Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
25 avril 2013 4 25 /04 /avril /2013 18:13

 

 

Marianne - Mercredi 24 Avril 2013 à 14:00

 

Jack Dion
Directeur adjoint de la rédaction de Marianne et grand amateur de théâtre En savoir plus sur cet auteur

 

Près d’un an après la victoire de François Hollande, son bilan économique et politique est calamiteux. Ce n’est pas le vote du « Mariage pour tous », aussi salutaire soit-il, qui compensera sa dégringolade dans l’opinion. Car le mal est profond, et il nécessiterait un vrai changement de cap.

 

François Hollande et son premier ministre Jean-Marc Ayrault, descendent les marches de l'Elysée -Jacques Brinon/AP/SIPA
François Hollande et son premier ministre Jean-Marc Ayrault, descendent les marches de l'Elysée -Jacques Brinon/AP/SIPA
On sait que l’usure prématurée est la donnée politique la plus répandue. Mais nul n’aurait prévu que François Hollande verrait son image publique tomber aussi vite et aussi bas.

Certes, la crise (qui ne date pas d’hier) y est pour beaucoup. Certes, le bilan (économique et moral) légué par le Sarkozysme a laissé des plaies béantes. Mais cela n’explique pas cet état de dégradation accélérée digne d’un paysage après la bataille.

Il y a environ un an, l’historien Emmanuel Todd avait théorisé ce qu’il avait appelé le « Hollandisme révolutionnaire », dégageant sous les traits du candidat socialiste de l’époque les traits d’un Roosevelt à la française. Il en est revenu. D’autres, qui l’avaient suivi dans cet élan d’enthousiasme, pas encore, même s’ils commencent à être tiraillés par le doute.

Reste à savoir pourquoi le Roosevelt présumé a accouché d’une baudruche, et pourquoi le mythe du « Hollandisme révolutionnaire » s’est transformé en « Hollandisme récessionnaire », avec un bilan économico-social dévastateur.  

Certains, y compris au PS, n’hésitent pas à mettre en cause la méthode Hollande, si ce n’est le personnage lui-même. Ils lui reprochent de diriger le pays comme il dirigeait le PS, en loup solitaire, sans jamais vraiment trancher, en essayant de marier l’eau et le feu, avec un art de la combinazzione qui peut fonctionner à l’échelle d’un conseil général, mais pas au niveau d’un pays.

C’est possible, voire probable. Mais ce n’est pas l’essentiel.

L’essentiel, c’est que le PS est arrivé au pouvoir avec un logiciel dépassé. En temps de crise, cela ne pardonne pas. Le retour de manivelle est immédiat. La sanction se paie cash. C’est d’ailleurs ce qui s’est passé pour tous les partis sociaux démocrates en Europe, balayés les uns après les autres.

La social-démocratie a eu son heure de gloire du temps des « Trente glorieuses »  quand elle pouvait apporter un supplément d’âme social à la gestion du capitalisme, alors en expansion. Mais depuis que ce système est entré en crise, à la fin des années 70, les possibilités de jouer sur la répartition se heurtent au mur de la finance et aux exigences de rentabilité du capital. Pour n’avoir pas pensé l’alternative au capitalisme financiarisé et prédateur, la social-démocratie s’est retrouvée nue.

Cela ne date pas d’aujourd’hui. Depuis 1983, l’histoire de la gauche est l’histoire de son renoncement idéologique. Michel Rocard le confesse (tardivement) dans Le Point : « Notre faute, c’est d’avoir cru au marché et à son autorégulation ». Et d’y croire encore, ce qui confine à l’aveuglement. L’ancien Premier ministre précise, non sans raison : « Il faut changer unilatéralement le pacte qui existe entre les Etats et le monde de la finance ». Du coup, ajoute-t-il, « la gauche est en train de gérer à la Merkel, elle va en crever ».

Bon. La saillie rocardienne est facile. L’Ex fait partie de ces hommes dont la lucidité ne s’épanouit qu’en étant loin des postes de commande. C’est sous son magistère, avec Pierre Bérégovoy aux finances, qu’a eu lieu la folie dérégulatrice qui a permis à la finance d’instaurer son règne sans partage.

Mais ne lui faisons pas de procès a posteriori. L’important est qu’il arrive à une constatation de bon sens. La gauche de gouvernement, nonobstant ses engagements de campagne sur la finance ennemie, et ses premières décisions (notamment sur la fiscalité des riches), a vite renoué avec ses vieux démons. Elle est retournée à ses réflexes socio-libéraux, oubliant ses promesses de changement.

Voilà pourquoi elle se retrouve piégée.

Economiquement, elle est enfermée dans le pacte budgétaire européen (qu’elle n’a pas renégocié) qui fait de la lutte contre les déficits l’unique priorité. Résultat : l’austérité étouffe la consommation, freine la croissance, fait exploser le chômage, et creuse les déficits, comme partout ailleurs.

 

Hollande-bashing © Marianne
Hollande-bashing © Marianne

Politiquement, elle perd sur sa gauche, dans l’électorat populaire, ce qu’elle ne gagnera jamais dans une droite qui se sent pousser des ailes, et qui n’a jamais accepté la victoire du PS.

D’où ce procès permanent en illégitimité, le « Hollande bashing », et les campagnes indignes qui assimilent le Président de la République à un « Pépère » impotent.

En vérité, il faudrait tout changer, en Europe comme en France, pour mettre la finance au service du pays, et non l’inverse. C’est effectivement ce qu’avait fait Roosevelt en 1933, notamment en séparant les banques de détail des banques d’affaires. A l’époque, personne ne l’en croyait capable. Il s’était heurté à une fronde des possédants. Mais il avait tenu.

Or qu’a fait le PS quand il s’est agi de voter une loi bancaire inspirée des mêmes préceptes ? Il a capitulé en rase campagne, sous les pressions d’un lobby qui a ses entrées dans tout l’appareil d’Etat. Le projet initial a accouché d’une souris, privant ainsi le pays d’un outil bancaire qui aurait permis de relancer une machine économique tournant au ralenti.

C’est un exemple significatif. A la place de Roosevelt, la gauche a un Hollande qui n’est même pas à la hauteur, toute relative, de ce qu’il fut l’espace d’une campagne.

 

Partager cet article
Repost0
25 avril 2013 4 25 /04 /avril /2013 18:01

 

 

Marianne - Jeudi 25 Avril 2013 à 12:00

 

Philippe Murer*

 

 

Richard Drew/AP/SIPA
Richard Drew/AP/SIPA

Alors que l’économie mondiale s’enfonce dans une crise de la demande de plus en plus forte, les bourses s’envolent.

