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29 avril 2016 5 29 /04 /avril /2016 21:35

 

Source : http://videos.leparisien.fr

 

Evacuation musclée de Nuit Debout place de la République à Paris

Vendredi 29 Avril 2016

 

Les manifestants du mouvement Nuit Debout ont été évacués sans ménagements, lacrymogènes à l'appui, de la place de la République à Paris par les forces de police. Plusieurs manifestants avaient construit un château en bois au milieu de la place. Plus tard dans la nuit, plusieurs petits groupes ont incendié des voitures en libre service Autolib et des scooter.

 

 

 

 

 

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29 avril 2016 5 29 /04 /avril /2016 01:53

 

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Biotechnologies

De nouveaux OGM, sans évaluation ni étiquetage, bientôt dans les assiettes ?

par

 

 

Les consommateurs européens sont majoritairement opposés à la consommation d’OGM. Une réticence qui a contribué à limiter l’importation et la commercialisation de plantes et semences génétiquement modifiées. Mais l’apparition sur le marché de nouvelles techniques de modification du génome pourrait changer la donne. La Commission européenne doit prochainement rendre un avis pour savoir si les organismes issus de ces techniques doivent être ou non couverts par la réglementation OGM. S’ils y échappent, ils pourront être cultivés sans évaluation ni étiquetage. Des organisations paysannes et environnementales lancent l’alerte.

Pour la première fois depuis vingt ans, la culture de plantes transgéniques diminue légèrement dans le monde [1]. Pas de quoi inquiéter pour autant les pro-OGM. L’Isaaa, organisation qui compte parmi ses contributeurs les grandes firmes agrochimiques mondiales (Monsanto, Syngenta, DuPont, Novartis,...), se réjouit de l’arrivée sur le marché de nouvelles biotechnologies végétales, regroupées sous le terme d’« édition du génome » [2]. Sept de ces techniques de modifications génétiques sont actuellement à l’étude par la Commission européenne, qui doit déterminer si les produits qui en sont issus sont ou non des OGM. Et donc s’ils doivent être couverts par la réglementation OGM. Si ce n’est pas le cas, ils échapperont aux procédures d’évaluation des risques, d’autorisation, d’étiquetage ou de suivi [3].

Pas simple pour le grand public de s’emparer de ce débat. Même les acronymes choisis pour qualifier ces techniques sont complexes et opaques : « NPBT » ou « NBT », pour New Plant Breeding Techniques, « Nouvelles techniques de sélection des plantes ». « C’est l’appellation des industriels, relève Daniel Evain de la Fédération nationale de l’agriculture biologique. Mais il ne s’agit en aucun cas de sélection ». Car ces nouvelles techniques vont bien au-delà : elles modifient le génome de la plante.

Les techniques utilisées jusqu’à présent pour fabriquer des OGM consistent généralement à prendre le gène d’une plante pour le mettre dans une autre – c’est la transgénèse [4]. Mais ces nouvelles techniques à l’étude ne font pas intervenir un gène extérieur : il est désormais possible de modifier les gènes à l’intérieur même des cellules des embryons de plantes. Ces techniques peuvent permettre d’éteindre des gènes, de les activer, de les muter ou de les répliquer.

Des enjeux économiques défendus par la FNSEA

Ces nouvelles techniques génèrent-elles ou non des OGM ? Selon la réglementation européenne, qui date de 2001, les OGM sont les organismes « dont le matériel génétique a été modifié d’une manière qui ne s’effectue pas naturellement par multiplication et/ou par recombinaison naturelle » [5]. « Nous avons avec ces nouvelles techniques, des procédés non naturels, ce sont donc des OGM », plaide Guy Kastler de la Confédération paysanne. Une analyse qui est loin d’être partagée par les défenseurs de ces techniques, qui mettent en avant l’absence de traces de manipulations dans le produit final issu des NPBT – ce qui n’est pas scientifiquement prouvé. Mais aussi le fait que ces produits sont obtenus par des techniques, comme la mutagénèse dirigée, d’ores et déjà exclues du champ d’application de la loi [6].

En France, plusieurs organisations dénoncent la « stigmatisation » dont ces nouvelles techniques font l’objet [7]. La FNSEA met ainsi l’accent sur « la précision » et « la rapidité » de ces techniques qui permettraient d’opérer des modifications « limitées » et « ciblées » du génome. Le syndicat insiste en particulier sur les enjeux économiques et agronomiques de ces biotechnologies qui rendent « plus rapide le processus de sélection de nouvelles variétés ». « Cela devrait à terme profiter tant aux agriculteurs qu’aux consommateurs et aux entreprises semencières françaises et européennes, aujourd’hui pénalisées par les exigences règlementaires qui, en Europe, pèsent sur les OGM », souligne la FNSEA. L’Isaaa confirme que sont d’ores et déjà développées des variétés de maïs résistants à la sécheresse, de colza tolérants aux herbicides, de blé et de riz résistants aux maladies, d’arachides sans allergènes... Autant de variétés qui pourraient échapper aux processus d’évaluation et d’étiquetage.

Risques de dissémination

« S’il y a une plus grande précision dans ces techniques, c’est uniquement à l’échelle de la pipette, réagit le chercheur Christian Vélot, docteur en biologie, membre du Comité de recherche et d’information indépendantes sur le génie génétique (Criigen) et de l’association Sciences Citoyennes. « Quelle que soit la nature de la modification et sa précision, on est incapables de prévoir les effets à court, moyen et long terme. Se restreindre à l’échelle de la manipulation elle-même, c’est un déni de connaissance et une vision simpliste du vivant. Il faut prendre en considération l’organisme dans sa complexité, dans ses interactions et dans son environnement. »

Les opposants à ces techniques redoutent leur dissémination dans la nature, d’autant plus que des brevets pourraient être déposés sur les variétés ou les « traits génétiques » issus de ces techniques. « Nous avons besoin d’un étiquetage pour que les consommateurs sachent ce qu’ils ont dans leurs assiettes, et pour être en mesure de retirer la marchandise du marché s’il y a un problème », appuie Guy Kastler.

Modifier l’ADN, une technique « à la portée de tous »

Parmi les différentes techniques de modification du génome, l’association Isaaa juge « prometteuse » la plus récente, dénommée « CRISPR-Cas9 ». Ce mécanisme d’assemblage d’une séquence d’ADN – qui permet de faire des sortes de copier/coller génétiques – est de plus en plus utilisé. Cette technique serait même tellement simple à mettre en œuvre et peu coûteuse qu’elle rendrait la modification de l’ADN « à la portée de tous » [8]. La manipulation du génome figure pourtant dans la liste des menaces jugées les plus importantes aux États-Unis, selon un rapport du renseignement américain [9]. En cause, « le risque de création d’agents ou de produits biologiques dangereux » qui découle de l’utilisation inconsidérée de ces techniques.

Le risque que cette technique soit utilisée sur des cellules reproductrices, et donc que ces modifications soient transmissibles et puissent orienter l’évolution d’une espèce, a conduit le Comité international de bioéthique de l’Unesco à appeler en octobre 2015 à un moratoire sur les modifications touchant à la part héréditaire du génome humain. Pour les organisations paysannes, ce moratoire devrait aussi s’étendre aux plantes et semences. « Les techniques proposées agissent directement sur les cellules reproductrices des semences », insiste Daniel Evain de la Fédération nationale de l’agriculture biologique.

Démissions en série au Haut conseil des biotechnologies

Qu’en dit la Commission européenne ? Elle annonce depuis de nombreux mois un avis juridique sur ces NPBT. Mais sa publication est sans cesse reportée. La Commission attend notamment les positions des gouvernements. En France, l’avis des ministères de l’Agriculture et de l’Ecologie se fonde sur les travaux du Haut conseil des biotechnologies (HCB), créé en 2009 [10]. Problème : ces dernières semaines, les démissions se sont multipliées au HCB. Les origines de la discorde remontent au 16 décembre 2015. Les membres du comité scientifique sont invités à commenter un rapport sur ces nouvelles techniques reçu cinq jours avant. Celui-ci résulte du travail entamé depuis deux ans par six experts, à la « neutralité relative » selon une enquête menée par le site Inf’Ogm, puisque certains experts sont en situation de conflit d’intérêts [11]. Lors de cette réunion, les membres du comité scientifique ne savent pas à quoi servira leur discussion. Ils apprennent par la suite que les résultats de cette discussion ont le statut d’avis officiel, transmis au gouvernement, relate au journal Le Monde le chercheur Yves Bertheau, membre du comité scientifique.

Yves Bertheau juge que les effets des modifications non intentionnelles du génome des plantes (dits « effets hors cible ») sont insuffisamment abordés dans le texte [12]. En outre, le texte considère que la plupart des variétés issues de ces techniques devraient être « exemptées d’évaluation des risques », car on ne peut les distinguer des variétés dites « conventionnelles ». Une analyse contestée par Yves Bertheau, qui demande la possibilité de publier un avis divergent, en annexe de ce qui est devenu un avis officiel du HCB. Cela lui est refusé, au motif que les divergences en question n’ont pas été discutées en séance. Il dénonce un « détournement de procédure » et donne sa démission mi-février.

Le gouvernement français ne veut pas soumettre ces techniques à la réglementation OGM

C’est pourtant sur ce texte que vont s’appuyer les ministres de l’Environnement et de l’Agriculture. Dans un courrier du 22 février consulté par Basta !, les ministres demandent au Haut conseil des biotechnologies de proposer un nouvel encadrement pour ces techniques. En clair, le gouvernement écarte ces techniques de la réglementation OGM [13]. Et suggère que des « pistes intermédiaires » soient proposées pour encadrer l’usage de ces techniques. « C’est un enfumage total qui va permettre au gouvernement de s’appuyer sur un vrai faux avis scientifique pour défendre cette position à Bruxelles », dénonce Patrick de Kochko, du réseau Semences paysannes.

Cette décision du HCB a pourtant toutes les apparences d’un vrai avis officiel : elle est alors publiée sur son site internet dans la rubrique « avis ». Curieusement, elle n’est plus disponible à cet emplacement et apparaît désormais dans la rubrique « publications ». « Il n’y a pas eu de saisine, et aucun des deux comités n’a été averti qu’il devait rendre un avis, dénonce Patrick de Kochko. « La façon de travailler au HCB est inacceptable ! ». Il décide de démissionner à son tour le 9 avril de la vice-présidence du Comité économique, éthique et social [14]. Il est suivi quatre jours plus tard par sept organisations paysannes et de la société civile [15]. « On a besoin que ce débat soit porté au HCB, car les problèmes posés par ces techniques en termes de risques économiques, environnementaux et sociaux doivent être évalués », souligne Bénédicte Bonzi des Amis de la Terre.

« Nouveaux OGM : non merci ! »

Après huit ans de controverses sur le statut de ces nouveaux OGM, la Commission européenne devrait donc prochainement décider de l’exclusion ou non de ces techniques de la réglementation OGM. Elle aura reçu par la France ce « vrai-faux avis » contesté. « On ne peut pas nous demander d’être consensuels sur ce sujet, ajoute Bénédicte Bonzi. Il y a un choix de société à faire qui aura des conséquences irréversibles. » « Des changements aussi brutaux de rythmes d’évolution doivent s’évaluer globalement et pas au cas par cas », appuie Frédéric Jacquemart, président du groupe international d’études transdisciplinaires. Les organisations démissionnaires du HCB viennent de lancer une pétition européenne intitulée « Nouveaux OGM : non merci ! ». Elles demandent que les ministères français de l’Environnement et de l’Agriculture ainsi que la Commission européenne « ne laissent planer aucun doute sur le fait que les nouveaux OGM issus de techniques d’édition de gènes ou d’autres techniques doivent être soumis à la réglementation européenne sur les OGM. » Pour Bénédicte Bonzi, « la mobilisation contre les OGM, ce n’est pas du tout fini, même si on essaie de les appeler autrement. Il faut se remettre en ordre de bataille. »

@Sophie_Chapelle

Photo de une : action le 6 avril 2016 devant le siège du Haut conseil aux biotechnologies / CC Sophie Chapelle - Basta !

Notes

[1Les surfaces OGM passent de 181,5 millions d’hectares en 2014 à 179,7 millions d’hectares en 2015. Source.

[2L’Isaaa (International service for the acquisition of agri-biotech applications) est une organisation non gouvernementale pro-OGM qui est à l’initiative d’un rapport annuel sur les surfaces cultivées en OGM. Malgré son manque de neutralité, ses statistiques sont les seules à donner une image de la place des OGM dans le monde. Son communiqué sur ces nouvelles biotechnologies végétales

[3Les 7 techniques sont les suivantes : technique des nucléases à doigt de zinc (ZFN-1, 2 et 3), Mutagénèse dirigée par oligonucléotides (ODM), Cisgenèse / Intragenèse, Méthylation de l’Adn dépendante de l’ARN, Greffe (sur un porte-greffe GM), Amélioration inverse, Agro-infiltration.

[4A noter que dans les plantes transgéniques « classiques », le gène « étranger » ne vient pas forcément d’une autre plante. Pour la très grande majorité des plantes agricoles transgéniques (plantes Bt et plantes tolérantes au Roundup), le transgène provient d’une bactérie du sol (bacillus de thuringiensis pour les plantes Bt et agrobacterium tumefaciens pour les plantes tolérantes au Roundup).

[6La réglementation européenne sur les OGM est très claire : elle exclut de son champ d’application les variétés obtenues par mutagénèse. Des plantes rendues tolérantes aux herbicides par cette technique, comme le colza et le tournesol, sont ainsi cultivées en France. Ces variétés sont présentées comme des plantes issues de sélection classique et échappent donc aux contraintes appliquées aux OGM. Voir notre reportage Les plantes mutées arrivent en force.

[7C’est le cas notamment de la FNSEA (syndicat professionnel majoritaire dans la profession agricole en France), du Groupement national interprofessionnel des semences (Gnis), de Coop de France, des Jeunes Agriculteurs, et de l’Union française des semenciers, qui ont rendu une position commune au Haut Commissariat au Biotechnologies sur les NPBT. Voir leur position ici (pages 24 à 44).

[8Lire cet article de La Recherche

[9Télécharger le rapport et voir cet article de BigBrowser sur le site du Monde.

