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27 février 2013 3 27 /02 /février /2013 00:47

 

 

 

C’est un calendrier secret par définition. Mais à en croire les auditions effectuées ces derniers jours au palais de justice de Paris, Nicolas Sarkozy est désormais dans le collimateur du juge Renaud Van Ruymbeke dans l’affaire Takieddine.

Les 15 et 18 février derniers, Pierre Mariani, ancien directeur de cabinet du ministre du budget entre 1993 et 1995, et Philippe Braidy, son ancien conseiller technique, ont été entendus longuement sur le rôle de leur ministre dans la signature et la validation du contrat d’armement Mouette-ROH avec l’Arabie Saoudite. Ce contrat de réhabilitation des frégates françaises déjà vendues au royaume faisait partie intégrante des affaires gérées par l’intermédiaire Ziad Takieddine avec les responsables français.

Selon une note du 14 décembre 1994, récemment versée à la procédure, le cabinet du ministre du budget Nicolas Sarkozy a donné l’instruction au contrôleur financier de garantir ce marché, malgré l’opposition de sa propre administration. Cette décision de Nicolas Sarkozy a permis le paiement anticipé, en pleine période présidentielle, du réseau Takieddine à hauteur de 210 millions de francs.

 

MM. Balladur et Sarkozy en 1995 
MM. Balladur et Sarkozy en 1995© Reuters

 

La trace d’un différend entre les fonctionnaires du budget et leur ministre avait été retrouvée par les policiers dans les archives de l’office de ventes d’armes Sofresa, comme Mediapart l’avait révélé. Puis elle avait été confirmée en juillet par une haut fonctionnaire, Patricia Laplaud (lire ici), alors chargée de superviser l’équilibre financier des grands contrats d’armement auxquels l’État accordait sa garantie.

À l’époque, plusieurs responsables de l’administration ont ainsi marqué leur surprise devant l’importance des commissions, dits frais commerciaux exceptionnels (FCE), et leur paiement anticipé (qu’on appelle techniquement un “balourd”). Le « balourd de FCE » était, selon Patricia Laplaud, « un facteur de risque financier pour le contrat ». « Il nous fallait un accord écrit de notre ministre que nous avons obtenu », avait-elle révélé. « L’explication que l’on m’a donnée est que les destinataires voulaient avoir leur argent très vite », a-t-elle précisé.

Lors de l’audition du conseiller technique Philippe Braidy, le 15 février, le juge Van Ruymbeke a précisé que « les commissions du marché Mouette s’élevaient à 18,4 % ». « Sur un montant total de 610 millions de francs, 210 étaient prévus pour le réseau K (celui de Takieddine –ndlr). Alors que les 400 millions prévus pour les autres bénéficiaires étaient payables au prorata des règlements du client, les 210 millions bénéficiaient d’une accélération considérable. »

L’office d’armement Sofresa s’est engagé « à payer cette somme intégralement en 1995, année de la campagne électorale », signale le magistrat, en rappelant que ces commissions « ont généré d’importants retraits d’espèces à Genève, à compter de leur versement ». Questionné sur cette « précipitation », Philippe Braidy s’est abrité derrière des « instructions de Matignon », en soulignant qu’il ne « connaissait pas les destinataires ».

Le 14 décembre 1994, il adresse pourtant une note à son ministre, intitulée « Approbation de la lettre de garantie du contrat ROH ». Cette note, qui rappelle le montant des commissions, mais pas l’avis contraire de l’administration, conclut qu’il est « proposé de donner instruction au contrôleur financier de viser la lettre de garantie et de donner accord à la Direction du budget pour approuver ce opérations ».

 

« Seul le ministre du budget a compétence… »

L’octroi de cette garantie de l’État avait pourtant pour effet, comme le juge l’a souligné, « de mettre à la charge du contribuable le risque lié au paiement anticipé de commissions exorbitantes ». « La direction du budget était opposée à la délivrance de la lettre de garantie. Or vous proposez l’inverse. Pourquoi ? », questionne le juge.

« Pour moi, cela résulte de la décision de Matignon de faire aboutir ce contrat », répond le conseiller technique, qui assure n’avoir « plus de souvenir des réunions de Matignon ».

 

En 1995. 
En 1995.© Reuters

 

Le 3 octobre 1995, une note des trois directions relevant du ministère de l’économie – DREE, Trésor et Budget – signale le « sous-financement important » du contrat Mouette-ROH « provenant exclusivement d’un important balourd de FCE » (les commissions anticipées), « exposant la garantie de l’État au risque direct d’une indemnisation des commissions »« Les lettres de garanties de l’État concernant ce contrat (…) ont nécessité des lettres de couverture du ministre du Budget de l’époque », relève l’administration.

Réentendue le 14 janvier, Patricia Laplaud a dit au juge que ces décisions avaient « probablement été prises à l’échelon du Premier ministre ». « Effectivement, les lettres de garantie ont été signées par le ministre du Budget qui agissait sous les ordres du Premier ministre », a-t-elle assuré. À l’époque, Mme Laplaud avait « fait des remarques très vives sur le balourd de FCE », qu’elle n’avait « accepté que contre un accord écrit de son ministre », selon un cadre de l’office Sofresa.

« Seul le ministre du budget a compétence pour autoriser, de façon expresse, la direction du Budget à donner instruction au contrôleur financier de délivrer son visa sur la lettre de garantie », a justifié Pierre Mariani, l’ancien directeur de cabinet de Nicolas Sarkozy. Un à un, les anciens conseillers du ministre du budget ont donc laissé la plupart des questions en suspens, ouvrant la voie à une audition de l’ancien président.

