Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
23 septembre 2012 7 23 /09 /septembre /2012 16:08

 

 non mais oui ? 23/09/2012 à 12h15

Pierre Haski | Cofondateur Rue89

 


De g. à dr. Cécile Duflot, Eva Joly et Daniel Cohn-Bendit, en avril 2012 (Bertrand Guay/AFP)

 

La décision d’Europe Ecologie - Les Verts de voter contre la ratification du traité européen tout en restant dans la majorité fait des vagues. A commencer par le départ symbolique de Daniel Cohn-Bendit, le coprésident du groupe Vert au parlement européen, qui a décidé de « suspendre » sa participation au mouvement écolo français, dans lequel, il est vrai, il était déjà passablement marginal.

Le Conseil fédéral d’EELV, le « parlement » des écolos qui compte 150 membres, a décidé samedi avec une majorité de 70%, donc un vote sans ambiguïtés, de voter contre la ratification du « Traité sur la stabilité, la coordination et la gouvernance » (TSCG) qui sera soumis au Parlement à partir du 2 octobre.

Affaiblir Hollande ?

Mais si le vote est clair, le positionnement d’EELV n’est pas simple. Avec deux ministres au gouvernement, il est évidemment difficile de rompre avec ce même gouvernement sur une décision aussi importante, même si ce traité ne faisait évidemment pas partie du pacte signé l’an dernier entre les écologistes et le PS.

Mais le premier ministre, Jean-Marc Ayrault, ne cesse de marteler que voter non c’est affaiblir François Hollande, et donc le poids de la France dans les négociations européennes, et il ne manquera pas de le rappeler aux écologistes qui siègent dans son gouvernement.

Le gouvernement à domination PS est déjà soumis à la surenchère de la gauche de la gauche, avec la manifestation du 30 septembre en faveur d’un référendum sur le traité (et pour son refus) organisée par le Front de gauche et un grand nombre de mouvements et associations opposés à ce traité.

Le choix du Conseil fédéral d’EELV a été en partie tranché par l’attitude de Pascal Durand, le successeur de Cécile Duflot, la désormais ministre du Logement, à la tête du parti écologiste. Pascal Durand, qui ne s’était pas prononcé jusque-là, a apporté son soutien aux partisans du « non ».

Il a appelé à choisir « non pas entre deux visions de l’Europe car nous la partageons » mais à savoir « quel chemin vous voulez portez pour aller vers l’Europe que nous voulons collectivement ». Il a ajouté :

« La politique des petits pas est en train de séparer les populations européennes de ses pratiques. »

A l’opposé, l’eurodéputé Yannick Jadot a soutenu la ratification par souci de cohérence. Il regrette dans le JDD ce dimanche :

« Nous avons fait le choix de la participation gouvernementale, il faut en assumer la solidarité. »

Yannick Jadot, fort de son expérience strasbourgeoise, dénonce aussi ceux qui critiquent la politique des « petits pas » :

« Je pense que ces gens-là n’auraient jamais voté le traité de Rome. Quand on travaille à 27 pays aujourd’hui, c’est forcément des petits pas. Sinon, on fait une Europe napoléonienne, on envahit les autres et on impose nos choix. L’Europe, ce n’est pas ça. »

Lisibilité

Reste à savoir ce que feront concrètement les élus écologistes à l’Assemblée nationale et au Sénat, qui pourraient être tentés, pour rassurer les socialistes, de distinguer entre les deux votes distincts qui leur seront soumis : le TSCG et la loi organique (qui transposera le traité dans la législation française). La position du Conseil fédéral ne dit pas tout sur le vote des élus écologistes.

Un pied dedans, un pied dehors, la position d’EELV risque fort d’être difficilement lisible pour les Français, d’autant plus que les ministres écologistes, Cécile Duflot en tête, n’ont aucune envie de claquer la porte du gouvernement.

Le mouvement écologiste, qui est sorti de cette année électorale renforcé en terme d’élus et de place dans la majorité gouvernementale, mais affaibli par le score de sa candidate à la présidentielle et le départ de nombreux adhérents, est en quête d’une voie moyenne pour restaurer sa crédibilité.

Il n’est pas certain que ce pas de deux sur l’Europe rende plus lisible sa position vis-à-vis de l’action gouvernementale.

Et au moment où les deux têtes de l’exécutif continuent leur chute dans les sondages d’opinion (43% seulement de satisfaits (- 11) et 56% de mécontents (+ 11) pour François Hollande selon le baromètre du JDD), ce coup de canif à la solidarité gouvernementale aux allures de grand écart sera mal vécu au sein de la majorité.

De quoi se demander, comme l’a fait ce dimanche sur Europe1 François Bayrou, si la coalition socialistes-écologistes sera durable et si le choix d’EELV sur l’Europe ne va pas pousser Jean-Marc Ayrault à poser à ses « alliés » la question de confiance :

« A l’intérieur d’une majorité, on ne peut pas être dans l’affrontement sur l’essentiel. »

 

 

Partager cet article
Repost0
21 septembre 2012 5 21 /09 /septembre /2012 00:37

Au lendemain du 6 mai 2012, un jeune homme de 34 ans fait son entrée à l’Élysée. Il sera plus que le conseiller économique de François Hollande. Il l’a voulu, il l’a obtenu, le voilà au cœur du pouvoir présidentiel avec le titre envié de secrétaire général adjoint de la présidence de la République. Il s’appelle Emmanuel Macron et, après un détour par la philosophie, vient directement de la banque Rothschild où il était l'un des associés-gérants les plus remarqués.

Emmanuel Macron a choisi son bureau : celui de François Pérol, cet ami de Nicolas Sarkozy, qui fut lui aussi secrétaire général adjoint de l’Élysée avant de prendre les commandes dans des conditions contestées du groupe Banques populaires-Caisses d’épargne. Avant l’Élysée, François Pérol venait lui aussi de faire une fortune express à la banque Rothschild.

Ainsi passent les hommes, les partis et les pouvoirs… et demeure la banque Rothschild. C’est l’histoire d’un pouvoir au cœur du pouvoir, à l’épicentre des influences, des affaires, des coups financiers et de la politique. Une histoire très française, celle du capitalisme parisien de ces trente dernières années : un capitalisme happé et transformé en profondeur par la mondialisation. Et qui, dans le même temps, s'est recroquevillé sur une oligarchie des élites dont les ingrédients sont le pantouflage, les conflits d’intérêts, le mélange des affaires publiques et des intérêts privés, sur fond de nomenklaturisme des grandes écoles.

 

 

C’est cette histoire que nous raconte notre consœur Martine Orange dans son livre Rothschild, une banque au pouvoir. Pas de dénonciation indignée dans ce livre mais une froide autopsie d’une des maisons les plus secrètes de Paris. Et une explication méthodique de ce que sont aujourd'hui les ressorts de la fortune, des affaires et de l'influence. David de Rothschild, l’artisan obstiné du pouvoir aujourd’hui flamboyant de la banque du même nom, est un homme qui ne parle pas. Ses apparitions sont rarissimes, ses interventions publiques exceptionnelles et toujours d’une parfaite langue de bois.

Dans ce livre, il s’explique en revanche longuement, avec une étonnante liberté, et retrace dans le détail comment, reparti de zéro après la nationalisation de 1982, il a reconstruit avec l’aide de proches, Éric et Édouard de Rothschild, l’un des principaux lieux de pouvoir du pays. La banque Rothschild l’avait toujours été : Georges Pompidou, successeur de De Gaulle, n’y avait-il pas fait l’essentiel de sa carrière ?

« C’est la tradition de la maison de se mettre à la disposition de la République », dit à Martine Orange, David de Rothschild. C’est cette imbrication que décrit notre consœur qui a pu recueillir des dizaines de témoignages et récits, à l’intérieur même de la banque, chez les poids lourds des grands groupes français et dans plusieurs cercles politiques.

Car cette enquête, si elle nous montre les coulisses du capitalisme français, nous ramène toujours à l’essentiel : la politique, le pouvoir de décider, et quelques-uns de ses principaux acteurs. L’un d’eux émerge dans cette histoire d’une banque : Édouard Balladur. L’ancien conseiller de Georges Pompidou joue un rôle clé dans la renaissance de la banque, aux côtés d’un autre homme, Ambroise Roux, l’influent manitou du patronat français au début des années 1980.

Balladur ne s’éloignera jamais de la banque Rothschild. Et il y introduit bien sûr ses proches : Nicolas Bazire d’abord, son directeur de cabinet en 1995 qui partira chez Rothschild avant de devenir le numéro deux de Bernard Arnault à la tête de LVMH ; Nicolas Sarkozy ensuite. C’est cet univers, au lendemain de la défaite des balladuriens à la présidentielle de 1995, que Martine Orange explore en détail dans le chapitre 13 de son livre. Nicolas Sarkozy avocat d'affaires y tient le premier rôle. Nous reproduisons intégralement ce chapitre dans les pages suivantes.

Rothschild, une banque au pouvoir
Par Martine Orange. Parution septembre 2012. Albin Michel. 368 pages. 20 euros

 

Chapitre 13

Les lois de l’hospitalité

À nouveau, la maison Rothschild a tendu une main amie. Cette fois, elle n’est pas destinée à quelque banquier délaissé. Mais à des amis en détresse, abattus après la défaite de leur candidat, dès le premier tour de l’élection présidentielle de 1995. Pour la banque, cette déroute est une déception mais pas un drame. Elle est désormais une banque d’affaires reconnue. Elle a ses entrées, partout.

Les liens avec Jacques Chirac, même s’ils sont bien moins étroits qu’avec Edouard Balladur, existent. Le nouveau Président, lui aussi, reste imprégné de la grande tradition pompidolienne. Et dans ce récit fondateur, les Rothschild ont une place à part : ce sont les amis de Georges Pompidou, la banque du Président, comme on dit. Un des plus proches de Chirac, François Pinault, est un client ancien de la banque : elle l’a aidé dans sa troisième mutation, lorsque l’homme d’affaires a liquidé ses actifs industriels, à commencer par la Chapelle Darblay, pour créer un empire dans la distribution, avec la Fnac et le Printemps, en attendant le luxe. François Pinault a confiance dans la banque et ne manque pas de le faire savoir. Bref, ce changement politique ne constitue pas un séisme.