[10Ce conseil est composé d’un comité scientifique avec une quarantaine d’experts qui rendent des avis pour éclairer le gouvernement, et d’un comité économique, éthique et social qui s’appuie sur cet avis pour émettre des recommandations. Le comité économique, éthique et social du HCB est composé d’élus, de représentants d’organisations professionnelles, de salariés, d’associations de protection de l’environnement, d’associations de défense des consommateurs et de personnalités qualifiées.

[11Inf’OGM décrypte les liens étroits entre les experts du groupe de travail que le HCB a mis en place et les intérêts financiers liés aux nouvelles techniques. Lire leur enquête : HCB : une neutralité très relative sur le dossier des nouvelles biotechnologies

[12Télécharger le texte du comité scientifique qui souligne notamment à la page 20 : « comme les techniques s’améliorent, en-deçà d’un seuil, le nombre des modifications hors-cible ne sera pas différent de celui des variations naturelles de séquence, il ne sera alors pas possible de faire une différence avec ces variations naturelles ».

[13Interrogée à l’Assemblée nationale sur les nouvelles techniques de modification génétique des plantes, la ministre de l’Ecologie, du Développement durable et de l’Energie répond le 8 mars 2016 : « L’analyse du HCB montre ainsi que la réglementation relative aux OGM ne devrait pas s’appliquer à certaines nouvelles techniques ». Source

[14Télécharger la lettre de démission de Patrick de Kochko.

[15Voir le communiqué de presse relatif à cette démission, de la Fnab, les Amis de la terre, la Confédération paysanne, France Nature Environnement, Greenpeace, Réseau semences paysannes, Unaf

 

 

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29 avril 2016 5 29 /04 /avril /2016 01:47

 

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Optimisation fiscale

Procès Luxleaks : journalistes et lanceurs d’alerte sur le banc des accusés à la place des multinationales

par

 

 

 

Qui devrait être assis sur le banc des accusés ? D’un côté de la barre, PricewaterhouseCoopers, un cabinet de conseil luxembourgeois dont la spécialité est de permettre d’éviter à ses clients de payer des milliards d’euros d’impôts. De l’autre, deux anciens salariés de ce cabinet et un journaliste, déterminés à dénoncer ces pratiques à la limite de la légalité et moralement condamnables. Et pourtant ce sont bien ces trois hommes qui risquent entre cinq et dix ans de prison lors du procès qui se déroule jusqu’au 4 mai au tribunal correctionnel du Grand-duché. Voyage en car avec les proches et soutiens d’Antoine Deltour, partis de Lorraine pour venir encourager le lanceur d’alerte.

Malgré la pluie et le réveil aux aurores, Pierre, 32 ans, s’est motivé comme il a pu pour partir de Nancy dans le car des soutiens à Antoine Deltour, le lanceur d’alerte lorrain à l’origine des révélations sur les montages fiscaux de son ancien cabinet d’audit et d’expertise comptable, PricewatershouseCoopers. Des montages fiscaux qui ont permis à 340 grandes entreprises – dont les françaises LVMH, AXA, BNP Paribas ou encore Crédit Agricole... – de réduire considérablement leur avis d’imposition, de manière légale du point de vue du droit européen. « La pluie et le lever à 5 heures du mat’ me causaient bien des hésitations au moment de réserver une place dans le car, explique le jeune homme. Pour me donner du courage, j’ai pensé à Antoine Deltour qui ne s’est pas dit, au moment d’envoyer ses documents au journaliste : "Ah merde, il pleut, j’ai pas envie d’aller à La Poste"... Il risque dix ans de sa vie, un million d’euros d’amende, une partie de sa carrière à cause de l’affaire LuxLeaks. Je pouvais bien me faire un peu violence une matinée. »

Auditeur financier entre 2008 et 2010 pour PricewatershouseCoopers (PwC), Antoine Deltour a, juste avant son départ, copié des centaines de tax rulings. Ces fameux rescrits fiscaux, passés entre l’administration fiscale du Luxembourg et les multinationales, permettent à ces dernières de réduire considérablement leurs taxes sur les bénéfices – parfois moins de 3 % au lieu de 28,88 % ! Édouard Perrin, journaliste pour l’émission Cash Investigation n’a pas dévoilé ces documents compromettants, mais les a mis en avant dans son reportage diffusé sur France 2 en mai 2012 « Paradis fiscaux : Les petits secrets des grandes entreprises », à la suite duquel PwC a porté plainte. Les deux hommes, ainsi qu’un autre ex-salarié de PwC, sont poursuivis pour avoir commis ou être complices de « vol domestique », d’« accès frauduleux dans un système informatique », de « divulgation de secrets d’affaires » et de « violation du secret professionnel ». C’est justement à la première des six demi-journées de procès prévues au tribunal correctionnel de Luxembourg que nous nous rendons. Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’Antoine Deltour a ses supporters.

 

Ils ont connu Antoine « tout petit »

« J’imagine que s’il était condamné, cela ne pourrait être qu’à une peine extrêmement légère, parce qu’il y aurait des levées de boucliers énormes. Il suffit de voir la facilité avec laquelle on a rempli un bus et mobilisé les gens. Il y a quand même plus de 110 000 signatures à la pétition... [qui a depuis dépassé les 170 000 signataires] », explique Jean-Luc Tonnerieux, membre actif du comité de soutien. Retraité, cet ancien « petit patron d’une scierie » brandit et vend dès 6 heures du matin les tee-shirts officiels « Je soutiens Antoine ». A ses yeux, les 59 places du car et la voiture-balai chargée de ramasser les personnes supplémentaires constituent un indice assez fiable pour mesurer la mobilisation.

 

« Hier, j’ai passé la journée à organiser le départ en car, à passer et recevoir des coups de fil, poursuit Jean-Luc Tonnerieux. C’est un boulot à temps complet ! Mais j’ai fait ça avec un gigantesque plaisir, car pour moi c’est de l’action militante. » L’homme a connu Antoine « tout petit », car il militait avec son père, Jean-Paul Deltour, dans les années 70-80 au sein du mouvement écologiste à Épinal. « Jean-Paul a été candidat aux élections législatives de 80. J’ai même fait campagne avec lui aux législatives de 1997 pour les Verts. » D’autres ont connu le père du lanceur d’alerte via l’association Vosges Écologie, devenue Vosges Nature Environnement. Alors, forcément, le plus gros des troupes – 37 personnes – vient d’Épinal.

« C’est scandaleux qu’on juge aujourd’hui la personne qui a révélé l’évasion fiscale »

Mon voisin de droite, lui, est venu de Lucey, « village viticole » situé près de Toul. Michel Goujot, agriculteur, producteur de fruits, travaillait, jusque pas plus tard qu’hier, pour sa petite exploitation de 10 hectares. Son premier jour officiel en retraite, il le passera donc à soutenir Antoine Deltour. Chose naturelle pour lui : « Quand j’étais conseiller agricole pour la chambre d’agriculture de Moselle en 1976, je prévenais les agriculteurs qu’en leur revendant des semences de maïs, on leur mettait également des engrais chimiques, du désherbant et un insecticide très dangereux. Un paysan avait failli en mourir en l’inhalant ! Mais mon chef m’a demandé de fermer ma gueule. Cela revenait pour moi à être obligé d’être complice d’empoisonnement. J’ai démissionné. » Évidemment, lorsqu’il entend Antoine Deltour lors d’une conférence à Nancy, l’histoire du jeune homme de trente ans fait écho à la sienne.

Sans cette réflexion injuste de son supérieur, la carrière de Michel Goujot n’aurait jamais pris cette tournure. « Puisque j’étais grillé pour retrouver un boulot du même genre, ça m’a rendu ma liberté. C’est comme ça que je me suis tourné vers l’agriculture biologique, sans désherbant ni pesticide. Un salarié ne peut pas dire ce qu’il pense ! Regardez Antoine Deltour... » Le jugement de l’affaire LuxLeaks semble tellement grossier qu’il a le mérite d’être rassembleur. « C’est scandaleux que ce soit la personne qui a révélé l’évasion fiscale qu’on juge aujourd’hui », résume un organisateur, pendant la pause, sur une aire d’autoroute. Pierre, qui participe aux opérations menées par les « faucheurs de chaises », souligne aussi le paradoxe : « Aujourd’hui, on en arrive à désobéir juste pour demander que la loi soit respectée et que les entreprises payent leurs impôts... »

La petite dame du grand cabinet d’experts comptables

A l’arrivée (en retard) au palais de justice de Luxembourg, la salle d’audience est pleine, tout comme la salle annexe de 60 places qui retransmet la vidéo en direct. À l’écran, une dame apparaît, tête rentrée dans les épaules, regard obstinément bas. Elle lit d’une voix monocorde et placide ses fiches à la barre. Sauf, bien entendu, lorsqu’il s’agit de répondre à une question d’un avocat de la défense. Exercice durant lequel elle démontre une capacité d’improvisation limitée – « Je ne peux pas répondre à cette information précise », botte-t-elle souvent en touche. Il s’agit d’Anita Bouvy, auditrice interne pour PricewaterhouseCoopers, chargée de retrouver la personne à l’origine des fuites de son entreprise au lendemain du reportage de Cash Investigation.

Pendant de longues minutes, on s’interroge sur « l’architecture », et même « l’arborescence » des recherches d’Antoine Deltour dans le logiciel interne de PwC. On se demande comment il a pu accéder à tel ou tel « folder » [dossier]. On titille – a-t-il ouvert un « gros fichier » d’un coup ou « ouvert répertoire après répertoire » ?. On essaie de donner du sens à son geste. Le tout pour répondre à la grande question, ici formulée par l’avocat d’Antoine Deltour : « Est-ce qu’il a recherché activement ou non ces données confidentielles ? » « Je ne peux pas l’affirmer, répond Anita Bouvy. Je pense que la question doit être posée à monsieur Deltour. »

Des documents « secrets » pas si inaccessibles

Elle le sera, mais pas avant ce jeudi, jour du passage à la barre des prévenus, pour confronter leur témoignage à la version d’Anita Bouvy. Mais pour les proches d’Antoine Deltour, la réponse est évidente : l’intention initiale de celui-ci n’était pas de fouiller le serveur de PwC dans le but de tomber à tout prix sur les tax rulings. « Antoine allait quitter PwC, commente son père à la sortie du tribunal. Il est tombé dessus alors qu’il cherchait des documents destinés à lui servir dans sa reconversion actuelle (analyste au sein de l’administration française, ndlr). » Le 13 octobre 2010, la veille de son départ donc, il tombe sur 45 000 documents contenant 400 des fameux tax rulings et les copier. « Il n’a jamais voulu stigmatiser son employeur ni le Luxembourg, il voulait dénoncer un système qui existe en Europe, poursuit Jean-Paul Deltour. Beaucoup de boites d’audit fabriquent des arrangements fiscaux entre les multinationales et les administrations fiscales. »

À la barre du tribunal, Philippe Penning, avocat d’Antoine Deltour, demande à l’auditrice de PwC : « Combien de personnes peuvent accéder en moyenne à un même ATA (tax ruling) ? »
Quelle est la pertinence de la question ?, demande, pour la énième fois, le président du tribunal. Comme si chaque point soulevé par la défense était hors de propos.
Tout dépend du client. En moyenne 10, mais ça peut être plus, ça peut être moins, répond approximativement Anita Bouvy.
Si vous ne pouvez pas répondre, vous ne pouvez pas répondre », l’encourage le président. Qui coupe souvent la défense dans son élan par un flegmatique « Question suivante ! » ou « Avançons s’il vous plaît ».

Si l’avocat d’Antoine Deltour insiste sur ces traces informatiques (les « logs »), c’est parce qu’il affirme que les fameux tax rulings ont été vus en moyenne 649 fois, en deux ans. Bien loin des 10 accès lancés à la louche par l’auditrice interne. Il n’était donc pas si difficile d’accéder à ces documents « secrets »...

Centmilledollarsausoleil@gmail.com

Autre prévenu dont il a été question : Raphaël Halet, ex-salarié de PwC, qui a lui aussi transmis des infos à Édouard Perrin, le journaliste de Cash Investigation. La discrétion de cet homme dont le nom n’a été révélé que très récemment, s’explique plus clairement désormais... « Si Raphaël Halet s’engage à collaborer avec nous, on s’engage à ne lui demander de verser qu’un euro de dommages et intérêts, symboliquement », reconnaît Anita Bovy, tout en se dispensant de préciser qu’un accord signé, devant huissier en décembre 2014, entre PwC et Raphaël Halet menaçait ce dernier de poursuites s’évaluant à... 10 millions d’euros !

Pour éviter que sa source ne soit identifiée, Édouard Perrin proposera, en octobre 2012, à Raphaël Halet d’utiliser un procédé judicieux : placer les rulings en pièce jointe d’un e-mail, sans toutefois l’envoyer, mais en le conservant dans les « brouillons ». Édouard Perrin n’a plus qu’à se connecter sur le compte et à récupérer les pièces jointes. Juridiquement parlant, Raphaël Halet n’a envoyé aucun e-mail. Malheureusement, fin 2014, un huissier découvre la combine alors qu’il est envoyé chez Raphaël Halet, par le tribunal de grande instance de Metz, pour vérifier le contenu de ses ordinateurs. Étrangement, le procès-verbal rédigé par l’huissier ne figure pas dans le dossier. Maître Penning le signale : « Si PwC a payé un huissier pour faire un constat, c’est que ce PV comporte des choses importantes... » Le président esquive la remarque : « Autre question ? » Mais l’avocat insiste : « Est-ce que quelqu’un sait si un PV a été dressé par un huissier de justice ? » Conclusion mémorable du président : « Je crois que tout le monde le sait, mais personne ne l’a. »

Aucune commission d’enquête lancée par le Parlement européen

En se concentrant sur l’intention d’Antoine Deltour de vouloir dénoncer des montages financiers de PwC ou sur la relation entre Édouard Perrin et Raphaël Halet, l’autre ex-salarié de PwC qui lui a fourni des tax rulings, la justice luxembourgeoise décale totalement le débat provoqué par les lanceurs d’alerte. Celui de ces pratiques fiscales qui permettent à des entreprises d’échapper en partie au fisc. Elle préfère se demander, durant ces six demi-journées d’audience, s’il y a eu ou non « violation du secret professionnel, violation de secrets d’affaires ». Alors que, comme le souligne Paul Moreira, fondateur de Premières lignes, la société productrice de l’émission Cash Investigation, « ces deux chefs d’inculpation, au Luxembourg, c’est quasiment une définition de notre travail » [1].