Mais alors que l’opposition de l’administration est établie par différents documents, rien n’indique que Nicolas Sarkozy ait signalé à ses homologues du gouvernement la résistance que suscitait parmi les fonctionnaires le contrat Mouette-ROH comme un autre contrat saoudien, celui de la vente des nouvelles frégates, Sawari II.

En novembre 1994, le directeur du budget lui-même avait pris sa plume pour s’étonner des conditions de validation des risques de Sawari II. « Je ne peux que regretter qu’une affaire susceptible d’entraîner un risque budgétaire de cette importance n’ait pas été traitée selon les procédures interministérielles habituelles », note-t-il. En effet, seuls Nicolas Bazire, le directeur de cabinet du premier ministre Édouard Balladur, et les chargés de mission des ministres de la défense et de l’économie auraient « arbitré ».

Devant Pierre Mariani, le juge s’est étonné que la direction du budget ait ainsi été « court-circuitée », « alors que l’enjeu pour les intérêts de l’État – que défendait la direction du Budget – était considérable ». « Je n’ai pas d’explications, a répondu Mariani. Le processus est ici inhabituel mais c’est dans le pouvoir du Premier ministre de décider. »

L’enquête a montré qu’à Matignon aussi, certains fonctionnaires s’étonnaient des conditions hors normes des marchés saoudiens. Évoquant dans une note du 26 août 1994 la vente d’une « septième frégate » au royaume, Anne Le Lorier, conseillère pour les affaires économiques d'Édouard Balladur, faisait remarquer qu'une « autre difficulté » venait « de ce que le prix proposé aux Saoudiens pour cette frégate serait de 1, 8 milliard de francs ».

« Or une coque nue coûte 350 millions ; une frégate avec un système d’armes coûte 650 millions et une frégate comprenant en outre des équipements spécifiques (climatisation renforcée) coûte 800 millions. C’est dire que le montant des frais commerciaux exceptionnels serait de un milliard de francs ! » La septième frégate, qui n’a jamais vu le jour, pulvérisait, en rêve, tous les pourcentages de commissions.


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20 février 2013 3 20 /02 /février /2013 15:40

 

Le Monde.fr | 20.02.2013 à 13h39 • Mis à jour le 20.02.2013 à 15h34

 

 

 

 

 

Invitée par les étudiants de la prestigieuse université britannique de Cambridge, Marine Le Pen, présidente du Front national, a été accueillie par une centaine de manifestants antifascistes. Dans un discours en français de 35 minutes, la présidente du FN devait présenter aux 300 jeunes membres de la Cambridge Union Society, une association des étudiants de Cambridge, ses considérations politiques sur la France, l'Europe et le monde.

20-02-2013
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19 février 2013 2 19 /02 /février /2013 18:15

 

Le Monde.fr avec AFP | 19.02.2013 à 17h27

 

 

La Cour européenne des droits de l'homme a reconnu à deux lesbiennes le droit d'adopter l'enfant de l'autre.

L'homoparentalité, plus précisément l'adoption "coparentale" au sein des couples de même sexe, a enregistré mardi 19 février deux importantes avancées juridiques : d'une part devant la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH), qui statuait sur un cas autrichien, et d'autre part devant la justice allemande.

Dans le premier cas, les juges européens ont donné raison à un couple de lesbiennes autrichiennes de 45 ans, dont l'une s'était vu refuser par la justice de son pays le droit d'adopter le fils de l'autre, qu'elle élève depuis huit ans. Or une telle adoption "coparentale", selon le droit autrichien, aurait été possible pour un couple hétérosexuel non marié.

C'est cet élément qu'ont retenu les juges de Strasbourg pour conclure à une discrimination en fonction de l'orientation sexuelle. Ils ont en effet estimé qu'une différence de traitement peut être acceptable entre couples mariés et non mariés – et ils ont rappelé à ce propos que les Etats européens sont libres d'ouvrir ou non le mariage aux homosexuels –, mais pas entre couples non mariés homosexuels et couples non mariés hétérosexuels. La Cour a condamné les autorités autrichiennes à verser 10 000 euros pour dommage moral aux requérants.

Lire : Non, l'adoption par des couples gays n'est pas contraire à "l'intérêt de l'enfant"

 

 UNE DÉCISION SIMILAIRE EN ALLEMAGNE

Par un hasard du calendrier, c'est également mardi que la plus haute instance judiciaire allemande, la Cour constitutionnelle de Karlsruhe, a rendu une décision dans un dossier assez similaire. En Allemagne, les homosexuels vivant en couple dans le cadre d'un contrat de partenariat civil – un dispositif créé en 2001 – ont déjà la possibilité que l'un adopte l'enfant de l'autre, sauf si l'enfant avait déjà été adopté par le premier parent.

C'est justement ce point que contestaient les deux couples de requérants qui s'étaient tournés vers la cour de Karlsruhe : une lesbienne, qui avait adopté un enfant en Bulgarie, et sa compagne, ainsi qu'un gay, ayant adopté un enfant en Roumanie, et son compagnon.

