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2 novembre 2011 3 02 /11 /novembre /2011 12:38
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2 novembre 2011 3 02 /11 /novembre /2011 12:15

 

Referendum : Papandréou veut un "mandat clair"
BFMTV - Diffusé le : 2 nov 2011 à 12:01

 

 

 

 

 

GRÈCE : Le gouvernement soutient le référendum voulu par Papandréou
Diffusé le : 2 nov 2011 à 10:03
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2 novembre 2011 3 02 /11 /novembre /2011 12:04

 

Live blogging 01/11/2011 à 16h17
 

L'initiative surprise du premier ministre grec secoue politiques et marchés. Georges Papandréou rencontre mercredi soir Sarkozy et Merkel à Cannes, qui veulent atténuer son projet référendaire.


Georges Papandréou à la fin du sommet de la zone euro à Bruxelles, le 27 octobre 2011 (Yves Herman/Reuters)

 

La décision du premier ministre grec Georges Papandréou d'organiser un référendum sur le plan de sauvetage européen a provoqué une crise majeure au sein du gouvernement grec, et avec ses alliés européens furieux d'avoir été mis devant le fait accompli. L'annonce a fait chuter brutalement les bourses du monde entier.

Les dirigeants européens et le FMI s'efforcent de convaincre Georges Papandréou, qui sera mercredi à Cannes pour les rencontrer, de ne pas faire un référendum de ratification de l'accord de Bruxelles. C'est, selon Michael Darmon, qui suit l'Elysée pour i-télé, le message qui lui sera transmis mercredi.


Capture d'écran (Twitter)

Selon Michael Darmon, au G20 « il sera exigé [de Papandréou] que la seule question qui pourrait être posée au référendum soit “voulez-vous rester dans la zone euro‘’.

Renoncer au référendum sur le plan de sauvetage est déjà le message implicite contenu dans la courte déclaration-surprise faite mardi soir sur le perron de l'Elysée par Nicolas Sarkozy, annonçant que Georges Papandréou est, de fait, ‘convoqué’ à Cannes mercredi :

‘La France estime que l'accord de Bruxelles est la seule voie possible pour résoudre la crise de la dette grecque. La solidarité de tous les pays de la zone euro ne saurait s'exercer sans que chacun consente aux efforts nécessaires.

C'est pourquoi la France et l'Allemagne ont pris l'initiative de réunir demain, avant le début du G20 à Cannes, l'ensemble des institutions européennes et mondiales pour examiner avec le premier ministre grec dans quelles conditions les engagements seront tenus.’

Nicolas Sarkozy, le premier novembre sur le perron de l'Elysée

Dans la nuit de mardi à mercredi, toutefois, lors d'une réunion avec son gouvernement, Georges Papandréou a obtenu le soutien ‘unanime’ de son gouvernement, malgré les grincements de dents initiaux. Le référendum sur l'accord européen aura bel et bien lieu, peut-être même avant décembre, selon le porte parole du gouvernement, et le gouvernement espère obtenir un vote de confiance au Parlement grec ce vendredi.

Au cours de la réunion, Papandréou a déclaré, selon son porte parole :

‘Le référendum fournira un mandat clair, mais aussi un message clair à l'intérieur et à l'extérieur de la Grèce sur notre engagement européen et notre appartenance à l'euro.

Nous devons faire en sorte que les choses soient claires à tous les points de vue, et je dirai au G20 qu'il faudra finalement adopter des politiques qui garantissent que la démocratie soit maintenue au-dessus des appétits des marchés’.

Divisions à Athènes

Georges Papandréou n'avait pas consulté son gouvernement ni ses partenaires européens avant de rendre publique sa décision d'appeler à un référendum, qui est loin de faire l'unanimité dans son propre camp.

Ce qui pouvait être interprété initialement comme une décision démocratique destinée à obtenir la légitimité du peuple grec sur un plan européen lourd de conséquences pour les citoyens, se révèle comme étant un geste désespéré, peut-être même suicidaire, du premier ministre grec. Un ‘pari de trop’, pour reprendre un titre du Guardian de Londres ?

Mais la réunion de mardi soir a montré que le premier ministre n'avait pas nécessairement perdu la main.

Dans un entretien téléphonique avec Angela Merkel mardi, Papandréou a toutefois défendu son initiative comme une tentative de ‘renforcer la Grèce dans la zone euro et sur le plan international’.

Coup sur coup, la crise politique a pris forme :

  • une députée du Pasok, le parti socialiste grec au pouvoir, a démissionné pour protester contre le référendum, réduisant à 152 élus sur 300 membres la majorité dont dispose le Premier ministre, à la veille d'un vote crucial au parlement vendredi ;
  • six autres membres influents de la direction du Pasok ont réclamé la démission du Premier ministre pour protester contre l'absence de consultation sur le référendum ; Ils pourraient faire défection à leur tour privant le Pasok de majorité.
  • le ministre des Finances, Evangelos Venizélos, qui n'avait pas non plus été consulté, a été hospitalisé en urgence mardi, souffrant de douleurs à l'estomac ; Le Guardian cite son entourage démentant qu'il souffre d'une ‘maladie diplomatique’ mais de ‘vraies douleurs’...
  • trois autres députés du Pasok ont réclamé mardi après-midi un ‘gouvernement de Salut national’ à la place du seul parti socialiste, pour faire face à l'ampleur de la crise ;
  • Papandréou n'avait pas non plus prévenu ses partenaires européens, à commencer par Angela Merkel et Nicolas Sarkozy, qui ont tout misé sur l'accord de Bruxelles. Lors d'un échange téléphonique, mardi après-midi, les deux dirigeants se sont dits ‘déterminés’ à faire appliquer le plan de sauvetage de la Grèce ;
  • Papandréou a été invité par Sarkozy et Merkel a se rendre mercredi à Cannes, où se tient le G20 et où il n'était pas initialement prévu. Une rencontre décisive, sous la forme d'un dîner de travail est prévue, avec le président français, la chancelière allemande, la directrice générale du FMI Christine Lagarde, et les responsables de l'UE et de la zone euro. Rencontre confirmée mardi soir par Sarkozy lui-même lors d'une apparition surprise sur le perron de l'Elysée.

Vers la chute de la majorité au parlement grec

Les annonces de chute imminente du gouvernement grec se sont révélées un peu prématurées.

‘Oubliez le référendum, ainsi que le vote de confiance de vendredi, le gouvernement pourrait tomber ce soir’, avait déclaré mardi un dirigeant grec au Financial Times.


Capture d'écran (Twitter)

Même son de cloche chez le correspondant de Libération à Bruxelles, Jean Quatremer, pour qui la chute de Papandréou n'est plus qu'une question d'heures ou de jours.


