Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
5 novembre 2012 1 05 /11 /novembre /2012 19:12

 

Le Monde.fr avec AFP | 05.11.2012 à 07h50 • Mis à jour le 05.11.2012 à 19h54

 

 

 

Le ministre de l'intérieur, Manuel Valls.

Alors que Manuel Valls a estimé lundi qu'il n'avait pas à s'excuser après l'extradiction de la militante basque Aurore Martin vers l'Espagne, la famille de la jeune femme a assuré dans un communiqué que les déclarations du ministre de l'intérieur selon lesquelles la militante a été arrêtée à la suite d'un contrôle routier fortuit et qu'elle vivait dans la clandestinité étaient "fausses".  "Nous affirmons que Manuel Valls est un menteur", écrivent-ils dans un communiqué lundi 5 novembre.

Concernant le contrôle "fortuit", ils disent avoir reçu plusieurs témoignages "attestant qu'au moment de l'arrestation d'Aurore, d'autres contrôles de gendarmerie ont eu lieu" sur des routes qu'elle était susceptible d'emprunter. Ils ajoutent qu'ils seront en mesure de fournir d'ici à quelques jours des "éléments plus précis". S'agissant de la "clandestinité", les amis d'Aurore Martin assurent que depuis son retour à la vie publique le 18 juin 2011 lors d'un meeting politique à Biarritz, elle vivait "normalement au vu et au su de tout le monde".

 

APPEL À L'ARBITRAGE DE FRANÇOIS HOLLANDE

La police avait essayé de l'interpeller trois jours plus tard à Bayonne, mais Aurore Martin, aidée de nombreux amis, avait réussi à se réfugier dans un café où les policiers avaient en définitive renoncé à l'arrêter. A l'appui du communiqué de lundi, les soutiens produisent des photocopies de l'inscription d'Aurore Martin au Pôle emploi de Biarritz en avril 2012, de la carte grise refaite à sa demande en septembre et la lettre du conseil général attestant de son admission au RSA en octobre 2012, courriers envoyés à son adresse du village de Saint-Michel.

Dans leur communiqué, famille et amis d'Aurore Martin en appellent "à l'arbitrage de François Hollande qui lors de sa campagne présidentielle avait parlé de clémence pour Aurore". Ils demandent au président français de faire "tout (son) possible pour qu'Aurore revienne parmi nous et que la vérité sur les circonstances de son arrestation soit faite".

 

 PAS D'INTERVENTION DE L'INTÉRIEUR DANS L'EXTRADITION

Dans un entretien à Aujourd'hui en France/Le Parisien, le ministre de l'intérieur a déclaré : "Je ne vais pas m'excuser qu'une décision de justice soit appliquée", soulignant qu'"on ne peut avoir aucune complaisance à l'égard d'une personne qui a soutenu ETA". "D'une manière générale, nous ne cesserons pas de coopérer avec l'Espagne, l'Italie ou l'Allemagne lorsqu'il s'agit de terrorisme", a ajouté Manuel Valls.

Il a par ailleurs tenu à rappeler qu'il n'était "jamais" intervenu dans l'extradition de la militante basque, soulignant qu'il a "simplement été informé de son arrestation après la prise en charge par la police judiciaire".

 

Lire : " Les questions que pose l'arrestation d'Aurore Martin  et  Des élus basques scandalisés par la remise à l'Espagne d'une indépendantiste française 


"MENSONGE D'ÉTAT"

M. Valls a aussi affirmé lundi sur Europe 1 qu'il ne "comprend pas comment des parlementaires peuvent mettre en doute la justice" après l'extradition de la militante basque. Interrogé sur les critiques d'élus basques français qui ont affiché leur scepticisme dimanche après ses propos démentant toute intervention dans l'extradition d'Aurore Martin, le ministre de l'intérieur a dit que "ces mots étaient bien excessifs". Ainsi Olivier Dartigolles, porte-parole du PCF, avait fustigé un "mensonge d'Etat", disant ne "pas croire qu'il [Manuel Valls] n'est pour rien dans cette arrestation".

Le ministre de l'intérieur réfute les accusations selon lesquelles il serait à l'origine de l'application du mandat d'arrêt européen (MAE) qui a conduit les autorités françaises à livrer jeudi Aurore Martin à la justice espagnole. Aurore Martin faisait l'objet d'un MAE de la part des autorités espagnoles, accepté par la cour d'appel de Pau, depuis la fin de 2010. Une tentative d'arrestation par la police en plein Bayonne, en juin 2011, avait échoué, la jeune femme étant entraînée dans un café par ses amis, et les policiers renonçant à donner l'assaut.

La militante basque, 33 ans, a été arrêtée jeudi à Mauléon (Pyrénées-Atlantiques) puis remise dans la foulée aux autorités espagnoles. Incarcérée près de Madrid, elle encourt jusqu'à douze ans de prison en Espagne pour des "faits de participation à une organisation terroriste et terrorisme". Aurore Martin est membre du parti Batasuna qui est illégal en Espagne, où il est considéré comme le bras politique de l'organisation séparatiste basque ETA, mais est légal en France.

 

Partager cet article
Repost0
4 novembre 2012 7 04 /11 /novembre /2012 13:57

 

Ses partisans le disent habité par la certitude sincère que la gauche de gouvernement n’a pas le droit d’échouer sur les questions de sécurité, qu’elle aurait tout à perdre en laissant s’instruire son procès en laxisme ou en angélisme. Ses contempteurs, en revanche, voient en lui un ministre droitier, autoritaire et opportuniste, dont l’ambition personnelle deviendrait presque suspecte.

 

Manuel Valls. 
Manuel Valls.

 

Dans le copieux acte d’accusation dressé par une partie de la gauche contre le « premier flic de France », Manuel Valls, figuraient déjà la politique de très grande fermeté menée contre les Roms, les sans papiers ou les musulmans radicaux ; les réserves exprimées publiquement sur le droit de vote des étrangers (pourtant une promesse de campagne du candidat Hollande) ; l'abandon du récépissé qui devait limiter les contrôles d’identité au faciès (pourtant une annonce officielle du premier ministre Ayrault). Il y a également la logique répressive qui prévaut ici ou là, notamment dans le renforcement récent de l’arsenal législatif antiterroriste.

Bref, la liste est déjà longue de ce qui rapproche le ministre de l’intérieur de la politique menée par ses prédécesseurs de droite (lire ici le parti pris d'Edwy Plenel).

L’arrestation, jeudi soir dans les Pyrénées-Atlantiques, de la militante basque Aurore Martin, immédiatement remise aux autorités espagnoles, ne peut que décupler l’incompréhension et le ressentiment latents contre l’actuel occupant de la Place Beauvau. Officiellement, l’arrestation de la jeune militante de Batasuna – une organisation interdite en Espagne, mais autorisée en France – a eu lieu de façon inopinée, à l’occasion d’un contrôle de routine effectué par des gendarmes (lire ici).