Les juges constitutionnels ont observé qu'une adoption de ce type était possible pour les couples mariés – donc hétérosexuels, car le mariage gay n'existe pas en Allemagne –, mais pas pour ceux ayant conclu un partenariat civil. Ils ont jugé cette différence de traitement contraire à la Constitution. "Dans l'intérêt des enfants", les parents doivent être protégés des ingérences de l'Etat, et "le fait que les parents soient de même sexe ou de sexe différent n'y change rien", a estimé la Cour constitutionnelle.

Lire l'entretien avec Maurice Godelier : "L'humanité n'a cessé d'inventer de nouvelles formes de mariage et de descendance"

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19 février 2013 2 19 /02 /février /2013 18:03

 

 

Le Monde.fr avec AFP | 19.02.2013 à 10h32 • Mis à jour le 19.02.2013 à 17h07


 

 

Les poissons d'élevage pourront être nourris avec de la farine de porcs ou de volailles à partir du 1er juin.

Un concert d'indignation a suivi, en France, l'annonce par la Commission européenne, le 14 février, que les poissons d'élevage pourraient à nouveau être nourris avec des farines de porcs et de volailles à compter du 1er juin. Ce mode d'alimentation avait été totalement interdit dans l'Union européenne en 2001, après cinq années de crise de la "vache folle" due à une épizootie d'encéphalopathie spongiforme bovine (ESB).

Lire (édition abonnés) : UE : le retour des farines animales sème le trouble

Le gouvernement a rapidement pris ses distances avec cette décision, rappelant que la France avait voté contre son adoption au mois de juillet 2012. C'est une mesure qui "tombe mal", a estimé dès vendredi 15 février le ministre français de l'agroalimentaire, Guillaume Garot.

La ministre de l'écologie, Delphine Batho, a appelé, dimanche 17 février, à la création d'un label "sans farine animale" pour informer les consommateurs, estimant que "ce n'est pas dans la logique de la chaîne alimentaire que de donner de la viande à manger à des poissons". Pour Mme Batho, "c'est la même logique d'absurdité financière" que pour la viande de cheval. "Il est très important que la filière piscicole française s'organise pour qu'il y ait un label "sans farine animale" qui puisse faire son apparition sur les étalages, pour dire aux consommateurs français : le poisson que vous achetez n'a pas été nourri avec de la viande."


 UNE "TRIPLE ERREUR"

Le ministre français de l'agriculture, Stéphane Le Foll, a abondé dans son sens. "On va s'organiser", a-t-il assuré lors de l'émission radio-télévisée "Le Grand Jury" sur RTL et LCI. "Sans remettre en cause la décision européenne, la France peut très bien faire en sorte, avec un label, qu'on n'utilise pas" les farines animales, a expliqué le ministre.

Lundi 18 février, c'est le président de la commission du développement durable de l'Assemblée nationale, Jean-Paul Chanteguet (PS), qui s'est élevé contre la décision de Bruxelles, la qualifiant de "triple erreur" : "sanitaire", "environnementale" et "éthique". D'un point de vue "environnemental", cet élu de l'Indre a souligné que "ce n'est pas en nourrissant les poissons avec des volailles et des porcs – ce qui ne s'observe à aucun moment ni à aucun endroit de la chaîne alimentaire de notre planète – que l'on résoudra le problème" consistant à trouver des substituts aux farines de poissons actuellement utilisées.

 

Le ministre de l'agriculture, Stéphane Le Foll, le 18 février à Paris.

 

De son côté, la première organisation agricole, la FNSEA, s'est dite hostile à la réintroduction des farines animales dans l'alimentation des poissons d'élevage si elle n'est pas très encadrée. "Nous ne sommes pas favorables à un retour, comme ça, sans condition ; il faudra vraiment expertiser de manière très, très précise", a déclaré son président, Xavier Beulin mardi 19 février sur France Info, rappelant que l'alimentation des animaux d'élevage par farine animale, à l'origine du scandale de la vache folle, avait provoqué en 1996 un "traumatisme qui a beaucoup marqué nos concitoyens, à juste titre". "Il faudra mettre là toute la prudence nécessaire (...), tous les contrôles", a souligné M. Beulin.

 

 "CONTREPRODUCTIVE ET INOPPORTUNE"

Plus virulente, la Confédération de la boucherie "s'indigne" de cette décision. "Une fois de plus, Bruxelles cède aux pressions de l'industrie agroalimentaire. Cette même industrie qui n'hésite pas à frauder pour augmenter ses profits et ainsi bafouer la confiance du consommateur", dénonce son président, Christan Le Lann.

Même tonalité chez les associations de consommateurs. CLCV dénonce une mesure "contreproductive et inopportune", alors que "la confiance des consommateurs est au plus bas". "Nous maintenons que ces matières premières, interdites suite à la crise de la vache folle, auraient dû le rester", écrit l'association dans un communiqué, rappelant que Bruxelles souhaite à terme étendre cette autorisation aux élevages de porcs et de volailles. "L'urgence n'est pas d'alléger les mesures de sécurité sanitaire, mais d'examiner comment les renforcer", selon la CLCV, qui réclame "un audit global et transparent sur la traçabilité et les contrôles alimentaires en Europe afin d'en identifier les failles".

L'association Familles Rurales, opposée elle aussi à cette mesure, demande à ce que des contrôles soient automatiquement réalisés : "Il convient de veiller à l'impossibilité de nourrir des poissons d'élevage avec des protéines animales issues de ce même poisson d'élevage", estime-t-elle. Familles Rurales prône également la mise en place d'un étiquetage obligatoire "exhaustif et lisible" stipulant si le poisson a été nourri ou non avec ces farines.

