux salariés de la fonction publique. Le gouvernement a présenté cette disposition comme une mesure d'équité à l'égard du privé. Le gouvernement a renoncé à imposer une nouvelle journée de carence aux salariés du privé, qui ont déjà un délai de trois jours. Mais ils se voient imposer une baisse de leurs indemnités journalières à partir d'un revenu de 2.405 euros brut par mois − sauf dans le cas où leur employeur complète les sommes versées par la Sécurité sociale.

  • Le Smic et les allocations sociales à la portion congrue

Le Smic est revalorisé de 0,3% au 1er janvier, comme tous les ans. Il s'établira à 9,22 euros brut de l'heure, soit 1.398,37 euros brut par mois. Il avait été relevé de 2,1%, à 9,19 euros brut de l'heure le 1er décembre, pour tenir compte de l'inflation. Le montant du revenu de solidarité active (RSA) augmente de 1,4%, passant de 466,99 euros à 474,93 euros pour une personne seule.
Pour les familles, le plafond de ressources ouvrant droit aux prestations familiales est revalorisé de 1% (45.068 euros annuels pour la Paje, prestation d'accueil du jeune enfant). Les allocations familiales et logement, elles, seront revalorisées au 1er avril, de 1%, soit un montant inférieur à la croissance, dans le cadre du plan de rigueur.

En contrepoint, le gouvernement n'a pas oublié de revaloriser le barème des montants des salaires saisissables, critère très important pour les ménages surendettés notamment. Et là, l'inflation a été pleinement prise en compte. L'augmentation est de 2% en moyenne.

Bref, à l'exception de l'abonnement à Mediapart, inchangé depuis sa création en 2008, tous les produits de consommation courante sont appelés à augmenter. Le gouvernement espère une trentaine de milliards d'euros de recettes et d'économies supplémentaires grâce à ces deux plans de rigueur. Mais toutes ses prévisions, fondées sur une croissance de 1% en 2012, sont déjà caduques. Dès février, un nouveau plan de rigueur va s'imposer. Il risque d'être tout aussi injuste et bricolé que les deux premiers.

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31 décembre 2011 6 31 /12 /décembre /2011 18:41

| Par Edwy Plenel

2011 aura été une année d'immense bascule qui a renversé les certitudes les plus établies. Dans le monde arabe, des dictatures interminables se sont effondrées sous la révolte populaire tandis qu'en Europe, l'Union politique et monétaire est menacée dans sa survie. Des pouvoirs oligarchiques et des partis xénophobes y exploitent la crise financière afin d'attiser la peur et la haine. Qu'attendons-nous pour suivre l'exemple des peuples qui ont pris le risque d'écrire leur histoire plutôt que de continuer à la subir ?

Il y a exactement un an, le 31 décembre 2010, Mediapart donnait la parole à Stéphane Hessel qui nous offrait ses vœux de résistance pour 2011. Le succès de son libelle Indignez-vous ! ne faisait alors que commencer, et ne cessera de s'amplifier durant toute l'année et dans le monde entier, au point de donner naissance au mouvement des Indignés, ébauche d'une insurrection pacifique contre un ordre du monde injuste et dangereux.

 

 

« De quoi faut-il donc que ces jeunes s'indignent aujourd'hui ? s'interrogeait Stéphane Hessel dans ses vœux confiés à Mediapart. Je dirais d'abord de la complicité entre pouvoirs politiques et pouvoirs économiques et financiers. » L'année 2011 n'aura cessé de lui donner raison. En Europe, de la Grèce à l'Italie, les mêmes pouvoirs qui portent la responsabilité de la crise s'en sont saisis pour accentuer la dépossession démocratique, appliquant avec la promotion de gouvernements technocratiques liés aux oligarchies financières cette « stratégie du choc » décrite par Naomi Klein, où les peuples payent seuls la note des désastres du capitalisme (lire ici l'article de Jade Lindgaard).

Mais l'histoire n'est jamais écrite, toujours imprévisible dans ses tours et détours. Du moins si nous n'oublions pas que, hommes et femmes, nous en sommes les acteurs, producteurs tout autant que produits des circonstances historiques. C'est ainsi que l'appel à la résistance de Stéphane Hessel connut sa véritable réplique là où la plupart des observateurs ne l'attendaient pas. Lancé par l'exemplaire peuple tunisien, l'écho est venu de ce monde arabe qu'une Europe trop sûre d'elle-même et trop aveugle aux autres croyait condamné aux régimes autoritaires par crainte d'un islamisme diabolisé. « N'attendons pas. Résistons… », nous disait Stéphane Hessel, le 31 décembre 2010. Deux semaines après, le 14 janvier 2011, le dictateur Ben Ali fuyait la Tunisie pour se réfugier en Arabie Saoudite.

Quand, en 2009, était paru aux Éditions de l'Atelier Dictateurs en sursis, sous-titré Une voie démocratique pour le monde arabe, ce livre prophétique de l'opposant tunisien Moncef Marzouki, alors en exil forcé en France, Mediapart avait été parmi les rares à y accorder importance et crédit (lire ici l'article de Pierre Puchot). Aujourd'hui, depuis quelques semaines, Moncef Marzouki est président de la République tunisienne, premier président d'une République enfin libre qui invente avec précaution et prudence son futur démocratique. Et il était évidemment, autour de Stéphane Hessel et d'Edgar Morin, parmi les orateurs de la soirée de solidarité et de fraternité organisée à Paris par Mediapart, dès le 7 février 2011, pour saluer les révolutions arabes naissantes.

 

L'Europe, le monde et la philosophie du porc

Si nous avons d'emblée évoqué un « 89 arabe » (lire ici notre article), pronostic prolongé dans un livre de dialogue avec l'historien Benjamin Stora (lire là sa présentation), ce n'était évidemment pas pour annexer à un passé européen cette histoire inédite qu'inventent désormais, dans la diversité de leurs situations nationales, les peuples arabes. Cette résonance intellectuelle voulait surtout souligner que la séquence ainsi ouverte était de la même ampleur que ce printemps des peuples qui, sur le continent européen, à l'orée du dix-neuvième siècle, avait donné définitivement corps aux idéaux démocratiques, les projetant tout autour de la Terre. La démocratie comme idéal de liberté des individus, d'égalité des droits et de fraternité des peuples. La démocratie comme idée plus que jamais neuve.

L'onde de choc de 2011 n'en est qu'à ses débuts. Il y aura bien sûr des déceptions et des régressions, des défaites et des reculs, mais une nouvelle histoire s'est mise en mouvement où s'inventeront des solutions politiques inédites et s'instaureront des relations internationales nouvelles. Les manifestants russes qui, en cette fin d'année, se soulèvent contre cette imposture qu'est la « démocratie souveraine » poutinienne, confiscation oligarchique de la volonté populaire, prennent le relais des courageux Tunisiens. De même, l'accentuation récente de la répression des figures de la Charte 08 chinoise, ce manifeste dont la radicalité est simplement démocratique, montre bien le peu de confiance des dirigeants de Pékin dans leur propre système, sa solidité et sa crédibilité (écouter ici notre entretien avec le sinologue Jean-Philippe Béja).

La Charte 08 fut ainsi appelée par ses initiateurs chinois en référence à la Charte 77 tchécoslovaque. Vaclav Havel, qui en fut l'un des animateurs, est mort en cette fin d'année 2011 (lire ici l'hommage de François Bonnet), après une vie passée de la dissidence obscure à la présidence de la République tchèque, tout comme Moncef Marzouki, d'opposant exilé est aujourd'hui projeté à la tête de l'État tunisien. Prix Nobel de la paix en 2010, Liu Xiaobo a été condamné à onze ans de prison en 2009 sous le reproche d'être l'un des rédacteurs de la Charte 08. Il est donc depuis deux ans enfermé au secret pour un délit d'opinion : avoir simplement prôné une évolution pacifique de la Chine vers la démocratie.

 

Dans l'édition française des essais de Liu Xiaobo parue en 2011, avec en annexe le texte complet de la Charte 08, on retrouve intacte la colère d'un homme dont la dissidence fut simplement de refuser le mensonge et de vivre dans la vérité. « En Chine, pratiquement tout le monde a le courage de défier sans vergogne la morale, écrit-il. Tandis qu'on ne trouve presque personne qui ait le courage moral de défier la réalité sans vergogne. » Ce renoncement, cette abdication d'une liberté, celle de résister et de s'opposer, dont nous avons tous la charge, Liu Xiaobo l'appelle « la philosophie du porc ». Du porc qui se vautre dans la satisfaction immédiate de ses désirs et de ses envies, de sa seule survie à rebours de tout idéal.

