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7 janvier 2014 2 07 /01 /janvier /2014 16:50

 

 

Source : www.mediapart.fr


Désobéir à la politique de l'Union européenne

|  Par La rédaction de Mediapart

 

 

En Europe, le fossé ne cesse de se creuser entre l’échelon continental et national. Au premier l’initiative de la politique économique, au second le débat démocratique. Des chercheurs proposent de rompre avec cette logique.

Dans une tribune publiée sur le site de Regards, des chercheurs proposent de désobéir à l'Union européenne pour rompre avec sa matrice idéologique actuelle, libérale et conservatrice, et recréer les conditions favorables à une « politique de plein emploi, à une réorientation de l’économie en fonction des besoins sociaux, à l'intégration internationale solidaire et à une planification de la transition écologique ».

Lire sur le site de Regards (*ou à la suite de la vidéo)

 

Notre grand débat : En finir avec l'Europe (ou pas)

 

 

 

                                                         ************************************************

 

Source : www.regards.fr

 

Désobéir à l’Union européenne
Par Cédric Durand, Razmig Keucheyan| 7 janvier 2014

Désobéir à l'Union européenne (cc Eisenbahner)
cc Eisenbahner
 

Parti pris : Cédric Durand et Razmig Keucheyan – L’abandon par les élites européennes de toute ambition de progrès social, au profit d’une gestion de la stagnation, ne laisse d’autre solution que la rupture avec l’UE.

On a les rêves qu’on peut. Il n’y a pas si longtemps, les élites européennes ambitionnaient, dans le cadre de la stratégie de Lisbonne, de faire de l’Union européenne « l’économie de la connaissance la plus compétitive et la plus dynamique du monde d’ici à 2010, capable d’une amélioration quantitative et qualitative de l’emploi et d’une plus grande cohésion sociale ».

« Les élites européennes ont désormais intégré qu’un taux de chômage à 10% ou 12% est une donnée irréductible de la situation »

La crise est passée par là, et avec elle un long cortège de convulsions financières et de psychodrames institutionnels. Des ambitions d’autrefois il ne reste aujourd’hui plus rien : l’agenda de la compétitivité et de l’innovation n’a généré ni croissance, ni progrès social, ni encore moins de solutions aux grands défis écologiques de notre temps. À quoi rêvent désormais les élites européennes ? De stabilité. Que la catastrophe ralentisse son cours et leur laisse un peu de répit, ne serait-ce que pour quelque temps. C’est ce qui ressort des récents propos de Mario Draghi, le patron de la Banque centrale européenne, l’un des hommes les plus puissants du continent.

Contre toute attente, la tonalité des entretiens accordés la semaine passée par Draghi à la presse est optimiste. Il n’est bien sûr plus question de faire de l’UE l’économie « la plus dynamique du monde », et pas davantage d’y promouvoir la « cohésion sociale  ». Draghi se réjouit désormais de ce que le chômage semble se stabiliser en Europe à 12%. Le rythme de la croissance, ajoute-t-il, atteindra – peut-être – de 1,1% à 1,5%. Les mots « stabilité » et « stabiliser » sont prononcés pas moins de sept fois dans un entretien paru fin décembre dans le JDD. Les « incertitudes refluent », dit-il, invitant les gouvernements à « continuer sur le chemin des réformes ».

À la lecture des propos de Mario Draghi, une conclusion s’impose : les élites européennes – la frange de ces élites la moins encline à se raconter des histoires – ont désormais intégré qu’un taux de chômage à 10% ou 12% est une donnée irréductible de la situation. Elles ont intégré, par la même occasion, que la croissance restera déprimée, s’élevant au mieux à 1,5%, plus probablement autour de 0,5%. À supposer même que les « nouveaux modèles de croissance » que Draghi appelle de ses vœux voient le jour, leurs effets sur l’emploi ne se feraient sentir que dans des années, voire des décennies. Adieu la stratégie de Lisbonne. Gouverner la stagnation, tel est le nouvel horizon des dirigeants de l’UE.

« L’ "euro-keynésianisme" dont il était encore question au début de la crise n’est plus qu’un lointain souvenir »

Depuis le 19e siècle, les avancées démocratiques sont indissociables du développement économique et social. Les périodes de crise, quant à elles, génèrent souvent des raidissements autoritaires. Conformément à cette règle, la stagnation qui s’installe donne lieu à des processus de régression démocratique. En réponse à la crise, les États européens ont accepté un "grand bond en avant" dans l’intégration européenne. Ils ont pour cela abdiqué l’essentiel de leur capacité d’initiative en matière économique, au profit d’institutions de l’UE – comme la Banque centrale – dont les fondements démocratiques sont dans le meilleur des cas très faibles, mais le plus souvent inexistants.

Si la fabrique du politique est désormais européenne, cela n’implique pas pour autant que la vie politique elle-même le soit devenue. Le fossé ne cesse de se creuser entre l’échelon continental et national : au premier l’initiative de la politique économique, au second le débat démocratique. En l’absence de mouvement social à l’échelle du continent, ce fossé va continuer à se creuser, et la dé-démocratisation s’accentuer. Dans ce contexte, l’émergence d’une majorité de gauche en rupture avec le néolibéralisme, en capacité de gouverner l’UE, est tout simplement inconcevable. L’ "euro-keynésianisme" dont il était encore question au début de la crise n’est plus qu’un lointain souvenir.

Pourtant, les partis de la gauche européenne (PGE), réunis récemment en congrès à Madrid, semblent encore attachés à cette option. Un budget européen substantiel et une banque centrale soutenant les finances publiques, des investissements dans les infrastructures écologiques et une assurance chômage continentale, parmi d’autres mesures, permettraient à leurs yeux l’émergence d’une autre Europe. Hélas, les obstacles à la mise en œuvre d’un tel programme sont infranchissables. Ces mesures sont contraires au code génétique des traités européens en vigueur. La construction de l’Europe s’est effectuée autour du projet "ordo-libéral" d’économie sociale de marché. Comme l’a montré Michel Foucault, dans cette perspective, « la forme fondamentale de la politique sociale, ça ne doit pas être quelque chose qui viendrait contrebattre la politique économique et la compenser ».

« Ce n’est qu’une fois la rupture avec l’UE consommée que la vraie politique pourra commencer »

Il s’agit au contraire de permettre la prise en charge par le marché de l’ensemble des besoins sociaux. Le principe contraignant de concurrence libre et non-faussée, l’indépendance de la banque centrale, les limites à la politique budgétaire, la libre circulation des capitaux, l’absence de politique sociale unifiée, découlent mécaniquement de ces prémisses. Prétendre réorienter l’Europe suppose donc au préalable de briser cette machine infernale.

Au cas où elle connaîtrait des succès électoraux dans un ou plusieurs pays, ce qui est tout à fait possible, une gauche en rupture avec le néolibéralisme sera donc placée devant une alternative implacable : ravaler ses ambitions de transformation écologique et sociale afin de devenir euro-compatible, ou désobéir et in fine rompre avec l’UE. Il n’y a pas de troisième possibilité. Ce n’est qu’une fois la rupture avec l’UE consommée que la vraie politique pourra commencer : politique de plein emploi, réorientation de l’économie en fonction des besoins sociaux, intégration internationale solidaire, planification de la transition écologique…

Laisser imaginer, comme le font des secteurs majoritaires de la "gauche de la gauche", qu’une « autre Europe est possible » à partir de celle qui existe, comporte un risque : celui de susciter le pessimisme et la désespérance parmi les militants et les électeurs. D’ici aux élections européennes de juin prochain, clarifier cette question est donc une nécessité. Un seul mot d’ordre s’impose pour cette campagne : désobéissance à l’Union européenne !

 

Cédric Durand est maître de conférences en économie à Paris 13

Razmig Keucheyan est maître de conférences en sociologie à Paris 4

 

 

 

 

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7 janvier 2014 2 07 /01 /janvier /2014 16:01

 

 

Source : www.lepoint.fr

Le Point.fr - Publié le 06/01/2014 à 07:17 - Modifié le 06/01/2014 à 07:25

                                                                                                                                                                                                                             Selon le "Financial Times", la séparation entre les activités les plus risquées et celles liées à la banque de détail ne serait pas obligatoire.

