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5 février 2014 3 05 /02 /février /2014 15:17

CADTM

 

Source : cadtm.org

 

Ukraine : pourrissement explosif

4 février par Catherine Samary

 

 


Après l’échec des négociations avec son opposition, le président ukrainien sort politiquement paralysé. L’armée lui a demandé de proclamer l’état d’urgence, alors que se poursuit la bataille d’Ukraine entre Russie et gouvernements occidentaux.

Après la décision du Premier ministre ukrainien, mardi 28 janvier, le président Ianoukovitch, sous pression d’une partie des oligarques dont les affaires sont peu compatibles avec un état de guerre, a recherché le compromis avec son opposition : annulation des lois répressives votées à la va-vite le 16 janvier, amnistie des manifestants emprisonnés – sous condition d’évacuation dans les quinze jours des bâtiments publics de Kiev et des régions ; responsabilités gouvernementales offertes à l’opposition. Rien n’en est sorti. Demandant une amnistie inconditionnelle, Arseni Iatseniouk et le boxeur Vitali Klitschko ont refusé, non sans hésitations, les postes de chef de gouvernement et de vice-Premier ministre qui leur étaient respectivement offerts : la crainte du discrédit, mais aussi des débordements ont pesé dans ce choix.

A Kiev, comme dans les régions de l’ouest et du centre, l’occupation des bâtiments est principalement organisée par le troisième parti d’opposition parlementaire Svoboda/Liberté, et divers autres groupes d’extrême-droite, avec un soutien populaire dans le contexte de rejet massif des violences policières et d’un président de plus en plus discrédité. Mais il n’y a ni processus d’auto-organisation de la population ni même montée en masse des mobilisations, en dépit d’une certaine extension territoriale. Ce qui donne un rôle surdimensionné à ces groupes bien structurés, en lien ou en rivalité avec Svoboda (qui célèbre les sinistres bataillons SS en Galicie). Ce dernier est légitimé avec les deux autres partis pro-européens (donc anti-russes) par la presse et les dirigeants occidentaux, jouant un rôle d’apprentis sorciers. Svoboda et les groupes liés ou rivaux obéissent à une logique de prise de pouvoir larvée directe : là où ils dominent (Galicie, ...), ils ont décrété l’interdiction du Parti communiste ukrainien qui a lancé un appel à referendum et à des changements constitutionnels |1|. Ils propagent slogans et idéologie néo-nazis, antisémites et homophobes, qui visent en partie les forces de sécurité et forces spéciales, du régime - les Berkut.

 

Aide contre aide empoisonnée

Dans ce contexte, les dirigeants de l’opposition pro-européenne de l’Ukraine ont rapporté de leurs rencontres à Munich des promesses d’aide. Catherine Ashton vient en effet, dans un entretien publié le 3 février par le Wall Street Journal, d’annoncer que l’UE prépare avec les Etats-Unis un important programme d’assistance financière pour l’Ukraine. Mais avant le sommet de Vilnius de novembre dernier, le président ukrainien avait demandé en vain aux Etats-Unis et l’UE 20 milliards d’euros pour faire face à sa dette, et pour compenser les hausses de tarif de l’énergie ainsi que le blocage des échanges que la Russie imposerait en riposte à la signature d’un accord d’association de l’Ukraine avec l’UE. La seule idée envisagée par l’UE pour atténuer le recours au FMI, imposait qu’il s’adapte aux critères de la zone de libre-échange approfondi et complet, qui est la substance des accords d’association |2|. Qu’y aurait-il de nouveau dans le plan ukrainien occidental ? De quelles idées s’agit-il ?

Celle-ci serait-elle contradictoire avec l’aide obtenue par le président Ianoukovitch auprès de Poutine en décembre (sans que l’Ukraine soit pour l’instant membre de l’Union douanière avec la Russie) ? Outre la baisse du prix de l’énergie, la Russie a effectué un premier versement en décembre de 3 milliards d’euros sur les 15 milliards promis. A la suite des tractations de Munich, les autorités russes ont annoncé que le versement des 11 milliards suivants dépendrait du gouvernement mis en place par Kiev ; et dans un communiqué du 3 février, elles incitent l’opposition à reprendre les négociations avec le pouvoir, en respectant le cadre constitutionnel.

 

La "bataille d’Ukraine” |3| se poursuit au risque de l’éclatement du pays.

 

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2 février 2014 7 02 /02 /février /2014 19:05

 

Source : tempsreel.nouvelobs.com

 

 

 

UKRAINE. L'opposition réclame une médiation internationale

VIDEO. Les opposants demandent également une aide financière à l'Occident, tandis qu'une nouvelle manifestation contre le régime a réuni 50.000 personnes à Kiev.

 

 

A Kiev, samedi 25 janvier 2013, les leaders de l'opposition, Vitali Klitschko (à gauche) et Arseniy Yatsenyuk (3ème à droite). (AFP / GENYA SAVILOV) A Kiev, samedi 25 janvier 2013, les leaders de l'opposition, Vitali Klitschko (à gauche) et Arseniy Yatsenyuk (3ème à droite). (AFP / GENYA SAVILOV)

 

 

 

 

 

L'opposition ukrainienne au pouvoir du président Viktor Ianoukovitch a déclaré dimanche 2 févirer qu'elle souhaitait une médiation internationale dans ses pourparlers avec ce dernier "pour éviter des interprétations divergentes".

Cette question a été abordée samedi à Munich où les chefs de la diplomatie américaine, française et allemande ont rencontré les dirigeants de l'opposition ukrainienne, a déclaré l'un de ces derniers, Vitali Klitschko, lors d'une manifestation de plus de 50.000 personnes à Kiev.

