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24 juillet 2012 2 24 /07 /juillet /2012 20:56

 

Comment ne pas faire le rapprochement ? La semaine dernière, un nouveau scandale bancaire éclatait. Après Goldman Sachs, JP Morgan, Barclays, UBS, c’était au tour de HSBC d’être pris dans les mailles du filet. Une commission d’enquête du Sénat américain venait de mettre à jour dans un rapport de plus de 300 pages les agissements de la banque. Une enquête accablante : HSBC a non seulement favorisé l’évasion fiscale, mais a fermé les yeux sur des pratiques criminelles. Elle a détourné son regard du blanchiment d’argent et du trafic de drogue et d’armes au Mexique, des liens avec le terrorisme en Arabie Saoudite, ou du financement d’armes au Soudan ou en Iran.

Plus de 60 000 comptes liés à sa seule filiale mexicaine ont trouvé l’hospitalité dans les îles Caïmans. Sur 41 % de ces comptes, la banque n’avait quasiment aucune information, ne faisait aucun contrôle, en dépit des mises en garde de plusieurs responsables insistant sur les risques immenses de blanchiment d’argent de la drogue. Prise la main dans le sac, la direction de HSBC s’est déclarée « profondément bouleversée », a présenté ses excuses à ses salariés et à ses clients, renvoyé quelques lampistes, et promis de pleinement coopérer avec les autorités américaines. Une fois de plus, l’affaire risque de se terminer par une amende record, excluant toute autre peine. Et on passera à autre chose.

Dimanche, une fondation indépendante, Tax justice network, publiait dans The Observer une longue étude sur l’évasion fiscale et les paradis fiscaux. Menée par un ancien économiste en chef de MacKinsey, James S. Henry, l’étude a tenté de cerner ce « trou noir » de plus en plus important de la finance mondiale, le prix réel de l’off shore. Selon lui, tout pousse à sous-estimer l’ampleur de cette évasion fiscale. Les  statistiques des diverses organisations internationales – FMI, Banque mondiale, Banque des règlements internationaux – amènent à évaluer les actifs financiers cachés dans les paradis fiscaux autour de 17 000 milliards d’euros. D’après ses estimations, il les chiffre plutôt autour de 25 500 milliards d’euros. Cela représente plus que l’addition du PIB des États-Unis et du Japon. Et encore insiste-t-il : « Il s’agit juste de la richesse financière. Une bonne partie des actifs investis dans l’immobilier, les yachts, les écuries de courses et tant d’autres choses qui comptent pour les grandes fortunes sont détenues au travers des structures off shore qui rendent impossible l’identification de leurs propriétaires ».

Mais il est un autre chiffre encore plus éloquent : « Une analyse détaillée des 50 premières banques privées internationales révèle qu’à la fin de 2010, elles géraient collectivement plus de 15 milliards d’euros d’investissements internationaux pour le compte de clients privés, y compris à travers des trusts et des fondations », note l’étude. Contrairement à ses démentis répétés, le système bancaire international est donc bien la pierre angulaire de ce système d’évasion fiscale.

 

Des parafis disparus en cinq jours

L’étude a repéré tous les grands noms de la gestion de fortune. Toutes les grandes banques y sont. UBS, dont les pratiques d’évasion fiscale et de comptabilité occulte semblent avoir été érigées en règle de management dans tous les grands pays est en tête. Crédit Suisse et HSBC, tout aussi bien connus, le suivent de près. Deutsche Bank et BNP Paribas, nos grandes banques européennes, qui ne cessent d’afficher des brevets d’honorabilité, ont fait beaucoup d’efforts ces dernières années pour se hisser dans le classement de la gestion de fortune. Elles étaient respectivement au 6e et 8e rang en 2005, elles se retrouvent au 4e et 6e rang en 2010. De façon plus anecdotique, le classement de la banque suisse Pictet au dixième rang en 2010, surprend. C’est une toute petite banque genevoise. Mais il est vrai que son nom se retrouve dans nombre d’affaires françaises d’évasion fiscale. Ceci explique peut-être cela.

 

 
© Tax justice network

Mais ce classement impose une autre remarque. Dans cette liste de 2010 figurent de nombreux établissements qui ont été secourus par des fonds publics en 2008 et 2009, comme Barclays, ABN Amro, Goldman Sachs, dans une moindre mesure BNP Paribas et Crédit agricole. Le jeu de dupes de la crise financière apparaît au grand jour : les gouvernements ont sauvé les banques sans leur demander la moindre contrepartie, même pas de fermer leurs filiales dans les paradis fiscaux. En 2010, elles continuent de prospérer sur cette activité. Et de quelle façon !

En cinq ans, leurs actifs gérés pour le compte de leur clientèle internationale ont presque été multipliés par 1,5, passant de 9 à 15 milliards d’euros d’actifs gérés. Les effets de la mondialisation, sans doute. « Nous aurions dû tous nous alarmer quand la liste noire des paradis fiscaux établie par l’OCDE, qui était censée être la ligne de front du combat mondial contre l’opacité était vide dès le 7 avril 2009, seulement cinq jours après le communiqué du G20. Les paradis fiscaux sont maintenant censés être nettoyés. Pendant ce temps, les banques internationales continuent de prospérer dans la gestion de fortune », insiste James Henry.

Les paradis fiscaux, cependant, comme le souligne l’étude, ne sont bien souvent que des structures de transit, des lieux de passage. Car si les grandes fortunes recherchent l’opacité et le secret pour fuir les impôts et les taxes, elles veulent en même temps bénéficier des meilleures garanties pour protéger leurs avoirs. Elles veulent la sécurité du droit et de la loi. Et il n’y a que les grands pays développés qui peuvent leur apporter cette sécurité.

 

 

Les vrais paradis fiscaux, ce ne sont pas les îles Caïmans ou les îles Vierges, mais Londres, la Suisse, le Luxembourg et New York, rappelle l’étude. « Nous avons ici la stabilité. Stabilité du régime juridique et fiscal et stabilité politique, économique et sociale, ce qui est très important pour les investisseurs », rappelait Fernand Grulms, président de Luxembourg for Finance, cité par Nichaols Shaxson, dans son ouvrage très complet sur les paradis fiscaux.

Un système opaque que pour les non-initiés

Les grandes banques sont devenues expertes dans ces prestations sur mesure, offrant à la fois les meilleurs conseils fiscaux, juridiques et de placement, sachant passer d’un fonds à un autre, d’une place à une autre dans la plus totale discrétion, pour le plus grand profit mutuel de leur établissement et de leurs clients. L’enquête menée par la Barclays avant de consentir un prêt de 13,6 millions d’euros à son nouveau client, Ziad Takieddine, (lire l'article publiée par Mediapart), est à cet égard, un modèle du genre. Là où la justice aurait sans doute mis des années avant de découvrir la géographie du capital de l’intermédiaire sur les marchés d’armes, il n’a fallu que quelques semaines à la banque britannique pour recouper les montages et mener l’enquête. Ce que l’on supposait se vérifie : le système n’est opaque que pour les non-initiés. Mais les banques y naviguent sans grande difficulté.

La conclusion de l’enquête réalisée par la Barclays illustre combien l’évasion fiscale, le mensonge, la corruption sont désormais des facteurs « normaux » dans le monde bancaire : « Comme on peut s’y attendre pour un client de la nature de Ziad, ses avoirs sont détenus par le biais de structures offshore, bien qu’il soit, lui et non un trust, le bénéficiaire direct de chacune (...) En raison de sa résidence (fiscale – ndlr) à Paris, la structure de ses propriétés d'actifs est un peu complexe », observait la Barclays, avant de conclure que le nouveau prêt passerait par une structure aux îles Vierges.

Mais il y a longtemps que les banques ont appris à fermer les yeux. Après avoir accueilli dès les débuts des années 1970, les dictateurs africains ou des pays sous-développés qui reconvertissaient (dans les semaines voire les heures après) en avoirs personnels les crédits obtenus par leur pays, en laissant les dettes à leur population, elles ont ouvert les bras à tous à partir des années 1980, à la faveur de la libéralisation des marchés de capitaux et de la baisse des impôts, voulues par Ronald Reagan et Margaret Thachter. Qu’ils soient fondateurs dans la Silicon Valley, propriétaires de grands groupes, sportifs, oligarques russes, ou narco-trafiquants, tous sont les bienvenus.

