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5 mars 2014 3 05 /03 /mars /2014 16:02

 

Source : www.mediapart.fr

 

Sarkozy enregistré par Buisson: les premières révélations

|  Par La rédaction de Mediapart

 

 

Réalisés clandestinement en 2011 par le conseiller ultra-droitier Patrick Buisson, les différents extraits du Canard enchaîné et d'Atlantico révèlent des conversations entre Nicolas Sarkozy et ses principaux conseillers.

Le Canard enchaîné et le site internet Atlantico publient ce mercredi les premiers extraits d'enregistrements d'échanges entre Nicolas Sarkozy et ses conseillers, réalisés à leur insu en 2011 par son conseiller ultra-droitier Patrick Buisson. Dans son édition du 5 mars, l'hebdomadaire publie le verbatim de l'enregistrement d'une réunion à l'Élysée, le 27 février 2011, autour de Nicolas Sarkozy.

L'enregistrement rend compte des propos échangés à quelques heures du remaniement que le président doit annoncer. Outre le président et son conseiller controversé, sont présents à l'Élysée le secrétaire général de l'Élysée Claude Guéant, le conseiller spécial Henri Guaino, le conseiller en communication Franck Louvrier, le publicitaire Jean-Michel Goudard et le sondeur Pierre Giacometti.

Selon Le Canard enchaîné, après l'enregistrement télévisé de l'allocution, dans laquelle il annonce le remaniement, M. Sarkozy à son retour lance : « On n'a pas entendu ces connards de chiens qui aboyaient [dans les jardins élyséens] ? » Et l'hebdomadaire satirique de poursuivre : « Buisson spirituel : “Tu parlais des journalistes ?” Puis courtisan : “C'était très bien ! Tu avais les bonnes intonations. Tu as bien détaché les phrases importantes. Faut pas y toucher. »

À l'idée de se séparer du ministre de l'intérieur Brice Hortefeux lors du remaniement, Nicolas Sarkozy lâche : « Vous n'avez pas d'états d'âme sur Brice ? » Patrick Buisson explique alors : « On en a tous. On aime tous Brice. Le problème est de faire un choix politique », avant que le président ne concède : « Brice dit que le sentiment d'insécurité a régressé. Toutes les études montrent que ce n'est pas vrai. » « En matière d'immigration, Brice est inhibé. Une partie de notre électorat manifeste une certaine impatience », conclut l'ancien journaliste du quotidien d'extrême droite Minute.

 

Patrick Buisson 
Patrick Buisson © Reuters

Le site Atlantico a également mis en ligne les enregistrements sonores et les verbatims d'au moins quatre enregistrements, effectués la veille (26 février 2011) lors d'une autre réunion de Nicolas Sarkozy et de ses conseillers à la Lanterne à Versailles, consacré au remaniement qui devait être annoncé le 27 février 2011 : Brice Hortefeux va être remplacé par Claude Guéant à l'Intérieur et Michèle Alliot-Marie par Alain Juppé au Quai d'Orsay.

« Remplacer (le premier ministre François) Fillon par (Jean-Louis) Borloo, c'est grotesque », déclare Sarkozy lors de la réunion (écouter ici). « Y'a qu'une seule personne qui pourrait remplacer Fillon aujourd'hui, c'est Juppé. Je m'entends très bien avec Alain... Même si Fillon n'est pas décevant, il est comme on le sait. »

Dans la voiture qui les ramène de Versailles à Paris après la réunion, M. Buisson et le publicitaire Jean-Michel Goudard, conseiller en communication, ne se privent pas de commenter les décisions et propos de la réunion : « C'est dur, hein ? » demande notamment M. Buisson à propos de la présence de Carla Sarkozy à Versailles (écouter ici). « Ah t'es amusant. Si je la connaissais pas un peu mieux depuis la télé j'aurais trouvé ça “lamentable”, interventions percutantes quand même hein », lui répond M. Goudard.

Angoissé par la plainte d'Anticor dans l'affaire des sondages de l'Élysée, où son nom est cité, Patrick Buisson s'inquiète ensuite du changement de fonction de Claude Guéant, qui passe du secrétariat de l'Élysée à l'Intérieur (écouter ici), et son remplacement par Xavier Musca à ce poste sensible. « Tu vois l’avantage de Guéant, là depuis 3 mois, c’est qu’il connaissait un petit peu les dossiers, notamment pour les affaires auprès du parquet. Il se mouillait un petit peu », explique M. Buisson, mis en cause dans l'affaire des marchés des sondages de l'Élysée. « Ben ça l’intéresse quand même directement parce que… l’Élysée c’était lui à cette époque-là », lui rétorque M. Goudard.

Patrick Buisson, « royaliste » comme il se définit dans l'un des enregistrements (écouter ici), se plaint aussi à propos du remaniement de ne pas avoir « réussi à entraîner la tête » du ministre de la justice Michel Mercier, qu'il qualifie de « totalement calamiteux ». « Il y a plus calamiteux encore », assène Goudard, en nommant la ministre de la santé Roselyne Bachelot qui, selon lui, « ne dit que des conneries ».

M. Buisson est au cœur de l'affaire des sondages, dans laquelle un juge enquête sur la régularité des contrats conclus sous la présidence Sarkozy, sans appel d'offres, entre l’Élysée et neuf instituts de sondage, dont la société de conseil Publifact de M. Buisson.

Les révélations des verbatims et extraits audios ont suscité de nombreuses réactions politiques : au micro de France info, l'ancien conseiller spécial Henri Guaino a dénoncé une « sorte de viol », expliquant ne pas avoir imaginé qu'un conseiller du président de la République puisse « faire une chose pareille. (...) Il y a apparemment des dizaines, des centaines d'heures (d'enregistrement), il faut être malade ». L'ancien secrétaire général de l'Élysée Claude Guéant s'est dit de son côté « surpris, déçu et choqué ». « C'est pour moi une énorme surprise, je ne m'attendais pas à une chose pareille. Il s'agit d'un procédé incompréhensible et inacceptable », a-t-il déclaré au JDD. L'ancien premier ministre François Fillon a lui qualifié de « répugnants » les enregistrements, selon l'AFP. « Inacceptable » et « détestable », a ajouté sur i-télé le président du groupe UMP à l'Assemblée nationale, Christian Jacob.

Invitée de la matinale de France inter ce mercredi, la garde des sceaux Christiane Taubira s'est dit « atterrée », parlant de « déloyauté » et d'une atteinte à « la morale publique » et aux « institutions ». De leur côté, le premier secrétaire du PS, Harlem Désir et le président du groupe socialiste à l'Assemblée, Bruno Le Roux, dénonçant les « atteintes aux institutions » ont tous les deux évoqués, mercredi matin (sur le site du PS et sur LCP), la possibilité pour leur parti de demander la mise en place d'une commission d'enquête parlementaire.

Patrick Buisson, accusé mi-février par Le Point d'avoir enregistré certaines de ses conversations avec l'ancien président, avait alors indiqué qu'il comptait porter plainte contre l'hebdomadaire. Une plainte maintenue selon son avocat Gilles-William Goldnadel, pour qui l'article du Canard enchaîné « ne change rien à la plainte déposée par Patrick Buisson contre l'hebdomadaire Le Point le 21 février ».

Sondages de l'Elysée : plainte pour détournement de fonds publics

 

 

Source : www.mediapart.fr

 

 

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4 mars 2014 2 04 /03 /mars /2014 22:45

Sui

Source : www.reporterre.net

 

 

"L’agriculture biologique peut nourrir le monde"

Entretien avec Jacques Caplat

mardi 4 mars 2014

 

 

 

L’agriculture biologique n’est pas une aimable fantaisie de bobos en mal de verdure, mais une démarche apte à sortir l’agriculture européenne de l’impasse dans laquelle elle se trouve. Enjeu : nourrir neuf milliards d’habitants. Moyen : changer de paradigme, et sortir de la subvention aux machines. Entretien bousculant avec l’agronome Jacques Caplat.

 


 

L’agriculture biologique pourrait alimenter neuf milliards d’êtres humains et être plus productive que notre agriculture conventionnelle. C’est l’idée iconoclaste défendue par Jacques Caplat. Il est agronome, ancien conseiller agricole, fils d’agriculteur et auteur d’un ouvrage intitulé L’Agriculture biologique pour nourrir l’humanité (Actes Sud). Il y démonte les idées reçues sur l’agriculture biologique et rappelle que notre agriculture occidentale contemporaine n’est pas le seul modèle possible.

 

Reporterre – Voici peu, nous révélions qu’un collectif de scientifiques conteste le grand rapport de l’INRA (Institution national de recherche agronomique) sur l’agriculture biologique. Qu’est-ce que cela vous inspire-t-il ?

Jacques Caplat - Cette affaire témoigne du retard de l’INRA en matière de bio. L’INRA est une institution encore bloquée. Ceux qui ont signé cette lettre savent qu’au sein de cet institut quand on l’ouvre, ce n’est pas une bonne chose pour sa carrière.

Mais cela va encore plus loin. Le fait que dans un rapport prétendument sérieux, ils aient pris en compte le pamphlet d’un lobbyiste [Gil Rivière Wekstein, Le bio, fausses promesses et vrai marketing, Le Publieur éditions, 2011 - NDLR], pose un vrai problème de fond. Dans la plupart des centres de recherche dans le monde, si une structure ose mettre dans ses références un pamphlet politicien comme celui-là, c’est un discrédit complet et immédiat. Je ne peux pas prendre l’INRA au sérieux après un rapport comme ça.

La direction de l’INRA dit investir dans la recherche sur l’agriculture bio... Mais elle n’a jamais mis un centime de plus. Les rares travaux sur la bio à l’INRA ont quasiment tous été réalisés par des francs-tireurs. La direction de l’INRA est méprisante et désinvolte sur ce sujet.

Le Salon de l’agriculture vient de s’achever : que représente ce grand événement annuel, pour vous ?

