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9 mai 2013 4 09 /05 /mai /2013 21:42

 

 

 Agoravox

  Nous vaincrons le travail, vive le chômage !  
  par caleb irri (son site) jeudi 9 mai 2013

 

Qu’on le veuille ou non, notre monde est condamné au chômage. Nombreux sont ceux qui- à droite comme à gauche- s’en effraient, mais cela devrait pourtant tous nous réjouir : car cela signifie que le progrès technique n’est pas mort, ce qui permet à l’homme d’espérer atteindre encore ce qui devrait être l’un de ses objectifs prioritaires, à savoir de se séparer, à terme, de la nécessité du travail dans nos sociétés.

Seulement le monde ne fonctionne plus, ne raisonne plus en terme de société, ni d’humain, ni même de progrès ou de besoin : nous en sommes arrivés à considérer le chômage comme une calamité, car le critère de référence universel est la rentabilité ; jusqu’aux décroissants qui raisonnent en termes économiques puisqu’ils veulent faire « mieux » avec « moins » (voir décroissance théorie économique bien trop sage).

 

Le paradoxe de cette situation réside dans le fait que le progrès technique favorise le chômage de masse et que le capitalisme favorise lui-même ce progrès (enfin jusqu’à il y a peu) ; mais aujourd’hui c’est que l’austérité engagée pour sauver le capitalisme conduit elle-aussi au chômage de masse, cette fois pour cause de « non-rentabilité ». Car si le capitalisme a besoin du travail de l’homme pour ses profits, il a également besoin du progrès technique, car les machines seront toujours, à terme en tous cas, plus rentables que l’être humain (24/24, 7 jours sur 7). Mais ce progrès technique, qui au départ était censé libérer les hommes de la contrainte du travail, est aujourd’hui un facteur de rentabilité privé qui s’oppose à l’économie « publique », en ce sens que les gains de productivité apportés par la technologie entraînent pour l’État un surplus de budget (les aides sociales : en 2009, plus de 30% du PIB, soit plus de 600 milliards) pour éponger les licenciements dus aux moindres besoins de main d’œuvre pour effectuer une même tâche (la « fameuse » privatisation des profits, socialisation des pertes). Mais comme aujourd’hui les investissements de production baissent -et qu’ils ne sont même pas compensés par l’obsolescence programmée (comment dans ces conditions la faire disparaître puisqu’elle contribue à « sauvegarder » l’emploi ?), nous arrivons à une situation « logique » d’un point de vue civilisationnel (il y a nécessairement besoin de moins en moins de travail), mais aberrant d’un point de vue économique (que l’on fasse de l’investissement ou de l’austérité, le chômage est en constante augmentation).

 

Sauf que nous les citoyens, nous sommes toujours contraints de subir ce qui devrait être une libération (le chômage, que le système capitaliste a transformé en fléau) car en dehors des prestations sociales seul l’argent que nous procure le travail nous permet de vivre- nous obligeant ainsi à trouver coûte que coûte cette denrée de plus en plus rare qu’est l’emploi : le résultat évident (enfin d’un point de vue capitaliste) est que le prix du travail (les salaires) est destiné à baisser au fur et à mesure que nous serons plus nombreux à vouloir en obtenir un. Et parallèlement les Etats se voient eux dans l’obligation -tout du moins s’ils se veulent démocratiques et ainsi éviter les contestations massives (des gens qui ne travaillent pas et n’ont aucun moyen de subsistance deviennent dangereux pour l’ordre public -en plus d’avoir du temps pour réfléchir à leur condition), de pourvoir au minimum vital. Et cela leur coûte cher, de plus en plus cher. A tel point qu’ils cherchent par tous les moyens de se soustraire à cette trop lourde dépense.

 

C’est ainsi que les pays dits « développés » en arrivent à des absurdités à la fois économiques et politiques comme celles que nous constatons aujourd’hui : ne pouvant décemment pas se résoudre à un changement de paradigme pourtant nécessaire et plutôt que d’engager des politiques de relance (déjà que nous gardons dans l’emploi de nombreux postes rendus inutiles dans de nombreuses administrations ou services publics pour ne pas augmenter le nombre de chômeurs), nos gouvernants préfèrent se soumettre à une politique d’austérité destinée à faire baisser le « coût du travail » (les salaires) ; évitant ainsi d’avoir à faire évoluer la technique qui accentuerait le chômage de masse. Déjà qu’il n’y a pas de travail pour tout le monde ! En définitive l’homme n’est un « outil » plus rentable que la machine que lorsqu’il travaille pour rien : l’esclavage est le seul idéal qui permet le plein emploi. A part peut-être la guerre ou une catastrophe naturelle de grande ampleur, une épidémie meurtrière ou que sais-je encore, la situation ne s’améliorera pas ; mais qui peut souhaiter ce genre « d’améliorations » ?

 

Donc on arrête d’investir, et ce même si de nombreux emplois ne sont pas pourvus (les métiers les plus pénibles ou considérés comme tels, ou tout simplement déconsidérés). Que peut-on faire pour tous ces gens ? On les indemnise un moment, et puis après ? Soit ils acceptent « n’importe quoi » (et on obtient ainsi de mauvais employés), soit ils vont au secours populaire, soit ils partent grossir les rangs des « émigrés », soit ils luttent contre le système qui ne les satisfait plus. Mais quoi qu’il en soit la situation n’est pas tenable à long terme, car même si tous acceptaient les travaux pénibles il en resterait un paquet sur le carreau.

 

Du coup on veut se séparer de cette charge, sans pour autant laisser les miséreux sans lien, sans dépendance avec l’Etat. C’est bien pour cela qu’on préfère leur faire creuser des trous qu’ils reboucheront plutôt que de les laisser sans activité ; et même si pour cela on doit recourir à la contrainte comme au travail gratuit ou même aux camps de travail (comme c’est parait-il prévu en Grèce- je n’ai pas trouvé autre chose, du moins en Français). Car ce à quoi nous ne pensons pas assez, c’est que lorsqu’un individu sort du cadre de l’assistance ou solidarité comme on voudra, il devient un anonyme sur lequel le pouvoir étatique n’a plus d’emprise. En quelque sorte il rentre dans la clandestinité et sort de la dépendance vis à vis de l’Etat ; et cela devient un danger potentiel pour le maintien de l’ordre public -en même temps qu’une preuve de l’incapacité de l’Etat à faire correspondre son modèle politique à la réalité sociale, comme on le voit ces derniers temps en Espagne ou en Grèce avec l’augmentation du travail au noir et la généralisation du « système D ».

 

On est même arrivés à un tel point de saturation -il faut se rendre compte de cet incroyable non-sens – que l’on préfère enterrer des innovations (même rentables d’un point de vue économique ou social caisses automatiques, informatisation) que d’avoir à supprimer encore des postes. Ne sachant plus que faire pour stopper les déficits on va jusqu’à couper les crédits de recherche et de développement, sans se rendre compte que nous sommes tous entrainés dans une spirale infernale qui nous conduira de toutes les manières au même résultat : il faudra bien un jour régler le problème du travail et de sa nécessaire obsolescence et admettre une bonne fois pour toutes que le temps du travail est révolu. Et que si nous voulons éviter les dérives autoritaires inhérentes au capitalisme nous devrons changer de paradigme.

 

Car si au lieu de nous inquiéter pour les retraites ou le chômage nous nous inquiétions pour notre bien-être ou notre santé, nous comprendrions très vite qu’il nous faut tout d’abord faire des enfants (et oui plutôt que de devoir travailler plus et plus longtemps pour mourir plus jeune sans avoir d’autre emploi que ce que le gouvernement nous autorise ou nous impose, nous n’avons qu’à faire des enfants !), car eux-seuls seront les garants de nos vieux jours, en plus de la promesse qu’ils représentent pour le futur.