Ils sont les 1 % bénéficiaires de la mondialisation. Dans une deuxième étude sur les inégalités, la fondation Tax justice network rappelle les travaux de l’économiste Thomas Piketty, de l’école économique de Paris, et d’Emmanuel Saez, de l’université de Berkeley, sur les revenus aux États-Unis entre 1980-2010. Durant cette période, les revenus des 1 % les plus riches ont doublé, ceux des 0,1 % les plus riches ont triplé, ceux des 0,01 % les plus riches ont quadruplé. Pendant ce temps, les 90 % restants ont perdu plus de 5 % de revenus.

 

 

Une à une, les théories libérales tombent. L’augmentation des revenus des plus riches ne se transmet pas au reste de la population, comme prévu la libéralisation des marchés des capitaux ne garantit pas l’efficience des marchés, mais au contraire favorise les trous noirs de plus en plus importants de la finance internationale. La baisse des impôts n’endigue pas, bien au contraire, l’évasion fiscale, et accroît les inégalités, en cassant les systèmes de redistribution.

L’économiste Paul Krugman a dénoncé depuis longtemps cette machine inégalitaire qui menace l’économie, la cohésion sociale, voire la démocratie. Alors qu'elle le considérait jusqu’ici comme hérétique, l’OCDE est en train de se convertir à la thèse. Dans son dernier rapport sur l’économie américaine, l’organisation souligne que « les inégalités de revenus et la pauvreté y sont parmi les plus élevées de toute la zone OCDE. (…) Pour diminuer à la fois les inégalités de revenus et les distorsions de l’allocation des ressources, il faudrait progressivement limiter les dépenses fiscales avantageant les hauts revenus de manière disproportionnée ». Cela tient d’une petite révolution pour une institution jusqu’alors chantre de l’orthodoxie.

Des pays débiteurs qui sont en fait créanciers

Mais le prix de cette opacité financière et ces inégalités ne s’arrête pas là. Ces disparités deviennent de moins en moins tolérables au moment où il n’est question que de récession, de dettes, de coupures dans les budgets sociaux et d’éducation. James Henry a fait le calcul : sur la base d’un rendement de 3 %, les revenus des milliards dissimulés au fisc, s’ils étaient imposés à 30 %, rapporteraient entre 155 et 225 milliards d’euros aux gouvernements.

Ces sommes, elles, manquent d’abord aux pays non occidentaux. L’évasion qu’ont connue l’Amérique latine, l’Afrique ou l’Asie depuis plus de trente ans est spectaculaire. 

 

 

« Les 139 pays aux revenus les plus bas dans le monde qui sont considérés comme traditionnellement débiteurs net, affichent, selon les statistiques officielles, une dette extérieure de 4 900 de milliards d’euros, à la fin 2010. Mais si les réserves en devises étrangères et les comptes extérieurs, y compris off shore, de leurs riches ressortissants sont inclus, l’image s’inverse totalement : ils sont créanciers nets à l’égard du reste du monde à hauteur de 12 200 à 15 800 milliards d’euros. Le problème est que les actifs sont détenus par un petit nombre d’individus riches tandis que la dette est supportée par l’ensemble de la population de leur pays », note James Henry.

Mais l’Europe, en pleine crise financière, est dans le même cas. Si l’évasion fiscale et l’opacité financière ne minaient pas le système, la zone euro serait aussi créancière nette à l’égard du reste du monde, assure Thomas Piketty. Et les dettes jugées insupportables des pays comme la Grèce, l’Espagne, l’Italie, diminueraient de façon spectaculaire si l’argent exilé en Suisse, au Luxembourg ou à Londres revenait dans les pays d’origine et payait normalement l’impôt.

Au-delà des bonnes paroles de mise, quel responsable européen a osé soulever la question ? Qui a demandé aux banques internationales d’en finir avec leurs filiales off shore et l’évasion fiscale ? Aucune interdiction, aucune limite n’a été posée, en dépit des scandales bancaires qui chaque fois mettent le système un peu plus à nu, dévoilant l’état de corruption qui règne dans le monde bancaire. Même la taxe sur les transactions financières est régulièrement renvoyée aux calendes grecques. Il a fallu un changement présidentiel pour que la justice française accepte de désigner un juge d’instruction pour enquêter sur le système d’évasion fiscale organisé par la banque suisse UBS.

Les grandes fortunes et les banques sont arrivées à un niveau de puissance où elles organisent le système pour leur unique profit, exigeant auprès des politiques les meilleurs services et les meilleures protections, sans accepter de payer le prix, comme insiste Thomas Piketty. Dans le même temps, ce sont les mêmes qui, au travers des banques, des hedge funds, des fonds d’investissement, grâce aux masses de capitaux qu’ils ont accumulés pendant ces trois décennies, organisent la déstabilisation de la zone euro, et protestent contre l’ampleur des dettes. Au moment où l’Europe court à sa ruine, où les mêmes dépenses sociales et d’éducation sont considérées comme des luxes insupportables, la question de la reprise du contrôle de ces trous noirs financiers organisés par la finance ne peut pas être éternellement différée.

 

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24 juillet 2012 2 24 /07 /juillet /2012 20:24

 

Mardi 24 Juillet 2012 à 05:00

 

François Hollande souhaite soumettre au Parlement l'adoption du Traité budgétaire ainsi que les autres plans adoptés par l'Union européenne. Mais pourquoi pas un référendum ? C'est la question - un peu tabou depuis le TCE - qu'a voulu poser une association aux Français.

 

MICHEL SPINGLER-POOL/SIPA
MICHEL SPINGLER-POOL/SIPA
Ce sera peut-être l'un des sujets chauds de la prochaine rentrée : le traité budgétaire européen. A l'origine, le candidat Hollande l'avait déclaré inacceptable en l'état. Mais après l'adoption d'un volet croissance de 120 milliards, le président a finalement décidé de le soumettre au Parlement. Ce devait être choses faite avant la rentrée. Mais l'exament nécessaire du texte par le Conseil consitutionnel va conduire le gouvernement à attendre la fin septembre pour faire adopter le texte.
Ce projet, qui renforce la discipline budgétaire et risque de priver l'Etat de certaines prérogatives doit-il être ratifié par la voie parlementaire ou celle du referendum ? On retrouve ici le fameux dilemme apparu après le référendum sur le Traité constitutionnel européen. Prudent, Nicolas Sarkozy n'avait pas risqué, au début de son quinquennat de soumettre aux électeurs un texte qu'ils avaient refusé dans les urnes. Nul doute que, une fois n'est pas coutume, François Hollande a l'intention de se mettre sur les traces de Sarkozy.
Quoiqu'il en soit, il était intéressant de demander aux Français quel était leur avis sur le sujet. L'association Vêtements Made in France, qui milite pour la renaissance d'une industrie textile en France, a décidé de les tester sans attendre.

Résultats du sondage

Sondage Opinion Way - Étude réalisée pour VÊTEMENTS MADE IN FRANCE

Le gouvernement proposera cet été aux députés et sénateurs français, l’adoption du traité budgétaire européen (Traité sur la Stabilité, la coordination et la Gouvernance, TSCG). Ce traité recommande l’équilibre des comptes publics et expose à des sanctions financières, les pays dont le déficit structurel dépassera 0.5 % du PIB. Il institue le contrôle préalable des budgets nationaux par la commission européenne. La commission disposerait d’un droit de regard sur l’ensemble des dépenses publiques des États, qu’il s’agisse de protection sociale, de fonctionnement de l’Etat, de dépenses de santé, de remboursement de la dette ou d’investissement.



Pour la ratification de ce traité vous êtes plutôt favorable à ... ?

52% des Français pour un référendum sur le Traité budgétaire
Mieux vaut un vote que rien. Comme toujours, les Français manifestent plutôt de l'appétit pour les consultations électorales. La majorité qui se dégage en faveur d'un referendum est plutôt composite. L'hypothèse referendaire fait le plein chez les électeurs lepénistes et mélenchonistes (respectivement 76 et 62%), séduit 57% des électeurs sarkozyste, tandis qu'une majorité d'élecgteurs hollandistes fait confiance à « ses » parlementaires. 