 

 

 
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17 février 2013 7 17 /02 /février /2013 16:53

 

http://franche-comte.france3.fr

 

Nos confrères du Canard Enchaîné ont révélé l'affaire: des policiers de la brigade financière de Belfort ont récemment refusé de reconduire à la frontière une famille originaire du Kosovo. Le père menaçait de sauter par la fenêtre.

  • Par Jérémy Chevreuil
  • Publié le 14/02/2013 | 18:28
Depuis la suppression de la Police de l'Air et des Frontières (PAF), n'importe quel policier peut procéder à une expulsion. © f3fc
© f3fc Depuis la suppression de la Police de l'Air et des Frontières (PAF), n'importe quel policier peut procéder à une expulsion.

Les faits, relatés par l'hebdomadaire, remontent au 23 janvier. 
Des fonctionnaires de la brigade financière se sont retrouvés face à une femme en pleurs à leurs pied et à un homme qui menace de se suicider devant son épouse et son fils. Ils n'ont pas le courage de les emmener.
Selon le Canard Enchaîné, les policiers auraient eu droit à "une belle engueulade" de la part de la préfecture, qui dément aujourd'hui toute "réprimande" et reconnaît que l'expulsion n'a pu avoir lieu en raison d'une "forte charge émotionnelle".

Le réseau RESF, qui défend les sans-papiers, estime de son côté qu'il n'a pas à faire à Belfort à une "préfecture inhumaine".

 


 

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17 février 2013 7 17 /02 /février /2013 16:48

 

leprogres.fr

  Publiée le 16/02/2013 à 06:00
   

Ils sont retraités, agriculteurs, historiens ou enseignants. Leur point commun ? Une volonté farouche de combattre un projet de scierie qui, affirment-ils, « serait un massacre pour le Morvan ». Ils viennent d’entrer en résistance.

 

 

Photo Jean-Pierre Guillot

Photo Jean-Pierre Guillot

 

C’est l’histoire de deux mondes qui se rencontrent. De deux logiques qui s’affrontent. C’est l’histoire d’un projet économique d’envergure, une scierie à vocation écologique (lire ci-dessous) porté par la majorité de la classe politique locale, « au nom de l’emploi et du développement de la Nièvre », qui se heurte à des résistances locales affirmées. A des gens enracinés dans leur terre qui ne veulent pas « sacrifier » leur Morvan « sur l’autel des profits ». Le point de rupture est désormais dépassé, et le temps de l’occupation est arrivé.

Cette histoire qui se répète, dans le sillage de l’emblématique combat de Notre-Dame-des-Landes, est en train de prendre une tournure plus importante. Avec des soutiens de plus en plus nombreux. Une mobilisation qui s’organise. Et des déterminations sans faille, malgré les conditions hivernales difficiles.

Car les habitants du cru défendent leur royaume du Morvan avec force, paille, fourches et tentes improvisées. En composant avec la rudesse du climat et les zones humides des terres du Corbigeois. Bienvenue à Sardy-lès-Epiry, à une soixantaine de kilomètres de Nevers.

Depuis quelques jours, des habitants occupent un terrain qui jouxte le bois de Tronçay, afin d’empêcher l’arrivée des bûcherons et des engins de terrassement. Ils étaient une centaine dimanche dernier, à défier les autorités. Ils sont tous les jours une trentaine sur le site à se relayer. Pour surveiller. Pour s’opposer. Une tente salle à manger cuisine pour restaurer et réchauffer les frondeurs, des toilettes sèches et une « maison » de paille pour faire dormir, sur place, l’équipe de nuit. Bottes en caoutchouc et cols roulés obligatoires.

« Au début, ce projet était plutôt séduisant » raconte Jérôme Bognard, un exploitant agricole âgé de 40 ans et aujourd’hui vice-président d’Adret Morvan (association pour le développement dans le respect de l’environnement en territoire Morvan et environs). « On parlait d’une scierie zéro déchets. C’était en 2006 ». Mais le projet a muté. « Dans le sens du gigantisme ! » s’empresse de préciser cet éleveur d’escargots promu « chef de guerre ». Il est 10 heures ce mardi matin, et une patrouille de gendarmerie s’approche du camp de base et observe avant de repartir. « On redoute une intervention. Mais on ne se laissera pas faire ! »

« Les emplois à la clé ? On n’y croit pas. Ce qui va être fait ici ? Un incinérateur, ni plus ni moins. Une agression écologique et une aberration économique. Nous n’en voulons pas. » Alors Jérôme et ses amis s’organisent. Occupent et défendent en attendant de connaître la position du tribunal administratif de Dijon, saisi en référé suspension le 26 février prochain (lire ci-dessous). La quarantaine de requérants ira se « frotter » au préfet de la Nièvre.

Au pied du brasero, les militants échangent autour d’un café : « C’est l’Etat qui se comporte en voyou dans cette affaire ! » Bonnets sur la tête, les pieds dans la paille, c’est bec et ongles que ces opposants « de gauche » pour la plupart, défendent leurs idées. Eliane habite à une trentaine de kilomètres et veut se montrer solidaire : « Je ne viens pas tous les jours. Nous tournons. Ce projet est insensé, tout simplement. Il faut donc le refuser. » Muriel, Agnès, Antonio, Pascal, Jean-François, Nicolas… Tous confirment cette position. Et cette formidable envie de retourner la situation. « J’ai découvert cette région il y a vingt ans. J’ai vu tout de suite son formidable potentiel » ajoute Philippe, historien installé à Mhère, à une quinzaine de kilomètres du site. « Le Morvan est pillé pour son bois comme Cluny l’a été pour ses pierres. C’est un massacre. Alors, le changement, il faut le faire maintenant pour sauver le Morvan ».