Mais le désappointement est là, malgré tout : « Edouard » est un ami proche, peut-être le plus proche de la famille. Il a suivi depuis le début la reconstruction de la banque, l’a aidée dès qu’il a pu. Avec David de Rothschild, ils se sont souvent entretenus ensemble. Ils se voient depuis des années à Deauville, où Balladur a une maison et où le banquier vient en voisin. Ils ont tellement échangé sur leurs visions politiques, au cours de ces quinze années. Les liens sont si serrés qu’Édouard de Rothschild l’a choisi… comme témoin de mariage.

Comme de nombreux responsables du monde des affaires, le chef de la maison attendait, espérait la victoire du premier ministre, qui semblait lui être promise depuis des mois. L’homme politique qui, depuis 1981, s’était attelé à la reconstruction idéologique de la droite, était le dirigeant qu’il fallait : il allait mettre en œuvre le vaste programme de réformes sur lequel il réfléchissait depuis des années, avec le monde des affaires. Enfin, la France allait abandonner ses particularismes. Elle allait se normaliser et entrer dans le grand bain de la mondialisation.

Les lendemains de l’élection présidentielle sont donc amers. D’autant que la droite chiraquienne a la victoire féroce. Les comptes se règlent avec les balladuriens, accusés d’avoir trompé et trahi l’ancien maire de Paris. Tous ceux qui, de près ou de loin, ont soutenu l’ex-premier ministre sont bannis. Les chiraquiens leur promettent les foudres de Zeus si jamais ils osent s’aventurer à nouveau sur le terrain politique.

Cette atmosphère déplaît à David de Rothschild. Les batailles à droite, au début des années 80, entre chiraquiens et giscardiens lui ont laissé un souvenir désagréable. L’histoire lui a aussi appris combien les temps changent vite : les vaincus d’aujourd’hui peuvent être les vainqueurs de demain.

La loi sur le pantouflage des hauts fonctionnaires dans le privé n’est alors qu’un simple exercice de style. C’est donc sans le moindre embarras que la banque propose à Nicolas Bazire, le plus proche collaborateur de Balladur à Matignon, de venir le rejoindre. Un service rendu à l’ancien premier ministre ? Nicolas Bazire dément avec vigueur. « Non, Edouard Balladur n’a recasé personne », réplique-t-il. Le ton est sans appel. Quinze ans après, il semble en être encore blessé.

C’est donc par ses propres moyens, affirme-t-il, qu’il a cherché à se recaser. Au lendemain du premier tour, Nicolas Bazire n’est plus rien. Pendant des mois, il a été au centre de tout. Il a été plus que le directeur de cabinet de Balladur à Matignon, en cette période de cohabitation. Alors que l’Élysée vit au rythme de la maladie de François Mitterrand, il a été une sorte de premier ministre bis, Edouard Balladur se glissant subrepticement dans les habits de chef de l’État. Pas un dossier, pas une décision ne s’est prise durant cette période sans que Nicolas Bazire n’ait été amené à se prononcer. Il a été les yeux, les oreilles, la parole du premier ministre auprès des ministres, de l’administration, du monde politique et économique.

Mais cet officier de Navale, devenu conseiller à la Cour des comptes, puis parachuté au sommet de l’État sans passer par les étapes intermédiaires, n’a pas le goût de revenir à la case départ. Il n’a pas la politique chevillée au corps. D’autant qu’il sait qu’il lui est promis un long purgatoire avant de refaire surface. « J’aurais pu avoir la possibilité de me présenter à un siège de député à Fécamp. J’ai hésité,

puis j’ai préféré renoncer. Il faut en avoir très envie pour faire de la politique. Je n’étais pas forcément fait pour ce mode de vie », explique-t-il.

Mais il ne se voit pas non plus regagner son corps d’origine et couler des jours tranquilles dans l’administration. « Quand vous avez connu la folie de Matignon, les jours et les nuits à travailler avec une équipe de quarante personnes, à traiter de tous les grands dossiers, il faut une sorte d’abnégation que je n’avais pas pour revenir à la Cour des comptes et contrôler ce qui venait d’être fait », reconnaît-il.

Alors, il se tourne naturellement vers le privé. À défaut du pouvoir politique, il est prêt à découvrir l’autre pouvoir, celui de l’argent. « Je me suis dit qu’aller dans une banque d’affaires serait moins compliqué que d’intégrer la hiérarchie d’une entreprise », raconte-t-il aujourd’hui.

Plusieurs banques lui ont fait des propositions, Lazard en premier, intéressé par ce haut fonctionnaire si puissant, et connaissant tous les dossiers politiques et économiques du moment. « Mais je n’avais pas envie de faire comme Jean-Marie Messier[1], d’avoir un parcours parallèle au sien, explique-t-il. Et ce qu’on me disait de Lazard, de l’ambiance qui y régnait, ne m’attirait pas. » La banque Arjil, propriété de Jean-Luc Lagardère, lui fait aussi des avances. Et puis, il y a Rothschild.

Selon Nicolas Bazire, le choix de Rothschild lui vient naturellement. Il connaît Édouard depuis 1990, il a rencontré David lors de réunions du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif), quand il était à Matignon. Et, étant originaire de la région, il fait lui aussi partie de l’amicale de Normandie, retrouvant tout le monde le week-end à Deauville.

Tout s’enchaîne donc très vite, même si le parcours de recrutement, imposé par la maison, est soigneusement respecté. Il y a d’abord un déjeuner avec David de Rothschild, fixé invariablement au Jockey Club comme il se doit, puis la rencontre avec les autres associés-gérants – Jean-Claude Meyer, Christian de Labriffe, Richard Thil, Gérard Worms –, suivie par l’entretien d’apparence badin mais sous l’œil exercé et vigilant d’Éric de Rothschild. Enfin la confirmation arrive : en novembre 1995, Nicolas Bazire devient, sans période probatoire, le cinquième associé-gérant de la maison. Un signe de confiance et de reconnaissance manifeste.

Nicolas Bazire est une recrue de poids pour la banque. Il connaît tout des discussions, des préoccupations du pouvoir du moment. Les interlocuteurs de poids sont passés par son bureau. Et, en dépit des apparences, sa prise de distance d’avec le pouvoir n’est qu’apparente. Il reste au contact de tous les bruits, les rumeurs, les projets, même s’il lui faut, dans son nouveau métier, « prendre son téléphone, plutôt que d’être sans cesse appelé », ce qui le surprend. Il est juste moins exposé.

Il découvre aussi une autre dimension, celle des affaires internationales, l’univers des grands banquiers et des mégafusions, celui où les maîtres du monde jonglent et se battent à coups de milliards avec le globe pour terrain de jeu. Soudain, l’univers de Matignon, gare de triage de tous les dossiers français du moment, les bruits de la vie politique, lui paraissent bien étriqués, bien limités. « J’ai découvert un autre monde », dit-il (1).

Très vite, un autre proche de l’ancien premier ministre commence aussi à hanter les couloirs de la banque : Nicolas Sarkozy.

D’ordinaire, le monde des affaires n’aime guère mettre en avant les coups de pouce qu’il a pu donner à un moment ou à un autre à une personnalité politique dans l’embarras. Ces petits services rendus se font dans la discrétion, et chacun s’empresse d’oublier qui a pu en prendre l’initiative. À la banque Rothschild, on ne biaise pas avec le sujet. Des années plus tard, les uns et les autres se disputent même la primauté d’avoir eu recours aux services de Nicolas Sarkozy, avocat d’affaires, pour la banque.

Nicolas Bazire est catégorique. « C’est moi qui ai fait venir Nicolas à la banque Rothschild en 1997. Je travaillais sur une cession immobilière de la Générale des eaux et j’ai fait appel à ses services à ce moment-là. » Édouard de Rothschild affine cette version : « J’étais son interlocuteur à la banque. » Mais celui-ci situe cette relation plus tard, après la défaite des élections européennes de 1999, lorsque l’allié de Philippe Séguin a abandonné la direction du RPR et parut tenté de quitter à nouveau la

 


[1] Jean-Marie Messier a été très proche de Nicolas Bazire. Issus tous les deux de familles catholiques pratiquantes, ils ont noué des liens étroits : chacun est le parrain d’un des enfants de l’autre. C’est Jean-Marie Messier qui recommanda Nicolas Bazire à Edouard Balladur comme directeur de cabinet en 1993, après avoir refusé d’abandonner Lazard et prendre le poste lui-même. Mais, à l’époque, les deux amis s’entretenaient quotidiennement des affaires de la France, des grands groupes et du monde.

 

Il faut aider Sarkozy

politique. « Je l’ai retrouvé, après les élections européennes, chez Jean-Claude Darmon[1]. Il était son avocat et moi son banquier d’affaires dans le cadre de la cession de son groupe. C’est à ce moment-là que je lui ai proposé de travailler comme avocat d’affaires pour la banque », raconte-t-il. Les versions semblent contradictoires. Elles sont juste étalées dans le temps.

David de Rothschild semble plutôt se souvenir de l’aide au moment de la première traversée du désert, en 1995, quand l’homme politique, abattu par la défaite, semble prêt à raccrocher les gants. « J’ai connu Nicolas Sarkozy en Normandie chez Edouard Balladur. C’était assez facile de sentir qu’il y avait chez lui toutes les qualités pour faire un très bon négociateur. Est-ce que l’initiative est venue de moi ou de Nicolas Bazire ? Je ne m’en souviens plus », dit-il aujourd’hui. Lionel Zinsou, ancien associé-gérant de la banque, a une dernière version. Selon lui, Nicolas Sarkozy a commencé à travailler pour la banque dès 1995, au lendemain de la défaite de son protecteur.

