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18 juillet 2013 4 18 /07 /juillet /2013 14:33

 

Interpellé, le gouvernement refusait jusqu'ici de s'exprimer clairement sur les politiques énergétiques des banques publiques européennes (BEI et BERD) qui veulent continuer à financer le charbon et débuter celui des gaz et pétrole de schiste.

 

 

La Banque européenne d’investissements (BEI)1 et la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD), deux banques publiques dont la France est l’un des actionnaires principaux, vont prochainement adopter leurs nouvelles politiques énergétiques. Respectivement le 24 juillet et à l'automne. Ces décisions guideront leurs investissements dans le secteur énergétique pour les cinq ou six années à venir. Ces deux banques, parmi les plus importantes banques publiques d'investissement au monde, envisagent de maintenir leurs financements aux énergies fossiles, pourtant si décriés, et notamment d'ouvrir leur porte-feuille de prêts à des projets d'exploration et d'exploitation d'hydrocarbures non conventionnels (gaz et pétrole de schiste, gaz de houille...).

 

 

Depuis des années, la société civile fait pression pour que ces banques arrêtent de financer les énergies fossiles, notamment le charbon, et privilégient le financement des énergies renouvelables et des politiques de transition énergétique. Jusqu'ici en vain, hormis quelques projets bloqués, ou non financés, ici et là. Avec de telles politiques, la BEI et la BERD renforceraient la dépendance aux énergies fossiles des pays dans lesquelles elles interviennent. Une aberration économique alors que des politiques d’énergies renouvelables et d’efficacité énergétique sont bien plus créatrices d’emplois et d’activités. Une aberration climatique alors que les concentrations de CO2 dans l’atmosphère viennent de dépasser les 400 ppm. Enfin, une aberration sanitaire et écologique tant les effets de l'extraction et de la combustion de ces énergies fossiles sur les écosystèmes et les populations sont forts.

De par son poids dans chacune de ces institutions, la France, et par son intermédiaire l'Union européenne, peut oeuvrer pour mettre un terme à ces financements. Récemment interpellé publiquement par Attac France, les Amis de la Terre, Bankwatch et d'autres, (voir cette lettre, cette tribune ou encore cette pétition), le gouvernement refusait jusqu'ici de s'exprimer clairement sur ses intentions. Se réfugiant le plus souvent derrière l'absence de volonté de changement des autres pays actionnaires, les cabinets ministériels concernés plaidaient leur bonne foi avec un classique « le problème c'est pas nous, c'est les autres ». C'est donc avec surprise et un certain intérêt, que ces mêmes organisations ont pris note de la clarification apportée par Pascal Canfin, ministre délégué chargé du développement, ce mercredi après-midi sur Twitter :

 

 

Indiquer aussi clairement que « la France défend le non financement du charbon et des gaz de schiste par la BEI » est une évolution notable et encourageante des positions du gouvernement français en la matière. On peut regretter que la BERD ne soit pas mentionnée, alors que les enjeux sont tout aussi importants, si ce n'est plus. Espérons que ce ne soit que partie remise, le vote pour la BERD n'ayant lieu qu'à l'automne. Adressé nommément à des organisations, un tel tweet provenant d'un ministre en exercice doit-être lu comme retranscrivant le contenu des arbitrages gouvernementaux en la matière. Néanmoins, le gouverneur français de la BEI n'étant autre que Pierre Moscovici, et compte-tenu des volte-face courants du ministre des finances (voir icipar exemple), une déclaration publique de sa part, ou une réponse écrite aux interpellations parvenues à Berçy, serait la bienvenue et de nature à lever toute ambiguité et confirmer l'heureux tweet de Pascal Canfin. Et un appui certain pour réellement peser sur les autres pays.

Maxime Combes, membre d'Attac France et de l'Aitec, engagé dans le projet Echo des Alternatives (www.alter-echos.org)

1Avec 61 milliards d'euros de prêt en 2011 pour 450 projets, la BEI est la première institution financière multilatérale au monde par le volume de ses prêts et de ses emprunts.

 

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13 juillet 2013 6 13 /07 /juillet /2013 17:30

 

Jets de gaz issus du "fracking" des couches de schiste, à Watford City, dans le Dakota du nord.

 

 

 

Gaz de schiste : l'interdiction de la fracturation hydraulique devant le Conseil constitutionnel

 

 

LE MONDE

27.06.2013 à 19h49 • Mis à jour le 12.07.2013 à 17h48 | Par Marie-Béatrice Baudet

 

 

 
 
Puits de gaz de schiste à Washington, en Pennsylvanie, en juillet 2011.

Le feuilleton gaz de schiste se poursuit. Le Conseil d'Etat a décidé, vendredi 12 juillet, de transmettre au Conseil constitutionnel une question prioritaire de constitutionnalité (QPC) déposée par la compagnie pétrolière texane Schuepbach. C'est une QPC explosive puisqu'elle concerne  la loi du 13 juillet 2011 interdisant la fracturation hydraulique en France, seule technique aujourd'hui disponible pour l'exploitation du gaz et du pétrole de schiste, mais dont les risques pour l'environnement ont été jugés trop élevés.

Cette décision était attendue. En réalité, les juges n'ont fait que suivre l'avis du rapporteur public, Suzanne von Coester, rendu le 26 juin.

  • Comment et pourquoi la société Schuepbach mène-t-elle cette bataille juridique ?

La société américaine se bat contre l'abrogation, en octobre 2011, par le gouvernement Fillon de ses deux permis exclusifs de recherche d'hydrocarbures liquides ou gazeux dans le sud-est de la France, qui lui avaient été accordés un an plus tôt. La société avait confirmé vouloir utiliser la fracturation hydraulique, devenue interdite par la loi Jacob.

L'entreprise se tourne alors vers le tribunal administratif de Cergy-Pontoise et le saisit en janvier 2013 d'une QPC  sur la loi du 13 juillet 2011. Pour dissuader le président du tribunal administratif de Cergy Pontoise de la transmettre au Conseil d'Etat, les services de Delphine Batho, ministre de l'écologie, lui adressent un argumentaire juridique ("un mémoire en défense"). Mais le ministère perd cette première bataille. Le recours de Schuepbach poursuit son chemin.

La société attaque la loi du 13 juillet en s'appuyant sur deux arguments principaux.

Le premier est que le texte porte atteinte aux conditions de mise en œuvre du principe de précaution inscrites dans la Charte de l'environnement. Comment ? En ne prévoyant "aucune procédure d'évaluation des risques" liés à la fracturation hydraulique.

Le second est que, selon Schuepbach, la loi revêt un caractère discriminatoire dans la mesure où elle ne concerne que les hydrocarbures liquides et gazeux et non la géothermie [pour laquelle la fracturation est, selon l'entreprise, également utilisée].