Le Salon de l’agriculture est une opération de communication de l’agriculture conventionnelle et de l’agroalimentaire vis à vis du grand public.

Le salon donne au grand public une image fantasmée de l’agriculture : champêtre, sympathique, de terroir et proche des gens. L’entretien de ce mythe est un des fers de lance du mensonge autour de l’agriculture française. On cache sa vraie nature pour que le grand public ne se mobilise pas contre. On constate lors de chaque scandale sanitaire, ou sur les pesticides, que le grand public ne veut pas de l’agriculture telle qu’elle est aujourd’hui. Si l’agriculture était telle qu’on la voit au salon, ce serait génial !

Au milieu de cet immense salon, on trouve un petit stand dédié à l’agriculture biologique : est-il représentatif de la place de la bio en France ?

Cela représente la place de la bio au sein du monde agricole : minime. Si l’agriculture voulait vraiment laisser une place à la bio, celle-ci devrait être présente dans chaque partie du salon. Actuellement, il n’y a qu’un espace bio en un point donné, et quelques comme si c’était pittoresque.

Dans la préface de votre ouvrage, l’agronome Claude Aubert explique que l’agriculture conventionnelle ne peut pas nourrir le monde. Pourquoi ?

L’agriculture conventionnelle a été conçue en Europe pour l’Europe. On a un peu tendance en Europe à penser que l’agriculture, c’est notre agriculture. Mais il y a mille agricultures possibles. En Asie et en Amérique Latine, l’agriculture s’est construite autour des cultures associées. En Europe et au Moyen-Orient, elle s’est construite autour des cultures pures, telle que dans un champ de céréales, il y a une seule plante. Même les élevages sont spécialisés.

On a construit un système de sélection des semences uniquement basé sur le rendement, qui a totalement coupé les plantes de toute interaction avec le milieu : on se débrouille pour qu’il n’y ait pas le moindre animal ni la moindre maladie dans le champ.

Ensuite, ces plantes sont mises en culture. Si on les mettait dans la nature telles quelles, elles mourraient sans doute. Donc pour pouvoir les cultiver on est obligé de mettre énormément d’engrais et de pesticides afin de se rapprocher des conditions de la sélection.

De plus, les cultures pures permettent la mécanisation, ce qui supprime des emplois. A la fin de la seconde guerre mondiale, c’était considéré comme un avantage car cela permettait de libérer des bras pour reconstruire l’Europe – mais on n’est plus du tout dans cette problématique.

Donc, le système conventionnel c’est cela : des variétés sélectionnées complètement irréelles, que l’on cultive avec des engrais et des pesticides chimiques, dans un système très mécanisé. Le problème de ce modèle est qu’il demande que l’on reproduise au champ les conditions idéales de la sélection. C’est possible dans les milieux tempérés. Mais les trois quarts de la planète ne sont pas tempérés. Et c’est la grande imposture de l’agriculture conventionnelle quand elle a voulu se généraliser à l’ensemble de la planète sous le nom de "Révolution verte" : on a développé une agriculture conçue dans un contexte particulier et on l’a appliquée au monde entier.

Je suis effaré d’entendre des gens dire que le riz amélioré en Inde fait dix tonnes par hectare. Les paysans indiens que je connais ne font en moyenne que trois tonnes par hectare en conventionnel. Effectivement, les bonnes années, ils sortent dix tonnes. Mais deux années sur trois sont mauvaises... Et ces années-là, ils ne produisent qu’une tonne par hectare parce que, quand ça ne marche pas, ces variétés conventionnelles, ça ne marche vraiment pas...

 

- Culture de riz en Inde -

 

Donc ce système ne peut pas nourrir la planète. C’est pour cela qu’il y a entre 800 millions et un milliard de personnes qui souffrent de la faim dans le monde.

Votre ouvrage dénonce les idées reçues sur l’agriculture biologique. La plus répandue est sans doute que la bio serait juste une agriculture sans pesticides...

Si l’agriculture bio consistait simplement à supprimer la chimie, elle serait incapable de nourrir le monde. Si on garde l’agriculture conventionnelle, les variétés sélectionnées pour la chimie, des champs sans écosystème en culture pure, et que l’on enlève seulement la chimie, cela ne va pas être performant.

Alors qu’est-ce que l’agriculture bio ?

Il s’agit de remettre de l’agronomie dans l’agriculture. Le premier livre sur la bio (Fécondité de la Terre, par Ehrenfried Pfeiffer, publié en 1937) l’a définie comme la constitution d’un organisme agricole. C’est-à-dire en mettant en relation l’ensemble des éléments constituant une ferme. C’est un changement considérable, une démarche systémique, alors que la démarche européeenne était réductionniste.

Au lieu de se battre contre le milieu, l’agriculture biologique se sert du milieu. Un des points de départ est d’avoir des variétés ou des races d’animaux adaptées au milieu, qui doivent pouvoir y évoluer.

Deuxième élément fondamental : arrêter de partir des cultures pures qui sont le mode de production le moins performant du point de vue agronomique et chercher plutôt des cultures associées, c’est-à-dire plusieurs cultures sur la même parcelle, ensemble ou en rotation.

Mais l’agriculture bio ne perd-elle pas en performance ?

 

 

 

 


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4 mars 2014 2 04 /03 /mars /2014 18:20

 

Source : www.la-croix.com

 

François Fillon : « Il faut restreindre les possibilités d’adoption pour les couples homosexuels »

Le député UMP de Paris expose dans « La Croix » sa vision de la famille. 

3/3/14 - 18 H 07

François Fillon, ici dans son bureau l'Assemblée nationale, à l'occasion d'un entretien avec « Le...

François BOUCHON / Le Figaro

 

François Fillon, ici dans son bureau l'Assemblée nationale, à l'occasion d'un entretien avec « Le Figaro ». 

Avec cet article

Hostile au « mariage pour tous », il est favorable à une réécriture de la loi Taubira distinguant les droits des couples hétérosexuels et homosexuels en matière de filiation. Pour l’ancien premier ministre, lancer un débat sur l’euthanasie aujourd’hui serait « irresponsable ».

Vous avez voté contre l’ouverture du mariage civil aux couples homosexuels. Que feriez-vous en cas de retour au pouvoir ?

François Fillon  : J’ai été le premier à dire, dès octobre 2012, qu’il faudra réécrire le texte. L’idéal serait de réintroduire une distinction entre le mariage hétérosexuel et l’union homosexuelle avec une égalité des droits excepté les droits sur la filiation. Les adoptions par les couples homosexuels et hétérosexuels ne peuvent être placées sur le même plan. Les possibilités d’adoption par les couples homosexuels doivent être restreintes. Je ne suis pas favorable à ce que la loi autorise la possibilité de procréation médicalement assistée (PMA) pour les couples homosexuels. Cette pratique médicale doit être réservée aux couples hétérosexuels dont l’infertilité est diagnostiquée. Et il faut bien entendu aussi conserver l’interdiction de la gestation pour autrui (GPA).

« Réécrire », mais pas abroger…

F. F. : L’option de l’abrogation et du retour pur et simple à la situation antérieure aboutirait à une nouvelle fracture de la société française qui n'est pas souhaitable. En voulant faire table rase du passé par dogmatisme, et à la hussarde, François Hollande a divisé très profondément le pays. Au moment de l'alternance, notre première mission ne sera pas d’attiser ces divisions mais au contraire d’apaiser et de rassembler. Face au déclin, l’urgence c’est le redressement économique. La Président de la République a pour responsabilité de hiérarchiser les priorités. Quelles que soient ses convictions personnelles sur le mariage, la famille ou la fin de vie, je préconise une pause sur les questions de société. Lorsque le pouvoir est perçu comme illégitime, il y a un risque de révolte. On l’a vu en Bretagne sur l’écotaxe ou à Nantes sur l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes. Je connais mon pays. C'est parce que je sais a quel point il est éruptif, que je suis préoccupé par tout ce qui vient le diviser et réticent à manifester.

 Qu’il s’agisse de couples homosexuels ou de couples hétérosexuels recomposés, comment sécuriser le lien entre l’enfant et la personne sans lien biologique avec lui mais qui l’a élevé ?

F. F. : Il faut partir des principes. On est parent jusqu’à la fin de ses jours. Ce n’est pas parce qu’il y a divorce qu’il faudrait retirer les liens du père ou de la mère biologiques avec l’enfant pour les transférer à un beau-parent.

La jurisprudence permet déjà, sur décision de justice, d’attribuer une délégation de l’autorité parentale à un tiers. La situation actuelle est donc satisfaisante. Je suis néanmoins éventuellement ouvert à ce qu’on consacre dans la loi un statut de beau-parent, à condition toutefois que ce ne soit pas un droit automatique. L’intervention du juge aux affaires familiales, qui examine la situation en fonction de l’intérêt de l’enfant, doit impérativement être maintenue.

 Faut-il transcrire en France l’état civil des enfants conçus à l’étranger par GPA ?

F. F.  : Non, car on ne peut pas être contre une pratique et valider sur le territoire français les effets juridiques de son recours à l’étranger. Sinon, qu’on le veuille ou non, cela reviendrait à la légitimer. À ce sujet, la circulaire Taubira sur la nationalité des enfants nés à l’étranger par GPA constitue un pas plus significatif que le gouvernement le prétend vers la légalisation de la GPA en France. Elle devrait être abrogée.

 Que pensez-vous de l’ABCD de l’égalité filles-garçons, expérimenté à l’école ?

F. F. : Il faut distinguer deux choses. Il y a d’un côté la lutte pour l’égalité hommes-femmes, conformément aux valeurs de la République. Il y a de l’autre une théorie fumeuse qui vise à nier les différences sexuelles. Cela ne me choque pas qu’il y ait à l’école un effort de lutte contre les stéréotypes. Je fais confiance aux enseignants : dans leur immense majorité, ils ne sont pas tentés de transformer ce débat sur l’égalité hommes - femmes en débat idéologique sur la théorie du genre.