Si nous cessions de viser la rentabilité nous comprendrions que le futur de l’homme est de se séparer de la contrainte du travail plutôt que de la désirer, avec des durées hebdomadaires allant sans cesse se réduisant, pour avoir plus de loisirs : « notre société sera une société de loisirs ou ne sera pas », disait un professeur d’économie que j’ai connu. Il avait raison : nous sommes condamnés à travailler de moins en moins. Pourquoi ne pas en faire un objectif avouable et positif , et se réjouir que même le cynisme et le calcul des capitalistes ne suffit pas à empêcher cette inéluctabilité ? Pour mettre en conformité les aspirations humaines avec la réalité sociale d’une société avancée et positive, nous devons changer les règles du jeu (voir) ; de toutes les manières les riches s’ennuient, tandis que les pauvres aimeraient bien s’ennuyer un peu plus, alors… Et même si nous devons tous « travailler » (on remplacera alors ce terme par un autre) pour notre propre bien -et celui des autres- nous devrions partager ce travail entre tous et dans des conditions équivalentes pour satisfaire chacun.

 

Et qu’on puisse un jour enfin crier tous ensemble « nous vaincrons le travail, vive le chômage » !

 

Caleb Irri
http://calebirri.unblog.fr

 

 

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9 mai 2013 4 09 /05 /mai /2013 21:20

 

Nouvel Observateur

 Créé le 03-05-2013 à 12h14 - Mis à jour le 09-05-2013 à 22h35

Embauché comme intérimaire de nuit par le centre logistique de Montélimar, un journaliste raconte son quotidien dans "En Amazonie" (Fayard). Edifiant !

 

 

 

L'entrepôt Amazon de Montélimar : 36.000 m2 de hangar, entre 20 et 25 kilomètres de marche pendant 7 heures pour les "pickers"... (Sipa)

L'entrepôt Amazon de Montélimar : 36.000 m2 de hangar, entre 20 et 25 kilomètres de marche pendant 7 heures pour les "pickers"... (Sipa)

C'est parce qu'il voyait ses librairies préférées fermer, à Toulon, que Jean-Baptiste Malet, 26 ans, s'est intéressé au libraire en ligne américain Amazon. "Je voulais voir ce qui remplaçait ces lieux de convivialité qui me tenaient à cœur." Journaliste à "Golias", l'amoureux des livres a voulu interviewer les travailleurs de l'entrepôt Amazon de Montélimar. En vain. Les employés de la multinationale de l'e-commerce sont contractuellement tenus au secret le plus strict. "L'idée que des employés drômois ne puissent s'exprimer alors que le Code du Travail le leur permet m'a choqué", raconte Jean-Baptiste.

[JEUDI 9]Quand Amazon transforme ses recrues en "robots" Jean-Baptiste Malet, 26 ans, journaliste à "Golias". (David Latour. DR)

Du coup, il se fait embaucher pour la saison de Noël 2012, quand l'entrepôt de Montélimar recrute 1.200 intérimaires en plus de ses 350 CDI. Commence alors l'incroyable découverte, "de l'autre côté de l'écran", des rouages du champion mondial de la logistique pour commerce électronique. L'enquête fourmille de détails inédits sur la condition de ces nouveaux prolétaires, dont nous créons tous les jours les jobs, à coups de clics.

Un "process" qui gère les moindres détails

[JEUDI 9]Quand Amazon transforme ses recrues en "robots" Le badge Amazon de Jean-Baptiste Malet. (DR)

"Je ne veux que des gens supermotivés !" Dès la première réunion d'information de deux heures dans l'agence d'intérim Addeco de Montélimar, la présentatrice insiste, toutes les quinze minutes : les candidats sont "libres de s'en aller" s'ils ne se sentent pas à la hauteur. Leur mission ? Effectuer des tâches ultrarépétitives, par vacations de sept heures payées 9,725 euros brut de l'heure (le smic étant à 9,43 euros).

Il n'y a que quatre types de postes, attribués une fois pour toutes, en trois équipes (5h50-13h10, 13h40-21h, 21h30-4h50) : ceux qui reçoivent la marchandise (les eachers), ceux qui la rangent dans les rayonnages de cette forêt métallique qui couvre le hangar de 36.000 mètres carrés (les stowers). Ceux qui prennent les produits dans ces casiers pour préparer les commandes (les pickers), ceux qui les emballent (les packers).

Il y a tout ce vocabulaire anglais à maîtriser : inbound, outbound, damage, bins, slam, associates, leaders... Il y a cette devise, sortie du "Meilleur des Mondes" : "Work hard, have fun, make history" ("Travaille dur, amuse-toi, écris l'histoire"). La vie de "l'associé" est codifiée selon des "process" qui gèrent le moindre détail : la vitesse maximum des voitures sur le parking (15 km/h), la manière de se garer (en marche arrière), le tutoiement obligatoire (censé susciter la confiance), la manipulation des chariots (interdiction de reculer), la façon d'y empiler les articles (par taille, code-barres au-dessus).

Entre 20 et 25 kilomètres de marche par vacation

Le travail est ultrapénible : même si son parcours est optimisé par un logiciel, le picker marche entre 20 et 25 kilomètres par vacation. Douleurs dans le dos, le cou, le poignet, les cuisses... "Il y a aussi ces longs moments, le plus souvent vers 3h30 pour ma part, où les jambes se pétrifient», écrit Jean-Baptiste. Pis : compte-tenu des distances et des screenings antivol, les deux pauses de vingt minutes ne se traduisent que par cinq minutes maximum sur une chaise !

Tout cela n'a probablement rien d'illégal, sauf peut-être l'envoi d'un contrat deux semaines après l'embauche ou l'absence de visite médicale ou d'infirmerie la nuit. Mais pourquoi, se demande l'auteur, subventionner les emplois précaires de cette multinationale, à qui une optimisation fiscale permet de payer peu d'impôts en France et de concurrencer sauvagement nos libraires et autres marchands, traditionnels ou électroniques ?

Leurs machines à scanner sont les "flics électroniques"

Selon Malet, Amazon transforme ses recrues en "robots" hébétés, soumis à des objectifs de productivité croissants. Leurs machines à scanner sont les "flics électroniques" qui transmettent des informations, contrôlées en temps réel par des leaders, eux-mêmes sous la pression de managers.

Comme dans un mauvais jeu de télé-réalité, de semaine en semaine, seuls les plus performants sont gardés. Et les rares élus qui atteignent, dixit Amazon, "les standards élevés qui peuvent paraître irréalisables aux yeux de certains", décrochent un CDI. Un vrai Graal pour ces bataillons de chômeurs en galère. "Ce boulot chez Amazon, c'est vraiment de la merde... mais il n'y a que ça !", résume l'un d'eux. Voilà un livre qui ne sera peut-être pas disponible sur la liseuse Kindle d'Amazon.

 >Article publié dans "le Nouvel Observateur" du 2 mai 2013.

 


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8 mai 2013 3 08 /05 /mai /2013 20:50

 

Médiapart

 

Lire aussi

Le vote s'est déroulé mi-avril, au parlement européen à Strasbourg. Une très large majorité d'eurodéputés (608 sur 754) s'est prononcée en faveur d'une batterie de mesures visant à mieux encadrer les activités bancaires. Elément le plus spectaculaire de cette directive, censée tirer les leçons de la crise : le plafonnement des bonus.

À partir de janvier prochain, la rémunération variable des banquiers ne pourra plus dépasser le montant de leur salaire de base. Ou le double de ce salaire de base, si les actionnaires de la banque donnent leur accord express. Un plafonnement modeste peut-être, mais qui ne figurait pas dans la proposition de directive rédigée par la commission européenne et les services de Michel Barnier, en juillet 2011. Il a été imposé par les parlementaires, au grand dam des milieux d'affaires.

À la manœuvre sur ce point sensible, un eurodéputé belge, Philippe Lamberts. Dans un entretien à Mediapart, cet élu “écolo”, qui effectue son premier mandat européen, revient sur l'élaboration de ce texte et décrit l'influence des lobbies à Bruxelles. Il regrette aussi la réforme bancaire avortée en France. Ce qui ne l'empêche pas de défendre, malgré tout, la participation des écologistes français au gouvernement.

