Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
25 août 2014 1 25 /08 /août /2014 17:52

 

Source : cadtm.org

 


CADTM

 

 

Université d’été européenne des mouvements sociaux

Le réseau CADTM à l’Université d’été des mouvements sociaux organisée par ATTAC à Paris : compte-rendu de la troisième journée

24 août par Anouk Renaud , Maud Bailly

 

 


Il est 9h, l’équipe du CADTM s’éveille pour le 3e jour de l’Université européenne des mouvements sociaux. Nous poursuivons sur notre lancée et notre tiercé gagnant : séminaires, ateliers et stand. Beaucoup de personnes nous ont remerciés pour le séminaire que nous avons organisé sur la dette et nous ont dit les avoir convaincues. À l’image de cette participante qui nous a confié avoir enfin compris la problématique de la dette. À ceux-ci, nous donnons rendez-vous aux Rencontres d’été du CADTM, le 13 et 14 septembre à Namur pour approfondir cette thématique de la dette. Aux autres, qui ont encore le sentiment de nager, nous les invitons également à cet événement convivial et où seront organisés des ateliers revenant sur les mécanismes de l’endettement au Nord et au Sud. En attendant de vous y retrouver, voici un bref retour sur cette journée parisienne du vendredi 22 août.

SEMINAIRE DETTE – « Les créances européennes »

Nicolas SERSIRON (CADTM France) a ouvert le troisième et dernier round du séminaire sur les dettes illégitimes, organisé par le CADTM. Il a rappelé l’origine des dettes des pays du Sud qui trouvent leur source dans la volonté de conquête du Vieux Continent et de pillage des ressources (naturelles, humaines et financières) . Après la deuxième guerre mondiale, suite aux indépendances, le mécanisme de la dette odieuse a été utilisé pour garder la mainmise sur les pays nouvellement indépendants . Les créances européennes constituent ainsi un levier du système capitaliste industriel-extractiviste.Le montant du transfert financier du Sud vers le Nord ces 25 dernières années s’élève à 665 milliards de dollars, soit l’équivalent de 6 plans Marshall ! et reflète l’accaparement des matières premières et de la plus-value des travailleurs. La multiplication des accords de libre-échange vise à faciliter ce transfert de ressources - à l’image de l’Accord de partenariat économique entre l’Union Européenne et les pays ACP (Afrique-Caraïbe-Pacifique), équivalent du TAFTA (Traité de libre-échange UE-USA) qui menace les peuples européens. En somme, la revendication de l’annulation des dettes illégitimes doit impérativement aller de pair avec celle d’une sortie de ce système qui consiste à endetter pour piller, en vue de construire une société post extractiviste, post consumériste, et donc post capitaliste.

Mimoun RAHMANI (ATTAC-CADTM Maroc) a quant à lui illustré le mécanisme du « Système dette » à partir d’un exemple concret au Sud : celui de la dette publique marocaine. Cette dernière s ’élève à 75% du PIB, et le service de la dette accapare un tiers du budget de l’État, soit 8 fois celui accordé à la santé, 2 fois celui accordé à l’éducation. Si l’on se penche sur la dette publique externe du Maroc (c’est-à-dire celle détenue par des créanciers étrangers), depuis 1983 (application des plans d’ajustement structurel), le Maroc a déboursé 136 milliards de dollars à destination de ses créanciers, ce qui représente 9 fois sa dette initiale , mais il lui reste néanmoins 25 milliards de dollars à rembourser. Devinez quel est le premier pays créancier ? La France ! Ancienne puissance coloniale, aujourd’hui puissance néocoloniale. Et cette dette externe ne décroit pas malgré l’application des « politiques de gestion active de la dette », imposées par le FMI, sous couvert d’une soi-disant stratégie de réduction de dette, qui n’est autre qu’une stratégie d’accaparement des secteurs stratégiques du pays (eau, électricité...). Enfin, a signalé Mimoun RAHMANI, le Maroc est lui menacé par les accords de libre-échange : l’ALECA (Accords de libre-échange complet et approfondi) fait l’objet de négociations secrètes avec l’Union européenne, auxquelles se joignent la Tunisie, l’Égypte et la Jordanie.

L’intervention de Peter SLAATREM TITLAND (ATTAC Norvège) s’inscrivait dans la perspective d’un pays européen créancier, la Norvège en l’occurrence, souvent cité comme exemple de modèle d’État-providence. La Norvège, a-t-il martelé, tient une responsabilité dans la crise européenne, et elle devrait donc en assumer les pertes plutôt que de tirer profit du saccage des droits sociaux et économiques qui accablent les peuples voisins. « Je ne vois pas le problème, a déclaré le Ministre des affaires étrangères norvégien, que la Norvège s’enrichisse avec la crise financière. » ! Le rapport d’ATTAC Norvège qui vient de paraître « On the other side of the financial crisis » présente une analyse des créances du pays scandinave à l’égard des pays de la « périphérie » européenne : comment celles-ci ont contribué à la création de la bulle immobilière et à l’éclatement de la crise et comment elles tirent profit de la situation aujourd’hui. Peter SLAATREM TITLAND nous a ainsi rappelé le rôle fondamental que nous avons à assumer en tant que citoyens d’un pays créancier, afin de faire pression sur nos gouvernements pour qu’ils réalisent un audit de leurs créances. À l’instar de la victoire obtenue en 2006, lorsque - sous la pression des mouvements sociaux – la Norvège avait décrété l’annulation unilatérale des créances qu’elle détenait à l’égard de cinq pays du Sud (Équateur, Égypte, Jamaïque, Pérou, Sierra Leone) concernant des « prêts liés », reconnus comme « illégitimes ».

