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2 septembre 2011 5 02 /09 /septembre /2011 21:21

Fleurs de cerisier à Tokyo (David Lee/Picasa)

Depuis plusieurs semaines déjà, la catastrophe de Fukushima ne fait plus la une de l'actualité. Pour l'immense majorité de nos concitoyens, la question est réglée et il va quasi de soi que Tepco, et Areva pour ce qui est du traitement des eaux polluées, maîtrisent parfaitement la situation.

Les personnes qui devaient être évacuées l'ont été, le taux de radioactivité baisse et le Japon, vu de France, est prêt à faire redémarrer des centrales. Du reste, régulièrement, la presse, informée par les soins du lobby nucléaire français, indique que telle ou telle centrale va redémarrer.

Cela est dramatiquement et tragiquement faux.

Des millions de mètres cube d'eau contaminée

Tout d'abord, les autorités japonaises - j'ai rencontré le secrétaire d'Etat à l'Environnement, le vice-ministre de l'Environnement et le vice-gouverneur de Fukushima - reconnaissent que la catastrophe est en cours et que rien n'est réglé. Les informations sont très rares.

Les autorités admettent que trois cœurs nucléaires ont fondu et que les cuves ont été transpercées. Cependant, ils ignorent ce qu'il se passe aujourd'hui, en particulier ce point vital de savoir si le radié a été percé par le corium ou non, ce qui signifierait, bien entendu, la pollution irréversible de la nappe phréatique.

Concernant le traitement de l'eau, Greenpeace considère qu'il vient à peine de débuter. Les autorités reconnaissent l'entassement de boues radioactives dont évidemment personne ne veut parler mais aussi les millions de mètres cube d'eau contaminée.

Les dosimètres encore bloqués à l'aéroport

En second lieu, et c'est tout aussi préoccupant, la situation des familles qui vivent dans la région de Fukushima est, au sens propre du terme, véritablement tragique. J'ai passé près de deux heures avec l'association, qui regroupe plusieurs centaines de familles et qui est animée par des femmes déterminées et révoltées.

On peut les comprendre. Ce qui leur est arrivé rappelle de très près ce que nous avons vécu avec Tchernobyl et la manière dont les choses se mettent en place nous renvoie au spectre du passé.

Tout d'abord, et même si on peut comprendre que, vivant en même temps un tremblement de terre et un tsunami, la situation était passablement désorganisée, l'organisation météorologique japonaise était tout de même dans l'incapacité suspecte de fournir les cartes des vents au moment de la catastrophe de Fukushima. Les populations n'avaient aucune idée d'où venaient les vents.

Aucune instruction ne leur a été donnée, aucune pastille d'iode ne leur a été distribuée. Il a fallu attendre plus d'un mois pour qu'elles puissent disposer d'une information publique sur le niveau de contamination et aujourd'hui, ce sont 40 000 dosimètres qui restent bloqués par décision politique à l'aéroport de Tokyo. Les familles ne savent donc pas quel est le niveau de la radioactivité dans laquelle elles vivent.

Les mères inquiètes pour leurs enfants

Sur le plan de l'alimentation, des prélèvements sont faits mais leurs résultats sont donnés bien après que les aliments ont été mis sur le marché et consommés. L'essentiel pour ces mères est, bien entendu, la situation de leurs enfants.

Voyage de Corinne Lepage au Japon

Au Japon, comme partout dans les pays membres de l'AIEA, le niveau admissible pour les populations est de 1 millisievert par an. Il est de 20 millisieverts pour les travailleurs du nucléaire. Aujourd'hui, dans les zones où vivent ces gens, dans la préfecture de Fukushima, le niveau est largement supérieur avec 5 millisieverts, jusque parfois 20 millisieverts.

Ces femmes exigent pour leurs enfants comme pour elles-mêmes le droit de vivre dans un environnement à 1 millisievert. Le problème est que personne n'a les moyens de répondre positivement à leurs questions.

Il faut envisager une évacuation plus large

Deux solutions sont envisageables : soit la décontamination - et on en parle beaucoup au Japon - soit l'évacuation. Il semblerait que quelques cours de récréation aient fait l'objet d'une décontamination, qui consiste à retirer 50 à 60 cm de terre, dont on ne sait du reste pas où on va la stocker.

Cela permet de réduire le niveau de la pollution. C'est peut-être possible au niveau local avec des résultats qu'il conviendrait de vérifier. C'est évidemment impossible à l'échelle d'une préfecture entière.

De ce fait, c'est bien la deuxième solution qu'il faut envisager. Elle consiste bien évidemment à permettre aux gens qui le veulent de partir. Mais pour qu'ils puissent s'en aller, encore faut-il leur permettre d'aller vivre ailleurs.

La vérité de la situation, et c'est là tout son aspect tragique, c'est que les autorités japonaises font ce qu'elles peuvent dans une certaine mesure. Toutefois, puisque l'information est confisquée, les moyens donnés aux gens pour connaître la réalité de la situation leur sont refusés.

Les agriculteurs pas indemnisés

Du point de vue du changement et des décisions techniques à prendre, le monde agricole n'est pas en reste et devient lui aussi victime de la défaillance des autorités.

La préfecture de Fukushima promeut les produits agricoles de la région de Fukushima et se plaint des mauvaises rumeurs qui les concernent. Il m'a été fait cadeau d'un magnifique cageot de pêches. La vérité est, bien entendu, que l'immense majorité des produits de cette zone ne devrait pas être consommée mais pour qu'ils ne le soient pas, encore faut-il que les agriculteurs qui les produisent puissent être indemnisés et gagner leur vie. Or, tel n'est pas le cas.

Cette situation absolument tragique à laquelle est exposée le Japon s'exprimerait ainsi pour tout pays industrialisé, les mêmes risques produisant probablement les mêmes effets. C'est précisément la raison pour laquelle la chape du silence s'est mise sur le Japon.

Corinne Lepage au Japon

Les médecins montent des réseaux parallèles

Les médecins n'ont plus le droit de parler et n'osent plus parler. Il semblerait qu'un réseau de pédiatres essaye de se mettre en place, que certains médecins, notamment dans les zones rurales, essayent d'organiser la population de manière à ce qu'elle se protège le mieux possible et qu'un suivi médical puisse être mis sur pied.

Mais tout ceci se fait par une voie citoyenne, par une voie parallèle, j'allais dire occulte, car de manière tout à fait évidente. Les autorités nucléaires ont décidé qu'il n'y aurait pas de connaissances fines et précises des effets épidémiologiques de cette catastrophe.

C'est contre ce mur de silence qu'il convient que, nous tous, nous nous révoltions car il s'agit d'enfants et les enfants de Fukushima pourraient être enfants de Fessenheim, du Buget ou du Blayet. C'est notre responsabilité de parler, d'agir et d'aider les associations qui se battent avec les plus grandes difficultés sur place.

Chut, le Japon va sortir du nucléaire

En revanche, les autorités japonaises, qui mesurent très probablement leurs limites, même si elles ne peuvent pas l'exprimer, semblent avoir pris une vraie décision : celle de sortir du nucléaire.

En effet, il faut savoir, et cette information est soigneusement cachée en France pour des raisons que chacun peut comprendre, que le Japon a réduit de 28% sa consommation électrique depuis Fukushima et près de 40% dans la région de Tokyo. Il n'y a plus aujourd'hui que 14 réacteurs qui sont en activité sur 57.

Cette réduction massive a été obtenue par un éventail de mesures : par exemple, l'extinction des lumières dans les ministères pendant la journée, l'absence de climatisation (malgré les 38 degrés qu'il faisait à Kyoto voici quelques jours), l'extinction des grandes publicités dans Tokyo le soir ou une organisation différente du système de production industrielle qui travaille en roulement et qui a ainsi permis d'obtenir ce résultat remarquable.

Aussi, quand nous, Européens, nous demandons si nous arriverons à faire moins 20% d'ici 2020, il y a beaucoup à apprendre de nos amis japonais. Le nouveau Premier ministre l'a affirmé lors de sa campagne électorale : le Japon est décidé à ne plus construire de nouvelles centrales nucléaires, ce qui veut dire qu'il va sortir du nucléaire.

Quand ? Cela dépend, bien sûr, des stress-tests qui seront réalisés et de la réouverture ou non des centrales nucléaires fermées aujourd'hui en raison de la maintenance d'ici mars 2012.

Photos : instruments de mesure de la radioactivité ; Corinne Lepage avec les femmes de Fukushima (François Damerval) ; fleurs de cerisier à Tokyo (David Lee/Picasa).

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27 août 2011 6 27 /08 /août /2011 15:46
Publié le 24-08-11 à 18:57    Modifié le 27-08-11 à 08:07     par Le Nouvel Observateur     

 

Devant le silence et les mensonges officiels, militants et simples citoyens ont décidé de prendre leur sort en main. Pour sauver les habitants de la région et ouvrir les yeux de leurs compatriotes. Une enquête d'Ursula Gauthier

Manifestation de parents d'élèves venus de Fukushima contre le gouvernement, à Tokyo le 23 mai 2011. (Sipa) Manifestation de parents d'élèves venus de Fukushima contre le gouvernement, à Tokyo le 23 mai 2011. (Sipa)

(Enquête parue dans le "Nouvel Observateur" du 25 août 2011)

De notre envoyée spéciale

Seiichi Nakate s'en félicite encore. En mars dernier, apprenant que le tsunami qui venait de ravager les côtes du Japon avait également endommagé la centrale de Daichi - distante de 60 kilomètres seulement de sa ville de Fukushima City -, il décide sur-le-champ de mettre à l'abri sa femme et ses deux enfants en les envoyant le plus loin possible, à 700 kilomètres de là, chez sa belles-soeur. “Contrairement à tant de gens, je connaissais les risques, explique-t-il d'un ton calme. Il y a vingt-trois ans, Daini, l'autre centrale de Fukushima, avait déjà essuyé un accident grave. J'avais milité à l'époque pour sa fermeture.” Dans les jours qui suivent, un chapelet d'explosions viennent confirmer ses doutes. Pendant de longues semaines, les gaz toxiques crachés par la centrale en perdition seront ballottés par les vents, dispersant leurs graines de mort sur un vaste périmètre peuplé de 2 millions de personnes.

Les rares écolos de la ville prennent le chemin de l'exode

Les autorités, qui multiplient les déclarations lénifiantes, ordonnent des évacuations limitées dans un rayon de 20 kilomètres. Malgré les simulations météo qui montrent le panache radioactif s'enroulant sur lui-même à l'aplomb de la capitale provinciale, Fukushima City est considérée comme suffisamment éloignée du danger. Persuadés que les pouvoirs publics feront l'impasse sur l'accident malgré sa gravité inouïe, les rares écolos de la ville prennent le chemin de l'exode. “C'était la chose la plus raisonnable à faire, reconnaît Nakate. Je l'aurais fait aussi, mais je me sentais responsable des collègues qui travaillent pour mon association d'aide aux handicapés. Résultat : je suis resté avec une poignée de personnes lucides au milieu d'un océan d'aveuglement...”

