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1 avril 2016 5 01 /04 /avril /2016 15:00

 

Source : https://www.mediapart.fr

 

 

A Paris, la première «Nuit debout» tient jusqu'au petit matin
1 avril 2016 | Par christophe Gueugneau
 
 
 

Hier soir place de la République, ils étaient des centaines, jeunes et moins jeunes, pour un rassemblement ludique et studieux à la fois. L’évacuation du site par la police au petit matin ne leur a pas coupé l’envie : un nouveau rendez-vous est donné ce soir à 18 heures.

Et la pluie s’arrêta. Après une journée de défilé parisien sous des trombes d’eau mais fort d'une grosse mobilisation, les quelques courageux qui étaient allés directement au rendez-vous place de la République, pour une première « Nuit Debout », ont finalement été récompensés. D’une petite centaine à 18 heures jeudi soir, la foule a vite grossi, pour atteindre un bon millier – peut-être plus – quelques heures plus tard alors que la pluie avait cessé.

L’idée a germé lors d’une petite réunion le 23 février dernier, autour de journalistes de Fakir, de membres du collectif Les Engraineurs, ou encore du DAL. Une AG de recrutement s’est tenue le 14 mars, soit 5 jours après la première grosse manifestation du 9. Des 200 personnes qui avaient fait le déplacement, une grosse centaine s’est portée volontaire pour organiser ce qui allait devenir la « Nuit Debout » : commission médias, commission matériel, commission communication, etc. Outre Paris, l’événement est prévu également dans certaines villes de province comme Lyon, Caen, Nantes, etc. (voir ici la liste complète où des événements étaient prévus).

Ce jeudi soir à Paris, les commissions semblent avoir fonctionné : une grande bâche est installée pour accueillir une AG permanente à l’abri de la pluie, un camion est équipé pour donner des concerts, un écran géant pour diffuser Merci Patron, le documentaire de François Ruffin, lui-même journaliste à Fakir (nous y reviendrons). Une tente est estampillée « Infirmerie », entourée d’un côté d’une tente du DAL et de l’autre d’une bâche « Paris 8 ». Les organisateurs ont obtenu de la préfecture la possibilité de rester trois jours sur place – ce qui n’a pas empêché la police de procéder à l’évacuation, dans le calme, des lieux vers 5 heures vendredi matin. Un nouveau rendez-vous est d’ores et déjà fixé pour ce soir 18 heures.

Les premières heures de cette « Nuit Debout » sont consacrées à peaufiner l’organisation. Chacun peut prendre le micro et parler deux minutes. Comme c’était le cas lors du mouvement des Indignados espagnols ou du Occupy Wall Street américain, on évite d’applaudir, préférant agiter la main en l’air. « Comment rester ici pendant trois jours et pour y faire quoi ? », interroge un orateur. « Il faut créer des commissions sanitaires, nourriture, etc. », dit un autre. « Il faut que les femmes soient représentées, et déjà qu’elles puissent parler comme les hommes », lance une jeune femme.

 

Jeudi 31 mars, place de la République à Paris © CG Jeudi 31 mars, place de la République à Paris © CG

 

La place se remplit peu à peu, des gens se massent devant le concert en cours. Bientôt interrompu par un discours de l’économiste Frédéric Lordon (filmé par un collègue de Politis et à retrouver intégralement ici). Une courte allocution, parce que, comme il le dit, « il y a des AG, y a des concerts, toutes ces choses se suffisent à elles-mêmes et n’ont besoin de rien d’autre ». « Mine de rien, il est possible que l’on soit en train de faire quelque chose (…) aujourd’hui nous changeons les règles du jeu », ajoute-t-il devant un public conquis. Lordon se félicite de l’émergence d’un « désir politique qui pose et qui affirme ». « Ceux dont on attendait qu’ils revendiquent sagement ne veulent plus revendiquer, ceux qui étaient séparés se réunissent. » De fait, l’économiste semble avoir consacré ces trois derniers jours à réfléchir au moment en cours. Il était déjà intervenu la veille, le 30 mars, à l’AG de Tolbiac (voir la vidéo ci-dessous) et avait écrit un long texte sur son blog du Monde diplo (à lire ici). On l’apercevra quelques minutes plus tard sautillant sur la musique du prochain concert.

 

 

 

Intervention de Frédéric Lordon à l'AG de Tolbiac le 30 mars 2016. © Convergence des Luttes

 

Vers 21 heures, la foule grossit encore. Beaucoup de jeunes mais aussi de moins jeunes. Souvent repassés par chez eux pour changer leurs vêtements détrempés par la manifestation sous la pluie de l’après-midi. Samy est là avec un groupe d’amis. Casquette, sweat à capuche, de la bière plein les yeux, il roule une cigarette en lançant « le salariat c’est foutu, monsieur. Moi, je suis chômeur parce que je ne veux plus prendre le fric des autres »

 

« Ça me rappelle énormément ce qui s’était passé en Espagne en 2011 »

 

Sur la scène, HK et les Saltimbanks jouent devant un public survolté. « Vous savez, il y a un truc qui nous tient tous à cœur ici, c’est la convergence des luttes », lance le chanteur sous les applaudissements.