 

Le commissaire européen chargé des Services financiers, Michel Barnier, devrait présenter un projet de directive sur la séparation bancaire fin janvier ou en février.  Le commissaire européen chargé des Services financiers, Michel Barnier, devrait présenter un projet de directive sur la séparation bancaire fin janvier ou en février. © David Vincent / NBC/AP/SIPA

                                                                                                                                                                                                                       La Commission européenne va renoncer à proposer une séparation stricte des activités bancaires en Europe, affirme le Financial Times dans son édition de lundi.

Un projet de directive européenne, vu par le quotidien britannique, ne prévoit plus que cette séparation entre les activités les plus risquées et celles liées à la banque de détail (prêts aux entreprises et aux particuliers) soit obligatoire. Cette séparation sera moins restrictive et les régulateurs nationaux se verront accorder plus de latitude dans l'application des nouvelles normes, ajoute le journal. En revanche, le projet prévoit d'interdire strictement à une trentaine de grosses banques d'investir en compte propre, c'est-à-dire d'utiliser leurs propres capitaux pour des activités de marché, afin de mieux les protéger.

Le commissaire européen chargé des Services financiers, Michel Barnier, doit présenter ce projet de directive "fin janvier ou en février", selon le FT. Il fait suite aux recommandations en 2012 du rapport Liikanen sur la scission des activités les plus risquées des banques de celles de banque de détail, dans le but d'éviter une répétition de la crise financière de 2008.

 

 

Source : www.lepoint.fr

 

 

 

 

 

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6 janvier 2014 1 06 /01 /janvier /2014 19:26

 

Source : www.reporterre.net

 

Dans la Somme, le projet des Mille Vaches veut transformer l’agriculture en industrie

Fabrice Nicolino (Reporterre)

lundi 6 janvier 2014

 

 

 

Cette semaine, alors que le projet de loi agricole est discutée à l’Assemblée nationale, une campagne est lancée par la Confédération paysanne contre le projet de ferme-usine des "Mille vaches". Dans la Somme, ce projet d’immense étable industrielle s’apprête à bouleverser l’élevage. Reporterre commence une série d’enquêtes sur ce projet inquiétant.


 

- Envoyé spécial, Drucat-le-Plessiel (Somme)

Soit un plateau de craie intensivement livré à la pomme de terre, à la betterave, au colza, au blé. Le fleuve qui a donné son nom au département se jette dans la Manche, dans cette si fameuse baie de Somme où prospère tant bien que mal une colonie de phoques veaux-marins. Plus haut, le puissant Nord-Pas-de-Calais des barons socialistes ; plus bas, l’Île-de-France des ministères et des grandes décisions. C’est là, tout près d’Abbeville, qu’on prétend ouvrir la plus grande ferme de la longue histoire agricole française. Mille vaches. Mille vaches prisonnières de l’industrie.

Quand on arrive sur le chantier de la Ferme des Mille vaches, il vaut mieux avoir le cœur en fête, car la plaine agricole fait vaciller le regard. À perte de vue, des immenses monocultures, rases encore en ce début d’hiver. Aucun arbre. Nulle haie. L’industrie de la terre. De Drucat, aller jusqu’au hameau Le Plessiel, puis prendre à gauche la départementale 928, sur environ 500 mètres, en direction d’Abbeville, qui n’est qu’à deux pas. C’est donc là. Mais où ?

Il faut s’arrêter juste avant le Centre de formation de l’Automoto-école de la ZAC, et prendre un chemin de boue grise qui le borde. À main gauche, un no man’s land de bâtiments préfabriqués, d’asphalte râpé et d’herbes clairsemées. C’est dans ce lieu guilleret que l’on apprend à manier motos et poids lourds, avant de s’aventurer sur la route. À main droite, trois cents mètres plus loin, le vaste chantier de la Ferme des Mille vaches. Un immense hangar posé sur des piliers en acier, sans murs encore, un petit bâtiment à l’entrée, un semblant de grue, deux bétonnières, quelques ouvriers de l’entreprise belge Vanbockrijck, spécialiste des « plaques de béton coulées pour les silos ».

L’objectif de cette usine en construction ? Produire du lait à un prix de revient très bas et transformer fumier et lisier des animaux en électricité au travers d’un gros méthaniseur.

 

 

Il en est plusieurs points de départ à cette stupéfiante affaire, mais le voyage en Allemagne préfigure de nombreux développements. Habitué aux mœurs du BTP – il en est un champion régional -, le promoteur Michel Ramery embarque le 14 avril 2011 une quarantaine de personnalités de la région. Par avion. Il y a là le maire socialiste d’Abbeville, Nicolas Dumont, des conseillers généraux, des maires, dont Henri Gauret, celui de Drucat, où pourrait être construit le méthaniseur (voir encadré ci-dessous). Gauret est d’une race si peu ordinaire que s’il accepte le voyage, il exige de le payer, ce que ne feront pas les autres.

Sur place, on leur fait visiter deux fermes modèles, avec méthaniseur bien sûr. Pas d’odeur, pas de malheur : tout a été soigneusement préparé.

Je me suis dit, "Pauvres bêtes !"

Et puis plus rien. Mais un jour d’août 2011, Henri Gauret découvre avec stupéfaction qu’une enquête publique doit commencer le 22 août, alors que la moitié de la population est en vacances. « Vous comprenez, dit-il à Reporterre, Drucat est un village résidentiel de neuf cents habitants. Des habitants d’Abbeville ou même d’Amiens ont fait construire ici pour le calme, la nature. Mes premiers contacts avec Michel Ramery, fin 2010, n’ont pas été mauvais, mais quand j’ai découvert cette histoire d’enquête publique, là, comme on dit, ça m’a drôlement interpellé ». Et Gauret alerte la population du village par un courrier déposée dans la boîte à lettres, déclenchant une mobilisation générale.

Gilberte Wable s’en souvient comme si c’était hier. « Cette histoire m’a mise en colère, dit-elle à Reporterre. Mon premier mot a été pour les vaches. Je me suis dit : ’Pauvres bêtes !’. Les enfermer à mille, dans un espace si petit qu’elles ne peuvent pas bouger leurs pattes, je ne pouvais pas supporter. J’ai pris un papier, un stylo, et j’ai rédigé une première pétition que j’ai fait signer un soir à mon Amap. Tout le monde a signé, mais on n’était encore qu’un groupuscule. Dans un deuxième temps, j’ai rallongé le texte, et on l’a fait circuler à Drucat, où près de 80 % des adultes ont signé. Après, il y a eu la réunion publique. »

Un autre moment fondateur. Le 26 septembre, deux cents personnes se pressent dans la salle polyvalente de Drucat, qui n’a pas l’habitude d’une telle foule. Ramery est là, en compagnie de Michel Welter, son chef de projet, et du sous-préfet. Henri Gauret, qui préside, s’inquiète fort de l’ambiance et regrette, aujourd’hui encore, certains mots employés contre Ramery par les opposants les plus chauds. « La colère grondait ! reprend Gilberte Wable. On a demandé à Ramery de s’expliquer, et il a juste lâché : ’Vous avez vos droits, j’ai les miens’. Le dialogue était impossible. Ce soir-là, je suis sûre qu’il pensait pouvoir passer en force. Il ne voyait pas que nous allions nous souder. Mais nous non plus ».

Habitué à tout obtenir des politiques (voir un prochain volet de notre enquête), Ramery a toujours dédaigné l’opinion, ce qui va lui jouer un mauvais tour. Car en effet, une équipe gagnante se met en place. Derrière Gilberte Wable et quelques autres pionniers apparaît un véritable tribun, Michek Kfoury, médecin-urgentiste à l’hôpital d’Abbeville. Et Kfoury, habitant de Drucat, ne se contente pas de fédérer l’opposition : il l’entraîne sur des chemins très inattendus.