Les 300 000 habitants continuent en effet à vaquer sagement sous les pluies de particules empoisonnées, s'en remettant aux bulletins rassurants diffusés par les médias. "Les autorités de la province ne veulent qu'une chose : que la population reste, à n'importe quel prix, accuse Nakate avec une pointe d'exaspération. On les endort, on leur cache la vérité. Personne ne se soucie de leur santé, de leur bien-être. Et dire que, au moment de Tchernobyl, la Biélorussie a procédé à l'évacuation de toutes les localités qui présentaient un taux de radiation quatre fois moindre qu'ici !”

carte

Impossible de se procurer sur place le moindre compteur Geiger

Avec une poignée de copains, comme lui ex-militants écolos, Nakate décide de "sauver tous les habitants de la ville". Le gouvernement prétend, sans fournir de preuves, qu'“il n'y a aucun problème pour la santé" ? Les mousquetaires produiront des mesures exactes prises dans les maisons, les rues, les écoles et les jardins. Problème : impossible de se procurer sur place le moindre compteur Geiger. A Tokyo, l'article est si rare qu'il s'échange sur le web à des prix astronomiques - des militants soupçonnent aujourd'hui que le marché a été volontairement “asséché” par le puissant lobby du nucléaire, peu désireux de voir M. N'importe-Qui contrôler la toxicité des rejets.

Des valeurs égales à celles enregistrées à 3 kilomètres de Tchernobyl!

Nakate se tourne vers ses anciens amis de Fukuro Nokai (“Contre les centrales vieillissantes de Fukushima”), une petite ONG fondée à Tokyo en réaction au fameux accident de 1988 et qui n'a cessé depuis de réclamer la fermeture des centrales. Avec sa dizaine de membres dévoués et ses relais dans la capitale, Fukuro Nokai va se mettre entièrement au service de cette mission de salut public. “C'est grâce à leur matériel que nous avons pu faire les premières mesures, en commençant par les cours d'écoles et les aires de jeu des jardins d'enfants, raconte Nakate. Les résultats ont dépassé nos pires craintes.” Les trois quarts des établissements scolaires de la ville présentent en effet des taux correspondant à ce qu'on appelle dans les métiers du nucléaire une “zone contrôlée” : en clair, une zone où le niveau de radiation exige des règles strictes de signalisation, de circulation et de contrôle des durées d'exposition. Dans le cas du collège de Watari, situé en centre-ville, les compteurs indiquaient même des valeurs égales à celles enregistrées à 3 kilomètres de Tchernobyl - carrément du niveau "zone interdite" !

Postés sur le site de Fukuro Nokai, ces premiers chiffres publics vont déclencher un déluge de commentaires de la part de jeunes parents qui écumaient désespérément le web à la recherche d'informations leur permettant de limiter les risques imposés à leurs enfants. En quelques jours, une communauté se crée, partageant ses sources, bâtissant au fil des échanges une expertise de plus en plus pointue - sur la nature des particules radioactives, leur mode de propagation, leur dangerosité...

Infirmiers, animateurs, employés deviennent des spécialistes

De timides employés deviennent des quasi-spécialistes des microsieverts, de la demi-vie des isotopes, la façon dont les particules rejetées dans l'atmosphère colonisent l'environnement avant de semer le chaos dans tel ou tel tissu du corps humain... Ohi Tomotsugu, infirmier de son état, est ainsi devenu un champion du compteur Geiger, passant au crible tous les coins de la ville, renouvelant ses mesures après chaque averse, chaque orage, débusquant les “hot spots” où la radioactivité s'est accumulée au gré des ruissellements.

Son ami Kawarada Akihiro, animateur social, est imbattable sur les mille et une façons connues de gérer et de décontaminer les zones radioactives. Cette effervescence aboutit début mai à la naissance du “Réseau de Fukushima pour protéger les Enfants contre les Radiations”, fort aujourd'hui de plusieurs centaines d'adhérents. Avec Nakate comme président, ses membres bombardent les directeurs d'école de fax, de mails, leur enjoignant de proscrire les activités en plein air, de garder les fenêtres closes, de repérer les «hot spots» et d'en interdire l'accès... Les plus véhéments exigent du ministère de l'Education que les bâtiments scolaires soient «décontaminés” comme n'importe quel local professionnel soumis à un excès de radiation. Des mères de famille placides font le siège des bureaux du gouverneur, réclamant que les terrains de foot qui servent de cours aux écoles soient grattés, débarrassés de la couche superficielle où se sont incrustées les particules dangereuses entraînées par les pluies. Les autorités s'exécutent de mauvais gré. Et quand elles traînent des pieds, on voit des bandes de grands-mères, masque sur le visage et pelle à la main, procéder elles-mêmes à cette éreintante tâche...

Une telle révolte, si modérée soit-elle, suscite la réprobation

Dans un pays allergique au confit, où le culte de la cohésion sociale confine au conformisme, une telle “révolte”, si modérée soit-elle, suscite d'abord la réprobation. Mme Watanabe, qui distribuait à la sortie de l'école de sa fille des prospectus pédagogiques sur les règles d'hygiène à observer dans un environnement radioactif, s'est vu discrètement mettre en garde : “Savez-vous que les membres de votre Réseau sont en fait de dangereux gauchistes Mon mari est policier, il est bien renseigné. Ne vous laissez pas manipuler par des gens qui ont des arrière-pensées politiques...”

 Ils nourrissent sans relâche le fil Twitter

L'énergique Mme Watanabe, employée d'une compagnie d'assurances, connaît mieux que quiconque le courage qu'il faut pour secouer le poids du qu'en-dira-t-on. "J'ai dû me battre très fort pour obtenir, malgré le désaccord de mes beaux-parents, de venir vivre avec mon fils à Yonezawa”, une ville “propre” à une centaine de kilomètres de Fukushima City. Son mari vient les rejoindre le week-end. Elle s'active avec son amie Mme Nishida, mère au foyer, qu'elle a réussi à “arracher aux mensonges des JT qui prétendent que tout va très bien” et à convaincre d'abandonner sa maison “terriblement contaminée". Insensibles aux regards de travers, elles se dépensent sans compter pour le “Réseau des parents”, effectuent des prélèvements dans les écoles et les parcs, nourrissent sans relâche le fil Twitter pour "faire connaître toutes les infos bloquées ou falsifiées par les autorités” ...

"Tous les parents ont compris qu'on nous a menti"

“En deux mois, l'état d'esprit général a énormément bougé, affirment-elles avec fierté et espoir. Tous les parents ont compris maintenant qu'on nous a menti, qu'on nous ment, que la situation est terriblement dangereuse. Mais ils ne savent pas encore quoi faire, comment réagir.” En évoquant tous ces enfants qui continuent de baigner dans la soupe délétère de Fukushima City, dans l'attente d'un ordre d'évacuation qui ne viendra pas, Mme Watanabe va jusqu'à exprimer un sentiment tabou : la colère. Colère contre les directeurs d'école béni-oui-oui, contre les fonctionnaires préfectoraux qui se cachent derrière la hiérarchie, contre le bureau de l'Education qui tergiverse, contre Tepco qui n'a que faire des populations, et contre tous les politiques qui prétendent encore cacher l'horreur nue de la catastrophe...

 Les enfants de Fukushima n'ont le droit à aucun suivi médical

“Le plus simple, le plus sain, le plus juste serait bien sûr d'évacuer toutes les familles ayant des enfants en bas âge, soupire Kazumasa Aoki, le responsable de Fukuro Nokai. ll faut savoir que ces enfants ont déjà subi des pics énormes de rayonnement au moment des trois explosions de mars, sans compter toutes les particules qu'ils ont inhalées depuis quatre mois ou ingérées dans l'eau et la nourriture.” A combien s'élève la radiation cumulée absorbée par leur organisme ? Pour y répondre, il faudrait que Tepco rende public le détail de ses rejets, précisant la nature et la quantité des différents types de radio-nucléides émis dans l'atmosphère. Des informations à ce jour non divulguées, malgré les multiples demandes des associations vertes. En tout état de cause, il faudrait abaisser le seuil acceptable de radiation pour ces enfants, de façon à tenir compte des doses déjà absorbées. “Et que voit-on ? Que ce seuil a été au contraire relevé pour la province de Fukushima, adultes et enfants confondus, passant de 1 millisievert par an (comme partout) à 20 millisieverts par an ! Or ce chiffre correspond à la limite supérieure admise pour les travailleurs du nucléaire, et à ce titre exige un grand luxe de précautions et de suivi médical. Les enfants de Fukushima, eux, n'ont droit à aucune mesure, aucun suivi, aucune prévention : juste à la multiplication par 20 de leur risque d'avoir un cancer !” [...]

Ursula Gauthier-Le Nouvel Observateur

[SAMEDI] Les révoltés de Fukushima
Selichi Nakate, avec une poignée de copains, comme lui ex-militant écolo, a décidé de "sauver tous les habitants de la ville". (Ursula Gauthier)
[SAMEDI] Les révoltés de Fukushima
23 mai 2011, une petite fille de Fukushima venue manifester à Tokyo tient une pétition demandant au ministère de l'éducation de protéger les enfants de la contamination radioactive. (Y.Tsuno-AFP)
[SAMEDI] Les révoltés de Fukushima
Manifestation de parents d'élèves venus de Fukushima contre le gouvernement, à Tokyo le 23 mai 2011. (Sipa)
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22 août 2011 1 22 /08 /août /2011 13:29

LEMONDE.FR avec AFP | 22.08.11 | 10h59

 

Une photo aérienne de la centrale de Fukushima montre les dégâts provoqués par le tsunami du 11 mars.

Une photo aérienne de la centrale de Fukushima montre les dégâts provoqués par le tsunami du 11 mars.AP

Certaines zones proches de la centrale nucléaire accidentée de Fukushima, dans le nord-est du Japon, resteront probablement interdites pendant plusieurs décennies. Voilà ce qu'ont rapporté, lundi 22 août, les médias nippons, citant des sources officielles.

Le journal Yomiuri, s'appuyant sur une source gouvernementale non identifiée, a indiqué que les zones se trouvant dans un rayon de trois kilomètres autour de la centrale seront probablement maintenues hors d'accès "pour une longue période, peut-être plusieurs décennies".

Le gouvernement pourrait racheter certains terrains aux habitants afin d'y stocker temporairement les déchets radioactifs, y compris les boues et les débris contaminés de l'usine atomique, a ajouté le plus grand quotidien nippon.

Le porte-parole du gouvernement, Yukio Edano, n'a pas démenti ces informations. "Je ne peux pas nier le fait qu'il puisse être difficile pour les résidents de certaines régions de revenir chez eux avant longtemps. Je m'en excuse profondément", a-t-il dit.

RADIOACTIVITÉ CINQ FOIS SUPÉRIEURE À LA LIMITE

Le premier ministre nippon, Naoto Kan, qui doit quitter le pouvoir à la fin du mois, devrait se rendre dans la région ce samedi pour présenter des excuses aux habitants évacués après le début de l'accident provoqué par un violent séisme et un tsunami géant le 11 mars.

Après l'éclatement de la crise nucléaire la plus grave depuis celle de Tchernobyl, il y a vingt-cinq ans, les autorités japonaises ont décrété une zone d'évacuation obligatoire dans un rayon de 20 kilomètres autour de la centrale.

