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8 mars 2012 4 08 /03 /mars /2012 16:07
Marianne - Jeudi 8 Mars 2012 à 12:00

Eugène - Blogueur associé

Eugène publie sur le Blog économique et social des articles de fond sur la société et... En savoir plus sur cet auteur

 

Lors de l'émission du mardi 6 mars 2012 sur France 2 « Des paroles et des actes », la femme du président, spectatrice sur le plateau, réagit sur une question relative au Fouquet's : « Nous sommes des gens modestes ». Retour avec notre blogueur associé Eugène sur une émission haute en couleurs.

 

(N. Sarkozy et C. Bruni, coulisses de l'émission Des paroles et des actes - WITT/SIPA)
(N. Sarkozy et C. Bruni, coulisses de l'émission Des paroles et des actes - WITT/SIPA)
Si l'émission était chargée sur le plateau de télévision entre regrets des erreurs commises (sic!) et attaques en dessous de la ceinture (DSK et autres), du côté des spectateurs sur le plateau ce n'était pas mieux. Pour commenter, nous avons eu droit au pire : de basses attaques qui finalement ne sont pas dignes d'un candidat et encore moins d'un président en exercice. Le président qui cite d'anciennes phrases de Fabius montrant qu'il n'aimait pas Hollande («Je crois qu'il a accusé le coup lorsque je lui ai rappelé qu'il avait traité Hollande de "fraise des bois" a dit le président hors micro en fin d'émission), puis qui attaque sur DSK et ses conseillers français qui viennent jusqu'à New York (attaque sur les parties fines de DSK), enfin indique sans détour que le point faible de Hollande est qu'il n'a pas d'expérience du pouvoir et qui ne sait pas dire non. Autant dire tout de suite que le débat a mal commencé pour le président. Je dirais que lorsque l'on voit ce que font les politiciens qui ont de l'expérience du pouvoir, nous sommes très tentés de le remplacer par une personne novice en la matière, cela ne pourra pas être pire. Entre quelqu'un qui est soupçonné de dire tout le temps « oui » et un président sortant qui disait tout le temps « non », les Français choisirons qui est le pire et qui a le potentiel de leur redonner espoir et de leur changer les idées. Quant à DSK, certes, mais pourquoi ne pas parler de Woerth et consorts dans ce cas ? Simplement parce que ce n'était pas le sujet de l'émission. Les Français attendaient un débat d'idées et non pas une bataille sur un ring...

Même s'il s'en défend, « Je me sens bien ! » indique-t-il avant l'émission, il est apparu tendu, grave et fatigué, comme l'on également remarqué les journalistes en fin d'émission, son sourire avait disparu et il était prêt à tout pour contrecarrer Fabius. Je ne pense pas que ce débat ait tourné, de ce fait, à son avantage, les Français jugeront. Pourtant, s'il y a fort a dire des maladresses et de l'attitude défensive et peu présidentielle choisie par les conseillers en communication du président, le plus intéressant vient des spectateurs. D'une spectatrice, plus précisément. Sa femme.

Cela a commencé fort. A peine arrivée, elle lance « Il fait un froid de gueux ». Je ne sais pas pour vous, mais le terme de « gueux » me fait la plus mauvaise impression. En effet, cela fait inexorablement penser à la noblesse et leur opposer : les gueux. Cela fait penser également à la révolte des gueux en 1566 dans les Pays-Bas espagnols, ou à la marche des Gueux des paysans d'Inde en 2008 pour exiger des droits pour les femmes et le droit de la terre. Réjouissant ! Aujourd'hui, le terme « gueux » est vieilli ou, du moins, ironique, et désigne les indigents ou les nécessiteux, brefs, les mendiant ! Cette phrase prend une résonnance particulière lorsque l'on sait que la femme du président est issue d'une riche famille d'industriels italiens. Le ton, par une simple phrase est donnée, la noblesse et la bourgeoisie sont là...

Évidemment, si la phrase est étonnante, nous ne pouvons rien en conclure isolément. Néanmoins, ce n'est pas la seule « sortie » étonnante de la femme du président ce soir-là... Juste avant le début de l'émission, la femme du président indique en riant à Pflimlin et ses journalistes : « Les journalistes sont tous des Pinocchio ». Pas mal non plus. La référence est également désuète (Pinocchio) et surtout donne le ton pour l'émission qui commence. Comme si dans l'entourage présidentiel personne ne mentait... Mais il s'agit surtout d'une sortie ironique pour la suite de l'émission, comme nous allons le voir.

Occupée à envoyer des SMS en pagaille, elle indique « Il a une belle voix » en parlant de son mari. C'est vrai, c'est exactement ce qu'attendent les Français en période de crise : un candidat qui a une belle voix... Bref. Le clou du spectacle arrive lorsque les journalistes interrogent le président sur son gout prononcé pour le Bling-Bling avec pour départ l'épisode du Fouquet's : la femme du président n'hésite pas à lancer à haute voix « Nous sommes des gens modestes »... Avant de demander à Guaino : « De temps en temps, ils donnent la parole à des journalistes de droite ? » qui ignora la question. Faut-il rappeler ce que c'est une famille modeste en franc ? Certainement pas, une famille de riches industriels français côté Bruni ou d'avocats d'affaires associés (et président de la République), (côté Sarkozy. Selon L'Express   qui a interrogé l'UMP sur le patrimoine du président, il s'est légèrement enrichi entre 2007 et 2012 (157 000 euros) malgré un divorce couteux. Merci à l'augmentation autodécidée de 172% de son propre salaire ! Quand on pense que le Général de Gaulle payait lui-même ses timbres, son eau et son électricité à l'Élysée.

Avec un patrimoine estimé à « 2,3 millions d'euros » le président est assujetti à l'impôt de solidarité sur la fortune (ISF) qui se déclenche à 1,3 million d'euros. Par comparaison, le patrimoine de Hollande est estimé à 800 000 euros environ (déjà pas mal !) mais n'est pas soumis à l'ISF, du coup. Voila, selon la femme du président ce que signifie des gens modestes. Nous comprenons mieux l'expression des « gueux » du début de l'émission...

Incontrôlable, la femme du président ? Si l'on pensait que jusqu'à présent le bilan du quinquennat de Sarkozy était sa plus grande faiblesse, finalement les coulisses de l'émission nous font penser que ce serait plutôt sa femme.