Les relations entre la famille Rothschild et le maire de Neuilly sont en effet beaucoup plus anciennes que celles avouées. « Nicolas Sarkozy a eu des liens très proches avec trois banquiers, qui ont veillé sur lui tout au long de sa carrière : Jean-Marc Vernes, Antoine Bernheim et les Rothschild. Cela ne l’a pas empêché d’être méfiant avec l’argent, car il savait combien le sujet pouvait être politiquement dangereux. Il a néanmoins eu des relations très proches avec eux, et ceux-ci n’ont cessé de l’aider », raconte en confidence un homme qui a suivi l’ascension de l’ancien chef de l’État. « Les affaires et le pouvoir politique sont indissociables », confirmera plus tard Cécilia Attias, l’ex-épouse de Sarkozy, témoin privilégié de sa carrière.

Très proche de la famille Dassault, le banquier Jean-Marc Vernes, inamovible adjoint aux finances à Neuilly pendant plus de trente ans, est celui qui lui a permis d’emporter la mairie, au nez et à la barbe de Charles Pasqua, à la mort d’Achille Peretti en 1983. Par la suite, le très jeune maire cultivera avec assiduité le banquier qui a la haute main sur toutes les finances du RPR et l’emmène, sous sa protection et celle de la famille Dassault, à laquelle il est intimement lié, jusqu’au sommet du parti.

Antoine Bernheim, le prestigieux banquier de Lazard, lui, l’a initié aux subtilités des affaires. Il lui a présenté les gens qui comptent, lui a expliqué le dessous des cartes de bien des épisodes économiques. Il l’a mis au courant de toutes les affaires italiennes, allant du Vatican[2] à Mediobanca, la puissante banque italienne phare du capitalisme italien, qui sera par la suite l’objet de toutes les attentions de Vincent Bolloré, de la famille Dassault (et de la présidence de Sarkozy). Il lui a décrypté tous les mouvements parallèles, l’a introduit dans de multiples réseaux.

Les liens avec la famille Rothschild sont moins affichés mais n’en sont pas moins solides. Ils se connaissent de longue date. Fasciné par ce monde violent et intrigant de l’argent, qu’il connaît déjà bien depuis qu’il est maire de Neuilly, Nicolas Sarkozy cultive la proximité avec la famille. Au milieu des années 80, Édouard de Rothschild et lui se fréquentent beaucoup. Ils partagent les mêmes impatiences, ont envie de faire bouger les choses, comme aux États-Unis qui les fascinent tant, ils ont le même mépris pour les usages et le qu’en-dira-t-on. Ils deviennent si intimes qu’ils partent en vacances ensemble et se retrouvent l’été avec leur famille sur les plages de La Baule[3].

Montant très vite dans l’appareil du RPR, le futur Président n’a pas besoin de beaucoup d’explications pour comprendre le poids acquis par les jeux de pouvoir au sein du RPR et du patronat. Après l’échec du maire de Paris à l’élection présidentielle en 1988, le monde des affaires a tranché. Pour lui, Chirac est mort ! Il convient de choisir un autre candidat, plus à même d’incarner ses idées et de gagner. Ce candidat est tout trouvé : c’est Balladur, bien sûr. Nicolas Sarkozy se met dans la roue du premier ministre, dès sa nomination. Et tout ce petit monde se retrouve – à Deauville ! – pour parler, échanger, tracer des plans sur la comète. Lorsque David vient en voisin – il est toujours maire de Pont-l’Évêque – rendre visite à son ami Balladur, Nicolas n’est jamais loin. D’autant que Thierry Gaubert, responsable de la communication à la mairie de Neuilly, s’est lui aussi installé dans les environs.

Au lendemain de l’échec de 1995, les milieux économiques se préoccupent beaucoup du sort réservé à l’ancien ministre du budget, sur lequel ils ont déjà beaucoup investi. Quelques mois ont suffi à Sarkozy pour s’installer comme le numéro deux du gouvernement Balladur. Il avait aussi un bureau à Matignon, où il préparait l’élection présidentielle, au côté d’Edouard (Balladur) et de Nicolas (Bazire). Accusé de haute trahison par les chiraquiens, banni par Chirac lui-même qui lui interdit l’accès à l’Élysée, Sarkozy, au lendemain de la défaite, s’interroge sur son avenir. Contrairement à ce qu’il affirmera plus tard, l’homme ne supporte pas les hauts et les bas de la politique… Alors que sa route semble barrée, il a envie de raccrocher de la politique, d’entamer une nouvelle carrière, de devenir banquier d’affaires pour « faire de l’argent ».

Il s’ouvre de son projet à plusieurs personnes. « Quand il m’a parlé de devenir banquier d’affaires, je le lui ai déconseillé. Il n’était pas fait pour ce métier. Je lui ai dit que sa voie, c’était la politique. La France avait besoin d’hommes comme lui. Il lui fallait faire preuve de patience. Un jour, tu seras à l’Élysée, lui ai-je prédit », nous racontera Antoine Bernheim. Le très influent et très discret homme d’affaires canadien Paul Desmarais, dirigeant du très secret groupe Power Corp., lui tiendra le même discours, lorsqu’il ira le voir dans sa propriété de Sagard, au Canada, à l’été 1995. Son destin, selon l’associé du financier belge Albert Frère[4], était tout tracé : il devait s’accrocher à sa carrière politique, les plus grands espoirs lui étaient permis. « On m’a présenté cet homme politique encore tout jeune et j’ai trouvé en lui une énergie formidable et une force de conviction telle que je me suis dit : c’est quelqu’un qui serait bien pour la France », expliquera le Canadien plus tard.

Quelqu’un de bien pour la France. Beaucoup en sont déjà convaincus. D’autant qu’ils considèrent que Balladur ne pourra plus se représenter. Pour eux, son échec est plus lié à sa personne qu’à son projet politique : les Français n’aiment pas son personnage compassé, cette caricature de marquis emperruqué en chaise à porteurs dont il n’a jamais pu se débarrasser. Il faut donc passer à un autre candidat, qui ne fera pas peur aux Français mais qui sera capable de porter le programme que le monde des affaires attend. Et ce candidat, ce peut être Nicolas ! Il est jeune, certes. Mais il a les capacités. En attendant, il faut l’aider.

Une société discrète de secours mutuel se met en marche pour le soutenir. Amer après avoir perdu, en 2010, la présidence de l’assureur italien Generali à 85 ans, Antoine Bernheim s’en prend à ceux dont il estime qu’ils l’ont trahi dans ce dernier combat, Vincent Bolloré et Nicolas Sarkozy notamment, et il vend la mèche : « Quand je pense à ce que j’ai dépensé pour l’aider », nous confiait-il alors. Il répétera ses confidences désabusées dans un livre de Mémoires : « Sarkozy m’a mangé dans la main pendant vingt ans. Il a toujours eu des problèmes avec l’argent. Il oublie que j’arrose son cabinet d’avocats depuis vingt ans. Puisque je suis foutu à la porte de Generali, j’arrête[5] », lance-t-il alors, furieux.

« Antoine Bernheim a beaucoup aidé Nicolas Sarkozy. Il a joué de son entregent pour lui trouver des financements, l’a fait avocat de Generali, a amené des clients à son cabinet d’avocat d’affaires. Mais lui a-t-il consacré des fortunes ? C’est une autre histoire. C’est un homme avare. Dès qu’il dépense la moindre somme, il a l’impression d’être ruiné », s’amuse un banquier qui le connaît bien. Pas faux. L’ancien associé-gérant de Lazard, qui, à la veille de son décès, avait constitué une fortune estimée entre 600 millions et 1 milliard d’euros entre ses activités de banquier, d’assureur et immobilières,

 


[1] Jean-Claude Darmon, frère du comédien Gérard Darmon, est un intermédiaire très influent dans le monde du sport. Il est un des rouages français du sport business, devenu dominant à partir des années 90, suivant l’exemple britannique notamment. Très lié au monde de la formule 1, dominé par le britannique Bernie Ecclestone, il a été aussi un personnage phare du monde du football. Ayant noué des relations très proches avec la chaîne Canal+, qui s’est fait une spécialité dans le sport, il a notamment été à l’origine de contrats dits d’« images » entre les principaux clubs de football français et la chaîne de télévision, en contradiction avec la loi française qui stipulait une totale égalité entre les clubs, et un partage entre les plus riches et les plus pauvres, entre le sport professionnel et les milieux amateurs.

[2] Le Vatican, alors sous la direction du pape Jean-Paul II, a fait appel au banquier Antoine Bernheim, homme influent de Mediobanca – la banque qui verrouille le capitalisme italien – pour remettre de l’ordre dans ses finances, après les scandales de l’IOR (l’Institut pour les œuvres de la religion). La banque du Vatican, comme on l’appelle, était dirigée alors par l’Américain Paul Marcinkus. Ce dernier se trouvait mêlé à la faillite du Banco Ambrosiano. Le dirigeant de cette dernière banque, Roberto Calvi, fut retrouvé pendu sous un pont de Londres. La conduite discrète et efficace de cette mission de remise en ordre valut à Antoine Bernheim la reconnaissance des milieux politiques et économiques italiens et sa nomination, pendant des années, à la présidence du groupe d’assurances Generali, pivot du monde des affaires italien.

[3] Stéphane Denis, Le Roman de l’argent, Albin Michel, 1988.

[4] Albert Frère et Paul Desmarais se sont rencontrés par l’intermédiaire de Gérard Eskenazi. Le directeur de Paribas est alors en train d’organiser l’exfiltration de certaines filiales, afin qu’elles échappent à la nationalisation de 1981. Les deux financiers acceptèrent de lui prêter main-forte et en devinrent les grands bénéficiaires, récupérant à leur profit les filiales belge et suisse de Paribas. Depuis, ils ne se sont pas séparés et sont associés dans l’essentiel de leurs affaires.

[5] Pierre de Gasquet, Antoine Bernheim, le parrain du capitalisme français, Grasset, 2011.

 

Édouard reprend en direct la relation avec Nicolas Sarkozy

n’hésitait pas à se plaindre souvent de son sort misérable, laissant croire à ses interlocuteurs qu’il était quasiment réduit à la mendicité. Nicolas Sarkozy lui-même s’en moqua. « Arrête de te plaindre ! J’ai été ministre du budget, je connais quand même l’état de ta fortune », lui rétorque-t-il, le jour où il lui remet la grand-croix de la Légion d’honneur.