Des analyses récentes effectuées par le ministère des sciences et de la technologie ont révélé des taux de radioactivité cinq fois supérieurs à la limite légale de 20 millisieverts par an dans 15 des 50 stations d'observation installées à l'intérieur de ce périmètre.

Plus de 85 000 personnes vivent depuis plus de cinq mois dans des centres d'accueil ou des logements préfabriqués, sans aucune certitude de retrouver un jour leur habitation.

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17 août 2011 3 17 /08 /août /2011 12:55

France culture16.08.2011 - 18:15

*Pour écouter l'émission sur la contre experctive "pendant ce temps là à Fukushima" appuyer sur "Ctrl"+ cliquer gauche sur link ci-dessous (durée de l'émission 45 mn)


link

 

« Soyez-en sûrs: il n’y aura jamais plus d’un accident par réacteur tous les cent mille ans. Mieux : pas plus d’un accident tous les millions d’années pour une catastrophe type Tchernobyl ».

 

Ca ressemble à une mauvaise pub… C’est pourtant l’argument « officiel » qui rendait le risque nucléaire acceptable jusque-là; un moindre mal disait-on eu égard aux avantages de cette source d’énergie : indépendance, petit prix, et faible émission de gaz à effets de serre.

 

Aujourd’hui en 2011, 14 000 « années-réacteurs » ont déjà passé, rythmées par des explosions, plus ou moins médiatisées. Three Miles Island… Tchernobyl… A Fukushima, l’explosion d’un réacteur, puis d’un second, puis d’un troisième auront été suivies minute par minute sur les télévisions du monde entier; depuis on ne sait plus grand-chose...

On ne sait pas non plus quel crédit accorder aux déclarations des autorités japonaises.

 

 

Discussion avec Jean-Marie Chevalier, économiste, Bruno Chareyron, ingénieur en physique nucléaire et Daniel de Roulet, écrivain

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16 août 2011 2 16 /08 /août /2011 00:25

News26

Dimanche, 14 Août 2011 08:14

La situation demeure chaotique à Fukushima, où des mesures de radioactivité record ont été mesurée à l'extérieur des bâtiments et où les systemes de filtrages de l'eau français et US tombent en panne régulièrement. A Tokyo, où trois haut fonctionnaires ont été limogés, le gouvernement prépare une révision de la constitution visant à limiter le droit d'expression en cas de catastrophe naturelle grâce à un régime d'état d'urgence.

par Aldous

Le gouvernement nippon est confronté à une colère de moins en moins retenue de la population vivant dans des zones non évacuées bien que contaminées et à Tokyo. Ainsi un représentant officiel a battu en retraite devant les questions pressantes des habitants de Fukushima qui lui demandaient des comptes sur les normes spécifiques (révisées à la hausse) appliquées à leur région qui permettaient au gouvernement de ne pas evacuer davantage de gens.

 

 

 

 

 

La presse japonaise a en outre fait état de tentatives de manipulation de l'opinion, lors de conférences et séminaires du ministère de l'Economie, du Commerce et de l'Industrie visant à promouvoir le nucléaire et les industriels de ce secteur.

Le divorce avec l'opinion est d'autant plus consommé que Taro Nakayama, président de la commission de révision de la constitution a rendu public devant le parlement un projet de révision de la constitution visant à inclure une clause d'état d'urgence en cas de catastrophe naturelle.

L'un des effet de cette clause serait de réduire considérablement les droits des citoyens et en particulier le droit de libre expression et d'information.

En dehors du champ politique l'action du gouvernement central se fait toujours attendre.

La région de Minami-Soma, située entre 10 et 40 km au nord de la centrale en déperdition, a décidé de se substituer au gouvernement central pour la mesure et la décontamination de la radioactivité.

 

Las d'attendre un plan d'action national, la région de Minami-Soma a passé un accord avec l'université de Tokyo pour identifier les taches de contamination par un survol systématique de la région en hélicopère. Le premier ministre Naoto Kan, qui a déjà promis de démissionner (mais sans fixer de date) pour obtenir le vote de confiance du parlement en juin dernier affirme maintenant avoir tiré les conséquences de Fukushima, et plaide désormais pour une « société qui ne serait pas dépendante de l'énergie nucléaire ».

Une position trop peu crédible pour reconquérir les Japonais échaudés par l'inertie gouvernementale.

Seule l'Agence Internationale à l'Energie Atomique, s'enthousiasme des "progrès significatifs" obtenus par le gouvernement nippon. Progrès qui pourtant semblent bien dérisoires : Intallation d'une partie d'un toit sur le réacteur numéro 3 et prévision de passer les réacteurs en "arrêt à froid" en 2012.

Le gouvernement n’a pas, à ce jour, spécifié les modalités d’un arrêt à froid.

Il s'est borné de définir cette opération comme visant à porter à 100 degrés ou moins la température de la partie inférieure du réacteur.

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4 août 2011 4 04 /08 /août /2011 22:41

LEMONDE.FR avec AFP | 30.07.11 | 17h54   •  Mis à jour le 31.07.11 | 08h53

 

 

La préfecture de Fukushima, meurtrie depuis le séisme et le tsunami du 11 mars, est de nouveau frappée par des catastrophes naturelles : après de violentes pluies meurtrières qui se sont abattues sur la région, samedi 30 juillet, un séisme de magnitude 6,4 s'est produit dans la nuit de samedi à dimanche. Les secousses ayant été ressenties jusque dans la capitale, Tokyo, où les immeubles ont tangué. Selon l'agence de météorologie nippone, le tremblement de terre s'est produit dimanche à 3 h 54, heure locale (samedi à 20 h 54, heure de Paris). Son épicentre était situé au large de la préfecture de Fukushima et son hypocentre à 40 kilomètres de profondeur.

Aucune alerte au tsunami n'a été déclenchée. Les secousses ont fait sept blessés légers et les autorités n'ont pas signalé de problème particulier à la centrale nucléaire accidentée de Fukushima, très endommagée par le tremblement de terre et le tsunami du 11 mars qui ont fragilisé ses structures parasismiques. La secousse de la nuit est vraisemblablement une réplique du séisme du 11 mars, a indiqué l'Agence japonaise de météorologie.

 

Inondations à Aga, dans la préfecture de Niigata, samedi.

Inondations à Aga, dans la préfecture de Niigata, samedi.REUTERS/KYODO

Plus tôt dans la journée de samedi, les inondations dans le préfectures de Fukushima et de Niigata faisaient leur premier mort au Japon. Près de 300 000 personnes ont été invitées à quitter leur maison en raison des intempéries, déjà responsables de la mort d'au moins 59 personnes dans la péninsule coréenne. La chaîne de télévision NHK a montré des images de ponts partiellement submergés sur le fleuve Shinano, dans la région de Niigata, d'arbres et de poteaux télégraphiques arrachés. Dans cette région, la ville de Karaïte était complètement inondée et ses routes submergées.

 

Le corps d'une première victime japonaise, un homme de 67 ans, a été retrouvé mort noyé samedi à Tokamachi, dans la région de Niigata. Quatre autres personnes sont portées disparues dans cette région, dont une femme de 93 ans qui a été emportée par les eaux de la rivière et un jeune homme de 25 ans dont la voiture est probablement tombée dans la rivière en crue.

Un homme de 63 ans est également porté disparu à Fukushima, où plus de 40 personnes ont été secourues, après avoir passé la nuit dans des voitures et des bus bloqués par les eaux et les coulées de boues.

 

Dans une rue de Sanjo, préfecture de Niigata.

Dans une rue de Sanjo, préfecture de Niigata.AP

296 000 personnes ont été invitées à évacuer leur domicile samedi, selon la chaîne publique NHK, mais sans qu'aucun ordre d'évacuation obligatoire n'ait été donné malgré la hausse du niveau des eaux des rivières, les digues emportées et les maisons inondées. Les prévisions météo ont mis en garde contre la persistance de pluies torrentielles. Les précipitations ont atteint 1 000 millimètres depuis mercredi à Tango (250 km au nord-ouest de Tokyo).

Les mêmes intempéries ont frappé au début de la semaine la Corée du Sud, où des pluies d'une violence inhabituelle ont causé la mort d'au moins 59 personnes, et fait des milliers de sans-abri.

Crise humanitaire au Japon

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1 août 2011 1 01 /08 /août /2011 22:17
Même vidéo mise en ligne par Kna, avec un sous-titrage uniquement en français :
 
Par Pierre Fetet Publié dans : Au Japon Communauté : Fukushima blogs
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Dimanche 24 juillet 2011
maire-minamisoma.jpgOn se souvient encore du SOS lancé sur YouTube en mars dernier par Katsunobu Sakurai, maire de la ville de Minamisoma (70 000 habitants avant l’accident), qui lui a valu une notoriété mondiale. Dominique Leglu en avait fait l’écho dans son blog en relevant cette phrase : « Même les gens qui veulent nous aider et les médias ont peur de venir dans notre ville qui se trouve à 25 km de la centrale nucléaire de Fukushima ». Le réalisateur de la vidéo, Kenichiro Nakata, cité par l’agence Kyodo news dans une dépêche du 1er avril, avait expliqué à l’époque que les résidents victimes du désastre ne savaient même pas s’ils devaient rester ou évacuer.
 
Quatre mois plus tard, la contamination de la ville est avérée, mais suite à l’annonce du gouvernement de la reprise en main de la centrale nucléaire, le maire demande à ses concitoyens évacués de revenir dans la ville. Un membre du conseil municipal, Koichi Ohyama, n’est pas du tout de cet avis. Et pour se faire entendre, il utilise le même canal d’information que son maire, YouTube, pour dénoncer le manque cruel d’information sur la contamination réelle de la localité. Il s’oppose en fait au retour des personnes évacuées tant que toutes les mesures n’auront pas été prises pour mettre la population hors de danger, en particulier les enfants. « Les gens perdent l'habitude de se protéger contre la contamination », prévient Koichi Ohyama. C’est effectivement très dangereux. La radioactivité est invisible mais elle va rester dangereuse durant des dizaines d’années. Les territoires contaminés par l’accident de Tchernobyl sont confrontés aux mêmes problèmes : les gens reviennent.
 
Il est évident que cet homme a raison de protester contre le retour de la population évacuée, car c’est la condamner à la maladie future. Le cas de Minamisoma ne va pas être un cas isolé malheureusement. La pression économique va conduire à de fortes tensions dans la population entre ceux qui sont pour un retour rapide à une vie normale, quitte à « oublier » la radioactivité, et ceux qui ne conçoivent pas la vie sans une information transparente et une prise de précaution maximum, jusqu’à une évacuation définitive le cas échéant.
 
Au-delà du drame de cet homme et de cette ville, c’est le problème de l’exode définitif d’une partie de la population japonaise qui va se poser. Ceux qui connaissent les dangers réels de la radioactivité, ceux qui sont bien informés, ceux qui ont les moyens de partir : tous ces gens sont déjà partis ou sont en train de se préparer à partir. Si Koichi Ohyama estime qu’il y a trop de danger à rester et se décide à quitter sa ville, qui continuera à s’inquiéter de la santé de la population ?
 