L'émission se termine, je suis médusé : je ne m'attendais pas à cela. Je voyais un débat plus haut, plus factuel, plus sur les idées et le bilan que des coups bas et les annonces de dernière minute du président. Son programme n'est-il pas encore « sec » ? Pourtant, il est expérimenté, il devrait connaitre ses dossiers, son programme devrait être en continuité de ce qu'il a fait pendant 5 ans... Pourquoi cette attitude tendue et sur la défensive ? Pourtant, le président est très heureux de sa prestation : « Je me suis senti très à l'aise, car c'est vraiment une très bonne émission. J'attendais ce genre de débat depuis cinq ans, car il y a une réelle liberté pour dire les choses », indique-t-il de manière surréaliste… Si la « liberté » pour lui était celle de multiplier les coups bas, c'est réussi... Quel étonnement que la femme du président émaille l'émission de commentaires plus que discutables, au lieu d'une attitude digne et sobre ! Carla véritable talon d’Achille du Président comme l’était Cécilia ?

 

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7 mars 2012 3 07 /03 /mars /2012 15:48

 

Intimidation 06/03/2012 à 19h19
Sophie Verney-Caillat | Journaliste Rue89

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Julien Bayou et la police lors de l'intervention rue de Châteaudun, le 2 mars 2012 (Marie Maffre)

 

Le collectif parisien Jeudi Noir, spécialisé dans l'ouverture de squats dans des bâtiments vides, s'apprêtait à officialiser sa prise d'un nouveau bâtiment, vendredi 2 mars rue de Châteaudun (Xe arrondissement de Paris), lorsque la police a fait échouer l'opération. Jeudi Noir n'a pas pu réitérer le succès médiatique de l'opération « Squat avec vue sur l'Elysée ».

Les militants étaient suivis par une documentariste, Marie Maffre. Celle-ci les filme depuis l'occupation de La Marquise, place des Vosges (Paris IVe) et tourne pour la société de production Kien un 52 minutes intitulé « Ainsi squattent-ils ».

Présente à l'intérieur du bâtiment lorsque les policiers y sont entrés, elle s'étonne d'être embarquée avec eux au commissariat du IVe arrondissement :

« Les policiers me connaissent, ils m'ont déjà vue filmer. Quand ils m'emmènent en garde à vue, je leur dis que je suis dans le cadre de l'exercice de mon métier. Je passe avec les quatre militants une quinzaine d'heures en garde à vue, et le samedi midi, quand ils nous relâchent, les policiers me disent qu'ils gardent ma caméra sous scellé. »

La préfecture de police nous a précisé que c'était bien le parquet qui avait demandé la mise sous scellés et que selon les éléments en possession de la police, Marie Maffre ne serait pas journaliste.

« Le signe que la police nous a géolocalisés »

Julien Bayou, l'un des fondateurs de Jeudi Noir, se dit certain que la police avait géolocalisé les militants par le biais de leurs téléphones portables. Lui, qui est arrivé dans l'immeuble vendredi en fin d'après-midi, s'explique :

« Comme à notre habitude, on a ciblé un bâtiment vide depuis longtemps, chauffé et éclairé. Là, c'est un immeuble de bureaux appartenant au groupe CIC-Crédit Mutuel, de 4000 m2. Depuis lundi, des militants se relayaient, et samedi matin, on allait annoncer à la presse l'ouverture du squat. C'était le moment décisif.

Vers 20 heures vendredi, 80 CRS ont bloqué la rue, et l'un de nos représentants a commencé à discuter avec eux. Ils lui ont dit qu'ils ne savaient pas précisément quel bâtiment c'était, ce qui serait le signe qu'ils nous avaient géolocalisés : ils savaient approximativement où nous étions en suivant nos puces de téléphones par des antennes. Or il me semble que cette procédure est interdite hors enquête. »

« Le droit d'informer doit être protégé »

L'avocat Dominique Hilsum, qui la défend dans cette affaire, précise que les militants risquent d'être poursuivis pour « violation de domicile et destruction volontaire » si le parquet décidait de poursuivre l'enquête :

« La police a certainement gardé les rushes [images non montées, ndlr] pour savoir si des actes illégaux ont été commis et pouvoir le prouver. Je suis étonné qu'on ait saisi l'outil de travail d'une personne non impliquée dans cette affaire et le droit d'informer doit être protégé absolument. »

Reste à savoir si ces rushes sont soumis à la protection des sources des journalistes. Marie Maffre n'a certes pas de carte de presse, mais son travail de documentariste pour une société de production l'assimile aux journalistes au sens de la loi du 4 janvier 2010 sur la protection des sources.

Dans un communiqué, Reporters sans frontières se dit « particulièrement inquiet », dénonce le « mépris total du respect du secret des sources, comme s'il s'agissait d'une pièce à conviction », et « réclame la restitution immédiate du matériel de la documentariste ainsi que des rushes, fruit de son travail ».

MERCI RIVERAINS ! Lapin Bleu
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7 mars 2012 3 07 /03 /mars /2012 14:46

LEMONDE.FR | 07.03.12 | 12h21

 
 

Le chef de l'Etat a développé, mardi 6 mars, sur le plateau de l'émission "Des paroles et des actes" de France 2, ses propositions concernant l'immigration. Des déclarations qui marquent un durcissement de ses positions sur le sujet.

 

 

  • "Diviser par deux" le nombre d'entrées annuelles

"Il y a trop d'étrangers sur notre territoire", a déclaré mardi Nicolas Sarkozy, qui veut "diviser par deux le nombre de gens" que la France accueille chaque année : soit passer, en cinq ans, d'environ "180 000 à 100 000" entrées annuelles en France.

Une orientation motivée, selon lui, par le "système d'intégration [qui] fonctionne de plus en plus mal" et la difficulté à "trouver un logement, un emploi, une école". En faisant cette annonce, le chef de l'Etat va encore plus loin que le ministre de l'intérieur, Claude Guéant, qui avait déclaré, le 10 janvier, lors de la présentation des chiffres de l'immigration, vouloir ramener à 150 000 les entrées annuelles.

De par son ampleur, l'objectif fixé par le chef de l'Etat semble toutefois peu réalisable. D'abord, parce que le nombre d'entrées chaque année n'est pas de 180 000 mais de presque 200 000 (199 715 exactement, en 2010, ou encore 198 070, en 2009). Ensuite, parce que l'essentiel des entrées en France concernent, soit de l'immigration familiale, soit de l'asile. Or ces flux sont difficilement "contrôlables" car ils dépendent de conventions internationales qui protègent, notamment, le droit à "vivre en famille".

