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17 avril 2013 3 17 /04 /avril /2013 14:16

 

Médiapart

 

 

Après plusieurs contretemps, Tepco, l’exploitant de la centrale de Fukushima Daiichi, a commencé le 16 avril à évacuer l’eau radioactive d’un réservoir souterrain affecté par une fuite dans une piscine en surface. La fuite a été repérée le 5 avril, mais une cascade de problèmes a empêché l’opération de vidange de débuter plus tôt (voir notre article ici).

 

L'un des réservoirs souterrains de Fukushima  
L'un des réservoirs souterrains de Fukushima © Tepco

Les ennuis de Tepco ont conduit Kiyoshi Kurokawa, l’ancien président de la commission d’enquête parlementaire japonaise sur l’accident de Fukushima, à déclarer le 8 avril qu’« à l’évidence, la crise n’est toujours pas sous contrôle ».

Malgré cet échec, le gouvernement de Shinzo Abe (Parti libéral démocrate) défend fermement une politique énergétique de relance du nucléaire japonais, quasiment à l’arrêt depuis l’accident de Fukushima. Abe a effectué un virage à 180° par rapport à son prédécesseur Noda, qui avait amorcé une sortie du nucléaire.

En mars, Abe a fait modifier la composition d’un comité d’experts chargé de conseiller le gouvernement sur la politique énergétique, remplaçant six personnalités opposées au nucléaire par d’autres qui lui sont favorables. Le nouveau président du comité est Akio Mimura, conseiller de Nippon Steel & Sumitomo, qui a fait la promotion du nucléaire sous un précédent gouvernement du Parti libéral démocrate, selon The Japan Times.

L’ambiance est donc à la réhabilitation du nucléaire, malgré l’inquiétude suscitée par l’incapacité persistante de Tepco à maîtriser la situation de Fukushima. C’est dans ce contexte tendu qu’une équipe de treize experts de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) vient d’arriver au Japon pour une mission d’une semaine, qui comporte une inspection de la centrale. L’objectif premier de l’équipe de l’AIEA est d’analyser le plan de démantèlement de l’installation prévu par Tepco (dont la durée est estimée à 40 ans au moins). Mais les experts vont aussi évaluer la situation présente et les incidents récents survenus sur le site. Ils devraient rendre un rapport préliminaire le 22 avril.

 

Shinzo Abe en septembre 2012  
Shinzo Abe en septembre 2012 © TTTNIS

Quelles que soient leurs conclusions, il est clair que Tepco rencontre des difficultés croissantes, en particulier pour traiter l’énorme quantité radioactive accumulée sur le site. Cette eau a été utilisée pour refroidir les réacteurs et les maintenir dans un état stable. Mais le problème de son stockage devient de plus en plus préoccupant.

Environ 280 000 mètres cubes d’eau contaminée se trouvent actuellement sur le site, stockés dans sept réservoirs souterrains et dans des piscines en surface. La capacité totale de stockage est de l’ordre de 325 000 mètres cubes, dont plus de 80 % sont déjà utilisés.

Qui plus est, une partie de cette capacité de stockage fait désormais défaut. Le 5 avril, Tepco a repéré une fuite dans le réservoir n°2, contenant 13 000 mètres cubes d’eau contaminée. L’exploitant a décidé de transférer cette eau dans le réservoir adjacent, le n°1. Mais le 9 avril, Tepco a constaté que le réservoir n°1 fuyait lui aussi et a interrompu le transvasement.

Une autre fuite a ensuite été découverte dans le réservoir n°3, où sont stockés environ 10 400 mètres cubes d’eau contenant du strontium et d’autres radio-éléments. Pour évacuer ce liquide, ainsi que celui du réservoir n°2, l’opérateur a installé un circuit de tuyauteries, mais une nouvelle fuite a été constatée dans ces tuyaux le 11 avril.

Finalement, Tepco a annoncé le 16 avril qu’il n’y avait plus de fuite dans le circuit de tuyauterie et que la vidange du réservoir n°2 en direction d’un réservoir en surface pouvait enfin commencer. Il aura donc fallu plus de dix jours pour débuter l’opération, qui se poursuit avec un débit de 20 mètres cubes d’eau par heure.