Voici donc la vidéo de Koichi Ohyama, diffusée le 18 juillet 2011 sur YouTube. Elle est suivie par la traduction en français de son discours, réalisée par Pom’Verte du groupe Fukushima Informations. Mille mercis à elle pour cet important travail qui permet aux francophones de connaître la réalité.
 
 

 
 
 
 

Nouvel SOS de Minamisoma, Fukushima

 
« Bonjour les amis, je m'appelle Koichi Ohyama, et je suis membre indépendant du conseil municipal de Minamisoma, dans la Préfecture de Fukushima.
 
Ma ville pâtit encore gravement de contamination radioactive, et les gens continuent d'avoir peur du danger en cours venant de la centrale nucléaire de Fukushima Daiichi, qui est à peu près à 30 kilomètres de notre Mairie.
 
Vous qui m'écoutez, vous, tous les habitants de Minamisoma et de la Préfecture de Fukushima, vous, tous les gens du Japon et tous les gens du monde entier, j'aimerais que vous sachiez ce qui est en train de se passer ici, à Minamisoma.
 
Le 8 juillet, M. Katsunobu Sakurai, le Maire de Minamisoma, cité dans la liste des 100 personnalités les plus influentes du Time, a demandé aux résidents de la ville qui avaient été évacués de la zone de 20km à 30km autour de Fukushima, de rentrer chez eux.
 
Alors, beaucoup d'inquiétudes des résidents me sont parvenues depuis lors. Leurs inquiétudes sont :
 
- Les abris temporaires ou les appartements mis à disposition par la Ville sont dans la zone des taux de doses (de radiation) élevées.
 
- La Ville a construit des bâtiments scolaires temporaires sans enlever la surface de sol contaminée.
 
- Le Gouvernement ne vérifie ni les taux d'irradiation de mon puits ni ceux des légumes produits pour ma propre consommation (les légumes non destinés à la vente).
 
- La vérification des taux d'irradiation de ma maison évacuée, et le nettoyage de sa contamination sont-ils à ma charge (sous ma responsabilité) ?
 
Et tant d'autres sujets d'inquiétudes.
 
Je pense que les inquiétudes des résidents sont très raisonnables [valables], que le Maire ne devrait pas leur demander de repartir, et que le Gouvernement ne devrait pas supprimer la Zone de Préparation à l'Évacuation d'Urgence, qui est de 20km à 30 km autour de Fukushima Daiichi, avant d'en assurer la sécurité.
 
Aucune information détaillée sur la sécurité de la zone de 20 km à 30 km n'a été fournie, c'est pourquoi l'annonce du Maire provoque beaucoup d'inquiétude et de la colère chez les résidents.
 
Dans cette situation, dans le cadre de mon devoir d'annonce publique en tant que membre du Conseil Municipal, j'ai décidé de fournir des informations importantes sur Minamisoma par le biais de YouTube, suivant en cela l'exemple du Maire.
 
À notre avis, la chose la plus dangereuse est la contamination au plutonium, au strontium, et à tous les 31 autres sortes de matières radioactives, répertoriées officiellement au tableau n°5 du rapport de l'AIEA adressé le 6 juin au Gouvernement japonais.
 
Le Gouvernement a officiellement admis que ces matières sont "venues par les airs" de Fukushima Daiichi, mais il n'a pas fait d'enquête, ni annoncé où elles ont "atterri". J'ai demandé directement au Maire et aux membres du Parlement Japonais d'enquêter sur leur contamination, mais je n'ai eu aucune réponse.
 
En hiver, il souffle à Minamisoma de puissants vents saisonniers en provenance des hauts plateaux de l'ouest. Une partie de ces hautes terres sont dans le village de Itate, où les taux relevés sont si élevés qu'on demande à tous les habitants d'évacuer. Donc si des vents violents viennent de ces hauts plateaux hautement contaminés, notre ville sera de nouveau lourdement polluée au prochain hiver.
 
Et si nous enlevons maintenant les matières radioactives de la ville, nous serons de nouveau contaminés en hiver. Notre eau potable provient également de ces hauts plateaux.
 
Où sont ces quantités massives de 31 sortes de matières radioactives très dangereuses, dangereuses au possible ? On peut consulter le tableau et les chiffres dans les sites officiels, mais ni la télévision ni les journaux n'en parlent. C'est totalement injuste.
 
Le Gouvernement et le Maire n'ont pas le droit de mettre les habitants en danger en supprimant la zone restreinte avant d'en avoir contrôlé et assuré la sécurité, tout particulièrement pour la santé des jeunes. Ils sont notre trésor.
 
Nous ne devrions pas poursuivre la restauration économique suite à la catastrophe nucléaire avant d'avoir assuré la sécurité de notre vie.
 
Les parents ne peuvent pas assurer la sécurité de leurs enfants sans une déclaration de sécurité fiable et responsable du Premier Ministre, du Gouverneur, et du Maire. Et au final, c'est le Gouvernement qui doit fournir l'assurance et la responsabilité de la sécurité.
 
Or à Minamisoma, les gens perdent l'habitude de se protéger contre la contamination simplement parce que beaucoup de temps est passé depuis le 11 mars. Ils ont tendance à penser qu'il y aura moins de risques sans le sol, qu'ils n'ont plus besoin de masques, et parfois ils sont au milieu de la poussière dangereuse sans aucune protection.
 
Nous devons tous demander au Gouvernement d'enquêter et d'annoncer publiquement où se trouvent les 31 sortes de matières radioactives dangereuses en provenance de Fukushima Daiichi.
 
D'abord, nous devons connaitre les faits. Ensuite, nous devons y faire face.
 
Nous ne pouvons pas attendre jusqu'à ce qu'il soit trop tard pour notre santé et notre vie. Le Gouvernement et le Maire ne doivent pas compromettre la santé et la vie des habitants au nom de l'économie.
 
L'avenir de nos enfants dépend maintenant de notre choix et de notre action. Nous devons être responsables de notre santé et de la vie à venir. C'est tellement critique maintenant.
 
S'il vous plait, faites connaitre cette situation à vos voisins et à vos amis, et demandez de l'aide.
 
Merci beaucoup de votre attention. »
 
 
 
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En savoir plus avec d’autres articles:
 
Dans Ecocentric, un blog du Time (langue anglaise)
un article de Krista Mahr du 21 Juillet 2011 consacré à Koichi Ohyama
« Is This Mike On? Another YouTube SOS from Fukushima »
 
Dans le site de l’Express
un article de Philippe Mesmer du 22 juillet 2011 consacré à Katsunobu Sakurai
Japon: le maire qui veut sauver sa ville après Fukushima
 
 
 
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Ce n’est pas le seul SOS lancé par un Japonais, je vous avais déjà fait part de l’appel à l’aide des habitants de la ville de Fukushima début juillet :
 
 
 
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Note : le titre de cette page a été emprunté à la chanson du groupe The police : « Message in a bottle »
 
 
Par Pierre Fetet Publié dans : Au Japon Communauté : Fukushima blogs
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1 août 2011 1 01 /08 /août /2011 22:16
Lien vers les autres photos ici
 
aiea2.jpg
 
 
 
 
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Dans la série « Voir Fukushima », voir aussi dans ce blog :
 
Shéma : plan du niveau technique de l’unité 4
Photos : piscine de l’unité 4
Album : photos prises par un liquidateur
Vidéo : reportage sur Fukushima et Tchernobyl
 
Photos : les systèmes de décontamination de l’eau
Schéma : fuite du corium dans le sol
 
Photo et vidéo : porte du bâtiment de l’unité 2
Schéma : projet de digue de 33 m de hauteur
 
Vidéo : visite de la centrale par les experts de l’AIEA
 
Photos : réacteur 4
Webcam Tepco : enregistrements sur youtube
Vidéo : vague du 11 mars sur la centrale
 
Vidéo : environnement de la centrale et zooms sur réacteurs 1 et 4
 
Photos : arrivée de la vague sur la centrale de Fukushilma Daiichi
Webcam de la centrale par Tepco
 
Vidéo : Shigeru Aoyama Clear, conseiller technique en énergie nucléaire, visite la centrale de Fukushima Daiichi
 
Photos : album de 70 photos de la centrale de Fukushima Daiichi
 
Vidéo : piscines de stockage de combustible usé des réacteurs 3 et 4
Vidéo : visite de l’unité 1 par des robots
 
Vidéo : images de la centrale nucléaire de Fukushima Daiichi
 
Photos : tous les clichés fournis par Tepco
Vidéo : zone interdite
 
Webcam de la centrale par Weather Online
 
Vidéos : survol des réacteurs avec des drones
Vidéos : des robots filment au sol
 
Photos : les 15 séries de photos de Cryptome
 
Photo satellite : visite de la centrale avec Google Earth
 
 
 
Par Pierre Fetet Publié dans : Au Japon Communauté : Fukushima blogs
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Mercredi 27 juillet 2011

 
 
La  population de Fukushima, abandonnée par les autorités politiques, vit des heures terribles. Il n’est pas besoin de commenter cette vidéo, les images et les paroles en disent assez pour savoir ce que ces Japonais endurent aujourd’hui, en 2011, suite à un accident nucléaire. Il faudrait être un doux rêveur pour imaginer que cela puisse se passer autrement en France dans la même situation de contamination radioactive généralisée d’un territoire. Comme cet homme que l’on voit à la fin du reportage, je me demande si les pronucléaires ont des enfants…
 
 
 
Cette vidéo suscite l’émoi sur le net, comme en témoignent par exemple les articles de Bigorneau ou Cécile Monnier, dont vous trouverez les liens ci-dessous.
 
 
 
Vivant à Tokyo, je dénonce ce gouvernement irresponsable
par Bigorneau
26 juillet 2011, Rue89
Plus de quatre mois après le séisme de magnitude 9 et l'accident de la centrale nucléaire de Fukushima, la situation n'est pas maîtrisée, et elle apparaît même bien pire que prévu (certains experts l'annoncent pire que Tchernobyl). Je vis à Tokyo, depuis près d'un an, et la gestion de la catastrophe par le gouvernement japonais me révolte. Mais, comme la majorité des Japonais que je connais, je ne dis rien, parce que ça fait trop peur de penser à ça tous les jours. C'est plus simple quand on ne sait pas. Cependant, un soir, j'ai vu cette vidéo. Je suis écœurée, c'est la goutte d'eau qui fait déborder le vase.
(…)
 
A Fukushima, le gouvernement japonais assassine sa population…
Une vidéo mise en ligne par la population de Fukushima jette un pavé dans la marre. Alors que la contamination radioactive n’a jamais cessé, le gouvernement refuse d’aider les parents à mettre leurs enfants à l’abri. Pire encore, les mesures prises pour contrôler l’information et préserver la ligne officielle visent à contraindre les habitants à rester chez eux. Un comportement délibéré qui pourrait bien être caractérisé de crime…
(…)
 
 
 
(1) Merci à Hervé, du groupe Fukushima informations pour la traduction française, et à TheGuillaumes pour avoir inséré le sous-titrage en français dans la vidéo. Pour avoir le texte complet des dialogues, se reporter au bas de cette page.
 
