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1 mars 2012 4 01 /03 /mars /2012 14:33

 

LEMONDE.FR | 01.03.12 | 08h29   •  Mis à jour le 01.03.12 | 08h48

 
 

 

L'organisation écologiste a remis jeudi au ministère indonésien des forêts les résultats d'une enquête qui révèle que la plus grosse usine du groupe APP utilise du ramin, une essence menacée.

L'organisation écologiste a remis jeudi au ministère indonésien des forêts les résultats d'une enquête qui révèle que la plus grosse usine du groupe APP utilise du ramin, une essence menacée.AFP/AHMAD ZAMRONI


Si elles sont avérées, les nouvelles accusations portées par Greenpeace contre Asia Pulp and Paper (APP) ne vont pas améliorer la réputation du seul groupe papetier de rang mondial – avec l'autre indonésien April – qui fabrique encore sa pâte à papier en défrichant des forêts naturelles. Jeudi 1er mars, l'organisation écologiste a remis au ministère indonésien des forêts les résultats d'une enquête qui révèle que la plus grosse usine du groupe, Indah Kiat Perawang, sur l'île de Sumatra, utilise du ramin (gonystyslus). L'exploitation et le commerce de cette essence menacée – typique en Indonésie des zones de tourbières où vivent aussi les derniers tigres de Sumatra – sont strictement règlementés en vertu de la loi indonésienne et de la CITES (convention sur le commerce international des espèces en danger). Le gouvernement a suspendu le commerce du ramin en 2001. En 2010, seule une entreprise PT Diamond Raya, dont la gestion forestière est certifiée par le label FSC (forest stewarship council) bénéficiait d'une autorisation d'exploitation, selon les données de la CITES. Trois autres possédaient une licence d'exportation pour un volume total de 5 087 m3. APP n'en faisait pas partie.

Contacté par Le Monde, APP assure qu'aucune essence protégée n'entre dans la fabrication de sa pâte à papier. "APP possède un système de contrôle qui lui permet d'assurer que seul du bois légal est utilisé dans ses usines et que les essences en danger sont protégées conformément aux lois indonésiennes. APP respecte intégralement ces lois" déclare APP. Le groupe n'a cependant pas répondu directement aux allégations de Greenpeace sur l'usine d'Indah Kiat Perawang.

L'investigation de l'ONG s'est déroulée de février 2011 à janvier 2012. Une vidéo tournée à l'intérieur de l'usine montre des grumes claires caractérisques du ramin. Les échantillons prélevés ont été analysés par deux laboratoires, l'un américain Integrated paper services et l'autre allemand dépendant de l'Université de Hambourg, Institute of wood technology and wood biology. Les résultats, attestent, selon Greenpeace qu'il s'agit bien de l'essence prohibée. Ces grumes étaient destinées à être broyées puis mixées à d'autres essences tropicales pour produire du "mixed tropical hardwood". Ce MTH désigne dans le secteur une matière première produite à partir de bois issu de forêts naturelles par opposition au bois des plantations à partir desquelles les industriels du secteur papetier fabriquent leur pâte.

 

 

 

Le groupe sino-indonésien affirme que ses usines sont alimentées à 85 % par de l'acacia provenant de plantations et à 15 % par du MTH. Mais à Indah Kiat Perawang, la répartition serait plutôt 70/30  Indah Kiat fournit, selon Greenpeace, du MTH à neuf autres usines d'APP en Indonésie et en Chine, lesquelles produisent 3,1 millions de tonnes par an de papier, de mouchoirs et de produits d'emballages pour le marché mondial. Plus précisément, 136 pays importent des produits provenant des usines d'APP en Chine ou en Indonésie ayant un lien avec Indah Kiat. Parmi ces produits, Greenpeace cite l'emballage de lait en poudre de marque Danone distribué par Carrefour en Indonésie, du papier pour photocopieuse vendu par Walmart (USA) ou par Xerox en Grèce, des livres des éditions de National Geographic disponibles aux Etats-Unis par le site amazon.com… L'organisation écologiste n'est pas en mesure de prouver que ces produits qui contiennent des traces de MTH contiennent aussi du ramin. Les laboratoires ne disposent pas des moyens techniques de l'établir. Mais elle espère au moins que les entreprises identifiées seront incitées à se pencher d'un peu plus prêt sur les coulisses de leur fournisseur.

C'est aussi en interpellant les multinationales clientes d'APP que Greenpeace avait mené sa première campagne en 2010. Il s'agissait alors de faire prendre conscience au travers d'une très efficace vidéo mettant en scène les célèbres poupées Ken et Barbie que les emballages des jouets destinés à nos chers enfants provenaient de forêts abattues illégalement. Greenpeace visait en premier lieu l'américain Mattel. Mais la liste des compagnies qui ont rompu leur contrat avec APP ne s'arrête pas là et Greenpeace n'est pas la seule ONG à dénoncer depuis plusieurs années les pratiques de ce puissant groupe familial. "APP est le plus gros acteur privé de la déforestation en Indonésie", affirme Boris Patrenpreger de WWF-France. Fait rarissime, le label FSC a interdit en 2007 à APP d'utiliser son nom de quelque façon que ce soit. "Nous ne voulons pas que notre nom puisse être associé à une entreprise aux pratiques aussi désastreuses pour l'environnement", confirme Marie Vallée de FSC-France. A la suite de différentes campagnes d'opinion, Carrefour, Auchan, Tesco ont ainsi sorti APP de leurs fournisseurs pour leurs produits en marque propre. Unilever, Kraft, Montblanc, le fabricant de stylo de luxe, Metcash, la plus grande chaine de supermarchés d'Australie ont aussi pris leur distance.