Antoine Berheim l’a aidé, mais d’autres aussi. Beaucoup y vont de leur obole pour le soutenir. Nicolas Sarkozy étant avocat d’affaires, les soutiens peuvent se monter facilement. On lui confie soit des dossiers rapides mais très rémunérateurs, soit des affaires compliquées qu’il faut démêler avec doigté et discrétion.

L’ancien ministre de Balladur n’a jamais plaidé devant des juges. En revanche, il est un adepte des discussions en coulisse, des compromis ou des attaques discrètes. Ce qui lui permet d’entrer encore plus avant dans les grands et petits secrets du monde des affaires, qui n’aime guère que les différends se jugent sur la place publique. C’est ainsi que la famille Dassault fait appel à lui, bien que sa spécialité soit d’abord l’immobilier, pour préparer le règlement discret de la succession de Serge Dassault. Depuis, le cabinet a toujours gardé sa clientèle.

La banque Rothschild, comme tant d’autres, décide donc de faire appel à ses services. Une banque d’affaires a recours à pléthore d’avocats, certains très spécialisés, d’autres pour des missions discrètes. Nicolas Sarkozy a besoin de travailler pour faire tourner son cabinet. Donc, quoi de plus naturel que de faire appel à lui sur des sujets sensibles ?

Le dossier de l’immobilier de la Générale des eaux, pour lequel Nicolas Bazire recourt à lui, est un de ceux-là. Le groupe privé – à la tête d’un empire dans l’eau, les déchets, l’immobilier, les médias – est en faillite. Jean-Marie Messier a été parachuté en urgence à la présidence de la Générale des eaux en remplacement de Guy Dejouany, sur la pression personnelle d’Ambroise Roux. Il a pour première mission de cacher cette situation et d’éviter l’écroulement. Que le Crédit lyonnais, banque publique, fasse faillite, c’est une chose ! Que la Générale des eaux, alors deuxième groupe privé, dépose le bilan, en est une autre ! La mauvaise gestion, en ces temps de démonstration idéologique, ne peut être qu’étatique.

Dans le désastre qui menace, l’immobilier est le premier sujet de préoccupation : une folie d’expansion et de grandeur a entraîné cette branche dans des projets et des paris tous azimuts. Il y en a au moins pour 30 milliards de francs d’engagements, sans parler des promesses cachées. L’explosion de la bulle immobilière a mis à bas de dangereux montages, qui peuvent emporter par le fond l’ensemble de ce monstre tentaculaire.

À peine arrivé à la Générale des eaux, Jean-Marie Messier a appelé un ami, Stéphane Richard, ancien directeur de cabinet de Dominique Strauss-Kahn quand il était au ministère de l’industrie, pour l’aider. Il lui confie la direction de la CGIS, filiale immobilière créée pour isoler les dossiers immobiliers du reste, notamment ceux de La Défense qu’il faut désamorcer : la Générale des eaux – qui a profité de la faillite de Christian Pellerin, le bâtisseur du quartier des affaires parisien, pour prendre le contrôle de sa société – se retrouve à la tête de plus 300 000 mètres carrés, soit, au bas mot, un tiers environ de La Défense à l’époque[1].

Pour l’aider à déminer cette bombe, Stéphane Richard fait appel à de multiples expertises. Et c’est tout aussi naturellement qu’il pense, avec Jean-Marie Messier, à confier les contentieux de La Défense à leur ami. N’est-il pas spécialiste de l’immobilier ? À partir de 1996, celui-ci devient donc l’avocat en titre de la CGIS sur ce dossier. Un an plus tard, il devient aussi l’avocat de la banque Rothschild pour le même dossier. Même si la banque travaille pour la CGIS, il est un peu compliqué d’avoir le même avocat, surtout sur un dossier aussi lourd. Là où tout se complique, c’est que Nicolas Sarkozy, tout en étant avocat d’affaires pendant sa traversée du désert, est toujours, à l’époque, maire de Neuilly, partie prenante à l’avenir du quartier d’affaires. Il est aussi, à cette date, redevenu secrétaire général du RPR. Heureux hasard, c’est un ami, Charles Ceccaldi-Raynaud, maire de Puteaux et cacique du RPR, qui est président de l’EPAD, l’établissement public de La Défense. Une entité importante aux yeux de Nicolas Sarkozy, puisque, après en avoir pris la présidence de 2005 à 2007, il a voulu la confier en 2008 à son fils Jean, avec le succès que l’on sait.

En un mot, le mélange des genres est total. Par le jeu des mandats politiques et d’affaires, Nicolas Sarkozy se retrouve de tous les côtés à la fois pour gérer le quartier qui compte près de la moitié des sièges des grands groupes français, le dossier le plus important des Hauts-de-Seine, celui qui assure au département un budget équivalent au PIB de la Grèce à l’époque.

Dans le milieu parisien, personne ne s’émeut d’une telle situation. À aucun moment, la banque Rothschild, pourtant habituellement si prudente, ne semble s’être posé la question de l’impossibilité de lui confier un tel dossier. D’autres considérations ont dû prévaloir.

D’une certaine façon, la sortie de ce dossier a été gérée comme le monde des affaires le souhaitait : dans la plus totale discrétion et pour le plus grand bénéfice de certains. Des tours entières ont été vendues à des investisseurs étrangers, banques, assurances ou fonds de pension, avec profit mutuel. La Générale des eaux a évité la faillite immobilière, en attendant la suivante avec Vivendi. La CGIS, devenue Nexity, s’est transformée en un groupe très prospère, et ses dirigeants, dont Stéphane Richard, sont devenus des hommes riches, comme l’en félicitera Nicolas Sarkozy en lui remettant la Légion d’honneur en 2008, alors qu’il est devenu entre-temps directeur de cabinet de Christine Lagarde à Bercy (avant de devenir président de France Telecom).

Le maire de Neuilly a tiré aussi quelque profit sur ce dossier. Cela lui a permis de comprendre tous les ressorts du système Pasqua dans les Hauts-de-Seine, de le démonter et de le récupérer pour son profit politique. En 2004, il deviendra président du Conseil général, succédant à… son mentor. Mais à cette date, il est déjà aspiré par les vents ascendants du pouvoir.

« Durant toute cette période, Nicolas Bazire a été la cheville ouvrière entre Sarkozy et la banque Rothschild. Ce rôle lui revenait naturellement. À Matignon, ils avaient formé un duo qui, depuis, ne s’est jamais défait. Il savent tout l’un de l’autre », explique notre témoin, placé aux premières loges. Mais en 1998, Nicolas Bazire quitte la banque. Bernard Arnault, le président de LVMH, qui l’a pris comme conseil dès son arrivée chez Rothschild, lui a fait une proposition qui ne se refuse pas. « Vous n’allez pas rester banquier toute votre vie. Venez chez moi », lui a proposé Arnault. Nicolas Bazire ne peut résister aux sirènes du milliardaire : en lui offrant de devenir numéro deux du groupe de luxe, il lui propose tout, l’argent, le luxe, le pouvoir suprême.

« Le pire moment a été quand je suis allé voir David de Rothschild pour lui annoncer mon départ. Cela a été très difficile. Mais il a été comme toujours d’une exquise urbanité », se souvient Bazire. « Si vous pensez que vous devez le faire, faites-le », lui répond David de Rothschild, chiffonné par ce départ. Le chef de la maison n’aime décidément pas qu’on le quitte.

« Cela a été une erreur de recrutement », soutient aujourd’hui Gérard Worms. David ne dira jamais cela, même s’il peut éprouver le regret d’avoir été abandonné par un homme en qui il avait placé beaucoup d’espoirs, au point de lui accorder nombre de dispenses par rapport aux règles de la maison. Reconnaissant, Nicolas Bazire, comme directeur général de LVMH, confiera de nombreux mandats du groupe à la banque. Édouard de Rothschild, resté très proche, le nommera en retour au conseil stratégique, aux côtés d’Alain Minc et de Jean-Charles Naouri.

Bazire parti, c’est Édouard qui reprend en direct la relation avec Nicolas Sarkozy. Ce dernier a replongé alors dans la politique en redevenant secrétaire général du RPR et en laissant de côté, sauf circonstances exceptionnelles, sa robe d’avocat. Les deux amis, qui ne se sont jamais perdus de vue, entretiennent des relations libres. Quand il a commencé à revenir en politique, Édouard a usé de son entregent pour lui faire rencontrer de nouvelles personnalités, l’introduire dans de nouveaux réseaux. Il lui a présenté Minc, qu’il ne connaissait pas. Il l’a rabiboché avec Ernest-Antoine Seillière, alors président du Medef, avec lequel Nicolas Sarkozy était en mauvais termes.

Mais après la défaite des européennes de 1999, l’espoir de la droite est à nouveau tenté de renoncer à la politique. Il a abandonné toute fonction au sein du RPR. Il n’est plus que maire de Neuilly et parle une fois de plus de commencer une nouvelle vie. Il faut à nouveau monter un comité de soutien ! La banque Rothschild lui tend la main et sollicite son cabinet. Édouard de Rothschild l’associe notamment à des affaires qui les passionnent particulièrement l’un et l’autre : les médias. Ils discuteront ensemble de tous les dossiers de fusion, de rachat qui agitent la presse et l’audiovisuel à cette époque-là. Mais dans le plus grand secret.

 


[1] À la suite d’une plainte, déposée en 2004, par deux fonds de pension allemands, acquéreurs de tours ayant appartenu à la CGIS, une enquête judiciaire révélera l’existence de 45 000 mètres carrés supplémentaires construits illégalement dans le quartier.

« Le secret de Rothschild, c’est le secret »

Quelle a été l’ampleur de l’aide de la banque à Nicolas Sarkozy pendant toute cette période ? « Très limitée. La banque lui payait des honoraires normaux d’avocat », assure David de Rothschild, qui refuse d’en dire plus. Comme le feront Antoine Bernheim, la famille Dassault, Bernard Arnault, le groupe Bouygues, Jean-Marie Messier, Albert Frère, Paul Desmarais, le publicitaire Gilbert Gross, Jean-Claude Darmon et tant d’autres.