Vaclav Havel avait préfacé ce recueil, évoquant ce « minimum moral, commun au monde entier, grâce auquel les citoyens de pays aussi éloignés et dissemblables que la Chine et la République tchèque peuvent aspirer aux mêmes valeurs, se solidariser et fonder ainsi des amitiés qui ne sont pas seulement pour la photo – des amitiés réelles ». Conseillant au dissident chinois de ne pas s'inquiéter de l'issue incertaine de son combat et, sait-on jamais, de ne pas exclure une victoire rapide, Havel ajoutait, en une forme discrète d'autocritique : « Ce serait magnifique si, dans votre action, vous arriviez à tirer la leçon des tâtonnements et des troubles que nos pays ont traversés après la chute du pouvoir communiste et à éviter ces accidents de parcours. »

Nous y voilà. Vingt ans après la chute de l'URSS, précédée de celle du Mur de Berlin, l'Europe contemple sa défaite. Du moins si l'on admet que l'Europe ici évoquée n'est ni une obligation géographique ni une contrainte économique, mais une volonté politique : une Europe dont la démocratie serait en quelque sorte la seule frontière. Tel était l'idéal originel, né dans les ruines d'un continent ravagé par les guerres, les nationalismes et les racismes, ce continent, et nul autre, où fut, hélas, inventée la barbarie au cœur de la civilisation. Or, tandis que les idéaux démocratiques sont portés, revigorés et réinventés, par des peuples qu'elle a longtemps ignorés ou méprisés, l'Europe semble se résigner à leur déclin.

Des peuples congédiés, des banquiers qui gouvernent, des travailleurs méprisés, des étrangers discriminés, des nations défiées, des haines attisées, des peurs suscitées, etc. : au risque de se répéter, tant le constat est désolant, Mediapart n'aura cessé en 2011 de chroniquer ce renoncement démocratique dont la crise financière fut l'accélérateur, devant des peuples pour l'heure impuissants à enrayer cette dérive. Et si dans cette histoire qui s'avance, inédite et incertaine, le retour de balancier était pour nous, Français et Européens soudain plongés dans une immense régression quand d'autres, sur tous les continents, s'inventent des futurs ? Serait-ce notre tour, après tant d'inconscience, d'arrogance et de démesure de nos élites dirigeantes, de vivre dans cette porcherie mentale que décrivait Liu Xiaobo ? De devenir spectateurs muets et silencieux, et par conséquent complices, d'une corruption générale de l'esprit public ?

La réponse ne dépend que de nous, et c'est évidemment non. Non, parce que nous ferons en sorte que ce ne soit pas. Parce que nous nous indignerons, parce que nous résisterons, parce que nous créerons. Nous, c'est-à-dire vous. Tel est du moins notre souhait et notre engagement pour 2012.

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31 décembre 2011 6 31 /12 /décembre /2011 18:34

La Tunisie en route vers la démocratie

| Par La rédaction de Mediapart
Le pays qui a donné le coup d'envoi du printemps arabe a gardé son avance en 2011. Malgré quelques hoquets, la constituante est sur les rails.
 
Où en est-on aujourd'hui ?
 
Le 23 décembre, l'Assemblée constituante a accordé la confiance au gouvernement en approuvant par une majorité sa composition établie par son chef, Hamadi Jebali du parti islamique conservateur Ennahda. Hamadi Jebali avait présenté le 20 décembre la liste de son équipe dont les ministères clés vont à son parti. Ennahda était sorti largement vainqueur des premières élections démocratiques de la Tunisie post-Ben Ali. Le 17 décembre, des milliers de Tunisiens, dont le président Moncef Marzouki, se sont rassemblés à Sidi Bouzid pour commémorer le premier anniversaire du soulèvement populaire déclenché à la suite de l'immolation par le feu d'un vendeur ambulant de la cité, Mohamed Bouazizi.

L'Egypte toujours sous le joug militaire

| Par La rédaction de Mediapart
Les espoirs suscités par le départ d'Hosni Moubarak n'auront été que de courte durée. La violente répression par l'armée des manifestations de décembre illustrent le paradoxe d'un pays sorti d'une dictature mais pas encore arrivé à la démocratie.
Où en est-on aujourd'hui ?
 
Le mois de décembre a été marqué par un double mouvement. D'un côté, la tenue des élections, de l'autre, la résurgeance du mouvement de protestation sur la fameuse place Tahrir, marquée par une forte répression et un soutien moindre de la population en général. Les premiers résultats des élections, fin novembre, notamment au Caire et à Alexandrie, donnent la victoire des islamistes au premier tour (65% des voix). Le parti salafiste Al-Nour (24,3%) talonne les Frères musulmans (36,6%). La deuxième phase, les 14 et 15 décembre, conforte la domination des islamistes. Parallèlement, on dénombre plus d'une cinquantaine de morts dans les violences. Ce 29 décembre, les locaux de plusieurs ONG militant pour les droits de l'homme ont été perquisitionnés. La justice s'intéresse à leur financement. En creux, l'armée au pouvoir leur reproche de recevoir des financements étrangers...

La Syrie termine l'année dans le sang

| Par La rédaction de Mediapart
ONG et Onu s'accordent pour dire que le régime de Bachar el-Assad s'adonne à une répression sanguinaire des manifestants. Sans compter les doutes sur l'intégrité des observateurs envoyés par la Ligue arabe.

Où en est-on aujourd'hui ?
Sur le papier, la fin d'année en Syrie semble marquer un léger mieux. Mais sur le papier seulement. Damas a finalement accepté, le 19 décembre, de recevoir des observateurs de la Ligue arabe sur son sol, quelques semaines après avoir été exclu de l'institution et accepté le principe de l'arrêt de la répression. Las, la veille de l'arrivée des observateurs, le 27 décembre, la ville de Homs, siège des manifestants, a été le théâtre d'une violente répression, selon les observateurs sur place. En outre, le fait que la mission pan-arabe soit dirigée par un ancien militaire soudanais, lui-même soupçonné de crimes de guerre au Darfour, n'est pas là pour rassurer.

La Libye a chassé son dictateur, pas ses démons

| Par La rédaction de Mediapart
Trois mois après la mort de Mouammar Kadhafi, le pays n'a toujours pas de vision claire de son avenir. Le Conseil national de transition travaille sans transparence, la population reste méfiante.
Où en est-on aujourd'hui ?
 
Si du point de vue sécuritaire, la Libye va mieux, il n'en est pas de même politiquement. Des dissensions se font jour entre les diverses communautés qui composent le Conseil national de transition. Le 26 décembre, les anciens rebelles libyens qui ont combattu les forces de Mouammar Kadhafi ont réclaméune plus grande représentation au CNT, l'organe qui dirige le pays. Quelques jours auparavant, le ministre de l'économie Tahar Charkass, qui occupait un poste officiel sous Mouammar Kadhafi, a dû présenter sa démission sur fond de manifestations réclamant l'exclusion des personnes associées à l'ancien régime. A Syrte d'autres manifestations ont eu lieu ces dernières semaines pour réclamer un meilleur traitement de la part du CNT. Enfin, le gouvernement a dû annoncer le déplacement de certains ministères à Benghazi, point de départ de la révolution, pour calmer la population locale.

Israël n'a pu se prémunir du printemps arabe

| Par La rédaction de Mediapart
Dans le pays qui était jusqu'à présent l'une des seules démocraties de la région, des mouvements sociaux ont marqué l'année. En cause: un Etat qui privilégie la sécurité au détriment du pouvoir d'achat, notamment.
Où en est-on aujourd'hui ?
 
Les dernières tentes du boulevard Rothschild à Tel Aviv ont été évacuées début octobre, au moment même où le gouvernement débattait vivement des mesures sociales à mettre en place, telles que préconisées par le rapport de l'économiste Manuel Trajtenberg. Une manifestation s'est tout de même tenue fin octobre afin de maintenir la pression. Avec un effet positif semble-t-il puisque le gouvernement a fini par accepter de prendre des mesures à destination des classes populaires et moyennes. Las, la montée des partis musulmans conservateurs chez les voisins d'Israël a abouti à un recul de Benjamin Netanyahu. Celui-ci a finalement annoncé le 20 décembre que les 800 millions de dollars de dépenses militaires qui devaient être redéployés sur des mesures sociales vont finalement rester dans le budget militaire (plus de 14 milliards de dollars au total)
.

En Russie, le peuple se réveille

| Par La rédaction de Mediapart
Les dernières élections ont certes confirmé la mainmise de Poutine sur le pays, mais son score est plus que mitigé quand on songe aux fraudes observées. Dans un pays tenu d'une main de fer, les récentes manifestations n'en sont que plus symboliques d'un régime qui tremble sur sa base.
Où en est-on aujourd'hui ?
 