 
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Pour s’informer sur les dernières actualités concernant la catastrophe de Fukushima et ses conséquences, voici une sélection de quelques articles intéressants parus ces dernières semaines. Désormais, vous pourrez retrouver cette page actualisée d’articles référencés dans le menu « archives » du blog de Fukushima.
 
Fukushima: quelle est la situation de la centrale?
par Cécile Dumas
4 mois et demi après l’accident, provoqué par le séisme et le tsunami du 11 mars, que se passe-t-il à la centrale de Fukushima-Daiichi ? Le point sur une situation toujours très critique.
(…)
 
Le METI avait prévu le pire : le Melt-through
par Trifouillac
23 juillet 2011, Gen4
Le Ministère de l'Industrie Japonais avait prévu le type d'accident rencontré à Fukushima : La perte des systèmes de refroidissement, la création du corium et le percement des 2 cuves par ce dernier. Le réacteur concerné est un GE Mk1 similaire à l'unité 1 de Fukushima Daiichi.
(…)
 
Kotoé a vécu Fukushima comme un tremblement intérieur
entretien avec Kotoé Makino, artiste et danseuse japonaise.
22 juillet 2011, Ouest-France
Née à Tokyo, cette Japonaise de 34 ans est arrivée en Bretagne il y a trois ans et s'est établie à Peumerit-Quintin depuis un an. Cinq mois après la catastrophe de Fukushima, elle raconte comment elle a vécu, à distance, ces événements.
(…)
 
Pendant les travaux, la contamination continue
par François Leclerc, économiste
21 juillet 2011, blog de Paul Jorion
Le typhon Ma-On, qui menaçait la centrale sinistrée de Fukushima, l’a finalement épargnée pour aller se perdre dans l’océan. Comme lors de l’épisode précédent, des mesures de fortune avaient été prises par Tepco, l’opérateur, n’empêchant pas le niveau de l’eau contaminée de dangereusement monter dans les sous-sols en raison des pluies diluviennes.
(…)
 
La ruine et le désespoir des éleveurs de Fukushima
nouvelle AFP
20 juillet 2011, Le Point
"De nombreuses vaches sont mortes après l'accident nucléaire car les éleveurs n'ont pu les nourrir. Maintenant, c'est à notre tour de mourir de faim." Le paysan Masami Yoshizawa est désespéré par l'interdiction du boeuf de Fukushima, qui le prive de son gagne-pain. Comme les autres éleveurs de cette préfecture du nord-est du Japon, Yoshizawa a vu sa vie basculer le 11 mars à cause de l'accident à la centrale nucléaire Fukushima Daiichi, inondée par un tsunami géant consécutif à un séisme sans précédent.
 
Le plongeon de l’uranium n’aura pas lieu
par Camille-Yihua Chen
19 juillet 2011, L’édito matières premières and Co
La peur du nucléaire couvait sous la braise ; la catastrophe de Fukushima l’a ravivée.
Au milieu d’un concert de protestations contre l’atome civil, l’uranium — minerai indispensable au fonctionnement des centrales nucléaires — a vu son élan haussier se briser net. De 61,35 $ la livre le 24 mars, le cours du yellowcake (poudre d’uranium) est retombé le 24 juin à 54,25 $ la livre. Une chute de plus 13% en trois mois.
(…)
 
 
Japon: nouvelle crise autour du bœuf contaminé par la radioactivité
par Cécile Dumas
19 juillet 2011, Sciences et Avenir
Plusieurs centaines de têtes de bétail contaminées par la consommation de fourrage radioactif ont été vendues au Japon. Une crise dont l'ampleur s'accroît de jour en jour. Au Japon, le nombre de têtes de bétail commercialisées contaminées par du césium se monte à 578 entre la fin mars et le début juillet, selon les informations de la chaîne japonaise NHK. Après les légumes, le lait, le thé, les produits de la mer et les champignons shiitaké, c’est au tour du bœuf d’alimenter les craintes sanitaires des Japonais suite à l’accident de la centrale nucléaire de Fukushima-Daiichi.
(…)
 
 
Après Fukushima : une extension massive de l'industrie nucléaire mondiale se prépare
par William Whitlow
16 juillet 2011, World Socialist Web Site
Un rapport de l'Economist Intelligence Unit [le service de recherche et d'analyses du journal The Economist, ndt] prédit une croissance massive sur toute la planète de la production d'énergie nucléaire au cours de la décennie à venir. La prise en compte du désastre de Fukushima, considéré maintenant comme le pire accident industriel de l'histoire, devrait être minime.
(…)
 
Enfin l’ère postnucléaire
par Ulrick Beck, sociologue, philosophe
(traduction : Olivier Mannoni)
9 juillet 2011, Le Monde
Ce qui suit présente certaines des recommandations d'experts ayant servi de base à la politique d'Angela Merkel, qui prévoit la mise en place d'alternatives au nucléaire d'ici à 2021. L'Allemagne pourrait montrer qu'une sortie de l'énergie nucléaire est une opportunité de créer une économie de pointe.
(…)
 
 
-------------------------------------------
 
Traduction française de la vidéo:
« Les autorités japonaises face à la colère des habitants de Fukushima »
Le 19 Juillet à Korahi, ville de Fukushima, les gens face à Akira Sato, directeur du Département des urgences nucléaires locales :

Ne pensez-vous pas que les gens de Fukushima, comme les autres gens, ont le droit de s'échapper pour ne pas être exposés à la radioactivité ?

A.S. Le gouvernement essaye de réduire le taux d'exposition autant que possible.

Vous ne répondez pas à sa question!
Comme cela, vous dites qu'ils n'auraient pas ce droit? Ils ont bien ce droit, n'est-ce pas?

A.S. Je ne sais pas s’ils ont ce droit.

Quoi? Alors vous aussi vous n'en avez pas le droit !
Alors vous aussi, vous-même vous pensez que vous n'avez pas le droit de vivre une vie en bonne santé ?
Réponds-moi !
Vous pensez que les gens de Fukushima n'ont pas des Droits de l'Homme ?
Vous voulez dire qu'il existe une différence de standard d'exposition à la radioactivité pour la préfecture de Fukushima et pour les autres préfectures ?

A.S. Ce que je dis c'est que le gouvernement a essayé de réduire autant que possible le taux d'exposition.

Vous n'avez pas répondu à sa question !
Le gouvernement applique un standard différent pour les gens de Fukushima, c'est ça ?

A.S. J'ai déjà dit tout ce que je peux dire.

Quoi ?
Il y a des gens à Fukushima qui veulent évacuer. Prenez la responsabilité de les évacuer s'il vous plait.
Veuillez nous donner une réponse, un commentaire de votre part.
S'il vous plait répondez !
Assez de temps de réflexion, répondez-nous!

A.S. Bien, vous êtes libres d'évacuer à vos propres risques.
Si les gens vivent dans un endroit en toute sécurité, le gouvernement leur demande de
rester.

C'est maintenant un cas d'urgence, n'est-ce-pas?
La ville de Fukushima est sans danger?
Même dans le bloc communiste le gouvernement russe a évacué rapidement la population du Belarus pendant l'accident de Tchernobyl !
Pourquoi sur la terre, le Japon, une nation libre, ne peut-il pas faire la même chose pour nous?
Même l'Union Soviétique l'a fait pour leur peuple !
L'Union Soviétique a évacué 240 000 enfants en deux semaines !
Qu'est-que le gouvernement a foutu pendant les derniers quatre mois ?
Vous devriez avoir honte !
Qu'est-ce que vous venez en fait faire ici ?
Vous voulons  que vous fassiez examiner l'urine de nos enfants très rapidement !
Et nous voudrions que vous nous informiez plus tard qui fera ces analyses et comment elles seront réalisées.
S'il vous plait, emportez cette urine avec vous.

Akira Sato et les autres officiels se lèvent, sortent précipitamment comme s'enfuyant...

– Ils sont terrribles...
C'est si absurde...
Testez cette urine !
Qu'est-ce que vous pensez que vous faites?
Testez cette urine!
Pourquoi refusez-vous?
Qu'est-ce que vous pensez que vous êtes en train de faire?
S'il vous plait, ne vous enfuyez pas!
S'il vous plait emportez cette urine avec vous!

A.S. Ce n’est pas notre travail.

Nous voudrions que vous l'ameniez au gouvernement central !

A.S. Ce n'est pas du tout notre travail.

Qu'est-ce que vous voulez dire par cela ?
Vous ne pensez pas que vous devriez emporter cette urine avec vous ?
Ils l'ont apportée pour vous aujourd'hui comme ils l'avaient promis !
Ils l'ont apportée pour vous aujourd'hui !
Pourquoi ?
Vous aviez dit auparavant que s’ils vous apportaient les urines vous les feriez analyser ! Vous n'avez pas dit cela ?
S'il vous plait emportez ces urines avec vous !
Arrêtez !
S'il vous plait ne vous enfuyez pas !
Vous ne devriez pas vous enfuir ainsi !
S'il vous plait communiquez avec nous ainsi que les gens peuvent le faire!
Qu'est-ce que vous pensez que vous faites ?
Vous pensez que les bureaucrates à Tokyo sont plus importants que les gens à Fukushima ?
Je vous en supplie, s'il vous plait !

A.S. Nous ne pouvons pas en décider.

Pourquoi cela ?
Vous n'avez pas d'enfants ?
 
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1 août 2011 1 01 /08 /août /2011 22:12
Samedi 30 juillet 2011
- Tepco a édité cette vidéo de la visite du bâtiment du réacteur n°2 de la centrale de Fukushima Daiichi, le 8 juillet 2011, à l’aide du robot Quince. Cryptome l’a diffusé sur youtube.

 
 
 source originale à télécharger :
 
Dans le même temps, Tepco a donné le plan du bâtiment de l’unité 2, pour les niveaux 1, 2 et 3 :
 
plan reacteur2
 
 
source :
 
 
- Le 26 juillet, c’est au tour du bâtiment 3 de recevoir la visite du robot Quince, puis de 11 employés le 27.

 
 
source originale à télécharger :

 

 

Du coup, on obtient également le plan du bâtiment 3 (niveaux 1 et 2), grâce à un document au format pdf. fourni par Tepco :

 

tepco-plan-reacteur3a.jpg
 
tepco-plan-reacteur3b.jpg.
 