Bien que les journaux en parlent peu, la croissance dans les grands pays émergents est de plus en plus faible :

. Croissance d’à peine 1% au Brésil

. Croissance de 3% mais en fort ralentissement en Russie

. Croissance de 4,5% en Inde contre 8% dans les années 2000

. Croissance de 2% en Corée du Sud, de 1% à Taïwan et nulle à Hong Kong

. Croissance réelle autour de 5% en Chine si l’on extrapole la croissance de la consommation de matières premières par la Chine (les chiffres ne sont plus cohérents et même Goldman Sachs et UBS s’en étonnent dans cet article).

Si certains des lecteurs peuvent rêver d’une telle croissance en France, n’oublions pas que ces pays ont un grand retard économique à rattraper.

L’Europe est en moyenne en récession de 1% .

Les Etats-Unis sont le seul pays qui continue à avoir une croissance en adéquation relative avec son potentiel autour de 2% sur l’année écoulée. Mais ceci est dû à une spécificité américaine : le crédit à la consommation. En effet, le salaire moyen n’augmente pas ou très peu comme on le voit sur ce graphique : à peine 0,3% chaque année (chiffre du bureau pour l’emploi américain BLS).

 

Pourquoi les bourses mondiales montent-elles alors que l’économie réelle est à terre ?

Mais le crédit à la consommation a une toute autre dynamique ! A l’exception de la crise de 2008, sa hausse génère directement 1% de croissance par an (sans compter les effets indirects)

 

Pourquoi les bourses mondiales montent-elles alors que l’économie réelle est à terre ?

Grâce au crédit, les américains génèrent donc un peu de croissance économique malgré la faiblesse des salaires. On rappelle ici la règle économique de base qu’on a un peu tendance à oublier : sans hausse des salaires, pas de croissance économique viable ! N’est-ce pas Messieurs les économistes « il faut baisser les coûts du travail »

Evidemment, cette hausse du crédiot a l’inconvénient de faire baisser le taux d’épargne à des niveaux proches de 0 comme en 2007-2008 mais cela compense la faible hausse des salaires.

On peut ainsi représenter le changement des rythmes de croissance de l’économie mondiale ainsi

 

Pourquoi les bourses mondiales montent-elles alors que l’économie réelle est à terre ?

 

Une autre preuve de cette faiblesse de la croissance mondiale est la faiblesse des cours des matières premières. 

Graphique de l’indice CRB des matières premières

 

Pourquoi les bourses mondiales montent-elles alors que l’économie réelle est à terre ?

Et pourtant elles montent !

Malgré cette faiblesse de l’économie mondiale, les marchés d’actions s’envolent aux USA et grimpent en Europe ou la récession fait rage.

Le découplage est de plus en plus important entre l’économie réelle et « l’économie virtuelle ». La cause en est simple :

. l’austérité règne dans l’économie réelle ; les hausses d’impôts, les coupes dans les budgets et la faiblesse de la hausse des salaires la saigne.

. l’enthousiasme règne dans l’économie virtuelle grâce à la hausse des résultats (faibles coûts salariaux !) mais surtout grâce aux immenses quantités d’argent déversées par les Banques Centrales dans les Marchés Financiers :  1000 Milliards prêtées aux banques européennes à un taux dérisoire sur 3 ans, plus de 1000 Milliards de Dollars d’actifs achetés chaque année dans les marchés financiers par la Banque Centrale américaine et plus de 500 Milliards de Dollars d’actifs achetés chaque année par la Banque Centrale japonaise. Il est même fort possible qu’une nouvelle bulle des bourses soit en train de gonfler. 

Prendre aux pauvres tout en donnant aux riches : le système tourne sur la tête !

C’est pour cela que nous devons inventer un autre système, remettre l’Etat au centre du jeu économique en lui redonnant la main sur la Banque Centrale pour que la création de Monnaie serve à financer des projets dans l’économie réelle, des projets utiles, rentables (transition vers les énergies renouvelables, ferroutage, voitures électriques ou à hydrogène …) qui irrigue toute l’économie et non déverser de façon stupide des tombereaux d’argent sur les Marchés Financiers, alimentant ainsi la hausse des plus grandes fortunes. Nous l’avons fait dans les années 45-80 avec le programme nucléaire, le programme de canalisations d’eau potable et d’eaux usées et le programme d’installations de lignes téléphoniques pour tous. Il faut recommencer avec les infrastructures de l’avenir en prenant en compte les contraintes de respect de l’environnement et de finitude des ressources naturelles (transition énergétique, recyclage, écoconception…). 

 
 

*Philippe Murer est professeur de finances vacataire à la Sorbonne et membre du www.forumdemocratique.fr

 

Partager cet article
Repost0
25 avril 2013 4 25 /04 /avril /2013 17:53

 

Rue89 - Tic et Tac 25/04/2013 à 11h45

 Camille Polloni | Journaliste Rue89

 

 


Minnie et Mickey, un couple divin, à Disneyland Paris, Marne-la-Vallée, le 28 mars 2009 (LORENVU/SIPA)

 

En 1996, sa retraite de gendarme en poche, Gilles Davennes cherche un nouveau monde magique où exercer ses talents. Il s’établit comme enquêteur privé et commence à bosser pour des compagnies d’assurance qui traquent les fraudeurs.

 


Le palais de justice de Meaux (Seine-et-Marne) (Camille Polloni/Rue89)

 

L’année suivante, Eurodisney l’appelle pour lui proposer un contrat en « prévention des risques » à 240 000 francs par an hors taxe (46 500 euros). Davennes n’imaginait pas que le marché le conduirait au tribunal correctionnel de Meaux, ce mercredi 24 avril.

Gilles Davennes et un autre ex-gendarme, Denis Labelle, sont accusés d’avoir fourni à Disney des centaines, voire des milliers de renseignements obtenus illégalement sur des salariés du parc d’attractions.

Ils ont agi grâce à l’intervention d’un gendarme en exercice, Carlos Andrés, renvoyé avec eux devant le tribunal mais décédé entre-temps. La société Eurodisney comparaît en tant que personne morale. Plusieurs syndicats se sont constitués parties civiles.

De 750 à 2 500 salariés écartés en deux ans

La manœuvre, rodée, tous l’admettent. Le correspondant de Gilles Davennes chez Eurodisney – un ancien militaire aussi, recruté aux ressources humaines – lui fournissait une liste de noms. Des salariés en période d’essai chez Mickey, sur lesquels il souhaitait se renseigner.

Denis Labelle, associé de Davennes dans cette opération illégale, demandait à Carlos Andrés, avec qui il avait travaillé, de « passer au fichier » les salariés pour connaître leurs antécédents judiciaires. La routine pour un gendarme : fichiers Judex, Stic (dépendant de la police mais auquel il avait également accès dans son service), voire le fichier des automobiles.