Il est bientôt midi, et Monique, la cuisinière, peut rassurer ses convives : « Oui, il reste du pain. » car pour déjeuner, ce sera charcuterie. Et restes de soupe. Les résistants sont installés. Et ils ne comptent pas bouger. Comme portés par ce vent de contestation qui traverse la France et que les monts du Morvan n’ont pas contenus.

Jean-Philippe Guillot

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17 février 2013 7 17 /02 /février /2013 15:20

 

 

[interne_cimade_l] Lettre ouverte au Premier ministre pour que cessent les refus de scolarisation et la création de classes « roms » [Action collective]

 

 

Action collective

Lettre ouverte au Premier ministre
Pour que cessent les refus de scolarisation et la création de classes « roms »

Monsieur le Premier ministre
Hôtel de Matignon
57 rue de Varenne
75700 PARIS

Copie à Monsieur Vincent Peillon
Copie à Madame George Pau-Langevin

Paris, le 11 février 2013

Monsieur le Premier Ministre,

Selon le préambule de la Constitution de 1946 « La nation garantit l’égal accès de l’enfant et de l’adulte à l’instruction, à la formation professionnelle et à la culture. L’organisation de l’enseignement public, gratuit et laïque à tous les degrés est un devoir de l’État ».

Malgré la clarté de ce principe à valeur constitutionnelle, nous continuons de constater des refus de scolarisation opposés à des enfants d’origine rom, sous des prétextes divers : manque de pièces au dossier d’inscription, preuve insuffisante de leur résidence sur la commune concernée, ou encore en invoquant des raisons financières (la scolarisation de ces enfants constituerait une charge trop lourde pour la commune). Dans les quelques cas où l’inscription à l’école a finalement été obtenue, c’est toujours à l’issue d’un long parcours du combattant juridique et militant : interpellations des autorités, recours auprès des administrations compétentes (DASEN, Préfecture), saisine du Défenseur des droits…. Cela a été le cas à Champs-sur-Marne et c’est encore le cas actuellement pour la scolarisation de sept enfants roms de Noisy-le-Grand dont, en dépit du refus du maire justifié par « l’absence de domiciliation », le personnel enseignant et le Directeur académique ont décidé qu’ils devaient être accueillis dans une école de la ville. C’est aussi le cas dans quelques villes de l’Essonne comme Evry, Courcouronnes, Villebon-sur-Yvette. Sur cette question, le Défenseur des droits considère qu’« une telle différence de traitement fondée sur l’origine est susceptible de caractériser une discrimination prohibée notamment par l’article 2 de la loi du 27 mai 2008 » (Décision n° MLD/2012-33).

Plus récemment, nous avons eu connaissance d’une nouvelle pratique qui, si elle semble pour l’instant marginale, n’en est pas moins extrêmement préoccupante. Il s’agit de la création de classes composées uniquement d’enfants roms et fonctionnant en dehors de tout établissement scolaire. C’est le cas de la ville de Saint-Fons où la maire a décidé d’affecter des locaux – qui sont ceux d’une ancienne école mais qui abritent également les services de la police municipale – à l’« accueil » de 25 enfants, tous d’origine rom. Il s’agit là de l’instauration d’une véritable séparation ethnique, mais l’idée n’a pas manqué de faire des adeptes : le 21 janvier dernier, le maire de Ris-Orangis, en réponse aux demandes d’inscription scolaire déposées pour certaines depuis septembre 2012, a créé une classe ad hoc dans une salle attenante au complexe sportif « Émile Gagneux ». Aux yeux du maire, la classe qui « accueille » 12 enfants âgés de 5 à 10 ans, présente « l’avantage » de se trouver à 100 mètres seulement du terrain que les familles occupent. A 100 mètres aussi de l’école qui aurait dû les accueillir, si la loi était respectée…

L’article L. 131-1-1 du code de l’éducation rappelle en effet que « Le droit de l’enfant à l’instruction a pour objet de lui garantir, d’une part, l’acquisition des instruments fondamentaux du savoir, des connaissances de base, des éléments de la culture générale et, selon les choix, de la formation professionnelle et technique et, d’autre part, l’éducation lui permettant de développer sa personnalité, d’élever son niveau de formation initiale et continue, de s’insérer dans la vie sociale et professionnelle et d’exercer sa citoyenneté. Cette instruction obligatoire est assurée prioritairement dans les établissements d’enseignement. ».

Comment considérer que des classes créées à l’écart des établissements scolaires, où les enfants, maintenu.e.s dans un « entre-eux » par ailleurs dénoncé de toutes parts, offriraient ce cadre permettant « de s’insérer dans la vie sociale » et « d’exercer [leur] citoyenneté » ? Comment accepter qu’ils et elles se trouvent, en raison de leur origine, privé·e·s des relations avec les autres enfants, les autres enseignant·e·s, éducateurs et éducatrices, les services d’une véritable école ?