Plusieurs centaines de personnes se sont rassemblées le 29 décembre dans le centre de Moscou pour réclamer la libération du dirigeant d'un mouvement d'opposition russe emprisonné, Sergueï Oudaltsov, malgré l'interdiction de ce rassemblement. La veille, Vladimir Poutine avait rejeté les revendications des opposants et estimé qu'un dialogue avec eux était impossible, jugeant ce mouvement trop désorganisé, sans leader et sans programme. L'opposition a promis d'organiser un nouveau rassemblement après la longue période de jours fériés (du 1er au 10 janvier), sans pour autant fixer de date. 

En Grèce, le consensus politique ne se retrouve pas dans la rue

| Par La rédaction de Mediapart
Un pays au bord du chaos financier, un Premier ministre chassé par ses partenaires européens, un gouvernement d'union qui accueille l'extrême droite et des plans d'austérité qui s'enchaînent. Et dans la rue, la population continue de crier son désespoir.
Où en est-on aujourd'hui ?
La population grecque semble totalement assomée par les mesures d'autérité. Le commerce de détail a été frappé par une réduction de 30% des ventes pendant les fêtes de Noël par rapport à la même période en 2010 en raison de la poursuite de la crise. Le gouvernement de coalition, qui va du PASOK à l'extrême droite, est sous surveillance des autres pays membres de la zone euro, et en particulier l'Allemagne et la France. Des élections législatives anticipées se tiendront fin avril. En attendant, le gouvernement devra achever les négociations cruciales sur la restructuration de la dette avant les élections législatives anticipées.  Ce 30 décembre, on apprenait que le gouvernement de Lucas Papademos est sur le point de faire de nouvelles propositions. Pour convaincre les financiers d'accepter  d'échanger leurs titres contre des obligations de plus longue durée ou avec une décote, celui-ci  proposerait que les nouveaux titres émis seraient gagés sur des biens publics.  Electricité, autoroutes, chemin de fer,  ports, immobilier, foncier , tout pourrait servir de garantie. Appelées obligations de privatisation, ces nouveaux titres d'une durée de cinq ans devraient avoir des taux d'intérêt peu élevés, selon  les informations publiés par le quotidien grec Imerisia. Mais ils pourraient par la suite être transformés en actions, lorsque les sociétés sur lesquelles ils sont adossés, seraient privatisées. Ainsi les créanciers privés, qu'il convient toujours de rassurer, disposeraient de la double garantie d'avoir des actifs tangibles en contrepartie de leur prêt  et de pouvoir mettre la main sur des actifs publics intéressants à bon compte, le moment venu. Car naturellement, les créanciers obligataires se verraient offrir une prime au moment de la privatisation, pour avoir accepté de  renégocier la dette.

L'Espagne a donné le coup d'envoi du mouvement des Indignés

| Par La rédaction de Mediapart
Le 15 mai, sur la Puerta del Sol à Madrid, un premier campement voit le jour. Sept mois plus tard, l'Espagne s'enfonce dans la rigueur et le gouvernement est passé à droite.
Où en est-on aujourd'hui ?
 
Le 15 octobre, à l'occasion d'une journée mondiale de mobilisation, près de 500.000 personnes défilent à Madrid non loin de la Puerta del Sol. Une partie des indignés a depuis rejoint le mouvement qui lutte contre les expulsions. Fin novembre, la droite a largement remporté les élections: le Parti populaire a obtenu la majorité la plus large de son histoire, avec 186 sièges de députés sur 350, contre 110 au PSOE qui a lui encaissé sa pire défaite. L'Espagne commence 2012 sur fond de récession et déjà mise à genou par plusieurs plans d'austérité.

Etats-Unis : «Nous sommes les 99%»

| Par La rédaction de Mediapart
Le mouvement Occupy Wall Street, démarré à la mi-septembre à New York, s'est rapidement répandu dans plusieurs villes américaines. Les tentes ont disparu, mais les manifestants ont bien l'intention d'utiliser la présidentielle de 2012 comme caisse de résonnance.
Où en est-on aujourd'hui ?
 
Il n'y a plus de campements aux Etats-Unis. Le 15 novembre, le campement de Wall Street a été évacué manu militari Etats-Unis : «Nous sommes les 99%»par la police new yorkaise. Le 6 décembre, le mouvement Occupy our homes (Occupons nos maisons) lance une journée d'actions pour dénoncer les expulsions effectuées à la demande des grandes banques. Le 14 décembre, un autre mouvement, «Occupy DoE» (Occupons le département de l'éducation) rejoint professeurs et parents d'élèves pour dénoncer les conditions dans lesquelles la mairie de New York veut confier l'ouverture de deux nouvelles écoles à une organisation dirigée par un proche du maire.

Du mouvement «Uncut» à «Occupy London»

| Par La rédaction de Mediapart
Confrontés à un plan drastique d'austérité, les Britanniques ont été parmi les premiers à manifester. Ils occupent encore aujourd'hui deux endroits à Londres.
Où en est-on aujourd'hui ?
 
Le 15 décembre dernier, les «indignés» de Londres fêtaient à grand renfort de sifflets et tamtam deux mois de campement au coeur de la City, où ils comptaient bien rester jusqu'au Nouvel an. Pari tenu. A Londres, le mouvement «Occupy LSX» (Occupons le London Stock Exchange) semble solidement implanté avec deux camps, à Saint-Paul et Finsbury Park, et l'occupation d'un immeuble laissé vide par la banque suisse UBS. L'immeuble, rebaptisé «banque d'idées», est utilisé pour des débats et témoignages.

Où sont passés les «indignés» français ?

| Par La rédaction de Mediapart
Le mouvement des «indignés» français a fait long feu. Sans que l'on sache très bien si la cause en est la répression policière, violente et rapide à la Défense, la difficile mobilisation à quelques mois des élections, ou la faiblesse des syndicats.
Où en est-on aujourd'hui ?
 
Le dernier texte sur le site Occupons la Défense est daté du 12 décembre. Il appelle chacun des campeurs à la responsabilité : «Le campement que nous avons créé au milieu de la jungle financière n’est en aucun cas un camp de vacances, c’est un avant-poste révolutionnaire d’un monde plus humain. Ce campement a pour but de fonctionner en marge du système et d’atteindre l’autogestion. Cela implique que chaque personne ici présente se mobilise pour assurer le bon fonctionnement du campement et son avenir. Car nous préparons une révolution. Une lutte contre l’impérialisme financier qui est parfaitement organisé pour exercer son contrôle. A nous de nous organiser pour les combattre, dans la paix et les sourires, mais en gardant en tête que nous sommes ici pour nous battre pour un monde meilleur. Nous pouvons boire, fumer, chanter, nous devons avant tout agir. Il y a toujours quelque chose à faire, que ce soit pour la pérennité du camp ou pour faire passer notre message d’espoir. N’hésitons plus à confronter nos idées, à partager nos connaissances, à demander de l’aide, et, surtout, n’oublions pas que nous sommes dans un mouvement qui se bat activement pour un monde meilleur et que nous avons chacun nos responsabilités de par notre comportement, notre façon de s’exprimer et d’agir.» Le live-stream vidéo répète quant à lui en boucle des images de précédentes manifestations.

L'Islande invente et réinvente la démocratie

| Par La rédaction de Mediapart
Frappée de plein fouet par la crise de 2008, en faillite, l'île a tenté en 2011 de se reconstruire sur de nouvelles bases : constituantes, forums ouverts au plus grand nombre... c'est une nouvelle démocratie qui sort de terre.
Où en est-on aujourd'hui ?
 
L'ex-Premier ministre Geir Haarde sera bien jugé pour sa responsabilité dans l'effondrement du système financier du pays en 2008, quand il en dirigeait le gouvernement, a décidé en octobre à Reykjavik un tribunal spécial. La Landsdomur, unique Cour habilitée à juger ministres ou ex-ministres et qui n'avait jamais été convoquée auparavant, a décidé d'écarter deux des six charges retenues contre l'ancien chef de gouvernement, qui sera en revanche jugé pour les quatre autres, dont celles en relation avec la faillite de la banque Icesave. Mi-novembre, un programme pour dynamiser l'économie et les exportations très durement frappées par la crise de 2008 a été lancé. Le pays a par ailleurs avancé dans ses négociations d'adhésion à l'Union européenne.

Au Chili, les étudiants veulent en finir avec l'ère Pinochet

| Par La rédaction de Mediapart
Parti de la hausse des frais d'inscription à l'université, le mouvement au Chili a vite dépassé le monde étudiant. En cause, un pays qui vit toujours dans un système mis en place par Pinochet.
Où en est-on aujourd'hui ?
 