Les opposants réclament par ailleurs une aide financière à l'Occident, a annoncé dimanche à Kiev l'un des chefs de la contestation, Arseni Iatseniouk.

Nous nous sommes adressés aux partenaires occidentaux en disant avoir besoin d'une aide financière. Nous c'est le peuple ukrainien, pas un seul kopeck au régime de Ianoukovitch, il va tout voler", a déclaré Arseni Iatseniouk lors d'une manifestation d'opposition à Kiev, avant d'ajouter : "ils [les Occidentaux] sont prêts à le faire".

Ce dimanche, plus de 50.000 manifestants de l'opposition se sont rassemblés dans le centre de Kiev, occupé par les contestataires depuis le début de la plus grave crise de l'Ukraine indépendante.
Les principaux dirigeants de l'opposition, Vitali Klitschko et Arseni Iatseniouk, de retour de Munich, ont été acclamés à leur arrivée sur le podium.

Il s'agit de la première manifestation importante depuis dix jours, destinée à pousser à reculer le président Viktor Ianoukovitch, en congé maladie depuis le milieu de la semaine dernière.

 

 

 

Source : tempsreel.nouvelobs.com

 

 

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31 janvier 2014 5 31 /01 /janvier /2014 19:26

 

 

 

Source : www.mediapart.fr

 

Ukraine: la violence de la répression renforce les mobilisations

|  Par François Bonnet

 

 

 

Le processus politique apparaît bloqué. L'armée demande au président de prendre « des mesures d'urgence ». À Kiev mais aussi en région, les groupes les plus radicaux gagnent en influence. Les violences policières alimentent la contestation. Tous les ingrédients d'une explosion sont en place.

Après deux mois et demi de manifestations et de répressions, une nouvelle Ukraine est en train d'émerger de ce qui est bel et bien une révolution. Au-delà des soubresauts qui agitent le parlement ukrainien et l'étroit cercle des décideurs politiques, c'est une page révolutionnaire du pays qui est train de s'écrire. Un moment historique, à l'échelle de la révolution orange de 2004 ou de la naissance d'une Ukraine indépendante, libérée de la tutelle soviétique en 1991.

Mais à la grande différence de 2004, le pays est cette fois entraîné dans une spirale de radicalisation et de violence qui ne permet pas d'exclure le pire : une ou des confrontations armées. Alors que la situation politique semble complètement bloquée, plusieurs signes laissent entrevoir une situation explosive.

Viktor Ianoukovitch. 
Viktor Ianoukovitch. © (Reuters)

1. Le président Ianoukovitch s'est mis « en congé maladie ». Il dit souffrir d'« une maladie respiratoire aiguë accompagnée d'une forte fièvre ». Juste après ce retrait provisoire, il a rendu public un message accusant l'opposition de « continuer à envenimer la situation ». Il a vendredi ratifié l'abolition des lois dites « de la dictature », lois adoptées en urgence le 16 janvier et abrogées mardi par le parlement. Il a également signé la loi ouvrant la porte à une amnistie des manifestants condamnés, loi adoptée mardi contre l'avis de l'opposition qui la juge trop restrictive.

2. L'ancien premier ministre Mykola Azarov, qui était en poste depuis 2010, est parti vendredi pour l'Autriche alors que la session du Parlement s'est achevée et qu'aucune négociation politique ne se poursuit aujourd'hui.

3. L'armée, qui s'était jusqu'alors interdit de s'engager dans le conflit, est intervenue pour la première fois vendredi. Elle demande dans un communiqué au président de prendre « des mesures d'urgence ». « Les militaires et les employés du ministère de la défense ont appelé le chef suprême des armées à prendre des mesures d'urgence dans le cadre de la législation actuelle pour stabiliser la situation dans le pays (...) Ils ont jugé inacceptables la prise d'assaut de bâtiments publics et les tentatives d'empêcher le pouvoir de remplir ses fonctions, notant qu'une escalade de la contestation menace l'intégrité territoriale. » Est-ce le prélude aux rumeurs qui courent depuis des jours dans Kiev sur l'instauration de l'état d'urgence ?

4. Le pouvoir a abandonné l'ouverture faite un temps de créer une commission de révision de la constitution. Demande faite par l'opposition et relayée par le premier président ukrainien Leonid Kravtchouk : il s'agit de revenir sur les réformes constitutionnelles faites par Ianoukovitch peu après son élection de 2010 et qui ont transformé ce qui était jusqu'alors un régime parlementaire en un régime présidentiel sans réels contre-pouvoirs.

5. Les partis d'opposition ont perdu le contrôle des soulèvements en cours dans plusieurs villes du pays, en particulier à Kiev. « L'opposition politique, qui avait cherché à contrôler le mouvement, a perdu l'initiative et toute capacité à imposer ses priorités », écrit une éditorialiste du journal Oukraïnska Pravda. En revanche, les groupes les plus radicaux – comme Praviy Sektor –, composés de vétérans de la guerre d'Afghanistan, d'ultranationalistes d'extrême droite, de « hooligans » supporters de clubs de football, tiennent le centre de Kiev et sont en première ligne sur les barricades et dans les affrontements avec la police.