Dans ses conclusions, Mme von Coester estimait que le caractère discriminatoire de la loi n'était pas à retenir, puisque selon ses conclusions, les modalités de fracturation pour la géothermie et pour les huiles et gaz de schiste ne sont pas identiques. Mais elle avait jugé en revanche que l'argument lié au principe de précaution était une question "sérieuse". Ce que confirme le Conseil d'Etat dans les conclusions finales développées vendredi. D'autant – et c'est une condition majeure pour que le Conseil d'Etat transmette une QPC au Conseil constitutionnel – que cette demande n'avait jamais été faite auparavant. Ce caractère nouveau de la demande a beaucoup pesé dans la balance.

  • Que se passerait-il si le Conseil constitutionnel déclarait à la rentrée  la loi Jacob non conforme à la Constitution?

Si la loi est recalée, l'abrogation de tous les permis – ceux de Schupebach mais aussi ceux de Total par exemple – au nom de l'utilisation de la fracturation hydraulique ne serait plus justifiée. Les entreprises pourraient donc représenter leurs dossiers.

Une hypothèse jugée fin juin invraisemblable selon l'ancienne ministre de l'écologie Delphine Batho, évincée depuis en raison de ses déclarations critiques sur les choix budgétaires du gouvernement. "Le lobby des gaz de schiste n'obtiendra pas par une guérilla juridique ce que la mobilisation citoyenne a empêché", avait-elle alors expliqué, faisant référence aux nombreuses manifestations lancées en 2010 dans le sud-est de la France et dans la région parisienne. "S'il le faut, avait-elle ajouté, le gouvernement n'hésitera pas à reproposer un texte à l'Assemblée nationale, mais nous n'en sommes pas encore là."

Ne souhaitant pas commenter la décision du Conseil d'Etat –"attendue", selon lui –, Philippe Martin, successeur de Delphine Batho, devrait proposer un nouveau texte législatif. Mais cette période d'incertitude juridique pourrait être propice à de nouvelles bagarres au sein du gouvernement.  Jeudi, Jean-Marc Ayrault a dû ainsi recadrer Arnaud Montebourg, son ministre du redressement productif qui prônait, à titre personnel, la création d'une entreprise nationale pour exploiter ces hydrocarbures non conventionnels. "Il est exclu d'exploiter des gaz de schiste en France" et "cette position sera évidemment maintenue", a expliqué le premier ministre.

Lire aussi Philippe Martin recadre Arnaud Montebourg sur les gaz de schiste (éditions abonnés)

Pour autant M. Ayrault n'a pas utilisé le terme "explorer". Un mot-clé. Arnaud Montebourg soutient en effet les industriels désireux de pouvoir au moins sonder le sous-sol français pour évaluer les réserves d'huile et de gaz de schiste. La nouvelle loi, s'il devait y en avoir une, interdirait-elle des expérimentations ?

En période de crise économique, les arguments des compagnies pétrolières sur les bienfaits d'une exploitation de ces hydrocarbures non conventionnels susceptibles, selon eux, de réduire la facture énergétique française, pourraient peser face à ceux des défenseurs de l'environnement   

Lire aussi Gaz de schiste : les estimations des réserves sont-elles fiables ?

Marie-Béatrice Baudet

 

 

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9 juillet 2013 2 09 /07 /juillet /2013 16:02

 

arte.tv/guide/fr

 

 

Gasland
mardi 09 juillet à 20h50 (103 min)
  Rediffusé vendredi 12.07 à 8h55

Dans ce réquisitoire - façon Michael Moore - contre l'exploitation du gaz de schiste aux États-Unis, Josh Fox dépeint une réalité cauchemardesque avec les armes de l'ironie.

 

En savoir plus

Le point de départ de Gasland est une lettre adressée à Josh Fox, le réalisateur. Elle lui propose cent mille dollars pour pouvoir forer des puits d’exploitation du gaz de schiste sur sa propriété, en Pennsylvanie, un Eden forestier bordé par une rivière cristalline, affluente du Delaware, où ses parents, dans les années 1970, ont construit une maison de bois idyllique. Sachant que George W. Bush, en 2005, a dispensé les industries de l’énergie du respect des lois environnementales protégeant l’air et l’eau, et que la multinationale Halliburton, qui fut dirigée par l’ex-vice-président Dick Cheney, est pionnière dans l’exploitation du gaz de schiste par fracturation hydraulique, Josh Fox, pour savoir à quoi il s’expose, entreprend d’enquêter à travers le pays armé d’une caméra, de son banjo et d’une curiosité naïve mâtinée d’humour noir. Puisqu’il s’agit d’injecter violemment dans le sol, à quelque 2 500 mètres de profondeur, un cocktail de 596 substances chimiques, dont beaucoup sont dangereuses, comme les éthers de glycol, comment les compagnies, et les autorités qui leur délivrent des permis d’exploitation, garantissent-elles la sécurité de ceux qui vivent à proximité ? La réponse, stupéfiante, apparaît d’emblée, pour se confirmer tout au long d’un périple à travers les dizaines d’États concernés : elles ne la garantissent pas !

 

 

 

 

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28 juin 2013 5 28 /06 /juin /2013 17:57

 

Médiapart

 

 

 

La décision probable du conseil d’Etat de renvoyer la loi interdisant la fracturation hydraulique devant le Conseil constitutionnel, est-elle impartiale ? Le 26 juin, le rapporteur public du conseil d’Etat, Suzanne von Coester, a recommandé le renvoi de la question prioritaire de constitutionnalité (QPC) déposée par la compagnie pétrolière américaine Schuepbach (voir ici et ici nos articles).

Problème : Isabelle de Silva, la présidente de la 6e sous section, l’une des deux formations de jugement sur cette affaire, est l’ancienne directrice des affaires juridiques du ministère de l’écologie. Elle a dirigé ce service à partir d’octobre 2009 (voir ici l’annonce parue au journal officiel), et jusqu’au printemps 2011, c’est-à-dire au moment où le ministère accordait des permis de recherches pour les gaz et huiles de schiste. Présente lors de l’audience du 26 juin, Mme de Silva ne s’est pas déportée, alors qu’elle n’avait pas siégé dans une autre affaire qui concernait aussi sa période au ministère : le recours contre le refus du gouvernement et de l’autorité de sûreté (ASN) de fermer la centrale nucléaire de Fessenheim.

Sur cette base, une demande de réouverture d’instruction est parvenue jeudi 27 juin au Conseil d’Etat. Ses auteurs demandent le renvoi de la décision à une autre formation de jugement pour incompatibilité de fonction. En clair, ils demandent au Conseil d’Etat de réexaminer la QPC en l’absence de l’ancienne responsable du ministère. Les juges ont 15 jours pour faire connaître leur décision à ce sujet.

Parmi les opposants au gaz de schiste, l’inquiétude est grande car si le conseil constitutionnel censurait la loi, aucun texte législatif ne pourrait plus interdire la fracturation hydraulique. L’Etat ne pourrait alors plus rejeter les demandes d’exploration des pétroliers. 

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26 juin 2013 3 26 /06 /juin /2013 14:25

 

 

Rue89 - Blog

Corinne Lepage
Présidente de Cap21


Publié le 26/06/2013 à 14h59

 

 

La loi de juillet 2011 interdisant la fracturation hydraulique pour exploiter les gaz de schiste en France pourrait être remise en cause. En effet, le Conseil d’Etat devrait autoriser son renvoi devant le Conseil constitutionnel. La chambre des conflits du Conseil d’Etat avait été saisie Schuepbach Energy, dont deux permis pétroliers avaient été annulés.