Quoiqu’il en soit, les ministères de l’intérieur et de la justice se sont consultés jeudi soir, et aussitôt mis d’accord pour ne pas intervenir dans ce processus d’extradition, confient à Mediapart des sources informées. Une procédure qui est devenue quasi-automatique depuis la mise en œuvre du mandat d’arrêt européen en 2002.

 

 

Initialement créé pour renforcer et faciliter la coopération judiciaire entre États membres de l’Union européenne (UE), le mandat d’arrêt européen se montre en fait un outil redoutable pour extrader ceux qui ressemblent à des terroristes ou à des complices (pour l’Espagne, Batasuna n’est pas une organisation politique, mais la simple vitrine d’une organisation armée clandestine, ETA). En revanche, le mandat d’arrêt européen s’avère bien moins efficace pour lutter contre la délinquance en col blanc.

Place Vendôme comme place Beauvau, on s’est vite accordé sur le fait que toutes les voies de recours avaient été épuisées par Aurore Martin, et qu’il serait très compliqué juridiquement, voire risqué politiquement, de ne pas la remettre illico à l’Espagne. Même si la jeune femme et ses défenseurs parlent tout au contraire d’un simple délit d’opinion, qu’ETA a déposé les armes depuis un an, et que l’organisation clandestine, à qui l'on attribue 800 morts en 40 ans, a été considérablement affaiblie ces dernières années par les arrestations à répétition de ses responsables (lire ici notre récent entretien avec Aurore Martin).

Profond, le trouble ressenti n'est pas dû qu'à cela.

 

« Nous demeurerons inflexibles »

Aujourd’hui, le trouble vient surtout du fait que quelques jours avant cette arrestation « fortuite », Manuel Valls avait, le 28 octobre, donné une interview musclée au quotidien espagnol El País, dans laquelle le ministre de l’intérieur exprimait son opposition catégorique à la création d’une collectivité spécifique au Pays basque en ces termes : « Il n'y aura pas de structure administrative basque, nous ne voulons pas ouvrir ce débat. Les choses sont claires dans notre esprit et tant qu'ETA n'aura pas restitué ses armes, nous demeurerons inflexibles. »

Ces propos au ton martial avaient déjà déclenché l’indignation des élus locaux. 

« Manuel Valls adore étaler son autorité au sein d'un gouvernement qui en manque cruellement. Mais sa réaction est brutale et prouve son manque de connaissance du Pays basque. Il mélange deux questions essentielles », lâchait ainsi Jean-Jacques Lasserre, sénateur (MoDem) des Pyrénées-Atlantiques.

 

ETA annonçant un cessez-le-feu 
ETA annonçant un cessez-le-feu

 

« Les arguments de M. Valls ne sont pas recevables alors qu'ETA a fait cesser le bruit des armes de façon irréversible, déclarait pour sa part François Maitia, vice-président (PS) du conseil régional d'Aquitaine. Je réfute la référence à ETA. Le gouvernement devrait travailler à la construction de la paix. Malgré ces déclarations, nous ne renoncerons pas, car notre revendication date de la Révolution française. Nous allons poursuivre notre travail de sensibilisation. »

Pire, la ministre de la réforme de l’Etat et de la décentralisation Marylise Lebranchu venait justement, le 11 octobre, de recevoir les élus basques, et elle planchait avec eux sur un projet visant à accorder plus d’autonomie à la région… Autant dire que la sortie en chaussettes à clous (lire la boîte noire de cet article) de son collègue de l’intérieur a semé le trouble.

La polémique déclenchée par l’extradition d’Aurore Martin n’en est que plus vive. Certains n'hésitant pas à dire que l'arrestation de la jeune militante a été préparée et effectuée pour complaire à Madrid, tout en polissant une image de ministre à poigne.

 

Marylise Lebranchu 
Marylise Lebranchu

 

La question politique est maintenant de savoir dans quelles traces Manuel Valls souhaite inscrire ses pas. On sait que tous les locataires de la Place Beauvau ont une tendance naturelle à endosser l’uniforme et à se laisser griser par le pouvoir et les moyens que confère le poste de premier flic de France.

Certes, la législation antiterroriste créée en 1986 par Charles Pasqua et Alain Marsaud n’a jamais été remise en question par les gouvernements de gauche successifs (entre 1988 et 1993, puis 1997 et 2002), malgré les critiques répétées des organisations de défense des droits de l’homme sur son caractère arbitraire, qui fait la part belle à la raison d’État et à la logique policière plus qu’aux principes de séparation des pouvoirs et d’indépendance de la justice.

Évidemment, Manuel Valls n’est ni Charles Pasqua ni Jean-Louis Debré. Mais il a conservé et promu plusieurs responsables proches de l'ancienne majorité au ministère de l'intérieur et dans l'appareil policier.

Il faut maintenant savoir, malgré ses déclarations de loyauté vis-à-vis de François Hollande et Jean-Marc Ayrault, si le ministre Valls, grisé par sa bonne cote dans les sondages d’opinion et son succès à l'applaudimètre lors du congrès du PS (lire ici), entend suivre une trajectoire personnelle à la Jean-Pierre Chevènement, dans un registre jacobin autoritaire, ou prendre un peu de hauteur pour mener une carrière plus proche de celle d'un Pierre Joxe.

Il lui faudrait, pour cela, réussir à réconcilier les citoyens avec leur police, ce dont il ne semble guère se soucier, accorder une attention de chaque instant au respect scrupuleux des droits de l'homme, tout en contenant durablement la criminalité et la délinquance. Une gageure ?

 

Partager cet article
Repost0
2 novembre 2012 5 02 /11 /novembre /2012 17:22
Partager cet article
Repost0
27 octobre 2012 6 27 /10 /octobre /2012 17:57

 

 

Les juges du tribunal de L'Aquila ont-ils vraiment perdu la raison ? Ce lundi, ils ont condamné à six ans de réclusion cinq scientifiques de la commission italienne « grands risques », chargée d’évaluer les dangers liés aux tremblement de terre, pour « homicide par imprudence »...

 

 

 

Les scientifiques de L’Aquila compétents mais un peu trop soumis au pouvoir
Flora Zanichelli - Journaliste
Publié le 26/10/2012 à 11h27

 

 


Le procès des scientifiques à L’Aquila, le 22 octobre 2012 (FILIPPO MONTEFORTE/AFP)

 

Les juges italiens du tribunal de L’Aquila ont-ils vraiment perdu la raison ? Ce lundi, ils ont condamné à six ans de réclusion cinq scientifiques de la commission italienne « grands risques », chargée d’évaluer les dangers liés aux tremblement de terre, pour « homicide par imprudence », suite au séisme de l’Aquila (2009).

Deux membres de la Protection civile italienne ont aussi été condamnés.

De nombreux scientifiques dans le monde ont été atterrés, déconcertés, choqués – un tremblement de terre ne pouvant pas se prévoir.

Mais les cinq scientifiques ont-ils vraiment été condamnés parce qu’ils n’avaient pas prévu le tremblement de terre ? Eh bien non !

Rassurer les habitants alarmés

A la lecture de la sentence, on s’aperçoit que la motivation des juges n’est pas de condamner des scientifiques «  pour ne pas avoir prévu le tremblement de terre  ».