Il est 23 heures à présent, de l’autre côté de la place, un organisateur se tient devant un écran géant. Il propose de couper l’AG pour diffuser le film Merci patron« mais bon, je ne veux pas vous couper, c’est super important qu’on discute, et on ne sait pas encore ce que ça va donner mais on est là et bien là ». L’AG est déplacée pour laisser place au documentaire de François Ruffin sur une famille du Nord licenciée par une filiale de LVMH qui finit par gagner son combat contre son ancien patron, Bernard Arnault (Mediapart en avait parlé entre autres ici, et ). La séance improvisée fait vite le plein, des gens s’assoient à même le sol, d’autres restent debout, tous sont attentifs et réagissent. Ainsi la famille Klur est très applaudie dès sa première apparition, tandis que Bernard Arnault, François Hollande ou même François Chérèque, l’ancien patron de la CFDT, sont copieusement sifflés.

 

Pendant la diffusion de Merci Patron © CG Pendant la diffusion de Merci Patron © CG

 

Lisa suit le documentaire de loin en loin, discutant aussi avec deux camarades. Éducatrice, elle est au chômage depuis 8 mois, et a déjà vu le film. « Il montre ce qu’on ne voit pas forcément, il fait prendre conscience de la merditude des choses comme dirait l’autre. » Elle ne sait pas si elle va passer la nuit complète ici, et pour tout dire cela semble compromis étant donné qu’elle n’a ni tente ni même couverture. Sur l’échiquier politique, elle « ne sait plus en quel parti croire » et vote Verts par défaut au premier tour, et pour le candidat « qui l’énerve le moins au second »« Je rêve d’une révolution », dit-elle dans un sourire.

À la fin du film, les gens reprennent en chœur « Merci patron », la chanson des Charlots. François Ruffin prend le micro, refait, il le confesse lui-même, le même speech qu’il tient à toutes les projections. Il ajoute : « C’est émouvant de voir son film repris comme un outil de lutte. À la fin, Bernard Arnault dit : “J’espère que les révolutionnaires se calmeront l’année prochaine”, eh bien, moi, j’espère que non. »

Ailleurs sur la place, des petits malins sont allés acheter des bières en grande quantité et tentent de les vendre, mais à 4 euros la canette, la foule ne se bouscule pas vraiment. D’autant que chacun est venu bien pourvu, en bouteilles de bière comme de vin. Il est plus d’une heure du matin et la place reste motivée. Une fanfare a attiré les danseurs, pendant que l’AG se poursuit. Sophie Tissier, l’intermittente qui vient tout juste de gagner en appel son combat contre la chaîne Direct 8 (lire sa tribune sur Mediapart), intervient à son tour pour témoigner de ce qu’il est « possible de gagner aussi parfois ». Un autre intervenant propose une organisation pour tenir les trois jours, « d’ailleurs une caisse a circulé, j’aimerais bien savoir où elle se trouve à présent ».

Il est deux heures. Nino et Olivier d’ENS Cachan, et Justine, d’Ulm, ne vont pas tarder à rentrer chez eux. « À Cachan, c’est vrai qu’on n’est pas très nombreux, mais il y a quand même des AG », dit Nino. « Écrivez bien aussi qu’on va organiser là-bas une diffusion de Merci Patron mercredi prochain, ça va faire venir du monde », ajoute Olivier. Des volontaires circulent avec des sacs-poubelle pour ramasser bouteilles et gobelet. 

 

Un brasero à proximité de la tente de Paris 8 © CG Un brasero à proximité de la tente de Paris 8 © CG

 

Dans l’AG, un Espagnol d’environ 30 ans intervient : « Ça me rappelle énormément ce qui s’était passé en Espagne en 2011. » Fort de cette expérience, il se permet quelques conseils : « Il faut commencer tout de suite à réfléchir à comment structurer le mouvement ici, il faut faire des commissions avec un petit nombre de personnes dans chacune d’elles. » Un autre lance : « Il faut se sortir les doigts du cul. » Depuis l’assistance, quelqu’un crie : « Faudrait peut-être aussi laisser parler des filles. » Une femme de 40 ans environ prend la parole, elle aussi est espagnole : « La première chose qui manque, c’est des toilettes sèches ! »

Il est près de 5 heures, ne reste qu’une cinquantaine de personnes qui quittent sans heurts la place à la demande de la police. Rendez-vous est d’ores et déjà donné ce soir à 18 heures, même endroit, même principe. Le DAL et le CIP (coordination des intermittents et précaires) annoncent leur présence, de même que les étudiants de Paris 1 et Paris 4. Sur Twitter, certains ne manquent pas de rappeler que les indignés qui occupaient des places en Espagne étaient systématiquement évacués au début, mais qu’ils revenaient chaque fois plus nombreux. 

 

 

 

 

Source : https://www.mediapart.fr

 

 

 

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