Capture d'écran (Twitter)

A noter que les partis d'opposition grecs, aussi bien la Nouvelle Démocratie (ND) de droite, que les communistes du KKE ont appelé à des élections législatives anticipées plutôt qu'à un référendum pour entendre la voix du peuple grec. La ND a accusé le gouvernement de vouloir ‘faire du peuple grec son complice’ !

Remaniement à la tête de l'armée grecque

Par ailleurs, dans la série ‘il se passe des choses étranges en Grèce’, les médias grecs se sont étonnés mardi de l'annonce surprise d'un profond remaniement à la tête des forces armées, dont nul n'était, semble-t-il, prévenu à l'avance.


Capture d'écran (Athen News)

Rappelons quand même que la Grèce a connu une dictature militaire, à partir de 1967, qui n'a pris fin qu'en 1974, permettant l'entrée du pays dans la Communauté européenne en 1981.

Sur les places financières, l'annonce de ce référendum, qui risquerait de remettre en cause les clauses de l'accord conclu la semaine dernière par les pays de la zone euro pour la dette grecque, ont plongé : - 5,38% à la clôture à Paris (avec un -16% pour la Société Générale...) et des pertes considérables sur les autres places européennes (-7% à Milan, -6% à Francfort, - 3,5% à Londres) et aux Etats-Unis (-1,5%, le marché américain se resaisissant après l'annonce par Dow Jones de l'abandon probable du projet de référendum).

Commentaire sombre, ce mardi soir, de Jean Quatremer, le correspondant de Libération à Bruxelles, sur son blog :

‘Seule la Banque centrale européenne (BCE) a désormais les moyens de sauver la zone euro. Aucune des rustines mises au point par les dix-sept États partageant la monnaie unique au cours des onze sommets de rang qui se sont succédé depuis février 2010 n'est en effet parvenu à enrayer la crise.’

Des réactions mitigées en France

Parmi les réactions en France, on constate une compréhension dans l'opposition vis-à-vis de la démarche grecque, et une vive hostilité au sein de la majorité.


capture d'écran (Site du PS)

Avec beaucoup de retard, le PS s'est fendu d'un communiqué commun signé par François Hollande et Martine Aubry (une première ! ), qui réussissent le tour de force de ne pas se prononcer réellement sur la proposition de référendum grec. Le candidat et la première secrétaire du PS sont moins avares de mots pour dénoncer les dirigeants européens actuels, dont évidemment Nicolas Sarkozy :

‘Au-delà de la décision qui sera prise par le parlement grec, cette situation traduit un défaut de gouvernance de la zone euro.

Bien des difficultés actuelles auraient pu être évitées si l'Europe avait fait preuve de solidarité dès le début des attaques spéculatives contre la Grèce. L'Europe a agit trop tard, trop faiblement sur le plan financier, et trop durement sur le plan économique et social. Si nous avons toujours défendu la nécessité pour la Grèce de redresser ses finances, nous avons aussi toujours dénoncé la brutalité des mesures engagées.

Si cette décision de M. Papandréou entraîne de nouveaux désordres sur les marchés financiers, elle devrait surtout décider les dirigeants européens à prendre enfin les décisions d'engager les réformes structurelles, notamment pour réguler le système financier – comme nous n'avons cessé de le proposer depuis des mois-, et pour trouver un juste chemin entre la réduction des déficits et le maintien de la croissance et de l'emploi.’

D'autres socialistes s'étaient déjà exprimées, tel Manuel Valls qui a tenté un soutien au Pasok sur Twitter, estimant qu'un référendum est ‘légitime’


Capture d'écran (Twitter)


Capture d'écran (blog de JC Cambadélis)

Sur son blog, le député socialiste Jean-Christophe Cambadélis critique pour sa part la réaction des marchés financiers :

‘C'est dire si la Bourse a confiance dans adhésion des peuples aux mesures d'austérité qu'elle impose. Abordons les raisons de cette décision.

De nombreuses fois j'ai mis en garde face à l'humiliation des grecs. La mise sous tutelle, la stigmatisation allemande, l'attente insupportable, les conditions d'austérité invraisemblables à un rythme insurmontable, le débordement des syndicats, la démagogie de la nouvelle démocratie, les fautes psychologiques du couple franco-allemand.

Tout concourait a l'initiative référendaire de Papandréou.’

Jean-Luc Mélenchon, candidat du Front de Gauche, a pour sa part estimé sur France info que l'organisation d'un référendum en Grèce sur le plan d'aide européen à ce pays était ‘un minimum de démocratie’ :

‘Il y a eu treize grèves générales en Grèce et chacune a réclamé un référendum, Georges Papandréou savait qu'il ne pourrait pas tenir plus longtemps sans consulter le peuple grec.’

‘Compréhension’, également, du côté du MoDem. L'eurodéputé et vice-président du MoDem Robert Rochefort a dit ‘comprendre’ la position du premier ministre grec, sans pour autant ‘l'approuver’ :

‘Je comprends sa position, la situation était intenable pour M. Papandréou : encore 120% de PNB de dette publique, aucune perspective de relance du pays [...]. Il n'est pas complètement honnête de tomber à bras raccourcis sur Papandréou : il est épuisé par la situation, fragilisé par une courte majorité et la seule issue politique pour lui de toutes façons est l'union nationale.’

A l'Elysée, selon le Figaro, Nicolas Sarkozy a appris l'initiative d'un référendum grec comme tout le monde, n'ayant pas été prévenu par le premier ministre grec. ‘Il a voulu dans un premier temps prendre les choses avec prudence’, précise le quotidien, qui indique que le Président a changé d'attitude lorsque les marchés ont paniqué mardi matin.

‘Le Président n'a plus caché son exaspération à l'égard de partenaires grecs jugés particulièrement peu fiables’, selon le quotidien. Il a tenté par trois reprises de joindre Georges Papandréou avant de pouvoir lui parler et de l'inviter à Cannes mercredi, en marge du G20.

Vision plus sévère selon Arnaud Leparmentier, journaliste du Monde, qui suit l'Elysée, pour qui le chef de l'Etat est consterné par l'annonce de ce référendum. ‘Le geste des Grecs est irrationnel et de leur point de vue dangereux’, selon un proche du Président.

Côté UMP, Eric Woerth, très en forme, se permet même de l'humour pour condamner l'initiative du premier ministre grec qu'il place en tête du ‘Panthéon’ de l'irresponsabilité...


Capture d'écran (Twitter)

Enfin, à l'extrême droite, Marine Le Pen, candidate du Front national, qui appelle de ses vœux la mort de l'euro, apporté son soutien à un référendum en Grèce, dans l'espoir, sans doute, qu'il fasse éclater la zone euro.

‘C'est au peuple de décider son avenir et non pas à quelques technocrates. C'est la moindre des choses, je défends le référendum’, a-t-elle dit sur i-Télé, ajoutant :

‘C'est aussi un moyen de préparer la sortie de l'euro. Chacun est conscient que l'euro n'est pas viable mais personne ne veut prendre la responsabilité de le dire.