 

 

Certains vous décrivent comme « l’homme le plus détesté de la City ». Est-ce un titre de gloire ?
Tout dépend de quelle City on parle. Récemment, à Londres, j’ai entendu un trader dire : « Si vous payez les gens des cacahuètes, ne vous étonnez pas que vous ayez des singes à l’arrivée. » Ça peut faire sourire, mais en fait pour ces gens-là, ceux qui sont payés des “cacahuètes”, c’est-à-dire une infirmière, un agent de service public, un ingénieur…, ne sont pas des êtres humains. Si je suis détesté de la part de gens qui se considèrent de la race des seigneurs, c’est que je suis sur la bonne voie. Et je compte bien continuer.

Vous allez très loin…
Oui, mais je crois qu’ils le méritent. Ces gens-là croient vraiment qu’ils sont issus d’une autre race. Josef Ackermann, président de la Deutsche Bank jusqu’en mai 2012, considère vraiment que vous ne faites pas partie de la même humanité que lui. Ces gens, comme Lloyd Blankfein, patron de Goldman Sachs, pensent que parce qu’ils sont payés 10, 20 ou 50 millions de dollars par an, ils font le travail de Dieu.

Le parlement européen leur a rappelé, mi-avril, qu'il avait le pouvoir de leur imposer des limites.
Ils s’imaginent qu’il suffit de murmurer à l’oreille de leurs ministres des Finances qu’il n’est pas bon de limiter les bonus pour que, par enchantement, ça ne se fasse pas. Mais nous avons été capables de construire une tenaille. Le premier bras de la tenaille, c’est une volonté politique forte, et le second, une opinion publique qui, sans forcément manifester, est bien remontée. Avec ça, on peut casser les noix les plus dures, y compris celles qui sont constituées de cette coalition malsaine entre la haute banque et les ministères des finances.

Les ministres des finances savaient très bien que s’ils s’opposaient au parlement européen, cela les obligerait à déclarer à leur opinion publique qu’ils bloquaient le plus gros paquet de réformes en matière bancaire depuis la crise financière, parce qu’il n’y avait pas assez de bonus pour les banquiers ou qu’il y avait trop de transparence. Allez expliquer ça à vos électeurs.

Vous avez néanmoins fait de sacrées concessions. Vous prôniez une limitation des bonus à 50 % des salaires, et finalement, ils pourront aller jusqu’à 200 %. Est-ce un échec ?
J’ai travaillé quinze ans dans le privé. Une année de ma vie, mes bonus ont égalé mon salaire, et c’était Byzance. Qu’on ne vienne pas me dire qu’il est impossible de motiver les troupes avec une latitude pareille. Nous avions donc proposé au départ une limite à 50 %. Mais il faut se souvenir qu’au tout début du débat, j’étais le seul à mettre le doigt sur la question des rémunérations. Le rapporteur du texte m'avait même appelé à la « retenue », estimant que je m'exprimais « de manière un peu populiste ». Puis les esprits ont évolué. Et quand nous avons voté au sein de la commission des affaires économiques et monétaires, le sujet a fait l’unanimité.

On a tout de même l’impression qu’à Bruxelles, la règle du compromis finit toujours par affaiblir les décisions…
Il faut bien partir de quelque part, et nous vivons encore en démocratie. Les Verts ne représentent pas 51 % de l’électorat. Avec un groupe qui représente 7 % de l’électorat européen, nous avons boxé au-dessus de notre poids. Nous avons tapé là où ça fait mal, mais ce n’est qu’une étape. Il faudra maintenant s’occuper, par exemple, de l’écart entre rémunérations moyennes et maximums.

 

« Si François Hollande traite ses ennemis comme ça, je veux bien en être un. »

Durant les mois où la directive était discutée au parlement, combien avez-vous vu de lobbyistes ?
En gros, j’en ai vu deux ou trois fois par semaine. Je ne vais pas dire que lorsque vous en avez vu un, vous les avez tous vus, mais il y a quand même un peu de ça. Par exemple, quand Société générale ou BNP Paribas vient dans votre bureau pour vous expliquer qu’il ne faut pas trop restreindre les règles de liquidités parce que ça aura des conséquences sur l’économie réelle, c’est un bullshit sans nom, c’est n’importe quoi !

Il y a quand même des types qui ont eu le prix Nobel d’économie, Modigliani et Miller (en réalité, seul Merton Miller a obtenu ce prix, en 1990, notamment pour le théorème élaboré avec Franco Modigliani – Ndlr), pour avoir établi que le mix de financement entre dette et fonds propre est absolument non déterminant pour déterminer la profitabilité ou l’activité du secteur financier… Quand ils vous disent ça, d’accord, c’est leur travail. Mais quand le lendemain débarque dans votre bureau l’association européenne des banques publiques, qui vous débite exactement les mêmes âneries, mot pour mot, ça me fait rire. Enfin non, parce qu’en tant que citoyen, je suis actionnaire des banques publiques.

Vous est-il arrivé d’être convaincu par un des lobbyistes de l’industrie bancaire ?
Parfois, leurs arguments sont sensés. Par exemple, certaines banques sont capitalisées séparément dans chacun des pays où elles sont implantées. C’est un modèle particulier, et il n’est pas insensé qu’on autorise ce modèle, au nom de la liberté des modèles différents. Les banques défendent des intérêts particuliers, et non l’intérêt général, mais il serait étonnant que l’intérêt général soit systématiquement opposé à tous les intérêts particuliers…

Il est aussi vrai que, comme le disent les lobbyistes, on ne peut pas changer la situation du jour au lendemain. Nous estimons que les banques sont surendettées, car 97-98 % de leur bilan (sont) financé(s) par la dette, et il faut arriver à une situation où elles sont financées par leurs fonds propres. Sauf que si l'on va trop vite, on pourrait casser l’outil. Mais je réponds aussi que le même argument est valable pour les finances publiques : oui, il faut désendetter les États, mais si on va trop vite, on casse l’outil. Curieusement, dans la pensée unique, il n’y a qu’avec les banques qu’il faut y aller mollo.

Philippe Lamberts lors du débat du 16 avril à Strasbourg. 
Philippe Lamberts lors du débat du 16 avril à Strasbourg.

Vous parlez d’intérêt général en matière financière. Quel regard portez-vous sur la réforme bancaire en France ?
Ce n’est un secret pour personne que c’est une toute petite réforme. Je me rappelle du discours de campagne : « Mon ennemi, c’est la finance. » Si François Hollande traite ses ennemis comme ça, je veux bien en être un, c’est confortable.

Comment expliquez-vous cette frilosité ?
C’est Bercy, l’inspection des Finances, ce monde-là. Même pas un monde incestueux, mais consanguin : ce sont les mêmes types. Ils commencent à Bercy et ils continuent dans les banques. Ensuite, ils poursuivent éventuellement leur carrière chez le régulateur, puis retournent à Bercy, avant d’aller de nouveau dans une banque, ou pantoufler ailleurs, dans un conseil d’administration quelconque, pour services rendus à la République. Ces gens-là, en fait, confondent l’intérêt de la France et l’intérêt des grands groupes français.

Est-ce aussi la vision de François Hollande, à vos yeux ?
Évidemment. Il n’a pas fait l’Inspection des Finances, mais il est sensible à ce que ses membres racontent. L’argument fondamental des dirigeants des banques françaises est de dire que si on leur impose des règles de liquidités contraignantes et une séparation des métiers bancaires, les banques vont devenir plus petites et moins profitables. Et ils ont raison !

Nous voulons un monde bancaire diversifié et désendetté. Et des banques réellement opérantes sur un marché compétitif, c’est-à-dire qu’on peut les laisser mourir. Elles font des bêtises, elles meurent. Tous les jours, il y a des faillites de restaurants, ça ne tue personne. Il faut qu’il en soit de même dans le monde bancaire.

François Hollande a tout de même annoncé que les banques devront désormais détailler la liste de leurs filiales établies dans les paradis fiscaux, et leur activité et leurs bénéfices. Cette revendication avait en fait déjà été votée au Sénat et au parlement européen…
Absolument. Et sans les Verts, cette revendication n'aurait pas été là, en France comme au parlement européen. Sur la transparence pays par pays, c'est une victoire verte du début à la fin. Mais dans ses annonces, François Hollande est même allé plus loin que la directive que nous venons d'adopter à Strasbourg : il a défendu l'idée d'un élargissement de ce reporting à toutes les entreprises. Si la France est décidée à mener ce combat, franchement, c'est une très bonne nouvelle.

