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15 octobre 2012 1 15 /10 /octobre /2012 18:13

 

Marianne - Dimanche 14 Octobre 2012 à 18:10

 

Journaliste à Marianne, entre société et culture En savoir plus sur cet auteur

 

Près d'un tiers des quelque 10 000 personnes qui se donnent la mort chaque année ont plus de 65 ans. Une hécatombe silencieuse qui se poursuit dans l'indifférence générale.

 

(JS EVRARD/SIPA)
(JS EVRARD/SIPA)
A la mi-septembre, près d'Orléans, un homme a tiré sur son épouse gravement atteinte d'un cancer, avant de retourner l'arme contre lui. Quoi de plus bouleversant que le geste désespéré d'un être fou d'amour, incapable de supporter plus longtemps les souffrances de sa femme ? «Quel drame terrible», soupire-t-on. Et puis on apprend que l'homme avait 85 ans et son épouse, 79. Evanouis, les Roméo et Juliette modernes. La mort des vieux, même par suicide, ça ne choque personne, c'est «dans l'ordre des choses» - c'est parfois presque un soulagement. «Après tout, leur vie est derrière eux, et ils coûtent cher à la collectivité !» lançait, provocateur, le sociologue Serge Guérin, lors du colloque sur le suicide organisé au Sénat en février dernier.

Par un réflexe culturel profondément ancré, sous nos latitudes, la disparition d'une personne âgée semble toujours moins grave que celle d'un jeune. Alors qu'en Afrique on dit que, quand un vieillard meurt, c'est une bibliothèque qui brûle. «C'est révélateur d'une société qui ne sait pas prendre soin de ses personnes âgées», déplore le sociologue spécialiste des questions liées au vieillissement de la population. Au point que 3 000 individus de plus de 65 ans mettent fin à leurs jours chaque année en France, soit près d'un tiers des suicidés. Et plus l'âge avance, plus le bilan est lourd : le taux de suicides chez les 85-94 ans est six fois plus élevé que chez les 15-24 ans. Encore les statistiques ne prennent-elles pas en compte ceux qui arrêtent de prendre leurs médicaments ou qui traversent la rue sans regarder, et que l'on préfère qualifier d'accidents. Les causes ? Chez les jeunes seniors, c'est la perte de repères, de statut social, liée au départ à la retraite. Chez les octogénaires et au-delà, l'isolement, la précarité, la maladie ou la décrépitude physique, et surtout un sentiment de ne plus faire partie de la société.

«Il y a plusieurs types de suicides des personnes âgées, explique Michel Debout, professeur de médecine légale et fondateur de l'Union nationale pour la prévention du suicide. Le suicide que j'appelle "euthanasique" des personnes qui se sentent menacées par la maladie et qui craignent de perdre leurs capacités. Hélas, elles se font parfois une fausse idée de leur état véritable. Le second type de suicide est lié à l'impression d'être une charge : ces personnes se sentent déjà parties sur un plan social et émotionnel. Le troisième type de suicide est la conséquence de la dépression des personnes âgées. Le problème, c'est le regard que la société porte sur le vieillissement. On a le sentiment que c'est normal, à un certain âge, de se replier sur soi. Il faut que l'on apprenne à repérer ces états dépressifs.»

Pour l'heure, rares sont les études fiables et chiffrées qui permettraient de prévenir le suicide des personnes âgées. Avec Jean-Claude Delgènes, directeur du cabinet Technologia, spécialisé dans l'évaluation et la prévention des risques professionnels, Michel Debout a lancé l'hiver dernier une pétition pour la création d'un observatoire des suicides : les discussions avec le gouvernement sont «en cours», mais les actions concrètes tardent à se mettre en place. C'est que la thématique n'est pas glamour. «Il est certain qu'il y a un blocage, poursuit Serge Guérin. On n'a pas très envie de s'atteler à ce sujet. C'est beaucoup plus valorisant de parler d'éducation ou de l'avenir des jeunes. Depuis les Trente Glorieuses et l'avènement de la société de consommation, seules les valeurs associées à la jeunesse sont mises en avant : la modernité, la nouveauté...»

Un pays vieillissant...

Sommes-nous à ce point incapables de regarder la vieillesse et la mort en face ? En réalité, le phénomène n'a rien d'inédit. Les spécialistes récusent en effet l'idée d'un «âge d'or» durant lequel la société aurait mieux traité ses anciens. «Il y a toujours eu des histoires affreuses de petits vieux qu'on poussait dans le puits pour s'en débarrasser», soupire le sociologue. La nouveauté serait plutôt d'ordre démographique. «Les personnes âgées sont de plus en plus nombreuses, rappelle Michel Debout. Nous sommes passés d'une société à trois générations à une société à quatre générations.»

D'après les prévisions de l'Insee, un Français sur trois sera âgé de 60 ans ou plus en 2050. Au-delà de toute ambition humaniste, c'est l'égocentrisme le plus pur qui devrait inciter à nous organiser : autant on peut espérer échapper à la maladie et au handicap, mais la vieillesse et la mort nous guettent avec certitude ! «Il y aurait beaucoup de choses à imaginer pour lutter contre le sentiment de relégation, affirme Jean-Claude Delgènes. Quand on met des personnes âgées au contact d'enfants par exemple, on obtient des améliorations très sensibles.»