David et Édouard se tiendront toujours en retrait, refusant tout affichage de cette aide passée. On ne les verra pas le 6 mai 2007 à la soirée du Fouquet’s, alors que tous ceux qui l’ont soutenu durant ces longues années se pressent pour fêter la victoire de leur candidat. Par la suite, nombre de ceux qui l’ont aidé dans sa traversée du désert auront droit à leur récompense, avec chaque fois de vibrants remerciements. Antoine Bernheim sera fait grand-croix de la Légion d’honneur dès le 13 juillet 2007, Nicolas Sarkozy rappelant qu’il lui devait tout. Paul Desmarais et Albert Frère le seront l’année suivante, et le chef de l’État rappellera de nouveau ce qu’il doit au premier. Bernard Arnault sera promu grand officier en 2011. Et une nouvelle fois, le Président lui rendra hommage pour son soutien dans les temps difficiles.

Mais sur la liste des promus de la Légion d’honneur, décoration très prisée de ce quinquennat, ne figurent ni David ni Édouard de Rothschild. Une longue fréquentation du pouvoir, dispensée par la mémoire familiale, leur a enseigné combien la recherche des distinctions du moment, l’étalage pouvaient devenir un jour préjudiciables. L’association au grand jour de la finance et de la politique finit par ne jamais faire bon ménage. La banque Rothschild, qui a payé par le passé pour de telles erreurs, n’est pas près de les réitérer.

Et puis, le métier de banquier d’affaires s’accommode mal des feux de la rampe. « Le secret de Rothschild, c’est le secret », dit David, reprenant à son compte la formule d’André Meyer, banquier de génie de Lazard, après guerre. La magie du nom, de la réussite de la maison tient aussi à cela. Mais pour continuer à opérer, elle doit se tenir dans une certaine pénombre, nimbée de mystère et de brouillard. Une lumière trop crue en dissiperait tous les effets.

--------------

Rothschild, une banque au pouvoir
Par Martine Orange. Parution septembre 2012. Albin Michel. 368 pages. 20 euros

 


Partager cet article
Repost0
20 septembre 2012 4 20 /09 /septembre /2012 21:59

 

Le Monde.fr avec AFP | 20.09.2012 à 09h37 • Mis à jour le 20.09.2012 à 11h50

 
La SNCF va délocaliser une partie de ses activités informatiques en Europe de l'Est et en Espagne selon une information du "Parisien".

Le groupe américain IBM, qui vient de remporter le contrat de surveillance du fonctionnement des logiciels de la SNCF, a entrepris de délocaliser vers l'Europe de l'Est cette activité jusqu'ici réalisée en France, selon Le Parisien.

Ce contrat était assuré jusqu'à présent par la société française de services informatiques Steria, dont les salariés étaient détachés dans les locaux de la SNCF et travaillaient aux côtés des cheminots informaticiens.

 500 EMPLOIS VONT DISPARAÎTRE D'ICI À 2013

Le pilotage de l'informatique du service des ressources humaines sera pour sa part transféré à une filiale espagnole du groupe français Sopra. "Deux cent soixante emplois de sous-traitants vont être supprimés et 45 postes de cheminots non remplacés. D'ici à 2013, ce sont 500 emplois en tout qui vont disparaître", déplore Hervé Giudici, secrétaire général de l'Union fédérale des cadres et agents de maîtrise de la CGT Cheminots, cité dans le journal de jeudi 20 septembre.

Interrogée par le quotidien, la direction de la SNCF a confirmé que certains de ses sous-traitants informatiques employaient du personnel à l'étranger, chiffrant son nombre à 260 personnes, au Maroc et dans d'autres pays de l'Union européenne. "En même temps, nous avons augmenté de 70 le nombre de nos informaticiens en France", a-t-elle ajouté.

 

Partager cet article
Repost0
20 septembre 2012 4 20 /09 /septembre /2012 21:52

 

Le Monde.fr avec AFP | 20.09.2012 à 10h12 • Mis à jour le 20.09.2012 à 10h47

 
En 2009, 38 % des autoentrepreneurs étaient des femmes.

A peine un quart des pionniers du régime de l'autoentreprise sont parvenus, sur ses trois premières années d'existence, à dégager un revenu continu et celui-ci était, dans neuf cas sur dix, encore en dessous du smic l'an passé, selon des chiffres publiés jeudi 20 septembre par l'Insee. Dans le détail, 328 000 créateurs d'une autoentreprise ont été recensés en 2009 – année d'entrée en vigueur du régime –, mais seuls 79 000 en ont tiré, de façon continue sur les trois premières années, un revenu qui, en 2011, était inférieur au smic pour 90 % d'entre eux.

La moitié seulement (174 000) de ces pionniers ont ainsi pu être considérés comme économiquement actifs la première année car ayant déclaré au moins 1 euro de chiffre d'affaires dans un délai de quatre trimestres. Les 328 000 premiers autoentrepreneurs ont représenté en 2009 plus de la moitié des créateurs d'entreprises, deux tiers des non-salariés nouvellement installés et 13 % de l'ensemble des non-salariés.

 TRENTE-HUIT POUR CENT DE FEMMES

Au bout de trois ans, un peu moins d'un tiers (102 000) étaient toujours actifs, c'est-à-dire qu'ils avaient déclaré au moins 1 euro de chiffre d'affaires sur l'année 2011. Cependant, "peu ont quitté l'autoentrepreneuriat pour rejoindre le régime non salarié classique", précise l'institut sans donner de chiffres. A l'inverse, "par les simplifications administratives et fiscales qu'il permet, le statut d'autoentrepreneur attire certains non-salariés qui exercent déjà une activité indépendante sous un régime classique".

Le revenu moyen annualisé des créateurs d'autoentreprises économiquement actifs était d'environ 4 300 euros en 2009, alors que celui des créateurs classiques était plus de trois fois supérieur (14 100 euros). D'ailleurs, les autoentrepreneurs actifs exercent souvent en parallèle une activité salariée, note l'Insee. En 2009, 38 % d'entre eux étaient des femmes, plus de la moitié avaient moins de 40 ans et 60 % avaient choisi les services comme secteur d'activité.

Lire notre entretien avec Sylvia Pinel, la ministre du commerce : 'Le statut d'autoentrepreneur doit évoluer' (édition abonnés)


Partager cet article
Repost0
20 septembre 2012 4 20 /09 /septembre /2012 20:28

 

 Novlangue 20/09/2012 à 19h06

Mathieu Deslandes | Journaliste Rue89

 


Une contortionniste au Festival de Cannes, le 23 mai 2012 (Anne-Christine Poujoulat/AFP)

Le pacte budgétaire européen suscite au sein de la majorité une folle créativité sémantique. En dehors de quelques « non » francs (Marie-Noëlle Lienemann), on observe beaucoup de contorsions chez :

  • tous ceux que ce traité n’emballent pas mais qui ne veulent pas bafouer l’autorité du duo Hollande-Ayrault ;
  • tous ceux qui l’acceptent mais ne veulent pas se mettre à dos l’aile gauche du parti à cinq semaines du congrès de Toulouse ;
  • tous ceux qui ne savent plus très bien quoi penser.

Florilège.

Le « non de soutien »

Forgée par le député de l’Essonne Jérôme Guedj, cette formule est à la fois la plus faux-cul et la plus absurde. Le ministre des Relations avec le Parlement, Alain Vidalies, lui a répondu par une évidence :

« La meilleure façon de soutenir quelqu’un, c’est de dire “oui”. Le “non de soutien”, ça n’existe pas ! »

Le « oui de soutien »

C’est la lapalissade opposée à la formule précédente par Bruno Le Roux et François Rebsamen, les patrons des groupes socialistes à l’Assemblée et au Sénat.

Le « oui raisonnable »

Le choix de la raison, pas celui du cœur : ainsi Philippe Martin, le député du Gers, souligne-t-il son manque d’enthousiasme.

Le oui de désamour

L’ancienne ministre des Affaires européennes Elisabeth Guigou a affirmé au JDD.fr qu’elle « n’aime pas ce traité », qu’elle le trouve même « superflu » mais estime « qu’il n’est pas nécessaire d’aimer un traité pour le ratifier ». Elle le considère comme un mal nécessaire :

« Si on veut faire plus et mieux en Europe, il faut le ratifier. »

Le « oui de résistance »

Voilà le slogan retenu par Bernard Cazeneuve, eurosceptique mais actuel ministre des Affaires européennes. Sa « résistance » est dirigée contre « le fédéralisme technique », son « oui » est censé signifier l’espoir d’une « intégration solidaire », dont ce traité serait une « première étape »...

Le non « à titre personnel »

La formule « à titre personnel » est censée atténuer l’opinion exprimée – on se souvient du choix de Bayrou « à titre personnel » pour Hollande entre les deux tours de la dernière élection présidentielle.

Cette fois, c’est François de Rugy, le coprésident du groupe EELV à l’Assemblée qui y recourt : « A titre personnel, je voterai contre », a-t-il indiqué au Figaro. Avant d’ajouter :

« N’en faisons pas une affaire. Ce traité n’est pas un acte fondateur pour la France et l’Europe. »

L’abstention solidaire

C’est l’option retenue par tous ceux qui, comme le député de l’Ardèche Olivier Dussopt, veulent voter non mais ne sont pas prêts à rompre « la solidarité gouvernementale ». C’est aussi l’attitude prônée par Pascal Canfin, le vert ministre délégué au Développement.