Le papetier qui, pour contrer ces attaques, communique à grand renfort de publicités dans la presse internationale, promet depuis 2004 qu'il sera bientôt en mesure de n'utiliser que du bois issu de plantations. La prochaine échéance a été fixée à 2015. Pourtant ceux qui connaissent bien l'histoire d'APP restent pessimistes. "En construisant des usines gigantesques, APP a misé sur le fait qu'il bénéficierait d'un accès pérenne à une ressource pas chère [ la forêt], explique Romain Pirard de l'IDDRI (institut du développement durable et les relations internationales). Adopter un mode de production durable pour la forêt lui coûterait plus cher que de perdre quelques clients. APP est un groupe puissant et il fait vivre beaucoup de monde. En dépit de ses affirmations, l'environnement ne fait pas partie de ses priorités. Il n'a jamais eu et n'aura sans doute jamais la volonté de changer. Ce qui fait peser une des menaces les plus fortes sur une des dernières forêts naturelles d'Indonésie ".

Laurence Caramel

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28 février 2012 2 28 /02 /février /2012 20:37
| Par La rédaction de Mediapart
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Par Claire Le Nestour.


« Les malades des pesticides existent, j'en suis la preuve », était-il écrit sur leur T-shirt. Une quinzaine d'exploitants agricoles et leurs familles ont fait irruption au salon de l'agriculture, lundi 27 février. Sur le stand de l'Union des industries de la protection des plantes (UIPP), considéré comme le lobby des pesticides, Paul François, président de l'association phyto-victimes s'est exprimé au nom de tous. « Nous voulons montrer au monde de l'agriculture que les pesticides ont fait et font encore des ravages dans la population agricole. » Le céréalier charentais est devenu l'emblème d'un combat.



Paul François 
Paul François© Olivier Picard - Générations Futures

Lundi 13 février, tous les journaux ont loué sa victoire face au géant américain des produits phytosanitaires. Le 27 avril 2004, l’agriculteur avait reçu au visage des vapeurs de Lasso, un puissant désherbant de Monsanto, en ouvrant la cuve d'un pulvérisateur. Maux de tête tenaces et fatigues chroniques, l'agriculteur est aujourd’hui invalide à 50 %. Monsanto a été condamné. Mais pour un Paul François médiatisé, combien de victimes silencieuses ?

La France est championne d'Europe d'utilisation de pesticides et troisième consommateur mondial après l'Inde et les Etats-Unis. Selon une étude de juin 2007, les agriculteurs exposés aux pesticides auraient deux fois plus de chance de développer une tumeur cérébrale. Au centre d’immunologie de Marseille Luminy, Bertrand Nadel et Sandrine Roulland ont découvert que les agriculteurs exposés aux phytosanitaires développent 100 à 1 000 fois plus de cellules anormales, qui peuvent se transformer en cancer du sang. Les expositions professionnelles peuvent également être impliquées dans plusieurs hémopathies malignes, d’après les recherches de l’équipe de Jacqueline Clavel.

Pourtant, entre 2002 et 2010, seuls 38 agriculteurs ont été reconnus professionnellement malades à cause des produits phytosanitaires. D'autres sont parvenus à faire reconnaître leur pathologie sans établir de lien direct avec les pesticides. Ils figurent parmi les 1 363 “maladies professionnelles de nature allergique” reconnues sur la même période par la Mutualité sociale agricole. Pourquoi si peu de malades des pesticides sont reconnus par l’organisme de protection sociale des salariés et exploitants agricoles ? Il y a d’une part la rigidité de la procédure et de l’autre l’omerta des agriculteurs dans un milieu où lier santé et pesticides est un péché.

« La MSA n'a rien voulu entendre »

« Je mettais des protections pour manipuler les produits mais pas pour traiter. Dans une cabine de tracteur, on ne peut pas travailler toute une journée avec un masque. » Gilbert Vendée a fait « au mieux ». Mais en 1998, ce salarié agricole a inhalé du Gaucho, un insecticide partiellement interdit depuis 2004. « J'ai vomi toute la soirée. Le médecin a établi un certificat et m'a dit : "Si un jour vous avez des complications, il faudra présenter cette attestation." »

Les complications sont arrivées en 2002 : Gilbert Vendée a été diagnostiqué atteint de la maladie de Parkinson. Quand il a frappé à la porte de sa Mutualité sociale agricole, « ils n'ont rien voulu entendre parce que la maladie de Parkinson n'était pas inscrite dans le tableau des maladies professionnelles ». Ce tableau synthétise les critères à remplir pour qu'une pathologie soit reconnue au titre de la maladie professionnelle.

Il ne restait que deux solutions : le comité régional de reconnaissance des maladies professionnelles (CRRMP) dont la mission est de démontrer le lien de causalité entre la pathologie et l'activité professionnelle ou le tribunal des affaires de sécurité sociale. « Le CRRMP a refusé ma demande alors j'ai été en justice. » La maladie de Gilbert a été reconnue professionnelle en octobre 2005. « Les institutions savaient que la première qui reconnaîtrait la maladie de Parkinson allait ouvrir la voie à d’autres plaintes d'agriculteurs. J’ai été le premier parkinsonien reconnu malade professionnel à cause des pesticides. »

 

 Gilbert Vendée témoigne.© Générations Futures

Depuis, des années ont passé : selon des experts médicaux, la maladie de Parkinson devrait être intégrée au tableau des maladies professionnelles avant l’été. Pris à parti au salon de l'agriculture, le ministre Bruno Le Maire s'est engagé à demander sa révision.

Prévention et « effets d'annonce »

« Les tableaux ne sont pas décidés par la MSA. Ils sont fixés par décrets », explique le docteur Christine Hermouet, médecin conseil à la Mutualité sociale agricole. « Notre axe de travail aujourd'hui, c'est la prévention », ajoute-elle. En 1991, la MSA a lancé le dispositif Phyt'attitude, un réseau de toxicovigilance qui incite les agriculteurs à signaler leurs intoxications aux phytosanitaires.

« Je ne sais pas quels moyens ils mettent pour ce programme, mais personne ne le connaît »soutient Nadine Lauverjat du mouvement Générations futures. L'association se bat depuis 1996 pour dénoncer les conséquences négatives de l'agriculture intensive. Dans sa ligne de mire : l'étude AGRICAN – pour AGRIculture et CANcer – en partie financée par la MSA. Elle suit une cohorte de 180 000 assurés agricoles de 2005 à 2020. Ses premiers résultats, présentés le 16 septembre dernier à Tours, ont surpris « La santé des salariés et des exploitants agricoles est meilleure que celle du reste de la population française. » Ainsi, selon les chercheurs d’AGRICAN, la mortalité par cancer dans le milieu agricole est 27 % inférieure chez les hommes et 19 % chez les femmes par rapport à la population générale.