C’est donc sur cette note d’espoir que s’est clôturé le séminaire sur les dettes illégitimes : l’espoir dans le pouvoir de la mobilisation citoyenne. La lutte pour l’annulation des dettes illégitimes doit donc plus que jamais être poursuivie – au Nord et au Sud, en coopération étroite - si l’on veut impulser l’annulation de toutes les dettes illégitimes.

ATELIER– « Le microcrédit, un outil supplémentaire au service de la finance contre les peuples ? », co-organisé par CADTM Belgique, CADTM-ATTAC Maroc et Maroc Solidarité citoyenne.

En introduction, Zaïna OUBIHI (ATTAC-CADTM Maroc) a rappelé la situation de plusieurs femmes victimes du microcrédit, dans les régions de Ouarzazate et Zagora, qui fut le point de départ d’une lutte acharnée et qui dure maintenant depuis trois ans. |1|

Cet atelier a évoqué ces dérives mais a également démontré comment le microcrédit est devenu un outil au service de la finance et du patriarcat et cela particulièrement dans le contexte actuel de crise.

Après avoir rappelé quelques chiffres sur l’importance et la réalité du microcrédit aujourd’hui dans le monde, Pauline IMBACH (CADTM France) a d’abord évoqué l’idéologie sous-jacente au microcrédit, présenté comme un outil de réduction de la pauvreté, elle-même considérée non pas comme le produit d’un rapport politique et social mais comme une donnée naturelle et individuelle. Le lien avec la privatisation des services publics a également été mis en avant, dans la mesure où beaucoup de microcrédits s’avèrent être des prêts à la consommation, venant pallier le déficit de services publics. Ce qui ne permet pas aux contractants de dégager des revenus pour le remboursement de leurs crédits, les plongeant alors dans le surendettement.

Les grands gagnants de cette nouvelle euphorie dont fait l’objet le microcrédit demeurent sans aucun doute les institutions financières, qui ont devant elles un nouveau marché énorme : celui des pauvres, qui ne cesse de croître avec la crise. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard, si les institutions de microfinance se sont installées dans les PED, suite aux ravages opérés par les plans d’ajustement structurel. Voir l’article de l’intervention : http://cadtm.org/Le-microcredit-un-...

Lucile DAUMAS (CADTM-ATTAC Maroc) est revenue, quant à elle, sur l’aspect genré du microcrédit, étant donné que 80% des bénéficiaires sont des femmes. Bien loin d’être un outil « d’empowerment » des femmes comme aiment le rappeler les institutions de microfinance, le microcrédit les enferment dans la spirale du surendettement, les amenant parfois à se prostituer ou à déscolariser leurs enfants. Il les expose aussi à des violences conjugales et exacerbe les conflits entre les femmes, puisque les microcrédits sont souvent conditionnés à une garantie qu’apportent ces dernières.

Force est de constater l’alliance du système bancaire et capitaliste avec le patriarcat, car le microcrédit permet de récupérer la plus-value issue du travail informel réalisé par les femmes et vient pallier un démantèlement des services publics, dont les femmes sont les premières bénéficiaires. Mais comme le rappelle Lucile, les femmes marocaines se mobilisent face à cette double oppression, faisant du mouvement de lutte contre le microcrédit un véritable outil de politisation et d’émancipation.

Notons en conclusion, quelques réactions des participant.e.s pointant le fait que malgré les dérives, le microcrédit a permis à certains de s’en sortir. Ce à quoi Pauline répond que l’on ne peut certes pas nier les success stories qu’a permis le microcrédit, mais qu’elles s’avèrent largement dérisoires au regard du changement global que nous voulons. En effet, afin de construire cet autre monde pour lequel luttent les gens réunis ces trois derniers jours à Paris, « nous ne pouvons prendre appui sur des outils où pour un gagnant il y en a 999 autres qui perdent et via lesquels les grandes gagnantes demeurent les banques ».

Notes

|1| Pour en savoir plus sur la situation de ces femmes marocaines et des luttes en cours : http://cadtm.org/Microcredit,777?lang=fr

 

 

Source : cadtm.org

 

 

Partager cet article
Repost0

commentaires

Présentation

  • : Démocratie Réelle Maintenant des Indignés de Nîmes
  • : Le blog des Indignés de Nimes et de la Démocratie Réelle Maintenant à Nimes
  • Contact

Texte Libre

INFO IMPORTANTE

 

DEPUIS DEBUT AOÛT 2014

OVERBLOG NOUS IMPOSE ET PLACE DES PUBS

SUR NOTRE BLOG

CELA VA A L'ENCONTRE DE NOTRE ETHIQUE ET DE NOS CHOIX


NE CLIQUEZ PAS SUR CES PUBS !

Recherche

Texte Libre

ter 

Nouvelle-image.JPG

Badge

 

          Depuis le 26 Mai 2011,

        Nous nous réunissons

                 tous les soirs

      devant la maison carrée

 

       A partir du 16 Juillet 2014

            et pendant l'été

                     RV

       chaque mercredi à 18h

                et samedi à 13h

    sur le terrain de Caveirac

                Rejoignez-nous  

et venez partager ce lieu avec nous !



  Th-o indign-(1)

55

9b22