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5 janvier 2012 4 05 /01 /janvier /2012 13:23
| Par Carine Fouteau

 

Appels par-ci, contributions par-là. En amont de la campagne présidentielle, le secteur associatif redoute que ses préoccupations soient oubliées ou instrumentalisées par les candidats. Alors, il prend la parole.

Propices aux déclarations de bonnes intentions, les fêtes de fin d'année n'ont pas échappé à la règle. À trois jours de Noël, Nicolas Sarkozy a visité un entrepôt puis un centre de distribution des Restos du cœur en Ile-de-France. «J'ai pensé que pour les fêtes, c'était une bonne occasion», s'est vanté le chef de l'État. François Hollande l'a précédé en se rendant, le 14 décembre, dans un centre d'hébergement d'Emmaüs à Belleville, à Paris, et en rencontrant des associations de lutte contre l'exclusion, parmi lesquelles Médecins du monde pour les «écouter» et «dialoguer».

Pour que cet intérêt ne reste pas circonstanciel, une cinquantaine d'organisations à but non lucratif appellent ce jeudi 5 janvier 2012 les candidats à l'élection présidentielle à «investir sur la solidarité» dans un livret rassemblant leurs propositions (le consulter ici dans son intégralité).

Droits, libertés publiques, santé, travail, enfance, perte d'autonomie: l'intérêt de la démarche est de réunir des associations aussi diverses que le Collectif inter associatif sur la santé (CISS), Aides, l'association des paralysés de France (APF), l'association des accidentés de la vie (Fnath), la Ligue des droits de l'Homme (LDH), l'Union nationale des associations familiales (Unaf) ou encore l'Union nationale interfédérale des œuvres et organismes privés sanitaires et sociaux (Uniopss).

 

 

D'autres associations ont déjà fait savoir ce qu'elles attendaient du prochain quinquennat. Pour rendre visibles ces contributions, à un moment où technocrates, experts et responsables politiques prennent le pas sur la société civile, Mediapart a créé une édition participative les réunissant, 2012: ce que propose la société civile.

 

La Cimade, dans le champ des droits des étrangers, y est présente, ainsi que la Fondation Abbé Pierre, Emmaüs France et le Secours catholique avec leur «mobilisation générale pour le logement», ou encore le «pacte pour une santé égalitaire et solidaire» rédigé par des professeurs de médecine et des chercheurs en politique de santé.

 

Réseau d'associations luttant contre l'exclusion, la Fnars, quant à elle, compte sur son congrès les 13 et 14 janvier à Nantes pour livrer sa conception d'une politique de solidarité en présence de représentants des candidats à l'élection présidentielle, parmi lesquels Jean-Marc Ayrault, Cécile Duflot, Dominique Versini et Benoist Apparu.

 

«Des politiques centrées sur des objectifs d'efficacité financière»

Dans leur livret «Investir sur la solidarité» à paraître aujourd'hui, dont les  parlementaires seront également destinataires, les associations impliquées font tout pour éviter la critique de l'irréalisme ou de l'angélisme. Elles présentent leurs engagements non pas comme un coût pour la société mais comme une source d'économies à moyen et long terme.

 

 

 

 

Subissant de plein fouet les restrictions budgétaires liées à la crise économique et sociale, ces structures avaient tiré la sonnette d'alarme il y a plus d'un an. Elles réitèrent leur appel en mettant en cause les politiques publiques menées sous le quinquennat de Nicolas Sarkozy «centrées sur des objectifs d'efficacité financière».

 

Refusant que la solidarité soit «la variable d'ajustement des politiques publiques», elles estiment que leurs missions sont entravées par des décisions «désordonnées» de réduction des financements publics émanant aussi bien de l'État, des collectivités locales et des organismes de sécurité sociale. Au reflux des moyens alloués aux associations gestionnaires d'établissements et services sociaux et médico-sociaux, s'ajoutent, entre autres, la décision de reporter le plan dépendance des personnes âgées et la réduction de la dotation du programme d'aide aux plus démunis.

 

Pêle-mêle, parmi les priorités, l'Uniopss – qui représente 25.000 établissements et services privés à but non lucratif du secteur social, médico-social et sanitaire – exige davantage de transversalité pour «croiser les politiques, associer les moyens, décloisonner les organisations, coopérer» afin de permettre aux usagers de participer à l'élaboration des politiques.