Le résultat remontait par le chemin inverse : d’Andrés à Labelle, de Labelle à Davennes, de Davennes à Eurodisney. Si les salariés « vérifiés » avaient été mis en cause dans une affaire jugée gênante, on les débarquait.

Combien de candidats écartés, d’employés sommés de partir ? 2 500 dans les deux ans qui occupent l’audience, selon les enquêteurs. « De 750 à 1 000 », pour Carlos Andrés lors de l’instruction.

« Erreur d’appréciation »

Le président du tribunal, Eric Ruelle, pointe les deux difficultés du dossier : « des responsabilités enchevêtrées » et « peu de traces écrites ».

Pour se justifier Eurodisney évoque une vieille affaire d’agression sexuelle sur mineurs, commise par un employé sur un jeune visiteur. L’entreprise invoque également le risque terroriste. Le contexte de l’époque était particulier : l’affaire Dutroux vient d’éclater, la France a connu une vague d’attentats islamistes.

La direction espérait donc « renforcer la sécurité sur le site » qui emploie 15 000 salariés, avance Gilles Dobelle, émissaire Eurodisney dans ce procès. Lui est arrivé à la direction juridique de l’entreprise en 2011.

Droit dans son costume bleu marine et rasé de près, il ne cesse de répéter qu’il n’a « pas d’éléments » pour expliquer les décisions de l’époque. Il plaide « l’erreur d’appréciation » et rappelle que l’entreprise elle-même a demandé une enquête au procureur par la suite.

Dans la salle d’audience, les syndicalistes d’Eurodisney se tortillent sur leur banc. Il lâchent de temps en temps un « c’est faux ! » « pfffff » ou « on n’entend pas ! ». Juste derrière, le responsable de la communication de l’entreprise leur oppose des « chut » indignés et quelques grommellements.

Pédophilie et terrorisme

Cheveux blancs et dégarnis, regard de faucon caché derrière un long nez, Gilles Davennes tonitrue, l’index tendu :

« Je me mords les doigts d’être resté de fait le gendarme que je n’étais plus en droit. »

Il exerçait le métier de « gendarme de fait » pour plusieurs clients, dont le parc Astérix et des compagnies d’assurance. Ses investigations un peu poussées et pas toujours légales l’ont déjà fait condamner en 2010 à huit mois de prison avec sursis, pour corruption active, complicité de violation du secret professionnel et recel.

Dans l’affaire Eurodisney, Davennes « assume » ce qu’il a fait « pour protéger tout le monde ». Avec aplomb, il lance :

« Vous êtes sûr, monsieur le procureur, qu’on n’a servi à rien sur le plan de la sécurité ? »

L’enquêteur affirme avoir ciblé « tout ce qui touche au sexe et au terrorisme ». Le procureur Ludovic Hervelin-Serre balaie le terrorisme, qu’il qualifie de « prétexte ». De leur propre aveu, les prévenus n’espéraient pas récolter une quelconque information dans ce domaine, mais transmettaient les noms des salariés au cas où la DST trouverait opportun de s’en saisir. De fouineurs, ils se transformaient en indics.

Risques d’attentats et de pédophilie mis à part, les documents retrouvés dans l’entreprise évoquent des faits « manifestement plus larges », rappelle le président : vol à l’étalage, usage de stupéfiants, dégradations.

Qui a été trop gourmand ? Davennes et Labelle finissent par admettre qu’au bout d’un moment, ils ont transmis à Disney tout ce qu’ils trouvaient « pour montrer que le travail était bien fait ».

Des places de cirque gratuites

Plus bonhomme que son acolyte, avec son look de préfet presque chaleureux, Denis Labelle est soupçonné d’avoir « fluidifié » les relations avec le gendarme Andrés à coup de places de cirques gratuites, de repas et d’un prêt de 600 euros.

« Andrés m’a dit qu’il avait des difficultés financières énormes, bien évidemment j’ai accepté de l’aider. Je n’aurais jamais payé pour des informations. J’ai compté sur lui et il a toujours répondu présent. »

Les accusations de corruption, son coprévenu les balaie, ulcéré :

« La corruption entre gendarmes, ça n’existe pas. Si quelqu’un veut bien donner les informations, il les donne. S’il ne veut pas, il ne les donne pas. »

Pas convaincu, le procureur requiert six et huit mois de prison avec sursis contre Labelle et Davennes, assortis d’amendes de 3 000 et 4 000 euros.

La responsabilité d’Eurodisney engagée

Au détour d’une phrase, Gilles Davennes prend l’air du type prêt à balancer, mais pas tout à fait quand même :

« Quand j’ai été recruté, on m’a dit qu’il y avait d’autres sources d’information, ça m’a rassuré. Je me disais qu’on n’était pas les seuls à avoir renseigné Eurodisney. Il y avait des recoupements, ils ne faisaient pas n’importe quoi. »

C’est bien la responsabilité de l’entreprise, in fine, qui est engagée. L’avocat de la CFDT, Jean-Toussaint Giacomo, déplore « l’appropriation et le dévoiement des données par un acteur économique privé, sans aucune limite » :

« Parmi les dirigeants concernés, trois sont toujours en poste à Eurodisney. Aucune sanction n’a été prononcée, et certains ont même été promus. »

« Cette pratique, elle existait pour toutes les grandes entreprises, il faut que vous en ayez conscience ! » avance l’avocate du groupe, Me Magali Thorne. La seconde, Me Emmanuelle Kneusé, estime que « l’objectif principal, c’est la sécurité, pas d’aller fouiner dans le passé des salariés ».

Plusieurs responsables des ressources humaines et de la sécurité se sont succédé pendant sept ans sans mettre un terme au contrat. « Quel est le message envoyé aux salariés ? » interroge l’avocat de l’Unsa. Au total, les parties civiles réclament plus de 150 000 euros de dommages et intérêts.

« A une préoccupation légitime de sécurité, Eurodisney a donné une réponse illégitime », conclut le procureur. Il demande que l’entreprise soit condamnée à 100 000 euros d’amende. Le jugement doit être rendu le 27 juin.

Grands absents de ce procès, les salariés espionnés n’ont, pour la plupart, jamais su pourquoi leur période d’essai s’était conclue par un renvoi. Un seul ancien d’Eurodisney s’était porté partie civile. Puis il s’est désisté : la semaine dernière il a conclu un accord avec l’entreprise, dont les conditions resteront secrètes. Dans la salle, il bout mais tente de se taire.

 

 

Partager cet article
Repost0
25 avril 2013 4 25 /04 /avril /2013 17:40

 

 

 

Rue89 - « Oreillons » 25/04/2013 à 18h42
Nolwenn Le Blevennec | Journaliste Rue89


Valérie Laupies, 47 ans, sera la candidate du Front national à Tarascon, ville des Bouches-du-Rhône que le parti de Marine Le Pen espère bien emporter en 2014.