Le ministre de l'Éducation a démissionné et a été remplacé le 29 décembre, devenant le deuxième titulaire du poste à renoncer en cinq mois. Le ministre de l'Agriculture, Jose Antonio Galilea, a également présenté sa démission. Le ministre de l'Éducation a semble-t-il été déçu de la faible marge de manœuvre consentie par le gouvernement pour négocier avec les étudiants, toujours mobilisés fin décembre.
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31 décembre 2011 6 31 /12 /décembre /2011 18:25
*Retrouvez les épisodes précédents déjà édités dans la même rubrique

 

 
© Nathanaël Charbonnier

C'était signé:  Le directeur, J.-V. Mapangou-Ndjol ». La mention était couronnée d'un splendide cachet apposé sans bavures par un tampon encreur, timbre officiel au centre duquel l'expéditeur avait gribouillé une arabesque illisible en guise de signature.

Un fourmillement joyeux parcourut le corps de Constance. La recherche qu'elle avait lancée portait enfin ses fruits. La lettre que l'on venait de lui remettre sortait à peine d'une valise diplomatique en provenance du Gabon. Il y était écrit ceci: «L'enquête que vous avez diligentée auprès de nos services le 18 janvier dernier nous a conduits à identifier le cybercafé d'où ont été envoyés les messages qui retiennent votre attention. Il s'agit de «La case à Jimmy», un bistro de Libreville tenu par un ressortissant français. Après avoir interrogé longuement et avec minutie le patron de ce débit de boissons ainsi que son serveur, nos inspecteurs dépêchés sur place n'ont pu se procurer le nom de l'internaute qui prend pour sobriquet ‘chatgrix'. En revanche, il apparaît que l'objet de vos  préoccupations est une jeune femme de petite taille et de type africain, sans plus de précision».

Le texte à l'en-tête de la Sûreté nationale gabonaise se poursuivait ainsi: «....Sachez enfin que nos agents ont rapporté de leurs investigations un GSM d'un modèle très commun. Selon le tenancier de «La case à Jimmy», chatgrix aurait récemment oublié son téléphone cellulaire dans cet estaminet librevillois. Par précaution sans doute, elle n'est pas venue le récupérer. Nous en avons extrait la carte SIM que vous trouverez au bas de la lettre dont vous êtes, ci-devant, la très honorable ampliataire»

Le visage du Lieutenant Tranh s'orna d'un grand sourire. La jeune femme inspira très fort en serrant contre elle, sur sa gorge, la lettre si précieuse dont elle resterait à jamais «l'ampliataire», c'est-à-dire l'heureuse destinataire du pli expédié du lointain Gabon par un emphatique premier flic local prénommé Jean-Valère.

Grâce à lui, elle ne tenait pas encore l'araignée dans sa main mais elle l'entrevoyait. Elle tenait un fil de la toile qui agitait le web. Les agit'nautes n'étaient plus ces êtres immatériels qu'elle traquait depuis des mois. Ils prenaient corps. Elle pouvait au moins leur donner l'apparence d'une petite jeune femme à la peau noire qui commençait peut-être, loin de Paris, à vivre dans la crainte à cause d'un GSM oublié dans un cybercafé d'Afrique équatoriale.

La puce du téléphone portable était fixée au papier par un point de colle au léger parfum d'amande. Détachant l'objet d'un coup d'ongle, Constance Tranh le tint entre l'index et le pouce de sa main droite. Elle le tint avec une précaution d'artificier et le scruta recto-verso sous tous les angles de ses yeux  brillants.

-  Alors ça y est? Nous remontons à la source?

Elle sursauta.

-  Allons-nous écraser l'araignée?

Jacques-Julien Keller venait d'entrer dans la pièce comme un souffle. Le parquet n'avait pas craqué sous ses pas. Le chef de cabinet du Préfet interrogea du regard la policière dont la présence à la P.P. depuis l'automne le ravissait.

Le visage de Constance vira au rose puis au rouge. Elle se ressaisit rapidement et repris le contrôle de ses couleurs face à ce supérieur hiérarchique impressionnant et discret. Les mots se bousculèrent d'abord dans la bouche de la jeune fonctionnaire quand elle entreprit de répondre aux questions de son interlocuteur. Ils s'enchaînèrent ensuite sans faillir. Elle finit par brandir sous le nez de son chef la carte SIM prélevée sur le GSM de chatgrix et dit d'une voix bien assurée: «Nous n'écraserons pas l'araignée, nous la capturerons...». Puis elle marqua un temps: «...et pour la capturer, nous interrogerons cette puce». Une nouvelle pause...

-  ...jusqu'à ce qu'elle parle.

***

 

Dans les emprises du palais présidentiel, Imogène Caillard sentait venir un bouton de fièvre. Son mari fulminait depuis le matin à l'idée de devoir honorer de sa présence l'hommage que la Nation reconnaissante s'apprêtait à rendre à son défunt héros, le Général Albert Prudon.

Depuis deux jours, bravant le gel, plusieurs milliers de personnes affluaient vers la capitale et campaient à ses portes. L'armée et les organisations charitables avaient installé dans les bois de Paris de grands villages de tentes;  le jour «J»,  ils seraient chargés d'accueillir tous ceux que  la mort du militaire avait rendu inconsolables.

Le Président ne croyait pas à cette affliction collective. Les études d'opinion ne le convainquaient guère quand elles estimaient à près de 96% (95,7 précisément) le niveau de la tristesse nationale. Plus les heures le rapprochaient des obsèques, plus il montait en colère. Il était persuadé que les «Chers Compatriotes» accourus de partout et presque sous ses fenêtres n'étaient pas venus pour porter un très vieil homme en terre, mais bien pour dresser ensemble le bûcher qui ferait de lui, Caillard, un martyr du progrès. A cette idée, il ne tenait pas en place. Il marchait de long en large puis en rond en maugréant pour lui-même. Cela inquiétait beaucoup sa «Première Dame» dont la bouche se pinçait en cul de poule à chaque fois qu'il interrompait ce mouvement frénétique pour trépigner en proférant des injures que personne, sinon elle, ne pouvait entendre. Assise près de la cheminée sur une chauffeuse Louis XV aux appuis damassés de soie olivâtre, les tibias croisés dans une posture princière, le dos bien droit, elle caressait Panpan, son lapin nain, obèse et angora.

Voir son «Richou» se mettre dans des états pareils la rendait très nerveuse. Cela contrariait sa nature. Elle tenta donc une diversion en prétextant le froid: «Mon Richou, l'hiver est rude -le sais-tu?-, et les frimas sont traîtres. Promets-moi de passer un chandail sous ton paletot».

Car oui, en toutes circonstances, l'épouse du chef de l'Etat usait sans complexe d'un lexique passé de mode, un glossaire qui préférait le veston à la veste et la noblesse du tricot de peau à la vulgarité du T-shirt. Ce langage désuet mais élégant, elle le devait aux sœurs fridolines du Sacré-Sang auprès desquelles elle avait appris la vie. Habituellement, Maurizio Caillard se délectait de ce vocabulaire suranné. Il le considérait, disait-il, comme «une note de conservatisme fortifiant» dans le «concert de modernité» dont il prétendait assurer l'harmonie à grands coups de réformes salvatrices. Entendre sa «Première Dame» débiter aussi naturellement ses charmants archaïsmes le détendait.

Cette fois, il ne se détendit pas.

Il quitta des yeux la pendule que venait de lui offrir un monarque étranger, pivota brusquement vers Imogène et lui répondit sèchement: «Oublie le chandail, ma Reine. Le gilet pare-balles me tiendra bien assez chaud».

***

 

Dans l'oblongue cuisine d'un trois-pièces de banlieue, le Brigadier Payet peinait à s'extraire de sa nuit. Jamais sans doute il n'avait ressenti une telle fatigue.

Depuis l'automne, tout allait de mal en pis. Tout comme les autres services de police, les Compagnies Républicaines de Sécurité étaient soumises aux cadences infernales imposées par une hiérarchie aux abois. Les forces de l'ordre étaient convoquées sans répit et sans considération d'heure. C.R.S. et gendarmes avaient perdu la garde des bâtiments officiels. On avait confié cette tâche à une importante société de surveillance privée que dirigeait fort opportunément un ami du Président.

Sans répit, donc.

Autour de midi, il fallait boucler le périmètre des manifestations officielles qui se multipliaient; les queues de cortège s'agitaient fréquemment, les casseurs entraient en scène, les poursuites effrénées sur les pavés mouillés épuisaient les hommes, perturbaient leur digestion. Autour de minuit, les Visiteurs du Soir entraient en piste et soumettaient les policiers harassés au jeu du face à face.  Cette confrontation cruelle interdisait tout relâchement sous peine de débordement, elle contraignait à la vigilance malgré l'altération du sommeil, à l'immobilisme et au mutisme dans le froid mordant. Jours et nuits, les nerfs étaient mis à mal. Sur les murs fleurissaient le slogan désormais célèbre: «Pas de répit pour les képis».

