R éservé », le message tient en un mot. Repris par les nombreuses affichettes dressées sur les lave-linge, il révèle la tendance. L’achat en seconde main a le vent en poupe, même pour les électros. Un kot à meubler, la quête d’une solution d’appoint lors d’une séparation difficile ou encore des familles cherchant des alternatives durables préservant leur pouvoir d’achat, toutes les histoires de vie se rencontrent chez Sofie. Basée à Jeneffe, c’est une des 5 sociétés coopératives francophones à finalité sociale actives dans le secteur de la réparation et de la vente des électroménagers révisés. D’où proviennent ces appareils à revaloriser ? Des parcs à conteneur ainsi que des détaillants qui débarrassent leurs clients de leurs anciens électroménagers en leur en vendant un de dernière génération. Par an, chaque citoyen abandonne entre 16 et 20 kg d’électros usagés. Les pratiques industrielles visant à réduire la durée d’utilisation d’un produit, appelées « obsolescence programmée », n’y sont certainement pas étrangères.

Annuellement, les coopératives sociales de Wallonie et de Bruxelles collectent quelque 16.300 tonnes d’électroménagers. Un quart est composé d’anciens écrans à tube cathodique, un autre quart de petits électros et la moitié restante est constituée à parts égales de frigos et du « gros blanc ». Dans le jargon, ce dernier comprend les lave-linge, les sèche-linge et les lave-vaisselle. Rentabilité oblige, seuls le gros blanc et les frigidaires ont une chance d’accéder à une seconde vie. Du moins s’ils sont de bonne qualité. « Quand les appareils arrivent au centre, on fait un premier tri visuel. On ne sélectionne que les grandes marques, allemandes pour la plupart et réputées «increvables»  », explique Benjamin Luppolo, chef d’atelier chez Sofie. « Les électros bas de gamme sont démantelés en plastiques ainsi qu’en métaux ferreux et non ferreux, puis vendus à d’autres partenaires du secteur du recyclage. » Finalement, 374 tonnes d’électros réparés seront vendus en seconde main dans les magasins de la filière.

Pour y parvenir, les techniciens désossent véritablement les appareils. Tandis que les carcasses des lave-linge sont nettoyées sous pression, les frigos le sont à la brosse à dents. En outre « les gaz réfrigérants de vieille génération sont prudemment collectés et remplacés par un composé moins nocif pour la couche d’ozone », ajoute-t-il. Les lave-vaisselle sont quant à eux lentement libérés des couches de graisses fondues qui obstruent les pièces. Chaque partie est démontée, lavée et vérifiée. « Quand on se trouve face à une machine, on ignore d’où vient la panne… il faut dès lors tout passer au peigne fin. » Les pièces nécessaires aux réparations sont directement prélevées sur d’autres machines sélectionnées. On considère que pour une seule machine réparée, trois y auront contribué.

Réparer est une chose, s’assurer de la remise à neuf en est une autre. Durant 48 heures, l’isolation des frigos est vérifiée à l’aide de sondes thermiques. Alignés les uns à côté des autres, les lave-linge sont eux soumis à toutes les conditions d’utilisation possibles. Les programmes, la température, la vitesse d’essorage et le bruit du tambour, tout est scruté et aucune malfaçon n’est acceptée.

En proposant les lave-linge Miele à 250 euros, Sofie a les traits du paradis des bonnes affaires. « Les appareils révisés sont proposés au tiers du prix neuf. De plus ils portent le label de qualité electroREV et sont couverts par 6 mois de garantie », explique Michel Simon, directeur de Sofie. Arabelle Rasse, chargée de communication au sein de l’ASBL Ressources (fédératrice des acteurs du secteur) ajoute que « le succès pour les gros électros de seconde main est tel, que les demandes spécifiques s’inscrivent désormais sur liste d’attente. »

Les petits électroménagers sont réparés dans les « Repair Cafés »

Un avenir très différent attend les petits électros arrivés chez Sofie. « Leur qualité est devenue tellement médiocre que tenter de les réparer est une perte de temps et d’argent. Ils sont envoyés directement dans la filière Recupel, pour être broyés après avoir été dépollués », explique Michel Simon. Une fois grippé, votre vieux grille-pain doit-il dès lors être considéré comme mort ? Pas nécessairement. Une seconde vie peut lui être offerte grâce aux mains d’or des réparateurs des « Repair Cafés ». Ces rencontres citoyennes gratuites gagnent du terrain en Belgique. On y apporte ces appareils usagés et on se met à l’ouvrage avec les gens du métier. Le précieux savoir-faire permet alors à des objets préalablement condamnés de retrouver une nouvelle jeunesse.

 

 

Source : www.lesoir.be