Pour moi, cette affaire a mis en évidence un sujet essentiel : l’État ne doit pas s’immiscer de façon excessive dans la sphère privée et ne doit pas se substituer aux familles. Il y a là une différence idéologique fondamentale entre la droite et la gauche. Certains ministres actuels auraient tendance à vouloir outrepasser le rôle de l’école en niant celui des parents. Cette dérive s’oppose aux valeurs républicaines exposées par Jules Ferry dans sa « lettre aux instituteurs ». L’école est là pour transmettre des savoirs et les valeurs de la République. L’Etat n'a ni les moyens, ni les compétences, ni la légitimité pour remplacer la famille et assurer l'éducation de nos enfants.

 La suppression de la notion de détresse pour l’IVG constitue-elle une rupture symbolique ?

F. F.  : C’était une provocation inutile. Chacun sait que, dans la pratique, on ne demande jamais aux femmes de prouver une situation de détresse. Surtout, cette réforme vient rompre l’équilibre de la loi Veil. L’avortement ne sera jamais pour une femme un acte anodin. Enfin, qui dit provocation dit en retour réactions excessives : la proposition de certains parlementaires UMP de dérembourser l’IVG était choquante.

 La plupart des évolutions sur les sujets de société, à l’exception du Pacs, ont été votés sous des présidents de la République de droite : la contraception sous De Gaulle, l’IVG sous Giscard, la fin de vie sous Chirac. La gauche voudrait effacer l’histoire afin de prétendre qu’elle serait la seule à faire évoluer le droit avec la société. On reproche parfois à la droite de ne pas avoir de projet sur les sujets de société. Cela ne veut rien dire : on n’est pas obligé de vouloir bouleverser en permanence les règles pour faire moderne. Personne ne nie par exemple que la famille a changé, mais cela ne veut pas dire pour autant que la famille serait dépassée. Au contraire, on n’en a selon moi jamais eu autant besoin pour combler le manque d’éducation et de solidarité dans la société.

 Faut-il rompre avec la loi Leonetti en allant vers une aide active à mourir ?

F. F.  : La loi Leonetti répond globalement aux questions soulevées et la décision du Conseil d’Etat sur la situation de Vincent Lambert en atteste. S’il faut la faire évoluer, c’est uniquement sur la sédation en phase terminale et les directives anticipées. Mais il faut surtout laisser la jurisprudence se consolider et le débat s’apaiser. Ouvrir maintenant un débat sur l’euthanasie, ce serait irresponsable de la part d’une majorité qui s’est disqualifiée sur les sujets de société.

 Si le gouvernement rompait tout de même avec l’esprit de la loi Leonetti, au pouvoir la droite devrait-elle y revenir ?

F. F.  : Je pars d’un principe : le législateur n’a pas la légitimité pour écrire dans un texte les conditions dans lesquelles on donne la mort. Rompre avec cet esprit serait pour moi irresponsable et inacceptable. Donc, oui, je serais dans cette hypothèse pour une réécriture afin de revenir à l’esprit de la loi Leonetti.

 Souhaitez-vous rencontrer le pape François ?

F. F. : J’irai à la canonisation de Jean-Paul II et Jean XXIII. J’ai rencontré quatre fois Benoît XVI et deux fois Jean-Paul II. Ce sont des rencontres qui comptent dans mon existence. Je souhaiterais bien entendu rencontrer le pape François. C’est un pape de rupture, qui symbolise les changements intervenus dans le monde. Son idée d’une « joie de l’Évangile » est stimulante. Il est un modèle de convictions spirituelles pour les chrétiens, et sans doute pour beaucoup de citoyens qui ne le sont pas.

PROPOS RECUEILLIS PAR LAURENT DE BOISSIEU ET MARINE LAMOUREUX
Source : www.la-croix.com

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4 mars 2014 2 04 /03 /mars /2014 18:07

 

 

Source : www.mediapart.fr

 

L'économie zombie et la politique de l'offrande

|  Par christian salmon

 

 

 

C'est le moment zombie de la politique et des choix économiques. Les idées mortes marchent encore parmi nous… La social-démocratie de François Hollande ayant de longue date muté en un néolibéralisme mal assumé, voilà la « politique de l’offre » devenue une politique de l’offrande. C'est l'objet du « pacte de responsabilité », pensée magique qui veut échanger des chèvres contre des déclarations d’amour.

Yvon Gattaz, le père de l’actuel président du Medef et ancien président du CNPF de 1981 à 1986, plaisantait un jour en parlant de François Mitterrand : « Quand je suis arrivé au CNPF, j’avais devant moi un SUT, "socialiste utopique et tranchant", qui s’est transformé en SAR, "socialiste arrondi et responsable". » Vingt-cinq ans plus tard, son fils Pierre n’a pas trouvé en la personne de François Hollande un « SUT » ni même un « SAR » mais un « SOGEM », socialiste génétiquement modifié.

La mutation du génome socialiste, et sa conversion aux idées du néolibéralisme, ne s’est pas faite en un jour. Elle s’est accomplie en trente ans sous l’effet de la révolution néolibérale. Elle n'est pas une anomalie de l’histoire mais, bien au contraire, un produit de l’histoire, non pas une trahison qu’il faudrait dénoncer mais une mutation qu’il reste à  analyser.

 

François Mitterrand et Yvon Gattaz au début des années 1980. 
François Mitterrand et Yvon Gattaz au début des années 1980. © (dr)

François Hollande et Pierre Gattaz, au mois de janvier. 
François Hollande et Pierre Gattaz, au mois de janvier. © (Reuters)

Yvon Gattaz, qui se vantait d’avoir administré à François Mitterrand des leçons d’économie au cours de rencontres secrètes, considérait que « la conversion des socialistes à l’entreprise » s’était effectuée tout naturellement, au contact du réel, ce qu’il appelait dans une tribune publiée en 2012 « la falaise granitique des réalités ». La vérité, c’est que cette « falaise granitique » n’avait rien d’un relief naturel. Bien au contraire, c’était une construction virtuelle, un échafaudage idéologique, un ensemble d’idées patiemment élaborées et assemblées par la « Société du Mont-Pèlerin », du nom de ce village suisse où se réunissait le groupe d’intellectuels qui ont refondé la pensée néolibérale à l’initiative de Friedrich Hayek et qui sera mis en œuvre par Thatcher et Reagan au début des années 1980.

François Cusset a raconté dans La Décennie, le grand cauchemar des années 1980 (La Découverte, 2006) la lente pénétration du milieu socialiste par les idées néolibérales, l’apprentissage du pouvoir, le rôle d’incubateur des think tanks comme la fondation Saint-Simon, le retournement d’une certaine intelligentsia médiatique, la diffusion de la vulgate libérale-libertaire par Libération ou Le Nouvel Observateur. Ce processus a imposé un nouvel agenda politique et une nouvelle syntaxe…

« Quand on cède sur les mots, on finit par céder sur les choses », écrivait Freud. Dans les années 1980, les socialistes ont cédé tout en même temps. Le boa néolibéral les a avalés tout crus, tête et jambes, mots et choses confondus, praxis et poïesis. Les socialistes se sont convertis au néolibéralisme comme à une religion naturelle. Ils en ont adopté la langue et les pratiques, ils en ont embrassé la foi avec l’enthousiasme des néophytes, allant jusqu’à adopter les articles les plus contestables, parfois même ceux abandonnés par les vieux croyants libéraux, instruits des leçons de l’expérience. Ainsi de la loi de Jean-Baptiste Say, exhumée par François Hollande lors de sa conférence de presse, selon laquelle « l’offre crée la demande », une vieillerie de la théorie économique discréditée et abandonnée depuis longtemps…

Depuis 2008, le prix Nobel Paul Krugman a dénoncé à maintes reprises la survivance d’une série de croyances et d’idées que la crise financière a discréditées. Il les a qualifiées d’« idées zombies », des idées mortes qui continuent à hanter les couloirs des parlements, des gouvernements et des départements de sciences économiques. « Les corrections du marché fonctionnent très lentement sur les marchés universitaires, a récemment déclaré Richard Posner, un économiste libéral devenu keynésien depuis la crise de 2008. Les professeurs ont leur chaire ; ils dirigent toute une armée de doctorants, ils connaissent le métier et ils ont leurs habitudes. Il n’est pas facile de les amener à changer leur façon de faire… » (son article « Comment je suis devenu keynésien » est à lire ici).

L’économiste australien John Quiggin (son site ici) a fait une enquête fouillée et argumentée sur ces « idées zombies » qu’on croyait définitivement discréditées par la crise financière de 2008 et qui continuent à inspirer les discours et les hypothèses de travail des décideurs, des commentateurs et des experts… Il en a retracé la naissance, l’évolution, la mort et la réapparition spectrale dans un livre intitulé Économie Zombie, récemment traduit en français.

Moment néolibéral

 

 

« Les zombies des films d’horreur, écrit-il, ont la réputation d’être des durs à cuire. Étant déjà morts, ils sont inattaquables et avancent impitoyablement vers leurs proies. Les idées zombies sont tout aussi résilientes… » Mais Quiggin donne une autre explication à leur résistance : elles se déplacent toujours en bande, contrairement aux loups-garous et aux vampires. « Un zombie solitaire est relativement facile à tuer, plaisante-t-il, mais lorsqu’il est en groupe, il devient redoutable. »

Dans son livre, ce « chasseur de zombies » dénombre au moins cinq idées néolibérales qui auraient dû disparaître avec la crise et qui continuent à hanter le cerveau des décideurs et des experts.

-   1.  Le mythe de « la grande modération », selon lequel les banques centrales avant la crise avaient trouvé le moyen de jouer avec les taux d'intérêt de manière à assurer à nos économies une croissance et une stabilité quasi éternelles, à condition que les gouvernements gardent leurs finances en ordre et ne se mêlent pas de leurs affaires. Un mythe que les taux de chômage à deux chiffres et la pire récession depuis les années 1930 ont pulvérisé. Pourtant, banques centrales et décideurs politiques continuent à prôner l’indépendance des banques centrales, le ciblage de l’inflation, et le fait de s’en remettre aux ajustements des taux d’intérêt – mesures qui ont échoué lamentablement pendant la crise financière.