À côté de cet enjeu de façade, donc, aucune commission d’enquête n’a été lancée par le Parlement européen, regrette le père de Antoine Deltour. « Autant les enquêteurs ont fouillé la vie privée d’Antoine en épluchant ses mails, autant il n’y a pas eu d’enquête pour savoir si les tax rulings étaient légaux ou pas. Il y a bien eu une commission spéciale sur les rescrits fiscaux, appelée TAXE, mais pas de commission d’enquête. Il y a un blocage, une protection des multinationales. » Et le frère d’Antoine de préciser : « La commission TAXE n’a pas le même mandat et a moins de pouvoir d’investigation qu’une commission d’enquête, c’est une nuance juridique. »

Pour une jurisprudence pour les lanceurs d’alerte

Parmi les soutiens qui attendent Antoine Deltour à la sortie de l’audience, une autre petite troupe est venue de loin. Représentants d’organisations appartenant à la Plateforme Paradis fiscaux et judiciaires, ils sont une vingtaine à faire une allée d’honneur aux côtés des autres soutiens aux héros du jour, tandis que les équipes de tournage de plusieurs chaines télévisées s’agglutinent autour d’eux.

« Il faut rendre publics les rescrits fiscaux, exiger la publication des informations sur les impôts que paient les multinationales et les activités qu’elles mènent dans tous les pays où elles sont présentes... », lance Lucie Watrinet de l’ONG CCFD-Terre Solidaire, qui coordonne la Plateforme Paradis fiscaux et judiciaires. La jeune femme est venue en soutien, avec l’espoir que ce procès soit un premier pas vers une jurisprudence pour les lanceurs d’alerte. Elle attend beaucoup de la loi Transparence, lancée par Michel Sapin, qui sera examinée le 7 juin en séance à l’Assemblée nationale. « L’idée, défend Lucie Watrinet, est d’obtenir l’indemnisation des frais de justice ou encore un statut global des lanceurs d’alerte. Car l’alerte ne se résume pas à la dénonciation de choses illégales, mais peut aussi concerner des choses défavorables à l’intérêt public. »

Justement, au même moment, Michel Sapin exprime sa « solidarité » avec les lanceurs d’alerte à l’Assemblée nationale. Tandis que Marine Le Pen appelle François Hollande « à faire pression sur le Luxembourg » et à soutenir les trois prévenus. Nage-t-on en plein délire ? À l’unanimité, le PS et le FN ont voté « pour » l’adoption, le 14 avril, de la directive européenne sur le secret des affaires [2]. Directive qui aurait très certainement empêché l’affaire LuxLeaks d’éclater si elle s’était appliquée au moment des révélations d’Antoine Deltour : les tax rulings qu’il a copiés sont tout à fait légaux et font même partie des meubles au Luxembourg – ou plutôt du « patrimoine » pour reprendre l’expression employée, fin 2014, par le ministre des Finances lui-même.

« Le problème, c’est ce pays qui protège ces multinationales qui nous volent »

Non loin de cet attroupement, Denis Robert, auteur des révélations sur l’affaire Clearstream, se dispense d’ambages inutiles envers les « politiques », dont il n’attend plus rien hormis de rendre « la situation de plus en plus insurrectionnelle » : « Ces discussions à n’en plus finir sur l’informatique, c’est bidon. Le problème, c’est ce pays qui protège ces multinationales qui nous volent et nous font les poches. Le problème, c’est cette justice qui sert à étouffer les lanceurs d’alerte. Il faut absolument les soutenir pour qu’ils soient relaxés. A mon avis Antoine ne le sera pas, car cela ouvrirait une brèche. En face, il y a ces multinationales, ces pays, ces banques qui protègent ce business-là. »

Odile Delaye, la porte-parole du comité de soutien d’Antoine, rend un peu plus concrètes les conséquences que ces techniques d’optimisation fiscale sur le quotidien des citoyens européens : « On nous dit d’un côté que les dépenses publiques en matière de santé, transport, d’éducation, etc., doivent être diminuées à cause du déficit public. Mais de l’autre côté, il y a mille milliards d’euros qui échappent à l’impôt. Autant d’argent qui pourrait servir à combler le déficit de la sécurité sociale ou encore à améliorer la qualité du système éducatif sur l’ensemble du territoire européen... » La justice luxembourgeoise entendra-t-elle ces arguments ?

Franck Dépretz, à Luxembourg

Photos : Mélanie Poulain

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29 avril 2016 5 29 /04 /avril /2016 01:33

 

Source : https://www.mediapart.fr

 

 

Mafia du CO2: soupçons sur la police
27 avril 2016 | Par Fabrice Arfi
 
 

Des policiers entretiennent d’étonnants liens de proximité avec des figures de la mafia du CO2, acteurs de la plus grande escroquerie connue en France, dont les noms sont par ailleurs cités dans diverses affaires d’assassinats impunis. Les faits apparaissent en marge de plusieurs procédures. Bernard Squarcini, ancien patron du renseignement intérieur, a été entendu comme témoin dans l'une d'elles. Révélations.

Mais que fait la police ? Des enquêteurs de la police judiciaire (PJ) entretiennent d’étonnants liens de proximité avec des figures de la mafia du CO2, acteurs de la plus grande escroquerie jamais constatée en France, dont les noms sont par ailleurs cités dans plusieurs affaires d’assassinats demeurant à ce jour impunis. Les faits, à l’origine de discussions feutrées dans certains couloirs de la PJ, sont abordés depuis des années avec précaution par la justice, bien qu’ils apparaissent clairement en marge de plusieurs procédures liées directement ou non aux dossiers du CO2.

Révélation d’informations confidentielles à des suspects, rencontres physiques en dehors de toute procédure, mails de la brigade criminelle qui se retrouvent entre les mains d’escrocs, pistes d’enquête connues en temps réel par des réseaux délinquants : la liste est longue des éléments qui permettent aujourd’hui de matérialiser cette porosité entre des milieux criminels et ceux qui, au sein de l’État, sont censés les appréhender.

Après plusieurs mois de recherches, fondées sur des dizaines documents judiciaires, des écoutes téléphoniques et des entretiens menés avec des policiers et des mis en cause, Mediapart a pu reconstituer une partie de ce sombre puzzle.

 

Arnaud Mimran. © DR Arnaud Mimran. © DR
 

Les interrogations sur des failles policières tournent, pour beaucoup, autour des affaires dArnaud Mimran. Présenté par les juges comme l’un des « organisateurs » de la fraude au CO2, dont le procès doit s’ouvrir ce 2 mai devant le tribunal correctionnel de Paris, son nom est également cité, sans mise en cause par la justice, dans plusieurs affaires de meurtre – de son associé dans le CO2 (Samy Souied), de son beau-père milliardaire (Claude Dray) et de l’homme de main d’un affairiste parisien (Albert Taïeb).

 

Arnaud Mimran, financier et ami devenu très gênant pour le premier ministre israélien Benjamin Netanyahou (voir notre précédente enquête), est par ailleurs sous le coup d’une quadruple mise en examen pour « enlèvement et séquestration », « extorsion en bande organisée », « association de malfaiteurs » et « blanchiment ».

Dans ce dernier dossier, qui porte sur une sordide affaire datée de janvier 2015, dont la victime est un financier genevois contraint par la force d’opérer des ordres d’achats boursiers vers un compte bancaire à Dubaï, il est apparu qu’Arnaud Mimran avait été prévenu en amont de son arrestation dans l’affaire du CO2. Celle-ci est souvent présentée comme le “casse du siècle”. Pour cause : il s’agit de la plus grande escroquerie que la France ait jamais connue ; une fraude sur le dos des droits à polluer des entreprises, qui a permis à plusieurs équipes d’escrocs de détourner en moins de huit mois 1,7 milliard d’euros de TVA en 2008 et 2009, le tout sous le regard aveugle de l’État.

C’est un ancien employé de Mimran qui, ayant décidé de se mettre à table devant les policiers, a vendu la mèche sur procès-verbal : « Le lundi 19 janvier 2015, Arnaud Mimran m’a balancé qu’on allait venir le chercher cette semaine et qu’on le retiendrait deux jours. Il parlait de la police. Il m’a dit qu’il ne fallait pas s’inquiéter, qu’il n’y avait rien de grave. Il m’a dit qu’on était sur écoutes téléphoniques. […] Il ne m’a pas dit le jour, mais il savait qu’on l’arrêterait cette semaine », a-t-il expliqué en juin dernier. De fait, Mimran a été interpellé le lendemain par la douane judiciaire dans l’affaire du CO2.

 

De gauche à droite : Arnaud Mimran, Samy Souied (assassiné) et Marco Mouly, les trois associés du CO2, selon les juges. © DR De gauche à droite : Arnaud Mimran, Samy Souied (assassiné) et Marco Mouly, les trois associés du CO2, selon les juges. © DR

 

Le plus fou est que cette arrestation, qui débouchera sur cinq mois de détention provisoire pour Mimran, est intervenue en plein durant la séquestration du financier suisse, kidnappé le 16 janvier et relâché miraculeusement indemne le 21. Entretemps, le chef des ravisseurs, un dénommé Sabir Titouh, dit “Titax”, manœuvré d’après le dossier d’instruction par Arnaud Mimran, avait été exécuté devant chez lui dans la soirée du 19 janvier – son assassinat demeure à ce jour lui aussi inexpliqué par la justice.

Relâché en mai de sa détention provisoire liée au CO2, Mimran retournera en prison un mois plus tard après une nouvelle arrestation réalisée dans le cadre, cette fois, du dossier de kidnapping – le temps que la justice établisse son implication présumée, grâce à des écoutes. Or, d’après une audition judiciaire consultée par Mediapart, Mimran a aussi été informé du contenu de cette enquête policière dix jours avant son interpellation.

– Question du juge : « Il résulte que vous avez eu des informations sur l’enquête en cours. »
– Mimran, imperturbable : « Pour avoir discuté avec un policier, il m’a précisé qu’il y avait une investigation en cours à l’OCLCO [Office central de lutte contre la criminalité organisée, un service spécialisé de la police judiciaire — ndlr]. »
– Le juge : « Quel policier ? »
– Mimran : « Je ne veux pas répondre. Les gens de l’OCLCO savent qui c’est. »

Mimran dit avoir rencontré son informateur dix jours avant son arrestation dans un bar du XVIIe arrondissement de Paris et prend même le soin de préciser au magistrat instructeur qu’il a bu, ce jour-là, un Coca Zéro.

Le détail n’en est peut-être pas un : l’interpellation de Mimran dans cette affaire d’enlèvement avait dû être retardée de plusieurs jours. Bravant son contrôle judiciaire pourtant imposé dans le dossier du CO2, l’intéressé était parvenu à quitter la France pour se rendre en Italie, où il avait rencontré sa dernière compagne, Tamara Pisnoli – le père de celle-ci, Massimo, avait été abattu en 2008 dans un règlement de comptes mafieux, selon la presse de l’époque.

 

Arnaud Mimran, en manteau de fourrure blanc, et Farid Khider, en partance pour Milan. © Compte Instagram de Farid Khider Arnaud Mimran, en manteau de fourrure blanc, et Farid Khider, en partance pour Milan. © Compte Instagram de Farid Khider
 

Mais il y a mieux, ou pire. L’ex-employé de Mimran, qui avait donné de premières informations embarrassantes sur la police, en a livré d’encore plus gênantes, le 17 juin 2015, selon la retranscription de ses auditions. L’intéressé a ainsi expliqué avoir été approché au mois d’avril 2015, pendant que son patron était en prison, par un certain Farid Khider, ancien champion du monde de boxe et ami de Mimran. « Il représente Arnaud en dehors de la prison », a-t-il confié au sujet de Khider, également connu pour avoir participé à l’émission de télé-réalité « La ferme célébrités », sur TF1.  

 

Khider était accompagné de deux hommes, dont les policiers ont aujourd’hui un début de description : type européen, la cinquantaine, cheveux grisonnants, costard-cravate et bedonnant pour l’un, sportswear et de corpulence moyenne pour l’autre. Selon le témoin, les mystérieux bonshommes ont demandé que des fonds leur soient versés depuis le compte de Dubaï sur lequel avait atterri le produit financier de la séquestration et que la justice soupçonne d’appartenir en sous-main à Mimran. « Ils avaient l’air très informés sur l’état d’avancement de l’enquête… À la vue de tout cela, je ne sais pas à qui j’avais affaire, alors je suis au stade de me poser la question… Il s’agit peut-être de policiers », confie prudemment le témoin.

 

La peau de banane de Squarcini dans le bureau du juge

Il se montrera encore plus précis concernant l’un des deux hommes. Celui-ci se fait appeler “Seb”, dit-il ; il l’avait déjà vu en compagnie de Mimran par le passé. « Ce Seb avait l’air bien informé de l’enquête en cours. Il m’a dit qu’il ne fallait pas s’en faire », confie le témoin. Il a ajouté avoir revu Seb une dizaine de jours plus tard, à la demande de ce dernier, dans un café de la porte Dauphine, toujours en présence de Khider, qui avouera quant à lui ne plus se souvenir de quoi que ce soit, sans pour autant démentir. Cela lui serait difficile : des écoutes sur son téléphone ont depuis prouvé la réalité de ces rencontres.

« Au café, Seb et Farid Khider m’ont parlé d’Arnaud, m’ont dit qu’il n’y avait pas de soucis à se faire. […] Ils m’ont parlé de l’affaire des douanes [le dossier du CO2 – ndlr] et qu’il n’y avait rien dans le dossier », a précisé l’ex-employé de Mimran. Il pense à un policier, sans certitude, toujours très prudent dans ses déclarations devant les enquêteurs.

Arnaud Mimran prendra moins de pincettes. Après 48 heures de garde à vue, lors de sa sixième et dernière audition, la question lui est enfin posée par les policiers – ce sera l’ultime : « Connaissez-vous un prénommé Seb, la cinquantaine, les cheveux blancs et que vous auriez rencontré plusieurs fois ? » Réponse de Mimran : « C’est un policier qui travaille à la DCRI [Direction centrale du renseignement intérieur, devenue DGSI – ndlr]. Je le rencontre à titre amical. » Tellement amical, donc, que celui-ci pense pouvoir récupérer le fruit d’une extorsion de fonds. Bizarrement, les policiers ne poseront plus d’autres questions à Mimran sur le sujet, en tout cas, rien qui soit consigné dans les procès-verbaux de ses interrogatoires.

