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19 août 2014 2 19 /08 /août /2014 21:04

 

 

Source : www.agoravox.fr

 

 

De l’absolue nécessité d’un revenu universel
par Monolecte (son site)
mardi 19 août 2014


 

Comme dirait Coluche : il parait qu’il y a cinq-millions de personnes qui veulent du travail. C’est pas vrai, de l’argent leur suffirait !

Fin de manif' Je crois bien, mais je ne suis pas sure, que nous n’avons jamais été aussi riches qu’en ce moment. Collectivement riches. Nous n’avons jamais autant produit de richesses qu’en ce moment. Et elles sont de plus en plus mal réparties. Il y a deux nouvelles qui tombent comme la pluie sur nos têtes, cet été : le fait qu’il y a de plus en plus de riches, ici et ailleurs, et celui qu’il y a aussi de plus en plus de chômeurs. Comme une marabunta de désintégration sociale. Et il y a de plus en plus de chômeurs parce qu’il y a de moins en moins de travail.

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Ce qui devrait être une foutue bonne nouvelle, non ?

Que l’on puisse satisfaire de plus en plus de besoins en mobilisant de moins en moins d’efforts, c’est quand même une très bonne nouvelle, non ? N’est-ce pas ce après quoi notre espèce court depuis le premier gars qui a inventé la roue pour transporter plus en se fatiguant moins ?

« En RFA, le volume annuel du travail a diminué de 30 % depuis 1955. En France, il a baissé de 15 % en trente ans, de 10 % en six ans. Les conséquences de ces gains de productivité sont ainsi résumées par M. Jacques Delors : en 1946, un salarié âgé de vingt ans devait s’attendre à passer au travail un tiers de sa vie éveillée ; en 1975, un quart seulement ; aujourd’hui, moins d’un cinquième. Et encore ce dernier chiffre n’intègre-t-il pas les gains de productivité à venir et ne prend-il en considération que les salariés employés à plein temps, toute l’année durant. Toujours selon M. Delors, les Français âgés aujourd’hui de plus de quinze ans passeront moins de temps au travail qu’ils n’en passent à regarder la télévision. »

André Gorz dans Le Monde Diplomatique, juin 1990

Mais en fait ce n’est pas tant le travail qui manque que l’emploi. Du travail, il en reste encore pas mal, mais ce n’est pas forcément ce qui permet d’accéder à un salaire et donc des moyens de subsistance suffisants. Et dans notre société, beaucoup de gens prennent grand soin de ne pas distinguer les deux, du fait qu’il y a encore beaucoup de travail créé par des besoins non solvables ou abattu par des personnes dont on estime naturel qu’elles le fassent gratuitement, des personnes comme… les femmes, au hasard.

Dans le monde, les femmes effectuent les 2/3 du nombre d’heures de travail et produisent plus de la moitié des aliments, mais elles ne gagnent que 10 % du revenu total, possèdent moins de 2 % des terres, reçoivent moins de 5 % des prêts bancaires. Dans les régions les plus pauvres et de forte émigration, jusqu’à 70 % des femmes travaillent dans l’agriculture.

Les femmes effectuent la majeure partie du travail domestique et de soins non comptabilisé dans l’économie. En Afrique subsaharienne, elles passent 40 milliards d’heures par an à l’approvisionnement en eau de la famille, ce qui équivaut à une année entière de travail de toute la population active de la France.

Lors des 30 dernières années 552 millions de femmes sont entrées sur le marché du travail et 4 travailleurs sur 10 sont des femmes mais elles gagnent en moyenne 80 centimes contre 1 euros pour les hommes (Rapport Banque mondiale 2012).

218 millions d’enfants travaillent dans le monde, parmi eux, plus de 100 millions de fillettes. Parmi les enfants de moins de 12 ans qui travaillent, les filles (54 millions, dont 20 millions affectées à des tâches dangereuses) sont plus nombreuses que les garçons (OIT). La situation est en aggravation dans le contexte de la crise économique actuelle.

Les femmes constituent 70 % des 1,2 milliard de personnes vivant avec moins de 1 dollar/jour. L’égalité salariale n’existe dans aucun pays. Ainsi, dans l’Union européenne, les femmes gagnent en moyenne 17 % de moins que les hommes. Partout le chômage, la précarité, le travail non qualifié et à temps partiel touchent en premier lieu les femmes. Dans le secteur formel, en moyenne 1 homme sur 8 occupe un poste de haute direction, pour une femme sur 40.

Chiffres et données sur les inégalités femmes-hommes

Donc, nous avons toujours beaucoup de travail disponible, mais de moins en moins d’emplois pour répartir le revenu. Nous n’avons donc pas tant un problème de chômage qu’un problème de revenu. Et l’automatisation grandissante de la plupart des postes de travail devrait amplifier le problème.

Jusqu’alors, les entreprises supprimaient des emplois ici pour en créer d’autres, nettement moins bien payés, ailleurs. Maintenant, les délocalisations sont à destination de… machines.