 


Valérie Laupies, chez elle, à Tarascon (Nolwenn Le Blevennec/Rue89)

Les blagues islamophobes font passer le temps. Dans les ruelles de Tarascon – qui a placé Le Pen en tête au premier tour de la présidentielle –, une quinqua à qui je demande mon chemin et qui m’accompagne un peu dit en riant :

« Si c’est votre première fois, ne vous inquiétez pas, il n’y a pas une épidémie d’oreillons. »

Comme je ne comprends pas, elle pose ses mains à plat sur ses oreilles pour mimer le voile musulman.

Valérie Laupies (prononcez Laupy) n’habite pas loin, tout le monde le sait. Elle est directrice d’école et enseignante en classe de CM2, en vacances ce mardi.

Pendant la campagne présidentielle, elle a été nommée conseillère éducation de Marine Le Pen. En juin, elle a failli devenir députée, cela s’est joué à quelques voix après le retrait de Roland Chassain (UMP) en sa faveur. Elle veut maintenant la mairie.

Repérée au loin par Jean-Marie Le Pen

Valérie Laupies vient de la gauche. Elle est née en Saône-et-Loire, dans une famille ouvrière. Sa mère était assistante maternelle. Son père, électricien dans l’usine Creusot-Loire qui a déposé le bilan en 1982.

« La ville est devenue triste après. Sinistrée. Je suis partie à 18 ans. Je suis issue de mes parents, mais je suis aussi leur opposé : ils ne s’engagent pas et font leur petite soupe sur leur petit feu. »

Laupies a fait des études d’histoire à Lyon-II (après un détour dans l’animation), puis elle a intégré l’IUFM de La Croix-Rousse.


Valérie Laupiès, chez elle, à Tarascon (Nolwenn Le Blevenec/Rue89)

Une vie plus tard, en 2005, elle s’est engagée au Mouvement républicain et citoyen (MRC) de Jean-Pierre Chevènement, parce qu’elle aimait son discours sur l’éducation. Mais au moment du CPE, elle se sent ostracisée (il est contre, elle est pour).

Elle s’en va, paumée. Envoie un e-mail à un écrivain qu’elle admire : « Bonjour Alain Soral, pour qui faut-il voter alors ? »

Il lui répond : Le Pen ou Dieudonné.

« Mais ça a pris du temps encore. Pour moi, la gauche c’était le bien. Les concepts ont fini par m’en éloigner. »

L’un de ses deux frères est fan de Mitterrand. Quand elle a dévoilé son intérêt pour « le Front », au repas de Noël 2006, la femme de celui-ci s’est offusquée, le FN était son combat à la fac. Valérie Laupies, en colère, s’encarte juste après, pour le nouvel an, son cadeau.

Un jour, on l’invite à un déjeuner-débat avec Jean-Marie Le Pen. Le chef du FN la repère au fond de la salle (« Je me suis demandé qui était cette jeune femme... », lui dit-il) et ils vivent, à l’entendre, une sorte de coup de foudre intellectuel. Elle aime « sa frilosité » envers les diplômes.

« J’aime son pragmatisme. Je n’ai pas envie de me sentir complexée et pas utile dans ce parti. Mais j’espère, je pense que Marine Le Pen a conscience des limites de l’“énarquitude”, même s’il en faut. »

Elle est élue conseillère régionale Paca FN en 2010.

« La ville se transforme en médina »

« L’immigration de masse », c’est la première préoccupation des Tarasconnais, selon Valérie Laupiès. La sienne aussi.

Municipales à Tarascon

Pour le moment, trois candidats déclarés : le maire sortant Charles Fabre (UMP), Lucien Limousin (ancien UMP, proche de l’UDI), Valérie Laupies (FN). Les forces de gauche ont la volonté de s’unir mais n’ont pas encore désigné de candidat. Pas loin de Tarascon, les Saintes-Maries-de-la-Mer est une autre ville qui pourrait devenir frontiste, selon une étude réalisée par l’Ifop.

« Le problème c’est le nombre. Le centre-ville s’est transformé en médina. C’est la mort de la vie entre les gens. »

Deux publics dans son viseur.

D’abord les jeunes issus de l’immigration sortis du système scolaire tôt et qui sont désœuvrés.

R., par exemple, 21 ans, sympa, qui rit quand son pote se demande quelle est l’utilité du théorème de Pythagore. Et qui deale de la « chnouf » et roule en Audi A1 blanche dans la ville.

« Nos enfants à nous quittent la ville, les leurs restent et ne trouvent pas de travail. Ce n’est pas à nous de mettre la main à la poche pour les occuper. Il faut arrêter de se flageller. »

L’autre public : les vieux qui veulent une salle pour prier et qui sont « partout dans la ville, debout comme des piquets » parce que « c’est leur mode de vie ». Elle voudrait interdire les djellabas dans les lieux publics, « si la loi le permet ».

Elle regrette d’avoir été réveillée, pas plus tard que dimanche dernier, par un groupe de jeunes adultes maghrébins, à 6 heures du matin.

« Ils ont fait un boucan pas possible. Vous trouvez ça normal d’être réveillée quand vous êtes chez vous ? Il ne faut pas se laisser bouffer. »

Un mari qui prend des photos d’immigrés

Pendant ses études à Lyon, elle a rencontré son mari, Frédéric Laupies, originaire de Beaucaire, issu d’une famille communiste. Il a fait en même temps qu’elle le même chemin de la gauche à l’extrême droite. Lui aussi est obnubilé par l’immigration.

Son père, Jacques Laupies, 77 ans, très connu dans la ville, tient le blog Un communiste à Tarascon et il va se battre pour que la gauche passe aux municipales. Il pense que le passage de son fils à l’extrême droite est lié à des conditions matérielles difficiles, « il n’a pas eu le parcours qu’il aurait pu espérer ».

Frédéric Laupies est agent d’accueil à la gare d’Arles, cinq jours par semaine de 21 heures à minuit, pour 600 euros par mois. Valérie Laupies dit que c’est dur, mais qu’il y voit « la vraie vie ».

Ce mardi matin, il sert gentiment les cafés, mais ne participe pas à la conversation. La candidate FN nous dit que son mari l’aide énormément, « il est fort en communication ».

Il prépare des notes pour les interviews ou les interventions au conseil régional de sa femme. Surtout, il tourne des vidéos de campagne : femmes voilées marchant dans les rues de Tarascon. Il prend aussi régulièrement des photos d’Arabes à leur insu qu’il poste sur Facebook.

