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13 mars 2013 3 13 /03 /mars /2013 15:25

 

Médiapart

 

 

Qui est l’auteur du rapport sur le vieillissement de la population remis ce lundi à Jean-Marc Ayrault et à la ministre déléguée Michèle Delaunay ? Un ancien représentant des maisons de retraites à but lucratif ? Un homme d’affaires avisé qui dirige plusieurs journaux spécialisés sur ces questions ? Le directeur d’une société de conseil et de formation qui a facturé son expertise aussi bien à des établissements pour personnes âgées qu’à des collectivités ? Ou bien encore le « Monsieur Personnes âgées » de François Hollande pendant sa campagne présidentielle ? Le conseiller spécial de l’association des départements de France, toujours sur ces mêmes questions de vieillissement ?

Luc Broussy est tout ça à la fois. Le ministère explique avoir fait appel à lui en tant qu’« expert reconnu du secteur ». Connu, oui. Mais « reconnu », c’est moins sûr. Ses nombreuses casquettes ne peuvent que brouiller le discours de celui qui dirige également le masters gérontologie de Sciences-po. À partir de 1997, sa société EPHA a construit un mini-groupe de presse qui édite trois journaux professionnels (environ un million d'euros de chiffres d'affaires en 2011). Puis Luc Broussy s'est agrandi en créant EPHA Formation, qui réalise des missions de conseil auprès des maisons de retraite et des collectivités locales (980 000 euros en 2011).

 

Page d'accueil du blog de Luc Broussy 
Page d'accueil du blog de Luc Broussy

 

Luc Broussy assume : « Je suis dans une schizophrénie totale. Je fais plein de choses qui se sont empilées avec les années, mais je suis d’une honnêteté scrupuleuse. C’est une obligation que je me suis fixée car je suis dans une situation à risques. » Comme toutes les personnes en situation de conflit d’intérêts qui se défendent de l’être, Luc Broussy explique qu’il cloisonne ses différentes activités. Et il a l’air de penser que n’en dissimuler aucune suffit à lever les doutes.

Il vient cependant de reconnaître les limites du genre. La semaine dernière, il a annulé un séminaire monté par sa société EPHA qui devait se tenir le 27 mars, à la Maison de la recherche à Paris. Il y avait convié les professionnels du secteur à réfléchir à la protection sociale et complémentaire, en présence de la ministre Michèle Delaunay et du conseiller social à la présidence de la République Michel Yahiel. Le prix pour assister à la journée ? 1 500 euros. L’affaire a fait jaser. La proximité entre la date de remise du rapport et du séminaire donnait vraiment trop l’impression que Luc Broussy faisait fructifier pour son propre compte une mission supposée d’intérêt général. « Il pouvait y avoir confusion », admet-il. Avant d’assurer que la raison principale de l’annulation est le manque de participants.

Quatre inscriptions auraient pourtant suffi à amortir les frais. La facture pour la location de la salle et des repas pour 50 personnes s’élevait à moins de 6 000 euros. Au ministère, on prend d’ailleurs bien soin de préciser que Michèle Delaunay « ne connaissait pas du tout » le prix d’entrée demandé aux « invités ».

En revanche, la ministre ne voit pas de problème de neutralité à confier le rapport à cet homme embauché au PS en 1989, à tout juste 23 ans, aujourd’hui conseiller général et membre du conseil national du parti après avoir été délégué national du PS aux personnes âgées entre 2000 et 2008.

« Oui, on fait de l'argent avec des petits vieux. Tant mieux ! »

De 1993 à 2005, Luc Broussy a pourtant été délégué général du Syndicat national des maisons de retraité privées (Synerpa), poste auquel sa sœur lui a succédé. Le Synerpa, interlocuteur direct des pouvoirs publics et des médias, défend notamment les intérêts des plus grandes chaînes de maisons de retraite comme Orpea, Medidep ou Domus Vi. Alors que les chiffres d’affaires, les marges de ces établissements et les conditions d’accueil des pensionnaires étaient mis en cause après la canicule de 2003, Luc Broussy déclarait dans L’Express « Oui, on fait de l'argent avec des petits vieux. Tant mieux ! Si c'est le résultat d'une bonne gestion... »


 

Certes, le rapport commandé à Luc Broussy sur « l’adaptation de la société au vieillissement de sa population » ne porte pas sur la réglementation et la tarification des établissements pour personnes âgées. Mais concrètement, que vont bien pouvoir écrire les trois journaux professionnels édités par Luc Broussy (le Mensuel des maisons de retraite destiné aux directeurs d’établissements, le Journal du médecin coordonnateur et le Journal du domicile et des services à la personnesur les recommandations émises par leur patron ? « La rédaction ne traite pas de ce rapport », explique-t-il d’abord. Même si « bien évidemment », elle traitera de ses effets. Charge au lecteur de s’y retrouver…

En même temps, la rédaction de Luc Broussy a l’habitude. Elle a bien expertisé les programmes des candidats à la présidentielle sur les questions de dépendance, dont celui de François Hollande, élaboré par Luc Broussy lui-même.

Luc Broussy, qui encadre l’équipe rédactionnelle, se défend un peu dans tous les sens : il dit à la fois que sa rédaction est « indépendante », et que son journal est « militant ». Cependant, il explique n’avoir pas donné de consigne de vote en 2012 car ses lecteurs qui viennent de tous les bords n’avaient pas apprécié que le journal prenne position en 2007.

Pour preuve de son indépendance, Luc Broussy raconte que suite à un article qui avait déplu à la ministre, celle-ci lui a demandé un droit de réponse, à l’occasion d’un rendez-vous concernant le rapport. Certains y verront plutôt un impossible mélange des genres. Cet ancien membre du cabinet Teulade (ministre des affaires sociales en 1992 et 1993), aujourd’hui proche de Pierre Moscovici, assure également qu’une place en cabinet lui a échappé en 1999 à cause du titre d’un article dans une de ses publications…

Peu lui importe. Luc Broussy se dit désintéressé. Il assure « gagner beaucoup moins d’argent » depuis qu’il fait de la politique, et ne plus facturer depuis 2011 de conseils aux établissements. S’il organise des assises, certes payantes, c’est avant tout, dit-il, pour que puissent discuter entre eux « des professionnels du secteur, qui, en temps normal, ne se parlent pas ».

La vie est bien faite : on peut être désintéressé et gagner pas mal d'argent. En tant que gérant de sa société EHPA Presse (dont il est l’actionnaire très largement majoritaire), il perçoit, au titre de son salaire, 99 000 euros par an. Il touche également 68 400 euros pour EHPA Formation (sa femme, actionnaire également, touche 42 000 euros).

Si de nombreux acteurs du secteur se déclarent choqués, bien peu osent en parler ouvertement. Joëlle Le Gall, présidente de la FNAPAEF (Fédération nationale des associations de personnes âgées et de leurs familles), résume cependant un sentiment très partagé quand elle déclare : « Il est juge et partie. Quand on décide de s'engager politiquement, il faut le faire à temps complet, pour ne pas se retrouver en situation de glisser des idées commerciales, de tout confondre. Et ce qui me gêne un peu, c'est la défense des gros groupes. » Le ministère, lui, n’a pas l’air gêné.

 

 

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