« Un effet d'annonce »pour François Veillerette, de Générations futures. « Les experts essaient d'embrouiller l'opinion publique avant de donner leur conclusion générale. Ils n'ont révélé que les chiffres de la mortalité, pas ceux de la morbidité. Dans la cohorte, 52 % des agriculteurs ne sont pas en contact avec les phytosanitaires, ce qui n'est pas représentatif de la situation française. » Pour lui, cette étude participe de la désinformation sur les risques sanitaires des pesticides, y compris au sein du corps médical.

« Je connais beaucoup de médecins qui n'admettent pas que les produits phytosanitaires causent des maladies », se souvient Dominique Marchal. Agriculteur en Meurthe-et-Moselle, il avait 45 ans quand on lui a diagnostiqué une leucémie. Il en avait 49 quand le tribunal des affaires de sécurité sociale a reconnu sa maladie professionnelle. « J'ai demandé à la MSA de réexaminer mon dossier plusieurs fois. Ils ont toujours refusé, car ma pathologie ne pouvait être causée que par le benzène. Le benzène n’apparaissait pas sur les étiquettes des produits que j'utilisais. » La femme de Dominique Marchal a fait expertiser une quinzaine de phytosanitaires achetés par son mari : la moitié d'entre eux contenaient effectivement du benzène. Le tribunal a reconnu la maladie de Dominique.

Fatigué mais « pas suffisamment pour justifier un arrêt maladie », Dominique Marchal travaille encore mais ne manipule plus les pesticides. « Régulièrement, des agriculteurs m'appellent pour me demander des conseils. L'un d'eux a juste eu le temps de m'annoncer que sa maladie avait été reconnue. Et il est mort. » Il milite avec Gilbert Vendée pour lever le tabou au sein de la profession. « Si on parle peu des conséquences sanitaires des pesticides, ce n'est pas uniquement de la faute de la MSA et des médecins. Les agriculteurs aussi sont responsables. »

Entre solitude et culpabilité

Quand le téléphone sonne à la permanence de Phyto-victimes, ce sont souvent des proches d’agriculteurs qui appellent. « Je parle avec des épouses, des enfants ou des amis d’exploitants. Il est assez rare que les agriculteurs fassent le premier pas », explique Guillaume Petit, chargé de mission. Dominique Marchal l’admet : sans la persévérance de sa femme, il n’aurait jamais été jusqu’au tribunal. 

Dominique Marchal témoigne.© Générations Futures

Même avec la création de Phyto-victimes, en mars 2011, le mouvement peine à se structurer. Contrairement à l'amiante, les lieux de contamination ne sont pas définis : les victimes sont dispersées sur le territoire. Il est également difficile d'incriminer les firmes vu le nombre de pesticides utilisés conjointement sur les exploitations.

Dominique Marchal et Gilbert Vendée ont accepté de temoigner dans des films diffusés sur internet. « J’ai passé des nuits à faire mon dossier pour le tribunal, se souvient Gilbert. Moi ou un autre, il fallait que quelqu’un le fasse pour les parkinsoniens. J’ai un devoir de prévenir. » Mais prendre la parole à visage découvert n’est pas facile. La culpabilité s’ajoute à la solitude. « Admettre qu’on s’est rendu malade en polluant, c’est aussi sous-entendre qu’on a pu contaminer des proches », selon Nadine Lauverjat.

« Un agriculteur, ça ne se plaint pas de sa santé »

Gilbert et Dominique appartiennent à la même génération, « une génération qui a traité ses champs sans faire attention », disent-ils. « Il y avait bien des étiquettes sur les produits mais elles étaient incompréhensibles. » Depuis, il y a eu une évolution. Les avancées scientifiques ont souligné la dangerosité des pesticides, les chambres d’agriculture et la MSA se sont saisies du problème. Le plan Ecophyto adopté au Grenelle de l’environnement vise à réduire de moitié l’utilisation des pesticides d’ici à 2018. Enfin, des films comme Notre poison quotidien de Marie-Monique Robin ou Nos enfants nous accuseront de Jean-Paul Jaud ont contribué à médiatiser l’issue. 

Pourtant, lundi, c’était la première fois que des agriculteurs malades des pesticides prenaient la parole au salon de l’agriculture. Ils y sont restés la journée pour « briser l’omerta de la profession »

« Quand je suis allé au tribunal, on était regardés avec de gros yeux, se souvient Dominique Marchal. Les agriculteurs sont dans un système, on ne peut pas revirer de bord du jour au lendemain et se mettre à faire du bio. » Gilbert aussi a ressenti la gêne de ses confrères lorsqu’il a décidé de parler de ses problèmes de santé. « On ne me l’a pas reproché clairement mais on m’a fait sentir que j’allais détruire le système. Sans pesticide, les agriculteurs perdent leur gagne-pain. Tant qu’ils sont en bonne santé, ils préfèrent rester dans l’indifférence parce qu’ils ont besoin de ces produits. » Trop malade pour continuer à travailler, Gilbert s’est éloigné du milieu agricole.

Malgré sa chimiothérapie, Dominique Marchal continue à travailler. « Physiquement, ce n’est pas toujours facile. » Moralement non plus, notamment au sein de la FNSEA, le syndicat qu’il n’a pas souhaité quitter. « Les mentalités évolueront »soupire-t-il. Alors que la victoire de Paul François face à Monsanto faisait grand bruit, le syndicat majoritaire dans la profession est resté silencieux, outré que les agriculteurs soient encore associés aux pollueurs. « Je n’ai pas reçu de soutien de mes confrères, soutient Dominique Marchal. L’agriculture est un métier physique. On ne s’apitoie pas sur notre sort, c’est dans notre mentalité. Pour être soutenu, il faudrait peut-être que je sois plus malade. »

 


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28 février 2012 2 28 /02 /février /2012 19:57

LEMONDE.FR avec AFP | 28.02.12 | 06h41   •  Mis à jour le 28.02.12 | 07h12

 
 

 

Il s'agit de la quatrième opération "coup de poing" des ArcelorMittal en une semaine.