Valérie Laupies a récemment demandé de l’aide à Marine Le Pen. Elle aimerait que le travail de son mari soit reconnu (peut-être rémunéré) et dans l’idéal, elle voudrait une aide financière pour se mettre à mi-temps pendant la campagne municipale.

« S’ils veulent faire de Tarascon un exemple, il faut probablement mettre plus de moyens. Sans ça, ça va être dur. »

La morale républicaine, sujet de dictée

Les classes de l’école ZEP de Valérie Laupies sont pleines d’enfants issus de l’immigration. Elle dit : « J’adore mes gamins. »

« J’offre ma photo de classe depuis deux ans à Jean-Marie Le Pen. Quand des élèves ne parlent pas français à la maison, le niveau baisse forcément, on ne peut plus faire classe de la même façon. »

Elle leur fait faire le programme, mais elle essaye aussi de les éduquer. Par exemple, « en auto-dictée », elle les fait travailler sur des « fiches sur la morale républicaine des années 60 ».

« La dernière fois, cela nous a amené à parler de la conscience personnelle en opposition au rapport de force qu’ils côtoient à l’école d’arabe. »

Croisé près de son école, Yanis, 19 ans, qui l’a eue comme prof en primaire, nous dit qu’il a toujours pensé qu’elle était de gauche, « tellement elle était ouverte ».


Ecole Marcel-Battle à Tarascon (Nolwenn Le Blevennec/Rue89)

La soupe chinoise des enfants cambodgiens

Quand elle a voulu adopter, elle s’est naturellement imaginée avec un enfant venant d’Asie. Mais quand on lui a dit qu’elle avait 90% de chances de tomber sur un Maghrébin dans les Bouches-du-Rhône, elle a dit « désolée, je ne peux pas ».

« Ce n’est pas une culture que j’apprécie. Pas parce que je suis méchante, mais parce que je ne m’y reconnais pas.

– Oui, mais si l’enfant est élevé avec vous, c’est votre culture qu’il acquiert.

– Quelle est la part de la nature et la culture ? J’ai posé la question à mon pédiatre, c’est une question qui me travaille beaucoup. Je pense que la nature domine. Je connais des gens qui ont adopté des enfants du Cambodge, ils boivent de la soupe chinoise dans leur biberon. A un moment donné, vous êtes l’héritier de tous vos ancêtres. »

A la fin de notre entretien, Valérie Laupies ajoute qu’elle serait prête à accueillir des candidats UMP sur sa liste au second tour.

« Je pense que des élus de la liste seraient prêts à collaborer avec moi. Certains sont venus au déjeuner avec Florian Philippot, ce week-end. »

En face de la mairie, Abdel, 31 ans, qui tient le snack La Médina, nous dit que « Valérie et son mari » sont plutôt gentils avec lui quand ils viennent manger et pense que beaucoup d’Arabes « vont voter pour eux ».


La mairie de Tarascon (Nolwenn Le Blevennec/Rue89)

Partager cet article
Repost0
25 avril 2013 4 25 /04 /avril /2013 16:09

 

http://fr.reuters.com

 jeudi 25 avril 2013 18h00

 

 

PARIS, 25 avril (Reuters) - Le nombre de chômeurs dans la catégorie phare a battu son record en mars, à 3.224.600, augmentant pour le 23e mois consécutif, selon les chiffres publiés jeudi par le ministère du Travail. 

 

Le précédent record datait de janvier 1997 (3.195.500).

 

Face à cette hausse continue, François Hollande et son gouvernement conservent l'objectif de faire reculer le chômage d'ici fin 2013, une mission impossible selon de nombreux économistes du fait d'une croissance économique nulle.

 

"Ce que je veux, c'est que les Français puissent se rassembler sur cette seule cause nationale, la lutte contre le chômage. C'est le seul rassemblement qui convienne", a-t-il dit jeudi lors d'une visite officielle en Chine. (voir )

 

Le nombre de chômeurs inscrits en catégorie A (ceux qui n'ont pas travaillé), la plus observée, a augmenté de 36.900 en France métropolitaine (+1,2%). Sur un an, il progresse de 11,5%.

 

En tenant compte des personnes exerçant une activité réduite (catégories B et C), le nombre de demandeurs d'emploi a progressé de 0,7% le mois dernier, soit 34.400 personnes, pour atteindre 4.741.100, en hausse de 9,8% sur un an.

 

En incluant les départements d'Outre-mer, il a dépassé la barre symbolique de 5 millions, à 5.033.600 personnes.

 

"Cette situation est le résultat d'une hausse ininterrompue depuis maintenant 5 ans (60 mois de hausse au cours des 61 derniers mois en catégories A+B+C, 53 mois en catégorie A)", souligne le ministère du Travail dans un communiqué.

 

Le ministre du Travail, Michel Sapin, met en garde contre les comparaisons historiques, en soulignant que la population active a augmenté de 3 millions de personnes depuis 1997.

 

En pourcentage de la population active, le taux de chômage s'est établi à 10,2% au quatrième trimestre 2012 en métropole (10,6% avec les départements d'Outre-mer), son plus haut niveau depuis 1999. Les chiffres du premier trimestre seront publiés le 6 juin. 

 

Le taux de chômage le plus élevé enregistré en France est de 11,3%, en février 1997 et de mars à mai 1994.

A titre de comparaison, le taux de chômage a atteint un record en Espagne à 27,2%, soit 6,2 millions de personnes, selon les chiffres publiés jeudi. (voir )

HAUSSE DU TAUX DE CHÔMAGE EN VUE

En France, le nombre de jours passés en moyenne au chômage a également battu son précédent record en mars, à 485 jours pour les catégories A, B, C, contre 482 en février.

Comme les mois précédents, les travailleurs les plus âgés ont été les plus touchés par la hausse du chômage en mars, et dans une moindre mesure les plus jeunes.

Le nombre de demandeurs d'emploi de 50 ans et plus a ainsi augmenté de 1,3% en catégorie A en métropole (+17,0% sur un an) et de 1,1% en A, B, C (+15,2% sur un an). Ceux de moins de 25 ans ont vu leur nombre augmenter de 1,3% en A, et de 0,8% en A, B, C, soit des hausses respectives de 10,9% et 9,8% sur un an.

Le nombre de demandeurs d'emploi inscrits depuis un an ou plus en catégories A, B, C a augmenté de 1,1% en mars en France métropolitaine (+15,1% sur un an).

Les offres collectées par Pôle emploi ont diminué de 6,0% le mois dernier (-18,2% sur un an).

La vigueur de la démographie française se traduit par une progression régulière de la population active, qui impose au pays de créer quelque 200.000 emplois par an pour faire reculer le chômage, soulignent des économistes, ce qui est impossible tant que la croissance n'atteint pas au minimum 1% à 1,5%.