Restaurer le lien, d'une manière ou d'une autre, voilà l'objectif que se fixent les spécialistes. Une priorité qui, selon eux, est bien plus urgente qu'une possible nouvelle loi sur l'«assistance au suicide» ou l'euthanasie. Plus que le droit à mourir dans la dignité, c'est le droit de vivre dans la dignité que Michel Debout voudrait voir au centre des débats : «Il faut être prudent dans les messages que l'on fait passer : ce n'est pas parce qu'on perd en autonomie que l'on n'est plus digne de vivre. Cela engendre certes des besoins nouveaux, mais c'est à la société d'y répondre.» Mettre ces questions sur la table peut contribuer à briser le tabou et à faciliter la parole pour ceux qui ont la tentation d'en finir. «La majorité des anciens qui veulent se suicider sont des gens qui ont l'impression qu'ils partiraient dans l'indifférence générale», complète Jean-Claude Delgènes.

Triste miroir ultralibéral renvoyé à l'ensemble de la société : aujourd'hui, un individu inactif, qui n'est plus «performant», physiquement ou intellectuellement, a le sentiment qu'il ne lui reste plus qu'à mourir...

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15 octobre 2012 1 15 /10 /octobre /2012 18:06

 

 

Rue89 - Le Yéti
voyageur à domicile

Publié le 15/10/2012 à 17h48

 

 

Pour madame Parisot, « nous sommes passés d’un avis de tempête à un avis d’ouragan ». Ben oui, même le Medef finit par se rendre à l’évidence : la situation est pourrie. Mais Laurence Parisot n’a manifestement toujours rien compris. Toujours au taquet, la voilà une nouvelle fois qui réclame un « choc de compétitivité » au gouvernement.

Hé-ho, Laurence, c’est fini, cette histoire ! Nous sommes en train de changer de monde. Va falloir changer de logiciel. La compétitivité, soit c’est fini, soit c’est nous qui le serons.

La compétitivité, c’est la mort

La compétitivité, allez, admettons que ça a pu avoir un temps sa raison d’être. Quand il fallait se retrousser les manches pour parvenir à produire suffisamment de biens et de services pour satisfaire les besoins élémentaires des populations. Quand il fallait reconstruire un pays ravagé par la guerre.

Aujourd’hui, dans un monde qui va bientôt produire plus de déchets que de produits vraiment utiles, la compétitivité est à la fois une imbécilité et la mort. La compétitivité sauvage crée des déséquilibres meurtriers y compris pour les glanduches qui se croient encore les plus fortiches.

A quoi elles vont ressembler les triomphantes économies allemandes ou chinoises quand elles auront terrassé leurs voisins, c’est-à-dire leurs clients ? Qui va leur acheter leurs camelotes, aux entreprises, quand elles auront asséché leurs consommateurs de salariés ?

Tout ça est tellement évident qu’on est stupéfaits de voir ces idiots réclamer encore et encore plus de « chocs de compétitivité ». C’est-à-dire une baisse des coûts de production. Maline, la Parisot !

Le pire est que ça ne date pas d’hier. D’où les dégâts sociaux et environnementaux qui nous tombent de plus en plus drus sur le coin de la figure. Et ces dingues qui en réclament une nouvelle couche !

Tout est dans un retour aux sains équilibres

Keynes, le fameux Keynes, qui revient tant à la mode en ces jours troublés, préconisait déjà de son temps un strict équilibre des balances des paiements. Au point de vouloir pénaliser autant les excédents des uns que les déficits des autres.

Nous sommes aujourd’hui à la croisée de chemins sacrément cabossés. Pour sortir des ornières, rien de plus en plus urgent qu’un retour à de sains équilibres. En clair, la complémentarité des activités économiques organisée sous la supervision des politiques. Plutôt que leur mise en compétition stupide. On n’y coupera pas. Sauf à être morts.

 


 

 

Mais comment, quand et à quel niveau ? Dans son dernier livre, « La démondialisation » (Le Seuil, 19,80 euros), Jacques Sapir ne croit ce retour aux sains équilibres que par une relocalisation des activités humaines. Avec des mesures protectionnistes pour garantir les fragiles équilibres des attaques de sauvages.

Equilibres au niveau des Etats et plus des zinzins genre Union européenne. Peut-être même, sous la pression de la crise, à celui d’entités plus restreintes comme les régions (cf. les tensions séparatistes en Belgique et en Espagne).

Mais bon, se débarrasser des carcans mentaux du vieux monde fini est manifestement aussi difficile que d’arrêter la clope. Pas de patch pour les accros de la compète débridée ? Ho, Laurence, pourquoi tu fumes ?

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15 octobre 2012 1 15 /10 /octobre /2012 18:01

 

 

Jouer n’est pas tuer 15/10/2012 à 15h36

Pascal Riché | Redchef Rue89

 

 

Alvin Roth et Lloyd Shapley, les deux économistes qui ont reçu le Nobel de l’économie (qui n’existe pas, mais c’est une autre histoire), sont des spécialistes de la « théorie des jeux ». Ces trois mots généralement n’ont rien de très ludique. Il s’agit de chercher des lois sur les comportements humains, sur les marchés, notamment. Beaucoup de théories, peu de vrais jeux rigolos, donc.

Mais parfois, pourtant, ces économistes jouent vraiment.