 

La réserve fédérale américaine 
La réserve fédérale américaine © Reuters

-  2.  Le credo des « marchés efficients », selon lequel les marchés sont les mieux placés pour déterminer le juste prix de n'importe quel actif (maisons, actions, etc.) parce qu'ils savent faire la synthèse de toute l'information disponible. En conséquence, les gouvernements doivent laisser le secteur financier à ses tours de magie, sans ingérence aucune. L’hypothèse des marchés efficients devrait aujourd’hui être discréditée une fois pour toutes. L’importance que l’on donne en Europe aux agences de notation et aux marchés obligataires dans le débat entourant la crise de la dette souveraine démontre qu’il n’en est rien. C’est pourtant l’échec de ces institutions, qui a précipité le monde dans la crise.

-  3. Le mystère de « l’équilibre général dynamique et stochastique » (EGDS), selon lequel l’analyse « macroéconomique » ne devrait pas tenir compte de réalités observables, comme les booms et les effondrements du marché, et qu’elle devrait se concentrer exclusivement sur les conséquences théoriques de l’optimisation des comportements des consommateurs, des entreprises et des employés parfaitement raisonnables (ou presque).

-   4. Le miracle du « ruissellement », en vertu duquel l'enrichissement des mieux nantis finit fatalement par profiter aussi aux plus pauvres. Ce ruissellement est démenti par la façon dont les bénéfices de la croissance ont été partagés depuis les années 1970. Aux États-Unis, la majorité des bénéfices de la croissance est allée aux Américains appartenant au premier centile de la répartition des revenus. En 2007, un quart des revenus des particuliers est allé à 1 % de la population ; soit plus que les 50 % de ménages américains les plus pauvres.

 

Le classement 2014 des milliardaires de ForbesLe classement 2014 des milliardaires de Forbes © DR

-  5. Le dogme des privatisations, selon lequel toute fonction remplie par le gouvernement pourrait être assurée de manière plus efficace par une société privée. « Dans les films, les zombies ne parlent pas, écrit Quiggin, ils émettent des borborygmes incompréhensibles. Si nos zombies économiques pouvaient parler, ils prononceraient sans doute le mot privatisation. » Ce dogme a inspiré une politique générale de déréglementation et de privatisation sur laquelle même les pays qui se sont avancés le plus loin dans cette voie sont revenus en arrière et ont été obligés de renationaliser, comme la Grande-Bretagne avec ses chemins de fer…

L’économie mondiale est en récession, le chômage atteint des sommets et les agences de notation verbalisent les gouvernements quels que soient leurs efforts pour réduire leur dette. Mais l’économie zombie est florissante ; ses think tanks n’ont jamais été aussi nombreux et productifs. Ses lobbyistes s’affairent, diffusant les idées zombies de Washington à Bruxelles et de Wall Street à Bercy. Ses intellectuels-zombies publient des chroniques-zombies dans les grands quotidiens du monde qui ne sont plus, eux-mêmes, tout à fait sûrs d’être encore en vie.

Loin d'être sur la défensive, les néolibéraux ont le vent en poupe à Washington. Ils harcèlent Obama, l’accusant d’être responsable de la situation économique et le poussant à consentir des baisses d'impôt pour les plus riches. Ils pourraient même l’obliger à revenir sur ses réformes, pourtant modestes, du système de santé et du secteur financier.

En Europe, les théories zombies inspirent partout des politiques d’« austérité » comme le récent « Pacte de responsabilité », un croisement zombie entre une détaxation des cotisations familiales des entreprises et la promesse de créer des emplois. Ce marchandage est voué à l’échec car le Medef, qui exige des exonérations de charges, ne peut s’engager à créer des emplois, une décision qui appartient à ses adhérents et qui est indexée sur leur carnet de commandes (un bon vieux principe pas du tout zombie et qui continue à régir la vie des entreprises).

Los de sa dernière conférence de presse, François Hollande s’est revendiqué social-démocrate dans une sorte de « coming out » audacieux, une conversion précipitée peut-être par ses aventures extraconjugales dévoilées quelques jours auparavant par le magazine Closer. Mais dans sa précipitation, il s’est trompé de  religion. Ce n’est pas la cause sociale-démocrate qu’il a embrassée avec ferveur, mais l’orthodoxie néolibérale et jusqu’à son lexique (« coût du  travail », « compétitivité », « charges sociales »). Il rêvait d’un Bad Godesberg à la française... la presse people l’a flashé en bon roi Dagobert qui a mis son lexique à l’envers.

 

 

Sorcellerie et culte vaudou

Qualifier de social-démocrate le « pacte de responsabilité » constitue un abus de langage et un anachronisme. Car le « moment social-démocrate » associé à la figure de l’État-providence et aux politiques keynésiennes s’est achevé pour l’essentiel dans les années 1970. Il reposait sur l’idée qu’il est plus efficace de répartir et de gérer les risques, qu’il s’agisse de santé ou d’opportunités, en tant que société qu’à titre individuel.

Depuis le début des années 1980, c’est une autre logique qui est à l’œuvre, celle du « moment néolibéral », selon laquelle la gestion du risque par les marchés financiers est plus efficace qu’un système où l’État intervient pour stabiliser l’économie globale et amortir les risques individuels. Cette croyance gouverne la construction européenne. Elle constitue un véritable piège pour les nations qui la composent car, en imposant la monnaie unique, elle les a privées des moyens de réduire le différentiel de compétitivité entre économies de la zone euro. La baisse des cotisations patronales associée à la hausse de la TVA n’est rien d’autre qu’un substitut à une dévaluation rendue impossible par l’euro.

La politique de l’offre ? Tout au plus une politique de l’offrande à l’intention du patronat qui relève moins de la théorie économique que de la pensée magique, puisqu’il s’agit d’échanger des promesses d’embauche contre des exonérations de cotisation. Autant échanger des chèvres contre des déclarations d’amour. Cet échange inégal s’apparente moins au gagnant-gagnant évoqué par François Hollande qu’à une forme de sorcellerie ou de culte vaudou dont le « pacte de responsabilité » serait la figure déconcertante : tout à la fois un « acte de foi » dans les vertus canoniques de la baisse du coût du travail, et un « acte de contrition » à l’endroit d’un patronat trop longtemps fustigé pour sa cupidité…

Dans ces conditions, le mirage du million d’emplois apparaît comme une mise en scène grossière. L'Observatoire des contreparties est aux contreparties ce que l’Osservatore Romano est aux miracles et aux apparitions, une instance aussi fantomatique que les phénomènes qu’elle est chargée d’observer.

 

Patrouille le long de la frontière en Arizona 
Patrouille le long de la frontière en Arizona © Reuters

N’ayant plus les moyens de provoquer la croissance, de contrôler la monnaie, les frontières, les gouvernements zombies essaient de susciter des effets de croyance. Comme le disait un riverain de l’Arizona vivant à proximité du mur construit sur la frontière avec le Mexique, « le gouvernement ne contrôle pas la frontière. Il contrôle ce que les Américains pensent de la frontière » (Wendy Brown, Murs, Les Prairies Ordinaires, p. 143). On peut en dire autant de la monnaie, de l’emploi et de l’activité…

Gouverner aujourd’hui, c’est contrôler la perception des gouvernés. Lorsque le président réunit au sein du « conseil stratégique de l’attractivité » 34 représentants du monde économique, réputés détenir, à l’instar des 40 voleurs de la fable d’Ali Baba, le « sésame » de la croissance, l’objectif n’est pas de bâtir un programme d’investissement mais de « rendre la France plus désirable », résume-t-on à l’Élysée.

De la promesse d’une inversion (de la courbe du chômage) au retour sans cesse différé (de la croissance), de l’annonce d’un remaniement entretenue par les rumeurs et les pronostics à l’attente d’un rebond dans les sondages, de « chocs » de simplification en « sursaut » courageux et de « cap » en « tournant », la vie politique de ce quinquennat se dévoile comme une gestion stratégique des attentes non satisfaites… À l’instar des incantations supposées faire advenir un climat favorable, des chants rituels en faveur des moissons ou d’une bonne récolte, l’efficacité magique apparaît comme un objet de croyance. D’ailleurs, les grandes voix de ce gouvernement, celles qu’on entend le plus, ne jouent-elles pas sur le mode de l’incantation ? Valls l’exorciste de l’insécurité ; Montebourg le grand shaman du made in France ; Taubira la prêtresse qui convoque les esprits absents, l’imagination, la poésie, la justice…

L’action du gouvernement se donne à lire non plus comme la rencontre raisonnée d’une délibération collective et d’une puissance d’agir, mais comme une forme de pensée magique, tout entière vouée à convoquer par incantations et imprécations le retour définitif et durable de la croissance « aimée ».

Le néolibéralisme n’est pas seulement une idéologie et une politique, c’est une croyance collective, une religion profane qui demande à chacun d’être non seulement un producteur et un consommateur de soi, mais aussi un produit qui se vend, un publicitaire et un manager : le biographe de sa vie, le performer de ses attentes, l’entrepreneur de ses possibilités, tout à la fois sujet et objet et spectateur de soi… Nous sommes tous devenus d’une certaine manière des auto-entrepreneurs néolibéraux. Si les idées zombies du néolibéralisme n’arrivent pas à mourir, c’est qu’elles vivent dans nos têtes. C’est le secret bien gardé de leur longévité.