La France a connu beaucoup de ministres de l’Ecologie, certains détestaient l’environnement et ses acteurs, d’autres étaient là faute de mieux, d’autres encore ont fait de leur mieux et ont effectivement marqué des points. Mais jusqu’à présent, nous n’avions pas connu de ministre qui accepte de prendre ou d’endosser des décisions aussi contraires aux discours tenus, au demeurant le plus souvent lénifiants.

Nous aurons probablement l’occasion de le constater dans les mois qui viennent, à propos des décisions qui suivront le débat sur la transition énergétique mais nous en avons déjà un très bel exemple avec l’affaire des gaz de schiste.

Permis d’exploration signé en catimini par Borloo

Tout commence le 1er mars 2010 quand Jean-Louis Borloo signe en catimini le permis d’exploration des gaz de schistes, dont celui de Montélimar. A cette époque, de gros doutes envahissent quelques associations et il faudra attendre une tribune que je signe le 20 décembre 2010 sur Rue89 pour que la mobilisation commence et que la première manifestation s’organise au Larzac.

Retour sur les grandes étapes :

  • Le 20 janvier 2011, une ordonnance prétend modifier le Code minier. Au nom de Cap21, j’attaquerai cette ordonnance qui viole ouvertement le code de l’environnement.
  • Le 13 juillet 2011, une loi interdit la fracturation hydraulique et abroge certains permis. Nathalie Kosciusko-Morizet lancera une mission pour proposer une réformette opportuniste du code minier, qui restera dans les cartons.
  • En mars 2012, alors que la technique est interdite, le ministère lance une commission nationale d’orientation, de suivi et d’évaluation de cette technique ayant pour mission « d’évaluer les risques environnementaux liés à la fracturation hydraulique et d’émettre un avis sur les conditions de mise en œuvre des expérimentations réalisées à seules fins de recherche scientifique ».
  • La ratification de l’ordonnance portant codification de la partie législative du code minier sera déposée le 4 mai 2012, entre les 2 tours de l’élection présidentielle alors que le Ministère de l’environnement n’a plus d’occupant depuis le 22 février.

Exploration signifie exploitation

Pendant toute cette période et depuis cette date, la pression des gaziers et pétroliers soutenus par le Medef ne faiblit pas. Les habitués du lobby nucléaire au sein du parlement que sont Jean-Claude Lenoir et Christian Bataille, signataires d’un rapport sur les techniques alternatives ont pris le relais.

L’exploration, coûteuse, ouvre nécessairement la voie à l’exploitation et sans appel d’offres. De plus, le code minier actuel que nous devons à Mme Kosciusko-Morizet ne prévoit aucune protection ni aucune redevance pour l’Etat dans la phase dite d’exploration. Enfin, les contrats de long terme passés par la France avec l’Algérie ou la Russie garantissent un prix élevé, ce qui signifie que l’exploitation virtuellement moins chère du gaz de schiste ne profitera qu’aux sociétés gazières et non à l’industrie et encore moins aux consommateurs.

Malgré des déclarations apparemment fermes sur le refus d’entrer dans la problématique gaz de schiste, discrètement, c’est la politique contraire qui se met en place.

Tout d’abord, en retardant la sortie de la réforme du code minier qui devrait protéger financièrement l’Etat et appliquer le droit communautaire et le droit de l’environnement.

Dans le même temps, instruire les nombreuses demandes d’autorisations qui sont dans les tuyaux, comme si de rien n’était, après avoir pris les Français pour des imbéciles en leur faisant croire que rejeter sept demandes signifiait rejeter toutes les demandes.

Enfin, sur le plan juridique, en ne s’opposant pas vigoureusement à la question prioritaire de constitutionnalité dont les titulaires d’autorisation voulaient saisir le Conseil Constitutionnel.

Il est pour le moins paradoxal de voir les pourfendeurs habituels du principe de précaution s’en prévaloir pour tenter d’obtenir l’inconstitutionnalité de la loi Jacob. Quoiqu’il en soit, au lieu de défendre la loi Jacob, le ministère, qui a hésité à intervenir, le fait de la manière la plus molle possible, comme s’il souhaitait une saisine du Conseil constitutionnel, puis une censure par ce dernier.

Profits maxima et risques minima

Si la loi était jugée inconstitutionnelle, elle ne pourrait être appliquée. Les autorisations demandées ne pourraient être refusées et l’absence de publication du code de l’environnement éviterait toute difficulté aux entreprises gazières. Succès sur toute la ligne pour les multinationales. Echec sur toute la ligne pour les citoyens.

Au-delà du cynisme qu’illustre ce comportement, il est dramatique y compris si nos réserves sont importantes. En effet, la pression pour délivrer les permis d’exploration n’a aucunement pour objectif de connaître notre richesse mais bien de s’accaparer le sous sol pour s’en réserver une exploitation future, avec les profits maxima et les risques minima.

Si en définitive l’intérêt général conduit à rendre nécessaire la connaissance de nos réserves en gaz de schiste, la seule solution conforme à l’intérêt général consiste, comme la loi l’a prévu, à confier à un organisme public le soin de répondre à cette question, puis de déterminer dans l’hypothèse où des procédés non polluants existeraient un jour, s’il convient ou non d’exploiter. Dans le cas d’une réponse positive, l’exploitation ne pourrait se faire qu’en payant à son juste prix une ressource qui appartient à la Nation, en encadrant les autorisations de règles extrêmement strictes et en assurant l’indemnisation complète et réelle de tous les préjudices qui pourraient être causés quels qu’en soit la nature.

Mais, l’histoire telle qu’elle est en train de s’écrire aboutira à une solution inverse : permettre l’exploitation des gaz de schiste, avec une méthode dont les saccages commencent à être reconnus même aux Etats-Unis, sans revenus adéquats pour l’État, et sans aucune garantie ni en amont par les études d’impact, ni en aval par une réparation intégrale de tous les préjudices y compris le préjudice écologique.

 

 

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10 juin 2013 1 10 /06 /juin /2013 15:47

 

 

Rue89

 Noël Mamère - Député de Gironde

Publié le 10/06/2013 à 15h46

 

 


Manifestation contre l’extration du gaz de schiste (Nicolas Sawicki/Flickr/CC)

 

La mort de Clement Méric, ce jeune antifasciste assassiné par des nervis d’extrême droite la semaine dernière, ne fait que souligner le malaise grandissant de la société française.

La crise de représentation grandit entre une oligarchie de plus en plus « hors sol », dont la parole politique est dévalorisée par ceux qui en font profession, et une population dont les attentes sont foulées au pied un peu plus chaque jour. Cette fracture gagne tous les domaines de la société.

Chaque semaine, par petites touches, on revient sur ce que l’on croyait acquis. Aujourd’hui les retraites, dont on laisse déjà filtrer qu’elles pourraient passer de 41,5 à 44 annuités ; hier, les gaz de schiste, pourtant « ligne rouge » pour les écologistes et de nombreuses ONG environnementales.