 


Lloyd Shapley en 1980 (MFO/Wikimedia Commons/CC)

 

L’aîné des deux nouveaux Nobel, Lloyd Shapley a ainsi inventé un jeu de société diabolique, avec trois autres brillants économistes (dont un autre Nobel, John Nash – vous vous souvenez, celui qui était incarné par Russell Crowe dans « Un Homme d’exception »). Ils l’ont baptisé « So long Sucker » (ce qu’on pourrait traduire par « ciao pigeon »).

Au départ, ils travaillaient sur les stratégies de coalition entre individus. Quand est-il rentable de s’allier ? Ou de trahir ?

Ils en ont fait dans les années 50 un jeu, qui implique quatre participants. La seule façon de gagner est de s’allier d’abord, et de trahir au bon moment.

Le jeu a mis à rude épreuve des couples mariés

Autant dire que le jeu ne renforce pas forcément l’amitié. On raconte que les premiers tests de « So Long Sucker » ont mis à rude épreuve des couples mariés, qui revenaient chez eux dans des taxis séparés. Il paraît cependant que ses quatre auteurs, qui ont dû eux aussi jouer à ce jeu pour faire avancer leurs recherches, se parlent encore occasionnellement.

Chaque joueur commence avec sept jetons de même couleur – il s’agit d’être le dernier à les perdre tous. Chaque fois qu’un jeton est posé, sa pile diminue, mais on peut la remplumer en prenant des jetons à d’autres joueurs. Là ou le jeu est pervers, c’est que chaque joueur désigne le joueur suivant.

Voici les règles [en PDF] :

Chaque joueur prend sept jetons d’une même couleur. Le premier joueur est tiré au sort. Il place un jeton sur la table et désigne qui sera le second joueur.

Le second joueur peut placer un jeton à côté du premier joué, et ouvrir ainsi une nouvelle pile, ou alors sur le premier.Il désigne à son tour la personne qui jouera le coup suivant.

Des piles se constituent ainsi. Pour capturer une pile, il faut que deux jetons de la même couleur soit posés sur elle de façon consécutive. Le joueur à qui appartient cette couleur doit alors « tuer » un jeton de son choix (y compris un jeton de sa propre couleur) dans la pile et empocher tous les autres jetons de celle-ci. Et c’est à lui de jouer ou rejouer.

Sauf en cas de capture, chaque joueur désigne son successeur. Il peut désigner qui il veut, y compris lui même, à condition que la couleur initiale de ce joueur ne soit pas représentée dans la pile sur laquelle il vient de jouer. Si les quatre couleurs sont dans la pile, il est obligé de désigner comme successeur celui dont la couleur du dernier jeton joué se trouve le plus bas dans la pile.

Jouer, tuer, donner

Les jetons ainsi capturés, qui ne sont pas de la même couleur que les siens, sont appelés des « prisonniers ». Un joueur peut :

  • les jouer ;
  • les tuer (quand il le désire) ;
  • les donner sans conditions à un autre joueur.

Un joueur a perdu quand, alors qu’il a été désigné par un autre joueur, il n’a plus de jetons pour jouer et que personne d’autre ne veut lui en donner. Le jeu reprend alors entre les autres joueurs, celui qui avait désigné le « sortant » gardant la main. Si une pile est capturée à l’aide de la couleur du joueur sorti du jeu, alors l’ensemble de la pile est « tuée ».

Le joueur qui reste le dernier en piste gagne. A noter qu’il peut gagner alors que tous ses jetons sont morts – et c’est visiblement un truc qui fait la beauté cruelle de ce jeu.

On le voit, seul des cerveaux malades et/ou géniaux ont pu accoucher d’un tel jeu. Pas étonnant que deux d’entre eux aient été nobelisés.

 

MERCI RIVERAINS ! Pierrestrato
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15 octobre 2012 1 15 /10 /octobre /2012 16:56

 

 

Le Monde.fr avec AFP | 15.10.2012 à 11h40 • Mis à jour le 15.10.2012 à 11h41

 

"Les policiers ont encerclé le camp. Ils forcent les familles à faire leurs bagages", a déclaré Nathalie-Marie Chantepie, de l'association Porte-B'honneur.

Un bidonville très insalubre où vivaient 80 Roms, selon la préfecture, environ 200 selon les associations, était en cours d'évacuation lundi matin à Noisy-le-Grand (Seine-Saint-Denis), ont annoncé ces deux sources.

"Les policiers ont encerclé le camp. Ils forcent les familles à faire leurs bagages", a déclaré Nathalie-Marie Chantepie, de l'association Porte-B'honneur. "Il y a une décision de justice" ordonnant l'expulsion de ce campement, situé sur un terrain privé, a expliqué la préfecture, assurant que le démantèlement "se passe bien".

Le bidonville est installé en contrebas de l'autoroute A4, à deux pas d'un Novotel. Il n'y a ni eau ni électricité et les allées entre les baraques en tôle, planches et bâches en plastique sont jonchées de détritus faute de poubelles à proximité. Cet été, des habitants avaient confié ne pas bien dormir la nuit à cause du raffut que faisaient les rats. "Il y a beaucoup d'enfants, des nourrissons qui sont malades et qu'on a conduit aux urgences pédiatriques il y a encore deux jours", s'est inquiétée Mme Chantepie, rappelant qu'il y avait chez les habitants de ce camp "de nombreux cas de tuberculose" et que "la plupart ont interrompu leur traitement car ce n'est pas leur priorité".