L'immigration dite de "travail", en France, est la seule qui soit relativement "maîtrisable". La crise économique peut, éventuellement, faire baisser l'attractivité de la France pour ces migrations. Mais celles-ci ne concernent de toute façon qu'environ 10 % de l'ensemble des entrées.

  • Restreindre l'accès au RSA et au minimum vieillesse

Mardi soir, Nicolas Sarkozy a également annoncé vouloir restreindre l'accès au revenu de solidarité active (RSA) et au minimum vieillesse pour les étrangers. Ne pourront, à l'avenir, en bénéficier, que ceux qui auront "résidé dix ans en France et travaillé cinq ans", a-t-il indiqué.

> Lire aussi : Minimum vieillesse : les raccourcis de Sarkozy

D'après M. Sarkozy, "165 000 étrangers" reçoivent aujourd'hui le RSA, et 20 000 le minimum vieillesse. Les étrangers en situation régulière, en France, ont, dans la plupart des cas de figure, le même accès aux droits sociaux que les Français. Cette disposition, si elle était adoptée, reviendrait sur cette continuité.

  • Conserver l'aide médicale d'Etat

En revanche, M. Sarkozy a précisé ne pas vouloir supprimer l'aide médicale d'Etat (AME) accordée aux étrangers en situation irrégulière, comme le réclame l'aile la plus à droite de la majorité. "Je ne souhaite pas qu'on remette en cause cette générosité française", a-t-il déclaré.

> Lire aussi : Sarkozy peine à imposer un duel avec Hollande

Elise Vincent

 


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5 mars 2012 1 05 /03 /mars /2012 15:46
Rue89 - Témoignage 05/03/2012 à 15h10
Claude Vergez | BordelaisEnvoyer l'article par emailImprimer

 

 

 


Des partisans de Nicolas Sarkozy à Bordeaux, le 3 mars 2012 (Caroline Blumberg/Reuters)

 

Samedi 3 mars, 13 heures. Tout commence par un couscous dans le quartier bordelais de Saint-Michel. Ben oui : quand on a appris que le meeting du président-candidat Sarkozy aurait pour thème « La République, la citoyenneté et l'immigration », il a fallu prendre des mesures préventives.

Un peu potaches, on anticipe l'ambiance de fête qu'impliquent le thème du discours, la présence du MIL [Mouvement initiative et liberté, ndlr] et la venue attendue de Claude Guéant. Un peu anxieux, on se dit qu'il vaut mieux se mettre en route suffisamment tôt pour pouvoir rentrer et s'asseoir dans la salle.

14h15. On monte en voiture, direction le hall 3 du parc des expositions de Bordeaux-Lac. A l'approche du parc, on se retrouve pris dans les embouteillages. On y côtoie des cars de pensionnaires de maisons de retraite, des BMW et autres 4x4 pilotés par des caricatures.

Un blondinet à peine majeur circule entre les voitures en distribuant des T-shirts estampillés « Les jeunes avec Sarkozy » à tous les moins de 30 ans. On se met dans l'ambiance en écoutant la musique qui fait peur, celle que Nicolas a choisie comme chanson de campagne.

 

La musique de campagne de Nicolas Sarkozy

 

15h10. Finalement garés, on suit le flot humain jusqu'au hall 3. Entourés de gens à l'hexis corporelle de droite, on décide d'arrêter les blagues de potaches. Un jeune à la tête étrangement familière nous tombe dessus et nous sert la pince avec enthousiasme à l'approche du bâtiment, les bras chargés de T-shirts :

« Le militant, happy face : Salut, vous êtes de quelle fédé ?

Mon pote, interloqué : Euh, aucune, on est étudiants et on vient voir le meeting.

L'autre, un sourire en coin : Ah ouais, OK.

Mon pote, réalisant : Eh mais… T'es Benjamin Lancar ? ! »

Ah ben oui tiens, c'est lui. Curieusement, il ne nous donne pas de Tt-shirt. « C'est pour les militants. »

« Venez, on rassemble des jeunes ici ! »

15h15. On passe les portiques de sécurité et la fouille sommaire par des molosses mal aimables. Dans la salle, pourtant pas encore bondée, l'ambiance est au rendez-vous : « La Marseillaise » résonne, des drapeaux français sont agités dans tous les sens et les « Sarkozy, Président ! » régulièrement scandés.

On cherche une place jusqu'à ce qu'un militant nous harponne : « Venez, on rassemble des jeunes ici ! » Les jeunes, cette ressource rare qu'il faut à tous prix rendre visible.

Making-of
L'auteur de ce témoignage a demandé à rester anonyme. Nous avons donc changé son nom, et nous avons également respecté le souhait des deux personnes « virées » – le jeune homme aux cheveux longs et son amie maghrébine – de respecter leur anonymat. BG

15h20. Par contacts avec les jeunes UMP locaux, on se retrouve propulsés au 5e rang, face à la tribune et à l'énorme slogan « La France Forte ». Vaut mieux en rire qu'en pleurer, mais c'est un peu « too much ».

En attendant le discours, prévu pour 17 heures, on s'occupe en discutant science politique, ethnographie des meetings et modalités de l'enquête. L'ambiance monte dans la salle, on est en plein « build-up ».

16 heures. « CO-PE, CO-PE ! » A quelques mètres de nous, dans un tourbillon de drapeaux et en gros plan sur les écrans géants, le secrétaire général de l'UMP vient prendre un bain de foule. Au micro, il harangue les militants et stigmatise les revirements incessants du candidat PS, les sondages sortis d'on ne sait où, et les médias partisans. Il dit tout son bonheur de retrouver sa « famille » et insiste : il faut occuper le terrain et convaincre chaque Français.

« Vous pouvez pas rester ici »

16h20. L'incident. Un molosse interpelle mon pote à cheveux longs : « Monsieur, venez nous voir s'il vous plaît. Discutez pas, venez. » A sa copine, typée arabe : « Vous aussi mademoiselle ». Au type assis devant nous, qui a un sweat à capuche : « Monsieur, suivez-nous vous aussi. » Les intéressés se lèvent, les molosses attrapent leurs affaires : « Vous pouvez pas rester ici. »

A ce stade, aucune raison donnée. Ils sont embarqués sur le côté de la salle, un peu à l'écart. Complètement atterrés par ce qu'on soupçonne être un délit de faciès, moi et mon dernier pote décidons de suivre le mouvement, abandonnant nos places VIP à une hystérique qui trainait par là.