Le 6 juin, en effet, un nouveau pavé a été jeté dans la mare, avec le rapport de l’office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques (Opecst), qui se déclare favorable à une exploration et à une exploitation « maîtrisées » de cette ressource énergétique.

Un rapport en forme de ballon d’essai

Ce document constitue, en soi, une nouvelle provocation, venant huit jours après le rapport Beffa sur la compétitivité qui prônait l’exploration et l’exploitation des gaz de schiste comme éléments de la compétitivité.

Le rapport de l’Opecst – qui avait pour but d’étudier les « techniques alternatives » à la fracturation hydraulique – ose conclure que « la fracturation hydraulique reste la technique la plus efficace et la mieux maîtrisée pour extraire les hydrocarbures non conventionnels… et que des solutions existent pour le faire avec un impact acceptable sur l’environnement, à condition de respecter quelques règles ». On croit rêver !

Chacun sait que les rapports en France sont des ballons d’essai visant à préparer l’opinion à un changement de pied. A l’aide d’une logorrhée prétendument scientifique, dont le seul but est de justifier une orientation voulue d’en haut, il s’agit de désamorcer les critiques.

Depuis plusieurs mois, la petite musique de Monsieur Montebourg se fait insistante. « Si nous voulons retrouver des points de croissance », nous répète-t-il, « faisons comme les Américains, exploitons sans tarder le gaz de schiste. »

Comme par hasard, le député PS Christian Bataille et le sénateur UMP Jean-Claude Lenoir, corapporteurs de ce texte et membres bien connus des lobbies nucléaire et pétrolier, arrivent aux mêmes conclusions que le ministre du Redressement productif.

Des paroles et des actes

Bataille et Lenoir vont même plus loin, en affirmant :

« La France possède toutes les compétences scientifiques, techniques et industrielles, à tous les niveaux de la filière, pour créer une filière de fracturation propre. »

Ils avancent donc une thèse en contradiction totale avec la position de la ministre de l’Ecologie Delphine Batho, et avec celle officiellement défendue par le président de la République, opposé jusqu’à nouvelle ordre à toute exploitation de cette forme d’énergie fossile.

Fidèle à sa tradition qui consiste à ménager les contraires, le président de la République s’oppose en effet à la fracturation hydraulique pendant son quinquennat, mais précisait en 2012 qu’il « prendrait ses responsabilités si une nouvelle technique respectueuse de l’environnement apparaissait ».

On calme les écologistes pour un temps en jurant ses grands dieux que la priorité est à la transition énergétique et à une société décarbonée, mais on laisse prospérer en même temps des rapports qui défendent l’exact contraire !

Terminées, les Trente Glorieuses

Cette manière de procéder est à la fois décourageante et cynique. Tous ceux qui s’intéressent aux questions énergétiques savent depuis des lustres que l« Office qui a commandé ce rapport est le repaire des parlementaires les plus antiécolos. Il rassemble tous ceux qui, à droite comme à gauche, considèrent que toute remise en cause d’avancées du “ progrès ” constitue une régression, une faute contre l’avenir de l’humanité.

Ces chantres du productivisme sont prêts à tout pour arriver à leur fin. Avec l’aimable complicité du gouvernement, qui les laisse dire, tout en sachant que le changement de pied sur les gaz de schiste mettrait en cause l’un des fondements de l’accord passé entre Europe-Ecologie-Les Verts et le parti socialiste.

En ce sens, le rapport Bataille-Lenoir est à la fois une véritable déclaration de guerre aux écologistes, et le révélateur du profond fossé culturel qui nous sépare d’une bonne partie de la gauche, encore accrochée aux idéaux du progrès et de la croissance tels qu’on les concevait à l’époque des Trente Glorieuses.

Cette obsession à caractère archaïque et réactionnaire risque de poser de graves problèmes politiques entre nous d’ici les prochains mois.

“Tu dois respecter le contrat passé”

En proposant d’utiliser les retombées éventuelles du gaz de schiste pour financer la transition énergétique ce rapport préempte le débat sur la transition écologique. Or, et c’est l’autre ligne rouge des écologistes, si la fiscalité écologique – le levier de la transition énergétique – ne figure pas dans la loi de finances 2014, cela signifiera que toutes les promesses du président de la République et du Premier ministre sur ce sujet majeur n’étaient que des leurres.

Ce rapport a donc une fonction idéologique et politique, puisqu’il vise à réduire le débat public sur les hydrocarbures non conventionnels à leur dimension strictement technique, alors qu’ils sont contestés pour des raisons de fond : le maintien de nos sociétés dans une logique de voracité qui épuise la planète et accélère dramatiquement le réchauffement climatique.

Les conséquences déjà observées aux Etats-Unis montrent que les gaz de schiste sont une arme de destruction massive de l’environnement et de la biodiversité. Mais que pèsent ces arguments face au poids du lobby pétrolier ?

François Hollande ne pourra tenir bon sur ses engagements, tant qu’il cherchera à ménager la chèvre et le chou entre pétroliers et écologistes. Cette stratégie de l’enfumage est bien connue : comme à Notre-Dame-des-Landes ou à Fessenheim, elle ne mène qu’à l’affrontement, car elle exaspère toutes les parties.

Je dis à François Hollande :

“Tu as pris l’engagement qu’il n’y aurait ni exploration, ni fracturation d’ici la fin de ton mandat, tu dois respecter ce contrat passé avec les écologistes. Ce n’est pas seulement une question de politique publique, mais de morale politique, une question démocratique.

Sans un minimum de respect du mandat, la défiance s’installe, et avec elle le désenchantement, la perte de crédibilité, le sentiment qu’ils ‘sont tous les mêmes’.”

Le cynisme ne peut tenir lieu de politique. Tenir bon face au populisme, c’est d’abord faire preuve de “décence”, au sens orwellien du terme, et arrêter de mentir. Sur le gaz de schiste comme sur le reste.

 

 

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9 juin 2013 7 09 /06 /juin /2013 17:49

 

 

Libération

  8 juin 2013 à 20:15
«Nous ne voulons pas de gaz», banderole près du campement des habitants. Juin 2013.
«Nous ne voulons pas de gaz», banderole près du campement des habitants. Juin 2013. (Photo Marcin Latanik. Revoltcinema)

 

 

Récit Il y a un an, ils avaient cru obtenir victoire contre l'Américain Chevron. Depuis une semaine, ils se battent à nouveau nuit et jour pour sauver leurs villages.

Par CORALIE SCHAUB

Décidément, la guerre du gaz de schiste est digne des meilleurs films à suspense. Et les victoires citoyennes semblent bien fragiles face au rouleau-compresseur de l’industrie. Cette semaine, un joli télescopage spatiotemporel de l’actualité en a magistralement donné la preuve, en France comme en Pologne.