"C'est d'autant plus choquant qu'on a eu une réunion à la préfecture la semaine dernière où on a évoqué la nécessité de proposer des solutions préalablement à toute expulsion comme le prévoit la circulaire du gouvernement (publiée cet été), or rien n'a été fait", a ajouté Didier Cusserne, du collectif de soutien aux Roms de Noisy-le-Grand.

Lire le point de vue : Roms de France, la République face à elle-­même

 


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15 octobre 2012 1 15 /10 /octobre /2012 16:36

 

 

Le Monde.fr avec AFP et Reuters | 15.10.2012 à 16h51 • Mis à jour le 15.10.2012 à 17h16

 

Des études plus ciblées ont été menées pour évaluer la valeur de la pollinisation par les abeilles (environ 190 milliards de dollars par an) ou de la protection contre les tempêtes fournie par les mangroves (jusqu'à 1 000 dollars par hectare et par an).

Agriculteurs ou consommateurs devraient-ils payer pour les services de pollinisation rendus par les abeilles ou pour la pluie en forêt tropicale ? Apparemment incongrues, ces questions se posent à l'occasion de la conférence de l'ONU sur la biodiversité en Inde. "Les services rendus n'ont pas de prix associé, ils ne sont donc pas comptabilisés", constate Neville Ash, directeur de la section biodiversité du Programme des Nations unies pour l'environnement.

Les discussions internationales menées depuis vingt ans pour endiguer l'érosion toujours plus rapide de la biodiversité (préservation des espèces et végétaux menacées, gestion des ressources...) peinent à se concrétiser en engagements sonnants et trébuchants pour la nature. Ces questions de gros sous sont au cœur de la conférence de Hyderabad, où 160 pays sont réunis jusqu'à vendredi.

L'une des approches en vogue ces dernières années consiste à mettre un "prix" sur les services jusqu'ici rendus "gratuitement" par les écosystèmes. Il s'agit, selon ses promoteurs, de permettre à la biodiversité de trouver une place dans les "business plans" des entreprises ou les budgets gouvernementaux.

L'économiste indien Pavan Sukhdev, auteur d'un célèbre rapport finalisé en 2010, a largement contribué à imposer cette idée selon lui incontournable. "Pour faire comprendre aux décideurs à quel point la biodiversité est importante, vous devez leur montrer la valeur en dollars des services fournis par les écosystèmes que leur économie est en train de perdre à cause de leur mauvaise gestion ou de la disparition de la biodiversité", explique-t-il.

L'une des rares tentatives pour chiffrer la valeur totale des services rendus par l'ensemble de la nature, en 1997, avait abouti au chiffre faramineux de 33 000 milliards de dollars annuels. Soit près du double du PIB mondial à cette date. L'étude avait suscité des doutes et même des moqueries.

 

 PAYER SELON SA DÉPENDANCE

Depuis, des études plus ciblées ont été menées, pour évaluer la valeur de la pollinisation par les abeilles (environ 190 milliards de dollars par an) ou de la protection contre les tempêtes fournie par les mangroves (jusqu'à 1 000 dollars par hectare et par an).

Une nouvelle étude publiée la semaine dernière estime que 4 milliards de dollars par an sont nécessaires pour réduire le risque d'extinction de toutes les espèces menacées et 76 autres milliards pour bien gérer les sites terrestres importants pour la biodiversité. "Des coûts très faibles par rapport aux coûts de l'inaction", assure son auteur, Donal McCarthy, économiste pour l'ONG BirdLife International.

Selon lui, cette somme ne représente que de 1 à 4 % de la valeur des services rendus par les écosystèmes perdus. Bien que régulièrement contestée, cette approche semble de mieux en mieux acceptée. Mais que faire de tous ces chiffres ? "L'évaluation seule n'est pas suffisante", rappelle Nathaniel Carroll, chef du programme biodiversité à Forest Trends, une organisation à but non lucratif installée à Washington qui promeut des outils de protection de la forêt basés "sur le marché".

"Chacun devrait payer pour sa dépendance, son utilisation et ses impacts sur la biodiversité s'il souhaite que ça continue à être disponible", dit-il. Faut-il un marché de la biodiversité à la manière de celui existant en Europe pour le carbone et visant à permettre des réductions d'émissions de CO2 ? Faut-il des taxes, des redevances ou des systèmes de facturation de "services" ?

Pour Dominic Moran, professeur en économie de l'environnement au Rural College d'Ecosse, l'instauration de droits de propriété pourrait être une solution. "Si les ressources sont confiées à des communautés ou à des pays en particulier qui en seraient les propriétaires, ils auraient alors le droit de les facturer, estime-t-il. Ce serait aussi une incitation à gérer durablement ces ressources sur le long terme."

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14 octobre 2012 7 14 /10 /octobre /2012 14:35

 

Samedi 13 Octobre 2012 à 05:00

 

JC Slovar
Décryptages de l'information politique, économique et sociétale par un citoyen engagé En savoir plus sur cet auteur

 

Dans un rapport publié par la BCE on apprend que les problèmes d'emplois en Europe sont dus aux salaires trop élevés et aux qualifications des chômeurs inadaptées aux offres. S'appuyant sur l'analyse de ce rapport faite par l'association Sauvons l'Europe, notre blogueur associé Slovar conteste ces affirmations...