Non, ce qui a perdu les scientifiques, c’est d’avoir répondu à l’exigence toute politique de rassurer les habitants du chef-lieu des Abbruzzes, alarmés par une longue séquence de secousses et des premiers dommages causés à des édifices, notamment une école.

Dans le procès-verbal, rapporte le Fatto quotidiano, il est écrit  :

«  Le but n’est pas de condamner les accusés pour ne pas avoir prévu la secousse destructive du 6 avril 2009 ou pour ne pas avoir lancé des alarmes de fortes secousses imminentes ou pour ne pas avoir ordonné l’évacuation de la ville. […] La science ne dispose pas actuellement de connaissance ou instruments pour prévoir les tremblements de terre.  »

Et :

« Sont imputés tous les membres de la Commission nationale pour la prévision et la prévention des grands risques réunis à L’Aquila en date du 31 mars 2009 avec l’objectif de fournir aux citoyens des Abbruzzes toutes les informations disponibles à la communauté scientifique sur l’activité sismique des deux dernières semaines ; pour négligence, imprudence et inexpérience. »

Peu avant le séisme, des signaux inquiétants

Ces scientifiques ont été condamnés car ils auraient omis de citer les dangers et risques liés à l’activité sismique du territoire, une activité sismique qui s’était considérablement accentuée ces derniers jours, au point d’alerter plusieurs géologues présents sur le terrain.

Antonio Moretti, sismologue de profession, enseigne à l’université de l’Aquila :

«  [Peu avant le séisme] la communauté sismologue étions inquiets car il y avait des secousses toujours plus profondes et toujours au même endroit. 

Avec quelques collègues, nous avons averti l’adjointe à la Protection civile de la région Daniela Stati pour lui dire que nous étions disponibles afin de discuter de la situation mais elle n’a pas donné de suivi.

Quand la réunion de la commission grands risques s’est tenue et que nous avons entendu les paroles de nos confrères, rassurantes, nous nous sommes dits : mais on est en train de devenir fous ? Il y a un grand risque de catastrophe et on pense à rassurer les gens ? »

Des écoutes compromettantes

Le procès qui a conduit à la condamnation de ces scientifiques n’est pas un procès de compétences. Tous sont éminemment reconnus dans leur domaines. Ce procès condamne les relations entre scientifiques et politiques.

Leurs déclarations ont répondu à une opération com’ orchestrée par le chef de la Protection civile. Selon des écoutes téléphoniques diffusées par Repubblica TV, une semaine avant la catastrophe, le chef de la protection civile italienne, Guido Bertolaso, avait appelé l’adjointe à la protection civile de la région, Daniela Stati, pour instituer la réunion de la commission grands risques.

Voici ce qu’il lui avait dit  :

«  De Bernardis [vice-président de la Protection civile], va t’appeler pour organiser une réunion à L’Aquila au sujet du “ buzz ” sismique.

Comme ça on fera taire les imbéciles, calmer les suppositions, préoccupations... Dis à tes employés que lorsqu’ils doivent préparer leurs communiqués, ils doivent voir avec mon bureau de presse.

Moi, je ne viens pas mais les stars du tremblement de terre en Italie seront là.

C’est une opération médiatique tu as compris  ? Comme ça, ces supers experts des séismes diront  : c’est une situation normale, ce sont des phénomènes qui se vérifient, mieux vaut 100 secousses de niveau 4 sur Richter plus que rien du tout car ces 100 secousses servent à libérer l’énergie et que donc il n’y aura jamais la secousse, celle qui fait mal.  »

Selon Antonio Moretti :

« Les scientifiques ont dit beaucoup de choses qui n’avaient pas de sens. Comme cette histoire de secousses qui servent à libérer l’énergie. C’est faux. »

Une semaine plus tard exactement, le séisme de l’Aquila d’une magnitude de 6,3 sur Richter faisait 350 morts et 1 500 blessés.

Le procès manqué des politiques

Le procès de lundi a surtout laissé un goût d’inachevé. Antonio Moretti est amer.

« Cette condamnation est une honte car aux yeux de l’opinion publique, elle fait des scientifiques les coupables de cette tragédie. Des boucs-émissaires.

Bien sûr, ils ont commis une erreur en participant à cette commission et en tenant des discours approximatifs. Mais c’est là leur seule faute. La peine est très lourde.

En revanche, ce n’était pas à eux d’agir, de prendre une décision. Cela relève de la compétence des politiques. Bref, les responsabilités doivent être partagées. »

Joël Dyon, attaché de presse de l’Institut de physique du globe (le lieu où travaillent les sismologues français), précise :

« Le problème de cette commission grands risques, c’est qu’elle était composée de sismologues et membres de la protection civile, qui seraient en quelque sorte juges et partie. »

Antonio Moretti ajoute :

« Parmi les personnes invitées à participer à la commission “grands risques”, il y avait des vulcanologues, physiciens et même un médecin, bref autant de personnes qui n’étaient pas en mesure d’évaluer les dangers liés à un séisme. Tout du moins pas aussi bien qu’un sismologue ou géologue. »

Une nécessité de croiser les compétences soulignée par la Société géologique italienne :

«  Les sismologues ne peuvent pas à eux seuls défendre le pays  : ils ne réussiront pas à interpréter les données, car il lui manque la connaissance de l’histoire géologique du territoire. »

Dur d’ignorer les risques

Les politiques pouvaient difficilement ignorer les risques. Sans compter que la situation sismique de la Péninsule avait déjà fait l’objet d’un rapport ultra détaillé publié en 2000.

Le rapport Barberi, du nom de l’ancien chef de la Protection civile, était la plus grande étude jamais réalisée concernant la vulnérabilité sismique du pays.

Réalisé à la fin des années 90, il regroupait le travail de techniciens chargés de vérifier l’état de milliers de constructions publiques. Tous les maires en avaient obtenu une copie. Nombre de monuments de l’Aquila qui se sont écroulés étaient listés dans ce rapport.

Dans ledit document, Barberi concluait  :

« Ces données doivent constituer une ligne directrice constante pour trouver des solutions aux problèmes complexes liés à la sécurité du territoire concerné par le risque sismique. Tous les organismes intéressés doivent en prendre la responsabilité. »

L’Aquila meurt une seconde fois

Aujourd’hui, la ville de l’Aquila est toujours en chantier. Nombreux sont ceux qui s’inquiètent de la non-reconstruction du centre historique de la ville, privant les habitants d’un lieu de rencontre et de possible vie commune.

Ici, 37 000 personnes vivent toujours grâce aux aides d’Etat, faute de mieux. Les travaux s’éternisent et l’espoir de voir un jour la ville refaite à neuf s’est envolé en fumée.

Aucune date n’a été fixée concernant la fin des travaux, contrairement à ce qu’avait promis Silvio Berlusconi, qui a depuis démissionné. Et la politique de rigueur du gouvernement Mario Monti n’a pas pour priorité l’aide aux victimes de tremblement de terre.

Non reprise en main de la situation, la population laissée à son triste : aujourd’hui, L’Aquila est juste en train de mourir une seconde fois.