Chez nous, la loi du 13 juillet 2011 interdisant le recours à la fracturation hydraulique pour extraire les hydrocarbures coincés dans la roche (qui interdit de facto toute exploration et exploitation, puisque c’est la seule disponible), a subi mercredi les assauts de la patronne du Medef Laurence Parisot. Puis, jeudi, ceux d’un rapport parlementaire ouvertement pro-gaz de schiste. Bref, les lobbys sont plus déterminés que jamais à entrer par la fenêtre alors qu’on leur a fermé la porte après des mois de mobilisation des populations locales. Et peu importe si les gaz et pétrole de schiste polluent le sol et l’eau, si leur impact sur le climat est calamiteux ou si leur intérêt économique commence lui-même à être contesté.

Malédiction du gaz de schiste

Hasard du calendrier, au même moment, dans la campagne polonaise, à quelques roues de tracteur de la frontière ukrainienne, l’industrie des gaz de schiste est aussi à l’offensive. Là même où des villageois, que l’eurodéputé Vert José Bové avait rencontrés il y a pile deux ans, avaient cru avoir remporté une bataille contre le géant américain Chevron. Et ce au bout d’une année de lutte acharnée, filmée par le réalisateur britannique d’origine polonaise Lech Kowalski, qui avait fait l’objet d’un documentaire diffusé sur Arte le 28 janvier dernier, La malédiction du gaz de schiste. «Je vous ai compris, je renonce à forer sur vos terres», avait dit Chevron en langage administratif, la main sur le cœur.

A lire aussi l'interview de Lech Kowalski, «ce que j'ai découvert m'a choqué»

Las, voilà que ce lundi 3 juin, à 6 heures du matin, des véhicules du pétrolier déboulent sur le champ convoité deux ans auparavant. Des gamins qui passent à vélo à proximité pour se rendre à l’école donnent l’alerte. Les villageois de Rogow et de Zurawlow accourent. Ils apprennent que Chevron veut clôturer la parcelle de 2,7 hectares de terre agricole qu’il a louée et y installer générateur électrique, éclairage et baraque de chantier. Tension. Une des protagonistes du film d’Arte, Barbara, s’interpose devant une voiture. Le chauffeur de Chevron ne ralentit pas, elle est blessée à la jambe.

Le cinéaste Lech Kowalski est appelé à la rescousse. A peine de retour à Paris (où il habite), après avoir présenté son film au festival de Cracovie, celui-ci saute dans un avion et les rejoint. Depuis, il filme et tweete en direct l’évolution de la situation. Car la mobilisation des paysans ne faiblit pas. Depuis six jours, environ 300 d’entre-eux se relaient pour être toujours présents sur place vingt-quatre heures sur vingt-quatre. «Ils ont monté une grande tente, préparent de la soupe au chou sur une cuisinière de la Seconde Guerre mondiale, ont installé une table sur laquelle trône un vase dont les fleurs des champs sont changées chaque jour», raconte Lech Kowalski, joint vendredi au téléphone par Libération. «Les plus remontées sont les vieilles femmes de 65-70 ans, qui pourchassent les hommes de Chevron avec des bâtons, au point que les autres villageois sont obligés de les calmer pour éviter tout incident», poursuit-il.

 

Lech Kowalski avec les villageois. 

Lech Kowalski avec les villageois. (Photo Marcin Latanik. Revoltcinema)


Face à eux, une trentaine d’ouvriers, une poignée de vigiles habillés de noir et deux cameramen employés par la firme pétrolière. «C’est absurde, nous nous filmons les uns les autres !», rigole Kowalski. «C’est une vraie guerre médiatique.» Les paysans ont réussi à projeter son film sous-titré en polonais, dans le champ, à la belle étoile, avec un groupe électrogène et un vidéoprojecteur. La plupart ne l’avaient pas vu, car aucun média polonais ne souhaite le diffuser. Et les salles de cinéma et centres culturels du coin ont refusé d’organiser des projections. «Par peur de représailles», dit le réalisateur, qui a dû batailler ferme pour que son film soit au programme du festival de Cracovie.

«Chevron s'acharne»

En Pologne, les gaz de schiste sont un sujet tabou. Le gouvernement de Donald Tusk (centre-droit), qui y voit un moyen de s’affranchir des importations de gaz russe, défend bec et ongles leur exploitation. Le pays compte investir 50 milliards de zlotys (12,5 milliards d’euros) dans ces hydrocarbures non conventionnels d’ici à 2020. Mais la manne annoncée voilà quelques années semble faire pschit. Selon l’Agence américaine d’information sur l’énergie (EIA), la Pologne était censée disposer des premières réserves de gaz de schiste d’Europe, avec près de 5 300 milliards de m3, de quoi satisfaire la consommation domestique pendant trois-cents ans. Mais ces premières estimations ont été révisées l’an dernier par les experts polonais à moins de 800 milliards de mètres cubes. Du coup, nombre de compagnies déchantent, qui ne trouvent pas assez de gaz pour justifier d’onéreuses explorations et extractions. Début mai, deux pétroliers nord-américains, Talisman Energy Inc. et Marathon Oil, ont annoncé leur décision de quitter la Pologne, quelques mois après le géant ExxonMobil.

«Tout le monde s’en va mais Chevron s’acharne. Pourquoi ? C’est un mystère», s’exclame Kowalski. La porte-parole locale de Chevron, contactée par les villageois, s’est montrée mutique, comme dans le film. Tout juste ont-ils réussi à savoir que la concession «Grabowiec», délivrée le 6 décembre 2007, est valide jusqu’au 6 décembre 2013 pour des tests sismiques uniquement. L’autorisation accordée pour des tests de forages a été annulée en juin 2012. Avec l’énergie du désespoir, faute d’être écouté par Varsovie, l’autoproclamé mouvement «Occupy Chevron» appelle à l’aide au-delà des frontières polonaises. Et espère le soutien actif et même la venue de José Bové ou de l’eurodéputé britannique Vert Keith Taylor, qui s’était lui aussi déplacé en Pologne pour y rencontrer les opposants aux gaz de schiste.

Occupy Chevron

Dernières nouvelles du «front» : ce samedi, une femme médecin a fait six heures de route depuis Cracovie pour passer le week-end dans la tente des villageois, désormais ornée du drapeau national rouge et blanc. Il fait chaud. La solidarité s’organise, les manifestants ont reçu deux ordinateurs pour se connecter au monde. Le lieu est devenu une attraction locale, le voisinage vient partager les repas. L’ambiance est «bonne mais tendue». Les fermiers ont contacté un conseiller juridique et entendent prouver que Chevron est dans l’illégalité.

Ils constatent que les médias français s’intéressent plus à leur lutte que les médias polonais. La police est sur place. Parmi les derniers tweets de Kowalski : «#dontfrackZurawlow Occupy Chevron is not just about fracking, it is about corporations forcing a way of life on citizens. The farmers want the world to know this.» Autrement dit, en VF : «Occupy Chevron va au-delà de la question des gaz de schiste, il s’agit des multinationales imposant un certain mode de vie aux citoyens. Les fermiers veulent que le monde sache cela.» Le suspense continue.

