Au début, les travailleurs m’empêchent de filmer. Ils savent très bien que ce qu’ils font est interdit aux yeux de la loi et ont peur des conséquences. Mais, pris entre le marteau et l’enclume, c’est à dire entre leur volonté de garder leur job et donc de nourrir leurs familles et leurs consciences, ma relation avec eux évolue. Ils me confient d’abord que même eux sont très étonnés de devoir déverser ces polluants dans la décharge. Il y a des installations prévues pour traiter ce genre de produits, alors pourquoi se retrouvent-ils là ? Puis certains ouvriers viennent me chercher pour m’alerter qu’il y a des hydrocarbures sur le site. C’est à partir de ce moment que j’ai pu filmer ces images. Jamais je n’aurais pensé qu’en France, on se livrait quotidiennement à ce genre de pratiques.
La hantise dans la décharge, c’est le feu. Quand on y travaille, on sait qu’on évolue dans un univers hostile qui peut s’embraser à chaque instant. Une vraie bombe à retardement ! La décharge de la Glacière étant en bord de mer, de nombreuses fusées de détresse dont la date de péremption était dépassée se retrouvaient dans les poubelles, mélangé aux autres déchets. Elles avaient beau être périmées, elles étaient encore actives. Le risque que l’on redoutait tous, c’est qu’un camion, en écrasant l’une d’entre elle sous ses roues, en déclenche une et qu’avec tout les hydrocarbures et le méthane produit par les déchets, qu’un incendie prenne.
Je suis lucide : Ce que j’ai pu voir et filmer n’est que la partie émergée de l’iceberg…
Super Trash, de Martin Esposito.
Sortie en salles le 9 octobre