 

 

Partager cet article
Repost0
27 octobre 2012 6 27 /10 /octobre /2012 16:02

 

 

Rue89 -  Radio 27/10/2012 à 12h55

Martin Untersinger | JournalisteRue89

 

Pour le deuxième épisode du partenariat entre l’émission de France Culture Place de la Toile et Rue89, nous nous penchons sur la question de l’invention d’Internet.

Pour aborder cette question, nous recevions trois invités :


Rue89 et France culture, mariés et heureux

Pourquoi cette question ?

Au beau milieu de l’été, une tribune publiée dans le Wall Street Journal s’est posé une question toute simple : mais au fait, qui a inventé Internet ?

La thèse de son auteur, le consultant Gordon Crovitz, est limpide : l’invention d’Internet ne doit rien à l’Etat, tout – ou presque – est dû à l’initiative privée. Pour lui, Internet illustre les méfaits de l’interventionnisme étatique.

Crovitz, proche de la droite américaine, répondait en fait à Obama, qui avait déclaré :

« Internet ne s’est pas inventé tout seul. La recherche publique a créé Internet afin que toutes les entreprises puissent y gagner de l’argent. »

Problème : cette tribune est remplie d’erreurs factuelles sur l’histoire des réseaux. « La démonstration ne tient pas une seconde, c’est un tissu d’erreurs », estime Valérie Schafer.

Aux Etats-Unis, l’éditorialiste spécialisé high-tech de Slate.com Fahrad Manjoo rappelle que le gouvernement était au contraire présent à chaque étape du développement d’Internet.

Sur le Los Angeles Time, le journaliste Michael Hiltzik assène :

« (A l’époque) Les entreprises privées n’avaient pas d’intérêt pour quelque chose de si visionnaire, de si complexe, avec des débouchés commerciaux aussi incertains. »

C’est quoi Internet ?

Pour comprendre cette erreur, il faut comprendre ce qu’est Internet : un réseau de réseaux. Dans les années 60 les premières initiatives apparaissent pour relier entre eux des réseaux déjà existants, notamment ceux des universités américaines.

On peut dégager, à défaut d’inventeur et en simplifiant, trois moments capitaux dans l’apparition d’Internet, qui montrent bien que la puissance publique est à la base d’Internet :

  • Le développement d’Arpanet, à partir de 1967, par la Darpa, l’organisme de recherche du Département de la Défense américain. C’est un réseau décentralisé (pour relier un point A à un point B, les données peuvent passer indifféremment par C, D ou E), censé résister à une attaque nucléaire (on est alors en pleine guerre froide) ;
  • Le protocole TCP/IP, défini en 1974. Derrière ce nom barbare se cache un moyen trouvé pour faire dialoguer ensemble des réseaux techniquement différents qui ne parlent pas forcément la même « langue ». Il a aussi été développé au sein de la Darpa par Vinton Cerf et Robert Kahn ;
  • Les liens hypertextes et l’interface graphique (le navigateur que vous utilisez pour voir cette page en est une) apparus au début des années 90, notamment dans les laboratoires du Cern sous l’impulsion de Tim Berners-Lee. Cela a donné le Web, principalement faits de pages et de liens (comme Rue89).

On le voit : il n’y a pas d’invention d’Internet à proprement parler, mais le développement et le perfectionnement progressif de plusieurs technologies.

L’arrivée du Web

Comme si ça n’était pas assez compliqué, on confond souvent Internet (le « réseau des réseaux ») avec le Web : le second est compris dans le premier. Internet, c’est tout un tas de choses différentes :

  • la navigation sur le Web ;
  • les e-mails ;
  • la VoIP (Skype)...

Internet c’est le réseau, le Web n’est qu’un usage de ce réseau, apparu ultérieurement.

Pendant longtemps, il fallait, pour accéder à Internet, avoir accès à des techniques complexes et un point de connexion qui étaient alors rares, souvent des universités (les fournisseurs d’accès tels qu’on les connaît aujourd’hui n’existaient pas).

A partir du début des années 90, les premiers fournisseurs d’accès apparaissent (FDN est le premier en France).

Le Web, conjugué à cette facilité d’accès, ouvre Internet au grand public... Et aux entreprises. Laurent Chemla explique ce basculement :

« Quand je montrais aux gens avant 1995 ce que je faisais, tout le monde me regardait comme si j’étais un martien. Dès que j’ai montré les premières versions de Mozaic tout le monde m’a dit “j’en veux”. »

Une question mal posée

Il n’y a pas de date de création d’Internet. Personne n’a jamais appuyé sur un bouton pour un lancement en fanfare. C’est un patchwork d’innovations disparates, qui se sont peu à peu assemblées pour former Internet, puis le Web. Benjamin Thierry :

« Cette évolution est plus qualitiative que quantitative : on a du mal à placer une borne en deçà de laquelle on est dans un réseau de réseaux et au-delà de laquelle on est dans Internet. L’idée de l’interconnexion des ordinateurs est très ancienne, dès la toute fin des années 40. »

On pourrait citer les mots de Vinton Cerf et Robert Kahn (les inventeurs du protocole TCP/IP) :

« Aucune personne, ni même un petit groupe d’individus n’a réellement inventé Internet. C’est le résultats de nombreuses années de collaborations entre des universitaires et des personnes du gouvernement. »

Neutralité du Net, fusion du CSA et de l’Arcep, régulation des contenus, problématiques liées à la propriété intellectuelle et au téléchargement... Nombreux sont les débats et les conflits qui prennent leur source dans les imbrications progressives de ces technologies qui ont peu à peu imprégné toute la société.

Partager cet article
Repost0
24 octobre 2012 3 24 /10 /octobre /2012 18:21

 

Pierre Rabhi dans le bois de Païolive

Pierre Rabhi dans le bois de Païolive

 

Fin mars 2012, j’ai eu la chance de passer trois jours entiers en tête-à-tête avec le paysan et philosophe Pierre Rabhi. La raison de cet entretien réalisé chez lui, à LaBlachère, dans les Cévennes ? Le besoin d’actualiser et prolonger Le chant de la Terre, un ouvrage biographique écrit par les reporters Jean-Pierre et Rachel Cartier il y a dix ans, en 2002.

Alors que la version actualisée du livre sort en librairie demain jeudi 25 octobre, j’avais envie de partager avec vous quelques extraits sonores des 15 heures d’enregistrement que j’ai effectuées à cette occasion.