L'encre rouge de nos libertés

Après « le moment social-démocrate » des Trente Glorieuses, après « le moment néolibéral » des trois dernières décennies, comment qualifier le moment actuel ? Pour certains, la crise de 2008 nous ramènerait à celle de 1929. Pour les uns, nous sommes en 1928, pour d’autres en 1933, à la veille de la victoire électorale des nazis… Pour d’autres encore, en 1936, avec le Front populaire ; ou en 1938 pour ceux qui stigmatisent la ligne Maginot des politiques austéritaires et l’incompétence des Gamelin de la politique et des élites au pouvoir…

Selon le point de vue où l’on se place, la perspective historique change et il est bien difficile de synchroniser ces agendas mémoriels. Nous vivons dans un scénario intitulé « les années trente ». Nous sommes enrôlés, immergés dans une reconstitution historique, une fiction costumée peuplée de zombies à croix gammées et de revenants. C’est l’éternel rebond de l’impuissance patriote sur le mur tricolore, un patriotisme de pacotille, une cocardiopathie légendaire. C’est la France engluée dans ses mythes nationaux, un lyrisme de préau.

Il ne s’agit pas seulement des nostalgies d’un « vieux pays » mais du recyclage des vieux mythes, le « Checkpoint Charlie » de nos médailles et uniformes. Douglas Coupland, l’auteur du roman Génération X, appelait cette rémanence des habitus et des mythes le « mixage des décennies ». Lorsqu’on se trouve dans une situation d’impasse narrative, on se tourne vers les modes et les expériences passées et on se bricole une identité à partir d’emprunts aux décennies passées. Cela fut vrai depuis les années 1990 de la mode, de la scène musicale, de la culture de masse. C’est désormais aussi le cas de la politique. L’un se grime en Clemenceau. L’autre en Chevènement. Une troisième se verrait bien Jeanne d’Arc. Jaurès ou Léon Blum font des émules. L’écharpe rouge et le chapeau noir de François Mitterrand sautent d’une tête à l’autre… 

 

Ségolène Royal et Laurent Fabius en 2007 
Ségolène Royal et Laurent Fabius en 2007

C’est le moment « zombie » du politique, entre l’ancien qui est mort et le nouveau qui n’est pas encore né, et que l’on observe, comme l’écrivait Gramsci dans une phrase souvent citée et mal traduite, « les phénomènes morbides les plus variés ». C’est ainsi que les idées mortes marchent encore parmi nous…

Au mois d’octobre 2011, le philosophe Slavoj Zizek, qui s'était rendu sur Liberty Place pour rencontrer les militants d’Occupy Wall Street, leur a raconté une vieille blague de l’époque communiste :

« Un gars fut envoyé d'Allemagne de l'Est pour travailler en Sibérie. Il savait que son courrier serait lu par les censeurs, alors il dit à ses amis : "Nous allons établir un code. Si une lettre que vous recevez de moi est écrite à l'encre bleue, ce que je dis est vrai. Si elle est écrite à l'encre rouge, c'est faux." Un mois après, ses amis reçoivent la première lettre. Tout est en bleu. Elle dit, cette lettre : "Tout est merveilleux ici. Les magasins sont remplis de bonne nourriture. Les cinémas montrent des bons films de l'Ouest. Les appartements sont grands et luxueux. La seule chose que vous ne pouvez pas acheter, c'est de l'encre rouge." »


Slavoj Zizek à Occupy Wall Street 
Slavoj Zizek à Occupy Wall Street

« Voilà comment nous vivons, concluait Zizek. Nous avons toutes les libertés que nous voulons. Mais ce qui nous manque, c'est l'encre rouge : le langage pour exprimer notre non-liberté… »

 

Lire aussi

 

 

Source : www.mediapart.fr

 


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4 mars 2014 2 04 /03 /mars /2014 18:02

 

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Le crime paie !
Mardi 4 Mars 2014 à 05:00

 

Michel Santi*

 

Ceux qui respectent la loi et la morale sont appelés à disparaître alors que leurs rivaux peu scrupuleux se maintiennent grâce à des artifices et à des manipulations qui compriment leurs coûts, ou qui gonflent leurs bénéfices. En d’autres termes, il devient « trop cher » aujourd’hui d’être honnête !

Le crime paie !

La justice – ou plutôt les déficiences de la justice – serait-elle sur le point de déstabiliser le système économique et financier ? N’avez-vous pas remarqué comment les responsables des petites entreprises sont impitoyablement poursuivis – parfois jusqu’au harcèlement – pendant que la justice pénale peine à trouver des justifications et des motifs légaux dès lors qu’elle doit traiter le cas des intouchables, ces « too big to fails » ? Ce n’est pourtant pas les qualifications requises par nos juristes, analystes et autres experts qui font défaut ! L’Autorité des marchés financiers et les spécialistes du Code monétaire et financier en France, comme le « United States Attorney’s Office » aux USA ont en effet souvent décortiqué, démêlé et enquêté avec succès nombre d’affaires complexes dès lors qu’il s’agissait de crucifier le « menu fretin ». Une certitude, un constat : nous ne sommes pas tous égaux face à la justice, et les pouvoirs publics ne nous traitent pas tous pareils.

 

De quoi décourager les futurs créateurs d’entreprises et autres petits investisseurs car un système juridique partial – voire arbitraire – nuit fondamentalement à l’économie. Ciment de notre société, l’égalité face à la loi représente pourtant le préalable indispensable à un contexte économique et financier sain et équilibré. Dès lors que la prison n’est réservée qu’aux petits poissons et qu’à ceux qui, ma foi, n’ont « pas eu de chance », dès lors que le lien de cause à effet entre crime et punition est rompu ou même affaibli, la malfaisance et le vice sont érigés au rang de normes. Pourquoi être honnête et pourquoi se prescrire aux règles du jeu si les chances d’être mis à l’écart s’amenuisent ? N’est-il pas compréhensible – ou tout bonnement humain – que celles et ceux qui sont tentés par le délit empruntent cette voie si la sanction n’est pas systématiquement au rendez-vous ? Avec des conséquences dévastatrices car ceux qui se prescrivent aux lois sont incontestablement désavantagés et affaiblis dans une économie où règne la compétition féroce.

 

Ce rouleau compresseur des escroqueries et des malversations porte un nom, la théorie de « Gresham », qui fut décrite par George Akerlof et pour laquelle il obtint le prix Nobel d’économie en 2001 : « Les transactions malhonnêtes tendent à faire disparaître du marché les transactions honnêtes. Voilà pourquoi le coût lié à la malhonnêteté est supérieur au montant de la tricherie ; ce coût doit aussi inclure la perte relative à la faillite de l’intervenant légitime. » Cette contre-dynamique de Gresham – devenue aujourd’hui une dominante dans les marchés financiers – a donc pour conséquence une volatilisation de l’éthique au profit de la fraude, laquelle devient dès lors endémique. Ceux qui respectent la loi et la morale sont donc appelés à disparaître alors que leurs rivaux peu scrupuleux se maintiennent grâce à des artifices et à des manipulations qui compriment leurs coûts, ou qui gonflent leurs bénéfices. En d’autres termes, il devient « trop cher » aujourd’hui d’être honnête !

 

Pourquoi s’étonner dans un tel contexte que les intervenants et acteurs du système modifient progressivement leurs comportements du fait du glissement de ce ratio « risque-récompense » ? Ce déséquilibre de la justice n’est-il pas une aubaine pour celles et ceux qui, violant les règles, sont néanmoins en mal de justification morale ? La société dans son ensemble doit dès lors s’adapter à ce nouveau paradigme qui enseigne qu’il est « acceptable » de transgresser la loi. Selon cette même logique imparable, les « too big to fails » deviennent des « too big to jails », c’est-à-dire trop importants pour être emprisonnés… Ce constant très perturbant qui remet en cause la confiance en le système ne démontre-t-il pas aussi – en creux – que la protection de l’argent et des intérêts passe avant la protection des citoyens et de la société ? Véritable exhortation lancée en direction des établissements (financiers et autres) et de leurs directions pour former des cartels, pour manipuler les cours et les prix, escroquer et, ce, au mépris de la stabilité de nos économies. Même si cette clémence est souvent invoquée, précisément au nom de cette stabilité économique et financière, tant nos responsables sont hantés par les conséquences que pourraient avoir la mise en faillite d’une banque, ou la comparution en justice d’un personnage (économique ou politique) éminent.

 

A quoi bon dès lors obéir aux lois et aux règlementations si seuls les plus faibles et les moins protégés passent en jugement ? Quand le crime est légitimé, c’est l’Etat qui perd naturellement toute légitimité. Et il devient impossible de reconstruire le système financier sur le seul fondement qui compte et sur lequel il puisse prospérer : la confiance.

 

(*) Michel Santi est économiste, auteur de « L'Europe, chronique d'un fiasco politique et économique », « Capitalism without conscience » . Son dernier ouvrage est  «Splendeurs et misères du libéralisme»  (l’Harmattan).

 

 

Source : www.marianne.net

 

 

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4 mars 2014 2 04 /03 /mars /2014 17:36

 

 

Source : www.marianne.net

 

Boycottons l'élection européenne !
Lundi 3 Mars 2014 à 14:23

 

Par Léon Landini* et Jacques Nikonoff*

 

Seuls les citoyens qui se seront abstenus auront délégitimé l'union. Leur acte ouvrira un espace sans précédent aux luttes populaires.

 

SAUTIER PHILIPPE/SIPA
SAUTIER PHILIPPE/SIPA

L'Union européenne et sa monnaie unique martyrisent les peuples sous le talon de fer de l'austérité à perpétuité. Le 25 mai 2014, cette politique et ce système devront être sanctionnés. Le meilleur moyen sera de délégitimer l'UE, l'euro, les traités, la Commission, la Banque centrale européenne et le Parlement européen par une abstention massive, une véritable grève du vote. Le devoir de tout citoyen, lorsqu'une élection est organisée démocratiquement, et que son résultat peut avoir un effet politique sur les institutions, est d'utiliser son droit de vote conquis de haute lutte. Ce n'est pas le cas de l'élection au Parlement européen.