Les photos suivantes sont tirées de la vidéo (dernière photo : impossible de monter plus haut, trop de dégats)

 tepco-video-reacteur3.jpg
 
tepco-video-reacteur3b.jpg
 
tepco-video-reacteur3c.jpg
 
tepco-video-reacteur3d.jpg
 
tepco-video-reacteur3e.jpg.
photos Tepco meilleure définition :
 
Dans ce bâtiment, on a mesuré 280 mSv/h comme indiqué sur ce document :
 
reacteur3-mesure-radioactivite.jpg
 
source :
 
 
- Enfin, retour sur la visite des experts de l’AIEA à Fukushima du 22 mai au 2 juin 2011.
Une série de photos à découvrir, tirées du site de l’AIEA
 
aiea-juin-2011.jpg
 
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1 août 2011 1 01 /08 /août /2011 22:09
Par Pierre Fetet Publié dans : Au Japon Communauté : Fukushima blogs
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Dimanche 31 juillet 2011

hirado-norio.jpgLe témoignage que j’ai choisi de diffuser aujourd’hui ne traite pas de l’accident de Fukushima, mais il doit être lu pour comprendre comment la catastrophe a pu arriver. Rédigé il y a 15 ans au Japon par Norio HIRAI, technicien chaudronnier travaillant pour la construction et l'entretien des centrales nucléaires, il ajoute un éclairage saisissant sur le fonctionnement du nucléaire au Japon. Homme de terrain, Norio HIRAI apporte son expertise, et ses craintes sont malheureusement devenues réalité. Puisse son témoignage posthume ‒ l'auteur est mort d’un cancer en 1997 ‒ arriver aux portes du pouvoir, afin que son manifeste atteigne un tant soit peu la conscience de ceux qui nous gouvernent.

 

Je suis conscient de la longueur de ce texte et du temps qu’il faut consacrer pour le lire complètement. C’est pourquoi, bien que je vous encourage à le lire entièrement, j’ai relevé quelques passages qui donnent le ton du témoignage de Norio et j’ai ajouté un sommaire numéroté pour accéder avec plus de facilité à tel ou tel paragraphe.

 

J’aimerais également exprimer ma reconnaissance à Tomomi DUFILS qui a réalisé la traduction du texte japonais en français en avril 2011, et à son mari Gabriel, ancien membre de la Gazette nucléaire, qui a permis sa diffusion sur internet (Ce témoignage a déjà été diffusé plusieurs fois sur le web et il faut encore encourager sa diffusion). Merci aussi à Janick qui a effectué la traduction du texte de présentation de l'auteur, placée à la suite du témoignage. Merci enfin à Florent, lecteur de ce blog, et Pascal, veilleur de Fukushima, de m'avoir transmis cette info.

 

 

Quelques passages et commentaires pour une lecture rapide :

 

« A la centrale de Fukushima de TEPCO, nous avons démarré la centrale en laissant un bout de fil de fer et on a échappé de peu à un grave accident qui aurait pu avoir une répercussion sur le monde entier. L’ouvrier savait qu’il avait fait tomber ce fil de fer mais il ne savait pas à quel point la conséquence de son acte était dangereuse. »

 

« Il n’y a pas beaucoup de poissons pêchés en bordure des îles nipponnes que l’on peut manger sans craindre le risque de la contamination radioactive. »

 

« Finalement, concernant la centrale de Fukushima, on a conclu que la démolition était irréalisable. Le fabricant américain qui a vendu cette centrale a envoyé des ouvriers au Japon, et il les a fait réparer le réacteur en les exposant à des quantités de radioactivité inimaginables par rapport à la norme japonaise. Aujourd’hui, cette centrale fonctionne toujours. Alors qu’on avait prévu de l’utiliser 10 ans, elle a déjà fonctionné plus de 30 ans. Au Japon, il y a 11 centrales que l’on exploite toujours malgré leur vieillissement, cela m’inquiète beaucoup. »

 

« J’ai peur que mes mots soient brutaux mais je n’arrive pas à m’empêcher de penser que ce pays est devenu fou. » [en 1996]

 

« Il y a environ 5 ans, j’ai été faire une conférence sur mon travail à Hokkaido. Quand j’ai dit « on va continuer à surveiller les déchets nucléaires pendant 50 ans ou 300 ans », une collégienne a levé sa main. Elle a crié « J’ai une question. En parlant de la surveillance des déchets qui dure 50 ou 300 ans, est ce que c’est vous qui allez le faire ? Non, ce n’est pas vous, les adultes d’aujourd’hui, c’est nous, la prochaine génération, et les générations qui suivent. Mais nous, nous n’avons pas envie de le faire ! » Est-ce que quelqu’un peut donner une réponse à cette fille ? »

 

« En plus, il ne faut pas confondre la sûreté et la sécurité. S’il y a des centrales nucléaires, il n’y a plus rien de sûr. »

 

Quand Norio a appris qu’il avait un cancer, il a décidé de mettre à jour tout ce qu’il connaissait des centrales nucléaires. Il nous explique entre autres que :

- On n’explique pas les dangers dus à la radioactivité aux ouvriers.

- Quand il y a un accident nucléaire, peu de personnes sont compétentes pour comprendre ce qu’il se passe.

- La surveillance des travaux n’est pas faite par des gens qualifiés.

- Les contrôleurs sont souvent des personnes qui ne connaissent rien à l’énergie nucléaire.

- Le service de l’inspection nucléaire est assuré par des retraités du ministère du commerce et de l’industrie.

 

 

 

Témoignage de Norio HIRAI,

technicien chaudronnier du nucléaire,

(rédigé en 1996)

source en japonais :

http://www.iam-t.jp/HIRAI/pageall.html#page2

source en français :

http://resosol.org/Gazette/important/Japon%202011/témoignage.rtf

 

SOMMAIRE

 

1. Je ne suis pas militant contre les centrales nucléaires

2. La sécurité, une perspective chimérique

3. Les centrales nucléaires construites par des gens sans qualification 

4. Les contrôles et les inspecteurs d’apparence

5. Le plan antisismique bâclé

6. Le contrôle régulier est fait également par les gens incompétents

7. Le déversement de radioactivité dans la mer

8. Le plus horrible, c’est l’irradiation interne (la contamination)

9. Rien à voir avec le chantier normal

10. Le lavage de cerveau « absolument sûr » qui dure 5 heures

 

 

11. Qui va sauver les ouvriers du nucléaire ?

12. L’accident de la centrale Mihama a été une mauvaise surprise

13. L’accident de Monju

14. Le plutonium japonais dans les armes nucléaires françaises ?

15. Le Japon qui n’ose pas interrompre le projet

16. On ne peut ni démonter, ni démolir

17. La surveillance et l’entretien après la fermeture

18. Les déchets nucléaires qu’on ne sait même pas traiter

19. L’irradiation et la discrimination affreuse des habitants

20. Puis-je avoir des enfants ?

21. On ne peut jamais être en sécurité si la centrale nucléaire ne disparaît pas.

 

 

1. Je ne suis pas militant contre les centrales nucléaires

J’ai travaillé pendant 20 ans dans des centrales nucléaires. Il y a toujours des polémiques sur les centrales nucléaires où les personnes disent qu’ils sont pour ou contre, ou alors que c’est dangereux ou pas.

Mais aujourd’hui, je veux simplement vous raconter ce qui se passe dans les centrales. Vous allez comprendre qu’il y a une grande différence entre la réalité et l’idée que vous en avez. Vous allez en même temps découvrir que les centrales nucléaires irradient (contaminent) tous les jours de plus en plus de personnes et sont à l’origine de discriminations.

Vous allez certainement découvrir des choses que vous n’avez jamais entendues. S’il vous plaît, lisez mes textes jusqu’à la fin et réfléchissez par vous-même. Quand on parle des centrales nucléaires, beaucoup de gens parlent du plan de construction. Mais personne ne parle des travaux effectués. Sans connaître le chantier, on ne peut pas savoir la réalité des centrales.

J’ai fait ma formation de tuyauteur dans les ensembles industriels et les grandes usines chimiques. J’ai été embauché pour construire (participer à la construction des) les centrales nucléaires à la fin de mes vingtièmes années, puis j’ai longtemps travaillé comme chef de chantier. Je connais presque tout sur les centrales nucléaires, plus qu’un simple employé ne pourrait jamais savoir.  

 

2. La sécurité, une perspective chimérique

L’année dernière, le 17 Janvier 1995, il y eut un grand tremblement de terre à Kobé. Et le peuple japonais a commencé à s’inquiéter si les tremblements de terre ne présentaient pas de danger pour les centrales nucléaires japonaises. Résisteront-elles vraiment contre tous les tremblements de terre ? Ce n’est pas du tout sûr. Le gouvernement et les compagnies d’électricité soulignent que les centrales sont bien conçues et construites sur des sols bien stables. Mais c’est une perspective chimérique. 

Le lendemain du séisme, je me suis rendu à Kobé. Les nombreuses relations entre les dégâts à Kobé et la problématique des centrales nucléaires m’ont dérouté. Jusqu’à ce jour, qui avait imaginé que les rails du Shinkansen et les poteaux de l’autoroute pourraient tomber?

En général, nous imaginons que les constructions des centrales nucléaires, du Shinkansen ou des autoroutes sont soumises à des contrôles rigoureux de l’administration. Mais à Kobé, nous avons découvert des coffrages laissés dans les poteaux en béton du Shinkansen. Les armatures de l’autoroute avaient été mal soudées: (elles avaient été collées par le métal de la soudure mais les bords de l’armature eux-mêmes n’avaient pas été fusionnés). Elles ont toutes été disloquées avec le séisme.

Pourquoi une telle chose s’est-elle produite ? Parce qu’on a accordé trop d’importance au plan, au bureau, mais on a négligé la surveillance sur le chantier. Si ce ne fut pas la cause directe, on peut dire que cette négligence a provoqué l’ampleur de la catastrophe.

 

3. Les centrales nucléaires construites par des gens sans qualification 

Comme pour les constructions de Kobé, il y a aussi trop d’erreurs humaines dans les centrales nucléaires. Par exemple, connecter des tuyaux en laissant des outils à l’intérieur. Il n’y a pas beaucoup d’ouvriers très compétents. Ils n’arrivent pas à suivre parfaitement un plan de construction bien conçu. Ce plan chimérique part de l’idée que ce sont des ouvriers experts qui le réalisent, mais nous ne nous sommes jamais posé des questions sur la qualité des ouvriers et leurs conditions de travail.

Pour les centrales nucléaires comme pour les autres chantiers, la main d’œuvre et même les inspecteurs sont constitués par des gens sans qualification suffisante. C’est compréhensible qu’un grave accident se produise dans les centrales nucléaires, les Shinkansen ou sur les autoroutes.

La conception du plan des centrales nucléaires est bien faite. Il y a de nombreuses mesures de protection et de secours de prises. S’il y a quelque chose qui fonctionne mal, ça s’arrête comme il faut. Mais ce n’est qu’au niveau du plan. Les travaux de construction mal faits fragilisent ce plan.

Par exemple, pour construire une maison, même si le plan est dessiné par un dessinateur de première qualité, si elle est construite par des charpentiers et des plâtriers qui ne sont pas compétents, on aura des fuites d’eau et des cloisons mal installées. Malheureusement cette maison ce sont les centrales nucléaires japonaises.

Avant, il y avait toujours un contremaître qu’on appelle « Boushin » pour superviser les travaux. Il avait encore plus d’expérience que le chef de chantier qui était moins âgé que lui. Le Boushin était fier de son travail et il considérait l’accident et la négligence comme une honte. Il savait bien sûr la dangerosité de l’accident.

Depuis environ 10 ans, il n’y a plus de manœuvres compétents. On ne demande aucune expérience au moment du recrutement. Les ouvriers sans compétence ne savent pas le danger de l’accident. Ils ne savent même pas quels sont les travaux non réglementaires et mal faits. C’est la réalité des centrales nucléaires japonaises.