Au passage, des centaines de contributions pleuvent sur le cahier de doléances de l’enquête publique, sans aucunement troubler le commissaire-enquêteur, qui donnera sans état d’âme un avis favorable. Le 17 novembre 2011, dans une certaine ferveur, naît l’association Novissen. Drucat est en pleine révolte populaire, ce dont se contrefichent, bien à tort, les élus locaux et les copains de Michel Ramery, qui sont souvent les mêmes. La suite n’est pas racontable ici, tant les épisodes du combat sont nombreux. Ceux de Novissen inventent leur combat jour après jour, inaugurant par exemple le 2 juin 2012 une Ronde des indignés sur la place Max Lejeune d’Abbeville, la sous-préfecture voisine.

Malgré tout, la machine officielle avance. En février 2013, le préfet accorde une autorisation d’ouverture portant sur cinq cents vaches, et non pas mille. Tout le monde comprend qu’il s’agit d’une simple ruse administrative : l’essentiel est de lancer l’usine à vaches, qu’on pourra facilement agrandir ensuite. Mais que faire ? Le principal renfort viendra de la Confédération paysanne, qui va mettre des moyens exceptionnels au service d’un combat commun.

Ce syndicat minoritaire, connu il y a dix ans par son porte-parole de l’époque – José Bové -, se dote d’un « responsable des campagnes et actions » jeune et enthousiaste, Pierre-Alain Prévost. Reporterre est allé l’attraper au siège de la Conf’, comme on appelle le syndicat, dans la banlieue parisienne.

« J’ai rencontré les gens de Novissen à Abbeville, confie-t-il, et puis nous nous sommes retrouvés pour une manif au Salon de l’Agriculture, en mars 2013. Et c’est alors que j’ai dit au Comité national du syndicat : ’Il faut y aller !’. J’ai creusé le dossier, j’ai appelé pas mal de gens, et on a commencé. Laurent Pinatel, notre porte-parole, a embrayé ».

Une visite mouvementée

À partir de juin 2013, la Conf’ prépare dans le plus grand secret une opération grand style. Ce qui donnera, dans la nuit du 11 au 12 septembre 2013, une visite mouvementée sur le chantier de la Ferme des Mille vaches.

 

 

Vingt syndicalistes peignent sur place une inscription de 250 mètres de long : « Non aux 1000 vaches ! ». Au passage, ils subtilisent des pièces des engins de chantier – qui seront rendues – et dégonflent les pneus des véhicules présents.

Non seulement Ramery porte plainte, ce qui peut se comprendre, mais son chef de projet, Michel Welter, se ridiculise en affirmant sans rire : « C’est du terrorisme pur et dur ». La suite est moins distrayante, car six personnes, dont le président de Novissen Michel Kfoury, sont placées en garde à vue, bien que l’association n’ait nullement été mêlée à l’action de la Conf’.

Cela n’altère d’aucune façon la détermination générale. Il faut dire que Novissen dispose d’un avocat en or massif, Grégoire Frison. Ce spécialiste du droit de l’environnement, installé à Amiens, reçoit Reporterre en rappelant quelques heureuses évidences. « Le fric, mais ça ne doit servir qu’à vivre mieux ensemble, pas à spéculer ! Un tel projet ne peut que créer de la misère sociale en ruinant des dizaines de petits éleveurs laitiers. En faisant disparaître nos potes. Oui, nos potes ! Ceux avec qui nous pouvons envisager un art de vivre, une communauté vivante. Ce que Ramery et ses soutiens déteste, c’est justement cette solidarité qui renaît entre paysans et néo-ruraux ».

Sur le plan juridique, explique Frison, le combat pourrait bien rebondir dès ce mois de janvier, grâce à une plainte déposée pour non-respect du permis de construire.

 

 

*Suite de l'article sur .reporterre.net

 

Source : www.reporterre.net

 

 


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6 janvier 2014 1 06 /01 /janvier /2014 18:56

 

Source : www.marianne.net

 

Le crime contre l'humanité des temps modernes
Lundi 6 Janvier 2014 à 11:30

 

*Michel Santi

 

Le crime contre l’humanité – aujourd’hui en 2013-2014 – consiste à ce qu’une des parties du monde censée être la plus riche et la plus confortable assiste à l’exclusion et à la misère du quart de sa population dans une indifférence totale.

Un SDF est allongé devant les vitrines de Noël des grands magasins à Paris - PRM/SIPA
Un SDF est allongé devant les vitrines de Noël des grands magasins à Paris - PRM/SIPA
Le constat est terrifiant. Eurostat  indique que 24.8% de la population européenne – soit près de 125 millions de personnes – étaient en 2012 « au seuil de la pauvreté et de l’exclusion sociale ». A force de s’ingénier à démanteler notre modèle social européen, l’ultra-libéralisme peut désormais crier victoire. Il est enfin parvenu à faire dépendre notre niveau de vie, notre pouvoir d’achat et nos emplois intégralement de la conjoncture économique, elle-même – on ne le sait que trop aujourd’hui – calquée sur les aléas des marchés boursiers et sur les profits du système financier.

En l’absence de remèdes macro-économiques pourtant à portée de main, devant le refus catégorique des dirigeants du Nord de soulager les populations meurtries du Sud, ces statistiques relatant la misère en Europe et le délitement de notre autrefois enviée solidarité sont condamnés à s’aggraver.

Nous refusons dorénavant d’accorder une protection basique à nos citoyens les plus fragiles et livrons sans scrupule leur existence et leur destinée aux cycles de l’activité économico-financière. Saviez-vous pourtant que tout ce gâchis aurait pu être évité ? Cette Europe où l’idéologie – depuis l’affaire Dreyfus au marxisme-léninisme pour en finir avec le nazisme – a fait tant de ravages. Cette Europe est effectivement encore et toujours esclave de l’idéologie qu’elle fait subir à une portion considérable de ses enfants. Idéologie qui veut aujourd’hui imposer l’austérité pour punir les pêcheurs et pour mater les cigales. Alors qu’il aurait été si facile d’accompagner au moins cette rigueur dictée à la périphérie par une politique expansioniste mise en place dans les pays riches.

Le crime contre l’humanité – aujourd’hui en 2013-2014 – consiste donc à ce qu’une des parties du monde censée être la plus riche et la plus confortable assiste à l’exclusion et à la misère du quart de sa population dans une indifférence totale.

Car, contrairement à ce qui nous est servi et assené quotidiennement, cette crise n’est pas la résultante de « l’ Etat social », tout comme cette crise ne sera certainement pas résorbée en diminuant les dépenses publiques pas plus qu’en dérégulant le marché du travail. Les sources de nos déboires sont de nature monétaire car l’Union européenne a dû fonctionner pendant dix ans avec des taux d’intérêt et avec une politique monétaire seulement adaptée aux besoins allemands. Dans une royale indifférence à la conjoncture en vigueur au sein des nations européennes périphériques, qui ont fatalement subi de multiples bulles spéculatives du fait de taux d’intérêt maintenus à des niveaux infimes afin de soulager une Allemagne qui en avait alors désespérément besoin.

C’est cette même idéologie mortifère qui fait des siennes aujourd’hui quand Francfort, quand Berlin et quand Bruxelles ne cessent de nous répéter que l’incontestable reprise économique ayant lieu aux Etats-Unis (mais aussi au Japon et en Grande Bretagne) repose sur des fondements « artificiels », à savoir sur les baisses de taux quantitatives (c’est-à-dire sur la création monétaire). Reprise économique « illégitime » basée sur une accumulation supplémentaire de dettes, alors qu’il est si sain de souffrir et d’expier ses pêchés et ses excès… Pourquoi cette Europe si doctrinale suivrait en effet les Etats-Unis, le Japon, la Grande Bretagne et même la très orthodoxe Suisse, dont la banque centrale a pourtant montré un activisme qui force le respect puisqu’elle détient aujourd’hui à son bilan un portefeuille d’obligations équivalent à 85% du P.I.B. helvétique ?