Le 2 octobre 2012, la ministre déléguée auprès du ministre de l’éducation, chargée de la réussite éducative, avait adressé trois circulaires concernant la scolarisation des enfants allophones nouvellement arrivés [1]. Dans celles-ci, est réaffirmé le principe selon lequel « L’obligation d’accueil dans les écoles et établissements s’applique de la même façon pour les élèves allophones arrivants que pour les autres élèves ». Il a d’ailleurs été repris dans votre plan contre la pauvreté et pour l’inclusion sociale, le 22 janvier dernier. La réaffirmation de ces principes ne suffit pas ; elle doit être suivie d’effet, ce qui n’est pas le cas des classes « roms » de Saint Fons et Ris-Orangis ou plus généralement dans les communes qui, encore aujourd’hui, refusent aux enfants roms l’accès à un droit fondamental.

À ce propos, vous n’ignorez pas que la France vient, une fois de plus, d’être condamnée par le Comité européen des droits sociaux pour le traitement que notre pays réserve à la population rom, qu’il s’agisse d’évictions forcées des lieux d’habitation, du non accès aux droits fondamentaux comme le logement, la santé ou encore la scolarisation. Sur cette dernière question, le Comité a estimé que « le Gouvernement ne prend pas des mesures particulières, alors qu’il le devrait à l’égard des membres d‘un groupe vulnérable, pour assurer aux enfants roms d’origine roumaine ou bulgare une égalité d’accès à l’éducation » (point 132 de la décision du CEDS, 11 septembre 2012, réclamation MDMI n° 67/2011). Il y a par conséquent violation de l’article E combiné avec l’article 17§2 de la charte sociale européenne. Les « mesures particulières » que la France doit prendre selon le CEDS ne sauraient passer par la création de classes « roms » qui vont naturellement dans le sens de la ghettoïsation dénoncée et condamnée régulièrement par le CEDS, le Comité des Ministres, comme par le Commissaire aux droits de l’Homme du Conseil de l’Europe.

Au vu de tous ces éléments, nous souhaiterions être informés des mesures que vous comptez prendre d’urgence afin que cessent les refus de scolarisation et la création de classes « roms » et pour que le droit fondamental à l’instruction et à l’école soit pleinement reconnu à toutes et à tous sur le territoire de la République.

Dans l’attente de votre réponse, nous vous prions d’agréer, Monsieur le Premier Ministre, l’assurance de toute notre considération,

Pour les signataires :

Michel FEVRE
Président du Collectif pour le droit
des enfants roms à l’éducation


Organisations signataires :

Le Collectif pour le droit des enfants roms à l’éducation
AFEV (Association de la Fondation Etudiante pour la Ville) – CGT Educ’Action – CLIVE (Centre de Liaison et d’Information Voyage Ecole) – DEI-France (Défense des Enfants – International) – FCPE (Fédération des conseils de parents d’élèves) – FERC-CGT (Fédération de l’éducation, de la recherche et de la culture) – ICEM-Pédagogie Freinet (Institut Coopératif d’Ecole Moderne) –Intermèdes –RESF (Réseau Education Sans Frontière) – Sud Education – SNUipp-FSU – Solidarité Laïque.

Le Collectif National Droits de l’Homme Romeurope est composé des organisations suivantes :
ABCR (Association Biterroise Contre le Racisme) – ALPIL (Action pour l’insertion sociale par le logement) – AMPIL (Action Méditerranéenne Pour l’Insertion sociale par le Logement) – ASAV (Association pour l’accueil des voyageurs) – ASEFRR(Association de Solidarité en Essonne avec les familles roumaines et rroms) – Association Solidarité Roms de Saint-Etienne – CCFD-Terre Solidaire (Comité Catholique contre la Faim et pour le Développement) – LA CIMADE (Comité intermouvements auprès des évacués) – CLASSES (Collectif Lyonnais pour l’Accès à la Scolarisation et le Soutien des Enfants des Squat) – FNASAT-Gens du voyage – Habitat-Cité – LDH (Ligue des Droits de l’Homme) – Mouvement catholique des gens du voyage – MRAP (Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples) – PU-AMI (Première Urgence- Aide Médicale Internationale) - ROMAQUITAINE – Rencontres tsiganes – RomActions – Romeurope 94 – Secours catholique (Caritas France) – SICHEM (Service de Coopération Humanitaire pour les Etrangers et les Migrants) – Une famille un toit 44 – URAVIF (Union régionale des associations pour la promotion et la reconnaissance des droits des Tsiganes et des Gens du voyage d’Ile-de-France)

Le Comité de soutien de Montreuil, le Comité de soutien 92 Sud, le Collectif nantais Romeurope, le Collectif de soutien aux familles rroms de Roumanie, le Collectif Rroms des associations de l’agglomération lyonnaise, le Collectif Romyvelines, le Collectif de soutien aux familles roms de l’agglomération orléanaise, le Collectif des sans-papiers de Melun, Collectif solidarité Roms Lille Métropole, le Collectif Solidarité Roms Toulouse, Collectif de soutien aux familles Rroms de Noisy le Grand.

Et les organisations suivantes : Amnesty International France, ATD Quart Monde, CGT Educ’Action 91, Collectif « Ceux de Roubelles », Collectif Local des Citoyens Solidaires, GISTI (Groupe d’information et de soutien des immigrées), FASTI (Fédération des Associations de Solidarité avec les Travailleur-euse-s Immigré-e-s), FSU 91, FCPE 91, Plateforme 93 de soutien aux Rroms vivant aux bidonvilles, SNUipp-FSU 91, Syndicat des correcteurs CGT de Paris

 

[1] Circulaires du n° 2012-141, 2012-142 et 2012-143.