Par exemple à la centrale de Fukushima de TEPCO, nous avons démarré la centrale en laissant un bout de fil de fer et on a échappé de peu à un grave accident qui aurait pu avoir une répercussion sur le monde entier. L’ouvrier savait qu’il avait fait tomber ce fil de fer mais il ne savait pas à quel point la conséquence de son acte était dangereuse. Dans ce sens, une centrale nucléaire toute neuve construite par ces gens incompétents est aussi bien dangereuse qu’une vieille centrale.    

Depuis qu’il n’y a plus beaucoup d’ouvriers compétents, on a standardisé la construction des centrales. Ça veut dire qu’ils ne regardent plus le plan mais ils montent simplement des pièces préfabriquées en usine, en assemblant la pièce numéro 1 avec la pièce numéro 2 comme dans jeu de dominos. Alors ils ne savent plus ce qu’ils sont en train de construire et à quel point ces travaux doivent être précis. C’est une des raisons pour lesquelles le nombre d’accidents et de pannes augmente dans les centrales nucléaires.

Dans la centrale nucléaire, il y a aussi le problème de l’irradiation qui empêche de former les successeurs. Quand on travaille dans la centrale nucléaire, il fait très sombre et chaud et avec la protection c’est impossible de parler. Alors les ouvriers se communiquent par gestes. Comment peuvent ils dans ces conditions transmettre leurs savoir faire? En plus, on envoie d’abord les gens compétents travailler et ils s’exposent très vite à la quantité de radioactivité annuelle autorisée et ne peuvent plus travailler, ça accentue encore l’incompétence des ouvriers.

Par exemple pour les soudeurs, ils fatiguent leurs yeux en travaillant. Après 30 ans, ils ne peuvent plus faire de travaux précis et ils ne trouvent plus d’embauche dans la pétrochimie. Et c’est comme ça qu’ils arrivent aux centrales nucléaires.

Vous avez peut-être une fausse image comme quoi les centrales nucléaires sont quelque chose de très sophistiqué. Mais ce n’est pas une construction aussi sûre qu’on l’imagine.

Je pense que vous avez bien compris pourquoi les centrales nucléaires sont construites par des gens incompétents et que ça ira de pire en pire.

 

4. Les contrôles et les inspecteurs d’apparence

Vous pensez peut-être que les contrôles rigoureux évitent des problèmes même si les ouvriers des chantiers ne sont pas assez compétents. Mais ces systèmes de contrôle sont encore problématiques. Pour les contrôles japonais, les inspecteurs viennent vérifier la construction déjà achevée. C’est la raison pour laquelle ça ne marche pas. Il faut venir regarder les travaux en cours, sur place.

Les inspecteurs doivent être spécialistes de la soudure s’ils sont les inspecteurs pour la soudure. Et ils doivent être capables de montrer le travail correct aux manœuvres, en disant: Non, il ne faut pas faire comme ça. Regardez comment je fais. S’ils ne savent pas comment faire les travaux, comment ils peuvent faire des contrôles corrects ? En l’état actuel, ils auditionnent l’entreprise qui a commandé la construction et celle qui l’effectue, et ils leur demandent de fournir les papiers nécessaires. Voilà le système de l’inspection aujourd’hui.

Il y a quelques années, on a eu des accidents dans les centrales nucléaires très souvent. Alors le gouvernement a décidé d’envoyer des conseillers de sécurité spécialisés dans chaque centrale nucléaire pour donner l’autorisation du démarrage après la construction ou du redémarrage après les contrôles réguliers. Je savais que ces conseillers ne connaissaient pas grande chose du nucléaire mais je n’imaginais pas à quel point.

Quand j’ai fait une conférence à Mito, il y a un homme du Ministère de la science et la technologie qui s’est présenté en public en disant: « Je me sens tellement mal à l’aise d’avouer ce fait, mais je ne connais rien du nucléaire », et il a continué: « De la peur d’être irradiés, les inspecteurs n’ont pas voulu travailler dans les centrales en marche. Comme on vient de supprimer des places dans le ministère de l’agriculture avec le remaniement gouvernemental, ils ont envoyé des fonctionnaires qui donnaient des conseils aux éleveurs du ver à soie ou de la sériole (poisson), sans aucune formation. Voilà pourquoi les conseillers qui n’y connaissent rien du tout, donnent l’autorisation du démarrage dans toutes les centrales. Le conseiller de la centrale de Mihama, contrôlait la qualité du riz jusqu’à il y a 3 mois».

Cet homme a raconté une telle histoire en donnant les noms de ces conseillers. Est-ce que vous pouvez avoir confiance en l’autorisation de démarrage accordée par tous ces gens qui n’y connaissent rien?

Quand il y a eu un grave accident dans la centrale de Fukushima de TEPCO qui a entraîné le démarrage du système de refroidissement de secours, le quotidien Yomiuri a publié un article « Le conseiller spécialisé n’a pas pu participer à l’équipe de la centrale ». Effectivement c’était le journal qui lui a appris la nouvelle de ce grave accident le lendemain matin. Pourquoi le conseiller n’était au courant de rien ? Parce que tous les gens de TEPCO savaient qu’il n’y connaissait rien du tout. Dans la pagaille totale, ils n’avaient pas le temps de lui expliquer de A jusqu’à Z. Donc l’équipe ne lui a même pas demandé de venir sur place.

Au-dessous de ces fonctionnaires irresponsables du ministère, dans la hiérarchie nucléaire, il y a le service de l’inspection nucléaire. Ce sont des gens du Ministère du Commerce et de l’Industrie qui ont pris leur retraite et sont embauchés dans ce service. Ils occupent des postes importants et enrichissent le service en demandant des contrats à des anciens subordonnés. Ils n’ont jamais travaillé dans ce domaine. Ils possèdent tous les pouvoirs sur l’inspection de la centrale nucléaire et on ne peut rien faire sans leur autorisation bien qu’ils n’y connaissent rien. Ils viennent au contrôle mais, bien sûr, ils ne font que regarder. Malheureusement, ils ont quand même un pouvoir colossal. Encore au-dessous de la hiérarchie, il y a les compagnies d’électricité et les trois fabricants de réacteurs nucléaires qui suivent: Hitachi, Toshiba et Mitsubishi. Moi, j’ai travaillé chez Hitachi. Après les fabricants, il y a encore des sous-traitants de la construction dont j’ai parlé tout à l’heure. Ca veut dire qu’au dessus des fabricants, ils ne sont pas compétents et au dessous des fabricants non plus, il n’y a pas beaucoup de gens compétents. C’est aussi pour cela que les compagnies d’électricité ne peuvent pas expliquer les détails au moment des accidents.  

Je disais toujours, avant et après ma retraite, qu’il faut que ce soient des organismes compétents et indépendants qui s’occupent de l’inspection mais non pas des entreprises nationalisées ou des services où les anciens fonctionnaires du ministère travaillent. Et indépendants de l’influence du Ministère du Commerce et de l’Industrie qui préconise l’installation des centrales nucléaires. Je disais qu’il fallait réclamer toujours des conseillers qui ont de l’expérience et des inspecteurs qui contrôlent et expliquent sur le chantier pour trouver des mauvaises soudures ou des travaux mal faits. Mais jusqu’à aujourd’hui, rien n’a changé. Vous voyez à quel point les centrales nucléaires japonaises sont administrées avec irresponsabilité et approximation!

 

5. Le plan antisismique bâclé

Après le grand séisme de Kobé, on a très vite vérifié le plan antisismique de toutes les centrales nucléaires du Japon. Le résultat absurde publié en septembre 1995 disait que toutes les centrales résisteront aux tremblements de terre de n’importe quel niveau. Au moins pour celles dont je me suis occupé pour mon travail, les premières centrales nucléaires, on n’avait pas prévu le grand tremblement de terre. C’est aberrant de confondre les nouvelles et les vieilles centrales pour leur résistance contre les tremblements de terre, en disant de n’importe quel niveau. En 1993 quand il y a eu le séisme de degré 4, la centrale numéro 1 d’Onagawa s’est arrêtée automatiquement suite à l’augmentation subite de la puissance. C’était un accident très grave. Très grave parce que la centrale qui a été construite en 1984 pour que ça s’arrête à un degré de sismicité 5 s’est arrêtée avant d’atteindre le niveau. C’est comme si le blocage du frein a arrêté la voiture subitement sur l’autoroute sans appuyer sur le frein. Tohoku EPC ne reconnaît pas la gravité de la chose en disant «tant mieux si ça s’est arrêté». Mais l’affaire n’est pas si simple. Si l’arrêt s’est effectué au degré 4 bien qu’il avait été conçu pour que ça s’arrête au degré 5, on ne peut pas nier la possibilité que ça ne s’arrête pas au degré 5. C’est un signe qu’il y a des choses qui ne fonctionnent pas comme prévu.    

La centrale de Fukushima s’est arrêtée également d’une façon imprévisible au moment du séisme en 1987. Au Japon, il y a 10 centrales qui sont du même modèle. C’est vraiment terrifiant quand on pense au danger que les tremblements de terre présentent vis-à-vis des centrales nucléaires.

 

6. Le contrôle régulier est fait également par les gens incompétents

On arrête à peu près tous les ans les réacteurs pour procéder au contrôle régulier. Dans le réacteur nucléaire, la pression de l’eau chaude et de la vapeur monte de 70 à 150 atmosphères, mais ce n’est pas une simple eau chaude car la température monte jusqu’à 300°C, elle circule très vite et use les tuyauteries. Au moment du contrôle régulier, on ne peut pas éviter la nécessité de changer des tuyaux et des soupapes qui sont des fois usés jusqu’à la moitié de leur épaisseur. Mais l’irradiation accompagne inéluctablement cette procédure.

Le démarrage du réacteur émet plein de radioactivité et de radiations. Les gens qui y travaillent subissent des radiations. Avant de se rendre auprès du réacteur, ils se déshabillent et se mettent en combinaison de protection. Peut-être vous imaginez que cette combinaison protège le corps de la radioactivité mais en réalité, ce n’est pas le cas. La preuve, on place le radiamètre, sous la combinaison, sur le gilet. La combinaison de protection est un simple vêtement de travail qui sert à ne pas emporter la radioactivité à l’extérieur mais il ne protège pas les manœuvres de l’irradiation. Donc après le travail, ils doivent se mettre en slip pour vérifier s’ils ne sont pas contaminés. Si la radioactivité reste uniquement sur la peau, c’est ce qu’on appelle la contamination externe, on peut l’enlever presque entièrement avec la douche. Ils se lavent minutieusement jusqu’à ce qu’ils ne soient plus radioactifs avant de sortir dehors.     

Les manœuvres mettent aussi des chaussures qui ont été préparées par l’entreprise mais on n’est pas sûr de trouver la bonne taille. Alors, leurs pas sont mal assurés. En plus ils doivent mettre un masque qui couvre la tête. Ils travaillent avec ces combinaisons et l’angoisse de la radioactivité. Pratiquement, personne ne peut faire de bon travail avec cet équipement. C’est complètement différent d’un chantier normal.