16h25. Sur le côté de la salle, l'un des molosses lâche le motif de l'intervention :

« Monsieur, vous êtes identifié comme militant de gauche ou d'extrême gauche. »

Pour les autres évacués, aucun motif évoqué. Mais la décision est sans appel :

« Vous devez partir. Si vous le faites pas, on va appeler les services de sécurité de la présidence, et ils rigolent pas. »

La scène, surréaliste, se termine par une expulsion manu militari filmée par un cameraman de BFM-TV, dans l'indifférence générale du public du meeting. Au meeting du FN, les mêmes personnes n'avaient eu aucun problème.

16h30. Je suis sonné et écœuré. Un quart d'heure a suffi à évacuer toute ma bonne humeur et mon second degré et, n'en déplaise à la science politique, je veux me barrer de cette atmosphère nauséabonde. Je prends sur moi et finis par me faire convaincre de rester.

Pendant ce temps, à l'extérieur, mes potes parlent à quelques journalistes et récupèrent les images de BFM sur leur portable. A l'intérieur, un quadra en costard lance : « Les crétins, ils les virent et ils les donnent aux médias. » Qu'il se rassure : finalement, aucun journaliste n'en parlera.

On a très envie de manger halal

La suite des évènements est connue : le discours le plus dur de la campagne sur la récidive, le « problème » de l'immigration, la burka, la place des églises dans la « civilisation » française, la viande halal, le droit de vote des étrangers, j'en passe et des meilleurs.

17h55. Fin du court discours dans l'apothéose de la marseillaise finale. On s'échappe rapidement, sonnés. On a faim, et très envie de manger halal.

 

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5 mars 2012 1 05 /03 /mars /2012 14:24

LEMONDE | 05.03.12 | 10h27   •  Mis à jour le 05.03.12 | 10h33

 
 

 

Eric Woerth, en mai 2009.

Eric Woerth, en mai 2009.AFP/STEPHANE DE SAKUTIN


Campagne électorale ou pas, les juges chargés de l'affaire de l'hippodrome de Compiègne (Oise) ne relâchent pas la pression sur Eric Woerth. Le 10 janvier, en toute discrétion, les policiers de la brigade financière, mandatés par les juges Roger Le Loire et René Grouman, chargés du volet non ministériel de l'affaire, ont conduit une perquisition au siège de l'UMP, rue de Vaugirard à Paris (15e), où ils se sont fait remettre la liste des fameux donateurs dits du "premier cercle" de l'UMP.
 

"Après avoir procédé à la lecture de cette liste, conclut le procès-verbal de synthèse, nous constatons que n'y figurent ni Antoine Gilibert, ni Armand de Coulanges", soit les deux derniers présidents de la Société des courses de Compiègne (SCC), à qui l'hippodrome a été cédé. Eric Woerth, qui s'apprêtait alors à quitter le ministère du budget, est mis en cause pour avoir autorisé le 16 mars 2010 la cession à la SCC, à un prix anormalement bas (2,5millions d'euros), d'un terrain de 57 hectares intégrant l'hippodrome de Compiègne.

Depuis sa révélation par Le Canard enchaîné en juillet 2010, l'affaire a prospéré. Saisie fin 2010 par Jean-Louis Nadal, alors procureur général de la Cour de cassation, la commission des requêtes de la Cour de justice de la République (CJR) a ordonné en janvier 2011 l'ouverture d'une procédure pour "prise illégale d'intérêts" visant explicitement M. Woerth. Depuis un peu plus d'un an, les juges d'instruction de la CJR – seule instance habilitée à enquêter sur les délits commis par les ministres – ont accumulé les documents, mails et autres témoignages.

 

INSISTANCE

Autant d'éléments, dont Le Monde a pu prendre connaissance, qui placent l'ancien trésorier de l'UMP, pour le moment témoin assisté, dans une position extrêmement inconfortable. L'enquête de la CJR établit en effet que la vente de l'hippodrome dit "du Putois" a été, tout au long de son processus, parsemée d'anomalies, voire d'irrégularités. Le choix de la procédure de gré à gré, notamment, paraît suspect. "L'absence de toute mise en concurrence (…) est soulignée par les différents responsables du ministère de tutelle", expliquait dès le 16novembre 2010 M.Nadal dans ses conclusions. Toutefois, le fait que ce type de vente relève du code du domaine de l'Etat et non du code des marchés publics semble exclure toutes poursuites de M. Woerth pour "favoritisme", un temps envisagées.

Autre élément troublant: le prix de vente. Dans un rapport du 13 janvier, les trois experts mandatés par les juges de la CJR ont évalué "la valeur vénale de l'ensemble litigieux" à 8,3 millions d'euros, soit beaucoup plus que les 2,5 millions déboursés par M.Gilibert. Tout aussi suspecte, l'insistance du budget à tenir à l'écart des négociations les représentants de l'Office national des forêts et le ministère de l'agriculture, résolument opposés à la vente. Et puis, il y a, comme le résumait M.Nadal, cet "empressement à conclure la cession à quelques jours du remaniement ministériel qui conduira Eric Woerth à devenir ministre du travail". D'autant que l'implication personnelle de M.Woerth est évidente. En témoigne par exemple ce mail envoyé le 17 mars 2010 par Daniel Dubost, directeur de France Domaine, à la Direction générale des finances publiques: "La cession a fait l'objet d'une décision particulière et explicite du ministre demandant [qu'elle] soit réalisée au bénéfice de la Société des courses de Compiègne."

A la décharge de l'ex-ministre, les policiers, qui ont examiné tous les comptes bancaires de M.Woerth, son épouse et leurs deux enfants, ont conclu en avril 2011 qu'ils avaient "fonctionné normalement", et qu'"aucun mouvement créditeur d'un montant très élevé n'a été relevé". Même conclusion de la PJ, en juin 2011, après examen des comptes de la SCC: "L'analyse détaillée des charges n'a permis de relever aucun paiement pouvant correspondre à l'intérêt de M.et Mme Eric Woerth." Dans une synthèse du 21 octobre 2011, la police remarquait: "Tant les investigations que les informations recueillies au cours de l'enquête n'ont pas permis d'établir l'existence de relations quelconques entre les époux Woerth et Antoine Gilibert."