 

Bernard Squarcini, ancien patron du renseignement intérieur. © Reuters Bernard Squarcini, ancien patron du renseignement intérieur. © Reuters

 

Cet épisode sera l’une des raisons de l’audition par le juge en charge du dossier, le 16 mars dernier, de l’ancien directeur de la DCRI, le préfet Bernard Squarcini. « À ma connaissance, Arnaud Mimran n’a jamais intéressé la DCRI », a assuré l’ancien ponte du renseignement français, proche de Sarkozy. Concernant le mystérieux “Seb”, Squarcini dit ne pas le connaître. « Je note toutefois que d’après les déclarations que vous venez de me lire, a-t-il ajouté à l’attention du juge, il s’agirait de contacts purement personnels et individuels, pas de contacts professionnels au sens où on l’entend à la DCRI. » Pour appuyer son propos, Squarcini n’a pu s’empêcher de vanter le « cadre déontologique » dans lequel est censé évoluer son ancien service, pourtant éclaboussé, comme lui-même, par plusieurs scandales ces dernières années (surveillance de journalistes, financements libyens de Sarkozy, affaire du “parrain des parrains” Michel Tomi…).

En revanche, Bernard Squarcini, surnommé “le Squale”, ne se privera pas pendant son audition de jeter une jolie peau de banane sous les pieds de la police judiciaire : « Il se dit, par ailleurs, que l’intéressé [Mimran] entretient de très bons contacts avec des fonctionnaires des services de la police judiciaire, mais je ne sais pas avec qui, à quel titre, ni même si cette rumeur est fondée. »

Une anecdote, qui alimente depuis deux ans une certaine stupeur dans le Landerneau judiciaire parisien, permet aujourd’hui de penser que ce ne serait pas qu'une rumeur. Il s’agit d’une scène surréaliste dont Mediapart a pu se faire confirmer la réalité auprès de plusieurs témoins directs. Elle s'est déroulée le 10 janvier 2014, jour de l’interpellation à Roissy-Charles-de-Gaulle de Cyril Astruc, un homme d’affaires alors recherché par plusieurs juges français pour son implication présumée dans des affaires financières, dont celle du CO2.

Sur le parvis de l’aéroport, alors que des douaniers (en charge de l’enquête sur le CO2 depuis 2009) et policiers de l’OCLCO (chargés, tels des marshalls français, d’exécuter des mandats d’arrêt) attendent de savoir lequel des deux services partira avec le trophée du jour, un homme se fait déposer en moto-taxi devant tout le monde. C’est Arnaud Mimran. Il salue Astruc, qu’il connaît, embrasse un policier de l’OCLCO et serre la main à un autre policier présent. L’incrédulité est totale pour certains douaniers présents sur place. Astruc partira finalement avec l’OCLCO, au grand dam des agents de la douane qui le pistent depuis des années. Mimran, en moto, suivra le convoi policier. Un haut gradé de la police m’a confié depuis que Mimran serait un discret informateur de l’OCLCO.

Quelques mois plus tard, dans le cabinet d’un juge parisien qui enquête sur l’assassinat par balles de Samy Souied (l’associé de Mimran), Cyril Astruc fera de surprenantes confidences : « J’ai rencontré Arnaud en 2013 (en Israël) et il se targuait d’avoir de solides protections policières en France, ce qui expliquait qu’il n’ait pas fait de garde à vue, que ce soit pour le CO2 ou pour l’homicide de Samy [ce qui est rigoureusement exact à l’époque – ndlr]. Ce sont des choses qu’il évoquait librement devant moi pour faire état de ses protections. »

Franck Douchy, patron de l’OCLCO à l’époque des faits et aujourd’hui directeur de la police judiciaire de Versailles, dément la moindre proximité coupable avec Arnaud Mimran. Il en veut pour preuve un fait incontestable : c’est bien l’OCLCO qui a arrêté Mimran dans l’affaire de l’enlèvement et de la séquestration du financier suisse. Vrai, mais à une nuance près – et de taille : toute l’enquête qui a permis de remonter la piste Mimran avait été initialement menée, non par l’OCLCO, mais par l’antenne des Hauts-de-Seine de la police judiciaire.

Il y a parfois de saisissants hasards de calendrier. Pendant le procès du CO2, une autre audience devrait agiter en mai la chronique médiatique au même moment à Paris : l’ancienne star de l’anti-gang français, le commissaire Michel Neyret, sera en effet jugée dans une salle voisine pour corruption en raison des faveurs consenties par deux escrocs lyonnais, Gilles Bénichou et Stéphane Alzraa, en échange de renseignements confidentiels. L’histoire est connue et a déjà fait grand bruit. Mais il est un pan peu exploré du dossier qui touche, lui, directement aux affaires du CO2 et à ses meurtres.

 

Michel Neyret, ancienne star de l'anti-gang français et ex-n° 2 de la PJ de Lyon. © Reuters Michel Neyret, ancienne star de l'anti-gang français et ex-n° 2 de la PJ de Lyon. © Reuters

 

Les nombreuses écoutes menées en mars 2011 sur les corrupteurs présumés de l’ancien numéro 2 de la PJ de Lyon, que Mediapart a pu consulter en intégralité, montrent ainsi combien il est parfois aisé pour des milieux peu réputés pour leur amour du code pénal de connaître en temps réel les avancées policières sur tel ou tel dossier – ça peut toujours servir. Le plus bavard des “amis” de Neyret est incontestablement Gilles Bénichou, pendu pendant des heures au téléphone avec Stéphane Alzraa, dont le nom a été associé dans certains volets de la fraude au CO2.

Six mois après l’assassinat de Souied, Bénichou se lâche sur son portable grâce aux informations obtenues par Neyret sur la disparition de l’associé de Mimran :

  • « On n’est pas simplement dans une affaire de règlement de comptes, là. C’est une très, très grosse affaire. […] D’après ce qu’on me dit, ce serait la plus grosse affaire de ces dix dernières années. […] Il y a énormément d’argent, ça débouche sur du trafic à l’international, sur du blanchiment, sur de l’association de malfaiteurs, ça débouche sur une tonne de merde. […] Elle va être étroitement liée au CO2. […] J’ai cru comprendre qu’il y aurait même des relations avec des gens du grand banditisme. » (écoute du 3 mars 2011)
     
  • « Là, je suis en train de prendre les infos pour savoir exactement où en est l’affaire de Samy [Souied]. Ils sont sur une affaire d’Arnaud [Mimran]. Ils veulent vraiment tout pour sauter tout le monde. Ils sont sur Arnaud Mimran pour un montant relativement important. » (écoute du 7 mars 2011)
     
  • « Alors, d’une affaire de meurtre, ça va découler sur l’affaire du CO2. […] Ça va vraiment gicler très haut. Je te dis, il y a des familles entières qui vont être décimées. Et puis c’est des peines [de prison] à deux chiffres qui arrivent. » (écoute du 9 mars)

Qui informe Neyret, qui n’a jamais été saisi de ces affaires, avant que lui-même ne rencarde Bénichou & Co ? Sur cette question précise, accessoire au regard du fond du dossier Neyret mais fondamentale pour les sujets touchant à la mafia du CO2, l’enquête de l’Inspection générale des services (IGS) et du juge d’instruction Patrick Gachon a été d’une grande pudeur.

En janvier et mars 2012, devant le magistrat instructeur, le commissaire Neyret a affirmé : « Mon seul interlocuteur sur Paris, pour cette affaire, c’était Franck Douchy [patron de l’OCLCO à l’époque – ndlr]. » « J’ai appelé Douchy car il a une connaissance étendue du banditisme parisien. Je l’ai appelé naturellement parce qu’en plus, c’est quelqu’un avec qui je corresponds régulièrement », a-t-il ajouté. Ce qui est vrai : une expertise technique a établi que les deux policiers avaient été en relation une trentaine de fois par mail sur la période, entre janvier et juillet 2011.

Entendu à son tour en décembre 2011 par la “police des polices”, le commissaire Douchy a seulement assuré que Neyret l’avait contacté pour savoir « s’il était intéressé par les affaires du milieu juif parisien (escroquerie sur les droits à polluer et règlements de comptes) ». Neyret lui aurait proposé de l’introduire auprès du frère du Samy Souied, ce que Douchy a « évidemment » accepté. Mais il dément aujourd’hui catégoriquement avoir pour autant donné la moindre information à Neyret sur le contenu des enquêtes en cours, les pistes privilégiées et les éventuels suspects dans le viseur des policiers. Dans l’entourage de Douchy, on se demande même si Neyret n’a pas protégé un autre informateur un peu trop bavard place Beauvau. Aucune enquête n’a permis à ce jour de tirer au clair cette question.

Un épais mystère entoure également la manière dont Neyret a pu se procurer un mail reçu par la brigade criminelle de Paris (en charge de l'affaire du meurtre de Souied), que Bénichou a pu lire avec gourmandise au téléphone en mars 2011 à un célèbre financier du trafic de cocaïne en cavale, Yannick Dacheville. Il est question dans ce message, une fois encore, d’Arnaud Mimran, qui aurait blanchi de l’argent de Samy Souied en Israël sur fond de business immobilier. Au téléphone, Bénichou dit « avoir tout reçu de Neyret, il m’a tout amené ce matin ». Mais Neyret n’est pas le destinataire initial du mail. Une autre adresse électronique apparaît sur le courriel. Qui se cache derrière ? Mystère. Au palais de justice et au 36, quai des Orfèvres, on se demande encore comment un tel document a pu tomber entre les mains de « voyous » avant d’être lu tranquillement au téléphone à l’une des plus grandes figures du trafic de drogue, toujours en fuite.

 

 

 

 

Source : https://www.mediapart.fr

 

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29 avril 2016 5 29 /04 /avril /2016 00:43

 

Source : http://www.revolutionpermanente.fr

 

 

Succès de la manifestation qui vient de s’achever Place Bellecour

Lyon. 15.000 manifestants et des flics déchainés épaulés par l’extrême droite

Publié le 28 avril 2016

 

 

 

Encore une fois, les violences policières étaient au rendez-vous, à Lyon, pour cette huitième journée de mobilisation contre la Loi Travail. La seule différence, c’est que l’extrême droite était venue en renfort des « forces de l’ordre » pour assurer les provocations.

Correspondant
Au moment où le cortège lycéen, parti de la Place Jean Macé, est arrivé à Sans-Souci, d’où devait s’ébranler la manifestation, ils se sont trouvé nez-à-nez, séparés par une haie de CRS, avec des militants de l’ultra-droite lyonnaise stationnés devant l’Université de Lyon 3. Après quelques heurts, les nazillons étant toujours solidement couverts par les flics, la manifestation est partie en direction de Bellecour, à 13h, avec les jeunes en tête de cortège.
Après une centaine de mètres à peine, le cortège, composé de lycéens, d’étudiants et de salariés ayant répondu à l’appel de l’Intersyndicale lyonnaise de la CGT-FO-FSU et Sud, a été gazé et chargé par les CRS. C’est à ce moment, à Garibaldi, qu’un manifestant se trouvant aux côté des lycéens a été atteint d’un tir de grenade au visage.
Les agressions policières se sont succédé tout au long de la manifestation, quoi qu’en dise Le Progrès, qui insiste sur des « heurts » entre des jeunes et les policiers épaulés par la Gendarmerie. A Saxe-Gambetta, un manifestant au sol a été savaté par une dizaine de CRS. A Guillotière, par la suite, c’est une manifestante d’une quarantaine d’années qui a été atteinte par un tir de flashball aux jambes.
En dépit de toutes ces violences et des multiples interpellations opérées parfois au sein même du cortège, ce sont 15.000 manifestants qui sont arrivés peu après 15h30 sur une Place Bellecour ceinturée par les canons à eau et des douzaines de véhicules de police. Par la suite, les intermittents et des manifestants sont partis occuper le Théâtre des Célestins où devrait se tenir une AG. La Nuit Debout lyonnaise, pour sa part, se réunira Place Quentin Guichard.

 

 

Source : http://www.revolutionpermanente.fr

 

 

 

 

 

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28 avril 2016 4 28 /04 /avril /2016 23:59

 

Info reçue par mail


 

 

Vrais chiffres chômage Mars 2016,
7600 chômeurs de moins, mais 323400 radiations


Sources :
Rapport complet de la DARES de 13 pages
(et non pas le simple communiqué de presse envoyé aux médias) :
 http://dares.travail-emploi.gouv.fr/IMG/pdf/pi-mensuelle-cttqa38a.pdf
mercredi 27 avril 2016.
__________

7 600 chômeurs de moins ce mois, mais aussi 9 200 radiés de + ce mois, même scénario qu'au mois d'aout donc ... (sans doute pire, vu qu'ils atténuent les coups de massues en lissant sur 3 mois les calculs)

6 486 100 privés d'emploi et travailleurs occasionnels officieux, toutes catégories confondues, + 4 030 000 environ d'invisibles qui n'entrent pas ou plus dans les statistiques officieuses ( chiffres détaillés bas de page ).

Total : + de 10,51 MILLIONS de chômeurs en France (fourchette basse), et autant de pauvres largement sous les seuils de pauvreté.

Radiations des listes A,B,C,(D,E) de Pôle Emploi par motifs, moyenne mensuelle (basée sur 1 trimestre) de Mars 2016 :

- Défauts d'Actualisation (bugs informatiques + oublis + des découragés non indémnisés) : 225 800, 44 % des sorties des listes. (+ 9,3 % sur 1 an)

- Radiations Administratives (les punis) : 43 700, 8,5 % des sorties. (-2,2 % sur 1 an)

- Autres Cas (morts, suicidés, emprisonnés, expulsés etc) : 53 900 et 10,5 % des sorties. (+ 6,1 % sur 1 an)
 
soit 323 400 radiés des listes (63 % des sorties) ce mois (moyenne mensuelle sur 1 trimestre) pour autres motifs que :

- Stages parking : 49 200, 9,6 % des sorties. (+ 10,6 % sur 1 an)

- Arrêts maladie, maternité, départs en retraite : 39 600, 7,7 % des sorties. (+ 7 % sur un an)

- Reprises d'emploi déclarées : 100 600, ne représentent que 19,6 % des sorties des listes de pôle emploi. ( + 15,1 % sur 1 an )

 
Demandeurs d'emploi par catégories :

A : 3 531 000 -1,4 % ( + 0,5 % sur 1 an ).
B : 720 200 +2 % ( + 4,8 % sur 1 an ) travailleurs pauvres moins de 78 heures.
C : 1 209 900 + 3,2 % ( + 10 % sur 1 an ) travailleurs pauvres de + de 78 heures.