Mentalement et physiquement, Payet se sentait exténué, en effet. Une phrase tournait en boucle dans sa tête: «...Je suis au bout du rouleau... au bout du bout du bout... au bout du bout du bout...». Hors de question d'en parler aux collègues, ni à qui que ce fût d'autre.

Depuis son retour de La Réunion où elle avait passé les fêtes de fin d'année seule avec leurs enfants, Lakshmi ne lui adressait plus la parole.

Sans lui, elle avait dégusté les dernières lentilles de Cilaos. Sans lui, elle avait cheminé entre les filaos et les fraisiers sauvages. Sans lui, elle s'était enivrée d'un goûteux rhum arrangé aux fruits de l'île posés en fond de bouteille sur un lit de feuilles de zamal. Sans lui, elle avait plongé nue dans cette clue pourtant inaccessible qu'il lui avait fait découvrir comme un trésor aux temps clandestins de leurs premières rencontres.

Kevin avait attendu la veille des congés scolaires de Noël pour prévenir sa femme de «l'empêchement» qu'hélas il subissait pour des raisons professionnelles.

La jolie Malbaraise avait encaissé le choc. Patiemment, elle l'avait entendu dérouler son argumentaire policier: «cas de force majeure... service de l'Etat ...Devoir...Institutions menacées...impossibilité de dire non». Il lui avait assuré qu'il serait-là pour les accompagner, elle et les enfants, à l'aéroport. Il avait demandé son après-midi, on le lui avait accordé à titre exceptionnel. Elle n'avait donc pas de soucis à se faire. Il l'aiderait à enregistrer les bagages, elle aurait juste à monter dans l'avion. Elle dirait à leurs deux familles les regrets qu'il aurait de n'être pas venu et l'on se donnerait rendez-vous à l'année prochaine quand tout se serait apaisé. Quant au prix de son billet d'avion pour Saint-Denis, il n'aurait vraiment aucun mal, vu les circonstances, à en obtenir le remboursement intégral.

Sans le quitter des yeux, la douce Lakshmi avait tout écouté en silence. Après une profonde inspiration, elle avait murmuré «Va te faire foutre». Deux larmes avaient coulé sur ses joues sans que ses yeux eussent l'air de pleurer. Le jour du départ, elle avait refusé l'aide de son mari d'un simple geste -bras tendu, main ouverte- qui signifiait: «Reste où tu es». Un voisin avait pris ses valises et l'avait conduite à Orly.

Et ce matin, alors qu'elle était partie chercher leur fille à l'école pour l'heure du déjeuner, penché sur son bol de café, le Brigadier Kevin Payet y fixait son reflet en se répétant, épuisé: «...Au bout du bout du bout...».

 

***

Encadré par la Garde républicaine à cheval en tenue d'apparat, le cercueil habillé d'un drapeau tricolore du Général Albert Prudon reposait sur un V.A.B. que l'on avait peint en blanc. Le Véhicule de l'Avant Blindé longea le Palais du Luxembourg, gravit lentement la rue de Médicis et s'engagea dans la rue Soufflot au fond de laquelle se profilait la silhouette néoclassique du Panthéon. Derrière le cortège des officiels et des personnalités qui suivaient le catafalque ambulant, la multitude silencieuse des inconnus à pieds se réappropriait doucement la chaussée dans le sillage crotté des canassons de la Garde.

Depuis les premières heures de ce jour mémorable, la foule qui occupait toutes les rues du quartier les rendait  impropres à la circulation automobile. Le boulevard Saint-Michel n'était plus qu'une rumeur.

A la hâte et afin d'éviter les bousculades, on avait fixé des écrans géants tous les cent à cent-cinquante mètres sur les voies principales. Dans les artères secondaires, les commerçants avaient été mis à contribution quand ils  n'avaient pas offert de leur propre initiative de placer en hauteur dans leur vitrine un téléviseur allumé. Huit chaînes retransmettaient l'évènement.

Sur ordre de la vice-Présidente, toutes les forces de l'ordre disponibles avaient été mobilisées pour contenir cette marée humaine; plusieurs milliers de treillis-rangers caparaçonnés et casqués formaient un mur menaçant pour quiconque serait tenté d'approcher la place des Grands Hommes; par sécurité, on l'avait transformée en «no man's land» jusqu'au croisement de la rue Saint-Jacques. C'est précisément là que Kévin, armé d'un lance-grenades,  avait été posté.

Vers 16h, à l'instant où le cortège funéraire parvenait place Edmond-Rostand pour sa dernière ligne droite, le tumulte ouaté de l'hélicoptère présidentiel se fit entendre. En une manœuvre délicate, l'appareil déposa Maurizio Caillard place du Panthéon et reprit l'air aussitôt après.Devant le sanctuaire républicain, pashmina noir au vent sur un ensemble pantalon-veste kaki, le regard fixe, Marie-Michèle Laborde attendait le chef de l'Etat dans un garde-à-vous impeccable.

Choisis parmi les unités d'élite que le héros défunt avait eu l'honneur de commander, six jeunes soldats se saisirent du cercueil et le firent glisser du V.A.B.

Dans un mouvement fort bien coordonné, ils  accomplirent alors une demi-rotation sur eux-mêmes face au caisson qu'ils élevèrent prestement jusqu'à leurs têtes avant de le poser comme au ralenti et très délicatement sur leurs épaules. Soudain statiques, comme insensibles au froid, ils se tinrent debout pendant de longues minutes au son d'une marche funèbre.

La solennité du moment fut accentuée par la nuit qui tomba exceptionnellement tôt ce jour-là sous un ciel très bas. Au milieu de cet après-midi obscur, les lampadaires n'éclairaient pas encore l'espace public.

Les enseignes au néon des magasins délivraient aux passants leurs lumières de bastringue. Au gré des plans-séquences, les écrans de télévision -par réverbération- transformaient les visages frigorifiés des spectateurs en images animées quasi-psychédéliques. Et au-dessus du lot, dans le vaste halo ainsi créé, le grésil qui flottait sur Paris prenait l'allure d'une invasion de lucioles livrées aux caprices d'un vent glacial.

C'était la bise des dieux au héros mort.

Aux derniers échos de la musique militaire, les porteurs de cercueil reprirent leur chorégraphie.

Sans faiblir, dans un léger mouvement de balancier d'un pied sur l'autre, marche après marche, ils atteignirent l'entrée du Panthéon et disparurent dans la bouche du Temple, suivis par le chef de l'Etat et la vice-Présidente.

Que se passa-t-il après?

On ne vit rien de ce qu'il se fit à l'intérieur du tombeau des Grands Hommes. La voix d'un comédien requis pour les funérailles et grassement doté pour sa prestation déclama théâtralement le pensum rédigé par un écrivain officiel, proche parmi les proches du couple présidentiel. L'hommage retentit dans tout le Quartier Latin. Bien plus tard, on sut que pendant cet intermède Maurizio Caillard n'accompagna pas le Général Albert Prudon jusqu'à sa dernière demeure. Il laissa ce soin à Marie-Michèle Laborde, arguant (mais en privé seulement)  qu'«elle adore ça». Rancunier, il n'avait pas l'intention d'oublier l'affront que le vieux militaire lui avait fait subir avant de mourir devant les caméras de CapTV1.

Afin de préserver les apparences liées à sa fonction, il avait consenti à conduire personnellement l'hommage rendu par la Nation à l'un de ses fils les plus valeureux.

En fait, la participation de Caillard à la cérémonie s'était arrêtée derrière la porte de l'édifice. En attendant le retour de la vice-Présidente partie s'enrhumer dans les galeries sinistres de la crypte, il avait demandé un fauteuil qu'un collaborateur zélé était allé quérir dare-dare dans le bureau du conservateur. Il avait ensuite extrait de sa poche un étui à cigares, en avait allumé un d'un geste d'orfèvre digne d'un rituel magique. Il en avait tiré une bouffée puis deux, avait tapoté enfin le dos du Havane au-dessus des dalles sacrées du Panthéon en disant: «Paix à ses cendres».

Une demi-heure avait passé.

Dehors, il n'y avait plus que la nuit éclairée par la ville. Les lucioles de grésil avaient laissé la place à de très gros flocons. Un fin tapis blanc couvrait déjà le sol et les gens.

Sur les écrans géants, Maurizio Caillard apparut entre les deux colonnes corinthiennes centrales du portique. Il avait l'air contrit. Trop, sans doute. Et cela ne trompa personne.