Les enquêteurs ont pu découvrir que M. Gilibert était bien l'un des donateurs de l'UMP. M. Woerth reste toutefois sous la menace d'une mise en examen pour "prise illégale d'intérêts": il aurait agi pour faire plaisir à son collègue de l'UMP, le sénateur et maire de Compiègne, Philippe Marini. Dans un courrier du 26 novembre 2009, le directeur du cabinet de M. Woerth avertissait son homologue de l'agriculture que refuser de céder le terrain à la SCC "provoquerait (…) une forte réaction du sénateur-maire de Compiègne, qui soutient ce projet". M. Marini, interrogé par les magistrats, s'est étonné de cette remarque, infondée selon lui.

La commission d'instruction de la CJR devrait avoir terminé ses investigations avant l'été. D'ici là, elle devra trancher le sort de M. Woerth. Selon Me Grégory Saint-Michel, avocat des élus socialistes –notamment le député du Nord Christian Bataille – qui ont déposé plainte en novembre2010, "la procédure confirme que ce terrain n'aurait jamais dû être vendu. Le caractère illicite de cette cession ne fait désormais plus de doute".

Gérard Davet et Fabrice Lhomme

 


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4 mars 2012 7 04 /03 /mars /2012 15:07

 

Hacker News 04/03/2012 à 10h29
Le site de Julian Assange et le réseau informel de hackers se sont associés pour publier des millions d'e-mails dérobés à Stratfor, une société de renseignement privée.

 


Affiche mêlant Julian Assange et le masque des Anonymous (Abode of Chaos/Flickr/CC)

 

Qui, il y a encore quelques mois, imaginait que des médias comme Rolling Stone ou La Repubblica utiliseraient des documents piratés par les Anonymous, cette bande de hackers insaisissables, nés sur les rives potaches du forum américain 4Chan ?

WikiLeaks, a débuté lundi la publication de près de cinq millions d'e-mails dérobés à Stratfor, une société de renseignement privée américaine, avec une vingtaine de médias partenaires.

Ces e-mails, ce sont les Anonymous qui se les sont procurés, lors d'une attaque survenue en décembre.

Des Anonymous ont confié à Wired qu'ils avaient décidé de donner les documents à WikiLeaks parce que cette organisation était davantage en mesure « d'analyser et de diffuser » ces informations :

« En fait, WikiLeaks est le partenaire idéal pour ce genre de trucs. On se procure les documents, WikiLeaks le publie de la manière appropriée. J'espère que ce n'est que le commencement d'une belle relation. »

Des Anonymous de plus en plus médiatiques

Depuis quelques mois, les combats des Anonymous ont fait irruption dans les médias : le traité Acta, les révolutions arabes et surtout la fermeture de Megaupload – un des sites les plus fréquentés d'Internet – ont décuplé l'intérêt des médias pour ces hackers masqués.

A rebours total de leurs habitudes – non sans crispations en interne – une partie des Anonymous francophones a pris part à une conférence de presse.

Un exercice inédit organisé par plusieurs médias français où ils ont expliqué vouloir « naturellement gagner en visibilité et se séparer de son image principale de hackers ».

Entre les médias et Anonymous, WikiLeaks

WikiLeaks peut être un moyen d'accéder aux médias, explique Frédéric Bardeau, auteur de « Anonymous, peuvent-ils changer le monde ? » (éd. Fyp) :

« Avant Megaupload, personne n'aurait eu l'idée de demander une interview des Anonymous : les médias s'y intéressent de plus en plus. Ça les agite beaucoup : ils cherchent un moyen de gérer les médias, et WikiLeaks peut servir de pare-feu, d'interface. »

Cole Stryker, auteur d'un livre sur les Anonymous, est enthousiaste à propos de leur collaboration avec WikiLeaks :

« C'est énorme : c'est la première fois que les Anonymous coopérent avec une entité “en dur”, conférant un légitimité politique sans précédent à ce groupe souvent discutable. »

Pour lui, c'est justement grâce à WikiLeaks que les Anonymous peuvent se faire une place dans l'agenda médiatique :

« WikiLeaks fournit aux Anonymous un canal d'expression publique. Les médias font confiance à WikiLeaks, [qui] ajoute une couche de crédibilité à toute fuite qu'ils publient. »

Que peut gagner WikiLeaks dans l'affaire ?

Ce n'est pas la première fois que WikiLeaks publie la moisson des Anonymous (les e-mails de Sarah Palin, par exemple). Mais la stratégie de l'organisation de Julian Assange a évolué, écrit Andy Greenberg, journaliste pour Forbes et un des meilleurs connaisseurs de WikiLeaks :

« A partir du moment où il a fait les gros titres en 2010, Julian Assange a minimisé son association avec les hackers et s'est davantage concentré sur son rôle en tant qu'organisation médiatique et moyen d'expression pour les “lanceurs d'alertes”. »

Il y a encore un an, WikiLeaks condamnait les attaques que menaient les Anonymous contre Visa ou Mastercard, à l'origine du blocus financier qui touche l'organisation de Julian Assange.

Les Anonymous, sauveurs de WikiLeaks ?

Seulement voilà, depuis, WikiLeaks est en mauvaise posture : blocus financier et ennuis judiciaires ont affaibli l'organisation. Pour Cole Stryker, s'associer avec les Anonymous est un moyen de sortir de l'ornière :

« Si les Anonymous continuent d'abreuver WikiLeaks de documents, le site pourrait retourner à la position proéminente qu'il semble avoir perdu à cause de difficultés techniques, de problèmes légaux, de bisbilles internes et de conflits avec leurs médias partenaires. Peut-être que la seule chose qui puissent le sauver est une source fraîche de nouvelles fuites. »

Andy Greenberg pointe cependant les dangers d'une telle alliance :

« Une association publique avec un groupe de hackers comme Anonymous pourrait endommager la crédibilité morale de WikiLeaks, juste au moment où le groupe en a le plus besoin. »

« Vers une nouvelle ère »

Lâché par les grands médias (New York Times, Guardian...), empêtré dans une affaire d'agression sexuelle en Suède, privé de sa « boîte aux lettres » qui lui permettait de recevoir des documents, asséché par un blocus financier, menacé par des poursuites aux Etats-Unis, Julian Assange montre avec cette nouvelle série de documents que son organisation bouge encore. Cole Stryker :

« Avec cette nouvelle collaboration, les Anonymous ont obtenu une crédibilité nouvelle, et WikiLeaks une source extrêmement précieuse. Cette étrange symbiose fournit à chacun exactement ce dont il a besoin pour continuer. Une nouvelle ère de l'activisme et de la transparence pourrait bien avoir commencé. »

 

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3 mars 2012 6 03 /03 /mars /2012 23:16

 

Guéanterie du jour 03/03/2012 à 12h50Pierre Haski | Cofondateur Rue89 

Mis à jour le samedi 3 mars 2012 à 17h07


 

 

Ça faisait plusieurs jours qu'on n'avait entendu parler de Claude Guéant et de ses saillies sur le terrain de l'islamophobie. C'est fait : vendredi soir, le ministre de l'Intérieur a lié le vote des étrangers à la distribution de nourriture halal dans les cantines scolaires, suscitant une nouvelle levée de protestations.