 


Si le gouvernement soumettait ce traité à un référendum, voteriez-vous pour ou contre la ratification de ce traité ?

52% des Français pour un référendum sur le Traité budgétaire
Le résultat est assez nettement favorable au oui (53%) contre seulement 20% de non. On notera la forte convergence entre électeurs hollandistes et sarkozystes d'une part, et entre électeurs lepénistes et mélenchonistes d'autre part. Ce rapport de force en faveur du oui peut cependant se révéler trompeur : au début du débat sur le Traité constitutionnel européen, une très grande majorité d'électeurs avaient aussi annoncé leur intention de voter oui, ce qui ne les avait pas empêché de changer d'avis ensuite... 

Méthodologie

- Étude réalisée pour VÊTEMENTS MADE IN FRANCE auprès d’un échantillon de 1001 personnes
inscrites sur les listes électorales, issu d’un échantillon de 1062 personnes, représentatif de la
population française âgée de 18 ans et plus.

- L’échantillon a été constitué selon la méthode des quotas, au regard des critères de sexe, d’âge, de
catégorie socioprofessionnelle, de catégorie d’agglomération et de région de résidence.

- Mode d’interrogation: L’échantillon a été interrogé en ligne sur système Cawi (Computer Assisted
Web Interview).

- Dates de terrain: les interviews ont été réalisées les 18 et 19 Juillet 2012.

 - OpinionWay rappelle par ailleurs que les résultats de ce sondage doivent être lus en tenant compte des
marges d'incertitude : 2 à 3 points au plus pour un échantillon de 1000 répondants.

- OpinionWay a réalisé cette enquête en appliquant les procédures et règles de la norme ISO 20252.

 

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23 juillet 2012 1 23 /07 /juillet /2012 11:41

 

 

LE MONDE | 23.07.2012 à 10h53 • Mis à jour le 23.07.2012 à 11h20

Par Gérard Davet et Fabrice Lhomme

 
 
Ce fichier de 9000 noms d'évadés fiscaux, brandi par le ministre du budget de l'époque Eric Woerth, a permis à la France de rapatrier 1,2 milliard d'euros.

L'affaire du fichier de la banque HSBC contenant les noms de 8 993 évadés fiscaux français, volé en Suisse en 2008 par l'informaticien Hervé Falciani, rebondit sur le plan judiciaire. C'est ce même fichier, brandi à l'été 2009 par le ministre du budget d'alors, Eric Woerth, qui permit à la France de rapatrier pas moins de 1,2 milliard d'euros.

Or le juge d'instruction parisien René Cros est saisi depuis le mois de janvier d'une information judiciaire visant ces fichiers, pour "faux et usage de faux en écritures publiques" commis par une personne dépositaire de l'autorité publique, et "tentative d'escroquerie au jugement". L'avocat Me Vincent Ollivier, dont l'un des clients est suspecté par le fisc d'avoir détenu illégalement des avoirs en Suisse, a déposé une plainte avec constitution de partie civile en octobre 2011 : il dénonce la "falsification d'un ou de plusieurs procès-verbaux de transmission des données informatiques".

 

LES AUTORITÉS FRANÇAISES ACCUSÉES

De fait, dans cette procédure, dont Le Monde a eu connaissance, deux procès-verbaux, établis par la gendarmerie française à quatre mois d'intervalle, portent le même numéro et font mention de l'année 2009, alors que le dernier a été rédigé en janvier 2010. Plus gênant, la justice suisse, qui n'a jamais accepté la manière dont la justice et le fisc français se sont approprié les données HSBC en 2008, accuse les autorités françaises d'avoir modifié les listings initiaux. Le ministère public helvétique avait réclamé à la France les fichiers volés dès le 3 février 2009, alors que M. Falciani, confondu, avait fui la Suisse le 23 décembre 2008 avec tout son matériel. Les magistrats de la Confédération ne les obtiendront qu'un an plus tard, le 21 janvier 2010, sous forme de copies des disques durs.

Que dénoncent-ils, dans un rapport daté du 25 août 2010 ? L'expertise informatique "démontre qu'un des deux fichiers a été modifié". Contactée, la porte-parole du ministère public de la Confédération confirme. "Le ministère public a obtenu après plus d'une année, contrairement à la pratique en matière d'investigation criminelle, une simple copie des disques durs saisis, sans empreinte numérique permettant d'attester l'intégrité des données, constate Jeannette Balmer. L'analyse du matériel par la police judiciaire fédérale a démontré que des données avaient été modifiées."

Qui a pu avoir intérêt à modifier ces données sensibles ? A-t-on voulu dissimuler des noms ? La gendarmerie française n'a pas voulu s'exprimer sur le sujet. A Bercy, on reconnaît le contentieux franco-suisse, mais on exclut toute modification des données informatiques.

 

 LE RÔLE MOTEUR DE BERCY

Un deuxième aspect du dossier inquiète les autorités françaises. Dans un arrêt récent, le 7 mai, la chambre de l'instruction de la cour d'appel de Paris, saisie d'une éventuelle irrégularité globale du dossier HSBC, affirme qu'"il ne résulte d'aucune pièce de la procédure que les services fiscaux français auraient participé directement ou indirectement à la production des documents dérobés, qu'ils les auraient commandés à M. Falciani...". Une mention importante, puisqu'elle rejette par avance toute requête des évadés fiscaux françaises contre l'administration fiscale.

Or, selon l'enquête du Monde, il semble bien que Bercy, du temps d'Eric Woerth, ait joué un rôle moteur dans l'affaire. D'ailleurs, devant la commission sénatoriale d'enquête sur l'évasion des capitaux, l'ex-procureur de Nice Eric de Montgolfier a eu une phrase lourde de sens: "J'ai en fait "blanchi" l'origine des données informatisées que je détenais judiciairement", a-t-il indiqué lors de son audition, le 22 mai, pour justifier la transmission au fisc de ces documents d'origine frauduleuse. C'est lui qui avait recueilli les confidences de M. Falciani, en janvier 2009, lorsqu'il s'était réfugié dans le sud de la France. Les données informatiques avaient ensuite été saisies le 20 janvier 2009, lors d'une perquisition chez l'employé de HSBC. Pour être enfin transmises sept mois plus tard, le 9 juillet 2009, au fisc français.

Or, à Bercy, on admet avoir eu connaissance des fichiers volés dès avril 2008. A cette époque, M. Falciani est entré en contact, le 2 avril, avec un policier français, Philippe G., commandant de police à la direction centrale de la police judiciaire. Celui-ci prévient ses homologues de Bercy. Il est tombé sur une véritable mine d'or : développeur en informatique, Hervé Falciani s'est procuré le fichier clients de HSBC, qu'il tente de monnayer au Liban. Selon Bercy, deux ou trois contacts ont lieu avec l'informaticien français. C'est Jean-Patrick M., un agent de la direction nationale des enquêtes fiscales (DNEF), qui est chargé de "traiter" la source, qui se fait appeler "Ruben".

 

8 993 CIBLES IDENTIFIÉES

Il travaille sous l'autorité de François Jean-Louis, secrétaire général de la DNEF. Hervé Falciani détient les numéros de téléphone de ses deux interlocuteurs. Pour preuve de sa bonne volonté, il transmet à Jean-Patrick M., le 3 juillet 2008, un document crypté contenant les données personnelles et bancaires d'au moins sept clients français de HSBC en Suisse. Le 7 juillet, l'agent de la DNEF lui adresse un SMS: "Bonjour. Le code ne fonctionne pas. Me rappeler pour précisions, svp. JPM" L'informateur lui transmet ensuite le code permettant de casser le cryptage des fichiers.