 

Malheureusement, plus de deux heures de copier-coller sur 3 logiciels différents ont eu raison de ma patience… si bien que cet article ne vous offrira que quelques extraits de l’ouvrage actualisé, et quelques photos… dans l’attente de le compléter ultérieurement, peut être, des quelques pastilles sonores que j’envisageais de vous offrir

Un voyage initiatique

 

Première édition du livre Le Chant de la Terre

Couverture première édition du livre Le Chant de la Terre

 

L’ouvrage de Jean-Pierre et Rachel Cartier narre la vie de Pierre Rabhi et livre toute la richesse du parcours effectué par cet "homme petit, de frêle apparence, le visage barré d'une moustache, chaleureux et toujours parfaitement courtois" né dans le désert de l'oasis de Kenadsa, dans le Sud Algérien. L’émotion des deux reporters est palpable dès le début, ainsi qu’ils en témoignent dès les premières pages : "nous avons rencontré lors de nos pérégrinations, Rachel et moi, de nombreux personnages que nous jugeons extraordinaires mais c'est la première fois que l'un d'entre eux nous accordera une semaine entière sans la moindre interruption, sans le moindre coup de téléphone. Pierre Rabhi est si modeste que lorsqu'on se tient devant lui pour la première fois, on a du mal à croire qu'il ait vécu une vie aussi volontaire et aussi romanesque. Mais dès qu'il se met à parler, on voit se lever dans ses yeux une passion qui est à la fois brûlante et raisonnée. Une passion contrôlée."

Et pour cause, Pierre compare sa vie à "une sorte de voyage initiatique". Son enfance "écartelée" entre deux pays, deux familles, deux religions lui donne l’envie d’être "ouvert à toutes les alliances, à toutes les convergences". Né dans une culture islamique, éduqué dans une société chrétienne et passionné de philosophie, Pierre Rabhi confie qu’il n’a jamais été aussi spirituel que depuis qu’il n’a plus de religion. Pour lui, le surnaturel et le miracle se trouvent dans le vivant : "Si je mets une graine dans la terre, elle grandit, elle donne une plante ou un arbre. Dans un grain de blé, il y a en puissance de quoi nourrir toute la terre. C'est cela le miracle, le surnaturel. Nous sommes tous capables de surnaturel et, personnellement, je n'ai pas besoin d'autre preuve de l'existence de Dieu. Tout est miracle, nous baignons dans le miracle. L'éternité est dans l'instant présent. C'est cela ma religion. En fait, j'ai envie de dire que Dieu est la Vie qui fait pousser l'herbe et grandir l'arbre."


Pierre Rabhi en train de soigner sa terre

Pierre Rabhi en train de soigner sa terre

 

Et voilà ce qui le pousse au plus profond de son être : le besoin de préserver le vivant et de faire cesser les "profanations" dont l’homme se rend responsable. "Les rituels, les dogmes, les institutions ne m'intéressent plus. Je trouve même suspect que, de nos jours, on parle tellement de spiritualité. C'est comme si nous n'étions pas sûrs de ce que nous affirmons, comme si nous avions besoin de nous rassurer. Si nous avions vraiment une certitude profonde, nous ne parlerions pas tant. Nous serions dans la Vie et c'est tout", s’exclamait-il déjà en 2002. Pour être attentif au monde, Pierre Rabhi a donc conçu ses choix de vie en cohérence avec sa pensée et ne cesse depuis de "s’engager" pour promouvoir l’agroécologie et les modes de vie plus respectueux de la terre et du vivant.

 

La politique, en actes

Couverture de la version rééditée du Chant de la Terre

Couverture de la version rééditée du Chant de la Terre

 

C’est de tout cela dont parle le Chant de la Terre, avec un message clef : "la crise que nous vivons n'est pas seulement celle des moyens, elle est celle de l'être humain. Si l'être humain ne change pas, si chacun de nous, honnêtement, ne change pas, il ne servira à rien de changer les techniques et cela d'autant plus que même les meilleures seront vite perverties. »

Au fil des pages, on comprend à quel point les différentes initiatives lancées par Pierre Rabhi cherchent sans cesse à renouer avec l’essentiel. Les colibris, l’association Terre & Humanisme, la fondation Pierre Rabhi, les Oasis en tous lieux, le centre des Amanins ou la ferme des enfants… autant de projets qu’il a insufflés ou inspirés. Il revient également sur son expérience de la candidature à la présidentielle en 2002 : "il s’agissait aussi d’incarner l’utopie (…) et de profiter du débat électoral pour attirer l’attention sur les valeurs et les critères sur lesquels les politiques ne s’arrêtent jamais", à savoir la décroissances, la surconsommation, le progrès, le respect du vivant, l’éducation et la place du féminin dans la société.

Comme je le souligne dans l’ouvrage, il est parfois difficile d’obtenir de Pierre Rabhi des éléments plus détaillés sur le chemin à suivre pour changer le monde. La raison en est simple : le seul changement viable, à ses yeux,  est un profond changement de paradigme. C’est la raison pour laquelle il estime que "nous passons notre temps à corriger les dégâts du système" alors qu’il est possible d’aller plus loin, "de dépasser l’humanitaire de secours pour aller vers l’humanisme qui abolirait la nécessité de l’humanitaire. En abandonnant les approches réparatrices, l’humain devient la première référence si l’on veut définir un vivre-ensemble cohérent. Dans cette tentative, il faut évidemment prendre en compte l’irrationalité des hommes, la part subjective de la nature humaine avec tout ce que cela englobe. La tâche est loin d’être facile, mais elle est et sera de plus en plus irrévocable."

Dans la peau de Pierre Rabhi

Rassurez-vous, le paysan-philosophe n’a pas perdu de son enthousiasme pour autant et rêve d’une approche plus poétique de la politique, qui nous permettrait de revenir aux fondamentaux. Dans le cas d’une problématique telle que le chômage par exemple, se rappeler que ‘tripalium’, en latin, faisait référence au dispositif dans lequel on assujettissait les animaux pour les immobiliser et les ferrer. En revisitant la sémantique, on se rend compte de la force symbolique du terme dans notre psyché. Aujourd’hui, on parle même de matériel humain, de compression de personnel, de dégraissage des effectifs, etc., comme si l’on avait à faire à de la matière !

D’ailleurs, l’écoute accrue dont il bénéficie lors de ses interventions l’encourage au quotidien et lui donne bon espoir en l’avenir. Dans Le chant de la terre, le dernier chapitre a justement pour ambition de regarder avec lui le chemin parcouru depuis dix ans... comment Pierre regarde Rabhi, ou plutôt l’inverse. Avec ses angoisses, ses préoccupations et ses tourments. Avec la flamme et la jeunesse qui l’habitent encore.

Il est touchant, Pierre Rabhi lorsqu’il fait ces confidences… Aussi touchant que lorsqu’il vous emmène faire un tour dans le bois de Païolive, en contrebas de la ferme. Cette forêt ancienne s’étend sur 13000 hectares. Dans ses enchevêtrements de blocs calcaires érodés et d’arbres majestueux, minéral et végétal se lient et se relient intimement pour lui donner un aspect magique, quasi-mystique. La biodiversité y est unique, préservée dans un relief accidenté qui abrite deux mille ans d’histoire. Tantôt enchanteur, tantôt inquiétant, "le bois de Païolive interdit à ceux qui le traversent de rester figés dans leurs certitudes et dans leur confort mental" a déclaré un jour l’écrivain Gil Jouanard. On se dit alors que le lieu était vraiment prédestiné… Mais chut, je m'arrête là et n'en dis pas plus.