Pour sa part, l’Union européenne a décrété pouvoir s’en tirer sans artifices monétaires, totalement indifférente à la plus grave récession depuis la seconde guerre mondiale. Mais qu’est-ce qui cloche chez nous en Europe ?

Source : www.marianne.net

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6 janvier 2014 1 06 /01 /janvier /2014 18:25

 

 

Source : www.reporterre.net

 

Total envahit les écoles avec la bénédiction du ministère de l’Education

Camille Martin (Reporterre)

dimanche 5 janvier 2014

 

 

Une compagnie pétrolière promouvant les gaz de schiste et pratiquant l’évasion fiscale est autorisée par les autorités éducatives à venir faire cours dans les écoles : une pratique courante, comme le révèle Reporterre.


Le lobbying ne se déroule pas que dans les couloirs des ministères, de l’Assemblée nationale, de la Commission de Bruxelles, voire au sein de l’Elysée. C’est aussi dans les écoles que les grandes entreprises parviennent à s’insinuer, proposant aux enseignants des "outils pédagogiques" pour les aider à remplir le programme éducatif. Mais elles reçoivent l’appui des autorités du ministère de l’Education, comme le prouve le document que nous publions et que nous a envoyé une lectrice scandalisée - elle-même enseignante - à l’adresse planete (at) reporterre.net.

Il s’agit d’une lettre envoyée à en-tête de la République française par le Directeur académique de l’Académie de Bordeaux aux chefs d’établissement du second degré et écoles primaires de son ressort. Il les invite à réserver un bon accueil à l’entreprise Total, dont les "collaborateurs" pourront intervenir dans les classes pour des cours d’1h30.

 

 

"Tout comme les années précédentes" écrit-il, "dans le cadre du programme ’Planète Energies’ mis en place par le groupe Total en 2005, des collaborateurs de l’entreprise pourront intervenir dans les classes de CM1 à la Seconde, à la demande des enseignants, afin d’aborder la problématique énergétique."

Le directeur joint une présentation du programme Planète Energies, qui "propose des clés de compréhension sur toutes les énergies et leurs défis. Cette démarche pédagogique consiste à intervenir gratuitement dans des classes du CM1 à la 2e pour une durée d’1h30 environ afin de traiter de sujets en cohérence avec les programmes scolaires en vigueur :
- les énergies, renouvelables et fossiles
- la nécessité de limiter la consommation des énergies fossiles
- le développement des énergies renouvelables
- la découverte de l’entreprise TOTAL et de ses métiers pour les classes de 3e et de 2nde.

Nous fournissons aux professeurs et aux élèves de la documentation gratuite et adaptée au niveau de chaque classe. Nos animateurs (collaborateurs TOTAL) participent sur la base du volontariat et disposent du matériel informatique nécessaire."


 

Kit pédagogique de Total


Il va de soi que l’information délivrée par une entreprise qui pratique l’évasion fiscale pour ne pas payer d’impôts en France, qui promeut le gaz de schiste et qui exploite les sables bitumineux en Alberta (Canada) a une vision neutre et désintéressée des questions d’énergie.

L’agro-industrie se pose en professeur d’agriculture

 

*La suite de l'aticle sur reporterre.net

 

 

Source : www.reporterre.net

 


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6 janvier 2014 1 06 /01 /janvier /2014 17:48

 

Source : www.liberation.fr

 

 

 

Les 0,00001% vous souhaitent une très bonne année
Christian LOSSON 3 janvier 2014 à 21:26

 

 

Le milliardaire Warren Buffett et Bill Gates, le cofondateur de Microsoft, restent dans les cinq premières places du classement Bloomberg des milliardaires.

 

Le milliardaire Warren Buffett et Bill Gates, le cofondateur de Microsoft, restent dans les cinq premières places du classement Bloomberg des milliardaires. (Photo Rick Wilking. Reuters)

 

Les 300 plus grosses fortunes mondiales ont vu, l’an passé, leur richesse augmenter de 524 milliards de dollars.

 

 

On ne prête qu’aux riches ? Ils n’en ont jamais eu aussi peu besoin. Le club des 300 personnes les plus prospères du globe s’est en effet encore enrichi de 524 milliards de dollars l’an passé (385 milliards d’euros). Il pèse désormais 3 700 milliards de dollars, soit près d’une fois et demi le produit intérieur brut de la France. Dix fois la richesse du Venezuela. Cent fois celle de la Serbie. Mille fois celle du Burkina Faso. Ou encore, trente fois l’aide publique au développement allouée en 2012 pour lutter contre la pauvreté dans le monde. La seule rente de 524 milliards tombée l’année dernière dans l’escarcelle des milliardaires qui l’étaient déjà suffirait à sortir de la pauvreté extrême les 1,2 milliard d’habitants qui survivent sur la planète avec 1,25 dollar par jour. Voilà pour les comparaisons qui racontent comment va le monde.

Jamais les milliardaires ne se sont ainsi autant gavés d’argent qu’en 2013, assure le Bloomberg’s Billionaires Index (1). La faute, notamment, à une politique monétaire expansionniste des banques centrales. Elle favorise la prise de risque des investisseurs, dope les marchés financiers, comme le S & P 500, à Wall Street, qui a bondi de 30% (les 500 sociétés cotées valent 3 700 milliards de dollars de plus qu’un an plus tôt). Et elle permet aux riches détenteurs d’actions en Bourse de s’enrichir encore plus (lire ci-contre).

 

Culbute. Il avait rétrogradé, le voilà à nouveau au sommet. Bill Gates retrouve la première place au détriment du magnat des télécoms mexicain, Carlos Slim. L’an passé, Gates s’est donc goinfré de 15,8 milliards pour en totaliser 78,2. Il aura juste fallu laisser prospérer son portefeuille d’actions. Comme ses 4,5% dans Microsoft, fondée en 1975, qui ont gonflé de 40%. Ou ses actifs dans la Canadian National Railway (+ 34%), dans Ecolab (+ 45%), etc. Sans parler de son fonds d’investissement Cascade qui a fait la culbute…

Ce triomphe de l’économie casino récompense évidemment ceux qui ont fait des jeux d’argent leur business. Le deuxième plus grand bénéficiaire de l’an écoulé - 14,3 milliards - s’appelle ainsi Sheldon Adelson. Le créateur de la plus grande entreprise de casinos de la planète, Las Vegas Sands, a vu sa boîte gagner 71%, dont 58% des marges viennent de Macao, qui a trusté 45 milliards de revenus l’an passé…

L’aristocratie française, ancienne ou nouvelle, figure bien au palmarès de la richesse. Au 15e rang, Liliane Bettencourt (L’Oréal) a gagné 7,3 milliards et en pèse désormais 33,4. A la 18e place, Bernard Arnault (LVMH) a récolté 3,2 milliards et en vaut 31,4. François Pinault est 46e, Serge Dassault 66e, les frères Wertheimer (Chanel) 114e et 115e, Margarita Louis-Dreyfus 187e, Xavier Niel 195e

Damned, il y a quand même quelques pertes dans cet océan indécent de prospérité. Ainsi, 70 des 300 hyper-riches boivent (un peu) la tasse. Prenez Eike Batista, ex-numéro 7 mondial en 2012. Ce cador brésilien de l’industrie extractive à l’ascension fulgurante claironnait il y a encore quatre ans que partout où il creusait, il trouvait «quelque chose». Une faillite l’a propulsé au bûcher des vanités : 30 milliards partis en fumée. Une chute à l’image d’autres oligarques, victimes du renversement d’un cycle de hausse des matières premières qu’ils croyaient sans fin. L’Ukrainien Rinat Akhmetov lâchera donc moins dans les transferts du club de foot Chakhtar Donesk : il a paumé 5,1 milliards mais ne revendra pas forcément le penthouse le plus cher au monde, à Londres, acquis pour la modique somme de 221 millions. Et Oleg Deripaska, le Russe à la tête de Rusal, ex-leader de l’aluminium qui, avant la crise, rêvait de bâtir un port de luxe pour 800 yachts s’est vu (snif, snif !) délesté de 3,8 milliards.