En plus, plus que 95% des personnes qui s’occupent de ce travail n’ont aucune expérience. Ce sont des agriculteurs et des pêcheurs désœuvrés en dehors de la saison. Ces gens qui n’ont pas d’expérience, travaillent sans savoir le danger que ça représente.

Par exemple, pour serrer une cheville avec un écrou, on dit au manœuvre «serrez la en diagonale, sinon ça fuit». L’opération se déroule dans une zone de radiations contrôlée, un endroit très dangereux plein de rayonnements. Les manœuvres amènent le radiamètre. Mais comme la quantité de radiations varie d’une pièce à l’autre, la durée du temps acceptable en minutes change chaque fois.

Avant de rentrer au chantier, on explique aux ouvriers le travail d’aujourd’hui et la durée de ce travail décidée en fonction de la quantité autorisée journalière d’irradiation. S’ils vont travailler au chantier où on peut rester 20 minutes, on leur donne une minuterie qui sonne au bout de 20 minutes en disant «Vous devez sortir quand ça sonne». Mais ils ne sont pas munis d’une montre car elle serait polluée par la radioactivité. Ils doivent donc deviner le temps restant. C’est comme ça qu’on les envoie au travail.   

Là-bas, ils n’arrivent pas à se concentrer pour serrer la cheville car ils se demandent toujours combien de temps est déjà passé. Est ce que c’est 10 minutes? Ou peut-être déjà 15 minutes? Ils ont très peur de l’alarme de la minuterie, cela les fait plus que sursauter. Le bruit de l’alarme est assez fort pour rendre tout pâle quelqu’un qui ne l’a pas jamais entendue. Quand ça sonne, ils ont déjà reçu une irradiation équivalente à des dizaines de radiographies. C’est bien normal qu’ils ne puissent pas fournir des prestations assez correctes comme tout simplement serrer des chevilles en diagonale. Pouvez-vous imaginer les conséquences?

 

7. Le déversement de radioactivité dans la mer

Le contrôle régulier se fait souvent en hiver. Mais à la fin du contrôle, on verse dans la mer des tonnes d’eau contaminée par la radioactivité. Honnêtement, il n’y a pas beaucoup de poissons pêchés en bordure des îles nipponnes que l’on peut manger sans craindre le risque de la contamination radioactive. La mer du Japon est déjà contaminée par la radioactivité.

Ce n’est pas uniquement au moment du contrôle régulier que l’on effectue le rejet d’eau irradiée dans la mer. Pour baisser la température que la centrale dégage, au Japon, on utilise l’eau de la mer. Elle devient de l’eau chaude qui contient de la radioactivité. Ainsi on rejette des tonnes d’eau par minute à la mer. 

Même s’il y a des accidents dans les centrales nucléaires, les états déclarent immédiatement qu’il y n’a aucun problème. D’ailleurs, les compagnies d’électricité essayent de les cacher. Avec la population japonaise très peu sensible à ce sujet, la mer du Japon se pollue sans cesse. On lave d’abord les vêtements de protection couverts de radioactivité à l’eau. On la déverse également dans la mer. La quantité de la radiation mesurée à l’orifice d’évacuation est très élevée. Savez-vous que des sites d’élevage de poisson se trouvent à proximité? Ainsi, les gens qui cherchent la nourriture de bonne qualité doivent être intéressés par la sûreté des centrales nucléaires. Si on n’agit pas tout de suite, on ne pourra plus trouver de poissons qui ne sont pas contaminés. 

Il y a quelques années, à l’exposé du procès qui demandait l’arrêt de la centrale de Shiga dans la préfecture d’Ishikawa, une vieille colporteuse de 80 années toute déconcertée, a raconté cette histoire. « Je ne connaissais rien de la centrale nucléaire jusqu’à maintenant. Mais aujourd’hui, une jeune dame qui était toujours fidèle a refusé mes algues. Elle m’a dit « Je suis désolée mais je ne peux plus acheter vos algues ». La centrale de Shiga a démarré aujourd’hui. Je ne connaissais rien au nucléaire, mais maintenant je sais ce que c’est. Qu’est ce que je vais devenir alors? » Même aujourd’hui, on continue de polluer la mer du Japon sans que vous le sachiez.

 

8. Le plus horrible, c’est l’irradiation interne (la contamination)

Dans le bâtiment de la centrale, tout devient radioactif et émet des radiations. Parce que les radiations peuvent traverser même une paroi de fer d’une grande épaisseur. Les radioéléments qu’on reçoit sur la peau, la contamination externe c’est horrible, mais le pire c’est la contamination interne.

Par exemple, la poussière. Une simple poussière qui se trouve n’importe où devient radioactive dans une centrale nucléaire à cause de la radioactivité qu’elle reçoit. Le fait d’inspirer cette poussière radioactive par le nez ou la bouche, c’est de la contamination interne. En faisant le nettoyage dans la centrale, on est exposé le plus, au danger de la contamination interne. Avec cette contamination interne on reçoit les radiations de l’intérieur du corps c’est beaucoup plus dangereux que l’irradiation externe, car le corps est en contact direct avec la source des radiations.

Les radioéléments sont évacués du corps au bout de environ 3 jours par la voie transpiratoire et urinaire. Mais pendant ces 3 jours, ils restent dans le corps. En plus, quand on parle d’élimination, c’est un langage humain, il en reste toujours un peu, et ça c’est très dangereux. Même si ce sont des petites quantités à la fois, elles s’accumulent dans le corps.

Vous devez le savoir, si vous avez déjà visité une centrale nucléaire, c’est très bien nettoyé où il y a des accès au public. Peut-être le guide vous a même vanté « regardez, comme c’est propre ». Mais c’est bien normal. Ça serait dangereux s’il y avait de la poussière radioactive dans l’air.

Moi, j’ai développé un cancer à cause de la contamination interne que j’ai reçu plus que cent fois. Quand le docteur m’a diagnostiqué un cancer, j’avais très peur. Mais je me suis rappelé ce que ma mère disait toujours « rien est plus grand que la mort ». Ca m’a donné envie de faire quelque chose. Alors, j’ai décidé de mettre au jour tout ce que je connais des centrales nucléaires.

 

9. Rien à voir avec le chantier normal

La radioactivité s’accumule. Même si ce sont des petites quantités, si vous travaillez 10 ans dans une centrale, vous accumulez la radioactivité de 10 ans et c’est très dangereux. Le règlement pris par le gouvernement exige de ne pas dépasser la limite de 50 millisiverts (mSv) par an. Cela veut dire que l’on peut tout faire si on respecte cette limitation.

Par exemple, les travaux au moment du contrôle régulier demandent environ 3 mois. Donc on divise la limite de 50 mSv par cette durée des travaux pour avoir la limite autorisée journalière. Mais, dans un endroit où il y a beaucoup de radiations, on ne peut travailler que 5 à 7 minutes par jour. On ne peut pas faire grand chose avec si peu de temps. Alors on rassemble les temps de travail sur 3 jours ou une semaine afin de travailler 10 ou 20 minutes de suite, bien que ce soit une méthode inadmissible. Au moins, si les ouvriers savaient qu’il y a un grand risque de leucémie ou du cancer… Mais les compagnies d’électricité n’avertissent d’aucun de ces risques.

Une fois, une grande vis qui se trouvait sur le réacteur s’est desserrée quand la centrale nucléaire était en plein fonctionnement. Comme la centrale émet une colossale quantité de radioactivité en état de marche, on a préparé 30 personnes pour serrer une seule vis. Ils ont fait la queue devant la porte. Ils devaient courir jusqu’à la vis qui se situait à environ 7 mètres de là. Après 3 secondes, l’alarme sonnait. Il y eu même des ouvriers qui ont passé tout leur temps ouvrable en cherchant la clé. Finalement, ça a coûté 4 millions de yens, l’équivalent de salaire de 160 personnes, pour faire uniquement quelques tours de vis. 

Vous vous demandez peut-être pourquoi on n’a pas arrêté la centrale pour serrer la vis. Mais la compagnie d’électricité veut l’éviter autant que possible car l’arrêt d’une journée de la centrale lui cause des milliards de perte. La radioactivité est quelque chose de très dangereux, mais pour l’entreprise, l’intérêt financier passe avant la sécurité humaine.

 

10. Le lavage de cerveau « absolument sûr » qui dure 5 heures

Les gens qui travaillent où il y a de la radioactivité s’appellent les ouvriers nucléaires. Au Japon, 270 000 personnes ont déjà travaillé comme ouvriers nucléaires, dont la plupart dans les centrales nucléaires. Ainsi, 90 000 personnes y travaillent aujourd’hui. Tous ces gens assurent le fonctionnement des centrales nucléaires, comme le contrôle régulier qui a le lieu une fois par an, en subissant de la radioactivité.

Avant de commencer à travailler dans les centrales nucléaires, on donne aux ouvriers 5 heures de cours de formation sur la sécurité face aux radiations. Le but de ces cours est tout d’abord d’atténuer leur angoisse. On ne leur dit jamais qu’il y a des dangers. L’Etat surveille la quantité de la radioactivité et donc il n’y a pas de danger, « les anti-nucléaires parlent du risque de cancer et de la leucémie à cause de la radioactivité mais ce sont que des gros mensonges, si on respecte bien les normes imposées par le gouvernement il n’y a aucun problème ». Un tel lavage de cerveau dure 5 heures.

Les compagnies d’électricité procèdent à ce lavage de cerveau également avec les gens qui habitent à côté des centrales. Elles font venir les personnes connues pour faire des conférences, elles donnent des cours de cuisine, ou insèrent des encarts publicitaires imprimés en couleur dans les journaux. Peut-être les accidents dans les centrales angoissent les habitants, mais grâce à toutes ces propagandes de l’Agence de sécurité nucléaire, ils ne peuvent pas penser autrement que «nous ne pouvons pas nous passer du nucléaire pour avoir suffisamment d’électricité».

Moi-même, pendant presque 20 ans en tant que responsable de terrain, j’ai procédé au lavage des cerveaux, une plus grande manipulation mentale que celles d’Asahara et d’Oume, vis à vis des ouvriers. Je ne sais pas combien de personnes j’ai tué. Il y a des gens qui me demandent si les ouvriers ne sont pas inquiets. Mais comme ils ne sont pas avertis des dangers de la radioactivité ou de la contamination, la plupart ne sont pas inquiets. Ils ne pensent même pas que c’est à cause de leur travail dans les centrales, quand ils tombent malades. Tous les ouvriers sont irradiés quotidiennement. Le travail des responsables consiste de cacher cette réalité à ceux-ci et à l’extérieur de la centrale. Si les ouvriers ou même n’importe qui s’inquiète du problème de l’irradiation, vous n’êtes pas digne d’être responsable sur place. Ainsi, sont les conditions de travail dans les centrales nucléaires.

J’ai exercé un tel travail longtemps. Il m’arrivait souvent que je ne pouvais plus le supporter sans aide de l’alcool et j’en buvais de plus en plus. Ainsi, je me posais souvent des questions. Pourquoi, et pour qui, il faut vivre des jours plein de mensonges? Au bout de 20 ans, je me suis aperçu que mon corps lui même était déjà gravement détruit par les radiations.

   

 

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