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4 mars 2014 2 04 /03 /mars /2014 22:45

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Source : www.reporterre.net

 

 

"L’agriculture biologique peut nourrir le monde"

Entretien avec Jacques Caplat

mardi 4 mars 2014

 

 

 

L’agriculture biologique n’est pas une aimable fantaisie de bobos en mal de verdure, mais une démarche apte à sortir l’agriculture européenne de l’impasse dans laquelle elle se trouve. Enjeu : nourrir neuf milliards d’habitants. Moyen : changer de paradigme, et sortir de la subvention aux machines. Entretien bousculant avec l’agronome Jacques Caplat.

 


 

L’agriculture biologique pourrait alimenter neuf milliards d’êtres humains et être plus productive que notre agriculture conventionnelle. C’est l’idée iconoclaste défendue par Jacques Caplat. Il est agronome, ancien conseiller agricole, fils d’agriculteur et auteur d’un ouvrage intitulé L’Agriculture biologique pour nourrir l’humanité (Actes Sud). Il y démonte les idées reçues sur l’agriculture biologique et rappelle que notre agriculture occidentale contemporaine n’est pas le seul modèle possible.

 

Reporterre – Voici peu, nous révélions qu’un collectif de scientifiques conteste le grand rapport de l’INRA (Institution national de recherche agronomique) sur l’agriculture biologique. Qu’est-ce que cela vous inspire-t-il ?

Jacques Caplat - Cette affaire témoigne du retard de l’INRA en matière de bio. L’INRA est une institution encore bloquée. Ceux qui ont signé cette lettre savent qu’au sein de cet institut quand on l’ouvre, ce n’est pas une bonne chose pour sa carrière.

Mais cela va encore plus loin. Le fait que dans un rapport prétendument sérieux, ils aient pris en compte le pamphlet d’un lobbyiste [Gil Rivière Wekstein, Le bio, fausses promesses et vrai marketing, Le Publieur éditions, 2011 - NDLR], pose un vrai problème de fond. Dans la plupart des centres de recherche dans le monde, si une structure ose mettre dans ses références un pamphlet politicien comme celui-là, c’est un discrédit complet et immédiat. Je ne peux pas prendre l’INRA au sérieux après un rapport comme ça.

La direction de l’INRA dit investir dans la recherche sur l’agriculture bio... Mais elle n’a jamais mis un centime de plus. Les rares travaux sur la bio à l’INRA ont quasiment tous été réalisés par des francs-tireurs. La direction de l’INRA est méprisante et désinvolte sur ce sujet.

Le Salon de l’agriculture vient de s’achever : que représente ce grand événement annuel, pour vous ?

Le Salon de l’agriculture est une opération de communication de l’agriculture conventionnelle et de l’agroalimentaire vis à vis du grand public.

Le salon donne au grand public une image fantasmée de l’agriculture : champêtre, sympathique, de terroir et proche des gens. L’entretien de ce mythe est un des fers de lance du mensonge autour de l’agriculture française. On cache sa vraie nature pour que le grand public ne se mobilise pas contre. On constate lors de chaque scandale sanitaire, ou sur les pesticides, que le grand public ne veut pas de l’agriculture telle qu’elle est aujourd’hui. Si l’agriculture était telle qu’on la voit au salon, ce serait génial !

Au milieu de cet immense salon, on trouve un petit stand dédié à l’agriculture biologique : est-il représentatif de la place de la bio en France ?

Cela représente la place de la bio au sein du monde agricole : minime. Si l’agriculture voulait vraiment laisser une place à la bio, celle-ci devrait être présente dans chaque partie du salon. Actuellement, il n’y a qu’un espace bio en un point donné, et quelques comme si c’était pittoresque.

Dans la préface de votre ouvrage, l’agronome Claude Aubert explique que l’agriculture conventionnelle ne peut pas nourrir le monde. Pourquoi ?