Peut-être attendent-ils que la Grèce, sacrifiée sur l'autel du dogme de cette monnaie, le dise.’

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1 novembre 2011 2 01 /11 /novembre /2011 12:25
| Par Martine Orange

 

Consternés ! Accablés ! Les mots manquent aux responsables européens depuis qu’ils ont appris la décision du premier ministre Georges Papandréou, lundi soir, d'organiser un référendum sur l’accord européen difficilement bouclé la semaine dernière. Ils avaient tout imaginé sauf cela !

Cinq jours à peine après avoir été laborieusement conclu, le plan de sauvetage européen, qui commençait déjà à être sérieusement attaqué sur les marchés financiers, semble mort-né. Et l’Europe a sans doute épuisé son crédit : il sera difficile de tenir un quinzième sommet de la dernière chance pour sauver l’euro. Les marchés risquent de ne pas leur en donner le temps, accélérant le processus de décomposition avancée de l’Europe telle qu’elle a été conçue.

Les procès en irresponsabilité de la Grèce et de son premier ministre ne vont pas manquer (lire notre article ici). La décision grecque est si contraire aux usages technocratiques européens. Elle est politique, dans le meilleur sens du terme. A ce stade, compte tenu des enjeux et des choix, la représentation politique n’a plus la légitimité suffisante pour décider au nom de tous : le peuple grec seul peut trancher et choisir son destin. Les arguments sur le populisme, l’aveuglement du peuple, incapables de comprendre les enjeux si importants et si subtils vont fleurir, comme à chaque recours au référendum. Mais cela s’appelle tout simplement la démocratie.

On comprend l’étonnement des responsables européens. A force de chercher à plaire et à rassurer les marchés, ils en ont oublié les peuples. Georges Papandréou ne pouvait plus l’oublier. En tout cas, sa majorité socialiste, élue en octobre 2008, avant la crise de la dette grecque et sur un programme parfaitement contraire à la politique suivie depuis, le lui a rappelé. Les députés ne sont plus d’accord pour voter quoi que ce soit décidé par l’Europe. Les menaces d’exclusion du parti, de rétorsion, ne suffisent plus pour rappeler à l’ordre et faire une majorité.

Les élus grecs n’ont pas pu ne pas se poser la question : quelle était la légitimité de leur vote dans un parlement assiégé, tandis qu’au-dehors une foule de manifestants, composée de jeunes, de moins jeunes, de fonctionnaires mais aussi d’artisans, d’ingénieurs, de médecins, criaient et pleuraient pour qu’ils repoussent les diktats de Bruxelles et du FMI ? De toute façon, leur vote est désormais sans effet. Le pays est paralysé. Entre la dépression qui ravage l’économie et la contestation qui s’est emparée de toutes les couches de la population, plus rien ne se fait. La Grèce est au bord de l’implosion. Aller plus loin, sans légitimité, ne peut que conduire à la guerre civile. Sauf à imaginer que l’Europe cautionne le retour des colonels pour imposer par la force ses règles et celles des financiers.

Les interrogations du gouvernement et des socialistes grecs devraient interpeller l’ensemble de la classe politique européenne. Car il n’y a pas qu’à Athènes que les peuples contestent la représentation parlementaire. A Madrid, Puerta del Sol, un des premiers slogans des « indignés » fut contre les politiques. « Vous nous avez trahis, vous ne nous représentez pas », ont-ils dit. Cette défiance à l’égard de la classe politique se retrouve partout. A New York, le mouvement « Occupy Wall Street » rappelle qu’ils font partie des 99% dont les politiques ne préoccupent jamais, ayant laissé prospérer des inégalités de richesses à un niveau insupportable.

Redoutable question surtout pour la social-démocratie européenne, qui, au nom de la raison, a accepté d’appuyer une construction européenne libérale, négligeant les questions essentielles du social, du travail et même de donner un avenir aux populations. A chaque élection, elle ne peut enregistrer que son recul auprès des opinions publiques, payant ainsi le prix de son ralliement sans conditions. Ce sera vraisembablement encore le cas ce mois-ci avec la défaite programmée, fin novembre, du socialiste Zapatero et du PSOE lors des élections législatives.

La décision surprise de Georges Papandréou, outre la manœuvre politique, est aussi un sursaut d’orgueil, de survie. Au cours de ces vingt et un mois de crise, ce ne fut qu’un long parcours d’humiliation, de stigmatisation pour la Grèce et ses dirigeants. Angela Merkel, au nom d’une Allemagne qui a toujours contesté la participation de la Grèce à la zone euro, a donné le ton, en plaçant les difficultés d’Athènes, sous la toise de la faute morale.

Tous les dirigeants européens lui ont emboîté le pas. « Tricheurs, menteurs, fainéants » : les Grecs ont tout entendu de la part des responsables européens, censés représenter la solidarité européenne... Lors de son intervention télévisée de jeudi, Nicolas Sarkozy a donné le coup de pied de l’âne, en affirmant que « l’entrée de la Grèce dans la zone euro avait été une erreur ». Il ne faut pas s’étonner qu’en retour, les Grecs se posent eux-mêmes la question de leur appartenance à un ensemble qui les méprise et les repousse.

D’autant que l’Europe n’a jamais fait preuve d’une once de générosité, de solidarité pour ce pays, qui au-delà de ses réelles faiblesses internes, est tombé par l’effet d’une construction européenne mal faite. Toutes les mesures de redressement imposées par le FMI et l’Europe n’ont été qu’une succession d’humiliations et d’injustices. Salaires, retraites, emploi public, services sociaux, santé, école, droit du travail : tout doit être revu à la baisse. La déflation sociale est le mètre étalon de ce projet européen de redressement, pour compenser une rigidité monétaire qui exclut toute dévaluation. Avec un programme de privatisation de plus de 50 milliards d'euros, le pays est appelé à être vendu à l’encan.

Tout doit être remis en cause. Sauf le budget de l’armée (4,5% du PIB), le plus important de l’Europe : les industriels allemands et français sont les premiers fournisseurs de l’armée grecque. Lors du premier plan de sauvetage, Paris et Berlin ont veillé à ce que les crédits alloués par l’Europe servent bien à honorer les factures se chiffrant en milliards, contractées par l’armée auprès de leurs fournisseurs. Et la semaine dernière encore, alors que la Grèce est effondrée, la France et l’Allemagne se sont disputées pour proposer à prix d’ami la fourniture de frégates militaires, payables à retardement.

Ramener l'Europe à ses questions essentielles

De même, l’Europe est restée particulièrement silencieuse sur le statut de l’Eglise orthodoxe, exonérée de tout effort. Avec plus de 700 milliards d’euros de patrimoine foncier et immobilier, il n’aurait pas été malvenu de lui demander de payer des impôts, comme tout le monde. L’Eglise orthodoxe n’a pas eu ce geste politique pour aider la Grèce. Mais l’Europe s’est bien gardée de le lui demander.