Il s'agit de la quatrième opération "coup de poing" des ArcelorMittal en une semaine.AFP/JEAN-CHRISTOPHE VERHAEGEN


"Plus personne ne sort, plus personne ne rentre, au moins jusqu'à ce soir", a déclaré le responsable de la CFDT, Edouard Martin. Une trentaine de métallurgistes de l'usine ArcelorMittal de Florange (Moselle) bloquent depuis 5 h 30 les entrées aux locaux administratifs du site, comme a pu le constater un journaliste de l'AFP.

Des pneumatiques, des ballots de paille et des palettes de bois amenés sur place sont brûlés devant les grilles par les ouvriers, qui craignent une fermeture prochaine de l'aciérie, qui emploie environ cinq mille personnes, dont la moitié en contrat à durée indéterminée (CDI). Les premiers cadres embauchant vers 6 heures ont été contraints à faire demi-tour par les protestataires.

Il s'agit de la quatrième opération "coup de poing" des employés d'ArcelorMittal en une semaine. Lundi, ils avaient vidé le bureau du responsable de la sécurité après avoir bloqué vendredi pendant vingt-quatre heures les expéditions du site. La semaine dernière, deux cents à trois cents d'entre eux avaient occupé, aux cris de "Mittal, on veut du travail", l'étage de la direction des "grands bureaux". Le blocage des locaux administratifs vise à "perturber la production du site", qui est en partie pilotée des "grands bureaux" de l'aciérie, a expliqué un syndicaliste.

 

"CAUCHEMAR DU GOUVERNEMENT"

D'autres "actions" ont été annoncées par l'intersyndicale CFDT-CGT-FO-CFE/CGC, notamment pour mercredi, journée de mobilisation nationale pour l'emploi et "la justice sociale" dans le cadre d'un appel de la Confédération européenne des syndicats contre les mesures d'austérité face à la crise. L'intersyndicale avait promis récemment de faire de Florange "le cauchemar du gouvernement" si les deux hauts-fourneaux de l'aciérie, en sommeil depuis plusieurs mois, n'étaient pas remis rapidement en route.

ArcelorMittal, qui a décidé récemment la fermeture définitive de hauts-fourneaux à Liège, en Belgique, et à Madrid, en Espagne, assure qu'en Lorraine, il ne s'agit que d'une mise en veille temporaire rendue nécessaire par une demande insuffisante.

 

 

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28 février 2012 2 28 /02 /février /2012 19:08

LEMONDE.FR avec AFP | 28.02.12 | 17h09   •  Mis à jour le 28.02.12 | 18h16

 
 

 

Le premier ministre irlandais, Enda Kenny, a annoncé mardi qu'il allait organiser un référendum sur le nouveau pacte budgétaire européen.

Le premier ministre irlandais, Enda Kenny, a annoncé mardi qu'il allait organiser un référendum sur le nouveau pacte budgétaire européen.AFP/GEORGES GOBET


L'Irlande va organiser un référendum sur le nouveau pacte budgétaire européen, a annoncé mardi le premier ministre Enda Kenny devant le Parlement – sans indiquer pour l'instant la date du scrutin.

Après consultation de l'attorney général – personnalité chargée de conseiller le gouvernement sur les questions constitutionnelles – M. Kenny "a décidé d'organiser un référendum sur cette question, au cours duquel il sera demandé au peuple irlandais d'autoriser la ratification de ce traité", a-t-il déclaré.

L'attorney général a en effet estimé que "ce traité étant un instrument spécifique en dehors de l'architecture du traité de l'Union européenne", un référendum était "nécessaire pour le ratifier". Fin janvier, 25 des 27 dirigeants de l'Union européenne se sont prononcés en faveur d'un nouveau pacte budgétaire européen qui obligerait chaque pays à inscrire dans ses lois une "règle d'or" d'équilibre budgétaire dont le non-respect l'exposerait automatiquement à des sanctions.

Le pacte s'appliquera aux 17 pays de la zone euro, ainsi qu'aux autres pays de l'Union européenne souhaitant y adhérer. L'organisation de cette consultation en Irlande risque d'être suivie de près par ses partenaires européens, ce pays ayant dans le passé rejeté à deux reprises des traités européens (Nice en 2001 et Lisbonne en 2008), qui ont dû être soumis chacun une deuxième fois à référendum avant d'être approuvés.

Une décision dont le gouvernement allemand "prend acte", a déclaré mardi un porte-parole de la chancellerie à l'AFP, ajoutant : "C'est une question de politique intérieure irlandaise."

 


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27 février 2012 1 27 /02 /février /2012 15:03

Agriculture | LEMONDE | 27.02.12 | 15h01

 
 

Les ministères français de l'agriculture et de l'écologie ont signé deux arrêtés, publiés mercredi 21 décembre, censés concrétiser la directive européenne de limitation des nitrates dans l'eau. Après un premier décret du 10 octobre, critiqué pour avoir permis une augmentation de la surface d'épandage de déjections animales, ces nouveaux arrêtés ont déclenché une levée de boucliers en Bretagne.

L'association Eau et rivières y voit un "cadeau empoisonné pour l'eau" et dénonce l'autorisation d'épandre du lisier sur les couverts végétaux. Le Centre d'études pour un développement agricole plus autonome (Cedapa) s'insurge contre la pénalisation des éleveurs qui nourrissent leurs vaches à l'herbe, en "contradiction totale avec les préconisations scientifiques dans le cadre des plans de lutte contre les algues vertes". Mi-novembre, Jean-Yves le Drian (PS), président du conseil régional de Bretagne, avait réaffirmé son "inquiétude" au sujet de mesures "incohérentes".