Il n'y avait que 300 personnes pour l'écouter lors d'une réunion électorale à Velaine-en-Haye, près de Nancy, mais ses propos ont vite débordé ce cadre limité :

« Accepter le vote des étrangers, c'est la porte ouverte au communautarisme. Nous ne voulons pas que des conseillers municipaux étrangers rendent obligatoire la nourriture halal dans les repas des cantines, ou réglementent les piscines à l'encontre des principes de mixité.

Si on reçoit moins d'immigrés, les choses se passeront mieux. Les étrangers doivent accepter nos règles, c'est à eux de s'adapter. Chacun comprend que si on reçoit moins d'immigrés, les choses se passeront mieux. »

François Hollande lui a indirectement répondu, samedi après-midi à Dijon, en déclarant :

« les étrangers peuvent voter aux élections municipales sans qu'on ait rien à craindre ».

Dès samedi matin, sur Europe 1, Manuel Valls, le directeur de campagne de François Hollande, a qualifié ces propos de Claude Guéant de « nauséabonds [...] à l'image de la campagne de Nicolas Sarkozy ». « Il ferait mieux de s'occuper de lutter contre l'insécurité et la délinquance », a-t-il ajouté.

Meme réaction de Cécile Duflot, la dirigeante d'Europe Ecologie Les Verts, qui parle sur Twitter d'« idées dégoûtantes ».

Sur Twitter également, les commentaires ironiques vont bon train, pour faire observer que « si les Alsaciens votaient », il y aurait choucroute obligatoire dans les cantines, « si les Antillais votaient », il y aurait du rhum dans les écoles, ou que si les Bretons votaient, on aurait du chouchen et des galettes saucisse à chaque repas.

Au-delà de l'ironie, cette sortie montre la persistance du ministre de l'Intérieur à aller labourer sur les terres du FN, deux semaines après sa sortie sur les « civilisations qui ne se valent pas ». Pas question de renoncer à ce créneau au moment où Nicolas Sarkozy est en difficultés dans les sondages.

Le vote islamophobe vaut bien quelques outrances, semble-t-il. On réparera les dégâts après.

 

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3 mars 2012 6 03 /03 /mars /2012 22:56

LEMONDE.FR avec AFP et Reuters | 03.03.12 | 08h36   •  Mis à jour le 03.03.12 | 14h02

 
 

 

La plateforme de forage Deepwater Horizon en feu, le 21 avril 2010.

La plateforme de forage Deepwater Horizon en feu, le 21 avril 2010.Reuters/HANDOUT


Le géant pétrolier BP est parvenu à un accord partiel avec des plaignants privés – pêcheurs ou entreprises de la région sinistrée, notamment – au procès aux Etats-Unis de la marée noire engendrée par le naufrage de la plateforme Deepwater Horizon en 2010 dans le golfe du Mexique, annonce la justice américaine.

Les termes de cet accord seront remis prochainement au tribunal chargé de l'affaire pour approbation, a fait savoir le juge Carl Barbier, qui a en outre ajourné le procès, dont l'ouverture était prévue le 5 mars. La compagnie est toujours poursuivie par les pouvoirs publics et ses partenaires industriels.

Dans un communiqué, BP a indiqué de son côté que l'accord avec des plaignants privés – pêcheurs ou entreprises de la région sinistrée, notamment – porte sur 7,8 milliards de dollars. "L'accord proposé n'inclut pas les plaintes contre BP déposées par le ministère américain de la justice, ou par d'autres agences fédérales, ou par des Etats ou des collectivités locales", ajoute le texte.

Mardi, le Wall Street Journal avait assuré que les discussions en vue d'un accord entre BP et les avocats des personnes et entreprises estimant avoir subi des torts à cause de la marée noire portaient au total sur 14 milliards de dollars. Ces 14 milliards de dollars sont des fonds restant sur un total de 20 milliards de dollars qui avaient été mis de côté par BP en 2010 pour indemniser les victimes de la plus grande marée noire jamais connue aux Etats-Unis, selon le quotidien financier.

 

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3 mars 2012 6 03 /03 /mars /2012 22:23

Les sciences citoyennes | LE MONDE SCIENCE ET TECHNO | 02.03.12 | 08h51   •  Mis à jour le 03.03.12 | 18h38

 
 

 

Vue tirée du jeu Foldit de repliement de protéines.

Vue tirée du jeu Foldit de repliement de protéines.Foldit


La science est une activité trop importante pour être laissée aux seuls scientifiques." Le ton de la seconde conférence internationale consacrée à la "cyberscience citoyenne" est donné ce jeudi 16 février, à Londres, dans un amphithéâtre d'une vénérable institution scientifique, l'Académie royale de géographie. La phrase, un brin provocante, a été prononcée par François Grey, un chercheur globe-trotter ayant un pied à Genève, au CERN (Organisation européenne pour la recherche nucléaire), et un autre en Chine à l'université de Tsinghua.

En 2009, il a contribué à créer le Centre citoyen de cyberscience avec l'appui du CERN, de l'université de Genève et des Nations unies. Il est aussi l'un des coorganisateurs, avec l'University College de Londres, de cette manifestation qui a réuni plus de 100 personnes pendant trois jours et qui promet de chambouler la science, l'éducation voire la société.

COMMUNICATIONS EXTRATERRESTRES

Mais que sont ces sciences citoyennes ? Le terme désigne un ensemble d'initiatives, de projets qui transforment de simples profanes, un tantinet curieux, en acteurs de la recherche dans des domaines aussi variés que l'astronomie, la botanique, la climatologie, la biologie moléculaire, les mathématiques, la chimie...

Le mouvement a été lancé, en 1999, avec le projet Seti@home de recherche des traces de communications extraterrestres dans des signaux radio. Le public donne du temps de calcul de son ordinateur pour l'analyse des enregistrements. Même si pour l'instant la quête a été vaine, elle a donné des idées à d'autres.