Les responsables européens n’ont eu de cesse de dénoncer la gabegie réelle du gouvernement grec, son clientélisme, sa corruption. Mais ils sont restés silencieux sur les bénéficiaires de ce système. Les seuls jeux Olympiques, qui ont conduit à des dépenses somptuaires et hors de propos (20 milliards d’euros au lieu du milliard prévu!), ont été une manne pour les groupes européens, allemands en tête, Siemens en particulier.

Et lorsqu’ils ont déploré l’absence d’efficacité du gouvernement grec pour lever l’impôt, les Européens ont soigneusement évité le sujet de l’évasion fiscale, sport national de l’élite grecque fortunée. Aucun d’entre eux n’a exigé qu’en contrepartie des efforts consentis par les contribuables européens, les banques européennes prêtent main forte au gouvernement grec, et signalent à Athènes tous les avoirs grecs qu’elles ont en compte, juste pour vérification. A l’inverse des Etats-Unis, l’Europe n’a pas demandé non plus la coopération de la Suisse dans cette lutte contre l’évasion fiscale. Selon les estimations, il y a 200 milliards d’euros d’avoirs grecs qui dorment en Suisse. Une partie aurait pu permettre de lutter contre le surendettement du pays.

Le dernier sommet européen n’a apporté aucun remède. Derrière les effets d’annonce d’un effacement de 50% de la dette grecque, les chiffres ont commencé à surgir. Ni le FMI ni les pays européens n’envisagent de faire un geste. Seuls, les créanciers privés se voient demander un effort, et encore, très limité. Au mieux, la Grèce va voir sa dette diminuer d’une trentaine de milliards, soit à peine 10% de son endettement. En 2020, elle peut espérer que sa dette publique représente 120% de son PIB. Autant dire que la Grèce est condamnée pendant vingt ans à l’austérité et à la désespérance.

La dernière mesure, prise en accompagnement de ce plan, a été la plus humiliante de toutes pour la Grèce. Il fut décidé que désormais Athènes serait sous la tutelle d'une administration composée de membres du FMI et de l’Europe, afin de s’assurer de la bonne mise en œuvre du plan. A aucun moment, l’Europe ne s’est posé, là encore, la question de la souveraineté, de la démocratie, questions superfétatoires manifestement depuis longtemps dans les prises de décision européennes.

Dans une tribune au Monde en août, l’ancien ministre des affaires étrangères, Hubert Védrine, n’avait pas manqué pourtant de souligner les dangers contenus dans les projets européens. Au nom d’un fédéralisme, et d’un ordre économique, l’Europe effaçait allégrement la question de la démocratie et de la souveraineté, laquelle ne pouvait à un moment ou à un autre que resurgir, prévenait-il. L’avertissement est resté sans suite, même auprès de ses amis socialistes, qui veillent à se tenir le plus à l'écart possible de la question européenne, pour ne pas réveiller la douleur du référendum de 2005.

Au lendemain du dernier sommet européen, un journal grec titrait: «La Grèce, capitale : Berlin». En Grèce, cela est lourd de signification. Les souvenirs de la Seconde Guerre mondiale y sont toujours à fleur de peau, d’autant qu’elle fut suivie, au nom de la lutte contre le communisme, par le régime des colonels jusqu’en 1974. C’est-à-dire hier, dans la mémoire d’un peuple. Mais cette histoire a été niée et refoulée. Si l’Allemagne justifie toutes ses décisions importantes au nom du traumatisme du nazisme, elle a oublié, en imposant ses vues, que les autres peuples européens avaient aussi une histoire et des traumatismes. Mais de cela aussi, il n’est jamais question dans les sommets européens.

En provoquant la tenue d’un référendum, Georges Papandréou ramène l’Europe à ses questions essentielles, le socle des valeurs démocratiques que la construction européenne est censée incarner et défendre, et qu’elle a perdu de vue. Les résultats de ce vote, prévu en janvier ou en février, ne laissent guère de doute : les Grecs penchent vers le « non ». La souveraineté d’un pays, au stade ultime, ne se monnaye pas. Un pays ne se suicide pas pour une monnaie. Quitter l’euro est, certes, une aventure imprévisible. Mais l’Europe a tellement acculé Athènes qu’elle ne lui laisse plus guère d'autre choix.

D'ailleurs, depuis quelques mois, l’Allemagne ne cache plus sa préférence pour une sortie de la Grèce de la zone euro. Elle souhaite même poursuivre le grand ménage pour faire de la zone euro un ensemble fort, protégeant la valeur sacrée de la monnaie unique. Dans un dernier sursaut politique, le premier ministre grec a fait exploser au grand jour les arrière-pensées. Le débat politique sur les réels buts de la construction européenne, déjà lancé par les Indignés, ne peut plus être évité. La déflagration de la zone euro est engagée. L’Europe rentre dans l’inconnu.

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31 octobre 2011 1 31 /10 /octobre /2011 22:50
LEMONDE.FR avec Reuters et AFP | 31.10.11 | 19h41   •  Mis à jour le 31.10.11 | 22h49
 
 

 

Georges Papandreou a annoncé la tenue d'un référendum devant des élus du parti socialiste grec, lundi 31 octobre.

Georges Papandreou a annoncé la tenue d'un référendum devant des élus du parti socialiste grec, lundi 31 octobre.REUTERS/JOHN KOLESIDIS

Le premier ministre grec, Georges Papandréou, a créé la surprise, lundi 31 octobre, en annonçant l'organisation d'un référendum sur l'accord européen d'effacement d'une partie de la dette du pays, conclu la semaine dernière et critiqué en Grèce pour l'abandon de souveraineté qu'il implique.

Les Grecs "veulent-ils l'adoption du nouvel accord ou le rejettent-ils ? Si les Grecs n'en veulent pas, il ne sera pas adopté", a déclaré le premier ministre. "Nous faisons confiance aux citoyens. Nous croyons en leur jugement. Nous croyons en leur discernement, a poursuivi M. Papandréou. La volonté du peuple grec s'imposera à nous." La presse grecque indique que le référendum serait organisé début janvier.

Le groupe socialiste a indiqué de son côté qu'il demanderait un vote de confiance au Parlement sur l'accord sur la dette. L'issue du vote est incertaine, la majorité socialiste au Parlement s'étant effritée à 153 députés sur 300 sièges, en raison de la forte opposition aux mesures d'austérité qui accompagnent le soutien financier au pays. Selon l'AFP, ce vote de confiance pourrait intervenir dès vendredi.

DES GRECS RENDUS RESPONSABLES DE LEUR AVENIR

Ces annonces surprises font trembler les grandes capitales européennes. Le Financial Times cite un haut fonctionnaire de Bruxelles qui avait observé que M. Papandréou manifestait peu d'enthousiasme face aux conditions de l'accord de Bruxelles. Mais "personne ne s'attendait à [un référendum], souligne-t-il. M. Papandréou a toutefois dû calculer qu'il obtiendrait le soutien des Grecs."