Car depuis une semaine, c'est une tout autre dynamique qui est en train de gagner le pays. Le moteur principal de la mobilisation des manifestants est la mise en accusation sans précédent des forces de sécurité et des services secrets pour les violences exercées contre les manifestants. Dans ce pays traumatisé par l'immensité des massacres subis au XXe siècle (une estimation fait état de 17 millions de morts entre la Grande famine de 1932-33, la Seconde Guerre mondiale, les purges et déportations), la mort d'au moins cinq manifestants – deux ont été tués par des tirs à balles réelles – a constitué un tournant, sans retour possible au système précédent. Les manifestations de l'indépendance, la révolution de 2004 n'avaient fait aucune victime.

 

 

Vendredi (voir vidéo ci-dessus), l'histoire de Dimitri Boulatov a fait le tour du pays, déclenchant une nouvelle vague d'indignation. Boulatov a été l'un des animateurs du mouvement AutoMaïdan. Depuis des semaines, ces activistes organisent avec leurs voitures des piquets et blocages de routes aux abords des propriétés des principaux responsables du pouvoir. Boulatov, comme des dizaines d'autres activistes du mouvement EuroMaïdan, a été enlevé le 22 janvier.

Torturé et oreille coupée

 

Dimitri Boulatov avant son enlèvement. 
Dimitri Boulatov avant son enlèvement. © (dr)

Il a été retrouvé errant dans un village dans la banlieue de Kiev jeudi soir. Il raconte avoir été enlevé par des hommes qu'il ne peut identifier, enfermé, battu et torturé, ses kidnappeurs lui ayant coupé une oreille et l'ayant « crucifié ». Vendredi, tandis qu'il était hospitalisé, son cas était détaillé sur tous les médias ukrainiens.

Cette histoire est semblable à beaucoup d'autres. Vendredi, EuroMaidanSOS, un groupe d'activistes, a chiffré à 33 le nombre de personnes disparues. Avant Boulatov, un autre manifestant, Igor Lutsenko, avait raconté sur sa page Facebook comment il avait été enlevé le 21 janvier par dix hommes non identifiés dans un hôpital de Kiev où il tentait de faire soigner une blessure à l'œil. Il a été emmené dans une forêt près de Kiev. « Ils m'ont fait agenouiller devant un arbre et m'ont demandé de prier, j'ai compris que ma dernière heure était arrivée. » Les hommes ont-ils été interrompus ? Ils ont finalement disparu rapidement laissant échapper l'activiste. Un autre manifestant enlevé avec lui dans le même hôpital a eu moins de chance : Iouri Verbitski a été retrouvé mort à Boryspil, une banlieue de Kiev.

Ces derniers jours, toutes ces violences enflamment les réseaux sociaux, l'internet ukrainien mais aussi les médias puisque plus de cinquante journalistes ont été tabassés ou arrêtés par les forces de l'ordre. Dernier en date, le photographe Maryan Havriliv, qui dit avoir été arrêté mercredi par les forces spéciales, emmené en forêt, déshabillé et battu. Photo ci-dessous :

 

Marian Havriliv avant et après son arrestation. 
Marian Havriliv avant et après son arrestation. © (dr)

Car des violences semblables se produisent également dans les villes de province. Exemple à Tcherkassy, une ville de 280 000 habitants dans le centre du pays. Jeudi, des manifestants ont expliqué qu'ils se rendaient devant le siège de l'administration régionale quand une centaine de membres des forces spéciales, assistées de jeunes casseurs payés par le régime, les ont chargés, embarqués dans des bus et tabassés. Ci-dessous, une vidéo de Sergueï Sobko, un représentant des manifestants : « Ils nous ont jetés sur le sol des autobus, nous ont tabassés, nous sautaient dessus pour nous briser les côtes », dit-il.

 

 

Cette fois, et à la différence de 2004, la violence des Berkut, les forces spéciales, dont la page Facebook était récemment encore décorée de croix gammées nazies et d'étoiles jaunes (ce qui a provoqué un scandale – lire ici une lettre d'une association juive), n'a cessé d'alimenter la colère populaire, poussant dès novembre 2013 près d'un demi-million de personnes à manifester dans le centre de Kiev. Depuis, une large partie de la population ne veut surtout pas voir s'installer un système de répression qui rappelle celui mis en place par Vladimir Poutine à Moscou : les lois adoptées dans l'urgence le 16 janvier et abrogées mardi étaient un décalque presque parfait de plusieurs législations russes.

Les églises et les oligarques

Les tabassages, les disparitions, les emprisonnements et condamnations express, les menaces envoyées par texto aux manifestants par les services de sécurité ont provoqué une véritable allergie de la population. En 2000, l'enlèvement et l'assassinat du journaliste Gueorgui Gongadzé (lire ici), commandité dans les cercles du pouvoir, avait failli provoquer la chute du président Koutchma. Mardi matin, des journalistes de Radio Svoboda ont publié une liste nominative des morts, disparus et emprisonnés (la liste est consultable ici). Depuis, au moins deux autres organisateurs des manifestations en région étaient signalés disparus.

 

 

Selon EuroMaïdanPR (ici, leur page Facebook), le centre d'information des manifestants, le bilan est le suivant : 6 morts (dont un policier décédé d'une crise cardiaque) et plus d'un millier de personnes arrêtées et emprisonnées. « Les intimidations, les agressions d'activistes et les condamnations ne cessent d'augmenter, assure la députée de l'opposition Lesya Orobets. Les soi-disant concessions de Ianoukovitch ne sont que des manœuvres tactiques alors que la menace d'instaurer l'état de siège est toujours réelle. »

Tout le pays semble aujourd'hui engagé dans ce mouvement multiforme, disparate, aux revendications contradictoires mais dont l'enjeu peut se résumer simplement : sortir du système néo-soviétique construit depuis vingt-trois ans. La coupure du pays en deux – l'Ouest pro-européen et ukrainophone contre l'Est russophone et toujours proche de Moscou –, cette fracture souvent exagérée par les observateurs depuis 2004, s'est considérablement réduite ces derniers jours. Des parlementaires et élus locaux de l'Est protestent à leur tour. Le régime ne contrôle véritablement que cinq ou six régions quand l'opposition en domine une bonne dizaine. Mardi, l'administration régionale de Dniepropetrovsk a dû être entourée de barbelés pour la protéger des manifestants. Voir la carte ci-dessous, telle que réalisée par l'opposition :

 

La carte des mobilisations le 25 janvier, selon l'opposition. 
La carte des mobilisations le 25 janvier, selon l'opposition.