A lire en attendant d'avoir le livre (Le Chant de la Terre, paru aux Editions La Table Ronde, 256 pages, 18 euros):

Partager cet article
Repost0
23 octobre 2012 2 23 /10 /octobre /2012 15:59

 

 

http://mingata.blogs.nouvelobs.com/archive/2012/10/22/heureusement-la-gauche-est-au-pouvoir-ndl.html

 

Heureusement, la #gauche est au #pouvoir. (#NDL)

 

 

 

 

Parmi ces "squatters" que la force publique déloge de Notre-Dame-Des-Landes, il y a ces femmes et ces hommes qui cultivent la terre. Cette terre, ils la cultivent sans titre de propriété, ni autorisation administrative. Mais, ils lui confient leurs espoirs, ils la respectent. Ils rendent hommage à la terre.

 

 

Cette terre, ils l'ont choisie comme un acte de résistance pour la vie, parce que les partisans de la pensée unique, les croyants du Produit Intérieur Brut veulent la détruire.

 

 

Les croyants du PIB ne voient de progrès que dans l'augmentation perpétuelle de la vitesse de destruction des ressources de l'humanité.Comme les croyants du PIB ont l'argent et le pouvoir politique, ils possèdent tous les titres de propriété et les autorisations administratives qu'ils désirent. Mais, ils veulent détruire cette terre, ils ne la respecte pas.

 

 

Pourtant notre planète n'arrive plus à assimiler nos pollutions. Pourtant nous pillons déjà tellement les ressources de toute la planète que, tous les ans, plus de 8 millions de femmes, d'hommes et d'enfants, meurent de faim.

 

 

N'est-il pas temps de ne plus considérer la propriété comme un droit de détruire mais comme une responsabilité?

 

 

N'est-il pas temps de donner une chance à la vie, d'en finir avec notre fascination pour la vitesse, pour le pillage des ressources, pour les accumulations de pouvoir et d'argent? N'est-il pas temps de redonner du sens à nos vie? N'est-il pas temps de mieux accorder légalité et légitimité? N'est-il pas temps de nous réconcilier avec un peu d'humanisme?

 

 

Heureusement, la gauche est au pouvoir et tout ça va changer tout ça, non?

 

 

Sinon, nous détenons un pouvoir tout aussi puissant que nos bulletins de votes: le choix de nos modes de vie, le choix de nos consommations. Que nous cessions d'acheter les biens dont nous n'avons pas vraiment besoin et le pillage des ressources s'arrêtera de lui-même...

 

 

 

 

"Si le peuple avance, les dirigeants suivront." (Gandhi)

 

 

 

 

François NICOLAS, Rezé (44)

 

https://www.facebook.com/FrancoisNicolas44

 

 

 

 

404017_10151280060961718_30928213_n.jpg

 

Partager cet article
Repost0
19 octobre 2012 5 19 /10 /octobre /2012 17:16

 

Diam's TF1 30 septembre 2012 
Diam's TF1 30 septembre 2012
Certains ont cru voir une fanatique d’Al Qaeda sur TF1 le 30 septembre dernier, Didier Porte une sorte d’« adolescente attardée »…plutôt une simple quête spirituelle après une vie au bord du gouffre…

 

 

Dans les années 1970, les babas auraient adoré : la recherche d’une spiritualité hors des miroitements superficiels de l’argent roi et une volonté de dépouillement après des années de « bling bling ». Mais on a connu, depuis, l’islamophobie, entendue comme la stigmatisation discriminatoire des musulmans (et non la légitime critique des religions), avec tous les amalgames entre terrorisme, intégrismes et islam.

 

Didier Porte en général Custer ?

 

Ainsi nombre de réactions dans les médias et sur internet au livre de Mélanie Georgiades dite Diam’s, publié récemment aux éditions Don Quichotte sous le titre Diam’s, autobiographie, et à l’entretien de TF1(1) dessinent plutôt le portrait d’une monstruosité, qu’on va montrer du doigt comme au zoo (« Regardez comment ils sont ! », avec une pointe de tremblement dans la voix pour se faire un peu peur, entre voyeurisme, répulsion et sentiment de supériorité). Le camarade Didier Porte, dont j’apprécie habituellement les chroniques sur Mediapart (et avant sur France Inter), la joue moins dramatique. Il nous fait plutôt le coup du mépris misérabiliste au nom d’une bonne conscience antiraciste qui révèle cependant des côtés troubles : regardez cette « neuneu » qui fait le jeu des islamophobes avec son voile à la con(ne)(2) ! Car, pour celui qui s’est transformé - pour un temps seulement, espérons-le – en général Custer de l’humour franchouillard « de gôche », « un bon musulman est un musulman invisible » !

 

Certes, je me battrais pour que Didier Porte continue à avoir le droit d’exprimer une telle ironie acerbe sans pour autant être menacé de mort comme l’ami Charb. C’est ce que nous avons voulu dire avec Philippe Poutou il y a quelques temps en associant la lutte contre l’islamophobie à la défense du droit à la caricature de Charlie Hebdo(3). Certains ont vu alors en nous des « islamophobes » (à cause de l’appui à Charlie Hebdo) et d’autres des « islamistes » (à cause de la critique de l’islamophobie). Comme si c’était si difficile de prendre en compte deux facteurs face à ce type de problème, alors que nombre d’événements qui nous sollicitent présentent trois, quatre, cinq…arêtes ! Malheureusement, c’est le manichéisme et non pas les complications et les fragilités humaines qui ont le vent en poupe aujourd’hui dans les médias (jusque chez les critiques des médias eux-mêmes) et sur internet. Ce qui participe à l’actuelle décomposition intellectuelle des gauches, mais c’est une autre histoire(4)…

 

Á distance du climat islamophobe, la biographie de Diam’s peut être lue autrement et son entretien sur TF1 peut émouvoir, non pas sur un mode paternaliste un peu en surplomb mais dans une relation à égalité face au témoignage singulier d’une sœur humaine. Cet entretien m’a donc ému. Il faut dire que nous avons un goût commun avec Diam’s pour le personnage principal de Forrest Gump : un attrait pour la naïveté humaniste comme antidote aux séductions contemporaines du cynisme. Bref, le camarade Didier Porte pourra me rajouter aussi à sa liste de « neuneus »…

 

 

 

"La boulette"

 

 

Bonheurs et souffrances d’une aventure dans le rap

 

 

 

"Ma France à moi"

 

La plus grande partie du livre de Diam’s raconte son parcours dans le rap et dans le showbiz. Les incertitudes de l’adolescence et l’absence du père sont au point de départ, avec une tentative de suicide à 15 ans. Toutefois, à travers les premiers contacts avec le  rap, s’ébauche très tôt une tentative de trouver du sens dans le brouillard. Mélanie Georgiades, née en 1980 à Chypre, devient Diam’s dès 1993. L’écriture se présente comme un bonheur inédit, les amitiés nourrissent, l’attente du succès concentre l’attention, les joies de la communion avec un public grandissant font battre le cœur, mais sans pour autant éteindre les fêlures internes. La célébrité atténue et en même temps attise les angoisses, dans des moments différents. La superficialité d’un milieu dont la rebellitude affichée cache mal la fascination pour l’argent la laisse même de plus en plus solitaire : « Dès que j’étais seule, et que je redevenais Mélanie, je ne pouvais que faire le constat de mon mal-être, de ma carence d’amour, de mon manque de repères ».