Plusieurs analystes estiment que ce référendum permettra au très impopulaire gouvernement Papandréou de rendre le peuple grec responsable de son avenir. Le ministre des finances, Evangelos Venizélos, l'a d'ailleurs souligné sur Antenna TV : "Le peuple grec peut, bien sûr, rejeter le plan d'aide mais il devra avoir en tête les conséquences de cette décision."

Pour l'opposition, la tenue d'un référendum permet d'éviter à Georges Papandréou de convoquer des élections générales anticipées. "Le premier ministre essaye d'acheter du temps", estime Costas Gioulekas, membre du parti de droite Nouvelle Démocratie, cité par la BBC. Makis Mailis, du Parti communiste, crie même au "chantage" sur la chaîne Mega TV, appelant à "des élections, maintenant".

CRAINTES D'UNE PERTE DE SOUVERAINETÉ

Le pari du premier ministre grec intervient alors que le pays entre dans une série de négociations techniques très sensibles avec ses partenaires européens et ses banques créancières, qui ont accepté jeudi dernier d'échanger les obligations grecques qu'elles détiennent contre de nouveaux titres dont la valeur est réduite de 50 %.

Parallèlement, des manifestations se sont déroulées dans de nombreuses villes vendredi à l'occasion des défilés de la fête nationale, pour protester contre les conséquences de l'accord européen qui donnent aux créanciers plus de contrôle sur la politique budgétaire du pays, faisant craindre à certains une perte totale de souveraineté. Aux cris de "Traîtres, traîtres", des milliers de manifestants ont empêché le déroulement de la parade à Salonique, contraignant le président de la République, Carolos Papoulias, à quitter les lieux : du jamais vu dans la jeune histoire de la Grèce moderne.

Et un sondage paru le week-end dernier dans le journal To Vima montre qu'une majorité de Grecs juge les décisions du sommet européen négatives, 12,6 % seulement les jugeant positives.

DETTE EFFACÉE À 50 %, CONTRÔLES RENFORCÉS

Jeudi dernier, au terme d'un sommet marathon, les dirigeants européens ont trouvé un accord avec les banques pour effacer une partie de la dette grecque détenue par les banques créancières du pays. L'accord porte sur un renoncement de 50 % des créances, soit cent milliards d'euros sur un total d'endettement public du pays de 350 milliards d'euros.

Athènes recevra, en outre, de nouveaux prêts internationaux de 100 milliards d'euros également d'ici à fin 2014, dans le cadre d'un programme qui remplace celui de 109 milliards d'euros décidé en juillet par l'UE et le FMI. Par ailleurs, dans le cadre de l'accord, 30 milliards d'euros sont réservés aux banques grecques, qui vont beaucoup souffrir de l'opération d'échange de dette à 50 % de leur valeur, étant les plus grosses détentrices d'obligations souveraines grecques.

En échange, le pays doit accepter un vraisemblable renforcement des contrôles sur sa politique budgétaire, jusqu'à présent contrôlée tous les trois mois par une "troïka" où sont représentés des membres des trois principaux créanciers du pays : Union européenne, Banque centrale européenne et Fonds monétaire international. A l'issue de l'accord jeudi, le gouvernement grec a indiqué que des membres de la troïka seraient désormais en résidence en Grèce. 


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28 octobre 2011 5 28 /10 /octobre /2011 19:43

 

LeParisien.frPublié le 28.10.2011, 19h56

Des manifestations contre le gouvernement et l'austérité ont perturbé vendredi en Grèce, les traditionnels défilés de la fête nationale du 28 octobre, au lendemain de l'accord européen qui a allégé la dette du pays en échange d'un contrôle accru de ses créanciers sur son budget.
Des manifestations contre le gouvernement et l'austérité ont perturbé vendredi en Grèce, les traditionnels défilés de la fête nationale du 28 octobre, au lendemain de l'accord européen qui a allégé la dette du pays en échange d'un contrôle accru de ses créanciers sur son budget. | Louisa Gouliamaki

Des manifestations contre le gouvernement et l'austérité ont perturbé vendredi en Grèce, les traditionnels défilés de la fête nationale du 28 octobre, au lendemain de l'accord européen qui a allégé la dette du pays en échange d'un contrôle accru de ses créanciers sur son budget.
Aux cris de "traîtres, traîtres", des milliers de manifestants massés à Salonique (nord) sur l'avenue où devait avoir lieu le défilé militaire annuel du 28 octobre, ont empêché le déroulement de la parade, contraignant le président de la République Carolos Papoulias à quitter les lieux, a constaté un journaliste de l'AFP.

"Je suis désolé. Ils devraient avoir honte. Je ne veux pas partir, mais certains ont vraiment envie que cet événement soit annulé" a déclaré à la presse le président Papoulias.
Selon l'agence de presse grecque ANA, c'est la première fois en 71 ans que ce défilé est annulé. Le 28 octobre, surnommé "journée du non", marque l'entrée de la Grèce dans la Seconde Guerre mondiale le 28 octobre 1940, et symbolise la résistance des Grecs aux troupes italiennes de Mussolini.
Le président Papoulias, 82 ans, lui-même actif dans la résistance anti-nazie alors qu'il était adolescent, a peu apprécié d'être qualifié de "traître".
"Nous devons nous serrer les coudes, surmonter cette crise et nettoyer notre maison pour la laisser en bon état à nos enfants" a-t-il dit aux médias, en faisant allusion à l'accord conclu vendredi à l'aube à Bruxelles, qui accorde une annulation d'une partie de sa dette à la Grèce et une nouvelle bouée de sauvetage financière, en échange d'une poursuite de ses efforts de rigueur et d'un renforcement du contrôle par la zone euro sur son budget national.
Les manifestants ont bloqué la voie sur laquelle devait avoir lieu le défilé, en lançant des bouteilles d'eau et des oeufs en direction de la tribune officielle, a indiqué une source policière à l'AFP.
A Athènes, une parade d'étudiants, traditionnelle chaque 28 octobre, a également dégénéré. Des bousculades avec les forces de l'ordre ont eu lieu devant le Parlement, a constaté une photographe de l'AFP.
En signe de deuil, certains musiciens de l'orchestre municipal avaient orné leurs instruments de rubans noirs.
Faisant un lien entre la politique d'austérité imposée en Grèce par les créanciers du pays (UE-FMI-BCE) et la période d'occupation nazie, une banderole de manifestants proclamait "Arbeit macht frei", en référence à l'inscription apposée à l'entrée du camp de concentration nazi d'Auschwitz.
Dans le reste de la Grèce, les défilés ont également été perturbés par des manifestants, ont rapporté les médias, notamment à Héraklion (Crète), Rhodes, Patras, Kalamata, Trakala et Nauplie, dans un climat de tension avec les forces de l'ordre.
Dans un communiqué, le Premier ministre Georges Papandréou a fustigé les "autocrates" qui "essaient d'imposer leurs opinions en interrompant les parades", et sont, selon lui, "responsables d'atteintes aux traditions démocratiques du pays".
Mercredi, le ministre de la Défense, Panos Beglitis, avait déjà été pris à partie à Salonique par un groupe de manifestants.
En revanche, les propos du président français Nicolas Sarkozy jeudi soir, selon lequel "la Grèce n'aurait pas dû être admise dans l'union monétaire" n'ont suscité aucun débat.
"Ce fut une erreur car la Grèce est rentrée avec des chiffres qui étaient faux (...) elle n'était pas prête", a affirmé M. Sarkozy.
Au gouvernement, aucune réaction officielle n'a pu être obtenue.
Seul un député socialiste, Spyros Kouvelis, a réagi en estimant que les propos de M. Sarkozy traduisaient surtout "l'angoisse d'un président dans la perspective des élections". "Certes, l'économie grecque a du chemin à faire pour devenir compétitive dans l'Union européenne, mais placer la responsabilité de tout ce qui s'est passé au cours des deux dernières années en Europe sur un petit pays de 10 millions d'habitants, c'est excessif", a-t-il dit à l'AFP.