Sous la neige, après une longue inspiration et les mains dans les poches, il attaqua d'ailleurs la descente des marches d'un pas incroyablement guilleret tandis que son hélicoptère se posait en contrebas devant lui dans un blizzard de poudreuse.

C'est alors que les dizaines de milliers de témoins transis, rassemblés pour conduire dignement un mort de cent-deux ans vers le glorieux tombeau dédié à ses héros par la Patrie reconnaissante, virent les semelles de leur Président comme ils ne les avaient jamais vues. Dans une figure acrobatique qu'aurait pu applaudir Chaplin, le chef de l'Etat n'atteignit pas la cinquième marche. Il chuta à plat sur le dos, les pieds en l'air.

A cette seconde, un énorme éclat de rires réchauffa l'atmosphère étouffée jusque-là par le gel. Il y eut même des applaudissements. Atténués par les gants et par les moufles, d'abord timides, ils se muèrent en un vacarme de «clapa-clapa-clapa-clapa-clapa-clapa-clap...», un bruit pareil au son cadencé qu'émettraient les gifles sèches d'une symphonie de castagnettes. Puis une clameur immense, un cri répercuté, multiplié par mille et par mille et par mille, jaillit de la foule et cela fit: «O-léééé!!!».

Le «danseur de flamenco» dénoncé par Prudon quelques jours plus tôt sur le plateau de CapTV1 venait de se bleuir les fesses en direct. Ses talonnettes l'avaient trahi. Sous les flashes des photographes accrédités, une glissade d'anthologie avait temporairement calmé son arrogance. Habituellement bombé, le torse d'hidalgo de Maurizio Caillard rejoignait à présent ses cuisses. Il cherchait à respirer, il se contorsionnait à la recherche de l'oxygène perdu, il était plié en deux en dépit de la rigidité de son gilet  pare-balles. Il avait le souffle coupé.

Post-mortem, le vieil Albert, Général cinq étoiles passé à la postérité, s'était vengé d'un fumeur de Havane. Les cendres du héros pouvaient reposer en paix.

Une « ola » partit du croisement des rues Saint-Jacques et Soufflot. Elle agita comme un frisson délicieux les rangs serrés de l'assistance, elle parcourut les centaines de mètres alentour. Le Peuple se marrait. Il se gondolait sans retenue. Il riait. Il riait le jour des funérailles nationales d'un insoumis congénital.

Ce soir-là, dans les yeux de ceux qui lui faisaient face, le C.R.S. Kévin Payet perçut un scintillement de mica. Dans ce fugace éclat de jubilation, le policier crut un instant se contempler.

 

****** 

 

Après une longue nuit de veille passée devant l'ordinateur d'un cybercafé crasseux de Pondi-Est, dupleix  héla de la main un pousse-pousse en maraude. A l'homme anguleux et suintant qui pédalait pieds-nus avec l'énergie d'un mourant, il dit en prenant place dans la carriole fraichement repeinte: «Rue Suffren».

Il n'était pas 10 heures, et déjà le soleil cognait fort. Les ombres se faisaient nettes, la journée serait chaude. «Quel beau dimanche de février!» se dit-il, le cœur léger en pensant à Paris. Il ferma les yeux et se laissa transporter sans précipitation, bercé par le boucan joyeux du petit peuple bigarré qui s'interpellait chemin faisant en une cacophonie de langues inconnues. Abrité du feu solaire sous la capote du rickshaw-vélo, il s'abandonna au sommeil, nullement troublé pas les coups de klaxon qui emplissent toujours l'air des cités indiennes.

Une odeur pestilentielle le réveilla. Il venait de franchir le canal-dépotoir. Le pousse-pousse avait quitté le quartier tamoul pour entrer dans la ville blanche. La rue Suffren n'était pas loin. Il se ferait déposer devant l'entrée de l'Alliance française. De là, sans se soucier du temps, il déambulerait rue des Casernes, rue la Bourdonnais. Jusqu'à l'heure de midi, il longerait les belles maisons coloniales, ces vestiges de l'époque où Pondi n'était encore qu'un comptoir commercial français sur les rivages du Golfe du Bengale.

Il s'attarderait ensuite sur le front de mer, scruterait l'horizon, admirerait les saris éclatants et la beauté brune des Pondichériennes en promenade. Il s'amuserait de la désinvolture des hommes vautrés à même le sol puis il repartirait vers le quartier indien afin d'y déjeuner d'un masala dosa avant de rentrer chez lui entreprendre une sieste qui le ferait rêver jusqu'au lendemain matin.

Sans aucun doute, il ferait tout cela.

Il le savait cependant: ce matin, il regarderait sans voir. Son esprit n'était pas soucieux, ni même préoccupé. Non. Mais s'il plissait les yeux, ce n'était pas seulement pour se protéger de la lumière intense que dégageait l'astre à son zénith, pas seulement à cause de la fatigue qui le gagnait au fil des heures après une si longue insomnie. Un nom relevé sur la toile, pseudonyme d'une internaute en colère, l'obsédait depuis la nuit dernière. Il lui apparaissait comme un lien insolite entre sa terre natale, la France, et cette ancienne poussière d'Empire dans le Tamil Nadu où il avait choisi d'effectuer son stage de fin d'études à l'étranger. Ce nom indien, il l'avait lu cent fois dans les guides touristiques à la page «religions et mythologies». Il désignait une déesse, celle de la beauté et de l'opulence, l'épouse du dieu Vishnu dont la force permet à l'univers de tenir en place et de ne pas sombrer dans le chaos. Le dieu du maintien de l'ordre.

Elle s'était invitée sur le forum de discussion d'un nouveau site web intitulé flics-ou-esclaves.com. Les commentaires de cette femme avaient touché dupleix tant ils lui avaient semblé sincères. Sans outrances et sans fautes, elle avait décrit son quotidien de solitude, l'épuisement de son mari C.R.S., la médiocrité récente de leur vie de famille, la tristesse et le dévissage scolaire de leurs deux enfants, sa lassitude et son désarroi...

...Et elle avait signé: «Lakshmi».

Fin du sixième épisode, la suite demain

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31 décembre 2011 6 31 /12 /décembre /2011 18:21

AdTech AdAdTech AdA la une 30/12/2011 à 15h54
Blandine Grosjean Redchef adj Rue89

 

Claude Guéant le 2 décembre 2011 à Paris (Gonzalo Fuentes/Reuter)

« En psychiatrie, on appellerait ça une névrose obsessionnelle. » Dans une excellente tribune publiée sur le site des Echos (« Taxe sur les étudiants étrangers : l'Etre et le Guéant »), Vincent Chauvet, président du MoDem Sciences-Po, soulève un point passé inaperçu dans l'arsenal anti-étudiants étrangers mis en place par le ministre de l'Intérieur.

La promesse de Claude Guéant de réviser sa circulaire du 31 mai, n'a pas empêché le gouvernement de créer, dans la loi de finances pour 2012 (promulguée le 28 décembre), une nouvelle taxe sur les étudiants étrangers.

« Gratuit jusqu'en décembre 2008, le renouvellement d'un titre de séjour étudiant est actuellement soumis à une taxe comprise entre 55 et 70 euros.

A partir du 1er janvier, la taxe variera entre 200 et 385 euros. A cela s'ajoute une nouvelle contribution de 110 euros, payable dès le dépôt de la demande, et non remboursable même en cas de refus. »

« Responsabiliser le demandeur de titre de séjour »

Soit une augmentation de plus de 600%, qui arrive après :

  • la très contestée circulaire du 31 mai 2011 relative à la maîtrise de l'immigration professionnelle, dite « circulaire Guéant » – concrètement elle interdit à de nombreux diplômés étrangers de travailler en France ;
  • le décret du 6 septembre 2011 augmentant de 30% les ressources exigées pour obtenir un titre de séjour étudiant...

L'exposé des motifs de l'article 28 du PLF 2012 est clair :

« Le présent article [..] poursuit les objectifs suivants :

- supprimer le régime fiscal favorable dont bénéficiait jusqu'à présent l'immigration professionnelle ;

- faire acquitter tout ou partie des taxes dès la demande du titre de séjour, de manière à responsabiliser le demandeur et améliorer le traitement d'ensemble du flux des demandes ;

- majorer le montant du droit de visa de régularisation de 220 € à 340 € .

Plus c'est compliqué, plus c'est cher

Certains commentateurs de l'article relèvent que ces taxes “concernent l'étudiant étranger qui n'est pas entré en France muni des documents et visas exigés par les conventions internationales et les règlements en vigueur”. Concrètement, cela concerne beaucoup de monde, tant les formalités administratives sont lourdes et complexes.