 

« La question fiscale doit être au cœur des européennes de 2014 »

Pascal Canfin, secrétaire d'État au développement, a prévenu que la France ne s'engagerait pas seule sur cette voie.
Il faudrait que la France suscite une coalition de volontaires du côté du Conseil européen, pour peser sur le projet de directive rédigé par la commission.

Dans ces dossiers, l'action de la France, seule dans son coin, a-t-elle un sens ?
Sur la séparation des métiers bancaires, la réponse est clairement non.

Et sur la transparence des entreprises concernant les paradis fiscaux ?
Là, je crois qu'il faut des pays pionniers, qui tracent la voie.

Ce n'est pas la position du gouvernement français.
On voit la limite des déclarations martiales. De nouveau, on confond l'intérêt de la France et de ses citoyens avec celui de ses grandes entreprises. Le mythe des grands champions nationaux est largement partagé par-delà les frontières politiques en France – même si les Verts, eux, ne s'y retrouvent pas. Il faut trouver la taille optimale pour chaque entreprise. C'est évident que pour faire Airbus, il faut être grand. Mais quand on parle de banques, c'est nettement moins justifié.

Les Verts français doivent-ils rester au gouvernement, dans ce contexte ? Un Pascal Canfin n'était-il pas plus utile au Parlement européen, à batailler à vos côtés ?
C'est une question stratégiquement difficile. Les Verts en Europe souffrent d'un manque de crédibilité politique, dans bon nombre de pays. Sur le plan parlementaire, nous ne sommes pas au niveau. Même si l'on arrivait à former un grand groupe au parlement européen, disons, de 150 eurodéputés [contre 58 aujourd'hui, ndlr], cela ne suffirait pas: on ne pèserait ni au conseil, ni à la commission. Il faut donc investir les gouvernements où l'on peut.

Renforcer la crédibilité des Verts est d'autant plus compliqué qu'on joue avec une social-démocratie déboussolée. L'immense majorité de ces gens-là, y compris la frange au pouvoir en France, ne comprend pas le monde dans lequel on vit. Ils n'ont donc pas de vision à proposer. L'exercice dans lequel sont engagés Pascal (Canfin) et Cécile (Duflot) est extrêmement difficile : ils veulent renforcer la crédibilité des Verts, associés à des gens dont la crédibilité s'avère, disons, limitée.

On vous sent déjà lancé dans la campagne pour les européennes de 2014 : la candidature verte au poste de président de la commission européenne vous intéresse ?
Oui. Mais il y a d'ici là des étapes intermédiaires. Je dois devenir la tête de liste de mon parti en Belgique.

On entend depuis des années parler de la fin du secret bancaire. Cette fois, c'est la bonne ?
Je suis modérément optimiste. C'est vrai de la fin du secret bancaire comme de la taxe sur les transactions financières : les batailles ne sont gagnées qu'une fois les textes de loi votés. La directive sur la limitation des bonus, c'est fait, on ne peut pas revenir dessus. Pour le reste… Ce qui est certain, c'est que les révélations d’« Offshore Leaks » nous aident à gagner la bataille. Toute la question, c'est de garder cette dynamique. La question fiscale doit être au cœur des européennes de 2014.

Mais les projets d'harmonisation fiscale européenne butent sur le fait que l'impôt est considéré comme un élément de souveraineté nationale absolu…
Certes. Mais j'espère que des gens comme Pierre Moscovici ou François Hollande ont compris que ce à quoi les États étaient attachés correspond en fait à l'illusion de la souveraineté économique. Le seul moyen de reconquérir vraiment cette souveraineté, c'est d'agir ensemble.

Ceux qui, par dégoût d'une Europe devenue néolibérale, voient comme seule issue possible le repli sur l'échelon national trompent le peuple. Au contraire, la gauche doit regagner la bataille des idées au sein des institutions européennes. C'est ce que j'appelle l'ascension de la souveraineté par la face nord.

 

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8 mai 2013 3 08 /05 /mai /2013 13:58

 

 

Mouloud Akkouche - Ecrivain
Publié le 06/05/2013 à 15h11

 

 

 

Sur le site de Libération, deux articles traitant de « problèmes de logement ». Le premier révèle le suicide de Janine E., une femme de 72 ans retrouvée morte par le huissier et les flics venus l’expulser de son T2 à Vénissieux. Moins tragique, le second évoque l’achat (sept millions d’euros) par Thomas Fabius d’un appartement de plus de 200 mètres carrés dans un quartier huppé de la capitale.

La septuagénaire, refusant de vivre dans un T1 plus cher et moins spacieux que son deux-pièces, n’était plus autorisée à occuper son logement, tandis que le trentenaire, résident fiscal en France mais ne payant pas d’impôts, est interrogé sur les modalités d’acquisition de son somptueux appartement. Cela dit, le fait d’être fils d’un ministre ne doit pas l’empêcher de bénéficier de sa présomption d’innocence.

Alors que Janine E., malgré le caractère humainement scandaleux de l’expulsion, était coupable – selon la loi – d’occuper illégalement son logement. Sa propriétaire, en droit de récupérer son bien, avait fait appel à la justice, qui avait tranché. Une décision complètement légale.

Flics et huissiers contre une vieille dame

Toutefois, comme le souligne Michèle Picard – maire de Vénissieux –, était-il nécessaire d’envoyer des flics et des huissiers contre une femme « fragile et vulnérable » ? Une autre fragilité et vulnérabilité que celle de Liliane Bettencourt Janine E. avait prévenu qu’elle se suiciderait en cas d’expulsion. Et elle a mis fin à ses jours dans son T2.

Pour le « mariage pour tous », je me suis demandé pourquoi « Un toit pour tous » n’avait jamais vu autant de citoyens battre le pavé. Pourtant, ce sujet concerne une plus grande population, dont de très nombreux cas d’urgence. Etrange hiérarchie des priorités...

Concernant l’appartement de Thomas Fabius, Najat Vallaud-Belkacem déclare à juste titre que « cette affaire concerne M. Fabius, prénom Thomas, qui n’est pas membre du gouvernement. Il est important de ne pas tout mélanger ». Les amis de Claude Guéant – irréprochable – tenteront-ils ce genre d’amalgames ?

Et la porte-parole du gouvernement d’expliquer aussi qu’il faut laisser la justice suivre son cours. Sans doute un cours beaucoup plus lent et moins violent que pour l’expulsion de Mme E., prénom Janine. Une expulsion à perpétuité.

 

 

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8 mai 2013 3 08 /05 /mai /2013 13:47

 

Rue89 -Vocabulaire 08/05/2013 à 11h59

Pascal Riché | Cofondateur Rue89


 

Appelez un socialiste « social-libéral », vous le vexerez plus qu’avec « social traître » ou « vipère lubrique », injures en vogue, jadis, à gauche de la gauche.

Ce que conduit Hollande, « c’est une politique sociale-libérale », siffle la sénatrice socialiste Marie-Noëlle Lienemann. Non, « ce n’est pas une politique sociale-libérale », se récrie le ministre Benoît Hamon, piqué au vif, à son ancienne camarade de la gauche du PS...

Ce mot composé plutôt banal devenu, en quelques années, une véritable insulte. Appelez un socialiste « social-libéral », vous le vexerez plus qu’en le traitant de « social traître », « vipère lubrique », « suppôt du grand capital » ou « hyène dactylographe », pour reprendre quelques injures à la mode il y a quelques décennies à gauche de la gauche (la dernière, colorée, étant réservée à Jean-Paul Sartre).

Et pourtant, « social-libéral » n’a pas toujours été chargé d’anathème. Il fut un temps, pas si lointain, où certains socialistes centristes s’enorgueillissaient d’être des « sociaux-libéraux ». Aujourd’hui, à part quelques exceptions, personne ne se réclame ouvertement du social-libéralisme.