Le vote « pas pour »

La députée du Doubs Barbara Romagnan ne votera pas tout à fait « contre » ; elle ne votera « pas pour » – nuance. Elle l’a écrit dans une tribune publiée par Libération :

« Ce que je vais exprimer par mon vote, c’est une volonté de dépasser le TSCG. »

Mais elle en fait des caisses pour ne pas être vue comme une vilaine dissidente :

  • « dans le sens de l’action de François Hollande, il faudra soutenir une augmentation du taux de la taxe sur les transactions financières » ;
  • « il n’y a rien de plaisant à se retrouver minoritaire dans le vote d’un texte présenté par sa majorité au risque de sembler vouloir s’en démarquer » ;
  • « c’est un choix de conviction motivé par un engagement politique entier en faveur de la mise en œuvre du projet socialiste. »

Le oui « fort »

C’est celui que Jean-Marc Ayrault appelle de ses vœux. Il l’a répété mercredi 19 septembre : « Plus le vote sera fort, plus la voix de la France sera forte, plus nous pourrons continuer à travailler à la réorientation de l’Europe. » Pour les durs à cuire, il a tenté une raffarinade :

« Pour gravir un escalier il est pertinent de ne pas s’arrêter à la première marche. »

Le oui sarkozyste

Les parlementaires UMP n’auront aucune difficulté à voter le texte présenté par le gouvernement. Ils répètent tous que c’est, à la virgule près, le « traité signé par Nicolas Sarkozy en mars dernier ». Et en profitent pour s’admirer en « opposants constructifs ».

 

Partager cet article
Repost0
19 septembre 2012 3 19 /09 /septembre /2012 13:30

 

 

Ils ne sont ni “atterrés”, ni hétérodoxes, mais proches du PS et soutiens de François Hollande à la présidentielle. Et ils sont inquiets. En plein débat sur le traité européen et à un mois de la discussion sur le budget 2013, plusieurs économistes remettent désormais en cause l’objectif, défendu par l’Elysée et Bruxelles, d’un retour à 3 % du déficit l’an prochain. Un choix qui a conduit le président de la République à annoncer le plus important plan d’austérité depuis 50 ans, mais qui pourrait plonger la France dans la récession.

 

D. CohenD. Cohen
« Nous sommes bien ici face au risque d'une spirale où le resserrement budgétaire et l'affaiblissement de la croissance s'alimentent mutuellement », écrivaient mi-août Philippe Aghion, professeur d’économie à Harvard, et Jacques de Larosière, président du think tank Eurofi. « La Commission doit tout remettre à plat : ce seuil de déficit à 3 % de PIB est beaucoup trop procyclique : quand tout va bien, il est facile à atteindre, quand tout va mal, il est impossible. Nous sommes en train de créer de toutes pièces une crise artificielle. Il est grand temps de désarmer ce piège dans lequel nous allons tous tomber collectivement en 2013 », affirmait la semaine dernière l’économiste Daniel Cohen, soutien de Martine Aubry durant la primaire, avant de se rallier à François Hollande (lire notre enquête sur les économistes engagés dans la primaire du PS).

A lire: 3% de déficit, petite histoire d’une équation arbitraire

 

P. MartinP. Martin
« Cet objectif de 3 % en 2013 est un piège que la France se tend à elle-même !… Il faut avoir un calendrier plus flexible, mais aussi plus crédible sur le long terme », estime aussi Philippe Martin, professeur au département d’économie de Sciences Po. Soutien de Hollande à la présidentielle (lire ici la tribune des économistes pro-Hollande avant le premier tour), lui aussi pense qu’il faut tailler, à terme, dans les dépenses publiques. Il dénonce la « gabegie des gouvernements précédents » et juge un plan de relance totalement irréaliste. Mais pour Philippe Martin, « c’est une stratégie budgétaire sur dix ou vingt ans qu’il faut avoir, pas sur deux ans ! Même les marchés financiers peuvent aujourd’hui comprendre qu’un plan d’austérité aussi massif et concentré aura un impact très négatif sur la croissance ».

En clair : ces économistes proches du PS craignent que le plan français d’austérité ne pénalise encore davantage la consommation, donc l’activité économique. Un phénomène qui rendrait encore plus difficile le retour à l’équilibre des finances publiques, et qui conduirait à de nouvelles mesures de rigueur, à leur tour mortifères pour la croissance. Sur le fond, Aghion et Cohen sont pourtant convaincus de la nécessité de réduire les déficits et que le niveau d’endettement de la France rend impératif des « réformes structurelles ». C’est le calendrier négocié avec Bruxelles qui leur pose problème.

Même certains conseillers de François Hollande s’en inquiètent en privé ou à demi-mots. « On est plutôt parti pour essayer de respecter nos engagements. On reste complètement dans le serrage de boulons. Après, on ne peut pas prédire si on va réussir », estime prudemment l’un d’entre eux, quand un autre croit savoir que François Hollande et Jean-Marc Ayrault se sont déjà résolus à échouer à parvenir à 3 % de déficit en 2013. « Oui, ils sont conscients qu’ils n’y arriveront pas. Ils pensent que ce sera 3,5 %. » Mais, prévient un ministre qui tient à rester anonyme, « la France ne peut pas dire toute seule en Europe qu’elle ne va pas suivre l’objectif, c’est impossible ! On commence à préparer le terrain à plusieurs ».

 

" On ne prépare pas non plus un budget sauvage à la grecque ! "

En clair : Hollande, sous pression de l’Allemagne, ne pourrait se résoudre à demander un délai supplémentaire qu’à condition que d’autres pays suivent le même chemin – de préférence ceux félicités jusqu'ici par Bruxelles pour leur discipline budgétaire comme les Pays-Bas ou la Finlande. L’Espagne et le Portugal, en pleine récession, ont quant à eux déjà obtenu un délai supplémentaire (lire « L'Europe concède un peu de temps aux pays en difficulté »). « La France ne peut pas, aujourd'hui, prendre le risque de décider unilatéralement de sortir des clous. Il y va de la crédibilité de sa signature. Le débat ne peut se faire qu'au niveau européen », affirme également l’économiste Daniel Cohen.

 

Philippe AghionPhilippe Aghion© DR.

 

Autre piste possible : revoir le calcul du déficit, en s’attachant au seul déficit structurel, ce qui permet d’évacuer les aléas liés à la conjoncture économique. C’est notamment ce que défend l’économiste Philippe Aghion. Et sur ce point, François Hollande pourrait s’appuyer sur le traité sur la stabilité, la coordination et la gouvernance (TSCG), qui consacre “la règle d’or” pour les finances publiques, mais qui se concentre justement sur le déficit structurel.

Mais officiellement, à Matignon comme à l’Elysée, François Hollande et Jean-Marc Ayrault s’accrochent à leur objectif. « L’engagement de revenir à 3 % sera tenu, martèle un proche conseiller du premier ministre. Parce qu’on ne peut pas et qu’on ne veut pas faire autrement. Sinon, à terme, on sera dans la même situation que l’Espagne ! Et on devra emprunter à des taux qui nous feront perdre 10 milliards d’euros par an… Et là, on ne prépare pas non plus un budget sauvage à la grecque ! » « On est convaincu que notre stratégie est la bonne pour la France, pour des raisons de crédibilité et de maintien de nos conditions d’accès aux marchés. Notre niveau de déficit et d’endettement est tel que c’est maintenant qu’il faut faire des efforts », explique-t-on aussi à Matignon.

 

Pierre-Alain MuetPierre-Alain Muet© DR.

 

Un choix que défend également le député socialiste Pierre-Alain Muet, fort de sa double casquette d'économiste et de vice-président de la commission des finances de l'Assemblée : « Je comprends les interrogations des économistes, mais je maintiens qu'il faut revenir vite à 3 % parce que c'est le niveau à partir duquel la dette cesse d'exploser et que ce n'est qu'une fois la dette stabilisée qu'on peut faire une politique économique plus équilibrée », explique-t-il. Pour éviter tout « effet dépressif », « il faut mener une politique subtile, il faut faire de la chirurgie fine, mais c'est possible », promet Pierre-Alain Muet. En évitant de trop pénaliser les ménages et en créant 150 000 emplois d'avenir, le député est persuadé que la France pourra s'en sortir. À condition aussi que l'Europe prenne le relais en « compensant la consolidation budgétaire » par les mesures de croissance.

Mais combien de temps le couple exécutif tiendra-t-il cette ligne ? Sur TF1, début septembre, François Hollande a déjà abaissé la prévision de croissance pour 2013 à 0,8 %. Les prévisions des économistes penchent plutôt pour 0,3 %. Et si l’avenir leur donne raison, c’est une dizaine de milliards de plus que le gouvernement devra trouver pour contenter Bruxelles.

 

A lire: 3% de déficit, petite histoire d’une équation arbitraire

 

 

Partager cet article
Repost0
19 septembre 2012 3 19 /09 /septembre /2012 13:00

 

 

Le Monde.fr avec AFP | 19.09.2012 à 14h55

 
Le pouvoir d'achat devrait continuer à diminuer en 2012 et 2013, comme en 2010 et 2011.

Le pouvoir d'achat des ménages français devrait reculer de 1,2 % par an en 2012 et 2013, soit au total quatre années consécutives de baisse, annonce, mercredi 19 septembre, le Crédoc (Centre de recherche pour l'étude et l'observation des conditions de vie).

"En 2012 et particulièrement en 2013, le revenu des ménages sera impacté par les hausses d'impôts, les faibles revalorisations des prestations sociales [retraites, allocations familiales] et la pression sur les revenus d'activité", estime le Crédoc, dans le cadre de la présentation de l'enquête semestrielle des Cahiers de la consommation. Et le léger ralentissement de l'inflation prévu par le Crédoc ne devrait pas suffire à contrebalancer l'impact sur le pouvoir d'achat de cette faiblesse des revenus après impôts.

 

COMPORTEMENTS "DE PRÉCAUTION"

Dans ce contexte, les dépenses de consommation en volume ne devraient progresser que de 0,1 % en 2012 et de 0,4 % en 2013, après une croissance de 0,2 % en 2011, ajoute le centre de recherche. Si on tient compte de la progression du nombre de ménages d'environ 1 % par an, les dépenses en volume par ménage enregistreraient une baisse, précise le Crédoc.