(Mario Draghi, président de la Banque Centrale Européenne, octobre 2012 - Geert Vanden Wijngaert/AP/SIPA)
(Mario Draghi, président de la Banque Centrale Européenne, octobre 2012 - Geert Vanden Wijngaert/AP/SIPA)
Si les politiques n'ont toujours pas trouvé la martingale du plein emploi et que l'OIT pousse depuis des mois des cris d'alarme sur l'envolée du chômage et la montée de la précarité, la BCE dirigée par Mario Draghi affirme haut et clair qu'elle détient LES solutions pour résoudre toutes les difficultés. Elle les a mises noir sur blanc dans un rapport (en anglais) de 126 pages, qu'elle vient de publier : Euro aera labour and the crisis. Ce rapport a été décortiqué par l'association Sauvons l'Europe qui a notamment extrait les morceaux d'anthologie.

La première cause du chômage selon la BCE : les salaires trop élevés ! «La rigidité salariale à la baisse empêche la résorption de la crise de compétitivité». Ben voyons ! Ainsi, pour lutter contre la concurrence asiatique il suffirait de baisser les salaires, un peu comme en Grèce où la population est en train de passer de la précarité à la misère. Ce dont se moque la BCE, puisque l'essentiel c'est que les salaires et le temps de travail se rapprochent le plus possible de ceux des travailleurs asiatiques afin de produire au moindre coût. La quasi totalité de cette production sera bien entendu exportée dans des pays où les salariés ont provisoirement un meilleur pouvoir d'achat.

Ce à quoi Sauvons l'Europe ajoute : «(...) la question centrale des entreprises n’est pas, en effet, combien me coûte une heure de travail dans tel pays, mais bien combien me coûte un travailleur pour fabriquer une valeur de 100 dans tel pays (...)».

L'OIT de son côté donne un avis avisé sur cette baisse des salaires : «(...) L’Organisation Internationale du travail (OIT) met en garde contre des mesures entraînant une baisse de la consommation intérieure et affectant négativement la croissance (...). De plus, insistent les économistes de l’OIT, si des réductions compétitives de salaires sont menés simultanément dans plusieurs pays, on ouvre alors la voix à une dépression globale de la situation de l’emploi».

Un problème structurel ?

La deuxième cause du chômage élevé selon la BCE : l’inadéquation des qualification des chercheurs d’emploi aux besoins des entreprises ! En fait affirme la BCE : «Le chômage est d’abord un problème structurel».

«(...) Ainsi, par la magie de la crise, une force de travail qui était plus ou moins adaptée aux besoins des entreprises deviendrait entre 2008 et 2009 soudainement inadéquate ? Un choc de productivité majeur a eu lieu qui a transformé profondément la majeure partie des métiers sans que les salariés ne suivent ? Une vague d’alcoolisme due à la crise a brusquement produit une foule d’handicapés (...)», lui répond Sauvons l'Europe, qui ajoute : «(...) Le plus atterrant dans cette affaire est que ce débat, dans un contexte politique chargé, a eu lieu de manière très étendue aux Etats-Unis, où un consensus a fini par se dessiner sur le fait qu’il n’y a pas de mismatch structurel, mais une bête crise de la demande de travail (...). La BCE donne la sensation curieuse de travailler en apesanteur et de postuler la singularité de l’espace économique européen par rapport au reste du monde. (...) Qui plus est, la BCE rejette l’explication d’un chômage purement géographique, avec des salariés formés dans un pays et les entreprises souhaitant les embaucher dans un autre. C’est bien à l’intérieur de chaque pays que les salariés sont devenus des inadaptés à la tâche productive !!! (...)».

Sauvons l'Europe nous livre le diagnostic plus cohérent de l'économiste américain Paul Krugman : «(...) Il suffit d’une part de vérifier si les entreprises tournent à plein régime ou ne trouvent plus de débouchés, et surtout si le chômage est fort dans quelques activités économiques alors que la demande non satisfaite est importante dans d’autres, ou bien si le chômage a partout augmenté. Pour le premier critère, la lecture des activités économiques sur le moral des entreprises européennes et leur carnet de commande renseigne : les entreprises n’ont pas aujourd’hui un besoin féroce d’embaucher. Pour le second, un rapide tour non exhaustif sur le site d’Eurostat ne m’a pas permis de trouver des masses d’activités en tension de main d’oeuvre ; le chômage augmente partout (...)».

En clair, la BCE a décidé que les pays les moins-disants au niveau salarial et social étaient devenus la nouvelle référence mondiale, et que l'avenir des salariés d'Europe se résumait à une précarisation généralisée de ceux qui ont un emploi et à des mini jobs obligatoires, mais aléatoires, pour les chômeurs. Bienvenue dans un monde de dumping permanent où seuls les marchés financiers, dont monsieur Draghi est issu, seront les gagnants !

Chômage : les mauvais remèdes de la BCE
Retrouvez d'autres articles de notre blogueur associé J-C Slovar sur son blog.

 

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14 octobre 2012 7 14 /10 /octobre /2012 14:31
Marianne - Vendredi 12 Octobre 2012 à 13:20 | Lu 3785 fois 

 

Laurent Pinsolle
Porte-parole du parti Debout la république dirigé par Nicolas Dupont-Aignan, ce républicain... En savoir plus sur cet auteur

 

A l'occasion d'un article publié par The Economist, notre blogueur associé Laurent Pinsolle revient sur la nécessité de transformer en profondeur le système monétaire actuel, entièrement dévoué aux banques.