Perf. Il y a peu de chances que cette année inverse la tendance. «Les riches devraient devenir encore plus riches», assure le Grec-Américain John Catsimatidis, milliardaire du Parti républicain à la tête du groupe Red Apple. Pourquoi ? Parce que les banques centrales vont continuer à prêter de l’argent quasi gratuitement. «Comme les taux d’intérêt vont rester bas, les marchés d’actions vont continuer à augmenter et l’économie progressera d’au moins 2%», ajoute-t-il. Pas sûr, pour autant, que le MSCI mondial, l’indice boursier qui mesure la perf des Bourses des pays riches, qui a pris 24% l’an passé, continue à être autant déconnecté de l’économie réelle. Seule bonne nouvelle : entre le 1er et le 2 janvier, les 300 milliardaires ont perdu 17,8 milliards.

(1) Bloomberg.com/billionaires

Christian LOSSON
Sur le même sujet
Source : www.liberation.fr


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6 janvier 2014 1 06 /01 /janvier /2014 17:32

 

Source : www.reporterre.net

 

 

L’acceptabilité sociale, ou l’art de faire avaler le béton aux citoyens

Bruno Masse

jeudi 2 janvier 2014

 

 

 

 

Qu’est-ce que l’acceptabilité sociale ? Depuis quelques années, cette expression est invoquée autour des grands projets d’infrastructures. Mais ce concept managérial constitue un piège pour les citoyens-nes et l’environnement.


 

L’acceptabilité sociale a la cote. Cette nouvelle variable s’installe dans le discours et pèse de toute évidence dans le processus de décision. Il tient de se demander, au juste, de quoi il s’agit.

Anatomie d’un concept creux

Pour le secteur privé, et son partenaire gouvernemental, la résistance citoyenne aux projets de développement industriel est perçue comme un problème. C’est qu’on assiste souvent à des manifestations, à toutes sortes d’actions spectaculaires et médiatisées, à des conférences de presse et, parfois, comme dans le cas des gaz de schiste, à la menace d’actions directes. Cette dernière crée de l’incertitude chez les investisseurs - particulièrement dangereuse lorsque le projet est déjà risqué.

Le Conseil du patronat en environnement reconnaît cela dans son Guide de bonnes pratiques afin de favoriser l’acceptabilité sociale des projets que : « la dichotomie entre la croissance nécessaire [sic] et le développement contesté se manifeste de plus en plus ».

Dans un véritable chef-d’oeuvre de dissonance cognitive, le Conseil estime que « l’acceptabilité sociale émerge maintenant en tant qu’enjeu majeur du XXIe siècle car les promoteurs de projets, comme les gouvernements d’ailleurs, reconnaissent les répercussions qu’un problème d’acceptabilité sociale peut engendrer pour leur réputation, pour le succès des projets et le développement économique ».

LesAffaires.com renchérit en reconnaissant que « l’actualité nous fait prendre conscience que récemment, plusieurs grands projets ont fait les frais d’une forte mobilisation citoyenne ».

Formellement, il existe une pléthore de définitions de ce concept managérial. Je vous avertis, elles sont vagues, et selon moi trompeuses, mais j’arriverai à cela plus loin.

Au Québec, la plus populaire est celle de Caron-Malenfant et Thierry Conraud, dans leur Guide pratique de l’acceptabilité sociale : pistes de réflexion et d’action : « Le résultat d’un processus par lequel les parties concernées construisent ensemble les conditions minimales à mettre en place, pour qu’un projet, programme ou politique s’intègre de façon harmonieuse, et à un moment donné, dans son milieu naturel et humain ».

Fortin, Devanne et LeFloch affirment qu’il s’agit plutôt d’une « interprétation globalement positive d’un [projet] qui est partagée et affirmée par un ensemble d’acteurs et qui résulte d’une mise en perspective du projet et de ses impacts par rapport aux attendus et idéaux portés en matière de développement et d’aménagement durables du territoire concerné ».

Le géographe finlandais Wolsink a creusé profondément la question dans de nombreux ouvrages. Il pousse plus loin en spécifiant trois types d’acceptabilité sociale :

- L’acceptabilité sociopolitique (quelles sont les conditions favorables ?)

- L’acceptabilité communautaire (comment intégrer le projet au sein d’une communauté ?)

- L’acceptabilité du marché (le marché est-il favorable sur le plan des investissements et de la demande ?)

Dans tous les cas, il s’agit d’implanter un projet d’exploitation de ressources naturelles dans une communauté, et de qualifier sa faisabilité en considérant la réaction de la communauté. Le terme « implantation » est clef, parce que l’objectif est vraiment de tester la résistance et d’obtenir une réaction positive. Le cas contraire, on pourra saborder le navire à temps pour minimiser les pertes.

 

 

"Les problèmes techniques n’existent pas. Le problème, c’est les gens".

 

Confusion en pratique

Contrairement aux principes des droits humains qui définissent très clairement les conditions de l’autodétermination d’une communauté (par exemple, la notion de consentement, libre et éclairé), l’acceptabilité sociale est un concept plutôt malléable.

Elle désigne simultanément deux choses radicalement différentes : d’une part, la perception du (non) consentement de la population (locale) sur un projet d’exploitation de ressources naturelles, et d’autre part, une démarche de relation publique visant à « manufacturer le consentement » et alimenter les divisions dans la communauté afin de désarmer l’opposition.

Tout n’est pas noir ou blanc. L’acceptabilité sociale peut servir à une communauté si son absence fait renverser la vapeur sur un projet néfaste. Mais la perméabilité du concept, et la façon arbitraire dont les médias, les élus et les corporations se le rapproprient, constituent un danger réel pour la démocratie.

 

*Suite de l'article sur reporterre.net 

 

Source : www.reporterre.net

 

 

 

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6 janvier 2014 1 06 /01 /janvier /2014 17:18

 

Source : www.mediapart.fr

 

A la SNCF, le racisme en toute impunité

|  Par Michaël Hajdenberg

 

 

À la sûreté ferroviaire de Montpellier, des agents de l’entreprise publique envoient des SMS racistes, diffusent des chants néonazis dans les locaux, maltraitent des usagers d'origine maghrébine. Selon des documents internes que Mediapart s'est procurés, la direction de la SNCF le sait. Le reconnaît. Et laisse faire. 

Pour la SNCF, le racisme n’est pas un problème. Selon deux rapports internes que Mediapart s'est procurés, l’entreprise publique a établi que des agents de la sécurité ferroviaire ont écrit un SMS raciste et diffusé des chants néonazis au sein de leur local dans une gare. Ils se comporteraient par ailleurs de façon discriminatoire et violente envers des usagers d’origine maghrébine. Mais la direction de la SNCF a choisi de ne pas sanctionner ces comportements que ses services ont eux-mêmes identifiés comme gravement contraires à l’éthique et susceptibles de poursuites pénales. Pire : le lanceur d’alerte, un agent discriminé, a, lui, fait l’objet d’un avertissement.

À plusieurs reprises, la SNCF a déjà démontré qu’elle tolérait très bien le racisme ordinaire (voir notre précédente enquête). Mais cette affaire pourrait prendre une tout autre ampleur.

À Montpellier, comme sur tout le territoire, la sécurité ferroviaire est assurée par la SUGE (sûreté générale), une police interne armée qui a pour mission de protéger les voyageurs et le personnel de l’entreprise. À Montpellier, on compte 25 agents. L’un d’entre eux, Kamel C., 36 ans, ressent un malaise dès son arrivée en juillet 2011. Le 7 décembre 2012, c’est l’incident de trop. Un agent envoie le SMS suivant à de nombreux collègues :

« Seine-Saint-Denis : cinq arabes se tuent au volant d’une C5 lors d’une course-poursuite. Le Mirail à Toulouse : un jeune arabe au volant d’une saxo force un barrage de police et se tue. Grenoble : trois maghrébins se tuent à bord d’une DS3 Racing volée.