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15 février 2013 5 15 /02 /février /2013 16:49

 

Le Monde.fr avec AFP | 15.02.2013 à 17h36 • Mis à jour le 15.02.2013 à 17h36

 

 
La société Carcoop, propriété de Carrefour et de Coop Atlantique, a été condamnée vendredi 15 février à verser 15 000 euros de dommages et intérêts pour harcèlement moral à une salariée qui avait tenté de se suicider dans son hypermarché.

 

La société Carcoop, propriété de Carrefour et de Coop Atlantique, a été condamnée, vendredi 15 février, à verser 15 000 euros de dommages et intérêts pour harcèlement moral à une salariée qui avait tenté de se suicider dans son hypermarché. 

Le conseil des prud'hommes de Moulins, dans l'Allier, a estimé dans son jugement que "des relations tendues et conflictuelles avec la direction existaient au sein du magasin au moment des faits". Le tribunal a aussi fait état de lettres reçues par la salariée, représentante syndicale CGT, lui demandant de ne pas discuter avec ses collègues après avoir pointé, sans quoi elle serait sanctionnée.

 

"CARACTÈRE PROFESSIONNEL DE LA TENTATIVE DE SUICIDE"

"C'est à la suite de cette réception d'une de ces lettres et d'un nouvel entretien avec [sa supérieure] que la salariée tentera de mettre fin à ses jours" en juin 2010, en prenant des médicaments dans les toilettes du magasin. Ajoutant qu'il "n'est pas démontré qu'elle ait eu des soucis d'ordre personnel susceptible d'avoir influé sur son geste malheureux", et s'appuyant sur "la reconnaissance par la CPAM [caisse primaire d'assurance maladie] du caractère professionnel de la tentative de suicide", le tribunal juge que l'attitude de la responsable de caisse et du directeur était "incontestablement de nature (...) à constituer une dégradation des conditions de travail" de la salariée.

Dans sa lettre d'adieu, citée par le tribunal, la caissière disait notamment ne plus supporter "la pression" : "les courriers, les insultes par la direction, ça suffit", écrivait-elle. La salariée a par contre été déboutée de sa demande de dommages et intérêts au chef d'atteinte à son statut de membre du comité d'hygiène, de sécurité et des conditions de travail. Le groupe Carrefour, qui ne fera pas appel, n'a pas souhaité commenter cette décision de justice.

 

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12 février 2013 2 12 /02 /février /2013 19:44

 

 

Le Monde.fr avec AFP | 12.02.2013 à 12h42

 

Certains manifestants ont lancé des fumigènes, des bouteilles et des œufs aux forces de police qui ont déployé des véhicules avec grille permettant de faire barrage et ont fait usage de gaz lacrymogènes.

De nombreux salariés – entre 800 et 1 000 selon la police – manifestaient mardi 12 février devant le siège de Goodyear France à Rueil-Malmaison, dans les Hauts-de-Seine, où s'est ouvert dans la matinée un comité d'entreprise extraordinaire. Alors que l'usine Goodyear d'Amiens-Nord et ses 1 173 postes doit fermer, ce CCE, qualifié de "très important" par la direction, doit porter notamment sur "les mesures d'accompagnement dans le cadre de ce projet de fermeture" et sur "le contexte économique", selon un porte-parole. 

Les salariés d'entreprises touchées par des plans sociaux (Sanofi, ArcelorMittal, PSA) étaient appelés à se rassembler devant le siège de Goodyear pour dénoncer les licenciements boursiers. Les premiers manifestants venus dès l'aube par un temps gris et froid avaient été rejoints en début de matinée par quelque 750 salariés de l'usine Goodyear d'Amiens Nord, vêtus de tee-shirt noir ou rouge portant l'inscription "Goodyear patrons voyous".

 

 

De nombreux policiers ont été mobilisées aux abords du bâtiment. Certains manifestants ont lancé des fumigènes, des bouteilles et des œufs en direction des forces de police qui ont déployé des véhicules avec grille permettant de faire barrage et ont fait usage de grenades lacrymogènes. Des membres des forces de l'ordre ont été éclaboussés de peinture. Le délégué CGT de Goodyear, Mickaël Wamen, a accusé la direction d'avoir "fait venir des casseurs".

"Pousser des mecs à bout, ça c'est de la violence, les voyous ce n'est pas nous, ce sont les patrons de Goodyear, d'ArcelorMittal", a lancé Mickael Wamen avant le début du CCE. "On veut que notre action fasse boule de neige", a-t-il dit, avant de confier que les représentants syndicaux allaient rentrer "dans la salle du CCE avec la boule au ventre". Venu soutenir "la démarche de convergences des luttes", Olivier Besancenot (NPA) a observé que "la population relève la tête".

 

 

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12 février 2013 2 12 /02 /février /2013 19:38

 

 

Le Monde.fr | 12.02.2013 à 19h53 Par Nicolas Richaud et Delphine Roucaute


 
Les ouvriers de Goodyear se sont déplacés d'Amiens dans treize cars.

"Cette usine, elle est à nous, c'est notre bien le plus précieux. La lutte des Goodyear devient une lutte nationale !" Perché sur un camion, Mickaël Wamen, leader de la CGT Goodyear d'Amiens-Nord, harangue la foule avant de rejoindre les dirigeants de l'entreprise.