Si la violence d'État est le moteur principal de la révolution en cours, deux autres éléments ont contribué à fragiliser un peu plus le pouvoir. Le premier est la prise de distance du puissant patriarcat orthodoxe de Kiev. Outre les nombreux prêtres qui se sont succédé à la tribune de la place de l'Indépendance pour bénir les manifestants, le patriarche Filaret, 84 ans, a récemment refusé d'être décoré par le président Ianoukovitch, estimant qu'il n'était pas « éthique » d'accepter une telle décoration quand des « gens mouraient ». Tout en appelant à un compromis politique, le patriarche s'en est pris lui aussi aux forces spéciales des Berkut : « Ce sont bien les Berkut qui ont commencé à tuer, non ? Pourquoi les manifestants ont-ils érigé des barricades ? Pour se protéger. De qui ? Des Berkut », a-t-il déclaré.

Bien moins influente, même si elle est relativement implantée dans l'Ouest du pays, l'Église catholique est encore plus nettement aux côtés des manifestants. Ainsi Boris Gudziak, évêque et recteur de l’université catholique ukrainienne (sa biographie ici), juge que « ce mouvement est très profond ». « Il s'agit de l'Europe mais pas seulement. Les gens veulent reconquérir leur dignité, ils ont peur de ce régime et de sa violence et ils veulent se libérer de la peur. Ils sont dégoûtés de la corruption et ils veulent là aussi en sortir » (écouter ici un de ses entretiens à Radio Vatican). Peu ou prou, le célèbre écrivain ukrainien Andrei Kourkov dit la même chose : « Il faut réinstaller la moralité au sein de l’État. Aujourd’hui, la corruption est partout, elle est même devenue la norme, acceptable pour 90 % des gens. Il va être dur de trouver des gens honnêtes avec qui travailler » (lire ici son entretien).

L'isolement de Ianoukovitch

 

Mercredi, les activistes les plus radicaux des groupes ultras se sont constitués en «Garde nationale» 
Mercredi, les activistes les plus radicaux des groupes ultras se sont constitués en «Garde nationale» © (dr)

Le deuxième élément est la prise de distance des grands oligarques du pays, jusqu'alors aux côtés du pouvoir. Le premier d'entre eux, Rinat Akhmetov, qui a mis la main sur les mines et les industries métallurgiques de l'Est, a soutenu durant de longues années Ianoukovitch et contrôlerait au moins 70 parlementaires, a appelé au compromis, incitant le pouvoir à mener de vraies négociations avec l'opposition et s'indignant, lui aussi, des violences contre les manifestants. Dans la foulée, de nombreux autres oligarques ont demandé au pouvoir de mener de « vraies négociations ».

La répression conduite par le régime n'a cessé d'alimenter en retour une radicalisation d'une partie des manifestants avec la montée en puissance de groupes ultra-nationalistes, formés d'anciens combattants des guerres soviétiques et de supporters de clubs de foot organisés en bandes de hooligans. Ce sont eux, à travers deux groupes ultras et d'extrême droite – Praviy Sektor et Spilna Sprava –, où se mêlent néonazis, antisémites, nationalistes, orthodoxes et casseurs, qui ont riposté aux forces spéciales, assurent la prise des bâtiments publics et la garde des barricades.

Mais ces groupes cohabitent avec la masse des manifestants et même avec des petits groupes d'extrême gauche qui ont activement participé aux affrontements avec la police. Alliance temporaire, assurent les uns et les autres, pour un objectif unique : renverser Ianoukovitch et dissoudre les forces spéciales. Mercredi, une partie de ces militants ultras se sont officiellement constitués en « Garde nationale », organisant des entraînements paramilitaires en bordure de la place de l'Indépendance. Vendredi, ils ont demandé à être inclus dans de futures négociations politiques, prenant acte que celles conduites jusqu'alors « n'ont rien donné et ne correspondent pas aux volontés des manifestants de Maïdan ».

« Notre pays est au bord de la guerre civile », a déclaré mercredi devant le parlement Leonid Kravtchouk, premier président de l'Ukraine indépendante en 1991. Depuis 2004, l'avertissement – « guerre civile » ou « partition » du pays – a été régulièrement brandi pour mieux appeler au compromis. Cette fois, il apparaît autrement plus fondé tant certains activistes qui sont engagés depuis plus de deux mois dans la bataille sont déterminés à en découdre.

Officiellement malade, le président Ianoukovitch est de fait de plus en plus isolé. Ces derniers jours, les défections de ses proches se sont multipliées. Vivant dans une résidence officielle à l'extérieur de Kiev, décrit par les médias ukrainiens comme peu informé des réalités du pays et sûr de sa puissance, Viktor Ianoukovitch aura chaque fois réagi avec retard. Ce week-end, il a pris acte des démissions de sa porte-parole, Daria Chepak, et d'un de ses principaux conseillers, Andrii Yermolaiev. Le mois dernier, son directeur de cabinet avait claqué la porte, dénonçant les violences policières.