D : 273 100 -0,4 % ( -2,1 % sur 1 an ) stages parking, occupationnels etc.
E : 424 200 +0,4 % ( +12,2 % sur 1 an ) contrats aidés etc.

TOTAL : 6 151 400 ( données corrigées ), hors DOM TOM, soit + 3,3 % sur 1 an, 7 600 chômeurs de moins, par rapport à Février

TOTAL, dom-tom compris : 6 486 100

Quelques chiffres qui parlent :

Chômage Longue durée (entre 2 et 3 ans) : + 3,8 % sur 1 an.
Chômage Très Longue Durée + de 3 ans : + 12,7 % sur 1 an.

Chômage des 50 ans et +, + 7,7 % sur 1 an.

1 chomeur inscrit à pôle emploi sur 2 (49,59 %) ne perçoit AUCUNE INDEMNITE, ni ARE (allocation retour à l'emploi), ni allocation de solidarité (ASS, AER)

Offres d'emploi disponibles, dernier chiffre connu : 663 127, environ 150 000 collectées via pole emploi, les autres via des "partenaires" privés, certaines pouvant apparaitre 7 fois, d'autres sont fictives et/ou mensongères (remplissages de candidatures de boites d'intérim, annonces faussement classées en CDI, etc).


Le + scandaleux, LE CHÔMAGE INVISIBLE, complètement en dehors des statistiques :

Ne sont pas comptés dans ces 6 486 100 demandeurs d'emploi et travailleurs pauvres occasionnels :
 
1 530 000 foyers bénéficiaires du RSA, en effet sur 2 530 000 environ de foyers (dernier chiffre connu) , seuls 1 000 000 environs sont inscrits à Pôle Emploi, les autres bénéficient d'autres suivis (associations, collectivités locales, etc.) en sachant qu'un foyer bénéficiaire, comporte parfois + d'un demandeur d'emploi en son sein, donc si on parle en nombre d'individus c'est pire.

+ encore 1 100 000 au bas mot, sur les environs 2 millions de bénéficiaires de l'AAH ou d'une pension d'invalidité, qui ne sont pas inscrits à Pôle emploi, malgré une aptitude et un désir d'accès à un emploi adapté.

+ encore 1 400 000 de SANS-DROITS, qui sont principalement :

- des jeunes de moins de 25 ans, primo demandeurs d'emploi, qui comme vous le savez n'ont même pas droit au RSA. (quasi unique en Europe), favorisant délits, crimes, trafics, prostitution, esclavagisme moderne, radicalisations etc.

- des sans droits, pour motif, dépassement des plafonds de ressources dans le foyer, exemple, votre conjoint(e) perçoit 700€ d'allocation chomage, ou 807€ d'allocation adulte handicapé, vous n'aurez même pas droit au RSA, car vous dépasserez le plafond couple qui est de 660€ par mois, si vous êtes NON SDF.

- des bénéficiaires de pensions de reversions ( veufs, veuves ) de 55 ans et +, qui dépassent les plafonds du RSA ( 462€ pour une personne seule ), et qui n'ont pas l'âge pour prendre leur propre retraite ou pour percevoir le minimum vieillesse ( 65 ans ) qui s'appelle aujourd'hui "A-S-P-A" (allocation solidarité aux personnes âgées), qui est récupérable sur le patrimoine, au décès.

- des bénéficiaires de pensions alimentaires qui dépassent les plafonds du RSA (plafonds 2 fois inférieurs aux seuils de pauvreté, une véritable honte)

- des étudiants, boursiers ou non, qui cherchent des petits jobs alimentaires, qui sont donc bien demandeurs d'emploi, en concurrence avec les autres (même si beaucoup sont aussi exploités en stages sous payés, voire gratuits).

- des auto-entrepreneurs, qui ne gagnent rien ou presque, et sont demandeurs d'emploi en parallèle.

- on peut parler également de retraités qui cherchent un emploi car leur retraite ne couvre pas les charges fixes pour survivre ( loyer, énergie, assurances, voiture, téléphone, eau, nourriture, santé (lunettes, dentiste ..) incalculable.

=> au total, + de 10,51 MILLIONS demandeurs d'emploi en France, et travailleurs pauvres occasionnels.
 


Liste d'échange entre les comités locaux d'Attac
 

 

 

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26 avril 2016 2 26 /04 /avril /2016 13:53

 

Source : http://www.numerama.com

 

 

Nuit Debout : mais qui contrôle le site NuitDebout.fr ?

 

 

 

Qui se cache derrière le site nuitdebout.fr ? Numerama est parti à la rencontre de ces militants qui font vivre le site, dont le nom de domaine a été réservé par une agence de communication parisienne, puis mis à disposition du mouvement.

Mouvement controversé et parfois incompris, Nuit Debout et ses militants occupent la place de la République depuis le 31 mars. Ceux qui sont appelés les nuit-deboutistes se sont réappropriés l’espace public mais aussi le temps, à la manière des révolutionnaires et de leur calendrier républicain puisque les nuit-deboutistes disposent de leur calendrier « marsien ». Dans le but de montrer que le mouvement ne s’essouffle pas mais aussi pour symboliser les veillées successives depuis le 31 mars, les nuit-deboutistes prolongent le mois de mars. C’est donc le 45 mars (14 avril) que nous avons rencontré des militants de la Nuit Debout qui sont à l’origine du site NuitDebout.fr.

Rendez-vous est pris au café Fluctuat Nec Mergitur de la Place de la République. Cet après-midi là, celle-ci est bloquée par des dizaines de CRS, placés à chaque artère menant à la place, dans le but de sécuriser la zone.

Deux des trois militants

Deux des trois militants, soucieux de garder l’anonymat

Ils étaient trois à nous rencontrer, Noémie, Pierre et Clément, à accepter notre invitation. Ils connaissaient parfaitement le lieu, ayant l’habitude d’y prendre régulièrement plusieurs cafés pour tenter de limiter les effets d’une succession de nuits écourtées. Autour de la table, ces nuit-deboutistes se sont livrés sur leur engagement, leur(s) vision(s) du mouvement et de son avenir, le tout à travers le prisme du numérique.

Une petite boîte de communication

Au-delà de l’intérêt porté au mouvement, le site nuitdebout.fr a attiré notre curiosité lorsque l’on a découvert au hasard d’une recherche WHOIS que le nom de domaine avait été acheté par une agence de communication parisienne, RAIZ.

 

nuitdebout-fr

 

Curieux de savoir qui se cachait derrière cette entreprise, et quel était son projet, nous la contactons. Après une certaine gêne au téléphone, c’est quelques heures plus tard que nous rencontrons l’une des co-fondatrices de la société, et deux autres militants engagés à ses côtés dans le mouvement.

« C’est compliqué d’avoir acheté le nom de domaine sans s’en être référé aux organisateurs initiaux »

Comment le nom de domaine nuitdebout.fr s’est-il retrouvé acheté par une boite de communication ? Tout part d’une histoire des plus banales, que Noémie Tolédano nous raconte. En rentrant chez elle, la nuit du 31 au « 32 mars », la co-fondatrice de RAIZ s’est dit que le mouvement Nuit Debout allait prendre : « On voyait les gens arriver par centaines et par milliers sur les réseaux sociaux, je me suis alors demandée si le nom de domaine Nuit Debout avait déjà été pris, et il était encore libre  ».

Dès lors, son premier réflexe a été de sortir sa carte bancaire et d’acheter le nom de domaine qui était encore libre. Noémie avoue travailler avec énormément d’associations pour qui elle achète des noms de domaines à qui elle les rend par la suite. Pour elle, « le nom de domaine appartient à Nuit Debout et à tous les gens qui y participent ». Mais c’est sa boîte qui est officiellement propriétaire.

Or cette appropriation fait grincer des dents malgré tout. Julien Bayou est Conseiller régional d’Île-de-France et porte-parole d’EELV. Co-fondateur de Génération précaire et du collectif Jeudi Noir, il est l’un des pionniers du mouvement Nuit Debout. Au détour d’un débat sur la place de l’éducation et de la censure dans la démocratie, sur la place de la République, il nous confie qu’il n’est pas un grand fan de l’initiative.

 

Julien Bayou (source: Talk Real)

Julien Bayou (source : Talk Real)

« Ça pose un problème », estime-t-il, même s’il ne doute pas des bonnes intentions des fondateurs de NuitDebout.fr. « C’est compliqué d’avoir acheté le nom de domaine sans s’en être référé aux organisateurs initiaux  ». Pour lui, le problème pourrait se poser si le site n’était plus articulé autour de l’organisation du mouvement, et s’il crée une divergence.

Un des pionniers du mouvement Nuit Debout s’est également exprimé sur l’achat du nom de domaine de nuitdebout.fr. Une vidéo hébergée sur YouTube le montre entrain de s’exprimer sur le sujet, celui-ci regrettant le fait que « RAIZ soit devenu propriétaire des outils qui sont censés parler pour Nuit Debout ». Il ajoute : « Chaque jour se pose le problème de laisser entrer les soraliens, les crypto-facistes et leurs idéologies ». « Benjamin Ball et Baki Youssoufou les ont fait entrer dans le mouvements des indignés à la Défense et ont permis que le mouvement soit pourri par ces personnes ».

 

Dans un article du Monde publié le 20 avril, le quotidien fait lui aussi mention de plusieurs plaintes répétées par de militants, accusant Noémie Tolédano et son associé Bakki Youssoufou de s’être appropriés le mouvement en achetant le nom de domaine nuitdebout.fr. Ils citent également le nom de l’hébergeur bénévole du site, Benjamin Sonntag, trésorier de l’association de militants du Web la Quadrature du Net. « On est plusieurs à fournir des petits bouts d’infrastructure Internet en attendant qu’un mouvement formel existe », explique-t-il. « Les espaces que je gère sont co-administrés, on est trois administrateurs systèmes à s’être retrouvés pour créer des listes de discussion, des boîtes mails, gérer le code du wordpress, etc ».

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L’histoire d’une rencontre

Mais quelle est la genèse de nuitdebout.fr ? Les trois animateurs que nous rencontrons ne se connaissaient pas deux semaines plus tôt. Pourtant, l’organisation du site pourrait faire penser le contraire. Noémie raconte avoir rencontré Clément le 31 mars et Pierre quelques jours plus tard. Celui-ci cherchait des gens avec qui travailler sur le web. Il raconte son histoire, comme quelqu’un qui raconterait une épopée : « On a mis cinq jours à les trouver, cinq ! Impossible de trouver les personnes qui étaient derrière le site ». «  Ils se cachaient parce qu’ils avaient plein de sollicitations un peu douteuses ».

C’est la problématique du cryptage versus l’ouverture vers le monde

Mais ils ne sont pas que trois derrière nuitdebout.fr. Il y aurait en réalité une cinquantaine de développeurs à coopérer sur le site. Pour s’organiser et de se coordonner, ils ont donc mis en place un espace de chat, sur lequel chacun peut échanger ses points de vue et apporter ses contributions.

« Déjà sur Paris c’est compliqué, mais quand on voit qu’on a des gens qui sont au Quebec ou à Berlin… Alors il a fallu se munir d’un truc rudimentaire mais qui fonctionne assez bien, c’est le chat », raconte Pierre. Tout le monde peut donc avoir accès à ce salon de discussion (sur inscription, validée automatiquement), et proposer ses services à nuitdebout.fr.

Le chat est chiffré, à travers une connexion TLS et un certificat délivré par Let’s Encrypt, mais il n’y a pas de recherche particulière de confidentialité des échanges ou de protection de l’anonymat des participants. « C’est la problématique du cryptage versus l’ouverture vers le monde », explique Pierre, qui utiliserait tout de même Telegram, une messagerie chiffrée, pour l’échange d’informations plus confidentielles.

 

Le chat de nuitdebout.fr

Le chat de nuitdebout.fr

Un chat reste un chat, et quand il est ouvert à tous, ça devient une boite de pandore impossible à contrôler. Quelques jours après cet entretien, nous nous sommes à nouveau rendu sur le salon de discussion. À la base créé pour permettre au mouvement de s’organiser, il est devenu un lieu de débats d’idées, sur lequel les connectés débattent sur le revenu universel et d’autres sujets de société. Si bien que les administrateurs du site sont obligés de rappeler les règles de vie.

 

Capture d’écran 2016-04-19 à 21.54.57

 

Derrière le site, toute une équipe de développeurs est là dans le but de « trouver les meilleures solutions et les meilleures approches de développement autour du mouvement Nuit Debout », nous assure Clément. 

Chacun des trois militants présents ce jour là est salarié et occupe un emploi à côté de son investissement au sein du mouvement Nuit Debout. Qu’est-ce qui a pu les pousser à s’investir de cette manière ? « C’est parce qu’on avait les compétences, qu’on y croyait et qu’on y croit encore ».

 

Un wiki pour la Nuit Debout

Clément s’occupe de toute la partie community management et il a constaté que les mobilisations telles que Nuit Debout bénéficiaient assez peu des compétences web. C’est ensuite le bouche à oreille qui a contribué au bon déroulement du site. Plusieurs équipes, sur différentes thématiques du web, se sont ensuite constituées.

En plus de nuitdebout.fr, les militants ont créé wiki.nuitdebout.fr. Ce site sert à centraliser toutes les informations relatives au mouvement, sur le principe de l’édition ouverte à tous du célèbre Wikipédia. Pierre, l’un des trois militants et community manager de profession, décrit le Wiki de Nuit Debout comme un « facilitateur d’échanges entre les uns et les autres ». L’outil collaboratif répertorie ainsi tous les rassemblements en province mais aussi à l’étranger. Pierre, est chargé de joindre toutes les personnes qui peuvent être en possession d’informations, chères à l’alimentation de la page.