 

Cachets, dépression, séjours en clinique psychiatrique, nouvelle tentative de suicide… La vie de Mélanie, pourtant adulée sur scène, ressemble aux personnages de ses chansons les plus tristes : leur existence « ne tenait qu’à des branches trop fragiles comme la mienne ».

 

Les interrogations se précipitent alors : « J’avais, certes, mais qui étais-je ? Quel était le sens de ma vie ? Où était le bonheur ? La gloire ? Elle m’éblouissait. L’argent ? Je n’arrivais pas à le transformer en sérénité. » Elle aurait pu devenir une héroïne ordinaire de nos quêtes communes de sens…Mais la diabolisation actuelle de l’islam a largement fait écran à l’émotion et au partage des questionnements spirituels.

 

 

"Si c'était le dernier" en live ("Ce soir ou jamais", 18 novembre 2009)

 

Spiritualité musulmane et sérénité (lecture d’un agnostique)

 

Des grands-parents maternels catholiques pratiquants, une éducation dans un rapport flou au christianisme, son histoire ne prédisposait pas Mélanie à la rencontre avec l’islam. Toutefois, dans les tempêtes intérieures, une expérience inopinée de prière l’apaise, puis la lecture du coran vient illuminer sa vie : « Je me sentais libérée de mes chaînes, de mes démons, de mes angoisses, de mes craintes ». Agnostique, je ne peux pas dire grand-chose des apaisements du religieux. Ayant mis entre parenthèses la question de dieu, je m’efforce de frayer des sentiers spirituels plus cahoteux et incertains hors des religions et des divers absolus (y compris anti-religieux et laïcs). Mais je ne ressens pas le besoin de salir et de crétiniser les chemins pris par d’autres. Si la spiritualité, c’est-à-dire l’interrogation sur le sens et les valeurs de l’existence humaine et plus largement du monde, n’appartient pas aux croyants, ils en constituent historiquement une modalité importante.

 

Le rapport à l’islam de Mélanie est tout à la fois inscrit dans la consolidation de son individualité et dans l’ouverture aux autres. Le rapport au religieux apparaît bien fortement individualisé : « la première fois que j’ai prié seule a été un grand jour, j’étais heureuse et fière de moi », « prier, se recueillir et lire la parole de Dieu : me voilà seule avec mon Seigneur », « Moi et Lui, c’était tout »…Tout en stimulant un certain goût des autres : de la convivialité lors de la rupture du jeûne pendant le ramadan à l’implication dans le projet humanitaire Big Up Project pour les enfants d’Afrique orphelins.

 

Le voile ? « Le fruit d’une réflexion personnelle, intime et mûrie, le fruit de mes lectures et de mes convictions ». Un certain besoin de ressourcement personnel comme d’humilité après les années de starisation et de valorisation de l’avoir. Point ici de contrainte patriarcale directe, ni de contrainte collective indirecte. Pas de discours sur la subordination de la femme. Pas de construction politique islamiste, non plus, ni d’hostilité à l’égard de l’incroyance, des autres religions ou de la laïcité. Certes Diam’s n’aborde pas la question des origines historiques discriminatoires du voile vis-à-vis des femmes par rapport aux hommes dans les diverses religions. Pourquoi ce qu’elle appelle « la pudeur » appartiendrait-elle par « nature » aux femmes et non aux hommes ? La question n’est pas posée par elle, mais aujourd’hui des féministes musulmanes, voilées ou non voilées, s’interrogent et réfléchissent à des lectures non discriminatoires des voiles et autres foulards. La question est en tout cas ouverte et ne peut pas être définitivement tranchée par le stéréotype essentialiste de « la femme soumise ». Bien au-delà du traitement de l’islam et du voile, l’essentialisme, c’est-à-dire la tentation de la réduction de réalités sociales composites et contradictoires à des « essences » homogènes et stables, constitue d’ailleurs une des pathologies les plus vivaces contribuant à plonger actuellement les gauches dans un coma intellectuel profond(4).

 

Loin des clichés et des stéréotypes en cours, n’a-t-on affaire simplement là à la manière personnelle d’une sœur humaine de réagir aux tourmentes du sens, en stabilisant une sérénité bienfaisante ? Certes, comme souvent dans les rapports avec des absolus (les absolus religieux ou athées), il y a un risque que le libre-arbitre personnel finisse par abdiquer devant les prophètes des dits absolus. Mais ce n’est pas un risque plus grand chez Diam’s ou chez les musulmans en général que chez les catholiques, les juifs ou… les communistes. Il n’y a peut-être pas d’aventures humaines sans chausse-trappes, mais peut-on se passer pour cette raison de la quête spirituelle ?

 

 

* Mélanie Georgiades : Diam’s, autobiographie, éditions Don Quichotte, 309 p., 19,90 euros *

diam-s.jpg

* Sur le Big Up Project, la Fondation pour les enfants d’Afrique lancée par Mélanie Georgiades/Diam’s, voir ici

 

Notes :

(1) « Diam’s, une autre vie », entretien avec Thierry Demaizière, émission « Sept à huit », TF1, dimanche 30 septembre 2012, voir la version intégrale ici

(2) Didier Porte : « Diam’s dans sa robe de bure », Mediapart, 1er octobre 2012

(3) « Contre l’islamophobie, pour le droit à la caricature de Charlie Hebdo », communiqué de Philippe Corcuff et Philippe Poutou, 20 septembre 2012

(4) Voir Philippe Corcuff, La gauche est-elle en état de mort cérébrale ?, éditions Textuel, collection « Petite Encyclopédie Critique », 80 p., octobre 2012 ; et à propos du livre l’entretien avec Mathieu Deslandes, Rue 89, 4 octobre 2012

 

 

* Déjà paru sur ce blog autour de l’islamophobie et de l’antiracisme :

- « Périls sur l’antiracisme en France », 1er-6 août 2008 : 1) « Entre islamophobie, judéophobie et Proche-Orient », 1er août 2008 ; 2) « Nous sommes tous des juifs musulmans ! », 4 août 2008 ; 3) « Le cas Ilan Halimi », 5 août 2008 ; et 4) « Du Proche-Orient à l’affaire Siné », 6 août 2008

- « Le NPA, le foulard et l’émancipation : avec Ilham Moussaïd », 12 février 2010

- « De la diabolisation de l’islam », 11 avril 2011

- « Nous sommes tous des juifs musulmans laïcs ! », 29 mars 2012 (paru initialement sur Libération.fr, 26 mars 2012)

- « Contre l’islamophobie, pour le droit à la caricature de Charlie Hebdo », communiqué de Philippe Corcuff et Philippe Poutou, 20 septembre 2012

 

Partager cet article
Repost0
17 octobre 2012 3 17 /10 /octobre /2012 14:45

 

 

Le Monde.fr avec AFP | 17.10.2012 à 13h46 • Mis à jour le 17.10.2012 à 15h05

 
 
Déforestation à Madagascar, une île particulièrement touchée par l'érosion de la biodiversité.