À ce rythme, et sous réserve qu’il n’y ait pas d’autre incident, le réservoir n°2 devrait être vidé d’ici environ un mois. En fait, Tepco prévoit de transvaser, d’ici juin, 23 000 mètres cubes d’eau actuellement contenus dans les réservoirs nos1 et 2, ceux dont les fuites sont les plus importantes. Dans l’intervalle, les fuites se traduisent par une pollution du sol environnant les réservoirs, mais l’exploitant estime que la contamination n’atteindra pas l’océan. De plus, Tepco prévoit de pomper l’eau qui fuit et de la remettre dans les réservoirs, afin de limiter l’impact sur l’environnement.

 

Manifestation anti-nucléaire devant la résidence du premier ministre Noda (septembre 2012)  
Manifestation anti-nucléaire devant la résidence du premier ministre Noda (septembre 2012) © Yuriko Nakao/Reuters

À moyen terme, Tepco manquera de capacité de stockage pour l’eau de refroidissement des réacteurs : il faut bien continuer à les refroidir, de sorte que 400 mètres cubes de liquide radioactif viennent s’ajouter chaque jour au stock existant. On ne peut pas construire indéfiniment de nouveaux réservoirs, et l’exploitant doit trouver une autre solution. Pour l’instant, le problème de l’accumulation d’eau contaminée sur le site n’est pas résolu.

Tandis que Tepco peine à stabiliser la situation de Fukushima, le débat se poursuit sur l’avenir du nucléaire au Japon. Le tribunal d’Osaka vient de rejeter une plainte déposée en mars 2012 par 260 habitants de l’ouest du pays. Ces derniers s’opposent à la remise en route de deux réacteurs à la centrale d’Ohi, dans la préfecture de Fukui, sur la côte ouest du pays. Les deux réacteurs, exploités par Kansai Electric, ont redémarré pendant l’été 2012 et sont les seuls à fonctionner aujourd’hui, sur la cinquantaine de réacteurs nucléaires installés au Japon.

Les plaignants ont avancé deux arguments principaux : primo, ils estiment que l’accident de Fukushima démontre l’insuffisance des règles de sécurité ; secundo, ils mettent en avant le risque de séisme majeur dans la région d’Ohi, où se trouvent trois failles sismiques. Le gouvernement n’a pas tenu compte de la plainte et, en juin dernier, a autorisé Kansai à remettre en route ses réacteurs.

Le tribunal d’Osaka n’a pas non plus été convaincu par les arguments des plaignants, et a jugé que les deux réacteurs fonctionnaient dans des conditions de sécurité satisfaisantes.

D’autre part, deux bateaux chargés de MOX, un combustible nucléaire fabriqué par Areva qui contient du plutonium, doivent très prochainement partir de Cherbourg à destination du Japon. Areva a en effet des contrats avec huit compagnies d’électricité japonaises, notamment Tepco et Kansai, et a déjà effectué quatre transports de MOX au Japon (en 1999, 2001, 2009 et 2010).

Aucun transport n’avait eu lieu depuis le tsunami du 11 mars 2011. La nouvelle livraison de MOX est destinée à un réacteur de Kansai situé à la centrale de Takahama, actuellement à l’arrêt. Ce qui implique qu’au moins un nouveau réacteur devrait redémarrer dans les mois à venir.

En septembre 2012, le gouvernement de Yoshihiko Noda (Parti démocrate japonais) avait opté pour une sortie progressive du nucléaire, à l’horizon de 2040. Mais le parti de Noda a été battu aux élections de décembre 2012 par le Parti libéral démocrate, traditionnellement favorable au nucléaire. Et le nouveau premier ministre, Shinzo Abe, affiche clairement sa volonté de relancer le nucléaire. Abe avance l’argument économique du déséquilibre de la balance commerciale dû aux achats de gaz pour compenser le nucléaire à l’arrêt. De plus, la pression du lobby de l’atome, à l’intérieur du Japon comme à l’extérieur, est très forte. Malgré l’opposition d’une majorité de la population, et au risque de nouveaux accidents, l’empire du Soleil levant pourrait bien se préparer un avenir radieux.

 


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