 

Martine Valo

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26 février 2012 7 26 /02 /février /2012 14:53
| Par Mathieu Magnaudeix

 

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Renée L. a enfin obtenu gain de cause. Cette ancienne cadre de France Télécom avait entamé sa première procédure aux prud'hommes en 2000, afin de faire reconnaître qu'elle avait été victime de “harcèlement moral” de la part de deux anciens supérieurs hiérarchiques. Déboutée en 2006, Renée L., 62 ans, a vu sa persévérance récompensée. Le 20 octobre 2011, après douze ans de procédures, la chambre sociale de la cour d'appel de Paris a condamné non pas les deux dirigeants mais l'entreprise à verser près de 170 000 euros d'indemnités à son ancienne salariée, selon le jugement dont Mediapart a eu connaissance.


Les juges ont estimé que Renée L. a bien été victime de «harcèlement moral» au cours des années quatre-vingt-dix et que la rupture de son contrat de travail en 2000, dénué de «cause réelle et sérieuse», est «imputable à la société France Télécom». L'entreprise ne s'étant pas pourvue en cassation, le jugement est considéré comme définitif. «Nous ne ferons pas de pourvoi en cassation sur cette triste affaire qui date de plus de quinze ans», confirme un porte-parole d'Orange.


A la suite d'une plainte au pénal des syndicats contre France Télécom pour “harcèlement moral” et “mise en danger de la vie d'autrui”, deux juges d'instruction enquêtent depuis plusieurs mois sur une cinquantaine de suicides récents, dont certains très médiatisés, qui ont endeuillé l'entreprise depuis 2008, révélant l'ampleur de la souffrance au travail et de la crise sociale dans l'entreprise. 

 

Mais en attendant un éventuel procès pénal, impliquant peut-être d'anciens dirigeants, les jugements qui reconnaissent le “harcèlement moral” à France Télécom ne sont pas si fréquents. Depuis le début des années 2000, de nombreux cadres ont certes témoigné face caméra sur la souffrance au travail à France Télécom, mais peu ont obtenu gain de cause devant les tribunaux. En 2010, France Télécom avait toutefois été condamné par la cour d'appel de Paris à verser 400 000 euros à un ex-haut cadre de l'entreprise pour “harcèlement moral”.



Concernant Renée L., les faits remontent à plus de douze ans. Une affaire qui rappelle qu'avant les graves dérives managériales observées sous le règne de l'ancien PDG, Didier Lombard, France Télécom a eu recours dès les années quatre-vingt-dix à des méthodes de management brutales pour réduire ses sureffectifs de fonctionnaires. «Il s'agit d'une affaire assez emblématique de l'effet des restructurations qui ont eu cours à France Télécom dès cette époque», analyse le journaliste Dominique Decèze, auteur en 2004 de La Machine à broyer, un des premiers ouvrages à avoir souligné le mal-être au travail grandissant chez France Télécom, bien avant la série médiatisée de suicides. «A l'époque, les transformations technologiques s'accompagnent d'une évolution radicale des méthodes de management, extrêmement délétère pour les personnels. Elle concerne aussi bien le réparateur de ligne PTT qui se retrouve soudain dans un call-center à répondre aux sollicitations des clients que des cadres supérieurs qui ont fait toute leur carrière avec une certaine idée du service public dans l'administration des télécoms et se retrouvent très malmenés dans la nouvelle organisation.»


Dès la fin des années quatre-vingt-dix, des ergonomes et des médecins du travail avaient alerté sur la souffrance au travail grandissante dans l'entreprise. «Dès cette époque, il était possible d'apprécier quantitativement et qualitativement la souffrance des personnels. Les arrêts maladie explosaient, les personnels n'allaient pas bien», poursuit Dominique Decèze.

 

Raser les murs

Assise dans son salon d'un appartement de la proche banlieue ouest de Paris, Renée L. (qui n'a pas souhaité que son nom de famille soit publié) raconte son histoire. Le récit est précis, les faits étayés par des documents et des photos. Mais dès qu'elle fouille dans ses dossiers à la recherche d'un papier, elle est saisie par la panique. «J'ai encore du mal à rester sereine quand je parle de tout ça.»



Pour Renée, les ennuis ont commencé au milieu des années quatre-vingt-dix. En 1990, l'ancienne administration des télécoms est devenue une entreprise publique. Elle sera transformée en société anonyme en 1996, avant d'être cotée en bourse l'année suivante, sous le gouvernement de gauche de Lionel Jospin. Au cours des années suivantes, l'Etat se désengage progressivement. Aujourd'hui, il ne détient plus que 27 % du capital.



Renée, fonctionnaire entrée aux PTT comme traductrice en 1979, avait jusque-là gravi tous les échelons de l'administration des télécoms. Au début des années quatre-vingt-dix, elle intègre la Direction du développement international comme responsable presse, relations publiques et mécénat. Elle vit comme bien des salariés la privatisation progressive de l'entreprise. En 1993, on lui propose de devenir un agent du privé, avec une rémunération variable en fonction de ses performances et des résultats de France Télécom. Le choix étant optionnel, Renée décide de rester dans le giron de la fonction publique. Cette décision, dit-elle, coïncide avec le début de ses problèmes au travail.



Les brimades se succèdent. Dès mars 1994, Renée consulte un psychiatre qui relie ses troubles à un «contexte de travail décrit comme particulièrement éprouvant». En 1995, elle passe au bureau en rentrant de vacances : sa clé ne marche plus, son bureau a été déménagé dans une pièce attenante, les dossiers sont jetés dans des caisses en plastique. «Ça m'a rendu malade, j'ai craqué.» S'ensuit un congé longue maladie d'un an.

 

La fin de sa carrière à France Télécom sera chaotique. En 1997, elle est officiellement en congé thérapeutique mais reste en réalité à son domicile : France Télécom ne lui a donné aucune affectation. Début 1998, elle réintègre la direction du développement international, accepte même d'adopter le statut de droit privé. Elle déchante vite : dans le nouvel organigramme, elle est rétrogradée à l'échelon le plus bas, «au même niveau que les chauffeurs de service», mentionnent les juges, qui y voient la preuve d'une «mise à l'écart et d'un dénigrement des compétences». «J'étais habituée à parler avec les dirigeants et voilà que je me retrouvais au fin fond de l'organigramme», dit-elle.