La Commission européenne prévoit que le taux de chômage continuera à progresser cette année et l'an prochain pour atteindre respectivement 10,7% et 11,0%. L'OCDE prévoit quant à elle des taux de 11,0% cette année et 11,2% en 2014 et le Fonds monétaire international 11,2% et 11,6%.

Les indicateurs français en temps réel

Le point sur la conjoncture française

Tous les indicateurs du G7 aujourd'hui (Jean-Baptiste Vey, édité par Yves Clarisse)

 

Partager cet article
Repost0
24 avril 2013 3 24 /04 /avril /2013 21:08

 

 

Walter Broccoli, le représentant de FO à Florange a répondu à nos questions après le dépôt d'une stèle en mémoire des "promesses non tenues" de François Hollande, ce mercredi en début d'après-midi sur le site sidérurgique.


D. N. avec BFMTV
Le 24/04/2013 à 17:21
Mis à jour le 24/04/2013 à 17:28

 

Un an après la visite du candidat François Hollande, les salariés de Florange ont condamné mercredi l'inaction de celui qui est entre-temps devenu président en inaugurant une stèle à la mémoire des "promesses non tenues de F. Hollande".

"Nous, ce qu'on regrette, c'est que François Hollande a succombé au chantage de Monsieur Mittal. C'est vrai que 20.000 emplois en France étaient concernés, mais ne doit pas succomber au chantage ", a fustigé Walter Broccoli, représentant FO sur le site de Florange, mercredi. "C'est exactement ce qu'il fait avec les preneurs d'otages en Afrique, il ne paie pas de rançon", s'est encore risqué, dans un audacieux parallèle, le syndicaliste.

"Faire le deuil des hauts-fourneaux"

"Il est évident si le gouvernement et François Hollande avaient tenu leurs promesses et s'ils avaient été jusqu'au bout du projet qui avait dévoilé par monsieur Montebourg, on n'en serait pas là", a précisé le syndicaliste en allusion à la stèle installée mercredi à 14h30 sur le site

Mais poursuit-il, "cette stèle a pour principal intérêt pour nous est de faire le deuil de nos hauts-fourneaux et de pourvoir tourner la page", a précisé Walter Broccoli alors que débutait mercredi le processus d'arrêt définitif de ces installations

 

.

Partager cet article
Repost0
24 avril 2013 3 24 /04 /avril /2013 14:10

Médiapart

 

 

 

La photographie est prise en 2010. Mais les tendances qu’elle dessine ont dû se poursuivre et s’approfondir au cours des deux années suivantes. Dans sa dernière étude sur les revenus et le patrimoine des ménages, publiée mercredi 24 avril, l’Insee dresse un nouveau bilan des effets de la crise. Et ils sont dévastateurs : la pauvreté s’installe et les inégalités n’ont cessé de se creuser. Les ménages les plus pauvres paient le plus lourd tribut. « En 2010, le niveau de vie de la majorité de la population stagne ou baisse, après avoir faiblement augmenté l’année précédente. Au sein de l’ensemble de la population, les personnes les plus modestes sont particulièrement touchées depuis la crise. À l’inverse, le niveau de vie au-dessus duquel se situent les 5 % de personnes les mieux loties repart à la hausse, après avoir stagné en 2009 », note d’emblée l’institut (lire l'intégralité de l'étude ici).

Le niveau de vie médian – c’est-à dire le point d’équilibre entre la moitié des ménages qui gagne le moins et la moitié qui gagne le plus – s’est élevé à 19 270 euros par an, soit 1 610 euros par mois. Il est en baisse de 0,5 % en euros constants, par rapport à 2009. La baisse a été particulièrement sensible pour les ménages les plus pauvres. Les trois premiers déciles accusent une chute entre 1,3 % et 1,6 %. Les 10 % de personnes les plus modestes ont un niveau de vie inférieur à 10 430 euros annuels, correspondant au 1er décile.

Dans le même temps, les revenus des ménages les plus aisés, qui avaient enregistré une baisse en 2009, ont recommencé à augmenter. Le niveau de vie des 5 % de personnes les plus aisées a progressé de 1,3 % en 2010. Celui des 1 % les plus riches a enregistré une hausse de 4,7 % en 2010, après avoir baissé de 4,3 % en 2009. « Les 10 % les plus aisées disposent d’au moins 36 270 euros annuel, soit 3,5 fois plus (que les foyers les plus modestes) », note l’étude. 

 

 
© insee

C’est la première fois, insiste l’Insee, que la crise accentue autant les inégalités. Cette remarque conduit à un constat inquiétant : le système redistributif français, mis à mal depuis de nombreux années, est en passe de se casser. Il n’a plus les mêmes effets protecteurs qu’auparavant. Les dispositifs de solidarité permettent encore d’atténuer la chute mais plus de l’effacer. « Avant transfert, le premier décile de revenu par unité de consommation diminue de 3,2 % en moyenne par an de 2008 à 2010 et de 1,2 % après transferts ; pour le deuxième décile, les évolutions sont respectivement de 1,8 % et de 1,3 % », signale l’étude. 

2,7 millions d'enfants vivent dans des familles pauvres

De plus en plus de ménages se trouvent ainsi renvoyés aux marges de la pauvreté. « En 2010, le taux de pauvreté monétaire atteint 14,1 %, en hausse de 0,6 point. Les plus fortes contributions à la hausse de la pauvreté en 2010 sont en fait celles des populations inactives : les retraités (11 % de l’accroissement du nombre de personnes pauvres), les adultes inactifs autres que les étudiants et retraités (16 %) et, surtout, les enfants de moins de 18 ans (63 %)», relève l’Insee. Selon l’institut, 2,7 millions d’enfants vivent désormais dans des familles pauvres en 2010. Le risque de pauvreté s’accroît pour ces enfants, quand ils vivent dans des familles monoparentales, ou s’il y a plus de trois enfants dans la famille. Toutes ces données seront-elles prises en compte par les experts qui prônent une réforme des allocations familiales ?

La pauvreté touche aussi les retraités les plus âgés, souvent des femmes seules n’ayant pas ou peu travaillé. Le minimum vieillesse avait permis ces dernières années d’apporter une sécurité à cette population très fragile. Mais là encore la situation se dégrade : « En 2009, le taux de pauvreté monétaire des personnes âgées de 75 ans ou plus s’élève à 13,0 %, contre 7,7 % pour les personnes âgées de 65 à 74 ans et 12,8 % pour les personnes d’âge actif », pointe l’étude.