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26 octobre 2011 3 26 /10 /octobre /2011 12:37
Panagiotis Grigoriou - Marianne - Vent des blogs | Mercredi 26 Octobre 2011 à 12:01

 

Les chefs d'Etat et de gouvernement de l'Union monétaire se réunissent ce soir à Bruxelles. Objectif : stabiliser la Grèce surendettée et éviter la contagion au sein de la zone euro. Panagiotis Grigoriou, historien et anthropologue, collaborateur au Centre d'Archives et de Recherches Historiques « Mémoires - Minimes » à Athenes, contemple l'impact des décisions économiques européennes dans la Grèce rurale, où la désolation règne.



Ce soir les médias sont bien agités. Il y a de cheveux à tondre. On s'y prépare à Bruxelles à tondre une partie de la dette grecque. Une partie seulement. Sur 300 milliards, les 200 milliards en seront exclus. Le toilettage forcé concerne les banques et les caisses d'assurance maladie et des retraite du pays. Pas les actifs de la Banque Centrale Européenne par exemple.

Ayant quitté Athènes pour quelques jours, je note ce silence accablant de la Grèce rurale. Les rues sont vides et les cafés ont perdu leur fréquentation. La sociabilité baisse ici aussi ses volets. Avant la Troïka, on paradait vraiment portant la richesse - petite ou provisoire peu importe - tout le monde avait à exhiber un nouvel achat.

Désormais lorsque le chômage et les faillites frappent les portes des ruraux aussi, ces dernières ne s'ouvrent plus pour les voisins, les cousins, les amis. Les petits villages ont néanmoins de grandes préoccupations. Il y a également la honte. Elle est énorme. Au moins, certains ont manifesté sur leurs tracteurs agricoles il y a quelques jours, lors de la grève générale en Grèce.

Temps de crise et de rapacité
A Bruxelles on s'agite, dans la Grèce rurale on panique
Ce village produit entre autres du maïs. Au lieu de vendre leur production aux coopérative et aux marchands locaux, les villageois ont dans leur majorité préféré un grossiste venu du Sud de la Grèce car il achetait un peu plus cher. Ayant payé les deux premiers parmi les producteurs, il est parti avec la récolte des autres sans laisser de traces.

Depuis c'est la désolation, les paysans ont perdu entre 15000 et 50000 euros chacun. Tout se dérègle. Certains villageois vendent désormais trop cher à leurs voisins retraités, les œufs et les poules. Temps de crise et de rapacité. La solidarité n'est pas innée malgré ce que les Grecs peuvent raconter.

J'ai noté le prix, étant témoin de la transaction entre un paysan et son voisin retraité. 54 euros pour deux poules, lorsque on touche une retraite de 540 euros par mois (ou même 1080 euros par mois) cela devient insupportable.

J'ai assisté à une petite dispute entre ces deux villageois. Le retraité a répondu à celui qui lui vendait les poules qu'avec la tondeuse sur les caisses de retraite, sa volaille serait tondue également. Le paysan, énervé, a refusé de lui vendre ses œufs (en plus de deux poules). Des œufs même, il y en a moins a-t-il affirmé. Les poules ne pondent plus mais c'est à cause de la météo et non pas à cause du Fond Monétaire Internationale selon lui. Pas d'omelette ce soir...

Retrouvez Panagiotis Grigoriou sur son blog.
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25 octobre 2011 2 25 /10 /octobre /2011 22:37

La crise européenne | LEMONDE | 25.10.11 | 14h02   •  Mis à jour le 25.10.11 | 18h23

 

Athènes Correspondance - "Est-ce que vous trouvez que l'on est paresseux ?" La rencontre avec Chris Bossinikis et Maria Sotiraki, un couple de fonctionnaires, est à peine commencée, que Chris pose la question.

Comme beaucoup de Grecs, Chris s'est senti humilié par l'image d'un pays qui se dore la pilule au soleil, pendant que l'Europe du Nord travaille dans les frimas. L'économiste Patrick Artus a montré que le cliché ne reposait sur rien et que les pays méditerranéens travaillaient plutôt davantage que d'autres pays européens, mais l'image est restée.

Chris est jardinier dans la principale déchetterie d'Athènes, où il aménage les abords et fait les plantations. Quand ses heures de travail sont finies et qu'il n'y a pas de manifestations - il les rate rarement -, il travaille chez des particuliers ou des entreprises. Sa femme est également salariée à la déchetterie, dans les bureaux.

Ce sont des fonctionnaires précaires. Voilà huit ans qu'ils sont contractuels, jamais titularisés. Et depuis l'automne 2010, le gouvernement sommé par la "troïka" des bailleurs de fonds d'Athènes - le Fonds monétaire international, la Banque centrale européenne et la Commission européenne - de faire des économies, tente de mettre fin à leur contrat. Mais tous les six mois, Chris et Maria vont devant la justice, qui invalide la décision administrative.

Comme 16 % de la population active, ils risquent de se retrouver au chômage. "Depuis septembre, un patient sur deux a perdu son travail dans l'année", constate le psychiatre Dimitris Ploumidis, qui exerce dans la banlieue d'Athènes.

La Grèce est malade. Le nombre de dépressions augmente, comme celui des suicides, alors que le pays a longtemps été fier d'être la lanterne rouge européenne en ce domaine. Une sorte de déprime collective, née dans ce tunnel de la récession qui n'en finit pas.

Les manifestants réguliers ou occasionnels, les candidats au départ vers l'Australie ou d'autres horizons moins lointains, témoignent tous de ce malaise : "Il n'y a pas d'avenir en Grèce ."