Quelques semaines plus tard, la direction quitte les locaux de Montrouge pour rejoindre le quartier parisien de Montparnasse. Renée L., au contraire de ses collègues, n'est pas du déménagement. Ni badge ni bureau pour elle dans les nouveaux locaux. Toute la direction de l'international a déménagé, sauf Renée, qui reste une semaine dans le bâtiment vidé de ses occupants, sans électricité ni climatisation. Devant les juges, l'employé chargé du déménagement a affirmé qu'il avait reçu l'ordre du secrétaire général de la direction, Alain M., de ne pas la déménager.

 

Finalement, Renée est installée dans un bâtiment France Télécom à Arcueil (Val-de-Marne). Les locaux sont presque vides. «J'étais isolée, toute seule au 6e étage, du matin au soir. Dans les couloirs, il n'y avait pas de lumière, je rasais les murs.» En juin 2000, Renée, qui n'a plus aucune mission, prend acte de la rupture de son contrat de travail. Elle lance une procédure aux prud'hommes à l'encontre de deux supérieurs hiérarchiques, dont le directeur de la division, pour faire reconnaître le harcèlement moral.

 

En 2006, un premier jugement la déboute. Six ans et une grave crise sociale chez Orange France Télécom plus tard, qui a mis en lumière les graves dérives managériales de l'opérateur télécom, le harcèlement moral est enfin reconnu. «Les faits (...) établissent tant isolément que pris ensemble des actes constitutifs de harcèlement, estiment les juges. (...) Le harcèlement moral à l'encontre de la salariée étant établi, la rupture du contrat de travail est imputable à la société France Télécom.»

 

Ses supérieurs hiérarchiques ne sont pas poursuivis. Renée aurait souhaité qu'ils rendent des comptes, mais elle ne se pourvoira pas en cassation. «J'en ai marre», dit-elle. Aujourd'hui, elle se sent à la fois «soulagée» et amère : «Cette histoire, c'est tout de même un énorme gâchis, dit-elle. Cet argent ne compensera jamais une carrière ruinée, les problèmes de santé, la précarité dans laquelle j'ai vécu pendant des années et les conséquences sur ma vie privée.»


Du côté de France Télécom, un porte-parole affirme que ce genre d'affaire appartient au passé. «Notre groupe a vécu une mutation profonde qui s'est traduit par la crise sociale de 2009. Depuis, nous avons fait évoluer le modèle de l'entreprise : son organisation, sa culture managériale, ses relations sociales.»


 Sollicité par Mediapart, Jean-Paul Teissonnière, l'avocat des syndicats de France Télécom dans la plainte au pénal contre l'entreprise et ses anciens dirigeants, salue lui une «décision sans doute importante», qui «reconnaît le cadre organisationnel du harcèlement» à France Télécom et «rappelle que ce que nous avons décrit dans notre plainte existait depuis longtemps».

 


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26 février 2012 7 26 /02 /février /2012 14:31

LEMONDE.FR avec AFP | 26.02.12 | 13h36   •  Mis à jour le 26.02.12 | 13h40

 
 

 

L'opposition russe a mobilisé des milliers de personnes dimanche 26 février à Moscou pour constituer une chaîne humaine le long du boulevard circulaire qui entoure le centre-ville.

L'opposition russe a mobilisé des milliers de personnes dimanche 26 février à Moscou pour constituer une chaîne humaine le long du boulevard circulaire qui entoure le centre-ville.REUTERS/GRIGORY DUKOR


L'opposition russe a mobilisé des milliers de personnes dimanche 26 février à Moscou pour constituer une chaîne humaine le long du boulevard circulaire qui entoure le centre-ville, à une semaine de la présidentielle du 4 mars. Leur slogan : "Ne laissons pas Poutine entrer au Kremlin".

Répartis le long des 16 kilomètres du périphérique, une semaine avant la présidentielle du 4 mars, beaucoup de participants arboraient des rubans blancs à la poitrine ou d'autres emblèmes de cette couleur, choisie par l'opposition comme le symbole de la contestation depuis les manifestations de décembre. La police de Moscou a estimé le nombre de participants à 11 000, l'opposition à 30 000.

Un des leaders de l'opposition libérale, Boris Nemtsov, s'est félicité de la réalisation de ce "cercle blanc" autour du centre de Moscou. Alexeï Navalny, un leader nationaliste et pourfendeur de la corruption, l'ancien champion du monde d'échec Garry Kasparov, engagé dans l'opposition libérale, l'écrivain Boris Akounine, le leader du Front de gauche Sergueï Oudaltsov ont également participé à la manifestation.

Les manifestants se tenaient par endroit sur le trottoir, ailleurs étaient descendus sur la chaussée, faisant des signes de la main aux automobilistes. Nombre de voiture klaxonnaient en passant, certains conducteurs ralentissant pour faire des signes ou brandissant eux aussi par la fenêtre de leur véhicule des rubans ou écharpes blanches.

 

 

Nombre de voiture klaxonnaient en passant, certains conducteurs ralentissant pour faire des signes ou brandissant eux aussi par la fenêtre de leur véhicule des rubans ou écharpes blanches.

Nombre de voiture klaxonnaient en passant, certains conducteurs ralentissant pour faire des signes ou brandissant eux aussi par la fenêtre de leur véhicule des rubans ou écharpes blanches.REUTERS/GRIGORY DUKOR


Des cars de police anti-émeute OMON étaient garés de place en place. Des hélicoptères se faisaient également entendre dans le ciel de Moscou. "Nous sommes venus parce que nous n'acceptons pas les fraudes qui ont eu lieu lors des législatives en décembre (remportées avec près de 50 % par le parti au pouvoir Russie unie), nous ne voulons pas que cela se reproduise le 4 mars", a déclaré Mikhaïl, un participant de 22 ans.