La troisième catégorie la plus menacée, ce sont les ménages endettés. Par rapport au reste de l’Europe, les ménages français sont peu endettés. Selon l’Insee, 46 % des ménages vivant en France déclarent avoir au moins un emprunt encore en cours. 18 % sont endettés uniquement pour l’achat d’un bien immobilier ou pour financer de gros travaux. Mais il y a ceux qui s’endettent pour boucler les fins de mois, ceux qui cumulent les crédits immobiliers et les crédits à la consommation. Plus de 18 % des ménages endettés doivent rembourser l’équivalent de plus de 30 % de leurs revenus chaque mois. Certains se retrouvent totalement étranglés : ils sont 12 % à avoir un endettement dépassant 80 % de leurs actifs, et même 9 %, qui ont accumulé un endettement dépassant la totalité de la valeur de leur patrimoine.

Que reste-t-il du « modèle français » ? De moins en moins de protection manifestement au fur et à mesure que la crise se prolonge et s’amplifie. Jamais les inégalités n’ont été aussi grandes en France depuis la fin de la seconde guerre mondiale. Mais rien n’est fait pour corriger la situation. Aucune réforme de la fiscalité n’a été entreprise par le gouvernement. « La réforme fiscale est faite », assurait avec aplomb Jérôme Cahuzac, alors ministre du budget, en janvier. Plutôt que de regarder les chiffres et de s’en inquiéter, beaucoup préfèrent s’en tenir au mythe.


Partager cet article
Repost0
24 avril 2013 3 24 /04 /avril /2013 14:00

 

 

Médiapart

 

 

Lire aussi

Que va-t-il rester du Printemps, après sa revente aux Qataris ? D’après les documents internes que s’est procurés Mediapart, cela n’aura plus grand-chose à voir avec le grand magasin connu. Oubliés les couettes, les jouets, les casseroles, les meubles… tout ce qui fait partie du grand bazar des grands magasins. Le Printemps Haussmann, le seul qui intéresse les acheteurs qataris, est appelé à devenir, au moins dans un premier temps, un centre commercial, les propriétaires comptant louer à prix d’or des espaces pour des marques de luxe.

Un business plan précis a été établi par la direction pour détailler l’évolution du grand magasin du boulevard Haussmann. Nommé Arthur 3, ce document a été achevé le 5 décembre 2012, afin d’être présenté aux acheteurs qataris : l’accord de négociations exclusives révélé par Mediapart a été signé le 21 décembre 2012. 

 

Officiellement, ce plan n’existe pas. La direction a nié son existence à l’intersyndicale du Printemps, rassemblant la CGT, la CFDT, l’UGIT-CGT et la SAPP, qui l’interrogeait sur le futur du groupe.

Pourtant, sur le papier, tout est déjà écrit. Le futur plan d’action prévoit la suppression totale du rayon enfants, du rayon bain, la division par deux des produits de la maison, des arts de la table, des meubles. Dans la foulée, on supprime aussi les services médicaux et sociaux, les locaux du personnel et syndicaux.

 

Au moins 226 emplois supprimés dans un premier temps

 

Un temple du luxe 
Un temple du luxe

Cet immeuble est appelé à devenir le royaume du luxe pour les hommes. Dior, Vuitton, Omega, Weston, Dolce Gabbana… Toutes les marques prisées par les « beautifuls », ceux à la vie sur papier glacé ou qui en rêvent, sont invitées à louer très cher des espaces pour y vendre leurs produits siglés. Le groupe espère augmenter son chiffre d'affaires de 163 millions d'euros par cette seule transformation. Les taux de marge prévus y sont impressionnants : 38 % pour l'horlogerie, 36,7 % pour les chaussures. L'îlot 2 – le premier magasin, transformé –, deviendra, selon le projet, le plus rentable du groupe avec une marge de plus de 17 %. 

Une transformation identique est prévue pour la maison. Là encore, tout est appelé à être concédé aux marques renommées. Avec comme objectif de devenir « une référence unique et incontournable grâce une expérience shopping renouvelée et unique » (sic).

Mais ces changements taisent le plan social qui se cache derrière ce “plan d’action”. L’intersyndicale du Printemps, à qui ce document a été montré, a établi une première estimation des suppressions d’emploi induites par le projet Arthur 3. Selon ses calculs, ce sont au minimum 226 postes qui paraissent condamnés par la première transformation du Printemps Haussmann, sans compter les emplois indirects dans les départements achats, logistiques, comptabilité. Car toutes ces activités appelées à disparaître sont gérées directement par le Printemps. Les marques qui les remplaceront, elles, gèrent tout par elles-mêmes. Les salariés dépendent directement des marques. Ce sont souvent des employés intérimaires, précarisés, employés au coup par coup et qui ne disposent d’aucune couverture sociale, d’aucune convention collective. Le revers de la médaille de ce monde du luxe.

Sans attendre, la direction a déjà commencé à mettre en œuvre le plan Arthur 3, avec, dès décembre, les premières suppressions de points de vente dans les Arts de table, pointe l’intersyndicale. Tout s’est fait naturellement sans plan social. En cinq ans, la direction du Printemps est parvenue à supprimer plus de 900 emplois sans le moindre plan d’accompagnement des salariés.

Pour les syndicats, cette réorganisation prévue risque d’être la première d’une longue série. Le plan Arthur 3 dévoile en effet la véritable nature du projet de rachat par le Qatar : une opération immobilière destinée à assurer une rente très lucrative et qui ne s’embarrasse pas des salariés. À voir les millions d’euros de commissions promis aux uns et autres (voir les millions de commissions promis par le Qatar), tout cela s’annonce comme une affaire très juteuse. Au moins pour quelques-uns.

 

 

Partager cet article
Repost0
24 avril 2013 3 24 /04 /avril /2013 13:46

 

Le Monde.fr | 24.04.2013 à 10h08 • Mis à jour le 24.04.2013 à 10h58

 

Par Hélène Bekmezian et Raphaëlle Besse Desmoulieres 

 
 
L'amnistie sociale est l'un des grands chevaux de bataille de l'ancien candidat à l'élection présidentielle Jean-Luc Mélenchon.

La proposition de loi sur l'amnistie syndicale pourrait bien finir sa vie à l'Assemblée nationale. Après son adoption de justesse par le Sénat, le 27 février, elle devrait être rejetée par la commission des lois de l'Assemblée, mercredi 24 avril. Ce texte, à l'initiative des communistes, prévoit notamment l'amnistie pour les infractions, commises entre le 1er janvier 2007 et le 1er février 2013, passibles de cinq ans d'emprisonnement au plus et son adoption au Sénat avait suscité l'ire du patronat qui y voit un "appel au cassage".

Lire : De la rue au Sénat, le Front de gauche défend l'amnistie sociale

"La position du gouvernement dans ce débat sera "non", nous ne sommes pas favorables à cette amnistie, ni à aucune autre", a déclaré le ministre des relations avec le Parlement, Alain Vidalies, au micro de France info dans la matinée, officialisant pour la première fois aussi clairement l'opposition de l'exécutif. Dans la foulée, le président du groupe socialiste à l'Assemblée, Bruno Le Roux, lui a emboîté le pas sur BFM-TV, assurant que "ce texte ne peut pas être adopté en l'état aujourd'hui par l'Assemblée nationale." "Soit nous l'amenderons profondément, soit nous renverrons le texte au Sénat."