Le système monétaire actuel, un scandale démocratique
C’est un graphique de The Economist sur l’impact des mesures de la Fed sur les cours de la bourse aux Etats-Unis qui résume bien un des problèmes majeurs de notre système monétaire : il tourne au bénéfice quasi exclusif des banques. Sa réforme devra être une des priorités majeures à l’avenir.

Monétisation et cours de bourse

« Il est une chance que les gens de la nation ne comprennent pas notre système bancaire et monétaire parce que si tel était le cas, je crois qu’il y aurait une révolution avant demain matin ». C’est par cette citation d’Henry Ford qu’André-Jacques Holbecq et Philippe Derudder débutaient leur livre La dette publique, une affaire rentable. Mais si cette réflexion pouvait paraître un peu nébuleuse et difficile à comprendre en 2008, quand le livre est sorti, aujourd’hui, tout le démontre.

A ce titre, le graphique de The Economist est très parlant car on voit à chaque fois le lien très direct entre les opérations de quantitative easing et le cours de la bourse aux Etats-Unis. A chaque injection d’argent, les cours progressent, ce qui leur a permis de retrouver leur niveau de début 2008, soit un doublement depuis le point bas de début 2009 ! Et cela est logique puisque la création de monnaie augmente la demande de titres par rapport à l’offre, et donc les prix des actions.

En ce sens, les interventions de la Banque Centrale profitent largement aux établissements financiers puisqu’en faisant progresser les cours de bourse, cela améliore fortement leurs bilans, faisant des banques les premières bénéficiaires de ces mesures. Malgré tout, il faut bien constater qu’elles ont aussi un effet indirect positif pour l’ensemble de l’économie, en diminuant le coût d’emprunt des Etats et en soutenant la croissance, ce qui profite un peu à tous.

La confiscation d’un bien commun

Malgré tout, il est profondément choquant de constater que le système monétaire tourne en faveur du système financier. Tout d’abord, les banques privées peuvent créer de la monnaie à volonté et à leur profit (sauf quand la bulle explose), alors que la monnaie est un bien commun qui devrait être émis au bénéfice de la collectivité. Ensuite, en venant sauver les banques de leurs propres excès, les banques centrales entretiennent un aléa moral scandaleux. Même The Economist l’avait reconnu en affirmant que l’« on privatise les profits, mais on collectivise les pertes ».

On aimerait bien voir les faucons de l’austérité s’indigner un peu plus des 1000 milliards d’euros créés par la BCE en décembre 2011 et mars 2012 pour refinancer les banques européennes. Cela représente tout de même l’équivalent de 200 milliards à l’échelle de la France, le cumul des déficits prévus pour 2012, 2013 et 2014 ! N’est-il pas totalement anormal que les banques disposent d’une forme de crédits illimités à bas coûts quand les Etats doivent se serrer la ceinture ?

A ce titre, il est très positif de constater que l’opinion bouge et qu’une personnalité comme Joseph Stiglitz, « prix Nobel d’économie », défende aujourd’hui la fin de l’indépendance des banques centrales, rejoignant Maurice Allais, pour qui « toute création monétaire doit relever de l’Etat et de l’Etat seul » et qui assimilait les banques commerciales à des « faux-monneyeurs ». Tout ceci doit aussi nous amener à repenser le système monétaire, comme le propose le « 100% monnaie ».

Le débat sur la monnaie doit être un débat majeur des prochaines années. Le système actuel, quand on le comprend, est un scandale démocratique et équivaut à une forme de détournement de fond institutionnalisé. Et ce sont des « prix Nobel d’économie » qui le disent…

Le système monétaire actuel, un scandale démocratique
Retrouvez d'autres articles de Laurent Pinsolle sur son blog.
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13 octobre 2012 6 13 /10 /octobre /2012 17:43

 

 

Le Monde.fr avec AFP | 13.10.2012 à 08h40

 

La ville de New York a décidé jeudi 13 septembre d'imposer une interdiction partielle des ventes de sodas de plus d'un demi-litre, une idée lancée par le maire Michael Bloomberg pour lutter contre l'obésité.

Des représentants de l'industrie américaine des boissons ont attaqué, vendredi 12 octobre, en justice la ville de New York pour contrer sa récente décision d'interdire les sodas et boissons sucrées de plus d'un demi-litre dans les restaurants, les stades et les cinémas.

La plainte intentée par plusieurs groupements professionnels, dont l'American Beverage Association, affirme que "la commission de la santé de la Ville n'a pas le pouvoir d'adopter une telle règle, puisque sous la loi de l'État de New York, la possibilité d'adopter de nouvelles lois est réservée au conseil municipal de la ville", selon un communiqué.

Selon Caroline Starke, porte-parole des plaignants, "cette plainte en justice vise à ce que la commission de la santé respecte le processus législatif". "En dépit de l'opposition forte et croissante des New-Yorkais, le projet de loi a été adopté en éludant les élus", a estimé Mme Starke.

Le maire de New York a interdit le 13 septembre la vente de boissons sucrées et les boissons gazeuses de plus d'un demi-litre dans les restaurants, stades et cinémas, une initiative sans précédent pour lutter contre l'obésité en Amérique.