"LA RUSSIE SANS POUTINE"

Selon l'agence Interfax, des manifestants pro-Poutine se sont rassemblés sur une portion du boulevard circulaire, déployant leur propre chaîne humaine parallèlement à celle de l'opposition. "Poutine aime tout le monde !", disaient leurs pancartes ornées d'un cœur, selon l'agence.

Une autre manifestation, organisée notamment à l'appel du parti d'opposition Iabloko, a réuni dimanche environ 3 000 personnes à Saint-Pétersbourg, selon l'estimation d'une correspondante de l'AFP sur place. Entre 3 000 et 4 000 avaient manifesté samedi dans la deuxième ville du pays, sous le slogan "La Russie sans Poutine". Des manifestations ont également eu lieu dans d'autres villes de Russie, rassemblant notamment selon l'opposition 600 personnes à Ijevsk, 300 à Oufa (deux villes de Russie centrale), 500 à Rostov-sur-le-Don (sud-ouest), beaucoup moins selon les autorités policières locales citées par l'agence Interfax.

La présidentielle russe se tiendra le 4 mars dans un climat de contestation sans précédent depuis l'arrivée au pouvoir il y a une décennie de Vladimir Poutine, l'actuel Premier ministre qui ambitionne de revenir au Kremlin. L'ex-agent du KGB, président de 2000 à 2008, est resté l'homme fort du pays après avoir laissé en 2008 la présidence à son subordonné Dmitri Medvedev, faute de pouvoir enchaîner un troisième mandat consécutif. Les sondages lui accordent entre 50 et 66 % d'intentions de vote, rendant probable son élection dès le premier tour comme en 2000 et 2004.

 

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23 février 2012 4 23 /02 /février /2012 17:16
Rue89 - Tribune 23/02/2012 à 17h43
Anne-Sophie Rochegune, RéunionnaiseImprimer

 

 


Au Chaudron, le 23 février (capture d'écran d'une vidéo)

 

Je souhaitais vous faire part de mon intérêt et de mon indignation concernant le sort de La Réunion et les événements qui s'y déroulent depuis maintenant quelques mois, avec, en prime, la vision que l'on peut avoir de la France et de son actuel gouvernement, suite aux projets de l'année des Outre-mer.

Je suis une Française de 25 ans qui a vécu dix-sept ans ans de sa vie dans le département de La Réunion. J'ai choisi de quitter cette île il y a un an et demi car je désespérais :

Aujourd'hui, je constate qu'à part Europe1 mardi, nul journal, nulle chaîne de télévision n'a réellement parlé des événements qui se produisent depuis trois jours (et plus) à La Réunion, pas plus qu'il n'en a été question pour Mayotte le mois dernier !

Emeutes au Chaudron

En effet, depuis trois jours le quartier chaud du chef-lieu est à feu et à sang. Au Chaudron, les émeutes, qui semblaient « maitrisées par les forces de police » le premier soir, persistent jusqu'à ce jour. Cette nuit de mercredi à jeudi encore, on pouvait apercevoir des jeunes regroupés au pied des immeubles occupés à brûler voitures et poubelles en pleine rue.

Mercredi, des groupes d'une cinquantaine de personnes s'attaquaient aux pharmacies et petits commerces. A moins de 200 m de là, un cordon de policiers encerclait la grande surface locale Jumbo Score en balançant, à intervalles réguliers, des bombes lacrymogènes afin de tenir loin les vandales cherchant à percer pour venir dévaliser le grand magasin et ce, sans plus se soucier des boutiques mises à mal sous leur nez !

 

 

Emeutes au Chaudron (1)
Emeutes au Chaudron (1)

Pendant ce temps-là, dans la ville du Port (à l'ouest de l'île), que certains pourraient qualifier de cité de banlieue en métropole, on pouvait avoir les mêmes aperçus qu'au Chaudron : le feu, la casse, les voitures le long des routes détériorées...

La cause de tout ce cirque ? La Réunion, ayant sa propre branche économique en termes de pétrole et de gaz, une énième augmentation de ces produits essentiels – dans une île où la circulation ne se fait qu'en voiture, avec peu de transports en commun pratiques et où le gaz de ville n'existe pas – finit d'accabler particuliers et entreprises avec son coût impossible à tenir, s'ensuit un blocage des routes par nos amis routiers puis un appel à la révolte de la part des associations avec à leur tête monsieur Jean-Hugues Ratenon et son Cospar.

Evidemment, on peut encore se dire que la réaction de la population jeune n'est que prétexte, comme il fut en 2005 des émeutes aux quatre coins de la France : ce mode d'expression n'est pas le plus constructif pour apporter davantage à nos quartiers, nos villes, notre département. Cependant il faut encore expliquer les drames précédents et le contexte social.

Alors que monsieur Sarkozy annonçait pour l'an dernier l'année des Outre-mer, La Réunion n'a pas tant touché sa part du gâteau en terme d'évolutions économique et sociale. A part subir la venue de Sarkozy à 1,5 million d'euros aux frais de la princesse-contribuable pour son meeting de vœux de bonne année (sur invitation, SVP ! ), les Réunionnais ont vu leur taux de chômage augmenter en 2011 pour atteindre un niveau jamais vu depuis dix ans.

Selon les chiffres de l'Insee, la population de La Réunion se caractérise par une certaine jeunesse (avec une population de moins de 40 ans représentant 61,8% de l'ensemble), jeunesse qui doit impérativement traverser les mers et gagner la métropole pour obtenir une formation décente et un premier emploi avant de s'en retourner dans le DOM.

Bien sûr, il existe le Cnarm mobilité pour assurer la continuité territoriale, mais une majorité de son budget est assumée par la région Réunion alors qu'il serait logique d'avoir un appui direct et officiel du ministère de l'Outre-mer ou du ministère de l'Intérieur.

Rien ne bouge si la presse ne s'en mêle pas

Toujours sur la question du déplacement, le gouvernement s'est montré bien silencieux lorsqu'il s'est agi de fournir un budget conséquent dans le projet du tram-train Nord-Ouest, transport en commun qui aurait pu accroître l'essor économique du département en permettant aux populations de se déplacer sur un quart à une moitié de l'île aisément et de trouver de l'emploi ailleurs que dans sa propre ville tout en permettant à La Réunion de respirer plus aisément et d'obtenir un meilleur rendement sur le plan écologique. En diminuant progressivement le parc automobile qui figure parmi les plus importants proportionnellement en France, on aurait pu permettre un assainissement environnemental progressif mais durable.