Les projets de calcul distribué fourmillent pour trouver de nouveaux nombres premiers, découvrir la forme de molécules, simuler la circulation de l'eau dans de minuscules tubes, comprendre la forme de la Voie lactée... Les citoyens, en apportant, même passivement, leur pierre à l'édifice peuvent ainsi toucher à de la science de haute volée.

DÉCODER LE CHANT DES BALEINES

L'engagement peut aller beaucoup plus loin grâce au Web, qui fournit des solutions de partage et de collaboration ergonomiques et peu chères. Le public peut dorénavant mettre aussi son cerveau réel, et pas seulement informatique, à disposition de la science.

Le portail Zooniverse recense ainsi quelques projets où l'intelligence du visiteur est requise. Recherche d'exoplanètes, analyse de la surface lunaire, identification de galaxies, décodage du chant des baleines, reconstruction de températures du passé... sont autant d'activités nécessitant des capacités d'analyse, de visualisation, de mémoire dans lesquelles l'humain supplante la machine. Souvent une phase d'entraînement ou de tests précède l'exploration réelle des données. Un système de points ajoute aussi parfois une dimension compétitive à l'expérience.

Ainsi, le projet de reconstruction des températures anciennes du globe demande aux internautes d'extraire des carnets de bord de la marine anglaise les informations de type météorologique (température, vent, pression...) qui entreront ensuite dans une base de données. Les plus actifs deviendront capitaine de ce navire.

"Le caractère ludique est important. Pour un projet en astronomie, au bout de dix images à analyser, je me suis ennuyé. A la cinquantième, j'ai arrêté", témoigne un des participants à la conférence. Parfois la récompense est plus concrète. Le projet de recherche d'exoplanètes, Planet Hunters, qui propose déjà une trentaine de candidates exoplanètes, fait des participants les coauteurs de l'article scientifique relatant ces découvertes (deux articles sont en soumission à des comités de lecture).

REPLIEMENT DES PROTÉINES DANS L'ESPACE

En matière de production scientifique réelle, l'exemple le plus connu est sans conteste Foldit. Le but de ce jeu sérieux est de comprendre le repliement des protéines dans l'espace, un problème capital pour saisir les fonctions de ces molécules biologiques. En déplaçant des portions de la molécule, en ajoutant ou détruisant des liaisons, les participants essaient de résoudre ces casse-tête.

Trois articles, dont l'un dans la revue Nature, ont assis la renommée du projet et de ces chercheurs en herbe. "Avec Foldit, les gens font plus qu'analyser des données. Ils proposent, explorent et collaborent entre eux. Je n'aurais pas parié que ça marcherait. C'est un nouveau paradigme", constate François Taddei, de l'université Paris-Descartes, orateur à Londres. " Foldit est aussi un excellent outil pour les étudiants, à condition de le modifier un peu. Ce jeu évite certains mots spécialisés, que nous devons réintroduire, ajoute Antoine Taly, de l'université de Strasbourg. D'autres notions pourraient bénéficier de cette pédagogie, bien différente des classiques travaux pratiques où les élèves savent ce qu'ils doivent trouver."

OBSERVATION DES ESCARGOTS

Une nouvelle catégorie de sciences citoyennes est également en plein essor. Elle utilise toutes les facilités apportées par le Web ou les téléphones portables pour échanger, collaborer ou visualiser des données, mais tient à garder un pied dans la vie réelle. Il s'agit de tous les projets dans lesquels les citoyens collectent des données ou font des mesures dans l'environnement. Ils retrouvent là les gestes familiers des précurseurs des sciences participatives, les botanistes ou entomologistes amateurs des XVIIIe et XIXe siècles.

Aujourd'hui, changement d'échelle. Avec Evolution MegaLab, Jonathan Silvertown a réuni, grâce à des dizaines de milliers de bénévoles, les observations sur 3 000 escargots à bandes de la famille Cepaea nemoralis dont les couleurs peuvent trahir un changement de température locale. Là aussi, cela a donné lieu à publications. La chaîne de télévision Arte vient de lancer sur le Web, pour trois mois, le site Missions printemps, invitant à compter les vers de terre, débusquer les lézards, enregistrer le chant du coucou...

En fait, c'est le domaine le plus bouillonnant de ces sciences citoyennes. En anglais, on ne compte plus les sites se terminant en "XXX watcher" pour observer les chauves-souris, les moineaux, les papillons... La valeur ajoutée citoyenne est évidente. Seuls, les chercheurs ne parviendraient pas à recueillir autant de données sur des espèces aussi variées et sur des territoires aussi étendus.

Mais, depuis quelque temps, les petites mains veulent aller plus loin et faire leurs propres mesures et statistiques. A la réunion de Londres, un groupe a ainsi annoncé le lancement d'une application de mesure du bruit ambiant pour téléphone portable. Comme un "concurrent" belge, le projet avait en fait commencé à l'invitation d'associations de riverains d'aéroport ou d'autoroute soucieux d'avoir des arguments à objecter aux experts officiels. Cela n'est pas sans rappeler la création, en France, de la Criirad, pour proposer des mesures indépendantes de radioactivité dans l'environnement. La panoplie de capteurs faits main est déjà bien remplie pour la pollution de l'air, le sulfure d'hydrogène, les champs électromagnétiques, la radioactivité, les perturbateurs endocriniens...

CROWDSOURCING

Que ce soit pour prêter bénévolement son ordinateur ou ses petites mains, ou bien pour s'impliquer dans des processus plus collaboratifs de réflexions et d'actions, toutes ces initiatives sont très inspirées par la philosophie des pionniers du Web et de l'informatique, autour du partage, de la transparence ou de la collaboration. D'une certaine manière, l'encyclopédie Wikipédia incarne aussi ces idéaux. En anglais, on parle de "crowdsourcing", pour intelligence des foules. Autrement dit, l'ensemble représente plus que la somme des parties. Tom Igoe, de l'université de New York, a ainsi joliment résumé la chose : "Ce que l'on fait est moins important que les relations que l'on crée."

Mais le succès de ces initiatives s'accompagne également de quelques critiques. Le côté citoyen ferait presque oublier que, dans la plupart des cas, les idées viennent d'en haut, des chercheurs eux-mêmes. La co-construction est pour l'instant rare. Dans le domaine médical, les associations de malades, notamment contre le sida ou les myopathies, en sont cependant un exemple. Mais à l'inverse, à Londres, de jeunes Allemands, bénévoles et adeptes du calcul distribué, se sont fait signifier une fin de non-recevoir de la représentante de l'Union européenne quant à l'accès aux ressources académiques de calcul pour ces non-professionnels...