 

wikidebout

 

Pour Noémie il s’agit surtout d’un état d’esprit basé sur l’intelligence collective : « On se dit tous qu’on sera plus intelligent ensemble qu’individuellement, et puis on croit tous en la démocratie participative ». Elle affirme que « c’est pour ça que personne n’a envie d’être le leader de ce mouvement, personne ne veut se mettre en avant ». De fait, Noémie aurait aimé préserver son identité, trahie par une recherche WHOIS, et par la publication de son nom dans Le Monde.

Mais au fond chacun y trouve son compte et y trouve une façon de s’épanouir personnellement. Pierre confesse que ça fait des années qu’il cherche des gens pour créer un outil d’e-démocratie, c’est grâce au mouvement Nuit Debout qu’il a réussi à trouver. « Ce qui est génial c’est quand tu t’aperçois que derrière il y a des centaines de personnes qui ont pensé à la même chose que toi », ajoute-t-il non sans entrain.

Mouvement parisiano-centré ?

Pour parler de NuitDebout.fr, les trois militants emploient des termes que n’importe quel community manager ou expert SEO emploierait pour parler du site et de son succès, le tout avec un brin d’humour dans la voix. Trois jours après sa mise en place, le site comptait déjà entre 40 000 et 60 000 visiteurs quotidiens. Pour Noémie, «  c’est beaucoup, surtout qu’au début c’était une seule page ».

Le site a désormais pour but d’intégrer et d’aspirer les informations des pages déjà existantes en province et ainsi leur apporter de l’audience. Pour eux, ce qui est important c’est de ne pas centraliser le contrôle de l’information puisque nuitdebout.fr c’est un nom de référence. « Alors autant que toutes les villes de province en profite et que le mouvement ne soit pas cantonné à Paris », ajoute Noémie. 

voir des gens debout sur la place de la République, ça a donné envie à beaucoup d’autres de se mobilise chez eux

Alors que les médias traditionnels ont tendance à braquer leurs caméras sur la seule Place de la République, réduisant ainsi la mobilisation à un seul mouvement parisien, les trois nuit-deboutistes refusent d’enclaver le mouvement au seul territoire parisien. D’ailleurs Clément monte au créneau : « A Lyon, un soir alors qu’il pleuvait des trombes d’eau, il y avait beaucoup plus de personnes mobilisées là bas qu’à Paris ». Noémie temporise : « On ne peut oublier le fait que tout vient de Paris, c’est la capitale qui a entraîné tout le reste du territoire ». 

Pour eux, il y a quelque chose de très symbolique et voir des gens debout sur la place de la République, ça a donné envie à beaucoup d’autres de se mobiliser chez eux, et de se soulever. D’ailleurs, ils prennent l’exemple d’une application Nuit Debout qui a été développée par une équipe de développeurs basée dans la région d’Aix-Marseille. L’équipe a contacté les militants basés à Paris et leur a offert l’application qu’ils ont développée en une nuit. Celle-ci, libre de droits, pourra être modifiée par n’importe qui. Pour les nuit-deboutistes, ça n’aurait pas été possible sans toute la communication autour du mouvement qui est faite sur les réseaux sociaux.

A plusieurs reprises, les trois collègues de Nuit Debout ont réitéré leur attachement à la « démocratie participative » et à « la démocratie liquide ». Pour eux, le web et le numérique sont les meilleurs moyens de pratiquer cette horizontalité.

 

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Cyber-militantisme, mort de la mobilisation IRL ?

Idéalistes, utopistes ou simplement engagés, les militants répondent à la question de l’avenir du mouvement avec un trait d’humour.

Pour Pierre, « l’avenir du mouvement c’est dans 10 minutes, et c’est ces enchaînements de minutes qui font l’avenir de Nuit Debout ». Le mouvement date d’un mois maintenant, et les militants refusent toute hiérarchisation. « Il est donc logique que Nuit Debout mette plus de temps à se développer qu’un mouvement politique basé sur schéma classique, à savoir un seul et unique chef en haut de la pyramide », dit Pierre.

L’avenir du mouvement c’est dans 10 minutes, et c’est ces enchaînements de minutes qui font l’avenir de Nuit Debout

Mais les militants se félicitent néanmoins d’une chose qui les fait bien rire : « On a 95 000 personnes qui ont liké la page Facebook de Nuit Debout, ce qui est bien plus que le nombre d’adhérents au Parti Socialiste ». Ils assurent récolter en moyenne 5000 likes chaque jour sur Facebook et atteindre 4 millions de personnes sur le réseau social.

Mais toute cette mobilisation sur les réseaux sociaux, n’est-ce pas la mort de la mobilisation dans la rue ? Les trois militants s’en défendent ; pour eux c’est une façon de donner l’opportunité à n’importe qui de participer à un événement. Noémie en est convaincue : « On pense aux gens qui sont à la campagne, là où il ne se passe rien et où il n’y a pas de Nuit Debout. On reçoit aussi des messages sur FB de personnes qui sont handicapées et qui ne peuvent pas sortir de chez elles et qui sont heureuses de suivre le mouvement grâce à internet ».

Pierre reprend d’ailleurs l’exemple du live Periscope de Rémy Buisine qui a été suivi par 80 000 personnes : « des dizaines voire des centaines de personnes se sont déplacées après avoir suivi le stream de Remy Busine, il a réussi à toucher 80 000 personnes dont des indécis qui ont ensuite pu se faire un avis sur le mouvement, ça c’est génial ». Ils sont tous d’accord sur un point, pour eux c’est les réseaux sociaux qui alimentent le mouvement. 

Ils voient tous à travers l’outil numérique « l’espoir d’une démocratie ouverte ». Pour eux le problème réside dans le fait que la politique et l’économie ont très peu innové en 200 ans. Pour Pierre, « c’est dingue de voir qu’on arrive à créer des intelligences artificielles et envoyer des trucs sur des planètes, alors qu’au niveau politico-économique c’est le moyen-âge ». Pour Nuit Debout, les outils numérique seraient donc une façon de relancer le progrès.

 

 

Source : http://www.numerama.com

 

 

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25 avril 2016 1 25 /04 /avril /2016 15:50

 

 

Quand forer tue: le secret bien gardé de l’épopée du gaz de Lacq
24 avril 2016 | Par Jade Lindgaard
 
 

C’était le plus gros site de production de gaz en France. Une fierté nationale, une mythologie fondatrice des prétendues Trente Glorieuses. Cinquante ans après son ouverture, on découvre une inquiétante surmortalité parmi les riverains du gisement de Lacq. Mais ce sujet dérange les pouvoirs publics qui ont jusqu'ici enterré ou refusé les études épidémiologiques. Premier volet de notre enquête.

 

Rond-point à l'entrée de la ville de Lacq, avril 2016. (JL) Rond-point à l'entrée de la ville de Lacq, avril 2016. (JL)


Chacun savait que le gisement ne serait pas éternel. Mais personne n’imaginait à quel point il serait toxique. En 2002, un demi-siècle après le début de l’épopée de Lacq, des chercheurs font une autre découverte : à proximité de l’usine, une surmortalité est détectée. Mais leur étude n’est pas transmise au grand public. Les années passent. Aucune autre enquête épidémiologique n’est initiée par les pouvoirs publics. Le secret peut bien rester gardé quelques années de plus.

C’est pour briser cette omerta qu’une association locale de défense de l’environnement, la Société pour l'étude, la protection et l'aménagement de la nature dans le Sud-Ouest (Sepanso), la publie aujourd’hui et interroge les pouvoirs publics : que faites-vous pour comprendre ce qui s’est passé autour de Lacq ? Le site de forage le plus prestigieux de la Ve République a-t-il prospéré au détriment de la vie de ses riverains ?

 

Lien ici  

Quarante pages, des tableaux de chiffres bruts, des cartes d’exposition au risque et une conclusion glaçante : l’étude « met en évidence une surmortalité dans la zone définie comme exposée la plus proche de l’usine de Lacq par rapport à des zones éloignées ». L’Institut de santé publique, d’épidémiologie et de développement (Isped), auteur de de ce rapport de 2002, définit trois zones : une aire « exposée » au risque, constituée de 22 communes situées « sous le vent » de l’usine de Lacq, soit 23 000 habitants environ, et deux autres zones, non impactées a priori. Entre 1968 et 1998, ils établissent une surmortalité de 14 % pour les personnes de moins de 65 ans vivant dans la zone directement à proximité de l’usine de Lacq, par rapport aux habitants de la zone témoin la plus éloignée, à 12 kilomètres du site industriel. Mais les pourcentages sont des outils abstraits et froids. Ils ont donc pris la peine de compter les vies humaines qu’ils représentent. Au total, ils décomptent 136 décès supplémentaires parmi les 1 124 morts recensées sur une période de 31 ans. Plus de quatre disparitions par an.

Si l’on étudie les décès toutes causes confondues (en dehors des accidents), « un risque de mortalité significativement plus élevé est observé chez les hommes de moins de 65 ans » dans la zone la plus exposée. La tendance à la surmortalité apparaît dès 1976 et s’amplifie au cours du temps, pour atteindre 30 % sur la période 1991-98.

L’étude épidémiologique suit pas à pas la dégradation de la santé des habitants du bassin de Lacq. Jusqu’au milieu des années 1970, ils meurent moins de tumeurs de l’appareil respiratoire que la moyenne des habitants de la région Aquitaine. Mais cette sous-mortalité diminue, puis disparaît à partir de 1990. Pour l’ensemble des cancers, une surmortalité de 30 à 40 % est repérée entre 1991 et 1998 dans la zone exposée, alors qu’elle connaissait une sous-mortalité avant 1976.

 

« Urgence à savoir »

Que s’est-il passé ? Les chercheurs ne sont pas capables de l’expliquer. Il n’existe aucune preuve d’un lien de causalité directe entre la présence de l’usine et les morts supplémentaires du bassin de Lacq, écrivent-ils. En revanche, leurs résultats « soulèvent la question d’une possible relation » entre l’activité industrielle du bassin de Lacq et l’évolution de la mortalité, ainsi que d’un « possible impact sanitaire des polluants émis par cette industrie ». Ils appellent à conduire des travaux supplémentaires.

Pourtant, depuis 14 ans, ces recherches n’ont pas eu lieu. L’Agence régionale de santé (ARS) a reçu l’étude, puis a mené une évaluation des risques sanitaires, qui a révélé en 2007 que les habitants – y compris dans les écoles, les crèches, les hôpitaux et les maisons de retraite – étaient exposés à plus de 140 substances différentes dans l’air de Lacq. Des mesures ont été prises pour réduire la présence des cinq molécules jugées les plus préoccupantes. Mais ces études « ne prennent en compte que les polluants atmosphériques et non le risque global », « ne tiennent pas compte de l’éventuelle exposition professionnelle et ne sont pas en mesure d’estimer d’éventuels effets-cocktails », c’est-à-dire l’effet cumulé des molécules, analyse la Cour des comptes dans un référé adressé au gouvernement en janvier 2015. Elle signale que la recommandation d’un nouveau rapport sur l’impact sanitaire des habitants n’a pas été suivie.

 


Autre manquement des pouvoirs publics : l’échange d’informations anonymes entre la médecine du travail et les services de santé publics prévu par le Plan national santé n’a pas été mis en place. Rien n’a été tenté pour comprendre si les forages gaziers de Lacq tuent. Le 14 octobre 2013, Total arrête la production de gaz commercial à Lacq. En novembre, un supplément gratuit dans les éditions du journal Sud Ouest célèbre l’histoire qui « continue ». La mauvaise odeur du mercaptan, marqueur olfactif utilisé pour repérer les fuites de gaz, est évoqué. Pas un mot sur les dangers sanitaires. Le peu d’hydrocarbures restant à Lacq doit servir aux industries chimiques qui ont pris le relais sur le site et aux alentours : transformation du soufre, polymères, lauryl-lactame, nitrates d’ammonium, fibre de carbone, nanotubes de carbone, agrocarburant. En tout, 20 sites industriels pouvant représenter des dangers pour leur environnement (ICPE) se côtoient sur le bassin.

Pour la Sepanso, « la prétendue culture du risque industriel dont se vantent les industriels, politiques et leurs communicants, est inexistante à Lacq. Les risques sont passés sous silence » et c’est « scandaleux ». L’association réclame une nouvelle étude épidémiologique, un observatoire de la population et la délocalisation des études sanitaires hors de la tutelle de l’agence régionale de santé, « qui a failli à sa mission ».

Médecin urgentiste à Bayonne, nouvel habitant du Béarn et adjoint à la mairie de Laà-Mondrans, commune située à une vingtaine de kilomètres de Lacq, Loïc Coudry fait partie des rares élus locaux qui ont écrit à la ministre de la santé, Marisol Touraine, pour demander une nouvelle expertise sur l’impact sanitaire des industries du bassin de Lacq. « Cela fait 14 ans que l’étude de l’Isped est sortie, et personne ne s’est posé la question du lien entre les industries chimiques et la santé des gens ? En tant que médecin, ça me pose un problème. Les personnes nées après l’ouverture du site en 1949 vont-elles vivre moins longtemps ? Vont-elles tomber plus malades ? Il y  a une vraie urgence à le savoir. Il est choquant que l’état de santé de la population ne soit pas surveillé en permanence. On s’approche de la situation du Mediator. » Michel Rodes, secrétaire de la Sepanso Aquitaine, refuse « cette politique de l’autruche ». Pour Patrick Mauboulès, ancien délégué CGT de Total exploration production France (TEPF), l’entité qui exploitait récemment le gaz de Lacq, et aujourd’hui membre de l’association de défense de l’environnement Sepanso : « La moindre des choses, c’est de faire la suite de la courbe qui remonte ! »

 

En réalité, dès qu’ils ont découvert le gisement de Lacq, les ingénieurs en ont compris la particularité : il contient beaucoup d'hydrogène sulfuré (16 %). L'usine de désulfuration de ce gaz brut produit du soufre mais rejette beaucoup de dioxyde de soufre (SO2) dans l'atmosphère : 700 tonnes par jour. Ce polluant primaire peut causer des difficultés à respirer, des maladies respiratoires et des cancers. À partir de 1958, chaque année, trois milliards de mètres cubes de gaz sont sortis des sous-sols.