 

 

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8 juin 2013 6 08 /06 /juin /2013 17:15

 

Médiapart

 

 

 

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Le gaz de schiste partage avec le nucléaire le goût de ses promoteurs pour les images métaphoriques. Jeudi matin 6 juin, le député socialiste Christian Bataille  et le sénateur UMP Jean-Claude Lenoir, tous deux membres de l'office parlementaire d'évaluation des choix techniques et scientifiques, n’ont pas dérogé à cette règle. Lors de la présentation de leur rapport sur les techniques alternatives à la fracturation hydraulique, ils ont multiplié les analogies à visée pédagogique. Ainsi, évoquant les additifs chimiques utilisés dans les forages par fracturation hydraulique – l’une des principales sources de pollution- le sénateur brandit la petite bouteille d’eau posée sur sa table, et disserte sur les différents sens du mot « chimique » : « dans cette bouteille, il y a un produit chimique qui s’appelle de l’eau ». De là à comparer l'eau à l’éthylène glycol présent dans les fluides de fracturation, il y a une belle acrobatie rhétorique réalisée par l'élu.

 

Les rapporteurs visitent le site pétrolier de Champotran (Seine-et-Marne), mai 2013 (DR). 
Les rapporteurs visitent le site pétrolier de Champotran (Seine-et-Marne), mai 2013 (DR).

Dans le même ordre d’idée, le sénateur UMP compare les « micro fissures » de la roche provoquées par la fracturation, à des « cheveux ». Quant à ceux qui désespèrent de ne pouvoir exploiter ces gaz de schiste, à cause de l’actuelle interdiction de la fracturation hydraulique, il tient à les rassurer : « Quelqu’un, en Allemagne de l’Est, qui se demandait "y-a-t-il une alternative à la Trabant, lourde, qui  rejette beaucoup de gaz carbonique ?" Eh bien oui, il y a une alternative aujourd’hui. Cette image peut être retenue pour notre sujet ».

Ce ne sont que des propos de conférence de presse mais ils ont de quoi attiser la curiosité sur le contenu réel du rapport. Or la lecture de ce document d’une centaine de pages révèle toute une série d’approximations et d’oublis qui présentent une vision particulièrement tronquée du sujet.

  •  « La fracturation peut se concevoir uniquement avec des produits de type ménager, peu ou pas toxique » (p . 47)

Si l’exploitation des gaz et huiles de schiste dégrade l’environnement, c’est en grande partie à cause des additifs chimiques contenus dans les fluides de fracturation bombardés sous terre : acide chlorhydrique, polyacrylamide, éthylène glycol… Selon le rapport Bataille-Lenoir, cette fracturation peut se concevoir uniquement avec des produits de type ménager, peu ou pas toxiques. Voire même avec des produits d’usage alimentaire, telle la gomme de guar, une fibre végétale soluble utilisée par l’industrie agroalimentaire. A titre d’exemple, nous est présentée la composition de la substance « cleanstim » fabriquée par le groupe américain Halliburton (p. 48) : pâte de soja, jus de fruits, amidon alimentaire, sucre glace, lait et crème de noix de coco, chocolat de glaçage, blancs d’œufs … On en mangerait.

Ce produit est utilisé à ce jour dans 32 puits précisent les rapporteurs. Trente-deux puits sur les 500 000 puits de gaz de schiste creusés aux Etats-Unis. Soit 0,0064% des forages. Même avec beaucoup de mauvaise foi, difficile de considérer cet exemple comme représentatif.
Cette affirmation fait d'ailleurs bondir le président de la commission du développement durable de l’Assemblée nationale, Jean-Paul Chanteguet : la fracturation hydraulique « utilise aujourd’hui 750 composés chimiques, dont 29 ont été reconnus cancérigènes et à risque pour la santé humaine, auxquels il faut ajouter l’arsenic et les éléments radioactifs qui remontent des couches fracturées vers la surface ».

 

Et maintenant les gaz de houille...

 

Séance de l'office parlementaire d'évaluation des choix technologiques et scientifiques. 
Séance de l'office parlementaire d'évaluation des choix technologiques et scientifiques.
  •  « La fracturation hydraulique est utilisée en géothermie » (p. 43)

L’argument est mis en avant pour souligner l’innocuité de la fracturation hydraulique : pourquoi interdire une technologie pour la recherche d’hydrocarbures, si elle est autorisée pour capter la chaleur de la roche sous terraine ? « Le principe général est le même que pour l’exploitation d’hydrocarbures », insistent les rapporteurs.

En réalité, la technique utilisée en  géothermie s’appelle « stimulation » hydraulique. «Sa mise en œuvre est différente » de la fracturation, explique Romain Vernier, responsable de la division géothermie du bureau de recherches géologiques et minières (BRGM) : les gaz de schiste sont forés dans des zones complètement imperméables, où il faut injecter de grosses quantités d’eau et de produits chimiques. « Alors qu’en géothermie,  le milieu est naturellement fracturé, contient déjà de l’eau, que l’on peut utiliser, et on n’a pas besoin de produits chimiques. Ce n’est pas du tout le même impact environnemental ».

  •  « Poursuivre l’exploration puis engager dès que possible l’exploitation du gaz de houille (gaz de couche) » en Lorraine et dans le Nord-Pas-de-Calais « dans la mesure où elle ne nécessite pas l’emploi de la fracturation hydraulique » (p. 70)


C’est la troisième proposition formulée par le rapport : pousser au forage des gaz de houille, contenu dans les anciennes mines de charbon. Pour les rapporteurs, ces gaz ne nécessitent pas de fracturation hydraulique : « le développement du gaz de houille ne pose pas les mêmes questions que celui du gaz et du pétrole de roche mère, car il ne nécessite pas l’emploi de la fracturation hydraulique » (p. 8). Il peut donc être foré sans danger pour l’environnement : « l’exploration et l’exploitation du gaz de houille peuvent et doivent être engagés dans des délais assez rapides » (p. 28).

En réalité, l’appellation « gaz de houille » recouvre deux types de gaz différents, comme les rapporteurs l’écrivent eux-mêmes : « de mine », récupéré par pompage,  et de « couche », mis en exergue dans la proposition des rapporteurs. Pour Christian Bataille, député du Nord, bassin minier historique, ces gaz de couche ne requièrent pas de fracturation de la roche.

Mais en réalité, ces « coalbed methane », selon la terminologie anglo-saxonne, souvent désignés par l’acronyme CBM, sont bien exploités aux Etats-Unis et en Australie par fracturation hydraulique« Un autre problème environnemental liée à la production de CBM est l’utilisation de techniques stimulant la fracturation, autrement dit la fracturation hydraulique », explique ainsi l’Institut américain de Geoscience, une fédération regroupant 250 000 scientifiques de la terre (voir ici). Le gaz de couche représente environ 8% des extractions gazières américaines. Comme ici, par exemple, les forages dans le bassin de la Black Warrior river, en Alabama.

Interpellé par une journaliste du Journal de l’environnement  sur l’usage de la fracturation hydraulique pour extraire les gaz de couche aux Etats-Unis, Christian Bataille lui a sèchement répondu : « c’est vous qui le dîtes ! ». Nous ne pouvons donc que lui conseiller la lecture des nombreux sites  et blogs américains et australiens consacrés aux enjeux de la fracturation hydraulique et des gaz de couche.

