Source : www.reporterre.net
Benjamin Pietrapiana (Reporterre)
mardi 18 novembre 2014
Sur le campus de l’Université de Bordeaux, la récupération des objets est lancée. Ateliers, bricolage, troc..., Etu’Récup insuffle du lien et de la vie dans ces lieux impersonnels en luttant contre le gaspillage.
Bordeaux, correspondance
Le facile à acheter est tout aussi facile à jeter. On peut le voir dans les déchetteries de France, où des meubles parfaitement utilisables côtoient de l’électroménager non trié et des vélos à peine rouillés. Face à ce constat, les étudiants et leurs associations du campus de Bordeaux se réunissent et innovent.
Une asso innovante
Les ressourceries, qui fleurissent en France depuis les années 2000, ont fait leur credo de la récup’ des déchets et leur réhabilitation. S’inspirant de ce modèle, l’association Etu’Récup en a implanté une sur le campus de Bordeaux. Au total, l’association réunit neuf associations au conseil d’administration ainsi qu’une trentaine de personnes physiques.
« Au départ, il s’agissait de réunir les associations étudiantes autour d’un projet fédérant leurs tropismes », résume Aurélie Schild, la coordinatrice associative qui a répondu à un appel d’offres émanant du Crous et de la Communauté urbaine de Bordeaux (CUB), dans le cadre du plan local de prévention des déchets. L’objectif : exploiter les ressources de ce lieu qui n’en manque pas.
Cette initiative, du fait de son implantation sur un campus, est la première de ce type. L’asso’, située à la pointe du bâtiment Le Vent Debout, le restaurant universitaire du campus de Pessac, prend les devants et ouvre ses portes aux publics le 18 novembre.
De tout à petits prix
L’aventure a débuté en mars 2014, mais le projet mûrit depuis 2012. Initialement conçu comme une simple ressourcerie, il a pris une autre dimension sous la direction d’Aurélie Schild. « Le constat était désolant », dit-elle. En juin, les étudiants qui partent laissent derrière eux meubles et autres appareils électroménagers alors qu’en septembre, les nouveaux arrivants achètent du neuf au prix courant.
Le projet veut répondre aux besoins des étudiants du campus, mais pas seulement. L’offre ? « En gros, tout ce qui peut servir à un étudiant, des livres, des meubles, de l’électroménager élémentaire. Tout le monde pourra faire ses menues réparations, et ses petits achats », indique Aurélie. Pour quels prix ? Ceux-ci varient, mais sont plus qu’abordables : 40 euros pour un vélo, 8 euros pour un four, 5 euros pour un four à micro-ondes... Qui dit mieux !
- Aurélie Schild et Johanna Cavator -
Il y a actuellement deux tarifs, étudiant et non-étudiant, mais Aurélie envisage d’instaurer sous peu une grille de prix indexés sur des critères sociaux. Les profits générés par la vente serviront à financer l’acquisition des outils nécessaires à la récup’ et au travail de réhabilitation, ainsi qu’à rémunérer les deux salariés de l’association.
Etu’Récup propose également des ateliers. Leurs précédents succès lors des événements de l’été confortent ces jeunes dans leur dynamique. Aurélie se remémore l’expérience du Reggae Sun Ska Festival, qui s’est tenu au mois d’août dans le Médoc. « On a fourni au staff du festival cinquante vélos de notre création réalisés à partir d’épaves de bicyclettes. À Bordeaux, dans la CUB et sur le campus, ce n’est pas ce qui manque ! », s’amuse-t-elle.
Dans la proue du bateau Le vent debout, les ateliers de fabrication et de réparation de vélos commenceront dès l’ouverture, au nombre de deux par semaine. Bientôt, des intervenants compétents seront présents lors d’ateliers simples, mais spécifiques, comme « répare ton frein » ou « ponce ta chaine », ajoute Frederic Fernandes, étudiant lusophone à Bordeaux 3, très investi dans l’association.
Recréer du lien
Outre ces occupations, Etu’Récup agit aussi dans l’immatériel et crée du lien à différentes échelles. « On dit souvent que le campus de l’université de Bordeaux, qui s’étale sur Talence, Pessac et Gradignan, est un lieu abandonné, perdu. Une de nos volontés est de recréer des liens entre les étudiants, les riverains et le personnel de l’université, mais également entre Talence, Pessac et Bordeaux, trois villes de la CUB », complète Johana Cavatore, administratrice d’Etu’Récup.
Et pour ce faire, « on réunit les gens autour d’activités. On apprend ensemble et par nous-mêmes. Ensuite, on fait circuler le savoir, c’est aussi ça le but ». Au final, on est proche de cette éthique DIYDIT (Do It Yourself, Do It Together, Fais-le toi-même, fais-le ensemble).
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