Dès l'été 2008, le fisc français détient donc les identités de plusieurs évadés fiscaux français. Il en faut plus. Le 2 décembre 2008, Hervé Falciani reçoit un nouveau courriel de son contact à la DNEF: "Bonjour Ruben. Nous souhaitons vous rencontrer le samedi 6décembre à Saint-Julien." Cette petite ville est la dernière localité française avant d'entrer sur le territoire suisse. Ce jour-là, le fichier change de mains. En décembre 2008, il est donc acquis que Bercy dispose de la totalité des données volées à HSBC. Bien avant la justice française... Pendant six mois, les enquêteurs du fisc vont tenter de percer les mystères des fichiers. Ce n'est que le 9 juillet 2009 que le procureur Eric de Montgolfier leur transmet officiellement les mêmes données. Un fichier est créé, Evafisc.

Au total, 8 993 cibles sont identifiées. Il faut en retirer des noms qui doublonnent: il reste au final 6 313 personnes physiques ou morales. Parmi celles-ci, 2 846 personnes ayant un compte en Suisse et un encours bancaire positif sont rattrapées par le fisc. 86 entreprises françaises sont également visées. Au printemps 2010, les premiers contrôles sont lancés, et 4 200 personnes, au total, se font connaître auprès de la cellule de régularisation de Bercy, tandis que plusieurs procédures judiciaires sont gérées à Paris, par le parquet et par des juges d'instruction, pour "blanchiment de fraude fiscale".

Gérard Davet et Fabrice Lhomme

 

 

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22 juillet 2012 7 22 /07 /juillet /2012 22:13

 

Rue89 - Verhaeghe | Auteur

 Tribune 22/07/2012 à 14h12

 

 


Jérôme Cahuzac, ministre du Budget (/AFP) (Pierre Verdy/AFP)

 

Peut-être vous souvenez-vous que Thomas Piketty [économiste proche du PS, ndlr] et consorts, en janvier 2011, avaient proposé une très belle réforme fiscale qui devait inspirer le Parti socialiste. Leur intention répondait à une forte exigence de justice, comme dirait Jean-Marc Ayrault.

L’essentiel des recettes de l’Etat provient en effet de la fiscalité indirecte sur les personnes, qui est injuste, alors que la fiscalité directe, en principe progressive, tient compte des capacités contributives de chacun.

L’idée implicite qui guidait l’ouvrage de cette équipe n’était pas sans rappeler la revendication d’un impôt universel telle que les économistes physiocrates l’avaient formulée dans les années 1770 et 1780. Chacun doit contribuer à la dépense publique de façon équitable, c’est-à-dire proportionnelle à son revenu.

820 milliards d’euros de contributions

Ce principe est très éloigné du système fiscal français contemporain, qui est à la fois lourd à porter et très inégalement structuré.

Pour être précis, la France prélève aujourd’hui plus de 820 milliards d’euros de contributions publiques de toutes sortes, sur un produit intérieur brut de presque 2000 milliards d’euros. Traditionnellement, les analystes distinguent :

  • les 500 milliards d’impôts,
  • les 320 milliards de cotisations de sécurité sociale.

Sur aucune de ces lignes de recettes, l’universalité de l’impôt n’apparaît dominante.

Des impôts discriminatoires

Les 500 milliards de l’Etat sont en effet prélevés de façon extrêmement discriminatoire.

  • La TVA en représente plus du quart (près de 130 milliards). Elle frappe les consommateurs et favorise les épargnants. Comme ces derniers appartiennent statistiquement aux catégories les plus aisées de la population, la TVA pénalise donc les moins riches.
  • Les impôts directs, c’est-à-dire la contribution sociale généralisée et l’impôt sur le revenu, apportent à eux deux un montant équivalent à la TVA : 130 milliards d’euros environ. Mais l’impôt sur le revenu souffre de nombreuses faiblesses, puisqu’un ménage sur deux seulement y est assujetti.
  • Les autres taxes, c’est-à-dire les 210 milliards d’euros restants qui constituent les recettes de l’Etat, sont prélevés par de l’imposition indirecte, sous une forme ou sous une autre. Sauf l’impôt sur les sociétés.

    C’est par exemple le cas de la taxe spéciale sur les conventions d’assurance, qui touche les assureurs mais est en réalité payée par l’assuré, puisque répercutée sur les tarifs.

Au total, 360 des 500 milliards d’impôts en France sont prélevés de façon indirecte. Et, hormis les 83 milliards d’euros de CSG, aucun impôt universel n’existe.

Le même phénomène se produit pour les 320 milliards de cotisations de sécurité sociale, qui frappent les 23 millions de salariés du privé et abondent un système universel dont les principaux bénéficiaires ne sont plus salariés.

Hollande a promis plus d’universalité

L’instauration d’une réforme fiscale tendant à une plus grande universalité répond donc à une vraie nécessité en France. Elle participe en outre à une salutaire reconstruction démocratique, puisque c’est par l’impôt que chacun contribue effectivement à l’édifice commun.

En écho à cette idée, François Hollande avait, dans son discours du Bourget du 22 janvier 2012, annoncer un rapprochement puis une fusion de la CSG et de l’impôt sur le revenu. L’enjeu était simple : redonner une universalité à l’imposition directe. Il s’agissait au fond de reconstruire le lien entre le citoyen et l’Etat.

Début février, Jérôme Cahuzac avait réduit la voilure en annonçant une harmonisation de l’assiette de la CSG et de l’impôt sur le revenu. Puis le candidat Hollande, le 27 février, a encore réduit la peau de chagrin de sa réforme fiscale : relèvement de la dernière tranche actuelle de 41 à 45% et création d’une tranche à 75% au-dessus du million de revenus.

Ambitions perdues et occasion manquée

La déclaration de politique générale s’est contentée de confirmer cette dernière mesure en abandonnant toute ambition réformatrice sur le fond.

En termes éthiques, ces choix sont très discutables. De longue date, l’impôt sur le revenu souffre de taux trop élevés qui compensent mal une assiette trop étroite. La politique gouvernementale accroîtra ce phénomène, au détriment d’une universalisation de notre imposition.

Ces deux mesures mises en exergue sont très en-dessous de la hausse d’impôts nécessaire pour atteindre un déficit à 3% du PIB en 2013. La loi de finances initiale présentée à l’automne comportera donc très probablement des hausses de CSG et de TVA bien plus lourdes que cette réformette de l’impôt sur le revenu annoncée par Jean-Marc Ayrault.

Comment ne pas se dire qu’une occasion a été manquée : celle de reprendre les ambitions affichées par François Hollande en janvier 2012 et abandonnées sans explication depuis lors ? Notre démocratie y aurait gagné.

 

 

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22 juillet 2012 7 22 /07 /juillet /2012 21:59

 

David Perrotin | Rue89

 « Et avec ceci ? » 22/07/2012 à 11h06

 

 

Questions fermées, ardoise approchée au bon moment, petit verre offert par le patron : comme tout bon vendeur, votre serveur sait comment vous faire consommer plus.

 

On ne fait pas attention, ou alors on s’habitue, mais passer la porte d’un restaurant, c’est, avant de prendre du plaisir, résister (ou pas) aux multiples sollicitations commerciales. Souvent implicites, ces petites pressions sous forme de gestes ou de phrases permettent aux restaurants d’améliorer leur chiffre, et aux serveurs d’empocher, éventuellement, une prime.

Sylvain, chef de rang depuis cinq ans, explique que « tout est codifié, pensé dans les moindres détails, pour vendre le maximum de produits ».

Il se souvient d’une discussion avec son responsable d’un Costes (grand groupe de restauration à Paris) :

« C’est chez les Costes qu’on m’a le mieux formé à vendre. Une fois en fin de service, mon manager m’a dit une phrase qui m’a marqué : “Ici les serveurs, vous êtes là pour baiser le client, pas physiquement mais en lui prenant son argent. Alors faites du chiffre, dès qu’un client termine son verre, prenez le lui et faites le recommander.” »

Bien sûr, ce genre de propos et la liste des astuces marketing qui suivent ne reflètent pas la mentalité de tous les restaurants.

1 Placer le client en vitrine ou en terrasse

 

Le monde appelle le monde. Un restaurant attire parce qu’il a du succès. Passer devant un restaurant qui semble plein est le meilleur moyen de le remplir.

