Yoani Sanchez, auteure du fameux blog Generacion Y et correspondante du quotidien espagnol El Pais à La Havane, a été arrêtée en province, jeudi 4 octobre, en compagnie de son mari, Reinaldo Escobar, journaliste indépendant.
Le couple s’était rendu à Bayamo (est de Cuba), où devait s’ouvrir, ce vendredi, le procès de l’Espagnol Angel Carromero, qui conduisait la voiture dont le crash a tué Oswaldo Paya et un autre dissident cubain, le 22 juillet. Le chauffeur est accusé d’homicide par les autorités.
La version officielle est controversée. Des proches de Paya estiment que le véhicule était harcelé sur la route par des agents de la Sécurité de l'Etat, ce qui aurait provoqué l’accident mortel.
L’interpellation de Yoani Sanchez et de Reinaldo Escobar a été annoncée sur la blogosphère alternative et sur des comptes Twitter. Elle a été confirmée par des blogueurs favorables au pouvoir. Selon ces derniers, le couple d’opposants aurait eu l’intention de monter « un show médiatique » et de perturber le procès de Carromero.
Les proches du couple prétendent qu’ils faisaient simplement leur travail d’information. Selon leur fils, Teo Escobar, l’interpellation a eu lieu à 18 h, heure locale, mais ses parents n’ont pas été autorisés à lui téléphoner avant 3 heures du matin de vendredi. La nouvelle a immédiatement été répercutée par les réseaux sociaux, les téléphones portables et les messageries électroniques, à Cuba et à l’étranger.
Yoani Sanchez est devenue la bête noire du régime, avec les chroniques de la vie quotidienne de son blog Generacion Y, désormais traduit en plusieurs langues. Elle a souvent été pointée du doigt par la propagande officielle comme l’organisatrice d’une nouvelle forme de subversion via Internet. Yoani a demandé récemment la protection de la Commision interaméricaine des droits de l'homme (CIDH).
Les interpellations plus ou moins prolongées, souvent musclées en province, sont le nouveau mode opératoire de la répression contre les opposants et contre la scène alternative. Au mois de septembre, la Commission cubaine pour les droits de l’homme et la réconciliation nationale a enregistré 533 arrestations arbitraires pour raisons politiques, un nombre en hausse.