 

Des femmes apportent aux manifestants de la place de l'Indépendance des provisions et du bois de chauffage. 
Des femmes apportent aux manifestants de la place de l'Indépendance des provisions et du bois de chauffage. © (dr)

En plus de deux mois de crise, l'opinion publique a pu prendre connaissance de la nature du régime construit par Ianoukovitch, un régime semi-autoritaire bâti pour les intérêts d'un clan. Moins qu'une proximité avec Moscou, c'est d'abord la corruption à grande échelle qui révulse une partie des citoyens, corruption illustrée par le succès soudain des deux fils du président. Le premier, Viktor, a été à 25 ans élu député au Parlement. Amateur de voitures de luxe, il a été parachuté vice-président de la fédération automobile ukrainienne. Le second, Alexandre, est devenu en une poignée d'années une des grandes fortunes du pays, évaluée à 510 millions de dollars par l'édition ukrainienne du magazine Forbes : ses activités se sont étendues du BTP à l'exportation de charbon ukrainien.

Plus que les revendications pro-européennes exprimées en novembre dernier, c'est maintenant à la démission du président et à un véritable changement de régime qu'appellent les manifestants comme les partis de l'opposition. Partir ou écraser par la terreur la mobilisation : Ianoukovitch s'est peu à peu enfermé dans cette seule alternative.

 

Lire aussi

 

 

Source : www.mediapart.fr

 


 

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27 janvier 2014 1 27 /01 /janvier /2014 16:51

 

 

Source : www.mediapart.fr


Ukraine: la révolution s'étend dans plusieurs régions du pays

|  Par Laurent Geslin

 

 


Le régime du président Ianoukovitch paraît incapable d'endiguer la contestation. Alors que la situation reste explosive à Kiev, l'opposition a pris le contrôle de plusieurs assemblées locales dans l'ouest du pays mais également dans le nord et l'est, des régions traditionnellement favorables au régime. De notre envoyé spécial à Kiev.

 De notre envoyé spécial à Kiev

Une semaine décisive a commencé en Ukraine, alors que la mobilisation des opposants au régime Ianoukovitch s'étend dans tout le pays et que le pouvoir a abattu des cartes majeures sans pour autant endiguer la contestation. Mardi, le parlement doit se réunir en session exceptionnelle à Kiev. Le même jour, se tient à Bruxelles un sommet Union européenne-Russie tandis que doivent se poursuivre des discussions entre les trois principaux leaders de l'opposition et le pouvoir.

 

L'opposition occupe les bâtiments des autorités régionales dans dix régions (oblast): carte faite par le mouvement EuroMaïdan. 
L'opposition occupe les bâtiments des autorités régionales dans dix régions (oblast): carte faite par le mouvement EuroMaïdan.

La situation est d'autant plus explosive que les représentants de l'opposition ne contrôlent guère un mouvement disparate porté par une multitude d'organisations. Cela s'est encore vérifié dans la nuit de dimanche à lundi quand quelques centaines de militants radicaux ont pris d'assaut le ministère de la justice, malgré les appels au calme de Vitali Klitschko, leader du parti Udar. Le bâtiment a été rapidement occupé, immédiatement entouré de barricades. Un manifestant sur place a expliqué que les quatre étages du ministère étaient sous le contrôle des contestataires. En réaction, la ministre de la justice a menacé de demander l'instauration de l'état d'urgence dans le pays et la fin des négociations politiques.

Dimanche, des dizaines de milliers de personnes se sont retrouvées dans le centre de Kiev. Des couples avec des enfants se prenaient en photo devant les barricades tandis que des grands-mères balayaient les débris des affrontements de la veille. La nuit précédente, des colonnes de manifestants armés de barres de fer et protégés par des casques et des boucliers avaient pris d’assaut la Maison de l’Ukraine, un centre de conférence situé sur la place de l’Europe, où s’étaient retranchés quelques dizaines de Berkuts, ces policiers des forces spéciales. Durant des heures, les canons à eau et les grenades assourdissantes ont répondu aux pierres et aux tirs de feux d’artifices, avant que les membres des forces spéciales n’évacuent les lieux.

 

Les manifestants ont pris le contrôle des bâtiments du ministère de la justice dans la nuit de dimanche à lundi. 
Les manifestants ont pris le contrôle des bâtiments du ministère de la justice dans la nuit de dimanche à lundi. © (dr)

Quelques centaines de mètres plus loin, les barricades de bois et de sacs de neige glacée montées par les manifestants à proximité de l’ancien stade du Dynamo de Kiev se détachaient dans la nuit, éclairées par la lueur des pneus qui brûlent et les projecteurs des forces de l’ordre.

Dimanche matin, la Maison de l’Ukraine était gardée par une vingtaine de membre de Spilna Sprava, une des organisations citoyennes qui structure la contestation. Il fait 20 degrés en dessous de zéro mais la révolution qui secoue le pays depuis deux mois ne semble pas près de s’arrêter. Regroupés autour de braseros allumés dans des poubelles, quelques adolescents se réchauffaient les mains en se racontant leurs exploits de la nuit.