1. C'est le principe même de l'élection d'un parlement européen qui doit être récusé. Un parlement, à l'échelle européenne, n'a pas lieu d'être, car il n'existe aucun peuple européen susceptible, au moyen d'un Etat européen, de se former en communauté politique à l'échelle du continent et d'y exercer sa souveraineté. Si tel était le cas, les pouvoirs de ce parlement européen s'exerceraient nécessairement au détriment des pouvoirs des parlements nationaux.

 

2. Le vote du 25 mai 2014 sera totalement stérile puisque le Parlement européen n'a pas les pouvoirs de faire évoluer l'Union européenne. Il ne possède aucune des prérogatives d'un vrai parlement : il ne peut pas changer les traités qui fondent l'UE, ne peut pas voter l'impôt, n'a pas l'initiative des lois... En outre, que les libéraux, les sociaux-démocrates européens, les verts, le Parti de la gauche européenne gagnent des sièges, cela ne changera rien aux orientations politiques puisque l'eurodroite et la social-démocratie pilotent ensemble les travaux parlementaires.

3. Le boycott des élections européennes servira aussi à dénoncer le double jeu politicien du Front national. Ce dernier, en effet, d'un côté, prétend vouloir sortir de l'euro et de l'Union européenne et, d'un autre côté, veut entrer dans le système - dans lequel il est déjà entré par la présence de Mme Le Pen, députée européenne - pour se goberger comme les autres. Il cautionne ainsi et profite lui-même de ces institutions qui lui garantissent à la fois des revenus substantiels et son rôle de verrou du système politique. On comprend pourquoi, car, en réalité, le FN ne veut pas sortir unilatéralement la France de l'UE et de l'euro. La prétendue «sortie concertée et progressive» de l'euro prônée par Mme Le Pen perd toute portée pratique quand on sait que le FN la subordonne très officiellement au feu vert de l'Allemagne.

4. L'élection du Parlement européen n'est qu'une farce électorale. Elle n'a d'autre but que de simuler un acte démocratique et légitimer ainsi tout le système de l'UE. C'est un devoir citoyen de voter quand le suffrage sert à la souveraineté du peuple, c'est aussi un devoir civique de refuser de voter quand le suffrage vise à détruire la souveraineté nationale et populaire. D'ailleurs, comment se faire prendre deux fois au même piège ? En refusant de tenir compte du non français du 29 mai 2005 au traité constitutionnel européen, le système a démontré son caractère tyrannique et dictatorial. Aucune élection juste n'y est possible.

Face à cette entreprise d'effacement national et de régression sociale, aucune des grandes forces politiques françaises en lice lors des prochaines élections européennes ne porte de projet alternatif et progressiste. Certaines de ces forces annoncent leur participation à ces élections pour faire parler d'elles. D'autres, espérant obtenir quelques élus, veulent faire du Parlement européen une caisse de résonance à leurs revendications. Ce ne sont qu'illusions et diversions.

Illusions, car les grands médias ignorent les petites listes, tandis que l'absence de couverture médiatique des débats de ce parlement d'opérette interdit de donner le moindre écho aux mouvements eurocritiques. Diversions, car, en participant à ce simulacre électoral, ces forces politiques cautionnent le système européen qu'elles prétendent dénoncer par ailleurs. Seuls les citoyens qui se seront abstenus auront clairement délégitimé l'UE. Leur acte sera un coup de tonnerre politique ôtant toute crédibilité à l'Union européenne, la ridiculisant et ouvrant un espace sans précédent aux luttes populaires.

Le véritable enjeu de cette mascarade électorale sera donc l'abstention citoyenne. Le Comité national de résistance républicaine à l'Union européenne (CNRRUE) invite à la création de comités similaires dans les départements et localités. Le 25 mai 2014, le meilleur choix pour manifester son mécontentement à l'égard de l'UE sera de boycotter activement l'élection européenne !

 

Léon Landini* ancien officier FTP-MOI, médaillé de la Résistance et Jacques Nikonoff* professeur associé à Paris VIII

Paru dans le numéro 879
Source : www.marianne.net

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3 mars 2014 1 03 /03 /mars /2014 19:24

 

Source : www.mediapart.fr

 

Copé invente la transparence sous scellés

|  Par Ellen Salvi et Marine Turchi

 

 

Pour riposter au Point, Jean-François Copé a annoncé lundi la publication de « l’intégralité de la comptabilité » de l’UMP... mais seulement si les autres partis en font autant. En attendant, lesdits comptes seront placés « dans une pièce qui sera scellée par un huissier ».

La transparence… sous scellés. Mis en cause par l’hebdomadaire Le Point, qui a révélé jeudi que le président de l’UMP avait favorisé une société de deux de ses proches avec l'argent du parti, Jean-François Copé a répliqué dans une conférence de presse, lundi en fin de matinée. Après avoir annoncé la « mise à disposition de l’intégralité de la comptabilité » de l’UMP, « toutes ses dépenses et toutes ses recettes, en toute transparence », il a précisé que ces comptes seraient placés « dans une pièce qui sera scellée par un huissier ».

« Cette pièce sera réouverte » à une condition : « l’adoption » de deux propositions de loi (l’une concernant les partis, l’autre les médias) qu’il déposera dès la reprise des travaux de l’Assemblée nationale.

 

 

Sur le fond, Jean-François Copé n’a répondu à aucune des questions soulevées par l’enquête du Point. Au lieu de couper court à la polémique en mettant dès aujourd’hui les comptes de l’UMP à disposition de tous – ce qu’il aurait évidemment pu faire –, il a préféré jouer la diversion et renvoyer la balle aux autres partis et à la presse. En outre, il n’a fait aucune allusion à la plainte qu’il avait annoncé vouloir déposer en fin de semaine dernière.

Le patron de l’UMP a expliqué vouloir « faire siens les mots d’ordre de transparence et démocratie ». Pourtant, en décembre 2010, il s’était opposé, avec le président du groupe UMP à l’Assemblée Christian Jacob, à une peine pour les élus qui auraient sciemment fait une déclaration de patrimoine mensongère. Ils avaient dénoncé un danger de « populisme » à trop vouloir sanctionner les élus et fustigé des « déclarations démagogiques ». Les députés socialistes n’ont pas tardé à moquer les velléités de transparence du patron de l'opposition, en publiant sur Twitter l’analyse des scrutins du texte sur la transparence de l'activité des parlementaires, contre lequel 180 députés UMP – dont lui – avaient voté.

La première des deux propositions de loi annoncées lundi par Jean-François Copé demandera à chaque parti ouvrant le droit à des subventions publiques de mettre à la disposition de tous l’ensemble de leurs documents comptables, depuis 2007. Le patron de l’UMP a ajouté que cette proposition concernerait aussi les micro-partis au service des responsables politiques, dont le sien, Génération France, créé en 2006 et également visé par l’article du Point.

« J'inscrirai dans cette proposition de loi l'obligation de fournir l'intégralité des pièces comptables de la campagne de tous les candidats aux deux dernières élections présidentielles », a-t-il déclaré. En réalité, les comptes de tous les partis politiques sont déjà publics et disponibles sur simple demande auprès de la Commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques (CNCCFP), qui publie chaque année au Journal officiel un compte-rendu détaillé.

La seconde proposition de loi concernera quant à elle « tout organe de presse, dès lors qu’il bénéficie d’un quelconque financement des collectivités publiques ». Le président de l’UMP souhaite en effet que s’imposent aux patrons de presse les mêmes règles de déclaration d’intérêts que connaissent déjà les parlementaires.

La presse est bien l’ennemi numéro 1 de Copé (voir l'extrait vidéo ci-dessous). Le président de l’UMP a dénoncé des « réflexes de caste » et des « tartufes bouffis d’orgueil » qui « s’érigent en procureurs » et « préfèrent déformer qu’informer ». Le patron de l’UMP n’a pas lésiné sur les mots pour dénoncer la « chasse à l’homme » dont « (sa) personne et (ses) proches » seraient victimes. « Certains organes de presse n’hésitent pas à user des pires méthodes, des méthodes dignes de l’inquisition », a-t-il affirmé, parlant de « délectation perverse », de « vendetta », de « bûcher médiatique » et de « lynchage public ».

Pour lui, l’enquête du Point n’est rien d’autre qu’une « manipulation ». « Je ne suis dupe de rien, les Français non plus, a-t-il ajouté. Les ficelles sont tellement grosses à quelques semaines de scrutins très importants pour notre pays. »

 


 

Jean-François Copé avait annulé dimanche soir sa participation à l'émission de Jean-Jacques Bourdin sur BFM TV et RMC lundi matin. Le parti avait annoncé une « déclaration solennelle » du président de l’UMP. Au Monde, Copé avait expliqué qu’il entendait « se battre » pour démonter « les accusations mensongères du Point » concernant sa situation financière et « ses liens avec des agences de communication ».

Dimanche soir, après le communiqué de presse de l’UMP, Mediapart a contacté plusieurs figures du parti. Aucune d’entre elles n’était en mesure de dire ce que leur patron allait déclarer.

 

Source : www.mediapart.fr

 

 

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3 mars 2014 1 03 /03 /mars /2014 19:10

 

Source : www.marianne.net

 

L'intox ça suffit !

Compétitivité : l'embrouille du "1 million d'emplois"

 

Lundi 3 Mars 2014 à 05:00 

 

Le fameux pacte de responsabilité de François Hollande a bien du mal à se concrétiser. Et le patronat peut toujours promettre la création de 1 million d'emplois. Si personne ne vérifie...

Compétitivité : l'embrouille du "1 million d'emplois"
Rarement une annonce de politique économique aura fait couler autant de salive et d'encre que celle du pacte de responsabilité de François Hollande, lors de sa conférence de presse le 14 janvier. «Baisser les charges des entreprises de plus de 30 milliards d'euros», voilà un geste qui le qualifierait définitivement pour le titre de «président enfin social-démocrate», aux yeux des éditorialistes bien-pensants. Mais, si le pacte a été cuisiné à toutes les sauces de l'idéologie, son contenu réel peine à se concrétiser et fait apparaître plus d'embrouilles et d'intoxications que d'emplois et d'investissements. Tour d'horizon.