Aussi, les consommateurs français devraient continuer à adopter majoritairement des comportements "de précaution" (taux d'épargne élevé, report des achats de biens durables, baisse des dépenses discrétionnaires, ou encore volonté de se désendetter). "L'ampleur de la crise économique et le fait qu'elle s'inscrive dans la durée font que de plus en plus de ménages sont contraints à modifier leurs comportements et arbitrages de consommation", ajoute le Crédoc, qui cite notamment le succès des "bons plans" (soldes, promotions, ventes privées sur Internet) et une progression de l'attention portée au prix, qui atteint "un niveau inédit".

L'organisme de recherche note également un fort développement des "modes de consommation alternatifs", tels que les achats groupés, la revente ou le troc d'objets d'occasion, le partage d'automobiles, etc. La proportion de consommateurs ayant déjà vendu un produit d'occasion sur Internet est ainsi passée de 15,5 % en 2007 à 38,3 % en 2012.

 

Partager cet article
Repost0
19 septembre 2012 3 19 /09 /septembre /2012 12:53

 

Marianne - Mardi 18 Septembre 2012 à 13:16

 

Philippe Bilger
Philippe Bilger a été juge d’Instruction et avocat général. Il est actuellement magistrat... En savoir plus sur cet auteur

 

Violences dans les écoles, au sein des cités, à la Cour... Notre blogueur associé Philippe Bilger exprime son indignation sur les récents faits divers et l'absence de réponses de l'Etat.

 

(Une école toulousaine - FRED SCHEIBER/20 MINUTES/SIPA)
(Une école toulousaine - FRED SCHEIBER/20 MINUTES/SIPA)
L'indignation est un sentiment qui ne s'use pas. Il est à notre disposition comme un vivier au sein duquel on peut puiser à foison. Il ne répare rien mais permet un défoulement.
 
Des magistrats sont frappés, des enseignants roués de coups. Des fonctionnaires de police trop souvent présumés coupables. Une politique pénale dont l'axe fondamental, avec une mansuétude doctrinaire, est de réduire coûte que coûte la population carcérale. Un délitement profond, progressif, fatal de nos institutions, de nos services publics, une dégradation du savoir-vivre collectif, de l'urbanité au jour le jour — pas seulement dans le métro ! —, un pays qui clairement décline et, pour se consoler, constitue ces dérives inéluctables comme une adaptation intelligente aux réalités.
 
On s'indigne, c'est sûr, mais on n'est pas dupe : on fait semblant, dans les multiples débats médiatiques, d'analyser et de proposer, d'expliquer et d'espérer. Derrière cette apparence, qui croit encore que cette accumulation de démolitions à la fois sociales, familiales, scolaires, judiciaires, civiques et morales, entassées les unes sur les autres et aggravées au fil du temps, des gouvernements, des présidences, des démissions et des lâchetés, pourra être défaite, dissoute ? Au fond de nous, le tocsin lucide et vigilant ne cesse pas de résonner, il nous signifie à chaque seconde que le pire n'est pas encore sur nos destinées et notre nation puisqu'il sera pire demain. L'impuissance d'Etat est une plaie bien plus mortelle que la raison d'Etat qui manifeste au moins que celui-ci existe.

«Une société qui prend l'eau»

L'indignation est l'unique remède qui nous reste. La mère qui à la télévision vient justifier les gifles qu'elle a portées, presque avec fierté, à un professeur (France 2). Les présentateurs, journalistes, personnalités exhibant leurs fautes de français comme des trophées. Les massacres causés par des meurtriers ayant perverti l'islam mais qu'on n'est pas loin d'imputer à la haine de l'islamisme, ce qui est confondre les tueries avec les mobiles. Des cités devenues des zones de non droit à cause de minorités imposant leur loi à une majorité d'honnêtes gens. Des justiciables, faute de mots, choisissant de parler avec leur corps et leurs coups. La détestation frénétique inspirée par un Richard Millet mais l'acceptation honteuse et tangible de mille scandales glissés malicieusement dans notre quotidien, dans notre communauté. Le clientélisme culturel, les idolâtries stipendiées, les tristes compromissions d'un monde se contentant de la nostalgie des valeurs et des principes. La pensée et le langage réduits au plus incolore, inodore. Mais châtiés quand ils s'évadent. On respire sur un volcan à petit feu.
 
On s'indigne mais parfois la liberté humaine nous fait payer un prix trop lourd et la faiblesse de l'Etat une rançon trop insupportable.
 
Alors on s'offre «une première». Une psychiatre à Marseille va être renvoyée devant le tribunal correctionnel pour homicide involontaire parce qu'elle aurait commis «des fautes graves et caractérisée» dans le suivi d'un patient schizophrène auteur d'un assassinat en 2004 (Le Parisien). Dans l'arbitrage à opérer entre les incuries reprochées et les terrifiantes conséquences d'une liberté très fortement dégradée, où s'arrêtera le curseur ?
 
J'éprouve comme un malaise devant cette société qui prend l'eau de toutes parts — tout catastrophisme n'est pas une absurdité, une facilité de l'aigreur — et tente de colmater les brèches avec des incriminations ponctuelles, ici ou là, de responsables peut-être coupables. Parce qu'il est trop dur, impossible même de redresser la barre, de mobiliser l'équipage, de fixer un cap et d'inculquer par l'exemple une certaine manière d'être ensemble. Et de la faire respecter avec autorité et conviction.
 
Tout fout le camp, dit-on, parfois, pour se moquer de son propre pessimisme. Mais si c'était vrai? Si la politique n'était que le moyen de faire semblant d'agir ?

 

La société s'effrite... que fait l'Etat ?
Retrouvez d'autres articles de Philippe Bilger sur son blog.
Partager cet article
Repost0
19 septembre 2012 3 19 /09 /septembre /2012 12:45

 

Mardi 18 Septembre 2012 à 18:20

 

 

La première entreprise pharmaceutique française a annoncé le 5 juillet dernier un plan de restructuration qui pourrait concerner entre 1 200 et 2 500 emplois d'après des syndicats qui craignent aujourd'hui des mesures plus radicales.

 

(Les employés du centre Sanofi de Toulouse, le 12 juillet 2012 - FRED SCHEIBER/20 MINUTES/SIPA)
(Les employés du centre Sanofi de Toulouse, le 12 juillet 2012 - FRED SCHEIBER/20 MINUTES/SIPA)
Le dossier Sanofi, la prochaine bombe qui attend Arnaud Montebourg ? Probablement, si l’on en croit le plan de restructuration de la première entreprise pharmaceutique française (cinquième mondiale) annoncé le 5 juillet dernier, menaçant, d'après les syndicats, entre 1 200 et 2 500 emplois sur un total de 28 000 en France. 
 
A l'époque, la direction du groupe faisait savoir à ses salairiés qu’une réflexion était en cours pour opérer une réorganisation dans ses services de recherche, un plan social déguisé, selon les représentants des salariés. Toulouse et Montpellier sont les deux sites visés. Le désengagement du centre de Toulouse, concernerait environ 600 salariés, 200 salariés seraient transférés du centre de Montpellier. La raison de cette cure d'amaigrissement, selon Sanofi ? La tombée dans le domaine public de son produit phare, l'anti-coagulant Plavix, qui génère à lui seul 6 milliards d'euros de chiffre d'affaires annuel.
 

Devant les députés, le remuant ministre du Redressement productif qualifiait alors le plan social en gestation de «parfaitement abusif», pointant les «cinq milliards de bénéfices» engrangé l’année dernière et les «2 milliards [du] premier semestre» (Sur les trois premiers mois de 2012, Sanofi a réalisé un bénéfice net de 1,83 milliard d'euros, NDLR). On sentait la verve du ministre chauffée à blanc par le dossier PSA… 

 
Deux mois que la rumeur entourant les suppressions de postes circule mais la direction n’a toujours pas communiqué publiquement sur le sujet, sinon pour ne rien dire, comme ce fameux 5 juillet ou le président de Sanofi France, Christian Lajoux, déclarait : «La question des effectifs n'est pas du tout abordée, car, à ce stade, ce serait prématuré». Ou encore le 13 juillet lorsqu'un porte-parole de l'entreprise annonçait «la volonté d'engager une phase de dialogue avec les partenaires sociaux dans le but de présenter un projet dans le courant du mois de septembre»… Sibyllin.
 
Aujourd’hui, les syndicats craignent que le plan soit plus important que prévu. Ils affirment avoir reçu des convocations pour cinq comités centraux d’entreprise (CCE) organisés mardi 25 septembre englobant la recherche, mais aussi les vaccins, les fonctions supports, l’activité vétérinaire et industrielles. Un comité de groupe extraordinaire doit également se tenir le 3 octobre.
 
Dans ce méli-mélo social, le ministre du Redressement productif a changé de discours depuis sa sortie, en juillet. «Quand une entreprise fait cinq milliards de profits, comme c'est le cas de Sanofi (...) elle a le droit de se réorganiser», a-t-il souligné sur le plateau de l'émission Capital, dimanche, tout en précisant : «J'accepterai votre plan de réorganisation si les syndicats sont d'accord, ajoutant, nous sommes obligés, toujours, de rééquilibrer les décisions, car elles sont parfois excessives». On a vu le ministre plus combatif... Du côté des syndicats, cette déclaration tombe plutôt mal. «En termes de forme, de fond et de timing, le ministre se trompe : ce n’est pas le moment d’envoyer ce signal à la direction !», a confié au site Usine nouvelle le syndicaliste CGT et secrétaire adjoint du CE Laurent Ziegelmeyer. Après sa –mauvaise– gestion du dossier PSA, Arnaud Montebourg aurait-il perdu la foi ?
Partager cet article
Repost0
19 septembre 2012 3 19 /09 /septembre /2012 12:34

 

 Bonnets d’âne 18/09/2012 à 20h01

Elsa Fayner | Journaliste Rue89

 

Lors d’une conférence dont Rue89 s’est procuré l’enregistrement, Atos propose d’attribuer des mauvaises notes à plus de salariés. Pour les pousser à partir ?

 


Des LEGO devant des ordinateurs (Kennymatic/Flickr/CC)

 

Chez le « leader européen des technologies de l’information » [PDF], c’est un peu comme à l’école. Lors de l’entretien individuel d’évaluation, chaque année, une note est attribuée au salarié en fonction de sa performance. S’il a largement dépassé les objectifs qui lui avaient été fixés, il décroche un 5, la note maximale.