2 « Un apéro ou directement du vin ? »

 

Vous avez déjà sûrement entendu cette phrase : « Vous prendrez un petit apéritif ou directement une bouteille de vin ? » C’est sur l’alcool que les restaurateurs font le plus de marge. Il faut poser des questions fermées, ne pas laisser de choix au client, rendre une réponse négative (« en fait, on va prendre de l’eau ») plus difficile.

3 « Sauvignon, Chardonnay, Chablis ? »

 

Après avoir gentiment imposé l’idée de prendre une boisson, et lorsque le client demande du vin, une technique courante consiste à lister les bouteilles de la moins cher à la plus cher :

« En blanc on peut vous proposer Sauvignon, Chardonnay ou Chablis. »

La technique est féroce, mais le consommateur va retenir ce qui est dit en dernier plutôt que de faire répéter le serveur.

Et pour les verres de vin ou la bière, on ne parlera jamais centilitre, mais au contraire, on demandera : « Petit ou moyen, le verre ? » Pour la bière, c’est en réalité 25 centilitres ou 50 centilitres comme dans tous les établissements, mais présenter ainsi le choix incite le client à prendre une pinte plutôt qu’un demi.

4« Eau plate ou eau gazeuse »

 

L’eau minérale, aussi étonnant que cela puisse paraître, est un véritable enjeu pour chaque serveur. Certains restaurants posent déjà des bouteilles non décapsulées sur les tables pour inciter le client à en prendre. Mais le plus souvent, le serveur en propose après avoir pris la commande. Cette phrase oblige encore le client à choisir l’une ou l’autre des possibilités.

Dans certains restaurants, des fiches expliquent comment bien vendre de l’eau :

  • Ne jamais poser de carafe d’eau avant de prendre la commande
  • Proposer « eau plate ou eau gazeuse »
  • Servir l’eau minérale comme le vin
  • Resservir régulièrement

Alexia, serveuse dans une brasserie chic, témoigne de sa technique :

« Moi, je sers régulièrement l’eau pour terminer la bouteille en plein milieu du repas et je propose au client une nouvelle bouteille. Presque systématiquement, il en redemande. »

Et cela fonctionne de la même façon pour le vin. Le serveur est a priori bienveillant pour vous resservir, mais c’est aussi un calcul : remplir les verres à ras bord et régulièrement, c’est avoir plus de chances de vendre une seconde bouteille.

5 Ne jamais goinfrer le client

 

Ne rien donner au client qu’il n’ait pas demandé. Mais comme cette règle souffre de beaucoup d’exceptions, il a fallu s’adapter. Pour les apéritifs, on donnera des amuse-bouches très salés (chips, cacahuètes, pop-corn) pour que le client ait soif et qu’il reprenne à boire. Romain, serveur à Montparnasse, a mis longtemps à intégrer la règle :

« Mon responsable m’a engueulé je ne sais pas combien de fois parce que je posais le pain sur la table juste après avoir pris la commande. Il veut qu’on le donne après avoir posé les plats, quitte à l’oublier pour que les clients aient encore faim pour un dessert. C’est stratégique. »

6 Poser plutôt que proposer

 

Une fois le plat de résistance terminé, le restaurateur espère pouvoir vendre un dessert. Pour cela il y a les serveurs pressés ou pas bien formés qui diront : « Vous prendrez un petit dessert ? »

Et il y a ceux qui ne laisseront pas le choix en posant la carte des desserts directement sur la table. Pour Romain, cela change tout :

« On dirait que cela ne fait qu’une petite différence, mais en réalité, c’est radical.

Le midi, quand je ne sers que des cadres qui sont pressés et que je suis dans le jus, je propose toujours les desserts à voix haute, c’est très rare qu’ils en prennent. Mais quand il y a moins de monde, je pose la carte, je laisse un peu de temps pour qu’ils digèrent, et je suis sûr d’en vendre. »

Et pour les plus récalcitrants, il y a le fameux café gourmand qui cible tous ceux qui ne veulent pas vraiment un dessert. Cette petite invention qui coûte entre 7 et 9 euros, rapporte énormément et console le client.

7 « L’addition, s’il vous plaît »

 

Evidemment, on ne pose jamais l’addition sans que le client la demande. Il peut reprendre un digestif ou une bouteille de vin. Une fois sollicité, le serveur apportera la note et après avoir vendu tout ce qu’il a pu, devra gratter un peu de pourboire.

Sylvain détaille ses techniques :

« Déjà le “tips” se fait tout au long du service. Au moment de payer, je vais systématiquement demander si tout s’est bien passé. Quand ils payent en carte bleue, je vais demander combien ils veulent mettre plutôt que d’inscrire le montant de la note directement sur la machine.

Et si je dois rendre de la monnaie, j’essaye de toujours privilégier les pièces, et jamais dans la main : soit dans une coupelle, soit sur la table. »

Enfin, pour les les gros consommateurs ou les habitués, ils peuvent se voir offrir un petit verre pour la fin. Le patron peut bien sûr être sympathique, mais c’est aussi un acte qui n’est pas innocent. Si le restaurant se vide, cela permet de garder plus longtemps le client et d’avoir toujours un peu de monde. Cela récompense et entretient aussi la fidélité des habitués.

Attention cependant à ne pas griller cette carte, comme le relève Manu, chef de rang à Châtelet :

« Quand on offre un verre au client, ils demandent parfois : “En quel honneur ?” J’ai envie de leur répondre : “Parce que le restaurant se vide”... Mais parfois, on offre des verres à la table juste à côté, alors c’est gênant pour ceux qui se croyaient privilégiés. »

Ces petites astuces commerciales ont tellement de succès que des formations en vente additionnelle sont maintenant proposées aux restaurants. Pour Aurélie Viry, formatrice pour AV-Conseil : « Tout ce que l’on peut vendre en plus fera le chiffre d’affaires. » Elle se défend d’apprendre à manipuler la clientèle :

« Tout est dans l’art de proposer, on ne force pas le client qui pourra toujours dire non. Il faut intégrer la notion de plaisir. On va par exemple dire : “Un deuxième café vous ferait plaisir ?” Plutôt que : “Pas d’autre café ?”, formule négative et qui pousse à dire non. »

Aurélie Viry ne donnera pas d’autres exemples, peut-être pour ne pas concurrencer cette formation qui a « de plus en plus de succès ».

Riverains clients, avez-vous décelé d’autres petites phrases ou techniques pour vous faire consommer plus ? Riverains serveurs, connaissez-vous d’autres astuces à ajouter à la liste ? Partagez-les dans les commentaires.

 

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22 juillet 2012 7 22 /07 /juillet /2012 21:17

 

LE MONDE | 22.07.2012 à 18h42

Par Frédéric Lemaître

 

Déjà peu populaire en Allemagne en raison de son tropisme nucléaire, EDF est désormais éclaboussé par un scandale politique dont Angela Merkel pourrait ne pas sortir indemne. L'affaire date de 2010. L'électricien, entré en 1999 dans le capital d'EnBW (Energie du Bade-Wurtemberg), troisième producteur d'électricité allemand, n'est pas satisfait. Avec 45 % du capital, le groupe français n'a aucun pouvoir sur sa filiale. Par ailleurs, si Mme Merkel a prolongé, en septembre 2010, la vie des centrales nucléaires, notamment celles détenues par EnBW, elle a alourdi les taxes pesant sur les producteurs, au détriment de leur rentabilité.

Fin 2010, Henri Proglio, PDG d'EDF, fait donc savoir à Stefan Mappus, ministre-président (CDU) du Bade-Wurtemberg, qu'il souhaite soit prendre le contrôle de l'entreprise, soit vendre ses parts. Etoile montante de la CDU, M. Mappus n'entend pas confier les clés d'EnBW à EDF. Le riche Bade-Wurtemberg n'a pas besoin d'argent et, à quelques mois des élections régionales, l'opération serait suicidaire. En revanche, acheter le tente. Le 26 novembre 2010, les deux hommes se mettent d'accord sur un prix, 40 euros par action, qui sera porté à 41,50 euros le 4 décembre en y intégrant le dividende escompté.