La Commission de la santé de la mairie avait validé par huit voix pour, aucune voix contre et une abstention, la proposition faite en mai par le maire de la ville, malgré la vive opposition des fabricants et vendeurs de sodas. Ceux-ci ont une période de six mois pour se préparer à la nouvelle réglementation, qui imposera une limite de 47 cl à partir du 12 mars prochain.

 

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12 octobre 2012 5 12 /10 /octobre /2012 18:04

 

 

 

Chaque lundi après-midi, Nicole et Carla tiennent la permanence du Secours Catholique, au rez-de-chaussée du presbytère de l’église Sainte Agathe de Florange. Depuis le début de l’année 2012, ces deux bénévoles voient les demandes d’aides d’urgence augmenter en flèche. Mais depuis septembre, disent-elles, c’est du jamais vu. "On a fait la rentrée sur les chapeaux de roues. Le Luxembourg dégraisse beaucoup et ça se sent", indique Nicole pour qui sans le Grand Duché, la Moselle serait "dans une misère noire".

 

© Florence Beaugé/LeMonde

 

Nicole et Carla le remarquent avec inquiétude : le profil des gens qui les appellent au secours a changé. Autrefois, il s’agissait surtout de femmes seules avec enfants. Maintenant, ce sont des hommes seuls, sans emploi, de plus en plus jeunes. Beaucoup vivent dans les deux foyers de la ville. La moitié d’entre eux sont des immigrés, parfois de la deuxième génération, le plus souvent des Maghrébins. D’où les réflexions pincées de Florengeois pour qui "il faut porter un voile ou avoir la peau sombre pour avoir droit à des aides".

Pas d’aide en argent liquide pour ces visiteurs du lundi, mais, le plus souvent, des "bons" à échanger contre de l’alimentation dans les grandes surfaces. Le problème est que les donateurs se font plus rares, d’année en année. Pour tenter de secouer l’apathie générale, Nicole et Carla multiplient les initiatives : ventes de calendriers, ventes de bougies, etc. Le 27 octobre, elles organisent à Florange "une soirée harengs". Succès garanti ! Pour 16 euros, chacun se voit offrir "un kir, des toasts, des harengs à la crème, des pommes de terre, du fromage et un charriot de desserts". Il y a deux ans, on comptait 60 participants. L’année dernière, 120.

 

Carla, bénévole au Secours catholique de Florange. © Florence Beaugé/LeMonde

 

Entre deux visiteurs, Nicole et Carla parlent de leur vie. L’une et l’autre sont retraitées. Nicole est une ancienne sidérurgiste. Elle aime Florange, "sauf ses ronds-points et ses dos d’âne !" Carla, veuve depuis cinq ans, glisse en passant qu’elle a des enfants "modernes", qui ne s’occupent "pas trop de leur mère". Elle aurait rêvé d’être institutrice, mais à la place, elle a fait "tous les métiers, sauf dame pipi et le trottoir !", dit-elle en riant. Ce qui lui pèse aujourd’hui ? Le "laxisme des gens, et le trop grand mélange des populations", répond-elle, avant de s’excuser de parler ainsi puisque elle est elle-même "fille d’immigrés italiens".

Sur l’avenir, les deux femmes ne sont pas optimistes. Ni l’une ni l’autre ne croient à une possible reprise d’ArcelorMittal. Elles ont "renoncé à parler de tout ça", mais l’avenir des jeunes générations les soucient. "Les retraités sont plus riches que les jeunes aujourd’hui. Ce n’est pas normal, se désole Nicole. Je dis souvent au maire : au lieu d’organiser des repas pour les personnes âgées, vous feriez mieux d’en faire pour les chômeurs !"

La solidarité ? A les entendre, c’est un phénomène en voie de disparition. Les vieux ont peur des jeunes. Les jeunes ignorent l’entraide et la méfiance grandit entre les générations. "Les personnes âgées pensent que, si elles donnent, ça n’aidera pas à régler des factures impayées mais à acheter le dernier Iphone", lâche Nicole. Pour elle, comme pour Carla, les gens en ont ras le bol de donner. "Ils se disent : "y en a marre des assistés", et quelque part, ils n’ont pas complètement tort…"

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A lire également :

-Bons baisers de Florange

-Florange, la fin d'un monde....

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11 octobre 2012 4 11 /10 /octobre /2012 18:45

 

 

« Quand on ne peut plus défendre un projet [le TSCG] autrement qu’en ayant recours à la peur, (...) la décision la plus sage, est, à défaut de se taire, de faire une pause. Pour réfléchir autrement, et faire de l’Europe un acteur capable de mettre en œuvre une réponse sociale, écologique et démocratique à la crise économique, financière et climatique ». Par Geneviève Azam, Amélie Canonne, Maxime Combes, Véronique Dubarry, François Gèze, Nicolas Haeringer, Stéphane Lavignotte, Aurélie Trouvé, répondant à une tribune publiée dans Le Monde.


 

 Depuis la victoire du «non» au référendum de 2005 sur le Traité constitutionnel européen, la cause est entendue: l’invective, la mauvaise foi et les incohérences sont du côté de celles et ceux qui s’opposent aux traités européens –aux traités et à leur novlangue délicieusement bureaucratique, à leur technicisation accrue d’une Europe qui se coupe ainsi de ses citoyens et se range inexorablement du côté de l’austérité et tourne le dos à la transition écologique, tout en érigeant des remparts toujours plus élevés pour s’isoler du monde et refuser les migrations.