 


Le gouvernement Ayrault à l’Elysée, le 4 juillet 2012 (WITT/SIPA)

 

 

A l’origine : la deuxième gauche et Saint-Simon

 


Le livre de Kolm

 

Le libéralisme est revenu en grâce dans les années 80, lorsque la gauche a abandonné ses utopies marxistes. A l’époque, la réflexion intellectuelle était aiguillonnée par la Fondation Saint-Simon, un club fondé en 1982 par François Furet, historien spécialiste du XIXe siècle, Pierre Rosanvallon, intellectuel de la CFDT, Roger Fauroux, patron de Saint-Gobain, et le vibrionnant inspecteur des finances Alain Minc, qui s’affichait alors ouvertement « libéral de gauche ».

L’emploi du mot « social-libéralisme » est alors quasi nul (sauf par certains érudits évoquant la philosophie politique de Leonard Trelawny Hobhouse, mais ce n’est pas de ce social-libéralisme là dont nous parlons ici).

L’économiste Serge-Christophe Kolm avait écrit en 1985 un livre chez PUF intitulé « Le contrat social libéral », appelant à renouer avec l’idée de contrat et à réconcilier justice sociale et liberté économique. Mais on parlait plutôt de la « deuxième gauche », une gauche rocardienne décentralisatrice et européenne, par opposition à une première gauche jacobine, marxiste et industrialiste.

Même si le mot n’était pas encore très usité, l’idée était là : pour la Fondation Saint-Simon, il fallait en finir avec les fantômes « totalitaires » (ceux du PC, notamment) et réconcilier une fois pour toutes la gauche française avec l’économie de marché. Le libéralisme économique devait être tempéré par des régulations intelligentes, par une redistribution juste de la richesse, une modernisation de l’Etat et une montée en puissance de la concertation sociale.

La Fondation pondait note sur note. Il était question alors d’ouvrir l’université au monde de l’entreprise et vice versa ; de moderniser l’Etat ; de promouvoir l’Europe ; d’introduire de la souplesse dans le marché du travail ; d’imaginer des systèmes de régulation non-étatique, passant par la négociation sociale et par les initiatives de la société civile...

Ce bouillonnement d’idées créé par la rencontre d’intellectuels, de hauts-fonctionnaires et de quelques patrons de gauche a mal tourné dans les années 90. Le club de réflexion est devenu à la fois un club de pouvoir et un club mondain. Lorsque Jean-Marie Messier a frappé à sa porte, il était clair qu’il avait changé de nature.

Comprenant que sa créature lui échappait, Pierre Rosanvallon, en 1999, mettra autoritairement la clé sous la porte.

Tony Blair bouscule les débats au PS

La critique du social-libéralisme est montée dans les années 1990, et a culminé avec l’apparition d’organisations concurrentes à Saint-Simon, comme la fondation Copernic (créée en 1998) ou le mouvement Attac (décembre 1997).

A l’époque, le débat traverse aussi le PS. La naissance du « New Labour » de Tony Blair, dynamique mais ouvertement libéral, pose un défi aux dirigeants du parti. Blair s’inspire des travaux d’Anthony Giddens, brillant sociologue qui théorise la « troisième voie » et impressionne les intellectuels français gravitant autour de la Fondation Saint-Simon et de nombreux socialistes. C’est à cette époque que le mot « social libéral » commence à se répandre.

Au Congrès de Brest du PS, en novembre 1997, le débat est ouvertement posé. Deux motions remettent en cause « l’accompagnement social de la modernité libérale ». Jean-Luc Mélenchon est à l’offensive, dénonçant le pacte de stabilité, qui représente selon lui l’accomplissement du « rêve du libéralisme ».

Lionel Jospin prend garde à ne pas tomber dans le piège du blairisme. Il reste fidèle aux racines sociales-démocrates du parti, tout en soulignant sa volonté de « fonder un réformisme moderne ». Il prend ses distances avec le manifeste Blair-Schröder de 1999, libéral et atlantiste. Il déclare ainsi lors d’un Conseil national du PS :

« Nous ne sommes pas des sociaux-libéraux, parce que les sociaux-libéraux sont ceux qui disent qu’il faut accepter les lois de l’économie dans leur dureté, mais faire de la compensation sociale. Nous sommes des socialistes et des démocrates, des sociaux-démocrates. Nous devons intervenir, organiser et réguler dans la sphère de l’économie, mais en nous tenant à notre place. »

Le PS se déclare donc « social-démocrate » : une façon d’endosser la rupture avec la gauche marxiste, sans embrasser le libéralisme économique. Les sociaux-démocrates acceptent le marché, mais partagent avec les marxistes l’idée de construire une société nouvelle ; les sociaux-libéraux, eux, se contentent de vouloir donner un cadre au libéralisme, afin d’en éviter les effets pervers comme la pauvreté.

Aujourd’hui, une partie du PS a pourtant encore du mal à adopter l’étiquette de « social-démocrate », jugée trop centriste. Dimanche encore, Manuel Valls s’est cru obligé d’appeler ses camarades à l’assumer « pleinement ».

La critique du social-libéralisme

 


Le livre de Copernic, 2001 

 

Le Monde diplomatique publie en 1999 un article sur « Les architectes du social-libéralisme », retraçant les racines idéologiques de ce dernier. La Fondation Copernic, deux ans plus tard, met en vente en 2001 un livre collectif très critique, intitulé « Un social libéralisme à la française ? , regards critiques sur la politique économique de Lionel Jospin ».

Pour les animateurs de Copernic, « social-libéral » est un oxymore : par essence, le libéralisme économique est antisocial. Le discours de la gauche sur la compétitivité et la flexibilité ne peut que conduire au désastre.

Au tournant du siècle, l’expression commence à devenir un gros mot dans le vocabulaire de la gauche.

Combien de divisions ?

Aujourd’hui, à gauche, le mot « social-libéral » est devenu plus dégradant encore que celui de « libéral » tout court. Ainsi, Bertrand Delanoë s’est déclaré « libéral et socialiste » mais a refusé l’étiquette de « social-libéral ». « Je n’adhère pas à ce courant de pensée », a-t-il tranché. Reste trois personnalités fidèles, mais dont les noms ne feraient pas une affiche éblouissante :

  • Alain Minc, consultant. Sur le plateau de « Des paroles et des actes », il invite Arnaud Montebourg à être « social-libéral plutôt que socialiste » ;
  • Jérôme Cahuzac. Face à Mélenchon, sur le plateau de « Mots croisés », il se félicite que ce dernier admette qu’il puisse exister dans la famille de la gauche des sociaux-libéraux ;
  • Jean-Marie Bockel. En 1999, il signe un livre, « La Troisième gauche. Petit manifeste social-libéral ». Puis il fonde la Gauche moderne. Puis il rejoint le gouvernement Fillon. Puis il atterrit chez Borloo. Aujourd’hui, il continue de prêcher le social-libéralisme.
MERCI RIVERAINS ! Pierrestrato

 

 

www.rue89.com

 

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7 mai 2013 2 07 /05 /mai /2013 18:01

 

Politique - le 7 Mai 2013

 

 

L'ex-ministre de l'Intérieur avait interdit, lorsqu'il était le patron de la police en 1998, de puiser dans les frais d'enquête pour verser des primes, ce dont il affirme avoir pourtant bénéficié jusqu'en 2006, selon une note publiée par le Canard enchaîné à paraître ce mardi 7 mai.

Nouvelle révélation plutôt embarrassante pour l'ex-locataire de la place Beauvau, dans ce qui ressemble de plus en plus à une affaire Claude Guéant. L'ancien secrétaire général de Nicolas Sarkozy assure avoir touché des primes versées en liquide, évoquant des "frais de police", officiellement dénommés "frais d'enquête et de surveillance" pour justifier la découverte de factures réglées en espèces pour un montant, selon lui, de 20 000 à 25 000 euros lors d'une perquisition le visant en février. Selon Claude Guéant, ces primes lui ont été versées jusqu'en 2006. Les enquêteurs ont également découvert la somme de 500.000 euros sur l'un de ses comptes lors de cette perquisition, qu'il a justifiée par la vente de deux tableaux.

