Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
12 janvier 2012 4 12 /01 /janvier /2012 21:18

 

LEMONDE | 12.01.12 | 11h51   •  Mis à jour le 12.01.12 | 20h01

 
 

 

Gilles Jacquier a été tué dans ce quartier de Homs, mercredi 11 janvier, par un obus de mortier ou une roquette, alors qu’il allait sortir d’un immeuble d’où il prenait des photos.

Gilles Jacquier a été tué dans ce quartier de Homs, mercredi 11 janvier, par un obus de mortier ou une roquette, alors qu’il allait sortir d’un immeuble d’où il prenait des photos.AFP/JOSEPH EID


Gilles Jacquier, reporteur à France 2, était arrivé samedi 7 janvier à Damas, avec un cameraman, Christophe Kenck, et sa compagne, Caroline Poiron, photographe. Il a trouvé la mort mercredi 11 janvier, entre 15 et 16 heures, heure locale, dans la ville de Homs, où il a été fauché par un obus de mortier ou une roquette.

Selon le récit livré par Christophe Kenck sur le site de France Télévisions, rien ne laissait prévoir cette attaque. "On nous a baladés dans la ville. On est tombés sur une micro-manif sur une avenue, on est sortis, on a commencé à faire des plans. Et là, un premier mortier est tombé à 500 mètres de la manifestation. Ça a été la panique à bord. Après, il y a eu un deuxième coup de mortier qui est tombé sur une école, mais qui était vide. Et il y a eu un troisième coup de mortier. J'ai senti le souffle parce que c'était à 10 mètres de moi. J'ai été légèrement blessé mais tout va bien. Et puis le quatrième coup de mortier est tombé sur un immeuble où Gilles Jacquier s'était réfugié. (…) On a sorti Gilles dans un taxi pour l'emmener à l'hôpital. Mais quand j'ai vu Gilles sortir, avec sa femme en pleurs, j'ai compris qu'il était mort sur le coup."

Quelques secondes avant le tir fatal, Gilles Jacquier était monté avec plusieurs confrères sur le toit d'un immeuble pour faire des photos, selon le témoignage des photographes Eric Fauvet (indépendant) et Joseph Eid (AFP), présents sur les lieux. C'est en redescendant, au moment de sortir de l'immeuble, que Gilles Jacquier a été fauché par un obus ou une roquette selon les sources. Six ou huit Syriens ont aussi été tués par le troisième obus. Un photographe néerlandais, Steven Wassenaar, a également été blessé aux yeux.

LA "NARRATION" QUE LE POUVOIR CHERCHE À DIFFUSER

La petite manifestation à laquelle assistaient Gilles Jacquier et ses confrères était le fait de militants pro-régime, dans le quartier de Nouzha, un quartier entièrement alaouite, la confession du président Bachar Al-Assad. La zone est totalement contrôlée par l'armée et les chabiha, les milices civiles armées à la solde du pouvoir.

Bien que l'origine des tirs mortels soit inconnue, l'agence officielle syrienne SANA s'est empressée de les attribuer à "un groupe terroriste armé", sans attendre le résultat d'une enquête. La nature des tirs (RPG ou obus de mortier) est également incertaine pour le moment : elle n'est pas sans importance, dans la mesure où les déserteurs de l'Armée syrienne libre (ASL) sont équipés de lance-roquettes, plus rarement de mortiers, dont le maniement est plus compliqué.

Une chose est sûre en revanche : l'attaque dans laquelle Gilles Jacquier a trouvé la mort correspond parfaitement à la "narration" que le pouvoir syrien cherche à diffuser, celle de groupes armés qui attaquent une population acquise au régime de Bachar Al-Assad. Ce dernier continue de nier l'évidence, à savoir les manifestations pacifiques tout comme la répression de ses propres forces de sécurité, qui a causé plus de cinq mille morts en dix mois. La veille de l'attaque de Homs, deux observateurs koweïtiens de la Ligue arabe ont été légèrement blessés à Lattaquié, par des manifestants non identifiés, très probablement des chabiha.

Plusieurs pays arabes ont suspendu l'envoi d'observateurs, tandis que la mission est de plus en plus contestée. Incapable de mettre fin à l'effusion de sang, elle a été dénoncée comme une "mascarade" par un observateur algérien, Anouar Malek, qui a préféré démissionner plutôt que couvrir "le massacre" : "Ils n'ont pas retiré les chars des rues, ils les ont juste cachés et redéployés après notre départ, a-t-il déclaré sur la chaîne Al-Jazira. Les snipers sont partout et tirent sur les civils. Les gens sont enlevés, les prisonniers sont torturés et personne n'est libéré. Ceux qui sont censés être libérés et qui sont montrés à la télévision sont en fait des personnes qui ont été prises au hasard dans les rues."

Au bord du point de rupture, le régime syrien semble avoir décidé de profiter de la mission de la Ligue arabe pour jeter toutes ses forces dans une bataille de propagande destinée à convaincre la communauté internationale qu'il reste solidement accroché au pouvoir. Un mélange de communication et d'intimidation, qui a amené Bachar Al-Assad, quasi invisible et muet depuis le début de la crise, à faire deux interventions publiques en deux jours.

