Source : www.marianne.net
Un court rapport de sept pages écrit par Eric Césari, le directeur général de l’UMP, et remis à Copé peu avant le bureau politique du 27 mai, au cours duquel ce dernier s’est retrouvé acculé à la démission. Dans ce document figure notamment le listing précis des 72 conventions et colloques payés par le parti entre le 3 janvier 2010 et le 10 juin 2012, pour un total de plus de 19 millions d’euros (voir ci-dessous le deuxième document).
Sauf que la plupart de ces événements, comme l'expliquait Libé, n’ont jamais eu lieu. Signe qui ne trompe pas, le même montant revient à longueur de page : 299 000 euros tout rond. Un camouflage comptable grossier…
Mais il y a plus savoureux dans ce document. Car le plus sérieusement du monde, Eric Césari imagine dans son rapport les raisons d’un tel dysfonctionnement par ces mots :
Hypothèse 1 : Des engagements de dépenses ont été signés en rapport avec une demande réelle à un moment donné, l’événement ayant été ensuite annulé sans que le service de facturation ait été informé.
Cette hypothèse paraît peu probable ou en tout cas, pas dans de telles proportions. Quoi qu’il en soit, cela pose le problème de la facture émise par le prestataire.
Hypothèse 2 : Des engagements de dépenses et des factures ont été signés alors qu’ils ne correspondaient à aucune prestation réelle et ce avec une intention frauduleuse de l’un ou plusieurs des signataires trompant les autres.
Là encore, le problème de l’émission de la facture par le prestataire est posé »
Un air bien connu qui pourrait se résumer par : « C'est pas moi, c’est les autres ». Car Césari, dans les deux hypothèses renvoie la faute in fine sur la seule société Bygmalion… Or, comme l’ont révélé les premiers éléments issus de l’enquête préliminaire, ces fausses factures « ventilées » sur des conventions bidons de l’UMP étaient destinées à maquiller les dépassements faramineux des comptes de campagne de Nicolas Sarkozy.
« Il faut sauver le soldat Césari »
Notre enquête publiée dans Marianne cette semaine démontre d’ailleurs que l’étau se resserre autour de l’ex-président de la République et de son entourage. Alors que Jérôme Lavrilleux ne disposait pas de la délégation de signature durant la campagne présidentielle, qui d’autre en dehors d’Eric Césari, chargé également des meetings, aurait pu signer les devis d’Event & Cie ? En début de semaine, Libération a d’ailleurs révélé que seule la signature d’Eric Cesari figurait sur les devis des conventions bidons.
Voilà pourquoi « l’opération “il faut sauver le soldat Césari” a été enclenchée », commente un acteur du dossier. Bien discret depuis le début de l’affaire Bygmalion, le directeur général de l’UMP est une des pièces maîtresses de la Sarkozie. Ancien collaborateur de Charles Pasqua, il a connu Nicolas Sarkozy en 2004, quand ce dernier s’est replié sur la présidence du Conseil général des Hauts-de-Seine, avant de prendre la tête de l’UMP.
Justement, si Nicolas Sarkozy semble à plus d’un titre vouloir revenir dans le jeu politique et hâter son retour à la tête du parti, c’est aussi parce que la maison UMP renferme de lourds secrets à ne pas laisser dans n’importe quelles mains. Les pièces comptables qui permettraient d’y voir plus clair — les devis et les engagements de dépenses —, avaient d’ailleurs été mises sous scellés fin février, sur demande de Jérôme Lavrilleux. Elles ont alors été entreposées dans le bureau 504, au 5ème étage du siège de l’UMP. Ces pièces étaient celles des campagnes présidentielles de 2012… et de 2007. On comprend mieux la panique de la Sarkozie…
Source : www.marianne.net