Mais, selon le Canard enchaîné, Claude Guéant, lorsqu'il était directeur général de la police nationale (DGPN), avait signé le 3 février 1998, une note adressée aux différents chefs de la police détaillant les "modalités d'application" de ces frais d'enquête et de surveillance. Cette note explique que ces crédits "peuvent être utilisés pour le recueil de renseignements, la rémunération d'informateurs, l'acquisition de matériels ou la mise à disposition de moyens d'investigation", mais ne doivent "en aucun cas" être "considérés comme permettant d'alimenter un régime indemnitaire". En clair, Claude Guéant interdisait que ce fonds serve à financer des primes occultes en liquide, non déclarées.

"Le Canard dit ce qu'il veut. Par contre la date (de la note, datée du 3 février 1998, ndlr) m'intrigue un peu car j'ai quitté mes fonctions de directeur général (de la police nationale) au lendemain de l'assassinat de Claude Erignac", a réagi Claude Guéant. Le préfet Claude Erignac avait été tué le 6 février 1998, soit trois jours après la date figurant sur la note publiée par Le Canard enchaîné.

Le ministre de l'Intérieur Manuel Valls a diligenté jeudi une enquête administrative sur ces primes, confiée à l'inspection générale de l'administration et à l'inspection générale de la police nationale. Plusieurs syndicats ont réagi après les déclarations de Claude Guéant, l'un d'eux, FO-Centrale des personnels du ministère de l'Intérieur, lui demandant de "rendre l'argent", la CGT-Police évoquant elle un "détournement de fonds publics".

  • Lire aussi :

Guéant, son demi-million et ses tableaux flamands
Takieddine : "Oui la Libye a financé Sarkozy et Guéant"
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7 mai 2013 2 07 /05 /mai /2013 17:47

 

expansion.lexpress.fr

Par Stéphanie Benz - publié le 06/05/2013 à 12:10

 


Les partenariats public-privé ont permis à une administration désargentée de lancer des projets à crédit. Pour un piètre résultat, faute d'avoir su les négocier et les contrôler. Petit échantillon de contrats mal ficelés, d'ouvrages hasardeux et de chantiers hors de prix.

 

 

Pour la ligne TGV Bretagne-Pays de la Loire, l'opérateur, Eiffage, touchera les loyers versés par Réseau ferré de France.
Pour la ligne TGV Bretagne-Pays de la Loire, l'opérateur, Eiffage, touchera les loyers versés par Réseau ferré de France.
REUTERS/Robert Pratta

François Hollande rattrapé par la réalité ? Alors que la gauche disait pis que pendre des partenariats public-privé (PPP) quand elle était dans l'opposition, le président a remis ces montages au goût du jour au début de l'année en appelant à une relance de l'investissement public.

Comment faire autrement, alors que l'Etat n'a plus un sou ? Les PPP permettent en effet de confier à des entreprises privées la conception, le financement, la construction et l'exploitation d'un ouvrage public. Le tout contre le versement d'un loyer pour une durée pouvant aller jusqu'à quarante ans. Quand ils ont été lancés, en 2004, il s'agissait de moderniser et d'accélérer les procédures d'achats publics, et d'assurer un bon niveau de maintenance des ouvrages.

 

1,2 milliard d'euros

Entre 2014 et 2025, l'Etat devra verser chaque année 1,2 milliard d'euros au titre des loyers des PPP déjà livrés. Encore s'agit-il là d'un montant minimal, car il n'inclut ni le nouveau ministère de la Défense à Balard, ni le TGI de Paris, ni les lignes de TGV. Et, pour financer ces sommes, il faudra faire des économies ailleurs en coupant dans les dépenses publiques. (Source: IGF)

En réalité, ces montages ont surtout permis aux administrations de lancer des projets sans en supporter le coût, au moins à court terme. Ce qui a pu les pousser, selon l'Inspection générale des finances (IGF), à investir dans des ouvrages "manifestement surcalibrés", "bien au-delà de ce que leurs ressources leur permettaient d'envisager". Pis, l'administration n'ayant souvent pas l'expertise nécessaire pour négocier ces contrats très complexes, ils ont pu donner lieu, toujours selon l'IGF, à de "graves défaillances" générant des "risques juridiques" et des "surcoûts"... "Pour continuer à les utiliser, il faudrait au moins éviter de refaire les mêmes erreurs", soupire un bon connaisseur du dossier.

Le gouvernement réfléchit actuellement à une nouvelle doctrine d'usage des PPP. Certains, à Bercy, voudraient voir là l'occasion de professionnaliser l'ensemble des procédures d'achats publics. Afin, à l'avenir, d'investir uniquement dans des projets utiles, avec les montages les plus appropriés...

 

Centre hospitalier sud-francilien (Évry)
Des contrats mal rédigés, source de litiges et de surcoûts

Connu pour ses malfaçons, son retard et son coût, l'hôpital sud-francilien, symbole des PPP qui ont mal tourné, se montre, en plus, difficile à gérer au quotidien. "Dès que l'on veut déplacer une prise ou abattre une cloison, les procédures sont deux ou trois fois plus longues que dans d'autres hôpitaux", déplore Dominique Delpech, n° 2 de l'établissement. Le constructeur, Eiffage, propriétaire des murs, propose en outre, pour ces travaux, des tarifs considérés comme prohibitifs par son locataire. Du coup, les deux parties accumulent les litiges. Par ailleurs, le contrat ne dit pas qui doit prendre en charge les dégradations volontaires. C'est ainsi que la porte des urgences, cassée deux jours après l'ouverture de l'hôpital par un malade mécontent, n'a toujours pas été réparée. C'était il y a un an.

 

Zoo de Vincennes
Des montages pour s'affranchir de la contrainte budgétaire

Pour financer la rénovation du zoo de Vincennes (160 millions d'euros), ses responsables voulaient recourir à des crédits budgétaires classiques. Niet du ministère des Finances : "Ils lui ont alors forcé la main avec un PPP", relève un bon connaisseur du dossier. Problème, l'équation budgétaire du projet repose sur des hypothèses optimistes, selon une note interne de Bercy. Pour payer ses loyers, le zoo table sur 1,5 million de visiteurs en vitesse de croisière. Un objectif atteignable si de nouveaux investissements destinés à maintenir l'intérêt du public sur la durée sont consentis. Or ces projets ne sont pas financés... "C'est un projet ambitieux, mais nos chiffrages sont sérieux, et nous avons une marge d'erreur", explique-t-on du côté du zoo.

 

Tribunal de grande instance de Paris
Des clauses de dédit prohibitives

Le gouvernement a eu beau tourner le problème dans tous les sens, il n'a pas trouvé de solution. Le projet de construction du TGI de Paris, lancé en PPP, lui semblait surdimensionné et coûteux. Mais le contrat prévoit que l'Etat paie 100 millions d'euros pour annuler le projet. "Et cela n'aurait pas suffi à supprimer un risque de contentieux avec le groupement d'entreprises mené par Bouygues, qui aurait pu nous coûter de 100 à 200 millions d'euros de plus", explique-t-on au ministère de la Justice. Au terme des vingt-sept ans de contrat, le coût final du projet atteindra 2,7 milliards d'euros, soit quatre fois plus que le montant de l'investissement initial.

 

Ligne à grande vitesse Bretagne-Pays de la Loire
Des risques transférés au public

Généralement, les lignes de TGV sont réalisées en concession de service public : le constructeur privé se rémunère sur les recettes de péage versées par la SNCF. Pour la ligne Bretagne-Pays de la Loire, les prévisions de recettes étaient trop faibles pour l'envisager. Malgré tout, le projet a été poursuivi sous forme de PPP. L'opérateur, Eiffage, touchera les loyers versés par Réseau ferré de France. Le risque d'exploitation est transféré à l'opérateur public : il percevra les recettes de péage, mais comme elles ne couvriront pas les loyers, il sera vite en difficulté.