La compétitivité, oui, mais laquelle ?

L'histoire débute avec le rapport remis par Louis Gallois, en novembre 2012, qui conclut à une perte de compétitivité des entreprises françaises par rapport à celles d'Allemagne. Gallois préconise surtout «un choc de compétitivité» en abaissant le coût du travail sur les entreprises soumises à la concurrence internationale et de travailler sur la montée en gamme des produits français. L'idée : permettre aux industriels français de récupérer des marges bénéficiaires (au plus bas), pour leur permettre d'investir. Le raisonnement, séduisant et étayé, est néanmoins contesté par des économistes. Ainsi Philippe Askenazy estime-t-il que non seulement les statistiques européennes biaisent les comparaisons en matière de coût du travail, mais aussi que la dégradation de la rentabilité des entreprises (la marge, qui serait de 27 % en France contre 40 % en Allemagne) est peut-être le résultat de la fuite organisée des profits des grandes entreprises vers des pays voisins où l'impôt sur les sociétés est moins lourd. Par ailleurs, les statistiques ne prennent pas en compte le lourd prélèvement (100 milliards d'euros par an) opéré pour rétribuer le capital...

Le million d'emplois fantômes

La première embrouille arrive avec la mesure que tire le gouvernement du rapport Gallois : le crédit d'impôt compétitivité emploi (Cice), qui réduit de 20 milliards d'euros les cotisations sociales de toutes les entreprises sur les rémunérations jusqu'à 2,5 fois le Smic. Plus elles ont des salariés mal payés, plus elles empochent. Résultat, ce n'est pas PSA, industriel mal en point qui profite le plus du Cice, mais La Poste, puis Carrefour, Auchan, Leclerc, sans compter la restauration...
Lire la suite dans Marianne n°880. Ce numéro sera en vente à partir du 28 février 2014 jusqu'au 6 mars inclus au prix de 3 €. Vous pouvez le consulter dès le jeudi sur notre liseuse WebiOS      et Androïd, en découvrant nos offres d'abonnement numérique et intégral

Compétitivité : l'embrouille du "1 million d'emplois"
Source : www.marianne.net

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3 mars 2014 1 03 /03 /mars /2014 17:51

 

Source : www.politis.fr

 

 

Par Christian Jacquiau - 28 février 2014
Max Havelaar ou le pâté d’alouette équitable

 

 

 

Fairtrade-Max Havelaar, l’une des principales marques de commerce équitable, change son système de certification pour séduire les multinationales. Dans cette tribune, l’économiste Christian Jacquiau [1] analyse cette démarche controversée.

 

 

 « Jusqu’à présent, les enseignes n’ont pas cherché à faire du volume sur le commerce équitable en diminuant leur marge et le prix de vente. Mais si l’un des distributeurs venait à jouer ce jeu, les jours pourraient s’annoncer difficiles [pour qui] en connait les règles : réduire les marges pour faire des opérations promotionnelles et doper les ventes, puis se retourner vers le fournisseur en lui demandant une compensation financière s’il veut continuer à être référencé », avertissait avec lucidité en décembre 2003 un certain Pascal Canfin [1].

Le plan de soutien au commerce équitable (7 millions d’euros) annoncé il y a moins d’un an par le même Pascal Canfin, ministre délégué chargé du développement cette fois, affiche l’intenable ambition de tripler la consommation de produits équitables au cours des trois prochaines années en France. Il se traduit par « un soutien à la marque privée Max Havelaar et des incitations aux grandes surfaces pour qu’elles fassent des promos publicitaires en tête de gondole », selon Emmanuel Antoine de l’association Minga [2].

Où sont passées les belles promesses de ceux qui prétendaient « contaminer » l’ensemble des rayons des supermarchés d’une irréversible équité ? Le pari de transformer les géants de la distribution en authentiques philanthropes et de modifier les gènes des pousseurs de Caddies pour en faire de farouches militants de l’alterconsommation n’a pas été tenu.

Qu’à cela ne tienne ! La quotité d’équité contenue dans un produit pour qu’il puisse être logotisé par Max Havelaar sera désormais saupoudrée avec parcimonie sur davantage d’emballages, créant dans les rayons une progression manifeste de l’équitable en trompe... l’œil. Le cacao, le sucre et le coton sont visés par ces nouvelles normes Max Havelaar a minima [3]. Unilever, PepsiCo, Mars, Nestlé et même le hard discounter Lidl ont annoncé leur engagement à ses côtés pour ce programme équitable low-cost qui ne les engage qu’à peine.

Pourquoi cet affolement consistant à prendre dans l’urgence des positions sur un marché du cacao en pleine effervescence ? C’est que la pénurie se profile. La demande des pays développés est repartie à la hausse, dopée par la progression de la consommation des classes moyennes chinoises qui ne consomment en moyenne que 100 grammes de chocolat par an contre 6,3 kilos pour un français et 11 kilos pour un allemand. « Il faudra un million de tonnes de plus qu’aujourd’hui pour couvrir les besoins de la planète », explique le suisse Barry Callebaut, numéro un mondial du chocolat [4].

 

P DELISS/GODONG / PHOTONONSTOP

 

Commerce équitable ou pas, le prix des fèves de cacao va flamber dans les mois à venir face à la demande mondiale insatisfaite. Pour une fois, la fameuse « loi du marché » pourrait bien jouer en faveur des producteurs. Avec le risque qu’ils soient tentés de s’émanciper d’un commerce équitable devenu beaucoup moins attractif pour eux, au détriment des certificateurs... Pour gagner des parts de marché dans l’urgence, Max Havelar a réinventé la recette du pâté d’alouette. Prenez un bon vieux cheval (500 kilos en moyenne). Qu’il soit en provenance d’abattoirs roumains peu regardants ou d’ailleurs n’a ici aucune importance. Hachez le menu. Incorporez à la « farce » obtenue la chair tendre d’une frêle alouette (30 à 50 grammes) provenant d’un élevage certifié « équitable ». Mélangez. Salez. Poivrez. Vous obtenez un délicieux « pâté d’alouette » pour pigeons lobotomisés dans lequel « l’équité » pèse à peu près autant qu’une pincée de plumes.

Qu’on se rassure. Il n’y a aucun risque qu’un tel scénario puisse se produire. Spanghero a renoncé au cheval « pur bœuf » et Max Havelaar ne certifie pas encore les alouettes. Appliqué au cacao, au sucre ou au coton, la confusion pourrait bien en revanche fonctionner à plein. Une compote de pommes pourra en effet arborer désormais de façon bien visible sur son emballage les fières couleurs de Max Havelaar grâce à son label restrictif « Fairtrade Max Havelaar-programme sucre ». Peu importe les conditions sociales et sanitaires réservées aux cultivateurs, aux cueilleurs et aux transformateurs des pommes. Lorsque ladite compote passera en caisse, elle sera bien évidemment enregistrée comme « produit du commerce équitable » pour son prix de vente total au consommateur. Pas pour les quelques grammes de sucre qui lui autorisent de se référer à Max Havelaar. Pire encore. Les multinationales pourront utiliser le logo Max Havelaar dans leur communication hors emballage (sites Internet, rapports RSE, etc.) dès lors qu’elles incluront un minimum de matières premières certifiées.

Après le greenwashing voici venu le temps du fairwashing. L’équitable partout mais pour quelle équité ? En mettant en place un commerce équitable à plusieurs vitesses Max Havelaar organise une concurrence déloyale et inéquitable qui frappera en premier lieu ses concessionnaires les plus rigoureux et les plus exigeants (Artisans du Monde [5], Oxfam, Ethiquable, Alter Eco, etc.) au profit des marques de distributeur (MDD) et des géants de l’agroalimentaire. Laisseront-ils dépolitiser davantage la démarche sans réagir ?

[1] Les marchands d’équitable in Les coulisses du commerce équitable, Christian Jacquiau, Mille et une nuits, 2006.

[2] Le plan gouvernemental sur le commerce équitable : tout pour la façade ! , Emmanuel Antoine, Revue Nature & Progrès n° 94 (Septembre/Octobre 2013). L’association Minga a pour objectif d’agir pour une économie équitable.

[3] http://www.maxhavelaar.ch/fr/fairtr...

[4] Le monde risque une pénurie de cacao, selon Barry Callebaut, Marie-Josee Cougard, Les Echos, 29 Decembre 2011.

[5] La Fédération Artisans du Monde, premier réseau spécialisé de commerce équitable, s’est exprimée à une très large majorité (plus de 80 %) lors de son Assemblée générale réunie les 4 et 5 juin 2005 à Dijon, en faveur du choix exclusif des réseaux de distribution spécialisés et de proximité, de l’économie sociale et solidaire et des collectivités locales, rejetant toute idée de distribution de ses produits en inéquitables grandes surfaces.

 

Source : www.politis.fr

 

 

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3 mars 2014 1 03 /03 /mars /2014 17:39

 

Source : www.politis.fr


 

Par Thierry Brun - Suivre sur twitter - 27 février 2014
Les sources d’inspiration du Medef pour réformer l’assurance chômage des intermittents du spectacle

 

 

Le régime d’indemnisation du chômage, en particulier celui des intermittents du spectacle, fait l’objet d’un impressionnant travail de sape des think tank libéraux dans le cadre des négociations qui se déroulent au sein de l’Unedic. Ces organismes ont préparé le terrain, bien avant les propositions radicales du Medef, présentées le 13 février.

 

 

 

D’où vient la bombe adressée le 13 février aux partenaires sociaux par les négociateurs du Medef, lors de la troisième séance de discussion sur l’assurance chômage ? Ce jour-là, Jean-François Pilliard, délégué général de l’Union des industries et métiers de la métallurgie (UIMM), puissante fédération du Medef, déterminante dans l’élection de Pierre Gattaz à la tête de l’organisation patronale, a frappé fort en présentant aux syndicats de salariés un « document-cadre pour l’accord national interprofessionnel relatif à l’indemnisation du chômage ».