Le tranquille quartier pavillonnaire où s'établit le siège social de Goodyear Dunlop Tires France, à Rueil-Malmaison, s'est réveillé au son des cornes de brume et des moteurs de cars. Près de 1 000 manifestants, et presque autant de CRS, se sont rassemblés, mardi 12 février, devant le bâtiment où la direction de la multinationale tenait son comité central d'entreprise (CCE). Les représentants syndicaux de plusieurs entreprises concernées par des plans de restructuration étaient là pour soutenir les quelque 700 ouvriers du site d'Amiens-Nord, menacé de fermeture. 

Attendu depuis une semaine, ce CCE a pris une importance d'autant plus grande qu'Arnaud Montebourg, le ministre du redressement productif, a annoncé mardi matin que l'éventuel repreneur américain Titan "ne reviendrait pas" et que "le gouvernement cherchait une alternative".

 "CONVERGENCE DES LUTTES"

Dans le public, les drapeaux rouges de la CGT se mêlent à ceux du NPA. Olivier Besancenot est là, il se fait discret.

"On est là pour soutenir les salariés qui résistent. On assiste aujourd'hui à une convergence des luttes, de ceux et celles qui se battent", répète-t-il aux journalistes. A ses côtés, Philippe Poutou, ouvrier de Ford à Blanquefort (Gironde) et candidat à la présidentielle, s'insurge de la présence de six cents CRS autour des ouvriers : "C'est lamentable, c'est du mépris social. Tout ça parce que ce sont des pauvres qui se battent."

Pendant que Mickaël Wamen part assister au CCE, on installe le barbecue, les langues commencent à se délier. Une vingtaine de représentants de l'entreprise pharmaceutique Sanofi ont répondu à l'appel de la CGT. "On est dans la même galère. C'est la même stratégie d'entreprise, celle qui consiste à privilégier l'actionnaire aux dépens des salariés, avance Thierry Bodin, délégué CGT à Sanofi. On participera à toutes les mobilisations en faveur de l'intérêt général, contre les intérêts particuliers."

Fralib, Sanofi, ArcelorMittal, PSA : ils ont répondu nombreux à l'appel de la CGT de Goodyear.

Arrivés un peu en retard au rassemblement, une soixantaine de salariés de l'usine PSA d'Aulnay investissent l'étroit parking, scandant : "Goodyear, PSA : même combat !" A son tour, Jean-Pierre Mercier, délégué syndical de la CGT du site d'Aulnay-sous-Bois, se juche sur une camionnette pour réaffirmer son "soutien chaleureux et fraternel" aux salariés de Goodyear. Le ton est ferme : "On nous a traités de délinquants, voyous, terroristes. Mais face à cette guerre du patronat, on n'a pas le choix, on se bat avec nos propres armes : grèves, blocages et manifestations !" A peine le temps de se faire applaudir, et il repart pour assister à une réunion décisive pour l'avenir des usines d'Aulnay-sous-Bois et de Rennes.

 "ON VA SORTIR L'ARTILLERIE LOURDE"

Profitant d'une pause du CCE, Mickaël Wamen lance aux salariés : "On va sortir l'artillerie lourde devant les tribunaux. On n'a pas encore sorti 10 % de notre attirail juridique." La menace est claire : la CGT est résolue à continuer le bras de fer juridique engagé depuis six ans avec la direction française du groupe.

"La bonne nouvelle, c'est que Goodyear prévoit pour 2013 1,5 milliards de dollars" de résultat d'exploitation, s'exclame-t-il d'un ton ironique. Pour lui, il n'y a donc aucune raison de fermer l'usine. Le groupe américain a en effet revu à la baisse mardi sa prévision de bénéfice d'exploitation pour 2013, et table désormais sur 1,4 à 1,5 milliard de dollars, contre 1,6 milliard visé précédemment. Le bénéfice net sur 2012 est, lui aussi, revu à la baisse.

 FUMIGÈNES CONTRE GAZ LACRYMOGÈNE

Quelques manifestants lancent des œufs et des bouteilles en verre au mur de CRS qui bloque l'accès au siège de Goodyear. Mickaël Wamen essaye de calmer l'atmosphère : "Ne tombez pas dans le piège, ils n'attendent que ça." La réplique des CRS est immédiate : jets de gaz lacrymogènes et coups de matraque sur les quelques têtes brûlées qui les défient avec des pétards. Les fumigènes enveloppent l'assemblée d'un coup.

Quelque six cents CRS ont essuyé les jets de projectiles des manifestants, mardi 12 février, devant le siège social de Goodyear Dunlop Tires France.

La majorité des manifestants s'est écartée du front de CRS, et regarde la scène avec désapprobation. "C'est une minorité qui fout la merde, commente Fernando Figueiredo, membre de la CGT à Goodyear. Le mot d'ordre, avant de venir, c'était d'être responsable et de se canaliser. Je peux comprendre les raisons qui les poussent à faire ça, mais je ne suis pas d'accord avec eux." Même dépit chez Yannick Hordé, qui travaille depuis onze ans à Amiens-Nord : "Cela fait six ans qu'on se bat pour notre travail sans qu'il y ait de dérapage. Le but de la direction, c'est de fermer l'usine. Ils veulent qu'on casse tout pour avoir une excuse pour le faire."

Le prochain rendez-vous est fixé au 7 mars pour le prochain CCE, au même endroit. Mickaël Wamen lance une dernière provocation : "Si le gouvernement tremble, il n'a pas fini de trembler."

Nicolas Richaud et Delphine Roucaute

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