À l’inverse, la raison, la modération, et, in fine, le sens de l’Histoire, bref, la vérité, seraient de l’autre côté. Les discussions, les mobilisations citoyennes (meetings, pétitions ou manifestations) sont des péripéties dont nos dirigeants aimeraient bien pouvoir se passer. Après tout, puisque l’Histoire est en jeu, il n’est pas illégitime de chercher à contourner l’expression démocratique, et il n’est pas moins normal de renier des engagements de campagne (François Hollande avait annoncé qu’il renégocierait les textes du TSCG et qu’il consulterait les Français): les technocrates et les dirigeants sont persuadés que l’Histoire peut se faire sans le «peuple».

De ce point de vue, 2012 ne tranche pas avec 2005, bien au contraire. Nous, opposants europhiles à cette Europe bureaucratique et abstraite, sans vision et sans âme, ne serions rien d’autre que des militants d’extrême droite qui s’ignorent, animés d’un désir caché de revenir aux frontières nationales, à notre bonne vieille monnaie et nos pittoresques douaniers.

Et pourtant…

Les lignes qui suivent ne sont pas issues d’une tribune cosignée par des militants du NPA, du Front de Gauche, ou d’Attac, à deux doigts de faire leur coming out et d’adhérer au Front National. Elles émanent de deux élus d’EE-LV, favorables au TSCG –dont l’un fût directeur de cabinet de Pierre Mauroy– qui évoquent, dans une tribune du Monde « Écologistes, nous devons ratifier le traité européen » parue le 1 octobre 2012, le chaos que provoquerait, selon eux, un rejet du traité.

« Ce grand renversement pourrait porter de graves effets aux valeurs dites occidentales, auxquelles nous sommes viscéralement liés –particulièrement nous Français, héritiers de 1789: nos valeurs pourraient se trouver englouties. Le monde qui se dessine risque en effet de passer par pertes et profits le respect des personnes, la liberté et la laïcité, de même que les multiples formes d'égalité et le souci premier de la dignité humaine. »

Ne reculant devant aucun effet de dramatisation, les auteurs poursuivent:

« On ne peut compter que sur l'Europe, berceau de cette civilisation et praticienne éprouvée des droits qui la fondent. Il faut que l'Europe reste en scène, c'est le sens de l'Histoire qui est en jeu. (…) Les erreurs d'ordre économique qui entachent le TSCG ne sont pas du même rang que la menace sur notre civilisation que provoqueraient la division et l'affaiblissement de l'Europe. »

Passons sur l’argument qui ouvre leur tribune, à savoir que l’Europe est un facteur de paix. Il serait recevable, mais à la condition d’oublier les Balkans, les guerres dans lesquelles les pays de l’UE sont engagées hors territoire européen, et de refuser de prendre en compte la guerre menée contre les migrants, dont Frontex et Schengen sont le bras armé.

Ainsi, l’Europe, et, en son sein, la France qui occupe une position si particulière dans l’Histoire de la civilisation occidentale (c’est-à-dire, pour L. Aïchi et R. Lion, du monde), serait menacée. Par un islam que nos églises (chrétiennes, bien entendu) ne seraient (malheureusement, faut-il le préciser) plus en mesure de contenir. Par une Afrique dont les habitants finiraient par être trop nombreux et ne pourraient faire autre chose que nous envahir. Par une Asie (comprendre «les Chinois») à l’économie galopante. Un vrai choc des civilisations: musulmans, Africains et Asiatiques formeraient ensemble une sorte de tsunami qui  menacerait «d’engloutir» nos valeurs.

L’Europe, celle en laquelle nous croyons, mérite mieux que ça. Quand on en arrive à ce niveau d’argumentation, quand on ne peut plus défendre un projet autrement qu’en ayant recours à la peur (et quelle version dégradée de l’heuristique de la peur, chère aux écologistes, nous offre-t-on là !) et à l’évocation des valeurs éternelles et universelles de la civilisation occidentale, la décision la plus sage, est, à défaut de se taire, de faire une pause. Pour réfléchir autrement, et faire de l’Europe un acteur capable de mettre en œuvre une réponse sociale, écologique et démocratique à la crise économique, financière et climatique –une réponse qui ose, par exemple, faire un audit de la dette, publique comme privée, et organiser leur annulation.

Dire «non» au TSCG, c’est précisément demander que cette pause soit possible. C’est affirmer qu’il est encore temps de réorienter la construction européenne, de retrouver cet espoir et ce souffle qui présidait à ses débuts. Celui de construire une Europe, porteuse de sa riche histoire, assumant sa part sombre (coloniale, par exemple), déterminée à rester ouverte sur le monde tel qu’il est, plutôt que de la concevoir comme une citadelle assiégée, qui appellerait la construction d’une forteresse bureaucratique et policière.


Geneviève Azam, économiste, Attac
Amélie Canonne
, militante altermondialiste, Aitec
Maxime Combes, économiste, Aitec
Véronique Dubarry, adjointe écologiste au maire de Paris
François Gèze, directeur des éditions La Découverte
Nicolas Haeringer, membre du comité de rédaction de la revue Mouvements
Stéphane Lavignotte, pasteur, militant écolo, Front de Gauche
Aurélie Trouvé, Attac

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