L’agriculture conventionnelle a été conçue en Europe pour l’Europe. On a un peu tendance en Europe à penser que l’agriculture, c’est notre agriculture. Mais il y a mille agricultures possibles. En Asie et en Amérique Latine, l’agriculture s’est construite autour des cultures associées. En Europe et au Moyen-Orient, elle s’est construite autour des cultures pures, telle que dans un champ de céréales, il y a une seule plante. Même les élevages sont spécialisés.

On a construit un système de sélection des semences uniquement basé sur le rendement, qui a totalement coupé les plantes de toute interaction avec le milieu : on se débrouille pour qu’il n’y ait pas le moindre animal ni la moindre maladie dans le champ.

Ensuite, ces plantes sont mises en culture. Si on les mettait dans la nature telles quelles, elles mourraient sans doute. Donc pour pouvoir les cultiver on est obligé de mettre énormément d’engrais et de pesticides afin de se rapprocher des conditions de la sélection.

De plus, les cultures pures permettent la mécanisation, ce qui supprime des emplois. A la fin de la seconde guerre mondiale, c’était considéré comme un avantage car cela permettait de libérer des bras pour reconstruire l’Europe – mais on n’est plus du tout dans cette problématique.

Donc, le système conventionnel c’est cela : des variétés sélectionnées complètement irréelles, que l’on cultive avec des engrais et des pesticides chimiques, dans un système très mécanisé. Le problème de ce modèle est qu’il demande que l’on reproduise au champ les conditions idéales de la sélection. C’est possible dans les milieux tempérés. Mais les trois quarts de la planète ne sont pas tempérés. Et c’est la grande imposture de l’agriculture conventionnelle quand elle a voulu se généraliser à l’ensemble de la planète sous le nom de "Révolution verte" : on a développé une agriculture conçue dans un contexte particulier et on l’a appliquée au monde entier.

Je suis effaré d’entendre des gens dire que le riz amélioré en Inde fait dix tonnes par hectare. Les paysans indiens que je connais ne font en moyenne que trois tonnes par hectare en conventionnel. Effectivement, les bonnes années, ils sortent dix tonnes. Mais deux années sur trois sont mauvaises... Et ces années-là, ils ne produisent qu’une tonne par hectare parce que, quand ça ne marche pas, ces variétés conventionnelles, ça ne marche vraiment pas...

 

- Culture de riz en Inde -

 

Donc ce système ne peut pas nourrir la planète. C’est pour cela qu’il y a entre 800 millions et un milliard de personnes qui souffrent de la faim dans le monde.

Votre ouvrage dénonce les idées reçues sur l’agriculture biologique. La plus répandue est sans doute que la bio serait juste une agriculture sans pesticides...

Si l’agriculture bio consistait simplement à supprimer la chimie, elle serait incapable de nourrir le monde. Si on garde l’agriculture conventionnelle, les variétés sélectionnées pour la chimie, des champs sans écosystème en culture pure, et que l’on enlève seulement la chimie, cela ne va pas être performant.

Alors qu’est-ce que l’agriculture bio ?

Il s’agit de remettre de l’agronomie dans l’agriculture. Le premier livre sur la bio (Fécondité de la Terre, par Ehrenfried Pfeiffer, publié en 1937) l’a définie comme la constitution d’un organisme agricole. C’est-à-dire en mettant en relation l’ensemble des éléments constituant une ferme. C’est un changement considérable, une démarche systémique, alors que la démarche européeenne était réductionniste.

Au lieu de se battre contre le milieu, l’agriculture biologique se sert du milieu. Un des points de départ est d’avoir des variétés ou des races d’animaux adaptées au milieu, qui doivent pouvoir y évoluer.

Deuxième élément fondamental : arrêter de partir des cultures pures qui sont le mode de production le moins performant du point de vue agronomique et chercher plutôt des cultures associées, c’est-à-dire plusieurs cultures sur la même parcelle, ensemble ou en rotation.

Mais l’agriculture bio ne perd-elle pas en performance ?

 

 

 

 


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