Le « petit cœur sensible » de Valérie Pécresse

 

Alarme sur la place centrale d'Artix, tout près du site de Lacq. (JL) Alarme sur la place centrale d'Artix, tout près du site de Lacq. (JL)

L’État a-t-il voulu occulter leur impact sur la santé des riverains ? L’agence régionale de santé le dément et assure avoir « pris en compte » la situation du bassin de Lacq. En octobre 2015, alors qu’une association de riverains se crée pour dénoncer une vague d’odeurs très irritantes, elle saisit l’Institut national de veille sanitaire (INVS) sur l’opportunité d’une nouvelle étude épidémiologique. Près de quinze ans après la première alerte. Leur réponse n’a toujours pas été rendue. Elle dit avoir transmis l’étude à tous les maires concernés dès 2002 – ce que la Sepanso conteste. Mais elle en minimise la portée par une présentation tronquée. Dans un communiqué de presse daté du 9 mars 2016, elle affirme que l’étude conclut à « une sous-mortalité de 13 % sur les zones étudiées ». C’est bien ce qu’écrivent les épidémiologistes. Sauf qu’ils ajoutent que ce n’est pas vrai pour les maladies de l’appareil respiratoire. Dans leur résumé, le premier point clef mis en exergue indique : « surmortalité chez les moins de 65 ans, en particulier pour les causes cancéreuses. » Le communiqué de l’ARS crée une confusion au détriment du message des chercheurs.

 

Joint par Mediapart, le responsable du pôle de santé publique et environnementale de l'ARS, Michel Noussitou, nie l’existence d’une surmortalité dans le bassin de Lacq et refuse d’employer ce terme « connoté ». « Vous voulez faire le buzz avec un mot qui a un sens très particulier en épidémiologie », affirme-t-il, concédant tout juste l’existence d’une « différence de mortalité ». Il y a eu selon lui « moins de sous-mortalités ». Une surmortalité « est toujours relative ». À ses yeux, « quand on parle de surmortalité, cela veut dire qu’on suspecte quelque chose ».

Et il ajoute que l’« auteur » du rapport – en fait ils sont quatre – n’était qu’un « étudiant ». Contacté par Mediapart, l’un de ces spécialistes, devenu un épidémiologiste reconnu, confirme la validité de leur méthode et de ses résultats. « Quand un résultat dérange, on met en cause la méthode », dit-il. Il ajoute que l’étude n’a pas été publiée à l’époque dans une revue scientifique car « il y avait des injonctions » en provenance de la préfecture. Mais Jean-Marc Tourancheau, directeur départemental des affaires sanitaires et sociales des Pyrénées-Atlantiques entre 2001 et 2006, « ne se souvient pas » : « Vous comprenez, c’était il y a 14 ans. »

 

Entrée du site d'Arkema sur le site de Lacq. (JL) Entrée du site d'Arkema sur le site de Lacq. (JL)

 

Pour Michel Noussitou, de l’ARS, « ce type d’étude ne permet pas de conclure » car le bassin de population n’est pas assez important. « Le rapport se lit dans son ensemble, il ne faut surtout pas en extraire un paragraphe. C’est un équilibre entre tout cela. Il ne permet pas de conclure ni dans un sens ni dans un autre. » Lors d’une seconde conversation téléphonique, il s’emporte : « Prenez du recul par rapport à vos certitudes ! » Devant le Haut Conseil de la santé publique, il a déclaré en 2009 que « dans le cas de Lacq, la demande sociale vis-à-vis de l’environnement ou de problèmes de santé repérés n’est pas très importante. Le lancement d’une étude fait courir le risque de briser la paix sociale, la population étant amenée à penser que les investigations en cours sont motivées par la suspicion du problème ». Il précise aussi que la décision avait été prise de ne pas conduire d’étude épidémiologique complémentaire de celle de 2002, car son utilité semblait « discutable » et son coût élevé. Devant le même conseil, le responsable départemental de l'environnement pour l'État (Dreal), Yves Boulaigue, reprend lui aussi en 2010 l’idée qu’une étude épidémiologique n’est pas possible à Lacq « à cause des effectifs trop faibles ».

Pendant de longues années, la puissance publique s’en est remise aux industriels pour mesurer les émissions de substances dangereuses et garantir le respect des normes. Mais dans l’histoire récente, ils ont souvent été pris en défaut de ne pas appliquer leurs obligations. L’étude de 2002 signale de « fréquents » dépassements de seuil (de recommandation mais aussi d’alerte) de dioxyde de soufre, bien qu’il puisse causer des difficultés à respirer et des maladies respiratoires. L’Union européenne a ouvert un contentieux avec la France pour non-respect des quotas d’émissions de SO2 entre 2005 et 2008. Dans son référé de 2015, la Cour des comptes explique que les émissions de tétrachlorure de carbone, substance suspectée d’être cancérigène pour l’homme, ont été « très fortement » supérieures aux limites autorisées, sur l’usine d’Arkema à Mont, commune du bassin de Lacq. Cette unité se spécialise dans la production de Lactame 12, un composant utilisé pour fabriquer des pièces techniques automobiles et des revêtements de tuyaux pour l’industrie pétrolière. Elle a été fondée par Elf, puis reprise par Total et cédée par le pétrolier lors de la fermeture des forages commerciaux de gaz en 2013. En 2012, l’État découvre que les émissions de l’usine étaient depuis des années « sans commune mesure » avec la limite fixée par arrêté préfectoral, décrit la Cour. En 2011, elles sont sept fois supérieures aux quotas alloués pour toute l’Europe (interdit de production depuis 1996, le CCl4 fait l’objet de dérogations dans certains cas). L’entreprise doit réduire ses émissions. Elle parvient à se voir attribuer la majeure partie des quotas européens de cette substance toxique, ce qui lui permet de régulariser ses rejets du point de vue de la norme, sans les réduire autant qu’elle aurait pu y être obligée. La Cour des comptes remarque aussi des problèmes de stockage de matières dangereuses, souvent laissées dans des véhicules citernes ou des wagons : une partie du risque est reportée sur les transports, les contrôles sont trop peu nombreux.

 

Le centre-ville de Mourenx, première ville nouvelle en France. (JL) Le centre-ville de Mourenx, première ville nouvelle en France. (JL)

 

Le bassin de Lacq figure parmi les points noirs du Plan national santé-environnement. À Mont, les pollutions des sols impactent la nappe phréatique. À Mourenx, l’eau de la nappe est colorée en son point de résurgence et l’usage des eaux souterraines est restreint. Il a fallu attendre 2013 pour qu’un arrêté préfectoral prescrive l’arrêt du panache de pollution hors du site industriel d’Arkema à Mont. La station d’épuration de Lacq, Mont et Mourenx a reçu une mise en demeure préfectorale en 2011 à la suite des rejets de substances médicamenteuses dans la rivière voisine, le gave de Pau.

Élus, représentants de salariés, associations, représentants de l’État et industriels ont l’occasion de se réunir dans le cadre des secrétariats permanents pour la prévention des pollutions et des risques industriels (SPPPI) et des conseils départementaux, de l’environnement et des risques sanitaires et technologiques (Coderst). Mais les rendez-vous sont irréguliers. « Ils se renvoient la balle. Toutes les décisions sont collégiales et anonymes. Ils sont à la fois complaisants envers les industriels et se disent défenseurs de l'intérêt général », déplore Michel Rodes, le militant associatif qui depuis 40 ans dénonce les dangers du site de Lacq. Des maires de communes avoisinantes sont d’anciens salariés du site industriel. Seuls cinq élus locaux ont accepté de signer une lettre demandant à Marisol Touraine une nouvelle étude épidémiologique. Sur le bassin, la société Yara fabrique du nitrate d’ammonium, très explosif – c’est la substance que produisait l’usine AZF de Toulouse. Elle parvient à faire en grande partie payer par de l’argent public le mur de protection qu’elle fait ériger autour de son site. En 2011, David Habib, député socialiste des Pyrénées-Atlantiques, proche de Manuel Valls, fait voter une exonération de taxe générale sur les activités polluantes (TGAP) portant sur les injections à 4 000 mètres sous terre d’effluents industriels du bassin de Lacq, qu’il décrit comme « simplement de l’eau salée ». Le groupe Total en est le principal bénéficiaire. Lors de l’examen de l’amendement à l’Assemblée, Valérie Pécresse, alors ministre du budget, soutient la proposition du parlementaire : « Le petit cœur sensible qui continue à battre dans le cœur de la ministre du budget estime qu'en effet ces effluents liquides doivent rester exonérés de la TGAP. »

Prochain épisode : La fabrique du silence.

 

 

 

 

Source : https://www.mediapart.fr

 

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22 avril 2016 5 22 /04 /avril /2016 13:38

 

Source : http://cadtm.org

 

 

Éric Toussaint : « Si les gouvernements ne veulent pas d’audits citoyens de la dette, c’est qu’ils cachent quelque chose »

22 avril par Eric Toussaint , Maialen Mariscal Ruben Plaza

 

CC - Wikimedia

 

Selon Éric Toussaint, les États devraient se déclarer en défaut de paiement pour renégocier leurs dettes avec les créanciers et parvenir à une réduction radicale de celles-ci.

SAN Sebastian (Pays basque - Espagne) – Éric Toussaint milite résolument pour l’annulation de la dette des États chaque fois que celle-ci s’avère illégale, illégitime ou insoutenable. Cette idée, au cœur de la thèse du politologue, a fait l’objet de tous les forums auxquels il a participé, et notamment la Commission internationale que l’ancienne présidente du Parlement grec, Zoé Konstantopoulou, a créée l’an passé. Composée de 30 experts, son objectif était de passer au crible la facture générée par l’endettement de la Grèce. Il y a quelques jours, Éric Toussaint a donné une conférence à San Sebastian sur les audits citoyens de la dette.

Éric Toussaint est le porte-parole du CADTM, un réseau international présent dans plus de 30 pays, et il est l’auteur entre autres du livre Bancocratie.


Quelle est la part légitime de la dette publique de l’État espagnol ?

Sans réaliser d’audit, il est impossible de le savoir. C’est pour cette raison qu’il me paraît fondamental que les citoyens, avec l’aide de la Plateforme pour l’Audit Citoyen de la Dette (PACD) et des gouvernements locaux disposés à opérer un changement, tant au niveau des municipalités que des communautés autonomes ou de l’État, analysent le processus d’accumulation de la dette dans lequel l’Espagne s’est engagée afin de déterminer la part illégitime, illégale et insoutenable.


Quelle est la différence entre ces termes ?

On entend par dette illégitime une dette contractée à l’encontre de l’intérêt général et en faveur de l’intérêt particulier d’une minorité privilégiée. Un exemple est la dette qui provient du sauvetage des banques privées responsables de la crise. Cette dette n’a pas été contractée pour « sauver » le peuple. Avant la crise bancaire, la dette publique de l’Espagne était de l’ordre de 60% du PIB ; aujourd’hui elle atteint 100% du PIB.


Quand parle-t-on de dette illégale ?

Il s’agit de dette accumulée en toute illégalité, comme lorsqu’une municipalité construit une infrastructure en ayant recours à la corruption, à la surfacturation des entreprises de construction ou à des commissions exagérées.


Et la dette insoutenable ?

C’est le cas de municipalités très endettées qui, à la suite de l’accumulation de dettes illégitimes et illégales, se retrouvent incapables de garantir aux citoyens des services publics de qualité. Je ne sais pas s’il existe des localités avec des dettes insoutenables dans la communauté autonome basque mais c’est par exemple le cas de municipalités comme Puerto Real, près de Cadix.


On nous a inculqué l’idée qu’il fallait obligatoirement rembourser la dette publique. Êtes-vous du même avis ?

Il n’y a aucune obligation de rembourser une dette publique si elle est illégale, illégitime et insoutenable. Les créanciers et les gouvernements traditionnels prétendent qu’il faut toujours rembourser une dette. Pourtant, il n’y a pas de quoi s’étonner quand les défenseurs de cette idée sont ceux qui ont profité de ce processus d’endettement, comme Mariano Rajoy, Rodrigo Rato ou encore Mario Draghi, le président de la Banque centrale européenne et l’ancien dirigeant de Goldman Sachs Europe qui a falsifié les comptes de la Grèce pour gagner de l’argent.


Que se passerait-il si l’on ne remboursait pas la dette publique ?

Une dette illégale est nulle et ne pas la rembourser est un droit. Un exemple récent est celui de l’Islande où les banques privées ont fait faillite en 2008. Les gouvernements britanniques et néerlandais ont alors exigé du gouvernement islandais qu’il leur verse des compensations dans le cadre du sauvetage bancaire. Cependant, sous la pression des mobilisations citoyennes, l’Islande a refusé de rembourser une dette engendrée par une crise bancaire privée dont le gouvernement n’était pas responsable. La situation était particulièrement conflictuelle, à tel point que le Royaume-Uni a placé l’Islande dans sa liste d’organisations terroristes aux côtés d’Al Qaida, mais l’Islande ne s’est pas laissée faire. En fin de compte, le Royaume-Uni et les Pays-Bas ont poursuivi l’Islande devant un tribunal d’arbitrage qui, trois plus tard, a donné raison à cette dernière. Cet exemple est peu connu car les grands médias de communication et les créanciers ne veulent pas que ce type d’information circule. L’exemple de l’Islande montre bien qu’il est possible de refuser de rembourser.


De quels mécanismes disposent les citoyens pour se coordonner et faire que leur opinion pèse sur la balance ?

Cela dépend des capacités de chaque mouvement à mobiliser une partie significative de la population pour qu’elle s’organise et entame un processus d’audit de la dette. Cela suppose en premier lieu d’exiger des gouvernements toute l’information sur la façon dont la dette a été accumulée, d’obtenir les copies des contrats et des paiements versés aux créanciers, et d’adopter des critères rigoureux pour identifier la dette illégitime, illégale ou insoutenable. Cela peut se faire à tous les niveaux. Ainsi, dans le sillage du 15M, la Plateforme pour l’audit citoyen de la dette a été créée avec des groupes de différentes régions d’Espagne. De la même façon, après les changements électoraux de mai 2015, certaines municipalités ont voulu organiser des processus d’audit avec participation des citoyens, comme c’est le cas à Madrid, avec laquelle j’ai eu des contacts car la municipalité envisage actuellement des mécanismes de participation citoyenne dans le but de donner de la transparence aux politiques publiques et à la contraction de dettes, en plus de réaliser l’audit des dettes accumulées dans le passé.