M. Mappus aimerait consulter son Parlement sur cette opération qui lui coûte 4,7 milliards d'euros, mais EDF le pousse à agir vite et l'accord doit être validé par l'exécutif régional le 6 décembre. Quant à EDF, il aimerait y ajouter une clause précisant qu'il a besoin du feu vert du ministère de l'économie mais, là, c'est M. Mappus qui tique. Seul le conseil d'administration se prononcera. Le 6 décembre, M. Mappus fanfaronne devant les caméras. A l'entendre, le Bade-Wurtemberg a repris la maîtrise de ce fleuron sans que cela coûte un sou au contribuable car les intérêts de l'emprunt seront payés par les dividendes de l'entreprise.

Dans un premier temps, l'opposition est bluffée, mais les critiques ne tardent pas et ne font que s'exacerber. Non seulement la sortie du nucléaire, décidée en mars 2011 par Mme Merkel, rend l'entreprise bien moins attrayante, mais la victoire de l'opposition Verts-SPD aux élections régionales a abouti à la création d'une commission d'enquête dont les travaux révèlent nombre d'irrégularités.

Outre la Cour des comptes régionale, la justice mène également son enquête. La police a perquisitionné dans les bureaux et au domicile de M. Mappus mi-juillet. Soupçonné d'irrégularités et d'abus de confiance, celui-ci risque jusqu'à cinq ans de prison si les faits sont avérés.

Outre un prix qui peut sembler élevé - 18 % au-dessus du prix de l'action d'alors, soit 840 millions d'euros -, les nouveaux dirigeants du Bade-Wurtemberg lui reprochent surtout de n'avoir ni consulté le Parlement pour cette opération majeure ni lancé d'appel d'offres pour sélectionner une banque d'affaires. Tout s'est fait par l'entremise du directeur de Morgan Stanley pour l'Allemagne, Dirk Notheis, qui est un ami d'enfance de M. Mappus et également un membre de la CDU.

Alors que, le 3 décembre, EDF semble hésiter, M. Notheis envoie un mail comminatoire, indiquant que, si besoin est, "Angela appelle l'Elysée". Au sujet de M. Mappus, il écrit : "Ne sous-estimez pas le pouvoir de ce gars. Il contrôle 30 % des délégués du parti et pourrait tuer Angela avec ses troupes." Selon ses déclarations, le ministère de l'économie français est opposé à la vente, mais "l'Elysée a donné l'ordre aux ministères concernés". M. Notheis, contraint mi-juillet de quitter Morgan Stanley, avait tout intérêt à la vente puisque les commissions de la banque se sont élevées à plus de 12 millions d'euros.

Tout cela pourrait n'être qu'une affaire allemande. Les choses ne sont pourtant pas si simples car, en France, Morgan Stanley est présidée par René Proglio, le frère jumeau du patron d'EDF. Aujourd'hui, EDF minimise le rôle joué par cette banque. Pourtant, jusqu'à ce que la presse allemande s'en émeuve en février, le site Internet de la filiale française de Morgan Stanley inscrivait cette transaction à son actif.

Quels intérêts défendait vraiment la banque ? Ceux de l'acheteur ? Ceux du vendeur ? Ou les siens propres ? Un mail de M. Notheis à son collègue français jette le doute : "Ton frère a déjà accepté le deal au prix de 40 euros, nous savons que c'est une somme plus que rondelette." Pourtant, la même banque acceptera de porter cette somme à 41,50 euros quelques jours plus tard.

L'Etat-région du Bade-Wurtemberg a porté plainte contre EDF devant le tribunal arbitral de la Chambre de commerce internationale de Paris. Et EDF l'attaque pour préjudice d'image.

Les Allemands s'intéressent aux enjeux politiques de cette affaire. La gauche, qui dirige le Bade-Wurtemberg, a intérêt à maintenir la tension jusqu'aux prochaines élections législatives de l'automne 2013. Pour la CDU, l'enjeu est de taille. En 2009, un électeur conservateur sur six résidait dans le Bade-Wurtemberg. Qu'une partie d'entre eux votent à gauche, comme ils l'ont fait en 2012 à l'échelon local, et la majorité dont dispose Mme Merkel se trouverait menacée. Dans certains mails adressés à M. Mappus, M. Notheis appelle la chancelière " maman". Il n'est pas sûr qu'aujourd'hui celle-ci fasse preuve à leur égard d'un véritable amour maternel.

lemaitre@lemonde.fr

Correspondant à Berlin

Frédéric Lemaître

 

 

 

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21 juillet 2012 6 21 /07 /juillet /2012 15:17

 

 

 

Dans un entretien paru ce samedi, le président social-démocrate du Parlement européen, Martin Schulz, met en garde contre « une explosion sociale en Europe ». « Les manifestations en Espagne montrent qu'une explosion sociale menace, en raison du fort taux de chômage des jeunes en Europe », a déclaré M. Schulz au quotidien populaire allemand Bild.

Pour Martin Schulz, la situation espagnole n'est pas comparable à celle de la Grèce : « Le pays a des bases industrielles solides et une administration publique bien organisée. »

L'Espagne a annoncé vendredi de nouvelles prévisions économiques très sombres, avec une poursuite de la récession en 2013 et un chômage pire que celui prévu cette année.

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21 juillet 2012 6 21 /07 /juillet /2012 15:14

 

 

Pour la première fois, l’Assemblée nationale ose réclamer son dû. Chaque député arrivé en fin de mandat le 20 juin a été prié de faire ses comptes : oui ou non, a-t-il épuisé l’enveloppe de 380 000 euros mise à sa disposition pour couvrir ses dépenses à caractère professionnel pendant cinq ans (6 400 euros par mois) ?

En principe, la règle est stricte : les élus ont le droit de piocher dans cette « indemnité représentative de frais de mandat » (IRFM), stockée sur un compte spécial, uniquement pour régler des factures liées à leur fonction. En fin de législature, la morale voudrait donc que les élus disposant d’un « reste » d’IRFM non consommé, le reversent à l’Assemblée.

Bizarrement, par le passé, le Palais-Bourbon n’avait jamais rien exigé : pas la moindre consigne en 1997, 2002 ou 2007. Ces années-là, certains « sortants » ont pu se mettre leur surplus dans la poche en toute tranquillité. Les instructions adressées cette année à tous les députés sont donc inédites : « Les éventuels excédents constatés (sur votre compte IRFM...– ndlr) doivent être reversés au Trésorier de l’Assemblée nationale », peut-on lire dans cette note envoyée en amont des élections, que Mediapart s’est procurée.

 

 

Si les services du Palais-Bourbon mettent cette année les pieds dans le plat, c’est que les critiques ont redoublé à l’encontre de l’IRFM et de son détournement à des fins personnelles par certains parlementaires. Des élus qui continuent de refuser tout contrôle sur l'usage de cette enveloppe : vendredi 20 juillet aux aurores, l’hémicycle a encore rejeté un amendement des centristes Charles de Courson et Yves Jégo, qui autorisait le fisc à y mettre son nez.

Alors combien de « sortants » disposaient fin juin d’un reliquat sur leur compte IRFM ? Combien sont prêts à le reconnaître, et à le reverser à l’Assemblée ? Le Palais Bourbon n’ayant aucun droit de regard sur les relevés bancaires, il n’a aucune idée du nombre de politiques concernés ni des montants.

Dans un rapport passé relativement inaperçu en janvier dernier, la Commission pour la transparence financière de la vie politique, chargée d'éplucher les déclarations de patrimoine des élus, révélait qu'un parlementaire avait réussi à stocker, par le passé, jusqu'à 200 000 euros sur son compte IRFM en cinq ans de mandat. Son nom ? Secret de la vie privée.

A minima, l’Assemblée pourrait communiquer à Mediapart le nombre de battus en juin dernier qui lui ont remis de l’argent depuis leur départ du Palais Bourbon. Ou la somme qu’elle a déjà recouvrée. Malgré nos relances, elle se tait, entretenant l’opacité sur le sujet.