MORALITE : vous n’imaginez pas tout ce que Citroën peut faire pour vous »

C’est Éric (le prénom a été modifié), l’un des destinataires du message, qui sonne l’alarme : « Je venais d’arriver à Montpellier en provenance de l’Alsace, où j’étais militaire. Et comme j’ai les cheveux ras, ils ont cru que j’étais de leur camp. Alors que j’étais ahuri de découvrir ce noyau de fachos. »

La direction de la Suge ne réagit pas. Kamel alerte donc Lucien Demol, déontologue de la zone Méditerranée, qui provoque une réunion sur place en février 2013, ayant pour thème « la discrimination sur le lieu de travail ». Y prennent part 22 agents et 8 dirigeants de toute la zone Méditerranée. Au cours de cette réunion, l’historique du service est retracé puis relaté dans son rapport, un « flash déontologique » à vocation interne que nous avons pu consulter.

 

Première page du rapport à vocation interne rédigé par le responsable déontologie de la zone sûreté Méditerranée 

Dans ses conclusions, sont établis « plusieurs actes de manquement à la déontologie et à connotation diffamatoire » au cours des deux dernières années. En voici quelques extraits dans l’ordre chronologique :

  • « En octobre 2010, un agent découvre dans son vestiaire un DVD à tendance pornographique revêtant un caractère homophobe. »
  • « En octobre 2011, une représentation phallique, créée au moyen d’un légume, est suspendue à la porte du DPX (NDLR : chef d’équipe) d’un site. »
  • « Dans la même année, des tranches de saucisson sont déposées dans le casier d’un agent SUGE de confession musulmane. »

– En 2012, à plusieurs reprises, « des propos et des musiques » du groupe néonazi Légion 88 sont diffusés dans le bureau de la gare, avec, sur l’air de “la ballade des gens heureux”, le refrain suivant : « Je te propose une ratonnade, le massacre des sales rebeus. » (NDLR : arabes en verlan.)

– Fin 2012, enfin, le SMS évoqué plus haut : « une blague de mauvais goût vantant les bienfaits d’une extermination raciale » selon les mots du déontologue.

Au sein du groupe, personne ne prend le parti de Kamel à part Éric, qui sera dès lors lui aussi mis au ban : « Ils m’ont traité comme un traître. Et même lors de la réunion, hormis le déontologue, personne ne m’a épaulé parmi les hauts cadres de l’entreprise. » À Nîmes, une pétition est même affichée en soutien à l’auteur du SMS. « J’étais face à tous ces cons, dos au mur. J’ai encore du mal à l’exprimer aujourd’hui, mais j’ai failli faire des bêtises, raconte Éric, la voix tremblante. J’ai agi comme un humain normal, en pensant que la SNCF allait réagir. Ça a été tout le contraire. Sur place, la hiérarchie m’a pointé du doigt, m’a dit que je salissais le service. On a alerté en plus haut lieu. Mais la direction a préféré protéger ces gens qui ont des comportements antirépublicains. »

De son côté, Kamel est acculé : « À partir du SMS, Éric et moi avons été frappés d’ostracisme et on nous a diffamés. Quand je vois comment la SNCF communique sur sa charte de la déontologie et ce qui se passe sur le terrain… » Fin janvier, Kamel fait une crise d’angoisse. Il se rend aux urgences, et est hospitalisé un mois pour une cholécystite aiguë, puis arrêté jusqu’en juin. « Pour moi, c’est la double peine. Face à une certaine population (NDLR : issue de l’immigration), quand je dresse un procès-verbal, je suis considéré comme un traître. C’est déjà dur à vivre car je me considère juste comme français, je mets tout le monde sur un pied d’égalité, mais je ne suis pas vu comme ça. Et là, c’est encore bien plus grave : dans mon propre service, dans mon entreprise, on me traite d’une façon intolérable. »

Ce n’est pas tout. Lors de sa venue, le déontologue recueille d’autres témoignages dont il se fait l’écho dans son rapport : « Des confessions d’actes contraires à la loi nous ont été rapportées. Des violences physiques et verbales auraient été commises volontairement lors d’interpellations, à l’encontre d’une certaine catégorie d’individus et notamment de personnes de souche maghrébine (sic). »

Puis, Lucien Demol précise le climat au sein de la Suge de Montpellier : « Des propos diffamatoires sont propagés à l’encontre de ceux qui n’adhèrent pas à ces idées discriminatoires. Un harcèlement est perceptible laissant présager de graves conséquences sur la notion de camaraderie de groupe et sur l’état de santé des agents mis à l’écart. » 

Le Défenseur des droits saisi

Dans son rapport, le déontologue Méditerranée rappelle tous les articles de loi qui pointent ces comportements comme a priori illégaux : l’article 225-1 du code pénal qui sanctionne toute discrimination de trois ans d’emprisonnement et de 45 000 euros d’amende. Mais aussi la diffamation en raison de l’origine (article R624-3 du code pénal), les outrages contre les agents publics décrits dans le code des transports (passibles de six ans d’emprisonnement au vu des articles 433-5 et L2242-7). Ainsi que le guide déontologie de la Suge qui affirme que « l’éthique, l’intégrité, la morale, la déontologie sont les concepts de base de l’agent ».

Son enquête établit clairement le nom des agents à l’origine des actes discriminatoires, notamment l’auteur du SMS, un délégué syndical FO-First. Mais le déontologue pointe aussi la responsabilité des chefs qui n’ont pas réagi : « L’implication du manager doit être sans faille dans la lutte contre toutes les formes d’exclusions. (…) Sa recherche d’auteurs d’actes répréhensibles doit être permanente, et les sanctions appliquées à la hauteur de la gravité. »

En clair, il est temps d’agir. Mais que fait la direction de la Suge ? Rien. Que fait la direction de la SNCF ? Elle diligente une nouvelle enquête, menée cette fois par la direction nationale de l’éthique, que Mediapart s’est également procurée. Classée « Confidentiel SNCF », elle est adressée, comme indiqué sur le document, au président de la SNCF lui-même, Guillaume Pepy. Cette nouvelle synthèse confirme tous les éléments, et fait de nouveau référence, entre autres, à la diffusion de « vidéos nazies » et la mise à l’écart des « alerteurs ».

Extrait du rapport confidentiel de la direction de l'éthique de la SNCF adressé à Guillaume Pepy 

Dans ce document, la direction nationale de l’éthique estime que « la hiérarchie locale est trop conciliante avec les auteurs de ces écarts » : « Ni demande d’explication, ni entretien formel, et a fortiori, pas de sanction. Le chef d’agence se limite pour l’essentiel à des notes de service restant dans le flou et les généralités. »

Sauf pour Kamel. Alors qu’aucune procédure disciplinaire n’a été engagée contre les agents discriminants, Kamel, délégué CGT, reçoit un avertissement pour des absences prétendument injustifiées : il n’aurait pas fourni en temps et en heures le bon de délégation lui permettant d’assurer son travail syndical, ce qu’il conteste formellement.

Une fois, note la direction nationale de l’éthique, une sanction a bien été prise : fin novembre 2012, un agent de la Suge de Montpellier a porté des coups à un usager menotté. Mais elle a été minime en dépit des preuves fournies par la vidéosurveillance : quatre jours de mise à pied, ce qui illustre « une tradition de tolérance dont l’effet de dissuasion ou d’exemplarité pose question », analyse la direction de l’éthique. Et encore : le directeur national de la Suge proposait une mise à pied d’une journée seulement. Et le DRH régional un simple conseil de discipline, dont il n’avait pas engagé le processus.

Face à ce nouveau rapport accablant, la direction nationale de la SNCF ne bouge pas plus. Ni licenciement pour fautes répétées, ni avertissement, ni même un blâme. Pas le moindre signalement à la justice. Elle laisse faire alors même que la direction nationale de l’éthique préconise « des procédures disciplinaires systématiques en cas d’écart comportemental avéré », de « veiller à la proportionnalité des sanctions à la gravité des faits », de « veiller à l’application de ces instructions », et de « promouvoir un nouvel encadrement local ».