La qualité aussi est source d'interrogations. "Dans la mesure du bruit, il y a beaucoup de logiciels proposés, mais certains sont vraiment mauvais", explique Ellie D'Hondt, de l'Université libre de Bruxelles, qui a passé beaucoup de temps à calibrer son système. A la conférence, M. Silvertown a insisté sur l'importance des tests d'identification sur ses escargots : un tiers des participants se trompent d'espèce !

Même si les sciences citoyennes ne font pas progresser directement la recherche, elles risquent de secouer le monde des experts et de l'éducation. "Lorsque l'on présente des cartes géographiques avec des données précises, on est pris au sérieux", témoigne l'anthropologue Jerome Lewis à partir de son expérience en Afrique.

Augmenter le niveau de connaissance et d'implication des citoyens ne peut que renforcer la qualité des échanges entre scientifiques professionnels, experts, pouvoirs publics ou privés. Les changements seront encore plus évidents pour l'éducation. "La technologie va très vite. La science aussi. Mais l'éducation évolue plus lentement. Comme pour les sciences et technologies, il devrait être possible de travailler en synergie et en collaboration dans l'éducation. L'intelligence collective bien canalisée peut nous faire progresser", estime François Taddei, adepte des méthodes pédagogiques innovantes.

Les deux derniers jours de la conférence, les participants, comme pour montrer que les choses changent, sont descendus des estrades pour des remue-méninges autour d'une dizaine de défis. "Sauver les hippocampes", "Hacker les mobiles pour l'école", "Mesurer la pollution avec un oeuf", "Combien y a-t-il de citoyens chercheurs ?"... Dans un couloir, un participant interroge : "Est-ce qu'on pourrait mesurer l'histoire d'un arbre en direct avec un capteur sans fil incrusté dans son écorce ?" et ajoute : "Quelle batterie faudrait-il ?" "Demande à un astrophysicien spécialiste !", lui répond-on. A défaut d'arbre, une graine est déjà plantée.

David Larousserie


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2 mars 2012 5 02 /03 /mars /2012 15:32

 

Mal au ventre 02/03/2012 à 11h15
Pascal Riché | Redchef Rue89 Nolwenn Le Blevennec | Journaliste Rue89
Les téléspectateurs de l'émission « Complément d'enquête », diffusée jeudi soir sur France 2, n'ont rien vu du rapatriement d'Ukraine du fils aîné du Président.

 


Pierre Sarkozy cache son visage en sortant d'un hôpital d'Odessa, Ukraine, 25 janvier 2012 (Dumskaya.net via Reuters TV)

 

Selon plusieurs sources à France 2, l'émission « Complément d'enquête » diffusée jeudi soir a été « lissée » après une intervention de Franck Louvrier, conseiller en communication de Nicolas Sarkozy. Le sujet : une comparaison des trains de vie de la chancellerie allemande (austère) et de l'Elysée (dépensier).

Selon ces sources, Yvan Martinet, un des journalistes de l'émission, voulait évoquer dans son sujet le rapatriement en avion, en partie aux frais du contribuable, de Pierre Sarkozy, victime d'un malaise en Ukraine fin janvier. C'était en débat au sein de la rédaction. Des images-prétextes étaient prêtes pour ajouter la séquence au montage. Il y avait aussi, en stock, une réaction de Karl-Heinz Däke, président de la fédération des contribuables en Allemagne (BdSt) : il s'étouffait devant les sommes engagées pour ce rapatriement (plus de 30 000 euros).

De son côté, Benoît Duquesne, concepteur de l'émission, doutait de l'intérêt de cette séquence sur le fils aîné du Président, peut-être parce que l'information avait été révélée par Le Canard enchaîné le 1er février.

Franck Louvrier ne menace pas, il raisonne

Mais les hésitations ont pris fin après l'intervention de Franck Louvrier, disent nos sources. En début de semaine, le conseiller en communication de Nicolas Sarkozy aurait appelé Benoît Duquesne : une très longue conversation devant témoins pour parler de la pertinence du sujet, dans son intégralité. Le conseiller du Président a probablement été alerté par les nombreux e-mails envoyés par le journaliste Yvan Martinet au cabinet de Nicolas Sarkozy pour la préparation de son sujet.

Franck Louvrier aurait alors rappelé à Duquesne les règles de bonne conduite pendant la campagne présidentielle : on ne charge pas un candidat sans charger l'autre, sous peine d'être puni par le CSA. Franck Louvrier ne menace pas, il raisonne, et tente de donner à ses interlocuteurs les arguments dont ils ont besoin pour s'arranger avec leur conscience.

Dès lors, pour minimiser les ennuis avec l'Elysée, mieux valait dépersonnaliser le sujet, et en rester aux dépenses de l'Elysée en tant qu'institution. La séquence sur Pierre Sarkozy est définitivement rejetée. Joint par Rue89, Benoît Duquesne ne dément pas avoir reçu un coup de fil de l'Elysée :

« Il nous arrive d'avoir des contacts avant des émissions, c'est normal, cela fait partie du jeu. »

Benoît Duquesne nie avoir été influencé

Mais le présentateur nie avoir été influencé par qui que ce soit :

« Nous avons fait le sujet que nous voulions faire. Personne ne visionne nos enquêtes avant diffusion. La scène avec Pierre Sarkozy n'a jamais été envisagée. Il n'a jamais été, en montage, question du fils Sarkozy. Nous n'avons rien tourné là-dessus.

J'aimerais plutôt que vous disiez dans votre article que nous faisons des sujets sur l'Elysée et son train de vie, et que nous sommes les seuls à le faire. »

(Les journalistes de la rédaction lui reconnaissent, en effet, de manière générale, un certain courage.)

Ce vendredi matin, Joël Bruandet, rédacteur en chef adjoint de l'émission, assure également qu'il n'y a eu aucun lien de causalité entre le coup de fil de Franck Louvrier (confirmé) et l'absence des images sur Pierre Sarkozy. Cette séquence avait été envisagée à un moment, mais l'idée a été abandonnée bien avant le coup de fil, nous dit-il.

Jeudi soir, nous avons aussi demandé à Franck Louvrier, par SMS, s'il était intervenu personnellement pour censurer un sujet de France 2. Il a simplement répondu : « C'est totalement faux. »

 

 

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