Je suis allée récemment à côté de l’usine Renault de Tanger. Pas d’hommes en vue. Ça n’a même pas créé d’emplois au Maroc, c’est tout automatisé (ou presque). Et entouré de barrières avec barbelés.

Au sujet de la crise de l’industrie automobile, discussion sur Seenthis

Remplacer les gens par des robots n’est pas un problème en soi. Ce n’est pas grave que l’on passe d’une société du travail à une société du temps libéré. Le problème, c’est comment gérer des droits de tirage sur les richesses créées par les machines, comment redistribuer le revenu, puisque la condition de sa production passe de moins en moins par la contrainte du travail ?

Et là, curieusement, nous manquons cruellement d’imagination !

La création des imaginaires

« Les usines silencieuses et sans déchets fabriquaient tout ce dont les hommes avaient besoin. La clé était la base du système de distribution.

Chaque vivant de Gondawa recevait chaque année une partie égale de crédit, calculée d’après la production totale des usines silencieuses. Ce crédit était inscrit à son compte géré par l’ordinateur central. Il était largement suffisant pour lui permettre de vivre et de profiter de tout ce que la société pouvait lui offrir. Chaque fois qu’un Gonda désirait quelque chose de nouveau, des vêtements, un voyage, des objets, il payait avec sa clé. Il pliait le majeur, enfonçait sa clé dans un emplacement prévu à cet effet et son compte, à l’ordinateur central, était aussitôt diminué de la valeur de la marchandise ou du service demandés.

Certains citoyens, d’une qualité exceptionnelle, tel Coban, directeur de l’Université, recevaient un crédit supplémentaire. Mais il ne leur servait pratiquement à rien, un très petit nombre de Gondas parvenant à épuiser leur crédit annuel. Pour éviter l’accumulation des possibilités de paiement entre les mêmes mains, ce qui restait des crédits était automatiquement annulé à la fin de chaque année. Il n’y avait pas de pauvres, il n’y avait pas de riches, il n’y avait que des citoyens qui pouvaient obtenir tous les biens qu’ils désiraient. Le système de la clé permettait de distribuer la richesse nationale en respectant à la fois l’égalité des droits des Gondas, et l’inégalité de leurs natures, chacun dépensant son crédit selon ses goûts et ses besoins. »

« Une fois construites et mises en marche, les usines fonctionnaient sans main-d’œuvre et avec leur propre cerveau. Elles ne dispensaient pas les hommes de tout travail, car si elles assuraient la production, il restait à accomplir les tâches de la main et de l’intelligence. Chaque Gonda devait au travail la moitié d’une journée tous les cinq jours, ce temps pouvant être réparti par fragments. Il pouvait, s’il le désirait, travailler davantage. Il pouvait, s’il voulait, travailler moins ou pas du tout. Le travail n’était pas rétribué. Celui qui choisissait de moins travailler voyait son crédit diminué d’autant. A celui qui choisissait de ne pas travailler du tout, il restait de quoi subsister et s’offrir un minimum de superflu. »

La nuit des temps, René Barjavel.

J’ai lu La nuit des temps alors que je n’étais guère plus vieille que ma fille aujourd’hui et j’ai été marquée profondément par ce roman. Il y avait bien sûr la dimension romantique de cet amour perdu dans les glaces, ce parfum d’éternité, l’appel, déjà, de la science-fiction qui stimule encore et toujours mon imaginaire, mais il avait surtout ces deux paragraphes que j’ai retrouvés sans difficulté dès qu’on m’a demandé de réfléchir à la question du revenu de base.

Il y a là la description d’une société éminemment désirable, aux antipodes de la nôtre. Il y a là un rêve anarchiste dans le sens plein du terme. Il y a là une utopie qui a durablement changé mon regard sur le monde et ma définition du possible.

En deux petits paragraphes pondus en 1968, en des temps où l’on pouvait espérer changer le monde dans le sens d’une perpétuelle amélioration, Barjavel décrit le fonctionnement du revenu de base, il le rend palpable et presque concret, il en fait une évidence indépassable pour ses personnages, mais aussi pour ses lecteurs.

Bien sûr, on peut noter qu’il évacue habillement la question de la limitation (de plus en plus forte pour nous) des ressources par l’invention d’une source d’énergie renouvelable à l’infini, alors que notre société carbodépendante s’use et s’asphyxie à vouloir exploiter jusqu’à la dernière goutte une ressource dont nous savons depuis le début qu’elle n’existe qu’en quantité hautement finie. On note aussi qu’il ne s’affranchit pas totalement des vieilles hiérarchies, puisqu’il pense quand même que certains hommes sont légèrement plus méritants que d’autres. Mais pour l’essentiel, il décrit un monde affranchi de la nécessité de la survie et donc des rapports de domination qui en découlent, entre ceux qui doivent travailler pour survivre et ceux qui jouissent de l’accumulation des générations précédentes pour conserver, augmenter et transmettre leur pouvoir.