Samedi soir, les trois têtes de file de l’opposition ukrainienne, le boxeur Vitali Klitschko, leader du parti Udar, Arseni Iatseniouk de Batkivchtchina (le parti de l'ex-première ministre Ioulia Timochenko toujours emprisonnée) et l'ultranationaliste Oleg Tyahnybok ont refusé les propositions du président ukrainien, qui offrait les postes de premier ministre et de vice-premier ministre à l’opposition et proposait de créer une commission pour revoir la constitution. « Il s'agit d'un cadeau empoisonné afin de diviser notre mouvement », soulignait Vitali Klitschko (lire ici).

De fait, Viktor Ianoukovitch joue ses dernières cartes politiques et semble avoir perdu la main depuis les violences de la semaine dernière qui ont coûté la vie à au moins cinq personnes. « Le gouvernement ne peut plus se permettre d’intervenir en force, sinon cela va finir dans un bain de sang », constate Alexandra Goujon, spécialiste de l’Ukraine et maître de conférences de sciences politiques à l’université de Bourgogne. Les militants les plus radicaux et les groupuscules d’extrême droite qui tiennent la rue Groushevski ne semblent de toute façon pas prêts à abandonner tant que le président n’aura pas démissionné. « Les politiciens peuvent raconter ce qu’ils veulent. Aucun retour en arrière n’est possible, la seule issue pour que s’arrêtent les violences, c’est que tous les mafieux qui nous gouvernement quittent le pouvoir », explique un jeune homme, un bâton à la main.

Le poids de l'oligarque Akhmetov

Le régime Ianoukovitch a en effet accumulé les erreurs ces deux derniers mois : d'abord en choisissant la force, mais sans pour autant déloger les manifestants de la place de l’Indépendance, comme ce fut le cas lors de l’assaut du 11 décembre ; ensuite en faisant voter des lois liberticides le 16 janvier dernier, qui condamnent à des peines de prison ferme toute personne bloquant un bâtiment officiel ; enfin en réagissant à contretemps et trop tard face aux demandes de négociation politique faites depuis des semaines.

Plus inquiétant encore pour le pouvoir est le fait que les révoltes s'étendent désormais dans tout le pays. Depuis quelques jours, la majorité des conseils régionaux de l’ouest du pays, tournées vers l'Europe et généralement hostiles au pouvoir, ont été investis par des manifestants qui demandent la démission des gouverneurs nommés par le régime. Les conseils locaux d'Ivano-Frankivsk et de Ternopil ont ainsi annoncé dimanche qu'elles avaient voté pour l'interdiction du Parti des régions de Viktor Ianoukovitch.

 

Un manifestant blessé à Dniepropetrovsk. 
Un manifestant blessé à Dniepropetrovsk. © (dr)

La contestation est aussi en train de gagner les régions russophones de l’est, pourtant traditionnellement acquises au régime. Selon les médias ukrainiens, plus de 3 000 personnes tentaient dimanche après-midi de pénétrer dans le conseil régional de la ville industrielle de Dniepropetrovsk, située à 450 kilomètres au sud-est de la capitale ukrainienne, défendu par la police et 300 Titushki, ces agents provocateurs recrutés par le gouvernement. Cinq mille personnes s’étaient aussi rassemblées à Zaporijia, avant d’être repoussées par les forces de l’ordre.

Même dans le fief présidentiel de Donetsk, personne ne semble prêt à sacrifier sa vie pour protéger le « clan » Ianoukovitch et défendre les fortunes accumulées par la famille du président, particulièrement par son fils, depuis trois ans. Un groupe d’ultras du club du Shakhtar Donetsk, dont le propriétaire n’est autre que Rinat Akhmetov, l’homme le plus riche d’Ukraine et le partenaire d’affaires de Viktor Ianoukovitch, a même déclaré son soutien à la révolution. De son côté, le milliardaire est loin d’apporter un soutien clair et direct au chef de l’État. « Il est impossible de faire des affaires quand les gens meurent dans la rue. Il y a un vrai risque de partition du pays. […] Nous voudrions exprimer nos condoléances aux familles de ceux qui sont tombés. Il n’y a qu’une seule solution pour régler cette crise politique, la paix », a-t-il souligné dans un communiqué.

L’issue de cette révolution devrait dépendre de la capacité des opposants à maintenir durablement la pression dans toutes les régions d’Ukraine. Les différents appels à la grève générale lancés par les dirigeants de l’opposition n’ont pour l’instant pas été un succès mais la situation pourrait évoluer dans la semaine. Dans certaines municipalités, la police a déjà prévenu qu’elle ne réprimerait pas les manifestations. L’armée, quant à elle, a exclu toute intervention.

 

Etat des lieux des manifestations dans le pays, selon le mouvement EuroMaïdan. 

 

Source : www.mediapart.fr

 

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22 janvier 2014 3 22 /01 /janvier /2014 14:44

 

Source : www.marianne.net

 

Ukraine : le chaos en streaming
Mercredi 22 Janvier 2014 à 05:00

 

Alexandre Coste
Journaliste à Marianne chargé de l'animation de la communauté des Mariannautes En savoir plus sur cet auteur

 

Alors que les rues de Kiev sont en proies à de violentes émeutes, de nombreux citoyens s'improvisent journalistes afin de relater les événements. Plongée dans le monde du journalisme participatif.

 

Capture d'écran LiveLeak.com
Capture d'écran LiveLeak.com
Qui a dit que les actualités mondiales n’intéressaient plus personne ?
 
Sur le site communautaire reddit.com, sur lequel entre 25 et 30 millions d’internautes du monde entier viennent débattre chaque mois, les manifestations qui se déroulent actuellement à Kiev sont l’un des sujets les plus commentés. Au moment de la rédaction de cet article, le fil de discussion comptabilise pas moins de 4 257 contributions. 