Cette année, les directeurs d’Atos se retrouvent dans une situation inédite. Ils estiment que trop de bonnes notes ont été distribuées. Et qu’il va falloir rectifier le tir.

Ce ne sont pas d’éventuelles demandes d’augmentations pléthoriques qui inquiètent dans la société dirigée par l’ancien ministre de l’Economie, Thierry Breton. C’est autre chose, comme le révèlent les bandes-son de conférences téléphoniques organisées avec les managers et mises en ligne par la direction sur l’Intranet de l’entreprise à l’attention de ceux qui n’ont pas pu y participer. Rue89 se les est procurées.

Pas assez de mauvaises notes

Laurent Kocher est directeur général France chez Atos. C’est lui qui anime les conférences téléphoniques qui ont lieu plusieurs fois dans l’année avec les 500 managers d’Atos en France.

Celle du 5 juin 2012 a été consacrée aux manières de faire « progresser » la gestion des ressources humaines dans l’entreprise. Premier sujet abordé : les entretiens individuels. Pour un constat :

« On a une répartition statistique qui est surprenante puisqu’au total, les personnes qui ont atteint ou dépassé leurs objectifs sur l’année 2011 représentent 97% de notre effectif. »

Concrètement, poursuit Laurent Kocher :

  • 8% des salariés ont « très, très largement » dépassé leurs objectifs et ont été notés 5 ;
  • 35% ont largement dépassé leurs objectifs et ont été notés 4 ;
  • 54% ont atteint leurs objectifs globalement et ont été notés 3.

Autrement dit : 3% des gens n’ont pas atteint leurs objectifs. Plutôt que de s’en féliciter ou de s’interroger sur les raisons de ces exceptionnels bons résultats, le DG France déplore :

« [C’est] quand même, de façon générale, une répartition qu’on constate rarement, voire jamais dans d’autres structures. Et d’autre part, évidemment, qui est pas tout à fait en ligne – c’est le moins qu’on puisse dire – avec nos résultats globaux. »

Des quotas de notation ?

L’explication ne vient pas tout de suite. Laurent Kocher développe d’abord la « logique différente » qu’il appelle de ses vœux :

« Statistiquement, dans une organisation de grande taille, on doit pouvoir constater qu’il y a une part significative, mais pas majoritaire, de gens qui ont atteint leurs objectifs en les dépassant largement, [et sont notés] 4 ou 5. Pour fixer un ordre de grandeur, [je dirais] de l’ordre de 20% des gens. »

Autrement dit, l’entreprise doit compter 20% de salariés notés 4 ou 5. Et :

  • 60% de salariés qui atteignent leurs objectifs (« L’ordre de grandeur que l’on peut constater en général ») ;
  • 20% de salariés « qui n’ont pas forcément atteint leurs objectifs ».

Le terme de « quotas », n’est pas mentionné, mais c’est l’idée. Il faut une « évaluation plus différenciée, plus exigeante de la performance de nos collaborateurs », poursuit le meneur de la discussion :

« Ça veut dire qu’il faut qu’on élève notre niveau d’exigence collective. Pourquoi ? Parce que c’est le niveau d’exigence de nos clients, c’est le niveau d’exigence de nos concurrents.

Donc ça veut dire qu’il est indispensable que vis-à-vis de l’ensemble de nos collaborateurs, nous positionnions le curseur au bon endroit, à l’endroit où nos clients nous attendent, à l’endroit où ça nous permet de gagner et de délivrer de façon satisfaisante et à l’endroit où nos concurrents sont positionnés et donc gagnent des affaires et obtiennent la satisfaction de leurs clients. »

Conférence téléphonique animée par Laurent Kocher, DG France d’Atos

Le 5 juin 2012

Contacté, le DRH d’Atos dément « fermement » l’existence de « quotas de notation » :

« Je démens que ces données aient été assignées comme des objectifs. Elles correspondent à la vision qu’on retrouve souvent quand on regarde d’autres entreprises de taille similaire. C’est une vérité constatée ailleurs que chez Atos. »

Par ailleurs, la jurisprudence tend aujourd’hui à condamner la pratique des quotas de notation. La cour d’appel de Versailles, dans un arrêt du 8 septembre 2011, a notamment jugé un tel dispositif illicite.

« Ils seraient mieux en dehors de l’entreprise »

La conférence téléphonique se poursuit – les questions pourront être posées à la fin – pour préciser comment élever le niveau d’exigence. Un entretien de pré-évaluation va être mis en place, annonce Laurent Kocher. Pour que les cadres (les « managers ») puissent rapporter à leur supérieur « l’évaluation qu’ils prévoient » :

« [Pour] qu’on puisse, sur une base statistique, voir comment ces évaluations se répartissent, se déploient. »

A l’écouter, il s’agit, semble-t-il, de permettre de rectifier le tir, si ces pré-évaluations ne correspondent pas à une répartition prédéfinie. Absolument pas, répond le DRH Jean-Michel Estrade à la lecture de ce passage. Il juge que Laurent Kocher, en huit minutes, n’a pas eu le temps de bien exprimer sa pensée sur les entretiens d’évaluation,

L’entretien de « pré-évaluation » a un autre objectif : préparer le sort de ceux qui sont mal notés. Sur la bande-son, Laurent Kocher ne s’en cache pas :

« C’est une alerte quand on est évalué comme n’ayant pas atteint ses objectifs. »

Dans ce cas, il faut définir « des critères de mesure, des actions qui permettent au collaborateur de progresser ».

Après quelques mois d’efforts, que se passe-t-il si ces efforts ne donnent rien ?

« Si d’aventure, effectivement, vous constatez et que vous partagez avec les collaborateurs le fait qu’ils sont dans une difficulté réelle et qu’il vous paraît difficile, ou en tout cas qu’après les efforts qui ont été faits, il semble toujours compliqué pour eux d’atteindre les niveaux de performance qu’on attend, à ce moment-là, on souhaite mettre en place un certain nombre de programmes qui permettent de les aider de façon plus structurelle, voire, bien entendu, dans un certain nombre de cas, de leur permettre de retrouver une position sur le marché mais qui ne soit plus dans le cadre de la maison Atos. »

La phrase est longue, pleine de détours et de périphrases, mais elle est limpide : les salariés estimés en difficulté se verront attribuer une mauvaise note, qui pourra justifier leur mise à la porte. Ce qui, dans le contexte du minimum suggéré de 20% de « mauvais élèves », n’est pas sans soulever de questions. Virer des gens incompétents, pourquoi pas ; en déterminer le nombre à l’avance, c’est une pratique pernicieuse.

Conférence téléphone animée par Laurent Kocher, DG France d’Atos

Le 5 juin 2012

« Des gens en pleurs »

Un air de déjà-vu

IBM avait été dénoncé dans la presse en 2002 pour avoir instauré des « quotas » dans son système de notation des salariés. La directrice des ressources humaines, Dominique Calmant, avait réfuté à l’époque le terme, tout en reconnaissant l’existence de « fourchettes », dans une déclaration reprise par Le Monde [PDF].

 

Comme Rue89 le révélait début septembre 2012, des quotas sont bel et bien à l’œuvre dans l’entreprise aujourd’hui. Laurent Kocher a travaillé jusqu’en 2004 chez IBM.

Dans l’entreprise, depuis début juillet, plusieurs salariés ont été étonnés d’être convoqués pour un entretien individuel de mi-année, raconte Fabrice Fischer, délégué du personnel (Solidaires) :

« Nous sommes une quinzaine dans mon équipe et nous sommes quatre à avoir reçu un mail, mi-juillet, pour dire que nous étions en dessous des performances attendues, qu’il fallait venir à un entretien dans les jours suivants, et que de nouveaux objectifs nous seraient fixés à atteindre en trois mois. »

Ce que Fabrice aimerait savoir, c’est :

  • pourquoi certains salariés et pas d’autres ont été choisis pour un entretien de mi-année qui n’avait jamais été pratiqué jusqu’à présent. Le DRH, Jean-Michel Estrade, répond : ce sont les managers qui signalent les salariés en difficulté au service RH pour mettre en place « un plan d’amélioration personnelle, de la formation, du coaching » ;
  • d’où viennent les évaluations qui permettent de dire que les personnes convoquées sont en dessous des objectifs. Fabrice assure que certaines, dans son équipe, étaient au-dessus de leurs objectifs lors de l’entretien de fin 2011-début 2012 ;
  • ce qu’il va se passer s’il n’atteignent pas ces nouveaux objectifs au bout de trois mois.

Jack Toupet, coordinateur CGT, confirme l’information. Un tel e-mail aurait même été envoyé dans plusieurs équipes. Tandis qu’Edmond Stawski, de FO, constate un durcissement du management depuis le début de l’année, et voit aujourd’hui arriver « des gens en pleurs ».

MERCI RIVERAINS ! simla
Partager cet article
Repost0

Présentation

  • : Démocratie Réelle Maintenant des Indignés de Nîmes
  • : Le blog des Indignés de Nimes et de la Démocratie Réelle Maintenant à Nimes
  • Contact

Texte Libre

INFO IMPORTANTE

 

DEPUIS DEBUT AOÛT 2014

OVERBLOG NOUS IMPOSE ET PLACE DES PUBS

SUR NOTRE BLOG

CELA VA A L'ENCONTRE DE NOTRE ETHIQUE ET DE NOS CHOIX


NE CLIQUEZ PAS SUR CES PUBS !

Recherche

Texte Libre

ter 

Nouvelle-image.JPG

Badge

 

          Depuis le 26 Mai 2011,

        Nous nous réunissons

                 tous les soirs

      devant la maison carrée

 

       A partir du 16 Juillet 2014

            et pendant l'été

                     RV

       chaque mercredi à 18h

                et samedi à 13h

    sur le terrain de Caveirac

                Rejoignez-nous  

et venez partager ce lieu avec nous !



  Th-o indign-(1)

55

9b22