Sollicitée jeudi, la SNCF n’a pas répondu à notre simple question : pourquoi rien de tout cela n’a-t-il donc été mis en œuvre ? Selon nos informations, il ne s’agit pas, plusieurs mois après que la gravité des faits a été doublement confirmée, d’un simple délai lié à la lourdeur administrative de l’entreprise publique. Mais d’une vraie volonté de passer l’éponge.

Le Défenseur des droits, autorité indépendante chargée de veiller à la protection des droits et des libertés, nous a confirmé avoir été saisi de l’affaire. Il la prend visiblement très au sérieux puisqu’il prépare une vérification sur les lieux, qui devrait survenir dans le courant du mois. Il ne souhaite cependant pas commenter une affaire en cours d’instruction.

Mais selon nos informations, le Défenseur des droits a demandé à la SNCF des explications sur ces faits dès le mois d’avril. L’entreprise n’a pris la peine de répondre que sept mois plus tard, en novembre, en éludant complètement ses responsabilités. La SNCF explique que les agents plaignants n’ont subi aucun dommage dans leur déroulement de carrière – ce qui n’a jamais été le sujet.

Concernant le SMS, elle estime qu’il s’agit de la vie personnelle du salarié puisque le message aurait été envoyé depuis un téléphone personnel sur des téléphones personnels. La SNCF fait référence à un arrêt de la Cour de cassation du 26 janvier 2012 qui explique que « l’envoi par un salarié d’un courriel dénigrant son supérieur hiérarchique, de sa messagerie personnelle et en dehors du lieu et du temps de travail, à l’adresse électronique personnelle d’un collègue de travail, ce qui confère à ce message un caractère purement privé, ne constitue pas un manquement à son obligation de loyauté envers son employeur ».

Une jurisprudence sans grand rapport donc avec la situation de Montpellier. Comme n’a d’ailleurs pas manqué de le souligner la direction nationale de l’éthique de la SNCF qui, dans son rapport confidentiel, évoque à propos de cet arrêt une « fausse piste juridique » puisque « une décision de la chambre sociale de la Cour de cassation du 19/10/11 affirme que des échanges entre collègues ne relèvent pas de la vie personnelle ». Pour sauver son image, la SNCF semble dès lors privée d’arguments : ses propres services l’ont alertée sur leur absence de pertinence.

Elle ne pourra pas non plus faire croire qu’elle est prise de court : la Suge, une sorte d’État dans l’État au sein de la SNCF, n’en est pas à son premier dérapage. Nous avons ainsi déjà raconté comment Alain Ngamukol, noir de peau, embauché en 2005 à la Suge de Goussainville, avait dû subir le racisme prétendument humoristique de ses collègues : « Cela te fait quelle sensation de marcher avec des chaussures ? Si elles te gênent pour courir, n’hésite pas, tu les enlèves. » Ou : « Alors, ça te fait quoi de voir la neige pour la première fois ? » En avril 2011, la SNCF a été condamnée en appel à lui verser 8 000 euros de dommages et intérêts pour harcèlement moral. Mais là non plus, la SNCF n’avait pas sanctionné les agents fautifs.

 

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Par Michaël Hajdenberg

 

 

Source : www.mediapart.fr

 

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6 janvier 2014 1 06 /01 /janvier /2014 16:36

 

Source : blogs.rue89.com/yeti-voyageur

 

Au programme du Yéti, le partage du travail
Le Yéti - voyageur à domicile

Publié le 06/01/2014 à 11h01

 

 

Dans une société où le plein-emploi a disparu depuis plus de 30 ans, où les formidables progrès en matière de gains de productivité rendent son retour non seulement illusoire, mais inutile et même dangereux (pour le climat, pour les ressources énergétiques en voie d’épuisement), alors se pose le problème crucial du partage du travail restant à effectuer.

Trois constats :

  • les méthodes classiques de réduction horaire du temps de travail sont très insuffisantes. Les 35 heures n’ont apporté aucun progrès significatif en matière de répartition des tâches, ni en termes de créations de postes ;
  • dans une société suffisamment riche pour satisfaire les besoins de sa population avec un temps de travail réduit (un progrès, non une calamité), alors le travail ne saurait être la seule condition sine qua non de la répartition des richesses produites ;
  • in la finance comment cette incitation à la fainéantise ?

A trois questions, trois (tentatives de) réponses.

                                                                                                                                                                                                                             1 Un partage du travail sur une durée globale

 

Si la réduction traditionnelle du temps de travail, envisagée sur une durée horaire à la semaine ou même au mois, ne peut tout résoudre, alors le partage du travail ne peut se concevoir que sur sa durée globale, par une réduction sensible du nombre de trimestres à effectuer pour faire valoir des droits légitimes à la retraite.

Mais avec (et c’est nouveau) une possibilité de fractionner ce quota de trimestres par des périodes de congés sabbatiques pris tout au long du parcours professionnel.

Le partage horaire du temps de travail peut être certes maintenu pour des emplois ne demandant pas de qualification particulière, généralement guère valorisants. Beaucoup moins pour les métiers à spécialisation poussée (un médecin, un enseignant, un boulanger, un maçon, travaillant vingt heures par semaines ?).

                                                                                                                                                                                                                             2 Un revenu de base évolutif

 

L’idée d’un « revenu de base » ou « d’existence » garanti à chacun pour satisfaire ses besoins primordiaux (se nourrir, s’habiller, se loger, se soigner, s’éduquer) fait peu à peu son chemin dans les mentalités, sinon dans les projets politiques.

Mais il va de soi que mon hypothèse de base (fractionner dans le temps son quota de trimestres travaillés) suppose que ce minimum vital garanti soit évolutif. En effet, comment laisser à ce seul minimum basique quelqu’un qui, au moment de prendre un congé sabbatique, aurait déjà accompli une partie de son quota de trimestres ?

Voilà pourquoi je suggère la création de points d’activités, définitivement acquis, valant indemnités qui viendraient s’ajouter au revenu de base en fonction de la tâche accomplie.

                                                                                                                                                                                                                               3 Les faux problèmes du financement et de l’incitation au travail

 

Il n’y a que dans une société détraquée par les financiers que l’argent est un problème. Une économie saine repose d’abord :

  • sur la force de travail nécessaire disponible ;
  • sur la quantité et la répartition de biens et de services nécessaires à sa population.

L’argent n’est (en principe) que l’huile injectée par les mécanos des banques centrales dans les rouages de la machine.

Et l’incitation au travail ne repose pas seulement sur la quantité d’argent attribuée en rémunération. Sinon, les associations et Internet manqueraient cruellement de bénévoles, ce qui n’est pas le cas. Dans une société saine, la notion de fonction sociale se substitue au salariat corvéable à merci.

Nulle question bien sûr de remettre ici en cause le principe de l’incitation financière. D’autant que bien des tâches de nécessité publique à accomplir ne se distinguent guère par la valorisation sociale qu’elles apportent (ramasser les poubelles, bof...).

Sur ce point, une autre idée me taraude que je livre ici en pâture à vos réflexions aiguisées : la création d’un service national civil pendant lequel tout citoyen de tout sexe et de tout milieu se verrait affecter, un temps donné, à des tâches d’intérêt général. Les partisans forcenés de l’éducation à la citoyenneté ne sauraient qu’approuver, non ?

Un garde-fou pour les réalités de demain

Certains objecteront à mon raisonnement que la révolution écologique indispensable pourvoira largement à la raréfaction actuelle du travail. C’est à mon avis une manière de dégager en touche, faute de parvenir à s’affranchir complètement des vieux schémas de pensée sur la valeur travail.

Car rien n’est moins sûr que leur hypothèse. Et même si cela était, ça ne justifierait en rien qu’une société riche ne garantisse pas un minimum vital à tous ses citoyens (quid des mi-temps, des parents isolés ?).

Pour finir, évitez de crier à l’utopie et de me répéter qu’il n’y a aucune force politique aujourd’hui pour mettre mes petites idées en pratique. Je le sais. Pas facile de décrotter les vieilles mentalités. Mais ce programme n’a d’autre ambition que de prendre date pour le futur. Un garde-fou pour les réalités de demain.

