Source : www.marianne.net
Mercredi 11 Février 2015 à 16:30
« Le succès de l’auto-entrepreneur est en passe de devenir un phénomène de société » se félicitait Nicolas Sarkozy, encore président de la République, le 14 mai 2009 devant 600 auto-entrepreneurs pour tirer un bilan du statut créé quelques mois plus tôt. Le président ne boudait donc pas son plaisir puisque 150 000 « auto-entreprises » avaient vu le jour. Un an après, dans une émission sur TF1, le même Sarkozy se congratulait de nouveau face à une auto-entrepreneuse : « On a voulu dire aux Français : tentez la culture de la création d’entreprise. Dans la vie, il n’y a pas que les postes dans l’administration, vous pouvez tenter cette aventure. » L’actuel président de l’UMP en avait fait son étendard, mieux son mai 68 à lui, comme une véritable révolution sociétale pour que chaque citoyen puisse enfin devenir son propre patron. Une « société idéale » où il y aurait autant d’entreprises que de Français. Si le statut a connu un véritable engouement, la question se posait de connaître, six ans après sa création, son véritable bilan.
La réponse se trouve dans une étude publiée aujourd’hui par l’Insee qui justement fait le point sur les travailleurs indépendants. On apprend notamment que de 2006 à 2011, « hors agriculture, les effectifs de non-salariés progressent de 26 %, et plus encore dans certaines activités de service : conseil de gestion, design, informatique, activités artistiques et récréatives ou enseignement, notamment ». Au total, « 487 000 auto-entrepreneurs sont économiquement actifs, soit un non-salarié sur cinq, hors agriculture ». De quoi remonter le moral d’un Sarkozy qui va de déconvenue en déconvenue depuis son retour en politique ? Sauf si l'ex-président décide de continuer plus loin la lecture des travaux de l’Insee.
Car l’étude indique aussi que d’une part, 33% de ces auto-entrepreneurs « exercent une activité salariée en complément de leur activité non-salariée, contre 10 % des non-salariés "classiques" » ce qui sous-entend que lorsque l’on est auto-entrepreneur, il est nécessaire de cumuler les activités si l’on veut pouvoir joindre les deux bouts. Mais surtout que pour l’année 2011, alors qu’un non-salarié « classique » gagne en moyenne 3 100 euros par mois de revenu net (contre 2 130 euros pour un salarié du privé), un auto-entrepreneur, lui, atteint les 460 euros…
Tout compte fait, l’« administration », ce n’est pas si mal que ça quand on y pense.
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