 

«Garantir un environnement, des droits et des services accessibles à tous (...) pour construire une société dans laquelle chacun a sa place, quelles que soient ses spécificités», voilà ce que demande l'association des paralysés de France qui souligne la multiplicité des obstacles dans l'accès au logement, aux transports, aux loisirs, à la vie culturelle, aux équipements publics, aux services de santé, aux technologies de l'information et de la communication... Bref, dans tous les secteurs de la société touchant à la vie quotidienne.

«Combiner des droits spécifiques à un principe général»

Pour assainir les finances publiques, insistent les associations, mieux vaut miser sur la prévention que la répression. «Alors que les pouvoirs publics nous ressassent la priorité à l'économie (...), les prises en charge tardives ont un coût bien plus élevé que les actions de prévention et de protection engagées plus en amont», rappelle la Convention nationale des associations de protection de l'enfant (CNAPE). Elle souligne, à titre d'exemple, qu'«une mesure judiciaire d'aide à la gestion du budget familial – qui peut éviter les expulsions locatives – coûte environ 1.400 euros par an contre 45.000 euros pour un placement d'enfant parce que la famille a été expulsée de son logement».

 

S'en prenant à la réforme Bachelot sur l'hôpital, cette structure souhaite que les représentants des patients soient considérés comme des partenaires à part entière des services publics regrettant qu'ils soient réduits au «rôle d'exécutant».

 

La place faite aux jeunes dans la société n'est pas non plus satisfaisante: la CNAPE déplore que cette population ne soit vue que sous le prisme des conduites addictives, des violences ou du décrochage scolaire et que ces difficultés d'insertion soient prises comme prétexte pour durcir les politiques publiques la concernant. À l'inverse, selon elle, l'accent doit être mis sur les réponses éducatives au travers de mesures préventives passant par l'allocation de moyens budgétaires importants.

 

Pour les personnes handicapées, ce n'est pas une loi qui est exigée, mais un nouveau projet politique se traduisant par une «volonté réelle et diffusée en profondeur dans notre société d'en terminer avec l'exclusion et la discrimination». Selon la Fnath, par le truchement de dérogations et d'exceptions en tout genre, les textes législatifs en vigueur sont trop peu mis en œuvre pour avoir des effets tangibles. Elle préconise un dispositif valorisant l'accompagnement individualisé, «laissant de côté un mode d'intervention industrialisé construit à partir de référentiels et autre instrument de mesure centré essentiellement sur les approches médicales, là où il faudrait promouvoir les compétences et la mise en réseau».

 

En matière de santé publique, les propositions du CISS, collectif représentant les usagers, ont pour but d'atténuer les inégalités sociales dans un pays où les ouvriers meurent toujours en moyenne sept ans avant les cadres. Baisse des taux de remboursement, dépassements d'honoraires, instauration de forfaits: les restes-à-charge deviennent «insoutenables» pour certains Français, constate-t-il (lire notre récente enquête: Hôpital et bouts de ficelles).

 

Un exemple alarmant concerne les assurances complémentaires: non seulement les cotisations augmentent, mais elles favorisent les plus aisés puisqu'elles sont le plus souvent forfaitaires, à la différence des cotisations d'assurance maladie qui sont proportionnelles aux salaires. «Leur tarif, insiste l'association, ne varie pas en fonction des revenus du contractant, mais seulement en fonction du niveau de garantie qu'il peut s'offrir ou encore de son âge et de son état de santé.»


En réponse à la désertification médicale, le CISS estime que les incitations financières sont insuffisantes et que des mesures contraignantes devraient prendre le relais. Les patients eux-mêmes sont appelés à revoir leurs habitudes médicales et thérapeutiques en acceptant, notamment, la réorganisation de la carte hospitalière et la révision de la liste des médicaments remboursables.

 

C'est la Ligue des droits de l'Homme qui aborde, en conclusion, la question de savoir s'il vaut mieux construire une société solidaire, en général, favorisant le droit commun, ou s'il est préférable d'être solidaire avec telle ou telle catégorie de la population, particulièrement marginalisée. Elle avance l'hypothèse que les deux approches sont non seulement légitimes mais conciliables.

 

L'objectif, selon elle, doit être de «combiner des droits spécifiques à un principe général, de faire reposer sur un socle de principes une arborescence de droits singuliers, de décliner du droit en fonction de populations, de situations, de territoires particuliers, tout en restant dans un cadre qui assure un progrès général». Au total, le refus de la charité et du compassionnel prédomine dans ces propositions fondées sur la mise en place d'une société de droits. Droits qu'il s'agit de faire sortir des vitrines législatives et de rendre accessibles à tous tout le temps.

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