Le gouvernement socialiste de Georges Papandréou est au bout du rouleau. Il est décrié à l'intérieur pour la radicalité de ses mesures d'austérité, et à l'extérieur pour sa lenteur à les mettre en oeuvre. L'opposition progresse dans les sondages, mais le rejet des hommes politiques frappe les deux partis alternativement au pouvoir depuis 1974. Le mémorandum et les mesures d'austérité avaient été acceptés en mai 2010. Ces dernières sont jugées trop douloureuses - et inefficaces - par la majorité des Grecs, tous milieux sociaux confondus, du chômeur au chef d'entreprise. Ils se serrent la ceinture et les résultats ne sont pas là.

La "troïka" vient de le reconnaître implicitement en fixant à 2021 un retour sur les marchés pour l'Etat grec, ce qui veut dire encore dix ans de perfusions monétaires et de privations. Les manifestations, émaillées de violences comme en attestent les images qui passent en boucle sur toutes les télévisions du monde, servent à hurler la colère. Elles n'ont empêché aucune mesure d'austérité.

Du côté de l'Europe, dont les sommets annoncés comme décisifs accouchent de souris les uns après les autres, les espoirs apparaissent également vains. Depuis la chute de la dictature, l'horizon politique grec est tourné vers l'Europe. La marche vers l'Union européenne et l'entrée dans la zone euro étaient synonymes de modernité et de prospérité. "C'est la première fois que les Grecs ont tant de réserve sur la maturité du leadership européen", constate le politologue Georges Sefertzis.

D'après les sondages, il existe toujours une majorité de partisans de la monnaie unique et de la construction européenne. Mais les doutes s'installent. Et s'expriment. Iannis Mavris de l'institut de sondage Public Issue a évoqué en mai "l'érosion graduelle du sentiment proeuropéen en Grèce".

"On ne veut pas être les pauvres de cette communauté européenne", explique Maria. Les fonds européens - si mal utilisés et souvent détournés en Grèce - devaient pourtant aider à combler l'écart avec les pays les plus riches. L'histoire a montré que la croissance grecque des années 2000 reposait sur le sable de l'endettement.

Les retards accumulés par le gouvernement pour mettre en oeuvre les privatisations et d'autres réformes promises entraînent un renforcement des contrôles et des initiatives de l'Europe ou de la "troïka". "Je me sens humilié en tant que Grec, quand j'entends que la vente du patrimoine du pays pourrait se faire de Bruxelles. Nous devenons une colonie", s'indigne Dimitris Ploumidis.

"L'Europe ne va pas réussir. Le Nord veut être séparé du Sud. Nous n'avons pas la même mentalité", explique Savvas Lazos. Ce garagiste de Salonique, dans le nord du pays, veut partir en Australie ; il n'arrive plus à vendre ces 4 × 4, qui faisaient fureur dans la décennie de prospérité des années 2000.

Georges Karambelis a beaucoup de succès dans les manifestations avec son affiche "Wanted" représentant Georges Papandréou et son ministre des finances, Evangelos Venizélos, ces "marionnettes de la troïka". Récompense promise : "une vie libre". Ce directeur de la revue d'extrême gauche nationaliste Ardin est favorable à l'Europe, indispensable à Athènes face à la montée en puissance de la Turquie. Mais, pour lui, l'Europe et la Grèce sont dans "une impasse" : "L'Union européenne est irresponsable en poussant le gouvernement à continuer les mesures d'austérité. Cela crée une dynamique de la crise dans toute l'Europe."

La relation entre la Grèce et l'Europe est complexe. Sans l'appui financier et militaire des grandes puissances européennes, le pays hellène aurait eu du mal à se libérer du joug ottoman il y a moins de deux cents ans et à prendre son indépendance.

Paris, Londres et les autres, qui invoquaient alors le passé prestigieux de la Grèce antique, berceau de la démocratie, rappellent aujourd'hui à Athènes sa dette.

Dans son roman, Le Dicôlon (paru en 1995 en Grèce et traduit en 2011 chez Verdier), Yannis Kiourtsakis évoque ce rapport difficile à l'Europe et le poids de cet héritage antique : "Cette admiration transformait notre sentiment d'infériorité permanent à l'égard de l'Europe et des Européens en sentiment de supériorité inébranlable, puisque - nous le sentions bien - rien désormais ne pourrait faire descendre la petite Grèce du piédestal sur lequel, depuis bien des siècles, l'Histoire l'avait installée à tout jamais dans la conscience universelle !"

L'entrée dans l'Europe, puis dans l'euro, tout comme les Jeux olympiques de 2004, ont fait croire que c'était arrivé : la Grèce était à égalité. L'argent était aussi facile à dépenser qu'à emprunter pour les particuliers et encore plus pour les gouvernements. La crise est venue. La Grèce est redescendue brutalement et douloureusement de son piédestal.

Alain Salles

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25 octobre 2011 2 25 /10 /octobre /2011 22:31
  Le Buvard bavard - 19 octobre 2011
Publié par Badi Baltazar




 
Vous avez certainement entendu parler de ce qui se déroule actuellement en Grèce. Mais peut-être n'avez-vous pas perçu l'ampleur de ce qui s'y joue, maintenant. Pour vous permettre d'avoir accès à des infos que vous ne verrez certainement pas à la télévision, j'ai décidé de publier un email reçu d'un contact sur place il y a à peine quelques minutes, ainsi que quelques vidéos très explicites. 


La Grèce compte une population de 11 millions d'habitants. Ce qui veut dire que près de 10% de la population étaient dans les rues. A l'échelle des Etats-Unis, cela ferait 30 millions de citoyens dans les rues.

Littéralement,
Badi Baltazar


Version originale en Anglais :

Wednesday, 19 October 2011, 19h

Personally I've never see that before, so much people I mean. The three principals roads of the city are full and the squares too. I took one hour to go to Syntagma this morning and I was very close, in Exarkia, where the riots with the police started very early.
I also never seen so much violence against the police, also if here they said that it was not so much for them, the police stay very quiet because of tomorrow so we throw a lot of stones and fruits, destroying all the parliament square to make more stones, it was raining stones in non stop for real during may be 5 hours, other through some little bombs and a lot of molotovs and mini rockets, and everybody was applauding every explosions. 
I hope that with this they will think twice before defending a dictatorship and the pillage of the greek population for 500€ per month! After a big charge by the police a lot of anarchists groups left the place so some pacifists made the negotiation between the police and the outraged to stop the violence in order to invite the police to return in front of the parliament. They are still there but with less people screaming their indignation to the police.
When I gone back I seen all the centre crashed and burned, motorcycles, kiosque, bus station, shops, surveillance cameras, a lot of things are in fire and destroyed and the street are full of smoke. I will go there now, I hope that the people will make some kind of assembly, and I hope that the struggle will continue this night, in Exarkia for sure it will be.
Tomorrow is the real day, this was just an exercise, the communists plan to surround the parliament where the vote will take place, it's very rare that the communists are active so it can be really great because they are hundreds thousand just them. I think that the anarchists reserve a lot of surprises and that we will be more than today!
Greece is united! And now for sure they listen!