La couverture de ces événements par les internautes mérite d'être décortiquée, car celle-ci esquisse une forme de journalisme participatif permettant de suivre l’actualité en temps réel et de manière particulièrement immersive. Tous les outils disponibles sur Internet sont mis à contribution pour permettre aux internautes de suivre les affrontements qui opposent les manifestants au gouvernement dans les rues de la capitale Ukrainienne.

Les événements de Kiev nous offrent une version augmentée de ce que le journalisme participatif a pu être jusqu'à présent. Depuis les révolutions arabes, les pratiques ont évolué. Nous ne sommes plus seulement dans le témoignage brut apporté par des vidéastes et photographes amateurs. La preuve : pour commencer, un lien Wikipédia permet de contextualiser l'actualité. Il s'agit d'un préambule nécessaire à quiconque prend le train en route et veut connaître la raison de ces émeutes. Le lien est disponible dans plusieurs langues, ce qui facilite l'entrée en matière. Passé cette première étape, l'internaute en quête d'informations peut plonger dans le grand bain du journalisme citoyen, le fameux « cinquième pouvoir ».
 
Des flux vidéo diffusés en continu permettent de suivre les événements en direct. La retransmission ayant un certain coût, il existe ainsi un lien sur lequel les internautes peuvent donner de l'argent afin d'aider les vidéastes à poursuivre leur live. Signe des temps, les dons via Paypal et en Bitcoins sont acceptés.

 

 

 

Les moments les plus marquants peuvent être ensuite revus sur Youtube, où d’autres sites d’hébergement de vidéos. Par exemple, cette courte vidéo isole un instant où un cameraman se fait tirer dessus par un policier. Le journalisme citoyen ne semble pas être très apprécié par le gouvernement ukrainien...

 

Des articles sont également relayés, quelle que soit la langue dans laquelle ils sont rédigés. Des liens sont aussi échangés, renvoyant aux sites d'informations qui couvrent les manifestations de la manière la plus exhaustive.

Sur cet article, rédigé en russe, on peut apercevoir des manifestants construire une catapulte.

 

Ukraine : le chaos en streaming
Une vidéo montrera par la suite que l'arme de siège fonctionne parfaitement.

 

 

 

Pour les amateurs de photos, une galerie Instagram offre de multiples clichés pris durant  les manifestations.

 

Ukraine : le chaos en streaming

 

Le forum permet bien sûr à chaque internaute de poser les questions qu’il souhaite. Par exemple : « Quelle loi a été votée ? En tant qu’Américain, je n’ai bien sûr pas la moindre idée de ce qui se passe dans le reste du monde (merci à nos super chaînes d’infos). Toute information sera grandement appréciée… » Le nombre de participants aux différentes discussions garantit d’obtenir une réponse très rapidement et, pourquoi pas, de basculer dans un sous-débat qui ne gênera pas les autres internautes puisque tous les fils s’imbriquent les uns dans les autres. Pour être plus clair, quelqu’un souhaitant s’informer rapidement sur la situation ne lira que les posts commençant le plus à gauche de l’écran. Les autres dévieront de plus en plus sur la droite à mesure qu’ils entreront dans des discussions impliquant un moindre nombre de participant, ou se perdant dans des digressions hors-sujet.
 
Comme sur Youtube, un système de vote des contributions permet aux « redditors » de hiérarchiser la qualité des informations. Ainsi, les trolls ou autres intervenants peu intéressants seront relégués au fin fond du fil de discussion. Ce principe de modération, basé sur la justice populaire, fonctionne particulièrement bien et il est rare de tomber sur une contribution inutile.

On pourrait citer d'autres avantages à ce traitement pluriel de l'actualité : traductions instantanées, multiplication des anecdotes et points de vues, absence de censure sur le ton employé pour relater un événement...

Le journalisme n'est pas un métier à enterrer pour autant. Si le journalisme citoyen offre quantité de matière brut, le journaliste professionnel doit quant à lui trier le bon grain de l'ivraie, vérifier les faits, synthétiser les informations dans des formats courts et digestes. Plus que jamais, le travail de traitement et de mise en forme de l'information est ce qui justifie la plus-value journalistique. A l'heure où les rédactions rognent sur leur budget investigation et rechignent à envoyer des reporters couvrir des événements à l'autre bout du monde, le journalisme citoyen s'impose plus comme un allié qu'un concurrent direct du journalisme classique. Mais si le champ d'investigation s'est déplacé sur les réseaux sociaux et sur les sites web participatifs, gare, cependant, à ne pas se contenter de revues de tweets biens fainéantes. Le travail n'est pas moins exigeant aujourd'hui qu'il ne l'était hier.

 

 

Source : www.marianne.net

 

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19 janvier 2014 7 19 /01 /janvier /2014 19:34

 

Source : www.liberation.fr

 

 

 

Ukraine : heurts après une manifestation massive à Kiev
AFP 19 janvier 2014 à 12:32 (Mis à jour : 19 janvier 2014 à 18:31)

Affrontements à l'issue de la manifestation du 19 janvier 2014 à Kiev. Affrontements à l'issue de la manifestation du 19 janvier 2014 à Kiev. (Photo Sergei Supinsky. AFP)

Deux cent mille personnes ont bravé ce dimanche l'interdiction de manifester dans la capitale.

 

La police a utilisé dimanche des canons à eau contre les manifestants pour tenter de mettre fin aux affrontements qui ont éclaté à l’issue d’un rassemblement massif dans le centre de Kiev contre de nouvelles lois répressives. Les forces de l’ordre continuait aussi à user de gaz lacrymogène et de grenades assourdissantes tandis que les protestataires leur lançaient des pierres et des fumigènes, selon un journaliste de l’AFP.