Elles concernent aussi “les étudiants âgés de plus de 18 ans, qui après l'expiration d'un délai de trois mois depuis son entrée en France, n'est pas en possession d'une carte de séjour”. Un cas de figure très courant, pour les raisons déjà citées.

A la lecture des textes de l'Assemblée nationale et des informations du site Légifrance, il apparaît que les étudiants, et les étudiants devenant salariés, qui bénéficiaient de tarifs avantageux, pour certaines démarches (mais pas toutes), entrent désormais dans le régime commun des étrangers.

Comme le souligne Gérard Tardy, un entrepreneur français installé en Angleterre, ce sont davantage les embûches administratives plus que les frais à engager qui plombent le dossier :

“L'objectif [pour la France, ndlr], ce n'est pas forcément d'être le moins cher : la quasi-gratuité est souvent perçue en Asie comme un signe de ‘mauvaise qualité’ de la destination concernée.

L'essentiel est de simplifier les démarches administratives, d'avoir des règles claires et stables, et d'encourager les diplômés étrangers à trouver un travail ou à créer une entreprise en France.”

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31 décembre 2011 6 31 /12 /décembre /2011 18:17

LEMONDE.FR | 30.12.11 | 19h25   •  Mis à jour le 31.12.11 | 18h50

 
 

Le nouveau gouvernement espagnol de droite a adopté, vendredi 30 décembre matin lors de son second conseil des ministres, une batterie de mesures destinées à réduire le déficit public espagnol à 4,4 % en 2012. La porte-parole du nouveau gouvernement, Soraya Saenz de Santamaria, a en effet dévoilé un déficit plus élevé que prévu : 8 % au lieu des 6 % antérieurement annoncés par le gouvernement socialiste. "Face à une situation extraordinaire et imprévue", ont été prises des mesures de rigueur "extraordinaires et imprévues", a-t-elle souligné.

Parmi les mesures chocs annoncées sont prévues une augmentation des impôts et de larges coupes dans le secteur public, où l'on prévoit d'économiser 8,9 milliards d'euros en pratiquant la politique de l'"embauche zéro" et de non-remplacement en cas de départ dans les administrations, sauf dans les hôpitaux, l’éducation et les services de la police, a précisé la porte-parole. Les fonctionnaires feront de nouveau les frais du plan de rigueur puisque le gel de leurs salaires, dejà réduits de 5 % sous le gouvernement socialiste, sera maintenu en 2012.

Autre mesure retentissante : la suppression de trente directions générales dans les organismes publics et la réduction des subventions aux partis politiques et aux syndicats. Egalement au programme, le gel du salaire minimum interprofessionnel (SMI). Chiffré à 641,40 euros, le SMI espagnol est le plus faible de l'Union européenne. En dehors des économies, le gouvernement a également annoncé l'augmentation temporaire des impôts grâce auxquels il espère générer plus de 6,2 milliards d'euros. Cette hausse fiscale devrait être temporaire et s'étaler sur une période de deux ans.

DES MESURES "COSMÉTIQUES ET CHOCS"

L'objectif de ce plan de rigueur était d'économiser au moins 16,5 milliards d'euros en 2012, mais à la lumière des nouveaux chiffres du déficit, les économies pourraient être plus importantes. Comme l'a insinué la porte-parole, "ces mesures sont le début du début". Déjà dans la presse, Angel Laborda, directeur de la conjoncture d'une fédération des caisses d'épargne, disait que pour atteindre l'objectif de réduction de déficit à 4,4 %, l'Espagne devrait économiser plus de 40 milliards d'euros. Rafael Pampillon, directeur d'analyses économiques à l'IE Business School, pense également qu'il s'agit de mesures "cosmétiques et chocs" qui seront "certainement bien accueillies par la population".

Soraya Saenz de Santamaria a d'ailleurs indiqué que les décisions du gouvernement ont été prises dans le souci de "protéger les plus faibles", et que le gouvernement a voulu épargner les retraités et les chômeurs. "On ne demandera pas plus de sacrifices à ceux qui ne peuvent donner plus", a déclaré la porte-parole, qui a annoncé une revalorisation des retraites à 1 % pour les mettre au niveau de l'inflation et une prolongation de l'aide de 400 euros destinée aux chômeurs en fin de prestation, une mesure qui devrait être bien accueillie dans un pays qui compte 4,978 millions de chômeurs, soit 21,52 % de la population active. Finalement, l'idée des mini jobs à 400 euros en débat dans la presse espagnole n'a finalement pas été retenue.

DANS L'ATTENTE DE MESURES PLUS IMPOPULAIRES

Mais des mesures plus impopulaires devraient suivre à partir du mois de mars, lors de l'approbation du budget général de l'Etat et des élections, estime Rafael Pampillon, qui s’étonne que le gouverment n’ait pas mis plus l’accent sur la réforme du marché du travail et la restructuration du système financier. Ces deux dossiers sont en effet deux grandes priorités de l'exécutif espagnol. Mais selon l'économiste, il se pourrait que les négociations avec les syndicats tardent plus que prévu jusqu'à la mi-janvier. Il pense qu'elles achoppent sur les conventions collectives "destinées à réduire les indemnisations pour licenciement à 20 jours au lieu de 30 par année travaillée". Quant à la restructuration du système financier, considérée comme urgente, elle devrait être annoncée en début d'année, estime l'économiste.

Rappelons que depuis deux ans, l’Espagne a connu plusieurs plans d’austérité. En 2010, le gouvernement socialiste avait adopté un premier programme visant à économiser plus de 50 milliards d’euros.

Isabelle Birambaux

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31 décembre 2011 6 31 /12 /décembre /2011 18:12

LEMONDE.FR avec AFP | 31.12.11 | 13h58   •  Mis à jour le 31.12.11 | 14h23

 
 

 

Burhan Ghalioun, chef du Conseil national syrien, le 26 décembre à Paris.

Burhan Ghalioun, chef du Conseil national syrien, le 26 décembre à Paris.AFP/PIERRE VERDY

Deux importants groupes d'opposition syriens ont annoncé samedi 24 décembre leur décision de s'unir pour se préparer à la chute du régime de Bachar Al-Assad. Le Comité national pour le changement démocratique (CNCD) a annoncé avoir signé un accord avec le Conseil national syrien (CNS), principal mouvement de l'opposition, en vue d'une "transition" vers un état démocratique.

REJET DE "TOUTE INTERVENTION MILITAIRE"

Le texte a été signé au Caire après "plus d'un mois de discussions entre des dirigeants des deux groupes, pour l'édification d'un Etat civil et démocratique". L'accord entre les deux groupes de l'opposition "rejette toute intervention militaire qui porte atteinte à la souveraineté et à l'indépendance du pays", selon le CNCD. Il "définit les principes de la lutte démocratique pour la période de transition", a indiqué le CNCD dans un communiqué ajoutant que cette "période de transition débutera à la chute du régime" réclamée par les contestataires depuis la mi-mars.

Le CNS est une coalition des plus importants partis de l'opposition dont la Confrérie des Frères musulmans, des libéraux et nationalistes. Le CNCD regroupe des partis "nationalistes arabes", kurdes, socialistes et marxistes ainsi que des personnalités indépendantes comme l'économiste Aref Dalila.

POURSUITE DES MANIFESTATIONS

Sur le terrain, la situation est toujours critique malgré la présence des observateurs de la Ligue arabe qui poursuivent leurs visites. Les forces de sécurité ont tiré en l'air samedi pour disperser des milliers de manifestants à Douma, près de Damas, pour participer à des funérailles de personnes tuées jeudi, selon l'observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH).

 

Manifestation à Binsh, près d'Adlb, vendredi 30 décembre.

Manifestation à Binsh, près d'Adlb, vendredi 30 décembre. REUTERS/HANDOUT

Vendredi, des centaines de milliers de personnes, profitant de la présence des observateurs arabes censés rendre compte de la situation sur le terrain, ont organisé des manifestations massives contre le régime. Les comités locaux de coordination (LCC), qui organisent la mobilisation, ont recensé quelque 382 villes et villages syriens où se sont déroulées des manifestations.

 VERS UN TRANSFERT DU DOSSIER SYRIEN À L'ONU ?

Les observateurs arabes, arrivés lundi en Syrie, mènent une mission qui fait partie d'un plan de sortie de crise de la Ligue arabe, prévoyant l'arrêt des violences, la libération des détenus, le retrait de l'armée des villes et la libre circulation dans le pays pour les observateurs arabes et la presse. Le dossier de la crise syrienne "sera transféré" au Conseil de sécurité de l'ONU en cas d'échec de la mission des observateurs, ont mis en garde des analystes.