La collaboration des gouvernements est-elle nécessaire ?

Cela aide, mais ce n’est pas indispensable. Il ne faut pas rester les bras croisés si les gouvernements ne veulent pas faire d’audit, c’est une raison de plus pour le faire parce que cela signifie qu’ils ont des choses à cacher. Dans tous les cas, s’il y a une volonté de la part des gouvernements d’appuyer l’audit, c’est encore mieux.


Que recherche le mouvement en fin de compte à travers la mise en place d’audits citoyens ?

Convaincre la majorité de la population qu’il est nécessaire de prendre des mesures fortes de suspension des paiements et de renégociation de la dette avec les créanciers.


Quels sont les résultats attendus ?

L’un d’eux est de susciter des prises de décisions, dans le cas où une dette illégitime, illégale ou insoutenable est identifiée, ou les trois choses à la fois, et que celle-ci ne reste pas impunie. On pourrait ainsi parvenir à une réduction drastique de la dette, car ces mesures visent à permettre une suspension des paiements et à obliger ainsi les créanciers à négocier et à faire des concessions. Un autre objectif est d’engager, à travers les mécanismes existants, des poursuites judiciaires à l’encontre des responsables d’un endettement illégal ou illégitime, en cas de corruption, prévarication, etc. Ces procès pourraient être intentés soit aux gouvernements, soit aux fonctionnaires corrompus. Ou encore aux entreprises responsables des travaux ou aux banques qui ont tiré profit de l’endettement en corrompant les fonctionnaires ou en payant des pots de vin pour remporter les contrats.


Est-possible d’intenter un procès à partir d’instances citoyennes ?

C’est le pouvoir public qui doit agir, mais le contrôle citoyen et la pression sur le gouvernement local pour qu’il dise à la justice qu’il faut inculper les responsables sont des éléments très importants. Par ailleurs, et l’expérience le montre, on peut adopter des mécanismes permanents de transparence des processus d’endettement et éviter ainsi que se produisent des cas de corruption ou d’accumulation de dettes pour des raisons non justifiées ou sous des conditions inacceptables par exemple.

Idées forces
Eric Toussaint - POLITOLOGUE
- “Il faut juger les gouvernements, les fonctionnaires, les entreprises de travaux publics et les banques coupables de corruption et de prévarication.”
- “Aucun gouvernement n’a l’obligation de payer la dette publique si elle n’est pas légale, légitime et soutenable.”
- “C’est un cas peu connu, mais l’Islande a refusé le chantage du Royaume-Uni et des Pays-Bas et elle a gagné.”


Traduit depuis l’espagnol par Maïté Guillard et Lucile Daumas.


Source originale : Deia : http://www.deia.com/2016/03/25/econ...

 

Auteur.e

Eric Toussaint

est maître de conférence à l’université de Liège, est le porte-parole du CADTM International et est membre du Conseil scientifique d’ATTAC France. Il est auteur des livres Procès d’un homme exemplaire, Editions Al Dante, Marseille, 2013 ; Un coup d’œil dans le rétroviseur. L’idéologie néolibérale des origines jusqu’à aujourd’hui, Le Cerisier, Mons, 2010. Il est coauteur avec Damien Millet du livre AAA, Audit, Annulation, Autre politique, Le Seuil, Paris, 2012 ; La dette ou la vie, Aden/CADTM, Bruxelles, 2011. Ce dernier livre a reçu le Prix du livre politique octroyé par la Foire du livre politique de Liège Dernier livre : Bancocratie ADEN, Brussels, 2014. Il est coordonnateur de la Commission pour la Vérité sur la dette publique de la Grèce créée le 4 avril 2015.

 

 

Source : http://cadtm.org

 

 

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22 avril 2016 5 22 /04 /avril /2016 13:00

 

Source : https://www.mediapart.fr

 

 

Opération prédation autour du spécialiste mondial des parcmètres et horodateurs
22 avril 2016 | Par martine orange
 
 

Parkeon, qui équipe les villes en parcmètres et horodateurs, est une machine à cash pour ses actionnaires. Elle vient d’être revendue au fonds d’investissement Astorg. À cette occasion, l’équipe de direction empoche 94 millions d’euros pour un investissement de 300 000 euros effectué il y a trois ans.

 

Combien de fois encore la société Parkeon devra-t-elle s’épuiser à se racheter ? La question est dans la tête de tous les salariés de la société, spécialiste mondiale des systèmes de parcmètres et d’horodateurs, qui n'en peuvent plus de voir leur entreprise réduite à une machine à cash pour les actionnaires et les banquiers. Vendredi 15 avril, le fonds de private equity, Astorg Partners, a annoncé s’être porté acquéreur de l’entreprise pour 510 millions d’euros, soit deux fois le chiffre d’affaires (238 millions en 2015), 11,5 fois le résultat brut d’exploitation (Ebitda).

Une belle opération, comme les aiment les fonds d’investissement. Pour réaliser cette acquisition, Astorg Partners engage 246 millions d’euros, le management – une quinzaine de personnes – investit 34 millions. Et le reste… sera payé grâce à de la dette : 230 millions d’euros, qui seront remboursés à nouveau en prélevant sur les capacités financières de l’entreprise. Une partie de la trésorerie de l’entreprise – une vingtaine de millions – a déjà été mobilisée dans l’opération.

C’est la troisième fois en treize ans que Parkeon, qui équipe quasiment toutes les villes de France en parcmètres, est revendu sous forme de LBO (leveraged buy out). En 2003, Schlumberger a décidé de se séparer de cette filiale centenaire, spécialisée à l’origine dans les compteurs d’eau, et l’a cédée au fonds Apax pour 80 millions d’euros. En 2008, Parkeon a été revendu par Apax à un autre fonds, Barclays, pour 260 millions d’euros. Sept ans plus tard, la voici revendue à nouveau pour le double.

 

 

 © CFDT © CFDT
 

Les actionnaires précédents se frottent les mains. Rarement opération financière est si profitable. L’actionnaire majoritaire IGC, un fonds spécialisé dans les dettes mezzanines [dette considérée comme du quasi-capital, remboursée après les prêts bancaires mais donnant lieu à des intérêts plus élevés – ndlr] qui s’est substitué à Barclays en 2013 à la suite des difficultés financières rencontrées par Parkeon, empoche 224 millions d’euros. Les banques vont toucher 144 millions d’euros. Mais c’est surtout le management de Parkeon qui touche le jackpot. Alors qu’ils avaient investi 300 000 euros au moment de la restructuration du capital en 2013, ils ressortent avec 94 millions d’euros trois ans après, selon les chiffres dévoilés par la CFDT. 93,7 millions d’euros de plus-values ! Qui dit mieux ? Même s’ils réinvestissent 34 millions dans le nouveau tour de table, ils conservent 60 millions d’euros à se partager à quinze. De quoi assurer les vieux jours.

 

Les réjouissances ne se sont pas arrêtées là. 27 millions d’euros ont été versés en commissions et honoraires aux banquiers conseils, aux avocats et autres intermédiaires qui ont participé à la vente et au montage du nouveau LBO. C’est plus que la masse salariale annuelle totale de Parkeon en France.

« Nous ne sommes pas des mercenaires », s’est défendu le PDG de Parkeon, Bertrand Barthélémy, qui s’est dit « personnellement blessé », dans un entretien à L’Est républicain en réponse à la contestation des salariés de Parkeon quand ils ont découvert en décembre le montant qu’allaient toucher les dirigeants de leur entreprise. Pour calmer les esprits, les dirigeants ont accepté de verser une prime de 2 millions d’euros aux seuls salariés français, ce qui représente 3 800 euros par personne.

Mais l’opération passe toujours aussi mal auprès des salariés. D’autant plus mal que ceux-ci ont le sentiment d’être les grands perdants de l’histoire. Eux aussi étaient devenus actionnaires de leur entreprise. En 2008, au moment de la deuxième opération de revente, 260 salariés sur un peu plus de 1 000 avaient accepté de participer à un fonds salarial avec le management, qui avait déjà fait une pelote de plusieurs millions grâce à la première revente. Les salariés investissaient alors 400 000 euros pour devenir actionnaires de leur société. Cela leur donnait environ 1,2 % du capital.

Puis la crise est venue et Parkeon s’est retrouvé étranglé par une dette de plus 170 millions d’euros, liée à son rachat. En 2009, une première restructuration intervient. Et là, dans l’opacité la plus totale, alors qu’aucune opération de réduction de capital ne semble avoir touché les autres actionnaires, les actionnaires salariés, eux, sont forcés d’abandonner leurs actions. On leur rachète le total de leurs 792 000 actions pour la somme mirifique de 14 euros !

En dépit de vagues promesses faites par la suite soit par l’actionnaire principal, soit par les dirigeants devant le comité d’entreprise, aucune compensation ne leur sera proposée. Pas même aujourd’hui alors que tous les autres empochent le gros lot. Tout cela s’est passé avant leur prise de fonction, arguent les nouveaux dirigeants. Ils n’ont pas trouvé « la solution légale » qui leur permette d’offrir à ces salariés un dédommagement.

Mais, au-delà du sort des salariés actionnaires, ce sont tous les salariés qui s’inquiètent. Depuis le temps, ils ont appris à mesurer les effets délétères des montages LBO et leur montagne de dettes. Car après la première restructuration en 2009, rien ne s’est arrangé dans l’entreprise. Complètement asphyxié par les frais financiers – alors plus de 16 millions par an –, Parkeon a le plus grand mal à tenir la tête hors de l’eau. Aux difficultés financières s’ajoutent les querelles entre les actionnaires et la direction. Fin 2010, Yves Chambeau, le patron historique, est débarqué. Il est remplacé par Bertrand Barthélémy (X-Mines), ancien conseiller économique de Jacques Barrot, alors ministre du travail et des affaires sociales, devenu par la suite un des dirigeants de Capgemini.

 

Bertrand Barthélémy, PDG de Parkeon © Parkeon. fr Bertrand Barthélémy, PDG de Parkeon © Parkeon. fr
 

Son arrivée est brutale. « Il ne cessait de dénigrer Parkeon. En tant qu’ancien de Capgemini, il ne jurait que par l’externalisation, les services, ne voulait rien savoir de la recherche et développement ou des activités industrielles. Puis, il en est revenu », se rappelle un salarié. Des salariés le soupçonnent d’avoir « tout fait pour amener la boîte en rupture de convenance [garanties attachées à un prêt – ndlr] ». En 2009, lors de la première restructuration de la dette, un accord avait été passé entre Barclays Capital, alors actionnaire majoritaire, et IGC, qui finançait en grande partie la dette mezzanine : si Parkeon ne respectait pas certains ratios, IGC se substituerait à Barclays comme premier actionnaire de la société.

C’est ce qui est advenu en 2013. L’arrivée d’IGC comme premier actionnaire se double d’une nouvelle restructuration de l’endettement. Elle est menée cette fois directement sous l’égide de Bercy, et du ministre des finances, Pierre Moscovici. Ce dernier est alors très concerné par le sort de l’entreprise qui a son principal site à Besançon – Parkeon est le premier employeur de la ville –, à proximité de son fief de Montbéliard. Sous l’amicale intervention de Bercy, les dix-sept banques créancières, emmenées par BNP Paribas, Crédit agricole, Crédit lyonnais, Bred, Axa, acceptent donc une restructuration de la dette, afin de ramener l’endettement à 80 millions d’euros. En contrepartie, elles sont directement intéressées à la revente. Ce qui leur permet aujourd’hui d’empocher 144 millions d’euros. C’est à l’occasion de cette nouvelle restructuration que le management fait une entrée discrète au capital en apportant 300 000 euros.

Pendant toutes ces années, Parkeon s’est vidé de ses ressources financières mais aussi de ses capacités techniques et d’innovation, pour faire face à sa dette de rachat. Toutes les finances de l’entreprise ont été mobilisées pour honorer les échéances des prêts : plus de 130 millions ont été versés en frais financiers entre 2008 et 2013. Tout le reste a été mis au régime sec : les investissements, le développement, la recherche et le développement. Alors que l’entreprise menaçait de crouler, les salariés ont accepté un gel des salaires pendant trois ans. Des postes ont été supprimés. Les salariés en France coûtant trop cher, forcément trop cher, une partie des projets ont été délocalisés en Pologne, tellement plus accueillante. Les salariés de Besançon ont été priés de leur transmettre leur savoir-faire. Cinq millions d’euros d’économie supplémentaires ont encore été réalisés, après la dernière renégociation de dette.

Avec le nouveau montage, Parkeon repart avec une dette de 230 millions d’euros, supérieure au montant de la dette qui a failli couler l’entreprise en 2008. « Le taux d’endettement rapporté à notre rentabilité est deux fois inférieur au taux de l’opération précédente », a affirmé le PDG de Parkeon, en annonçant le rachat de l’entreprise par Astorg.

Néanmoins, l’entreprise part fortement lestée, pouvant vaciller au moindre coup dur. Selon les accords signés avec les créanciers et l’actionnaire, l’entreprise s’est engagée à réaliser un “ebitda” entre 35 et 39 millions. Il est de 44 millions d’euros en 2015. Chaque année, les frais financiers vont représenter entre 12 et 14 millions d’euros, soit trois fois le montant de ses investissements. Et encore elle n’aura pas remboursé le capital de sa dette qui sera seulement payé à la fin de ce troisième LBO.

Tout cela répond-il encore à l'intérêt social de l'entreprise ? Cherchant à rassurer salariés et élus, Bertrand Barthélémy a pris des engagements. « Nous sommes convaincus que nous allons amener notre entreprise encore plus haut, tout en conservant notre ancrage sur le territoire national. Comme vous, je sais que les pouvoirs publics et nos clients français sont sensibles à cet ancrage (…). Cet engagement comprend un fort attachement à notre présence en France et en particulier sur notre site de Besançon », écrit-il dans sa lettre aux salariés pour expliquer le nouveau LBO. En trois ans, les effectifs en CDI de Besançon ont diminué de 9 %.

 

 

 

Source : https://www.mediapart.fr

 

 

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