Mais les majoritaires ne sont plus ceux qu'on pensait. Le mouvement " Tamarrod", " Rébellion", a réussi à mobiliser 14 millions d'e manifestants( chiffres donnés par des sources militaires) le dimanche 30 juin contre Mohamed Morsi, Frère musulman désormais récusé par le peuple. Ce peuple qui l'avait pourtant élu voici un an;
Incroyable renversement! L'énigme du Nil!
Que va faire l'armée?
Que n'avait-on pas dit de Mohamed Morsi, pourtant, voici un an! Comme d'habitude, les commentaires macéraient dans l'eau bénite: l'homme, oint par le suffrage universel, avait bien entendu " changé" du tout au tout, il n'était plus ce Frère musulman ultra-réactionnaire, bigot, d'envergure limitée, dont le charisme avait pourtant échappé à la plupart des journalistes dans les mois précédents. Le nouveau président devait conjuguer le talent oratoire et la diplomatie, tirer le fellah du Nil de son malheur, en finir avec la corruption qui avait été le vrai moteur de l'insurrection anti-Moubarak.
En matière diplomatique, on célébrait son art de la médiation à Gaza. En matière économique...il était urgent d'attendre!
Un an plus tard, où en est l'Egypte? Plus pauvre, plus divisée, plus corrompue, plus meurtrie, elle a vu ses enfants s'entretuer à Port-Saïd, ses jeunes toujours embastillés, son aura sur la scène internationale sombrer.
La sécurité est une chimère: le lynchage est devenu une sorte de réflexe dans plusieurs villes et villages. Pas de police, pas de justice: la pulsion règne.
Haine de l'autre: les Coptes, bien sûr, ces chrétiens que Moubarak non plus n'avait pas protégés, mais aussi la haine des chiites, minorité musulmane de l'Egypte majoritairement sunnite. On a lynché à mort toute une famille la semaine passée;
Et là-haut, dans le ciel et les ors des palais de la révolution bénie par Dieu, qu' a fait Mohamed Morsi?
Il a perpétué la gouvernance par clan, le sien, celui des Frères musulmans. Bafouant la gouvernance pour le peuple, il s'est installé dans le fauteuil du Raïs en se contentant d'ajouter un Coran- et la charia- à son sceptre de pseudo-démocrate. Il a multiplié les recommandations sociétales archaïques et flatté les salafistes: tout ce qui devait condamner le tourisme, vital pour l'ex-grande puissance des bords du Nil. Sa dernière bévue? Nommer par décret gouverneur de Louxor le chef du groupe des Gamaat Islamiya, responsables en 1997 d'un attentat qui avait tué 58 touristes sur le site des pyramides. On cauchemarde! La population et les employés du site de Louxor ont crié leur révolte. Prise de conscience tardive: le terroriste promu gouverneur a dû démissionner.
Cette folie dit tout.
A cette folie, 14 millions d' Egyptiens disent non sur les places d'une nouvelle Révolution.