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31 décembre 2011 6 31 /12 /décembre /2011 18:07

Le Monde - 31 décembre 2011

 

Total est partenaire de l'exploitation de l'un des ultimes champs de pétrole géants de la planète... dont le développement s'annonce tellement difficile que le projet pourrait ne jamais être ni rentable, ni (donc) viable !

L'île artificielle "D" du champ de Kachagan, dans les eaux kazakhs de la mer Caspienne.

 

Le champ kazakh de Kachagan, dans la mer Caspienne, est présenté comme le projet pétrolier le plus prometteur de ces trois ou quatre dernières décennies. Ses réserves, estimées entre 9 à 16 milliards de barils, représentent  3 à 6 mois de consommation mondiale environ.

Une enquête de l'agence Bloomberg montre à quel point les promesses de Kachagan apparaissent aujourd'hui décevantes. Après 11 ans et 39 milliards de dollars d'investissements (dont 8 années de retard, et un dépassement du budget initial estimé 15 milliards) Total, Exxon, Shell et l'italien ENI, principaux partenaires du gouvernement du Kazakhstan, ont de quoi se faire du tracas.

Un analyste réputé, Julian Lee, du Center for global energy studies de Londres, indique à Bloomberg :

« Le plus gros soucis, c'est de savoir si le projet est capable de devenir un jour rentable, compte tenu de l'énorme augmentation de son coût et du retard pris par son lancement. » Il pourrait s'avérer « impossible pour les investisseurs d'obtenir un quelconque retour sur investissement sur la seconde phase du projet, avant que leur contrat sur le champ n'expire », en... 2041.

Sans cette seconde phase, pour l'instant théorique, du développement de Kachagan, le million de barils par jour de production qui en est attendu fera cruellement défaut pour compenser le déclin rapide des zones d'extraction existantes. Les premiers barils, fournis par la première phase de développement toujours en cours, ne sortiront pas avant 2014. Kachagan est l'un des rares points du globe où une augmentation importante de la production de brut peut se produire dans les prochaines années, avec la relance de la production de l'Irak et le développement des sables bitumineux au Canada.

Le coût de la seconde phase de Kachagan, ardemment réclamée par le gouvernement autocratique du Kazakhstan, promettent d'être astronomiques. Les investissements, encore hypothétiques, se chiffrent en centaines de milliards. Des déclarations récentes des patrons de Total et de Shell laissent entendre que ces groupes ne sont pas pressés de délier leurs bourses. Peut-être parce que financièrement, le jeu n'en vaut tout compte fait la chandelle ?

Les réserves mondiales de brut sont comme un vaste arbre fruitier. On commence par cueillir les fruits bien mûrs et à portée de main, avant de finir par se résoudre à monter chercher les fruits pourris tout en haut de l'arbre. On en est là, alors que depuis un quart de siècle, l'humanité consomme chaque année plus de pétrole qu'elle n'en découvre.

Découvertes et production pétrolière [Exxon, ASPO]

Difficile de trouver des conditions d'exploitation plus extrêmes qu'à Kachagan. Les hydrocarbures y sont piégés à 4200 mètres sous le plancher de la mer, à très haute pression. A la surface, les températures varient de - 35 °C en hiver à 40 °C l'été, mettant les matériaux à très rude épreuve. A la place des classiques plateformes offshore, six îles artificielles, situées à quelque 70 kilomètres de la côte, ont dû être construites pour exploiter le champ.

Ces « îles » sont truffées de capteurs afin de repérer les fuites de gaz inflammables, des gaz qui à Kachagan contiennent une proportion particulièrement élevée de sulfure d'hydrogène. Ce gaz, toxique à haute dose, a une odeur caractéristique d'oeuf pourri bien connue sur certaines plages du nord de la Bretagne. Il résulte de la décomposition de matière organique. Dans la plus grande des îles artificielles, sur laquelle vivent 5500 employés, des exercices d'urgence sont conduits chaque semaine, rapporte Bloomberg.

La structure des îles est capable de les protéger des glaces hivernales. Elle est censée isoler les puits afin d'éviter de polluer les eaux de la Caspienne, qui abritent notamment des phoques et les précieux esturgeons.

Si le pétrole tue aujourd'hui au Kazakhstan, ce n'est toutefois pas à cause de fuites d'hydrocarbures. Entre 14 et 70 personnes ont trouvé la mort en décembre au cours de manifestations d'ouvriers de la cité pétrolière d'Aktau, au bord de la Caspienne. Des manifestations réprimées dans un silence médiatique presque total par le potentat kazakh ami des puissances occidentales, Nursultan Nazarbayev.

Un « facteur d'instabilité » (comme on dit dans les chancelleries) qui a peu de chances d'accélérer développement du pétrole de la Caspienne, indispensable à l'avenir de l'industrie de l'or noir.

 

 

 

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31 décembre 2011 6 31 /12 /décembre /2011 18:03

LEMONDE.FR avec AFP | 31.12.11 | 16h27   •  Mis à jour le 31.12.11 | 19h00

 
 

 

L'opposant et écrivain controversé Edouard Limonov, le 10 décembre à Moscou.

L'opposant et écrivain controversé Edouard Limonov, le 10 décembre à Moscou.AP/Ivan Sekretarev

Des dizaine de personnes, dont l'écrivain Edouard Limonov, ont été interpellées à Moscou, alors qu'elles tentaient de manifester pour "une nouvelle année sans Poutine".

Le rassemblement, organisé par l'opposant et écrivain controversé Edouard Limonov, avait lieu sur la place Trioumfalnaïa dans le centre de la capitale, autour du slogan "une nouvelle année sans Poutine". L'un d'eux a crié "Liberté" alors qu'il était arrêté par la police. D'autres ont scandé "La Russie sans Poutine". Une banderole, où il était écrit "mort aux occupants du Kremlin", a aussi été brandie. Edouard Limonov a indiqué à la radio Echo de Moscou avoir lui aussi été interpellé.

Un important dispositif policier a été déployé dans l'après-midi pour quadriller les lieux, avec l'envoi notamment d'une trentaine de fourgons cellulaires. La police de Moscou a annoncé qu'elle avait interpellé 60 personnes après avoir établi un cordon autour de la place.

 

Moscou, le 31 décembre.

Moscou, le 31 décembre. REUTERS/MIKHAIL VOSKRESENSKY

"L'ÈRE DE LA DISPERSION DES RASSEMBLEMENTS EST FINIE"

Outre le départ de l'homme fort du pays, Vladimir Poutine, le rassemblement avait également pour but de réclamer comme tous les 31 des mois comptant 31 jours l'application de l'article 31 de la Constitution garantissant la liberté de rassemblement.

A Saint-Pétersbourg, deuxième ville du pays, une dizaine de personnes ont été interpellées alors qu'elles essayaient de manifester sur la perspective Nevski, en plein centre. Plusieurs ont scandé "La nouvelle année sans Poutine" ou "Nous avons besoin d'une autre Russie". Selon un des dirigeants de l'opposition, Boris Nemtsov, 200 personnes se sont également rassemblées dans la ville de Nijni Novgorod (ouest de la Russie), mais aucune interpellation n'a eu lieu.

Réagissant à ces interpellations le soir du Nouvel An, l'ex-dissidente soviétique et militante russe Lioudmila Alexeeva a estimé que c'était "honteux et stupide". "Les autorités doivent comprendre que l'ère de la dispersion des rassemblements est finie", a-t-elle ajouté, citée par l'agence Interfax.

 

Moscou, le 31 décembre.

Moscou, le 31 décembre. REUTERS/STAFF

"LE PRIX À PAYER POUR LA DÉMOCRATIE"

Le premier ministre russe a pour sa part estimé samedi qu'il n'y avait "rien d'anormal" à ce que "tout bouillonne" en Russie, ajoutant qu'il s'agissait du "prix à payer pour la démocratie". "Nous sommes au milieu d'un cycle politique, les élections législatives sont terminées et l'élection présidentielle va commencer", a déclaré M. Poutine, qui s'adressait aux Russes pour la nouvelle année, dans un discours retransmis à la télévision.

"Lors de telles périodes, les hommes politiques exploitent toujours les sentiments des citoyens, tout est un peu déstabilisé, tout bouillonne, mais c'est le prix à payer pour la démocratie. Il n'y a rien d'anormal là-dedans", a-t-il ajouté. Dans son discours, le Premier ministre a par ailleurs insisté sur le fait qu'il tenait à s'adresser et à souhaiter la bonne année à tous les Russes, quelles que soient leurs opinions politiques.

Le régime de Vladimir Poutine fait face au plus important mouvement de contestation depuis son arrivée au sommet du pouvoir en 2000, et cela à un peu plus de deux mois de la présidentielle, en mars, à laquelle il est candidat pour un troisième mandat au Kremlin après ceux accomplis entre 2000 et 2008.

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