Nous ne pouvons d’ailleurs qu’apprécier la manière radicale avec laquelle Barjavel se propose d’en finir avec l’essence du capitalisme, en rendant l’accumulation impossible par un revenu universel en monnaie fondante.

L’abolition de la nécessité

Dans un monde marchandisé comme le nôtre, il n’existe pas de possibilité de seulement survivre sans argent. Aucun de nos besoins fondamentaux n’est aujourd’hui accessible sans argent : un abri, de la nourriture ou même de l’eau.

Devenu leader sur le marché de l’eau minérale, Nestlé a vu son chiffre d’affaires dépasser les 80 milliards d’euros. Et, tandis que 900 millions de personnes n’ont pas accès à l’eau potable, le géant suisse possède aujourd’hui au moins une usine d’embouteillage dans chaque pays.

Interrogé à cette époque, M. Brabeck-Letmathe estimait que la question de la privatisation de l’eau pouvait être abordée de deux manières : « L’une est extrémiste, défendue par quelques ONG qui considèrent que l’eau est un bien public. » Balayant cette thèse, il insiste : « L’eau est une denrée alimentaire comme les autres et doit avoir une valeur marchande. » Empruntée au documentaire We Feed the World, cette profession de foi trouve une place centrale dans l’enquête réalisée par Urs Schnell et Res Gehriger.

Nestlé et le business de l’eau en bouteille, cité sur Seenthis

Pour une écrasante majorité de personnes, l’accès à l’argent passe forcément par un emploi : un travail dont on peut espérer tirer un revenu. Or, nous vivons actuellement une révolution industrielle qui détruit l’emploi et le rend inaccessible à des centaines de millions de personnes dans le monde. Quel modèle politique proposons-nous concrètement dans un monde où de plus en plus de gens sont considérés comme surnuméraires ? Comment peut-on penser l’idéal démocratique quand nous soumettons de plus en plus de personnes au stress de la survie immédiate ?

Était-il plus honorable de crever de faim que de voler ? Beaucoup de gens le disaient, mais rarement ceux qui savaient vraiment ce que c’était que d’avoir le ventre creux, ou de voir un enfant gémir de faim. Était-il plus honorable de mourir de faim que de voler quand d’autres avaient les moyens de vous nourrir mais décidaient de ne pas le faire, à moins d’être payés avec de l’argent que vous n’aviez pas ? Pour sa part, il pensait que non. En choisissant de mourir de faim, on devenait son propre oppresseur, on s’obligeait à rester dans le rang, on se punissait soi-même d’avoir la témérité d’être pauvre, alors que normalement ça devrait être le boulot d’un policier. Dès qu’on faisait preuve d’un peu d’initiative ou d’imagination, on se faisait aussitôt traiter de paresseux, de combinard, de coquin, d’incorrigible. Il avait donc laissé de côté toutes ces histoires d’honneur qui n’étaient bonnes qu’à permettre aux riches de se sentir mieux et aux pauvres de se sentir encore plus mal.

(…)

Une fois libéré de la peur, quand on n’avait plus à se demander comment se procurer son prochain repas ou combien de bouches on aura à nourrir l’an prochain, et si on va se faire virer par son employeur ou flanquer en prison pour une peccadille, on était effectivement libre de faire un choix. On pouvait choisir une vie paisible, douillette, confortable, banale, et mourir en chemise de nuit pendant que votre famille s’agitait impatiemment autour de vous… Ou on pouvait se retrouver à faire quelque chose comme en ce moment, et même si votre corps tremblait de tous ses membres, votre cerveau savourait plutôt l’expérience.

Trames, Iain M. Banks

Si l’on admet qu’il n’est plus possible de vivre dans notre société sans argent, on peut plaider pour la suppression de la monnaie… ou sa redistribution égale et suffisante. Pour nous affranchir de la peur et nous rendre la liberté de choix du citoyen.

Et c’est là que nous devons faire travailler nos imaginaires : construire par la pensée un monde libéré du manque pour le rendre possible, tout simplement. Se projeter, chacun, dans les choix qu’un revenu de base nous ouvrirait et la manière dont il transformerait l’ensemble du corps social.

Combien d’entre nous continuerait à se tuer la santé dans des boulots non gratifiants et mal payés ? Combien continueraient à trimer comme des fous pour payer la voiture… qui leur permet d’aller trimer ? Combien de prostituées continueraient à vendre leur corps, libérées de la nécessité ? Combien de femmes supporteraient encore les coups d’un conjoint violent si elles étaient certaines de pouvoir continuer à nourrir leurs enfants étant seules ? Combien de patrons maltraitants, de vies brisées, d’exploitants cyniques, de frustrations mortifères pourrions-nous nous épargner ?

Demain peut commencer maintenant — de manière bien plus efficace que les voitures volantes — si l’on décide tout simplement de croire que c’est possible.

Rendez-vous du 21 au 23 août 2014 pour la première université d’été du Revenu de base.

 

Source : www.agoravox.fr

 

 

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