Sara Holmberg est partout où il y a des "indignés". Cette jeune et jolie Suédoise, grande blonde aux yeux clairs, va de la Puerta del Sol au parc du Retiro en passant par l'hôtel Madrid distribuer son questionnaire. Une page A4 recto verso et 15 questions pour savoir "qui sont exactement les 'indignés', quelles sont leurs valeurs, pourquoi sont-il indignés, si leur raisons sont d'ordre personnel ou collectif", détaille cette jeune femme de 23 ans.
Simple curiosité ? Pas vraiment. Cette étudiante en sciences politiques à l'université d'Uppsala, en Suède, a choisi de faire son mémoire de maîtrise sur ce mouvement citoyen né le 15 mai dernier. Elle a envoyé son questionnaire dans les assemblées d'indignés de quinze villes et à la plateforme Democracia real ya (Démocratie réelle maintenant), considérée comme étant à l'origine du "mouvement du 15-M", pour qu'ils le fassent circuler.
En attendant, Sara a déjà pu sortir quelques conclusions, qu'elle devra affiner avant de soutenir son mémoire, le 5 janvier. "Les 'indignés' insistent pour dire qu'ils représentent toute la société, qu'ils sont comme tout le monde, mais pour le moment, je n'ai vu que des gens qui se considèrent à gauche. En revanche, il est vrai que tous les âges et toutes les conditions sont représentés. On trouve beaucoup de retraités et de travailleurs, et pas seulement des étudiants. De fait, la moyenne d'âge n'est pas très jeune. Et il semblerait qu'il y ait plus d'hommes que de femmes."
Sara a eu l'idée de réaliser ce mémoire au printemps, alors qu'elle passait quelques mois en échange Erasmus à Grenade. "J'ai été surprise de voir les citoyens demander une 'vraie' démocratie alors que l'Espagne est considérée comme un pays avec une démocratie consolidée. C'est de là que m'est venue l'idée." Avant d'avouer : "Quand le mouvement est né, j'ai pensé qu'il ne survivrait pas et pourtant..."
Sandrine Morel