 

Source : blogs.rue89.com/yeti-voyageur

 


 

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6 janvier 2014 1 06 /01 /janvier /2014 16:21

 

 

 

pour la reconnaissance de l'habitat en yourte

 

 

 

 

 

 

 

Cécile Duflot obtient « la prise en compte de l’ensemble des modes d’habitat »

 

L’article 59,  qui avait été supprimé par les sénateurs, a été rétabli suite à l’adoption d’un amendement présenté par…le gouvernement. (cf ci-après)  Le temps nous manque à cet instant pour potasser mais à première vue, et sous toutes réserves (il faut attendre les dernières discussions publiques qui auront lieu du 14 au 16 janvier) : les yourtes seront reconnues comme résidence à l’année, soumises à la demande de pastillage, accordée par le Maire et la Commission Départementale de Consommation des Espaces Agricoles (et, apparemment, non  plus   »à titre exceptionnel » comme dans la 1ère version). De plus  un alinéas permet de déroger à l’obligation d’être raccordé aux réseaux.

Cet amendement a été déposé par le gouvernement : cette prise en compte de l’ensemble des modes d’habitats comptait donc vraiment pour la ministre Cécile Duflot, ce n’était pas seulement du baratin démagogique de politicien…

Reste à voir dans la pratique ce qui permettra aux maires et CDCEA de refuser le pastillage et ce qui nous permettra de contester un refus : car tous les maires de France ne sont pas d’aussi bonne volonté…

Une Déclaration Préalable aurait bien sûr été le plus simple mais il faudra sans doute attendre encore quelques décennies avant que les mentalités changent et que  les élus acceptent que les installations de yourtes/ résidences principales puisse se faire aussi facilement. Il est d’ailleurs possible que les conditions extérieures, crises écologiques économiques, etc, les y obligent plus vite qu’ils ne le croient…

Néanmoins la possibilité de nous installer légalement existera et un maire ne pourra plus dire que « ce n’est pas lui qui décide » « qu’il est obligé d’appliquer la loi », etc. Tous ces arguments que les yourteurs entendent sans cesse et qui permettent à un Maire d’éviter tout choix politique ou plutôt de n’avoir pas à afficher ses opinions.

Il convient donc de remercier Cécile Duflot et son cabinet ministériel pour sa prise de position et d’attendre l’adoption définitive du texte de loi.

Voici l’extrait des débats

« Article 59 (articles L. 444-1, L. 111-4 et L. 121-1 du code de l’urbanisme) : Prise en compte de l’ensemble des modes d’habitat

La Commission est saisie de l’amendement CE469 du Gouvernement.

Mme la ministre. Cet amendement précise d’une part le régime juridique des habitats dits « légers » et d’autre part, en rétablissant la rédaction de l’article L. 121-1 du code de l’urbanisme, les grands principes que doivent respecter les schémas de cohérence territoriale, les plans locaux d’urbanisme et les cartes communales.

Mme la rapporteure. Avis favorable au rétablissement de cet article supprimé par le Sénat.

La Commission adopte l’amendement. L’article est ainsi rétabli et rédigé.« 

et l’amendement :
ASSEMBLÉE NATIONALE
13 décembre 2013
AMENDEMENT N°CE469
présenté par
le Gouvernement
———-
ARTICLE 59
Rétablir cet article dans la rédaction suivante :
I. – À l’intitulé du chapitre IV du titre IV du livre IV du code de l’urbanisme, le mot : « caravanes » est remplacé par les mots: « résidences mobiles ou démontables ».
II. – L’article L. 444-1 du même code est ainsi modifié :
1° À la première phrase, les mots : « caravanes constituant l’habitat permanent de leurs utilisateurs » sont remplacés par les mots : « résidences démontables constituant l’habitat permanent de leurs utilisateurs ou de résidences mobiles au sens de l’article 1er de la loi n° 2000-614 du 5 juillet 2000 relative à l’accueil et à l’habitat des gens du voyage » ;
2° Est ajoutée une phrase ainsi rédigée :
« Ils peuvent être autorisés dans des secteurs de taille et de capacité d’accueil limitées, dans les conditions prévues au 6° du I de l’article L. 123-1-5. »
III. – L’article L. 111-4 du même code est complété par deux alinéas ainsi rédigés :
« Les deux premiers alinéas ne s’appliquent pas aux demandes d’autorisation concernant les terrains aménagés pour permettre l’installation de résidences démontables constituant l’habitat permanent de leurs utilisateurs, sous réserve que le projet du demandeur assure l’alimentation en eau potable et en électricité, l’assainissement des eaux domestiques usées et la sécurité incendie des occupants de ces résidences.
« Un décret en Conseil d’État définit les conditions dans lesquelles le demandeur s’engage, dans le dossier de demande d’autorisation, sur le respect de ces conditions d’hygiène et de sécurité. »
IV. – L’article L. 121-1 du code de l’urbanisme est ainsi modifié :
1° Le 1° est complété par un d ainsi rédigé :
d) Les besoins en matière de mobilité »
2°) Au 1° bis, après le mot : « paysagère », il est inséré le mot : « notamment » ;
3°) Le 2° est ainsi modifié :
a) Les mots : « en matière » sont remplacés par les mots : « de l’ensemble des modes » ;
b) Les mots : « et de développement des transports collectifs » sont remplacés par les mots : « motorisés et de développement des transports alternatifs à l’usage individuel de l’automobile » ;
3°) Au 4°, après les mots : « des risques naturels prévisibles, », sont insérés les mots « des risques miniers, ».
EXPOSÉ SOMMAIRE
Le développement de l’habitat léger et la prise en compte des besoins d’accueil des gens du voyage sont contrariés par des incertitudes juridiques.
Ces incertitudes juridiques sont notamment liées à la soumission des projets à formalité au titre du code de l’urbanisme et à leurs conditions d’implantation.
En premier lieu, l’amendement proposé fait référence, d’une part aux résidences démontables constituant l’habitat permanent de leurs utilisateurs et d’autre part aux résidences mobiles constituant l’habitat traditionnel des gens du voyages, plutôt qu’aux «caravanes». Le terme de «caravane» renvoie en effet à un usage de loisir et non à une destination d’habitat.
Conformément aux dispositions de l’article 73 du présent projet de loi et dans les conditions fixées à cet article, les résidences démontables, ainsi que les terrains aménagés pour l’accueil des gens du voyage, pourront être implantés dans des pastilles définies par le règlement du PLU au sein des zones naturelles, agricoles ou forestières.
L’amendement prévoit que les résidences démontables constituant l’habitat permanent de leurs utilisateurs pourront être installées sur des terrains non desservis par les réseaux publics de distribution d’eau, d’assainissement et de distribution d’électricité. L’amendement prévoit toutefois qu’un décret en Conseil d’Etat introduira un engagement du demandeur sur le respect de conditions d’hygiène et de sécurité, dans le dossier de demande d’autorisation à fournir.
L’amendement vise également à rétablir la rédaction de l’article L. 121-1 du code de l’urbanisme qui précise les grands principes que doivent respecter les schémas de cohérence territoriale, les plans locaux d’urbanisme et les cartes communales.
Il est précisé que ces documents doivent prendre en compte les besoins en matière de mobilité, les besoins de développement des transports alternatifs à l’automobile, et l’objectif de qualité urbaine, architecturale et paysagère sur tout le territoire et non seulement en entrées de ville. L’amendement prévoit que les documents d’urbanisme devront prendre en considération les besoins de l’ensemble des modes d’habitat, notamment ceux de l’habitat léger et ceux de l’habitat traditionnel des gens du voyage.
De plus, la politique de prévention des risques a évolué dans le temps. Tout d’abord principalement centrée sur les risques naturels, elle a été étendue aux risques technologiques et miniers. Les articles du code de l’urbanisme ont été progressivement mis à jour pour tenir compte de cette évolution. Il convient de faire de même sur l’article L. 121-1.

 

 


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