Au Palais du Luxembourg, la garde des Sceaux, Christiane Taubira, s'en était remis à la "sagesse" des élus et le ministre de l'intérieur, Manuel Valls, s'était lui dit "sceptique sur le principe de l'amnistie". Le président de la commission des lois, Jean-Jacques Urvoas, avait aussi exprimé son désaccord et devrait donc se satisfaire de voir les commissaires rejeter le texte même si celui-ci sera examiné en séance, le 16 mai.

Deux issues seront possibles: soit les députés voteront une "motion de renvoi en commission" pour rejeter le texte d'emblée, soit ils l'examineront et voteront finalement contre. C'est dans le deuxième cas seulement que le texte retournerait alors au Sénat.

 

"PARTI PRIS DU MEDEF"

 Si elle n'a désormais plus grand espoir quant à l'issue finale, la co-présidente du Parti de gauche, Martine Billard, ne décolère pas, elle qui pensait que la "version étriquée" du Sénat serait adoptée. "Le message est très clair: c'est le parti pris du Medef contre les salariés. Le message envoyé par un gouvernement socialiste, c'est "travailleurs, fermez-la", les patrons vous pouvez faire ce que vous voulez", enrage-t-elle. Un communiqué publié mercredi par le secrétaire général du PG, François Cocq, dénonce dans la même veine un "coup de poignard" du gouvernement, appelant les députés PS à refuser le "diktat" du gouvernement.

"Il y a un amalgame, qui n'est pas juste, fait avec les manifestants contre le mariage pour tous mais ceux qui ont été arrêtés ne rentreraient pas dans le champ de la loi", tempête de son côté Eliane Assassi, présidente du groupe communiste au Sénat. Après leur bras de fer perdu avec le gouvernement sur l'accord emploi, c'est un nouveau camouflet pour les communistes qui tiennent là une nouvelle bonne raison d'aller manifester le 5 mai.

 

Lire : La proposition de loi sur l'amnistie sociale fait des vagues


Hélène Bekmezian et Raphaëlle Besse Desmoulieres 

 

Partager cet article
Repost0
23 avril 2013 2 23 /04 /avril /2013 17:15

 

 

Le Monde.fr | 23.04.2013 à 18h14 • Mis à jour le 23.04.2013 à 18h27

 

Par Bertrand Bissuel

 
 
Selon le CGT de l'usine Renault de Cléon, le salarié qui s'est donné la mort avait été très impliqué dans les grèves qui ont éclaté à partir de fin 2012 pour s'opposer au projet d'accord compétitivité-emploi.

Un salarié de l'usine Renault à Cléon (Seine-Maritime) s'est donné la mort, dans la nuit du dimanche 21 au lundi 22 avril, sur son lieu de travail. L'un de ses collègues l'a retrouvé, pendu, vers 5 h 30, dans un secteur de l'établissement où il n'y avait plus aucune activité.

Agé de 35 ans, il était technicien de maintenance de nuit et avait été embauché par le constructeur automobile en 2000.

Il a laissé deux lettres – l'une à l'attention de sa femme et de leurs filles, l'autre destinée à la direction dans laquelle il écrit : "Merci Renault. Merci ces années de pression, chantage au nuit. Où le droit de grève n'existe pas. Ne pas protester sinon gare. La peur, l'incertitude de l'avenir sont de bonne guerre, parait-il ? Tu expliqueras ça à mes filles, Carlos [Ghosn, le PDG du groupe]. "

Selon Pascal Morel, responsable du syndicat CGT dans l'usine, cet homme avait été très impliqué dans les grèves qui ont éclaté à partir de la fin 2012 pour s'opposer au projet d'accord compétitivité-emploi.

Signé dans la première quinzaine de mars, ce dispositif prévoit que le personnel fasse des sacrifices (gel des salaires, accroissement du temps de travail...) en contrepartie de l'engagement de la direction d'augmenter les volumes de production.

Lire le décryptage Renault : ce que l'accord de compétitivité va changer

 

 "PRESSIONS"

Après ces conflits, "la hiérarchie a exercé des pressions", explique M. Morel, et a fait comprendre aux grévistes que s'ils jouaient encore aux fortes têtes, ils risquaient de perdre leur poste de nuit, nettement mieux payé que le travail en équipe de jour. La différence peut être de l'ordre de 700 euros par mois, d'après M. Morel.

Pour le syndicaliste, le suicide de cet homme est "en lien avec le travail". Renault a une part de responsabilité, ajoute M. Morel, dans la mesure où un "système", reposant sur le chantage et sur l'intimidation, a été mis en place pour encadrer le personnel.

Une porte-parole de la société rétorque que le salarié avait été favorablement "évalué" par sa hiérarchie et qu'il avait l'assurance de pouvoir continuer à travailler de nuit. Il n'était pas connu des services médicaux de l'entreprise.

"Renault a à cœur de comprendre ce qui s'est passé, insiste-t-on chez le constructeur. La direction est touchée et s'associe au chagrin de la famille et des salariés."

Une cellule psychologique a été mise en place sur le site de Cléon. Le parquet de Rouen a ouvert une enquête. De son côté, le comité d'hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT) va essayer d'identifier les facteurs expliquant le passage à l'acte pour éviter que de tels faits ne se reproduisent, affirme M. Morel.

Bertrand Bissuel

Partager cet article
Repost0

Présentation

  • : Démocratie Réelle Maintenant des Indignés de Nîmes
  • : Le blog des Indignés de Nimes et de la Démocratie Réelle Maintenant à Nimes
  • Contact

Texte Libre

INFO IMPORTANTE

 

DEPUIS DEBUT AOÛT 2014

OVERBLOG NOUS IMPOSE ET PLACE DES PUBS

SUR NOTRE BLOG

CELA VA A L'ENCONTRE DE NOTRE ETHIQUE ET DE NOS CHOIX


NE CLIQUEZ PAS SUR CES PUBS !

Recherche

Texte Libre

ter 

Nouvelle-image.JPG

Badge

 

          Depuis le 26 Mai 2011,

        Nous nous réunissons

                 tous les soirs

      devant la maison carrée

 

       A partir du 16 Juillet 2014

            et pendant l'été

                     RV

       chaque mercredi à 18h

                et samedi à 13h

    sur le terrain de Caveirac

                Rejoignez-nous  

et venez partager ce lieu avec nous !



  Th-o indign-(1)

55

9b22