Néanmoins, toujours coincés par les moyens, les Réunionnais ne verront jamais fleurir cette progression économique, écologique et sociale.

Et que dire de nos 1 500 hectares de forêt et de plantes endémiques flambées durant quatre à cinq jours en octobre 2011 ? Nombreux ont été les Réunionnais à échanger via Facebook sur la question et tous sont arrivés à la même conclusion : si deux Dash ont été mis à disposition, cela aura été uniquement parce qu'enfin l'information aura atteint le continent par le biais du Figaro qui a attiré l'attention des autres journalistes sur cet évènement. Quel prix avons-nous payé avant que cela n'arrive...

L'Outre-mer, parlons-en

Cette année, Marie-Luce Penchard, ministre chargée de l'Outre-mer, aura fait parler d'elle plus que de son travail ou des collectivités territoriales dont elle a la charge. Afficher clairement sa préférence pour son département d'origine, la Guadeloupe, séjourner moins de trois jours dans un DOM autre que le sien et laisser Mayotte crier à la vie chère dans son coin lui ont paru naturellement être un bilan exemplaire de son œuvre. Mais à quoi bon le souligner ? Mayotte, La Réunion ? La vie chère ? Qui s'en soucie ?

L'année des Outre-mer, tu parles !

Bilan : l'année des Outre-mer, une année censée représenter au mieux les DOM-COM et promouvoir leurs bienfaits, leurs apports, le patrimoine exotique
naturel faunique et floral et la diversité qu'elle crée au sein de ce pays, un projet censé relancer le tourisme et l'économie locale... aura finalement tourné à :

  • l'ignorance des terres françaises perdues dans les mers,
  • l'ignorance des difficultés sociales autant que ses particularités ethniques,
  • l'ignorance d'une population qui a besoin de soutien financier et politique pour se tenir sur un pied d'égalité avec les autres régions.

On n'a fait que chipoter face aux agriculteurs qui tiraient la sonnette d'alarme concernant leur difficulté à produire avec des conditions climatiques spécifiques.

Mais bien sûr, en métropole personne n'en parle. C'est loin, on s'en fout, non ? Ce n'est jamais que 800 000 habitants qu'on laisse partir à vau-l'eau et qu'on recontactera éventuellement pour la présidentielle à l'instar de Marine Le Pen il y a deux semaines...

A bon entendeur, salut

 

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22 février 2012 3 22 /02 /février /2012 14:39
colère outre-mer 22/02/2012 à 08h36
Augustin Scalbert | Journaliste Rue89


Une quinzaine de commerces pillés, un incendie dans un dépôt de grains et plusieurs centaines d'émeutiers affrontant la police : voilà le bilan d'une nuit d'émeutes à La Réunion, dans l'ouest de l'île et dans le quartier populaire du Chaudron, à Saint-Denis.
Emeutes dans le quartier du Chaudron à La Réunion - Nuit du 21 au 22 février

Depuis lundi, des routiers bloquaient un dépôt de la Société réunionnaise des produits pétroliers (SRPP), pour protester contre le prix du carburant et le coût de la vie. Ils appelaient la population à se joindre à eux.

Mais mardi soir, vers 22h30 locales (19h30 à Paris), ce sont des groupes de jeunes qui ont rejoint le mouvement, à leur manière : des magasins ont été pillés, des véhicules incendiés.

Une ou plusieurs centaines de jeunes ?

Selon Benoît Huber, le directeur de cabinet du préfet du département de l'océan Indien, les responsables étaient « une petite centaine de jeunes cagoulés qui jouent au chat et à la souris avec les forces de l'ordre présentes sur place ».

Mais selon Zinfos974, « 300 ou 400 jeunes » ont participé aux émeutes, soucieux de revivre les événements de 1991, déjà au Chaudron.

Sur le site Linfo.re, qui publie quelques vidéos spectaculaires, les commentaires sont critiques vis-à-vis de ces débordements : d'accord pour combattre la vie chère, mais pas de cette manière.

 

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22 février 2012 3 22 /02 /février /2012 13:33

LEMONDE.FR avec AFP | 22.02.12 | 12h52   •  Mis à jour le 22.02.12 | 12h56

 
 

 

Manifestation contre le traité Acta à Sofia, en Bulgarie, le 11 février.

Manifestation contre le traité Acta à Sofia, en Bulgarie, le 11 février.AFP/NIKOLAY DOYCHINOV


La Commission européenne a annoncé mercredi son intention de saisir la Cour de justice de l'UE pour savoir si l'accord international sur la contrefaçon (Acta) ne viole pas des droits fondamentaux, suite aux protestation que le texte suscite. 

"Nous avons l'intention de demander à la plus haute cour en Europe si Acta est, d'une manière ou d'une autre, incompatible avec les droits fondamentaux et les libertés fondamentales de l'Union européenne, comme la liberté d'expression, d'information ou la protection des données", a déclaré le commissaire au Commerce, Karel De Gucht.

Négocié dans des conditions opaques, le traité Acta est un accord commercial dont le but est de lutter contre la contrefaçon sous toutes ses formes, de la maroquinerie aux médicaments en passant par le téléchargement illégal, assimilé en droit à une contrefaçon. Le texte prévoit notamment une procédure facilitée pour que les ayants droit puissent obtenir des fournisseurs d'accès à Internet des informations concernant des personnes suspectées de contrefaçon.

Pour les défenseurs de la liberté d'expression, le texte, dont certaines des dispositions les plus controversées ont été retirées de la version définitive, instaurerait de dangereux précédents et limiterait la liberté d'expression en ligne. Ces dernières semaines, plusieurs centaines de manifestations ont eu lieu, notamment en Europe de l'Est, pour demander le retrait de l'accord, qui a été signé par l'Union européenne mais dont le processus de ratification est encore en cours.

 

 

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