VISITE DE PROPAGANDE

Mardi, il prononçait un long discours plein de déni et de défi à l'université de Damas. Mercredi, il est apparu en public à un meeting organisé place des Omeyyades, à Damas, devant des supporteurs. Difficile d'en évaluer le nombre : la télévision syrienne a montré une marée humaine agitant drapeaux et portraits de son dirigeant ; l'opposition dénonce la mobilisation de force de fonctionnaires et de militaires en civil ; enfin des vidéos amateurs sur YouTube montrent l'immense place des Omeyyades aux deux tiers vide… Détendu, le col de chemise ouvert, Bachar Al-Assad, accompagné de membres de sa famille, a assuré du haut de sa tribune : "Je suis venu pour puiser la force auprès de vous. Grâce à vous, je n'ai jamais ressenti la faiblesse. Nous allons triompher sans aucun doute du complot. Leur complot approche de sa fin, qui sera la leur aussi."

Quelques heures plus tard, Gilles Jacquier mourait à Homs, capitale de la révolte syrienne, tandis que treize personnes étaient tuées dans une opération de ratissage à Hama. Ce mercredi, deux équipes de journalistes se sont rendues à Homs, toutes deux sous escorte des autorités syriennes. La première, encadrée par le ministère de l'information syrien, était composée d'une douzaine de journalistes de la BBC, de CNN, de CBS, du Guardian, de l'AFP, etc. Selon le récit de Nic Robertson, de CNN, le groupe dont il faisait partie a refusé de couvrir la manifestation pro-Assad comme l'y invitaient ses accompagnateurs : il voit dans le bombardement une "opération militaire".

Le groupe dans lequel se trouvaient Gilles Jacquier, Caroline Poiron et Christophe Kenck comptait aussi deux journalistes suisses, des Belges, des Néerlandais et des Libanais. Il était sous la "responsabilité" de sœur Marie Agnès, une religieuse libanaise vivant en Syrie et très engagée dans la propagande pour le régime. C'est elle qui a débloqué les visas pour ce groupe de journalistes qui, depuis le début de son séjour, était sous surveillance permanente des services de renseignement. Ainsi, Gilles Jacquier avait tenté de sortir pour tourner dans le quartier damascène de Midan. En vain, selon une source en contact régulier avec lui. Il se serait plaint auprès de son interlocuteur d'être embarqué dans une visite de propagande à Homs, le matin même de sa mort.

Le corps de Gilles Jacquier a été transporté dans un dispensaire chrétien de Homs. Ses proches ont dû empêcher les services de renseignement syriens de s'en emparer, jusqu'à l'arrivée de l'ambassadeur de France, Eric Chevallier, qui est rentré à Damas avec le corps du reporteur de France 2 et les autres journalistes. Le ministre des affaires étrangères, Alain Juppé, a condamné "cet acte odieux" en demandant aux autorités syriennes "d'assurer la sécurité des journalistes internationaux sur leur territoire et de protéger cette liberté fondamentale qu'est la liberté d'information".

Dans la soirée, Nicolas Sarkozy a demandé dans un communiqué que les autorités syriennes "fassent toute la lumière sur la mort d'un homme qui ne faisait que son métier : informer", exprimant sa "peine" et son "émotion". Il a également évoqué, devant les parlementaires, "la difficulté du métier de journaliste, les dangers qu'ils encourent et en même temps l'importance, dans des régimes qui sont ce qu'ils sont, dans les situations qui sont ce qu'elles sont, d'avoir des hommes courageux pour dire la vérité de ce qui se passe". Une défense de la profession qui contraste avec les remontrances qui avaient suivi la prise en otage de Hervé Ghesquière et Stéphane Taponier en Afghanistan.

Gilles Jacquier, âgé de 43 ans, était un reporteur aguerri ayant couvert de nombreux conflits. Il avait obtenu le prix Albert-Londres en 2003 pour un reportage à Naplouse (Cisjordanie), réalisé lors de l'opération "Rempart".

Christophe Ayad


Partager cet article
Repost0

commentaires

Présentation

  • : Démocratie Réelle Maintenant des Indignés de Nîmes
  • : Le blog des Indignés de Nimes et de la Démocratie Réelle Maintenant à Nimes
  • Contact

Texte Libre

INFO IMPORTANTE

 

DEPUIS DEBUT AOÛT 2014

OVERBLOG NOUS IMPOSE ET PLACE DES PUBS

SUR NOTRE BLOG

CELA VA A L'ENCONTRE DE NOTRE ETHIQUE ET DE NOS CHOIX


NE CLIQUEZ PAS SUR CES PUBS !

Recherche

Texte Libre

ter 

Nouvelle-image.JPG

Badge

 

          Depuis le 26 Mai 2011,

        Nous nous réunissons

                 tous les soirs

      devant la maison carrée

 

       A partir du 16 Juillet 2014

            et pendant l'été

                     RV

       chaque mercredi à 18h

                et samedi à 13h

    sur le terrain de Caveirac

                Rejoignez-nous  

et venez partager ce lieu avec nous !



  Th-o indign-(1)

55

9b22