Ce document est le fruit de plusieurs mois de préparation des esprits en coulisse avec comme stratégie de mettre en cause le régime des intermittents du spectacle, jugé « coûteux » et « généreux » après une réforme de 2003 qui avait pourtant réduit les droits de cet acquis social. Jean-François Pilliard avait donné le ton dès l’ouverture des négociations, le 17 janvier, indiquant que l’assurance chômage « n’a pas vocation à financer la politique culturelle de la France ».

Le contenu explosif du document distribué par le négociateur en chef du Medef et vice-président de l’Unedic (organisme chargé de la gestion de l’assurance chômage) a certes été suivi d’une levée de bouclier et de manifestations organisées par les syndicats et associations représentant les intermittents du spectacle. La volonté de supprimer les annexes VIII et X de la convention d’assurance chômage, qui concernent les intermittents du spectacle, a suscité réactions et divisions jusqu’au sein de l’organisation patronale. Laurence Parisot, ex-présidente du Medef (dans une tribune intitulée : « Pourquoi il faut cesser de tirer sur les intermittents », publiée dans Les Echos, le 24 février), est montée au créneau pour défendre ce régime « spécial », une question « loin d’être un simple problème comptable ». Et a pris le contre-pied de Pierre Gattaz, qui préside le Medef, et prône la suppression pure et simple de ce régime.

Les propositions patronales ont été commentées jusque dans les couloirs de l’Élysée. Un proche conseiller de François Hollande a reproché au « brûlot » d’être contre-productif pour les patrons du Medef : « S’ils voulaient flinguer leurs idées, il ne faudrait pas s’y prendre autrement ». Et d’ajouter : « Qu’ils reprennent les idées de l’Institut de l’entreprise, c’est leur droit. Ce qui ne va pas, c’est le ton, c’est du gauchisme patronal ! » (dans Le Parisien du 14 février).

Que l’Institut de l’entreprise soit cité n’a rien de surprenant. Le chapitre relevant de « l’équité entre les demandeurs d’emploi », extrait du document du Medef, lui doit beaucoup : l’ « équité entre les salariés n’est pas respectée par le régime spécial des annexes VIII et X de l’assurance chômage », attaque l’organisation patronale, qui estime que « cette situation ne se justifie pas financièrement par le versement de cotisations complémentaires par les employeurs » relevant de ces annexes. L’organisation patronale propose « d’aligner le régime des annexes VIII et X sur le régime de droit commun rénové (mise en œuvre de droits rechargeables) ; de demander à l’État de prendre en charge, s’il considère qu’il relève de l’intérêt général de mieux indemniser les demandeurs d’emploi affiliés aux annexes VIII et X que ceux des autres secteurs, le surcoût de ce traitement plus favorable ».

Les éléments de langage des think tank

Les termes de cette proposition peuvent être revendiqués sans hésitation par plusieurs think tank. L’institut a pour sa part publié en 2013 une étude de l’économiste Bruno Coquet, intitulé : « Assurance chômage : six enjeux pour une négociation ». Ce spécialiste de la question (haut fonctionnaire au ministère du Travail, auteur d’un ouvrage sur l’assurance chômage) a étudié les origines du déficit de l’assurance chômage et pointe notamment les régimes des intermittents du spectacle et des intérimaires. « L’idée de l’étude de l’Institut de l’entreprise a été d’expliquer où se trouvent les problèmes. C’est aux partenaires sociaux de trouver des solutions à ceux-ci », explique l’auteur, dont les propositions sont identiques à celles du Medef sur le régime des intermittents.

Que l’Institut de l’entreprise fasse partie des think tank privilégiés par le Medef dans le cadre des négociations sur l’assurance chômage ne doit cependant rien au hasard. Présidé par Xavier Huillard, PDG de Vinci, le « think tank de l’entreprise » a parmi ses partenaires un grand nombre d’entreprises du CAC 40 qui sont aussi des adhérents du Medef. L’UIMM, fédération patronale dirigée par Jean-François Pillard, figure aussi dans cette liste, avec cette particularité que l’organisation patronale est l’une des fondatrices de l’Institut et participe au financement de l’Institut des hautes études de l’entreprise (IHEE).

D’autres organismes d’influence ont véhiculé quelques idées reçues sur le régime des intermittents du spectacle. La Fondation pour la recherche sur les administrations et les politiques publiques (Ifrap) est l’une de ces organisations qui distille la pensée libérale sur le régime d’assurance chômage, notamment en partenariat avec Le Figaro. Le 20 février, la Fondation a publié dans le quotidien de l’industriel Serge Dassault une « idée d’économie » qui consiste à « changer le régime des intermittents ». L’Ifrap impose l’idée d’un système dont la générosité est « excessive comparée à la situation des intérimaires, soumis à une précarité tout aussi grande sans bénéficier des mêmes avantages ».

Le think tank libéral relève « plus d’un milliard d’euros de déficit annuel » et préconise que « l’alignement du régime des intermittents sur celui de l’intérim entraînerait une économie de 320 millions d’euros par an », un chiffre non sourcé. Fin décembre 2013, deux semaines avant l’ouverture des négociations sur l’assurance chômage, l’Ifrap publiait un document pour économiser 5 milliards d’euros sur l’indemnisation des chômeurs, qui demandait « l’égalité des régimes » avec comme cible celui des intermittents et des intérimaires.

L’institut Montaigne a lui aussi abordé la question de l’assurance chômage pour décrire un système aux « conditions d’indemnisation généreuses ». Dans son rapport « Redonner sens et efficacité à la dépense publique : 15 propositions pour 60 milliards d’économies », publié en 2012, le think tank, qui bénéficie des soutiens de entreprises du CAC 40 membres du Medef, propose de « réformer de nouveau et sans complaisance le régime des intermittents du spectacle, responsable pour un milliard !, chaque année, du déficit de l’assurance chômage ». L’institut Montaigne estime que « les artistes et techniciens du spectacle continuent à bénéficier d’un régime d’assurance chômage (dit “des annexes VIII et X ”) beaucoup plus favorable que le régime de droit commun ».

Des affirmations contredites

« Parler d’un déficit d’un milliard, et d’un tiers ou d’un quart du déficit global de l’assurance-chômage revient à traiter les annexes VIII et X comme une caisse spécifique, en faisant fi du principe de solidarité interprofessionnelle. Que les précaires (intérimaires, CDD ou intermittents) reçoivent, à la différence des salariés en CDI, davantage de d’indemnités qu’ils ne versent de cotisation est la logique même », répond le député socialiste Jean-Patrick Gille, rapporteur de la mission d’information sur les conditions d’emploi dans les métiers artistiques.

Dans son rapport d’information, les analyses de l’économiste Bruno Coquet y sont mises à mal à plusieurs reprises. Le député rapporteur cite la direction de l’Unedic qui a simulé un « basculement » des intermittents du spectacle sur l’annexe IV de la convention d’assurance chômage, qui concerne les intérimaires. « En tenant compte de la baisse des cotisations, l’Unedic estime qu’en année pleine, la moindre dépense s’élèverait à 320 millions d’euros. Ce montant correspondrait donc au coût réel des règles particulières des annexes VIII et X de la convention d’assurance chômage ». Jean-Patrick Gille ajoute : « Ce coût n’est sans doute pas anodin mais il est bien éloigné du montant de un milliard d’euros qui semble désormais être gravé dans les esprits. On doit observer qu’il pourrait être mis en regard de la charge que constituerait, en son absence, l’attribution du revenu de solidarité active aux intermittents du spectacle si ceux-ci étaient exclus de l’indemnisation du chômage ».

Conflits d’intérêt et partis pris

Ces remarques, relevées parmi d’autres, construites à partir d’auditions des différents acteurs concernés par le régime d’indemnisation des intermittents du spectacle, sont occultées par l’Institut de l’entreprise, l’Ifrap et l’institut Montaigne, qui se définissent comme des organismes « indépendants », pourtant très proches du Medef. Au point que Pierre Gattaz, candidat à la présidence du Medef en 2013, en avait fait un enjeu de rassemblement « au-delà du Medef » dans son programme. Il y proposait « des outils communs à partager », notamment « un observatoire de l’état de la France avec les instituts et think tank intéressés (Institut de l’entreprise, Fondation Concorde, Fondation Condorcet, Ifrap, Institut Montaigne…) ».

Ces organismes très influents sont la principale source de propositions de l’accord national interprofessionnel relatif à l’indemnisation du chômage présenté par Jean-François Pilliard le 13 février. Cette vision exclusive de l’indemnisation du chômage sert de base de travail aux partenaires sociaux qui, certes, formuleront eux aussi leurs propositions le 27 février. La négociation sur l’assurance chômage apparaît biaisée en l’absence de la plate-forme du « comité de suivi de la réforme du régime d’indemnisation du chômage des intermittents » qui rassemble la plupart des organisations associatives et syndicales représentants techniciens, artistes de l’audiovisuel et du spectacle, ainsi que des parlementaires.

 

Extrait du rapport d'information sur les conditions d'emploi dans les métiers artistiques
Extrait du rapport d’information sur les conditions d’emploi dans les métiers artistiques

Les propositions du Medef masquent celles de la plateforme ainsi qu’un récent rapport commandé par le syndicat national des entreprises artistiques et culturelles (Syndeac), qui a pourtant souligné que les alternatives présentées par le comité de suivi « coûtent moins cher que le système actuel ». La coordination des intermittents et précaires d’Ile-de-France (CIP-IDF) pointe cette stratégie de radicalisation du Medef : « Il se pourrait bien que l’on cherche à rogner les droits de l’ensemble des “chômeurs en activité à temps réduit”, de plus en plus nombreux, et pas ceux des seuls intermittents du spectacle ». Nombre d’organisations s’interrogent aussi sur le cadre de ces négociations.

P.-S.

Photo : CITIZENSIDE/CHRISTOPHE ESTASSY / CITIZENSIDE.COM

 

 

Source : www.politis.fr

 


 

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