  • « Des délocalisations d’entreprises outre-Atlantique sont à craindre, en raison de l’écart de compétitivité que la manne gazière et pétrolière a créé entre les Etats-Unis et l’Europe » (p. 7)

 Aux Etats-Unis, le prix du gaz pour les industriels est aujourd’hui trois fois inférieur à son prix en France, affirme le rapport Bataille-Lenoir. L’écart de prix entre les deux continents est devenu un point de focalisation des divers lobbies industriels (Ufip, Unidem, Afep, Cercle de l’industrie, Medef…) dans le débat sur la transition énergétique, qui y voient la preuve que les prix de l’énergie ne doivent pas augmenter en France (voir ici notre enquête). Selon les deux parlementaires, la différence de prix est telle, désormais, que certaines entreprises risqueraient de se délocaliser en Amérique du nord.

Observe-t-on un mouvement de délocalisation des entreprises européennes vers les Etats-Unis ? Interrogé sur ce point, Amory Lovins, directeur scientifique du Rocky Mountain Institute, un centre réputé de recherche américain sur l’énergie, qui publie ces jours-ci une vaste étude sur les enjeux de la nouvelle ère énergétique, Réinventer le feu, est catégorique : « Absolument pas ». Dans son ouvrage, il met en garde contre le mirage des retombées économiques des gaz de schiste : à cause de la volatilité des cours du gaz américain et  « des incertitudes liées à la durabilité et aux impacts du gaz de schiste ». Pour lui, « l’efficacité énergétique affiche généralement un coût inférieur à n’importe quel type de gaz ». Il recommande donc « d’utiliser ce combustible avec parcimonie ».

  •  Des auditions bien homogènes

En annexe du rapport Bataille-Lenoir, figure la liste des personnes auditionnées par les rapporteurs entre décembre 2012 et mai 2013. Sa lecture s’avère fort instructive. En effet, sur les 75 personnalités entendues par les élus, seules deux représentaient une association de défense de la nature (Greenpeace et France Nature Environnement). Soit 2,7% des orateurs invités. Les autres intervenants travaillent pour des compagnies pétrolières, gazières, sont chercheurs ou responsables administratifs.

La composition de la délégation de l’Académie des sciences est particulièrement intéressante puisque on y retrouve le géophysicien Vincent Courtillot, longtemps proche de Claude Allègre, et longtemps soutien de sa thèse contestant le rôle de l’activité humaine dans le dérèglement climatique.  Scientifique multi primé, Vincent Courtillot est un spécialiste de « magnétisme terrestre, géodynamique, traps et points chauds, extinction en masse des espèces », selon la note biographique que publie l’Institut de physique du globe de Paris (IPGP), où il a longtemps travaillé. Pas vraiment un expert en hydrocarbure non conventionnels, et encore moins en alternative à la fracturation hydraulique. Sur quels points précisément le chercheur a-t-il éclairé les parlementaires ? « Ce n’est pas nous qui avons composé la délégation de l’Académie des sciences », répond le sénateur Jean-Claude Lenoir, qui ajoute aussitôt  que les questions climatiques n’étaient pas à l’ordre du jour de leur discussion.

Il n'est en effet pratiquement pas question du changement climatique dans le rapport parlementaire. C'est un oubli dommageable alors que les rejets de CO2 et de méthane induits par les forages de gaz et d’huile de schiste contribuent à l’effet de serre et donc à la crise climatique.

Le rapport Bataille-Lenoir n’est pas achevé, a-t-il été précisé. C’est une version d’étape, provisoire, que les élus ont tenu à rendre publique dès à présent, alors que le débat national sur la transition énergétique touche à sa fin. Des corrections sont donc encore susceptibles d’y être apportées. Etre ou non favorable au forage des gaz et pétrole de schiste : le débat est légitime et souhaitable. Pour éclairer les esprits des citoyens, encore faut-il qu’il soit conduit avec rigueur et dans un souci de réalité.

 

 

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7 juin 2013 5 07 /06 /juin /2013 15:16

 

Le Parti de Gauche.fr

 

Jeudi 6 Juin 2013
  Arthur Morenas, Romain Juhel, Mathieu Agostini, Corinne Morel Darleux

Pg-non-merci-gaz-schiste

 

 

Le député PS Christian Bataille et le sénateur UMP Jean-Claude Lenoir ont publié le rapport attendu de l’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques (OPECST) sur les techniques alternatives à la fracturation hydraulique. Celui-ci est le signe d’un profond retard de l’OPECST et des parlementaires français sur la prise de conscience des risques écologistes qui menacent l’Humanité.

Ce rapport préconise en effet la mise en place d’une filière de fracturation hydraulique « propre » pour l’exploitation des gaz et pétroles de schiste. C’est là un contresens écologique. Un, la fracturation hydraulique ne sera jamais une technique propre. Deux, à l’heure ou l’enjeu véritable de la transition énergétique est la sortie de notre consommation d’énergies fossiles et la lutte contre le réchauffement climatique, le rapport ne préconise rien de moins que de continuer sur cette voie mortifère. Comme toujours l’argument de la croissance économique est mis en avant, en particulier par la présidente du Medef Laurence Parisot. Il s’agit là de la folle course au moins-disant social et écologique pour satisfaire les exigences sans cesse plus élevées des détenteurs de capitaux.

Quant au système de contreparties financières proposé via une réforme du Code minier, il est l’aveu même que le lobby pétrolier est prêt à tout pour faire passer la fracturation hydraulique en force, quitte à acheter le consentement des collectivités et des propriétaires des terrains potentiellement exploitables. Le comble du cynisme est atteint lorsque le rapport préconise de financer la transition écologique à l’aide des gaz de schiste !

A l’inverse de cette vision comptable, le Parti de Gauche propose un scénario de véritable transition énergétique qui permette une sortie définitive des énergies fossiles et du nucléaire. Notre projet écosocialiste porte cette vision d’une sortie par le haut de la double crise économique et écologique, par le partage des richesses et la préservation des biens communs que sont l’eau et les sols, et de l’écosystème humain.

 

 

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27 mai 2013 1 27 /05 /mai /2013 16:51

 

Le Monde.fr

 27.05.2013 à 15h22 • Mis à jour le 27.05.2013 à 17h45

 

Par Angela Bolis

 
 
La plateforme d'exploration pétrolière de Hess oil France à Chartronges, en Seine-et-Marne.

En surface, il n'y a pas grand-chose à voir : un derrick, une pompe à balancier, de longs tuyaux empilés. C'est sous les champs de Chartronges, en Seine-et-Marne, que tout se joue : le forage de cette plateforme d'exploration pétrolière doit s'enfoncer jusqu'à 3 100 mètres de profondeur, traversant au passage la roche mère enfouie dans la couche géologique du Lias (ou Jurassique inférieur), datant de plus de 175 millions d'années.