Niel - On the road 

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22 octobre 2011 6 22 /10 /octobre /2011 22:10

Régis Soubrouillard - Marianne | Samedi 22 Octobre 2011 à 05:01 

 

Face à la multiplication des plans d'austérité imposés par la troïka des créanciers et des mesures de rigueur imposées qui conditionnent les plans de sauvetage du pays, à côté des grèves générales et des manifestations, en Grèce, les mouvements de désobéissance fiscale se multiplient.



Les Grecs entament la grève fiscale contre le nouveau plan d'austérité
« Qu’y a-t-il de certain dans ce monde, hormis la mort et l’impôt ? ». Les Grecs seraient ils en train de contredire Benjamin Franklin ?
Près de 200.000 personnes ont envahi les rues d’Athènes mercredi pour protester contre le plan d’austérité qui devait être mis au vote dans la nuit de jeudi à vendredi au parlement.

Déjà assomés par un premier plan d’austérité, c’est une deuxième couche que vient de passer la fameuse troïka des créanciers (UE, FMI, BCE). En contrepartie d’un deuxième plan de sauvetage, le plan prévoit un abaissement généralisé des salaires dans le secteur privé, une réduction du nombre de salariés de la fonction publique,  de leur traitement, une baisse possible du salaire minimal ainsi que des hausses d'impôts faramineuses.

Athènes coule, les athéniens résistent. Encore jeudi, de violents heurts ont opposé manifestants et policiers dans la capitale : gaz lacrymonège, grenades assourdissantes, cocktails Molotov, bagarres. Face à l’inefficacité des mobilisations, grève générale et manifestations de masse, les appels à la désobéissance civile se multiplient. Blocage d’autoroutes privées, refus de paiement de la franchise hospitalière ou couverture des composteurs du métro par des sacs en plastique, les « Je ne paie  pas » gagnent du terrain.

Des soulèvements anti-fiscaux contre les privilégiés
C’est surtout la décision du gouvernement, d'imposer en urgence une taxe exceptionnelle sur l'immobilier qui a redonné une vigueur nouvelle au mouvement.
Cet impôt, impopulaire dans un pays où 70% de la population est propriétaire, s'ajoute à une hausse de la fiscalité décidée par le gouvernement socialiste.

Des réseaux de gauche radicale font aussi circuler sur la toile des formulaires à remettre aux bureaux du fisc. Leurs signataires ont le choix entre refuser de payer les impôts supplémentaires ou payer en se réservant un recours en justice sur la constitutionnalité de ces nouvelles taxes. Dans un geste « gainsbourien », certains membres du mouvement brûlent leurs feuilles d’impôts face caméra !
 
Soyons réalistes, les mesures d'austérité imposées à la Grèce par l'Union européenne et le FMI ((30 milliards d’euros d’économie sur trois ans)  auront de grandes difficultés à être appliquées. Ne serait ce que parce que les bakchichs sont la norme et que le recouvrement de l’impôt n’est pas parfaitement  assuré (moins de 20% des impôts escomptés en 2011 rentreront dans les caisses).

Si l’inventivité des Grecs à contourner l’impôt n’est pas à négliger, le poids des taxes et la corruption étatique contribuent pour beaucoup à la faiblesse historique de la manne fiscale. Selon l’OCDE, les impôts sur le patrimoine sont parmi les plus complexes du continent. Les propriétaires fonciers sont ainsi assujettis à 14 impôts et prélèvements différents sur leurs biens immobiliers.

En juin, la ministre grecque de l'Emploi, Louka Katselli, avait relancé le débat sur les aberrations du système fiscal grec citant l'exemple d'un couple payant neuf euros d'impôt annuel, avec deux résidences, deux voitures, et un voilier de 10 m.

Dans une étude sur « L’impôt et la contrainte », Jean-Marie Monnier, professeur d’économie au Centre d’économie de la Sorbonne rappelle qu’au 19è siècle les révoltes fiscales étaient devenues l’expression de la lutte des classes : « En effet, le système de prélèvement, particulièrement dans sa manifestation la plus inégalitaire, peut être analysé comme un circuit de collectage de ressources en provenance des classes dominées, et de redistribution vers les Ordres dominants. En arrière plan des soulèvements anti-fiscaux apparaît donc le ressentiment contre les privilégiés qui amplifie l'impression d'une servitude nouvelle, d'autant plus vive qu'elle s'exerce au profit d'une entité politique lointaine ».

La dette, un mécanisme de lutte du capital contre le travail
C’est moins le refus de participer à la solidarité nationale qu’exprime ce mouvement de désobéissance fiscale que le sentiment de devoir s’acquitter d’une dette dont ils ne sont pas responsables (le creusement de la dette grecque remonte à l’époque de la dictature des colonels), une mise en cause directe d’un état jugé spoliateur et des banques spéculatrices, la dénonciation des inégalités de traitements face à l’impôt (les impôts des salariés et retraités sont prélevés à la source, les terrains sur lesquels reposent une chapelle ne sont pas taxés etc…), ainsi que la pression des créanciers, FMI, UE, BCE, ces « entités politiques lointaines » d’un nouveau genre. 

Déjà Marx dénonçait cette  appropriation de l'Etat par les bourgeois, par le mécanisme de la dette publique, véritable instrument de la lutte du capital contre le travail,  : « la dette publique, en d’autres termes l’aliénation de l’État, qu’il soit despotique, constitutionnel ou républicain, marque de son empreinte l’ère capitaliste. La seule partie de la soi-disant richesse nationale qui entre réellement dans la possession collective des peuples modernes, c’est leur dette publique. Par un coup de baguette, elle gratifie l’argent improductif de la vertu reproductive et le convertit ainsi en capital, sans qu’il ait pour cela à subir les risques, les troubles inséparables de son emploi industriel et même de l’usure privée. La dette publique a donné le branle aux sociétés par actions, au commerce de toute sorte de papiers négociables, aux opérations aléatoires, à l’agiotage, en somme, aux jeux de bourse et à la bancocratie moderne. Dès leur naissance, les grandes banques, affublées de titres nationaux n’étaient que des associations de spéculateurs privés s’établissant à côté des gouvernements et, grâce aux privilèges qu’ils en obtenaient, à même de leur prêter l’argent du public ». D'où la nécessité de recourir à l'emprunt et une explosion de la fiscalité.

L’auteur du Capital en arrivait néanmoins à une autre conclusion: «Il n’y a qu’une seule façon de tuer le capitalisme : des impôts, des impôts et toujours plus d’impôts».
Un impôt « lourdement progressif et graduel », précisait Marx…
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