Mediapart a donc décidé d’interroger les 23 membres du gouvernement potentiellement concernés, qui ont siégé à l’Assemblée jusqu’à l'élection de François Hollande. En tant que ministres, ils se doivent d’adopter un comportement exemplaire. À chacun, nous avons posé trois questions : aviez-vous épuisé votre enveloppe de frais de mandat lorsque vous avez quitté le Palais-Bourbon ? Sinon, quel est le montant de votre excédent ? L’avez-vous remis au trésorier de l’Assemblée ?

Huit ministres n’ont pas jugé utile de jouer la transparence (ou n’ont pas trouvé le temps), dont Laurent Fabius (aux affaires étrangères), Pierre Moscovici (à l’économie), Jérôme Cahuzac (au budget), Manuel Valls (à l’intérieur), Marilyse Lebranchu (à la réforme de l’État), Alain Vidalies (aux relations avec le Parlement), Valérie Fourneyron (aux sports) et Geneviève Fioraso (à l'enseignement supérieur). Tous les autres ont répondu.

 

 
© Reuters

Jean-Marc Ayrault fait ainsi savoir qu’il n’avait rien à reverser, ayant consommé toute son enveloppe. Idem pour Marisol Touraine à la santé, Delphine Batho à l’écologie, et George Pau-Langevin à la réussite éducative (qui renvoie vers son blog pour le détail de ses dépenses mensuelles). Il n’est pas rare, de fait, qu’un parlementaire actif épuise l’intégralité de son IRFM − surtout parmi les « non-cumulards » qui n’exploitent pas les moyens matériels d’une collectivité locale.

Plusieurs ministres, à l'inverse, indiquent à Mediapart qu’ils disposaient d'un reliquat et qu'ils viennent de signer un chèque au bénéfice de l’Assemblée : « Il est parti ce matin avec un montant de 1 100 euros ! » annonce le cabinet de Bernard Cazeneuve, ministre délégué aux affaires européennes.

 

Vers une réforme de l'IRFM

Sa collègue de la culture, Aurélie Filippetti, « a rendu 3 500 euros », selon son cabinet. Pour la ministre de la justice Christiane Taubira, « le montant reversé au titre de l’IRFM est de 8 968 euros ». Son collègue François Lamy ne communique pas la somme.

D’autres s’apprêtent à restituer leur excédent dès que les ultimes factures de la permanence électorale auront été réglées et leur compte bancaire clos. La conseillère communication de Guillaume Garot, le ministre délégué chargé de l’agroalimentaire, explique ainsi qu’il « rendra 10 831,10 euros ». Au centime près. « On est totalement dans la ligne de la moralisation politique », insiste-t-elle. Pour sa part, Arnaud Montebourg effectuera une « restitution » de 6 300 euros.

Quant à Michel Sapin (le ministre du travail), Victorin Lurel (à l’outre-mer) et Sylvia Pinel (à l’artisanat), qui n’en ont pas fini avec la calculette, ils annoncent un probable reversement, sans pouvoir préciser le montant. « S'il en reste, ce sera sans doute pas grand chose », glisse-t-on simplement chez Sylvia Pinel. Si son solde est positif, Frédéric Cuvillier (aux transports) assure qu'il s'arrangera pour que ça revienne à ses anciens assistants parlementaires, aujourd'hui au chômage.

 
© Reuters

Au final, celle qui reversera la plus grosse somme est aussi celle qui a initié le mouvement, en annonçant discrètement, dès le 4 juin sur son blog, qu’elle serait en mesure de faire un gros chèque : Michèle Delaunay devrait renvoyer à la rentrée environ 48 000 euros à l'Assemblée. C'est notamment en installant pendant cinq ans sa permanence à son domicile (plutôt que de louer un local), que cette Girondine, tombeuse d'Alain Juppé en 2007, a réalisé des économies sur son enveloppe IRFM.

Chantre de la transparence, la ministre déléguée en charge des personnes âgées fait partie de ces politiques (à l'image de Jean-Louis Borloo) qui proposent de remplacer le système de l’IRFM par « un remboursement des frais sur facture, après contrôle de leur adéquation à l’exercice du mandat parlementaire », comme en Grande-Bretagne. Une position bien minoritaire dans l’hémicycle.

Interrogé par Mediapart, le nouveau questeur socialiste, Bernard Roman, élu par ses collègues pour s’occuper des questions financières au sein du Palais Bourbon, reconnaît qu'une réforme de l’IRFM est devenue indispensable. « Nous avons engagé une réflexion avec le président de l’Assemblée, Claude Bartolone, confie l'élu. Je ressens bien que l’opinion a besoin d’avoir confiance en ses députés et que l’immobilisme n’est plus possible. Nous travaillons donc plusieurs hypothèses, qu’il faudra discuter avec les sénateurs. » Mais d'entrée de jeu, Bernard Roman se déclare opposé à un système de remboursement sur factures, seul moyen pourtant de contrôler le caractère professionnel des frais engagés. « Seuls 1 ou 2 % des députés agissent comme si l’IRFM était un permis de dépenser, juge-t-il. Alors ne tombons pas dans le populisme. Les préfets ou les sous-préfets aussi touchent une indemnité de représentation sans avoir à présenter de justificatifs. »

Les discussions avec le Sénat s’annoncent en tout cas compliquées. Interrogée par Mediapart, la seconde chambre n’a même pas daigné préciser si elle demandait, elle aussi, à ses membres en fin de mandat de reverser leur reliquat.

 

 

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21 juillet 2012 6 21 /07 /juillet /2012 15:03

 

 Circulez y a rien à voir 21/07/2012 à 10h46

   François Krug | Journaliste Rue89

 

Les députés ont rejeté l’amendement qui aurait permis de contrôler l’utilisation de l’indemnité couvrant leurs frais professionnels. Ils n’ont pas, non plus, l’intention de rendre publique la liste de leurs éventuels conflits d’intérêts. La transparence dérangerait-elle l’Assemblée nationale ?

Charles de Courson, député Nouveau Centre de la Marne et spécialiste de la fiscalité, est un habitué des amendements techniques. Mais le dernier en date avait en fait un enjeu très simple : empêcher les députés d’utiliser comme de l’argent de poche l’indemnité destinée à couvrir leurs frais professionnels.

Les députés reçoivent en effet deux indemnités :

  • l’indemnité parlementaire proprement dite, ce qui leur tient lieu de salaire, correspondant en net à 5 198 euros par mois ;
  • l’indemnité représentative de frais de mandat (IRFM), fixée à 6 412 euros brut et non imposable, permettant par exemple de payer le loyer de sa permanence ou l’essence lors des tournées dans sa circonscription.

Le débat sur cette indemnité-là n’est pas nouveau. Ce n’est pas tant son montant qui choque, que l’absence de contrôle : les députés n’ont pas à justifier l’utilisation de leur IRFM. En pratique, rien n’empêche un député d’utiliser cette somme pour financer ses vacances, par exemple.

La proposition de Charles de Courson ? Soumettre à l’impôt la partie de l’IRFM qui n’aurait pas été dépensée à la fin du mois, ce qui rendrait le contrôle de facto obligatoire : pour calculer le montant à imposer, les députés devraient produire des justificatifs de leurs dépenses.

 

Charles de Courson présente son amendement

L’amendement a été examiné dans la nuit de jeudi à vendredi. Et, sans surprise, il a été rejeté, par la droite comme par la gauche : les députés ont convenu d’attendre sagement les éventuelles propositions du président et du bureau de l’Assemblée nationale sur le sujet.

En matière de déontologie, les députés préfèrent décidément régler les choses entre eux, comme en témoigne aussi le traitement des déclarations d’intérêts par l’Assemblée nationale. Ils doivent en effet fournir la liste de leurs activités et de leurs principaux investissements, comme l’ont déjà fait les ministres, les sénateurs et les parlementaires européens.

Mais selon la règle adoptée avant les législatives, leurs déclarations ne seront pas rendues publiques. Elles seront simplement transmises au déontologue de l’Assemblée nationale, un expert neutre. Ce poste, créé en avril, est occupé pour l’instant par le juriste Jean Gicquel.

En cas de doute, le déontologue saisira le bureau de l’Assemblée nationale. Celui-ci tentera ensuite de régler le problème avec le député concerné, en toute discrétion : à aucun moment les journalistes ou les citoyens ne pourront consulter les déclarations.