Dans le bassin parisien, cette roche mère recèle potentiellement du pétrole qui, à l'inverse du pétrole classique, n'a pas encore eu le temps de s'en libérer : c'est le pétrole de schiste. En février 2012, un rapport du ministère de l'économie sur les hydrocarbures de schiste en France avançait une estimation de cette ressource dans cette zone entre 160 000 et 240 000 m3 exploitables par an pendant vingt-cinq ans. C'est bien moins que la production nationale (en France métropolitaine) de pétrole conventionnel, de plus de 1 million de m3 par an – qui représente déjà seulement 1 % de nos besoins en pétrole brut. Et pour l'instant, la seule technique qui en permet véritablement l'exploitation, la fracturation hydraulique, est interdite depuis la loi Jacob de 2011 et la circulaire de septembre 2012.

La Seine-et-Marne n'a pas attendu le récent engouement pour les hydrocarbures de schiste pour s'intéresser à son or noir. La plaine est parsemée de ces pompes d'exploitation conventionnelle – au moins 2 000 puits y ont été forés depuis cinquante ans. Mais, avec la baisse du prix du pétrole et l'épuisement de ces menues ressources, la production est en net déclin. En témoigne la première concession ouverte en France, en 1958 à Coulommes, où seuls 4 des 57 puits sont encore en activité, selon la société pétrolière américaine en pointe sur l'exploration dans le bassin parisien, Hess Oil france.

 

 L'EXPLORATION SE POURSUIT MALGRÉ TOUT

Même si l'estimation des ressources en pétrole de schiste paraissent modestes, même si la loi en interdit l'exploitation, les demandes de permis visant une exploration de pétrole de schiste se sont multipliées ces dernières années dans le bassin parisien – elles étaient déjà une quarantaine il y a deux ans. Tous hydrocarbures confondus, elles couvrent aujourd'hui la quasi-totalité du territoire de la Seine-et-Marne.  

Les permis d'exploration et d'exploitation d'hydrocarbures, demandés ou déjà octroyés, couvrent la quasi-totalité de l'est du bassin parisien.

Ci-dessus, les terrains couverts par des demandes de permis de recherche (gris), des permis de recherche (bleu), des demandes de titres d'exploitation (orange) ou des titres d'exploitation (rouge) de pétrole, dans l'ouest du bassin parisien surtout, d'après le Bureau exploration-production des hydrocarbures.


Ainsi, sur la plateforme de Butheil, la déclaration d'ouverture des travaux de la plateforme d'exploration mentionne clairement que "l'objectif consiste à rechercher dans les formations du Lias des zones contenant des hydrocarbures pouvant satisfaire à la réalisation de forage d'exploitation" – les recherches dans d'autres couches pouvant contenir du pétrole classique étant qualifiées de "secondaire". La roche mère du Lias est aussi visée par plusieurs autres forages de Hess Oil, comme à Chartronges ou encore à Jouarre.

Si le retour sur investissement de cette exploration reste pour le moment si incertain, pourquoi cette entreprise continue-t-elle à investir des millions dans la prospection des sous-sols français ? "Hess Oil France a pour but de cartographier le système pétrolier du bassin parisien", répond la compagnie, qui affirme se positionner dans une stratégie de long terme et, à ce stade, de recherche et de "compréhension".  

Isabelle Levy, dynamique retraitée qui a fait de sa lutte au sein du collectif fertois contre le pétrole de schiste un job à plein temps, la soupçonne toutefois de se préparer, dans l'attente d'une modification de la loi interdisant la fracturation hydraulique, ou de la découverte d'une autre technique d'extraction du pétrole de schiste, viable et légale. Elle pourrait alors exploiter ou bien revendre sa cartographie à une autre société pétrolière. L'entreprise pourrait aussi procéder à un forage avec fracturation hydraulique à titre d'expérimentation – "pour prouver que ce n'est pas dangereux, alors que l'impact se fait de toute façon ressentir plusieurs années plus tard", explique Isabelle Levy.    

 

UNE OPPOSITION À L'UNISSON 

Quoi qu'il en soit, Hess Oil fait preuve d'une certaine détermination. Car, en plus de se heurter à la législation française actuelle, l'entreprise fait face à une opposition locale relativement unanime. A Jouarre notamment, où une nouvelle plateforme d'exploration est en construction, le maire UMP Pierre Goullieux se souvient d'être allé,  dès février 2011, voir la ministre de l'écologie d'alors, Nathalie Kosciusko-Morizet, en compagnie des députés et sénateurs UMP de Seine-et-Marne Franck Riester et Michel Houel, pour lui exprimer leurs inquiétudes vis-à-vis de la fracturation hydraulique. "Je ne peux pas laisser ces terres, cette eau, ces sous-sols risquer d'être pollués par l'exploitation non conventionnelle", dit-il. Et rien, en termes de retombées économiques ou d'emplois créés, ne viendrait, selon lui, contrebalancer ce risque. 

Affiche du collectif du pays fertois contre le pétrole de schiste, à côté de la plateforme d'exploration de Jouarre.

A Doue (puits de Butheil), le maire s'est fendu d'une lettre à la ministre de l'écologie Delphine Batho pour "s'interroger [d'urgence] sur la validité du permis" d'exploration, compte tenu des risques de la fracturation hydraulique et du manque de transparence de Hess Oil sur ses intentions finales. Depuis, la préfecture de Seine-et-Marne a, de son côté, publié des arrêtés interdisant le forage horizontal dans la roche mère dans plusieurs puits de la société.

Quant à la population locale, "une partie est radicalement contre, une autre se pose des questions, les autres s'en fichent", dit le maire de Jouarre. Rien que sur le territoire couvert par le permis de Château-Thierry, deux collectifs locaux d'opposition se sont créés. A la fin de mars, une réunion d'information à l'initiative de Hess oil – qui affiche une démarche de dialogue avec la population (journées portes-ouvertes...) – s'est déroulée de manière houleuse. Le compte rendu qui en a été fait par Fabien Vallée, conseiller municipal divers droite à Jouarre et vice-président de l'association No Fracking France, évoque une "ambiance tendue", une assemblée "sous contrôle d'un dispositif de sécurité (...) très surdimensionné", durant laquelle le "flot de questions" a "perturbé le déroulé de la présentation type prévu par la société". Exemple d'intervention d'un habitant : "Je vois des enfants, ça me pose question, les enfants c'est l'avenir... quand on voit ce que vous avez fait aux Etats-Unis."


Lire l'enquête : Ruée vers le pétrole de schiste dans le Dakota du Nord


Si les bénéfices locaux d'une telle exploitation n'apparaissent pas clairement, nul doute, donc, que les inquiétudes face à ses risques se sont propagées assez largement. Isabelle Levy énumère : la pollution, la détérioration des nappes phréatiques, l'usage de grandes quantités d'eau dans un département régulièrement touché par des sécheresses, la défiguration du paysage, la nécessité de trouver des alternatives aux énergies fossiles pour lutter contre le réchauffement climatique... "Et tout ça pour une production minime", assure la militante. D'après ses calculs, "si on faisait 500 puits dans le bassin parisien, on assurerait seulement huit jours d'indépendance énergétique pour la France".

 

Lire le décryptage : Faut-il avoir peur du gaz de schiste


Angela Bolis

 

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