Quelque 400 espèces animales et végétales ont rejoint la liste des espèces menacées d'extinction, dévoilée mercredi 17 octobre à Hyderabad, en Inde, où la conférence de l'ONU sur la biodiversité est entrée dans sa dernière ligne droite en présence de plus de 70 ministres. "Il n'y a pas une seule façon de mesurer le déclin de la biodiversité, c'est complexe, mais la 'Liste rouge' est la meilleure mesure dont nous disposons", a souligné Jane Smart, directrice mondiale du groupe de conservation de la biodiversité de l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN).

Cette actualisation de ce registre de référence comprend 65 518 espèces, dont près du tiers (20 219) est menacé d'extinction, avec 4 088 espèces en danger critique d'extinction, 5 919 en danger et 10 212 vulnérables. Plus de 400 végétaux et animaux ont rejoint la liste des espèces menacées depuis la dernière version, présentée en juin lors du sommet de Rio+20. Deux invertébrés, une blatte des Seychelles et une espèce d'escargot d'eau douce, ont intégré la catégorie des espèces considérées comme éteintes.

 

 LA BIODIVERSITÉ DE MADAGASCAR, UNE PRIORITÉ

Les experts de l'UICN ont aussi insisté sur la situation "terrifiante" des palmiers de Madagascar, l'un des sites les plus riches au monde en terme de biodiversité. Plus de 80 % des 192 palmiers de l'île, dont dépendent certaines populations parmi les plus pauvres pour la nourriture et les matériaux de construction, sont menacés d'extinction. Une disparition principalement due au défrichage des terres pour l'agriculture et à l'exploitation des forêts.

Le Tahina, ou "palmier suicidaire", est ainsi classé en "danger critique d'extinction", le stade le plus élevé avant la disparition constatée : seuls 30 représentants de cette espèce de palmiers géants pouvant atteindre 18 mètres de haut existeraient encore. Une autre étude publiée lundi soulignait que les lémuriens de Madagascar figurent désormais parmi les primates les plus menacés de la planète, en raison de la destruction de leur habitat et du braconnage. "Madagascar est une région d'une absolue priorité" pour la biodiversité, a insisté Russell Mittermeier, spécialiste de l'île et président de l'ONG Conservation International.

 

Lire l'éclairage :  Quel est l'état de la biodiversité ?


 "LE COÛT DE L'INACTION"

Cette piqûre de rappel de l'UICN intervient alors que plus de 180 pays sont réunis à Hyderabad pour la conférence de l'ONU sur la biodiversité visant à tenter d'endiguer cette érosion toujours plus rapide des espèces. Les discussions, entamées le 8 octobre au niveau technique, se poursuivaient à partir de mercredi, pour les trois derniers jours de la conférence, au niveau gouvernemental avec plus de 70 ministres présents dans le sud de l'Inde.

Les discussions achoppent principalement sur les engagements financiers qui pourraient être pris pour atteindre les 20 objectifs pour 2020 adoptés à Nagoya au Japon en 2010, comme la lutte contre la surpêche ou le développement des aires protégées sur terre et en mer. Des experts chargés de conseiller les négociateurs ont chiffré ces besoins entre 150 et 440 milliards de dollars (environ 115 à 340 milliards d'euros) par an, a rapporté mercredi l'économiste Pavan Sukhdev, auteur d'un rapport sur la valeur économique des services rendus par la nature.

 

Lire Donner un prix à l'environnement, une question naturelle ?


Les financements publics et de mécénat en faveur de la biodiversité sont actuellement estimés à quelque 10 milliards de dollars par an. "Le coût de l'inaction est quelque chose que les gens commencent seulement à évaluer", a souligné le directeur exécutif du Programme des Nations unies pour l'environnement (PNUE), Achim Steiner.

Partager cet article
Repost0
15 octobre 2012 1 15 /10 /octobre /2012 16:39

 

 

Le Monde.fr | 15.10.2012 à 12h47 • Mis à jour le 15.10.2012 à 12h47

 
Un téléchargement de fichier musical sur un disque dur d'ordinateur.

Le premier fournisseur d'accès Internet (FAI) américain, AT&T, préparerait l'envoi d'avertissements à ses abonnés pour téléchargement illégal, et cela dès le 28 novembre. Vendredi 12 octobre, le site spécialisé TorrentFreak a publié des documents internes de l'entreprise, qui finaliserait la mise en place de la riposte graduée à six étapes, en cours d'élaboration avec les ayants droit depuis plus d'un an. Même si ses porteurs s'en défendent, le système américain est proche de la riposte graduée de la Hadopi.

Le processus se prétend ainsi pédagogique : une série de quatre à cinq avertissements, à chaque détection, précédera une sanction. Selon les documents d'AT&T, cette sanction à la cinquième ou sixième étape sera le blocage pour l'utilisateur de sites de téléchargement populaires, remplacés par une leçon en ligne. Ce scénario correspond à celui publié par Ars Technica à la mi-septembre, qui évoquait le visionnage d'une vidéo de dix minutes expliquant le droit d'auteur. Cette démarche de prévention n'empêchera pas les actions en justice : en plus des actions entreprises par le FAI, l'internaute pourra potentiellement être attaqué par les ayants droit.

Lire : Une Hadopi aux Etats-Unis d'ici la fin de l'année ?

Les ayants droit et opérateurs se sont associés au sein du Centre sur l'infraction au droit d'auteur, destiné à ce projet de riposte graduée. Sa responsable, Jill Lesser, évoquait à Ars Technica un lancement avant la fin de l'année. Restent pourtant des inconnues, comme les opérateurs impliqués dans cette première vague, les réseaux et les catalogues surveillés, la gestion des coûts ou encore les objectifs chiffrés du dispositif, au cœur du débat autour de la Hadopi française.

 

 
Partager cet article
Repost0

Présentation

  • : Démocratie Réelle Maintenant des Indignés de Nîmes
  • : Le blog des Indignés de Nimes et de la Démocratie Réelle Maintenant à Nimes
  • Contact

Texte Libre

INFO IMPORTANTE

 

DEPUIS DEBUT AOÛT 2014

OVERBLOG NOUS IMPOSE ET PLACE DES PUBS

SUR NOTRE BLOG

CELA VA A L'ENCONTRE DE NOTRE ETHIQUE ET DE NOS CHOIX


NE CLIQUEZ PAS SUR CES PUBS !

Recherche

Texte Libre

ter 

Nouvelle-image.JPG

Badge

 

          Depuis le 26 Mai 2011,

        Nous nous réunissons

                 tous les soirs

      devant la maison carrée

 

       A partir du 16 Juillet 2014

            et pendant l'été

                     RV

       chaque mercredi à 18h

                et samedi à 13h

    sur le terrain de Caveirac

                Rejoignez-nous  

et venez partager ce lieu avec nous !



  Th-o indign-(1)

55

9b22