 

Une efficacité jamais prouvée

Ironie de l'histoire, ce sont les difficultés des entreprises pour trouver des crédits qui pourraient freiner les PPP. De fait, elles empruntent à des taux plus élevés que l'Etat : "Un refinancement public des projets réduirait le coût des investissements de 5 à 10 %", note l'IGF. L'efficience des PPP n'a d'ailleurs jamais été prouvée. L'IGF recommande même "d'introduire dans les contrats des clauses permettant le partage d'un éventuel surprofit". Entre autres causes de surcoût, il est arrivé que l'administration indique au privé, avant toute négociation, combien elle était prête à payer pour ses projets !

 

Conflit d'intérêt à la MAPP

La Mission d'appui aux PPP a été créée pour, d'une part, donner un avis aux opérateurs publics souhaitant recourir à un PPP, et, d'autre part, promouvoir lesdits PPP. Un cas d'école en matière de conflit d'intérêts ! Parmi les pistes de réforme : renforcer ses capacités de contre-expertise et élargir ses missions à tous les outils de la commande publique, afin d'aider les administrations à choisir le meilleur montage. Et, bien sûr, cesser ses activités de promotion des PPP.

 

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7 mai 2013 2 07 /05 /mai /2013 16:40

 

 

Marianne+ - Mardi 7 Mai 2013 à 16:32

 

Christine Lambert

 

 

Les ouvrières ensevelies sous les décombres d’ateliers de confection au Bangladesh ont payé de leur vie nos vêtements bon marché.

Des effets personnels jonchent les ruines de l'immeuble effondré - Ismail Ferdous/AP/SIPA
Des effets personnels jonchent les ruines de l'immeuble effondré - Ismail Ferdous/AP/SIPA
Déjà plus de 700 morts douze jours après le drame, et le bilan ne cesse de s’alourdir à mesure que les engins de l’armée déblaient les décombres du Rana Plaza, dans la banlieue de Dacca, au Bangladesh. Le 24 avril, cet immeuble s’est effondré comme un château de cartes sur les quelque 3000 ouvriers, principalement des femmes, qui y travaillaient, employés par l’un des cinq ateliers de confection abrités à cette adresse.
 
La fatalité n’y est pour rien. Elle est bien la seule.
 
La veille, les ouvriers qui avaient signalé d’inquiétantes fissures apparues sur le bâtiment ont été priés de retourner sagement au boulot derrière leurs machines à coudre. Ce sont sans doute les vibrations de ces milliers d’outils, ajoutées à celles des lourds générateurs, qui ont fait céder l’immeuble conçu pour accueillir des bureaux et des locaux commerciaux – et augmenté de 3 étages sans que rien dans sa structure d’origine ne soit consolidé.
 
Les économies réalisées sur les conditions de travail permettaient aux ateliers de rémunérer leurs esclaves leur main d’œuvre 30 € par mois, pour six jours de labeur par semaine, dix heures par jour. Et donc de fabriquer à vil coût les T-shirts, jeans, chemises siglées par les géants de la mode low cost, dont l’espagnol Mango, le britannique Primark et l’italien Benetton pour ne citer que les plus connus.
 
Grâce à ces prix, plus bas que le delta du Gange, le Bangladesh s’est hissé en quelques années derrière la Chine au 2e rang des pays exportateurs de textile, une industrie qui emploie 40 % des ouvriers du pays.

Une femme à la sortie de la morgue. Elle se couvre le visage du fait de l'odeur des cadavres - Wong Maye-E/AP/SIPA
Une femme à la sortie de la morgue. Elle se couvre le visage du fait de l'odeur des cadavres - Wong Maye-E/AP/SIPA
Le pays attire ainsi les grands noms de la fast fashion mais aussi du prêt à porter haut de gamme occidental en mal de délocalisation, qui passent commande sans rien ignorer des salaires indigents de la main d’œuvre la moins chère au monde, de la sécurité défaillante, du droit du travail inexistant, de l’absence de syndicats, de la corruption endémique et de la fumisterie des contrôles (18 inspecteurs pour 100 000 usines).
 
Emus par le drame et la lumière crue projetée sur les « ateliers de la sueur », des esprits compatissants réclament le boycott des fringues made in Bengladesh, proposant d’ajouter la misère au chagrin. Comme si mettre au chômage et priver de revenus des millions de famille devait réchauffer notre conscience et régler le problème. Comme si le sale business ne se déplacerait pas ailleurs, au Cambodge ou en Ethiopie. Curieux comme on réclame la traçabilité de ce qu’on mange, mais pas de ce qu’on porte…
 
Plus de 700 ouvrières et ouvriers viennent de mourir dans la banlieue de Dacca. Pour nous rappeler que quand sur l’étiquette ce n’est pas cher, c’est que quelqu’un d’autre en paie le prix.

 

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7 mai 2013 2 07 /05 /mai /2013 16:35

 

franceinfo.fr

le Mardi 7 Mai 2013 à 10:18

Selon une note interne révélée par le Parisien, Didier Lombard, lors d'une réunion de cadres en 2006, a eu cette expression... forcément malheureuse. C'est lui qui, déjà, avait évoqué la "mode des suicides" dans l'entreprise : 57 entre 2008 et 2010, qui font d'ailleurs l'objet d'une instruction judiciaire.

 

 

L'extrait de la note, révélée par Le Parisien

 

 

C'est lors de leurs investigations que les enquêteurs sont tombés sur cette note - édifiante, forcément. Le compte rendu d'une réunion de l'Acsed, l'Association des cadres supérieurs et dirigeants de France Télécom, du 20 octobre 2006. Le PDG Didier Lombard évoque clairement  son objectif : réduire les effectifs pour dégager de la valeur. Le journal Le Parisien a eu accès à cette note, qui a depuis été expurgée. Pourquoi ?

Entre 2008 et 2010, 57 salariés de l'entreprise se sont suicidés. Les syndicats en prennent en compte 37 de plus, en 2007. Ils ont porté plainte ; selon eux, des pressions ont été exercées pour faire partir 22.000 personnes sans recourir à un plan social. Une instruction judiciaire a été ouverte - elle est quasiment bouclée. Et le Parisien croit savoir que, depuis la mise en examen l'été dernier de l'ex-PDG Didier Lombard, de l'ex-numéro deux Louis-Pierre Wenes et de l'ex-DRH Olivier Barberot, le juge a collecté des éléments qui pourraient alourdir les charges retenues contre eux. Poursuivis pour harcèlement moral, ils pourraient l'être finalement pour mise en danger de la vie d'autrui.

Il y a donc cette note de 2006. Qui a été expurgée. "La direction de l'Acsed m'a demandé de détruire" les enregistrements, raconte aux policiers la secrétaire de l'Acsed. Marie-Claude M. a même pris la liberté d'édulcorer certains propos. "Si on n'arrive pas à faire ça on n'échappera pas au plan social" est devenu "on n'échappera pas à des mesures plus radicales". Et donc ce "je ferai les départs d'une façon ou d'une autre, par la fenêtre ou par la porte", devenu "je ferai les départs d'une façon ou d'une autre"...

Un document compromettant pour la direction de France Télécom : précisions d'Isabelle Raymond  link

 

 

 

                                                                     *************************************

 

 

Social-Eco - le 7 Mai 2013

France Télécom : un document qui accable les ex-dirigeants
 

Un document interne de France Télécom datant de 2006 et relayé dans l'édition de ce mardi du Parisien, témoigne de la violence sociale à l'époque au sein de l'entreprise marquée par une vague de 57 suicides en 2008 et 2009.

Alors que l'enquête judiciaire sur les drames qu'a connus le groupe se poursuit au pôle de santé public du Tribunal de grande instance de Paris, le quotidien rend public un fac-similé d'un compte-rendu d'une réunion d'octobre 2006 de l'Acsed, l'association des cadres de France Télécom. Selon ce document, l'ancien PDG Didier Lombard, aurait déclaré: "Il faut qu'on sorte de la position mère poule. (...) Ce sera un peu plus dirigiste que par le passé. C'est notre seule chance de faire les 22.000" suppressions de postes programmées dans le cadre du plan Next, qui visait faire changer 10 000 agents de métier et à réduire les effectifs entre 2006 et 2008. Selon Le Parisien, il existe deux versions de ce document. Dans la version originale, M. Lombard indique: "en 2007, je ferai les départs d'une façon ou d'une autre, par la fenêtre ou par la porte". Cette version a ensuite été édulcorée pour devenir "en 2007, je ferai les départs d'une façon ou d'une autre".