La nouvelle majorité de gauche allait-elle changer les règles, opter pour davantage de transparence ?

Rue89 a interrogé le cabinet du président de l’Assemblée nationale, Claude Bartolone : aucune réforme des règles adoptées en avril, sous la majorité de droite, n’est prévue. Et le bureau n’ayant pas encore nommé le déontologue, les députés n’ont pas remis pour l’instant leurs déclarations.

Les déclarations d’intérêts ne sont évidemment pas une solution-miracle, mais elles peuvent fournir des détails jusqu’ici ignorés du grand public. Exemples :

Dans les déclarations des députés, les électeurs auraient peut-être pu découvrir par eux-mêmes que Thierry Mariani pratiquait le lobbying en Asie centrale, ou que Christian Jacob, le président du groupe UMP, possédait sa petite société de conseil. Mais l’Assemblée nationale juge visiblement que ces informations ne méritent pas d’être partagées...

PS : Réagissant à cet article sur Twitter, Arnaud Leroy, député PS des Français de l’étranger, nous assure que « ce problème ne restera pas lettre morte ». « Attention aux fausses bonnes solutions adoptées dans la précipitation », ajoute cet élu socialiste du sud de l’Europe.

MERCI RIVERAINS ! Malène
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20 juillet 2012 5 20 /07 /juillet /2012 16:55

 

 

Les établissements Français de la fonction publique ont du appliquer un plan de régularisation de la précarité cette année dans tous ses établissements. Ainsi les ministères ont été obligés de renouveler un grand nombre de personnels en CDD depuis, parfois plus de dix ans et leur attribuer un CDI.

Lorsqu’il s’est agit d’appliquer cette loi Sauvadet en mars 2012 dans la recherche Française, Le CNRS étant l’employeur des personnes en CDD s’est retrouvé acculé à une « purge » silencieuse mais bien présente.

En effet de façon à ne pas être contraint de donner des CDI à leurs employés précaires les EPST ont fait le choix du non renouvèlement en CDD pour la quasi totalité des personnels qui depuis Mars en ont fait la demande. Le système de l’ANR qui finance aujourd’hui les laboratoires a remplacé l’argent récurant provenant du ministère. Ainsi au lieu de créer des postes de titulaires depuis 5 à 10 ans nous voyons exploser les emplois précaires. Nous parlons bien évidemment là de postes de Techniciens, de chercheurs et parfois même d’administratifs.

 Du fait de l’application du non renouvèlement nous avons dénombré seulement pour le CNRS Languedoc-Roussillon plus de 800 précaires qui se verront sortir du système puisqu’ils n’auront aucune possibilité de postuler à nouveau dans un autre laboratoire, même d’une autre EPST dès lors qu’ils ont déjà fait 4 ans sur contrat. Ces Jeunes souvent avec une thèse et formés depuis 4 ans dans nos laboratoires sont depuis cet été à pôle emploi et ne pourront plus aspirer a travailler dans la recherche académique.

Un collectif s’est monté à Montpellier et a rassemblé 300 personnes pour se faire entendre le 4 juillet 2012. Ils sont les plus touchés dans cette région et espèrent se faire entendre. Dans d’autre région les précaires commencent à bouger car en effet ce phénomène arrive au coup par coup durant cet été et il semblerait que personne pour le moment ne soit bien conscient de la casse qui se met en place. C’est un véritable plan social qui est mis en place par le CNRS car si nous sommes 800 concernés à Montpellier imaginons bien le nombre en France.

Notre collectif a rencontré une députée socialiste de l’Hérault et lui avons remis une lettre explicative. Nous avons aussi lancé une pétition de soutien qui progresse bien

http://www.precarite-cnrs.fr/index.php?petition=4

Nathalie Bonneaud pour le SNTRS-CGT en soutien au  collectif des précaires de la recherche de Montpellier

 

ci-joint la lettre a notre députée

Montpellier le 27/06/2012
Madame la Députée,
Nous formons un collectif de précaires travaillant dans différents EPST (CNRS, INSERM, IRD…) et nous faisons appel à vous à propos d’un drame qui est en train de se produire aujourd’hui dans la Recherche Publique Française et en particulier dans la région Languedoc-Roussillon.
Post-doctorants, ingénieurs, techniciens et personnels administratifs travaillons sur des contrats à durée déterminée globalement financés au travers des EPST par l’ANR, l’ERC, par des contrats industriels que nos laboratoires ont obtenus ou par des bourses provenant de différentes associations que nous avons obtenues au mérite. Pour prendre un exemple chiffré, juste au CNRS dans la région Languedoc Roussillon, nous sommes aujourd’hui 800 contractuels et nous risquons de nous retrouver tous au chômage du jour au lendemain à cause
des conséquences de la loi Sauvadet du 13 mars 2012.
En effet, cette loi, visant au départ à résorber la précarité, a été élaborée selon des critères si restrictifs, qu’elle n’a permis la « CDIsation » que de 12 personnes dans la région et d’une quarantaine au total à l’échelle nationale. Pour être « CDIsable », la loi Sauvadet exige que tous les contrats de l'individu proviennent d'un même EPST, que l'individu ait travaillé au même poste sans interruption supérieure à 4 mois pendant une durée minimale de 6 ans au cours des 8 années précédant la publication de cette loi.
Par crainte que d’autres puissent intégrer le processus de « CDIsation » ou concourir sur les concours réservés prévus l’an prochain, les EPST ont décidé de bloquer la signature de nouveaux contrats à partir de 3 ans de CDD déjà effectués, tout EPST confondus et ce malgré d’éventuelles interruptions entre les contrats (alors que c'est exactement pour ces mêmes raisons que les EPST refusent la CDIsation à nombre d'entre nous !). Nous nous retrouvons dans une situation absurde où nous ne sommes pas CDIsable et où nous ne pouvons pas non plus prolonger nos CDD. Le comble c'est qu'aujourd'hui nous ne nous battons non plus pour un CDI, mais seulement pour pouvoir continuer de faire notre travail que nous aimons, même dans la précarité.
A cause des extrapolations abusives de cette loi de la part de nos organismes de tutelle, nos laboratoires vont progressivement se vider de personnels qualifiés et expérimentés, nonobstant le fait que les directeurs de laboratoire aient l’envie et les moyens de prolonger leurs contrats. Il va de soi que les directeurs de laboratoires  préfèreraient titulariser ces éléments, mais ils se heurtent au faible nombre de postes ouverts chaque année et à la vague de CDIsation qui a été minimisée au possible et qui a eu aussi pour conséquence de supprimer encore plus l’ouverture de dizaines de postes aux concours externes prévus cette année.
Il est très urgent d’agir, une cinquantaine de collègues qui travaillent en CDD depuis presque 6 ans ou plus se voient mis au chômage brutalement cet été même. Et plus de 700 autres suivront probablement sur l’année qui vient. Il est clair que l’opération de « résorption de la précarité » n’est pas un franc succès car ce sont des milliers de jeunes scientifiques chômeurs que le Languedoc Roussillon aura d’ici peu!
C’est la fin de la Recherche Publique en France : nos laboratoires ne pourront jamais supporter cette perte de compétences sur les années à venir, ils perdront toute compétitivité à l’échelle internationale. Ils devront en permanence recruter des gens inexpérimentés qui n’auront jamais eu de contrats et une fois formés et opérationnels, au bout de 3 ans, ils devront quitter l’établissement, faute de pouvoir signer un nouveau contrat.
Et pensez à nous tous qui avons été formés au sein de vos universités, qui avons fourni un excellent travail au sein de vos EPST et qui allons nous retrouver du jour au lendemain mis dehors avec plus aucun espoir de réintégrer la Recherche Académique Française, pour une question de durée de contrat et non de compétences !
Nous espérons que vous pourrez être notre porte parole auprès de l’Assemblée Nationale et des plus hautes instances. Il faut agir très vite pour que toutes ces personnes et compétences ne se retrouvent pas dans la nature.
Nous vous remercions par avance de votre considération.
Le comité des précaires de Montpellier

soutenu par le bureau du SNTRS-CGT
Languedoc Roussillon

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