D'après le quotidien, la secrétaire de l'Acsed aurait indiqué aux policiers ne plus posséder la version originale car ses responsables lui auraient demandé de la détruire. Elle ajoute avoir pris elle-même l'initiative d'atténuer les propos tenus lors de la réunion. Le Parisien rapporte que les anciens dirigeants de France Télécom assurent n'avoir donné aucune directive pour détruire les documents et estiment qu'ils ne sont pas crédibles. "Ces documents sont la transcription de la violence sociale que nous avons vécue et c'est ça qui est nouveau", a réagi de son côté Sébastien Crozier (CFE-CGC), précisant en avoir pris connaissance via la presse. Il a jugé "interpellant le fait qu'il y ait une atténuation des propos" car cela montre "qu'il y a des gens qui ont pris conscience de l'étendue des dégâts" à l'époque.

Pour Me Frédéric Benoist, avocat du syndicat, partie civile dans l'enquête, "il y a beaucoup de documents qui figurent dans les dossiers d'instruction qui ont certainement été travaillés par France Télécom". Selon lui, les juges d'instruction ont aujourd'hui "suffisamment d'éléments pour démontrer que les infractions" qui font l'objet des poursuites, c'est à dire le harcèlement moral sont "caractérisées". Mais l'avocat dit surtout espérer que le tribunal correctionnel sera prochainement saisi sur des motifs qui "reflètent plus la réalité du dossier", c'est à dire la mise en danger de la vie d'autrui. Dans un communiqué, le syndicat SUD va dans le même sens, disant espérer "que le juge a apprécié ces nouveaux éléments à leur juste valeur et que les motifs de la mise en examen" des responsables de l'époque seront requalifiés en "mise en danger de la vie d'autrui".

L'enquête judiciaire liée aux drames - 35 suicides en 2008 et 2009, selon direction et syndicats- avait été ouverte en avril 2010 après une plainte de SUD et un rapport de l'Inspection du travail mettant en cause la gestion du personnel. La CFDT, la CFE-CGC/Unsa, la CFTC , la CGT, et FO s'étaient ensuite constituées partie civile. Dans le cadre de cette enquête, Didier Lombard, deux autres responsables, et France Télécom en tant que personne morale ont été mis en examen pour harcèlement moral en juillet dernier.

  • Lire aussi :

Suicide d'un responsable local de France Telecom
Conditions de travail: Orange toujours dans le rouge

La justice s’empare des suicides à France Télécom

  • À consulter :

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6 mai 2013 1 06 /05 /mai /2013 17:20

 

 

 Marianne - Lundi 6 Mai 2013 à 12:43

 

 


Les bureaux de Dailymotion - CHAMUSSY/SIPA
Les bureaux de Dailymotion - CHAMUSSY/SIPA
L’affaire dite « Dailymotion » appelle plusieurs remarques. Et d’abord une, de bon sens : oui, à la longue, les bisbilles entre Arnaud Montebourg, le ministre du redressement productif, et Pierre Moscovici, le ministre de l’économie, finissent par causer du tort à l’image de la France et par brouiller la politique économique de François Hollande, tant aux yeux de l’étranger que des Français eux-mêmes, les « pigeons » comme les autres.

Sept ministres à Bercy, c’est sans doute trop, surtout quand il n’y a pas de chef pour y mettre bon ordre. C’est l’organisation de Bercy qu’a souhaitée François Hollande. Le président de la République est donc le seul et unique responsable de cette cacophonie.

Ceci posé, il faut bien constater qu’une fois de plus, on a essayé, avec une mauvaise foi crasse, de politiser une affaire qui ne méritait pas de l’être, et ce, au prix de mensonges presque aussi gros que ceux qui les ont proférés. Reprenons :

Dailymotion appartient au groupe Orange dont l’Etat est actionnaire à 27%. Comment peut-on oser dire qu’en intervenant dans la vente de Dailymotion à Yahoo, l’Etat se mêle de ce qui ne le regarde pas ? Evidemment que cette affaire le regarde. Et plutôt deux fois qu’une si l’on considère que l’industrie numérique est un secteur hautement stratégique. On ne peut pas prétendre que l’Etat n’a plus, depuis des lustres, de véritable stratégie industrielle et lui reprocher en même temps de regarder de près ce qu’une entreprise dont il est actionnaire fait de ses pépites.

On eut d’ailleurs aimé que l’Etat intervienne avec autant de vigueur dans la stratégie de RenaultLes mêmes qui, aujourd’hui, accusent Arnaud Montebourg d’étatisme, voire de « collectivisme », autant dire de « soviétisme », sont d’ailleurs à deux doigts de supplier l’Etat de nationaliser les chantiers de Saint-Nazaire pour sauver l’emploi. Bonjour l’incohérence !

Imaginez, d’ailleurs, ce qu’auraient dit la droite, le Medef et les « pigeons » si l’Etat avait laissé Dailymotion s’envoler pour les Etats-Unis. Imaginez ce qu’auraient titré Le Figaro, Les Echos ou Valeurs Actuelles : Hollande pousse les riches à s’exiler pour échapper à un impôt confiscatoire ; Hollande incite les jeunes à partir pour trouver du travail : et, maintenant, Hollande oblige les plus belles entreprises françaises à quitter un pays qui entrave la liberté d’entreprendre

Franchement, si Dailymotion avait été allemande, qui peut croire qu’Angela Merkel et son gouvernement l’auraient laissée devenir américaine ?

Deuxième mensonge, et de taille celui-là : non, l’Etat n’a pas empêché un accord avec Yahoo, il a refusé que le géant américain ne rachète 75% d’abord de Dailymotion, puis 100%. Ca fait tout de même une sacrée nuance. Un partenariat à 50/50, oui ; un rachat pur et simple, non. Pourquoi, tout à coup, un accord à 50/50 n’intéresse plus Yahoo ? Peut-être parce que l’intention de Yahoo n’était pas vraiment d’aider Dailymotion à se développer à l’international, mais tout simplement de l’absorber. D’ailleurs, la plupart des start-up rachetées par les géants de l’internet – Yahoo, Google… - ont été avalées, ingérées, digérées.


C’est la conception néolibérale du marché : reconstituer sur une base privée le modèle de l’économie soviétique. Un monopole, voire un oligopole qui, au lieu d’appartenir à un Etat centralisé comme dans l’URSS des années 70, est désormais la seule propriété de ses actionnaires. Si le libéralisme est fondé sur un fonctionnement loyal de la concurrence, alors cette conception est l’exact contraire du libéralisme, le vrai.

Troisième mensonge : la rupture des négociations avec Yahoo, lit-on, serait une catastrophe pour Dailymotion. Une catastrophe pour Dailymotion ou pour ses actionnaires qui, à travers cette opération, auraient assurément fait la culbute ? On apprend d’ailleurs que le groupe Vivendi (Canal +) et que Xavier Niel, propriétaire de l’opérateur de téléphonie mobile Free, sont intéressés par un tel partenariat. Pourquoi ces partenaires-là n’intéressent pas Orange et Daily Motion ? Bizarre, non ?

Dernière remarque : la plupart des médias ont souligné la violence des réactions du Financial Times et du New York Times à l’annonce de la rupture des négociations avec Yahoo. Thème de l’anathème : vous voyez, la presse américaine dit que les Français sont fous de renoncer à Yahoo, que décidément, on ne peut pas faire de business avec un pays dirigé par des socialistes…

Mais peut-être que les journaux américains savent, eux, ce que veut dire le patriotisme économique. Les médias américains savent, eux, à quel point il est important de défendre en toutes circonstances son pays, ses entreprises, ses dirigeants. Les médias français, on en est moins sûr !

 

 

 

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