Près de 200 000 opposants pro-européens manifestaient dimanche sur la place de l’Indépendance à Kiev, défiant les autorités après l’adoption de nouvelles lois renforçant les sanctions contre les contestataires, vivement dénoncées par les Occidentaux. Par des températures largement en dessous de 0°, les protestataires se pressaient sur et aux alentours de la place, aussi baptisée Maïdan, occupée depuis près de deux mois par des opposants pro-européens après le refus du président Viktor Ianoukovitch de signer un accord d’association avec l’Union européenne au profit d’un rapprochement avec la Russie.

Casseroles, passoires et boîtes en carton

Ils répondaient à l’appel des chefs de file de l’opposition, bravant l’interdiction de toute manifestation dans le centre de Kiev jusqu’au 8 mars, et les nouvelles lois promulguées vendredi par Viktor Ianoukovitch qui introduisent ou renforcent les sanctions à l’encontre des manifestants.

Des dizaines de personnes portaient sur la tête des casseroles, des passoires ou encore des boîtes en carton, ou avaient revêtu des masques de carnaval, en signe de dérision face à l’une des nouvelles lois qui punit les personnes manifestant avec un masque ou un casque sur la tête.

«J’attends aujourd’hui des mesures décisives et drastiques de la part de l’opposition», a déclaré à l’AFP un des occupants de Maïdan, Sergiy Nelipovitch. «Nous ne pouvons pas attendre plus longtemps. Nous n’avons pas le choix: soit nous gagnons soit nous tombons dans la dictature», a-t-il ajouté. S’exprimant tour à tour sur une scène, les leaders de l’opposition ont dénoncé ces nouveaux textes. «Nous déclarons illégale la nouvelle législation adoptée», a déclaré le boxeur Vitali Klitschko, chef du parti Oudar (Coup). Il a appelé les forces de l’ordre à rejoindre le camp des opposants. «Je m’adresse aux forces de l’ordre: passez dans le camp du peuple!», a-t-il lancé.

«Le Parlement a perdu sa légitimité, cela signifie que nous devons créer un conseil du peuple parmi les hommes politiques d’opposition», a de son côté dit Arseni Iatseniouk, responsable du parti de l’opposante emprisonnée Ioulia Timochenko. Les responsables ont toutefois été sifflés par la foule, reprochant aux opposants de ne pas avoir de plan d’action et de manquer d’un véritable leader.

Un mouvement qui reprend

Alors que le mouvement de contestation avait réussi à mobiliser des centaines de milliers de personnes en décembre, il s’était un peu essoufflé après signature le 17 décembre à Moscou d’accords économiques qui prévoient un crédit de 15 milliards de dollars à l’Ukraine et la baisse d’un tiers du prix du gaz russe. Mais l’adoption des nouvelles lois pourrait redonner un peu de vigueur à la protestation.

Les textes, votés à main levée en plein chaos au Parlement, prévoient des peines de prison de 15 jours pour l’installation non-autorisée de tentes ou d’estrades dans des endroits publics et jusqu’à cinq ans de prison pour les personnes bloquant des bâtiments officiels. Une loi punit d’amendes, de confiscation de permis de conduire et de voiture toute manifestation en cortège de plus de cinq véhicules. Un autre texte oblige les ONG bénéficiant de financements occidentaux à s’enregistrer en tant qu'«agent de l’étranger». Ce terme appliqué aux opposants réels ou supposés à l’époque stalinienne, est très souvent utilisé ces dernières années pour dénoncer les contestataires dans la Russie de Vladimir Poutine qui a adopté en 2012 une loi similaire.

Les Occidentaux ont mis en garde les autorités ukrainiennes contre ces textes et l’opposante emprisonnée et ex-Premier ministre Ioulia Timochenko a dénoncé l’instauration d’une «néo-dictature». Le ministre des Affaires étrangères suédois Carl Bildt, un ardent défenseur du rapprochement entre l’Ukraine et l’UE, a indiqué dans une interview à la chaîne de télévision ukrainien hromadske.tv que les Européens avaient discuté avec les Américains de sanctions à l’encontre de certaines personnes du gouvernement.

«Nous avons parlé de cela avec les Américains. C’était avant tout lié à la question des violences, notre position précise est que la violence ne doit pas être employée contre les participants pacifiques des protestations», a-t-il déclaré dans des propos traduits en ukrainien, ajoutant que les contacts se poursuivaient.

 

AFP
Source : www.liberation.fr


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8 décembre 2013 7 08 /12 /décembre /2013 19:34

 

Source : lemonde.fr

 

Des centaines de milliers d'Ukrainiens réclament le départ du président

Le Monde.fr | 08.12.2013 à 11h14 • Mis à jour le 08.12.2013 à 18h36 | Par Benoît Vitkine

 


 
Une « marche du million » est organisée dimanche à Kiev pour exiger la démission du gouvernement et le rapprochement du pays avec l'Union européenne.

L'opposition ukrainienne avait appelé à mobiliser plus massivement que jamais, dimanche 8 décembre, pour exiger la démission du gouvernement et le rapprochement du pays avec l'Union européenne (UE). Ses dirigeants ont placé la barre très haut en appelant à une « marche du million », et nul doute que la guerre des chiffres ne sera pas tranchée de sitôt.

Dans l'après-midi, entre 250 000 et 300 000 opposants étaient rassemblés sur la place Maïdan (place de l'« Indépendance »), brandissant des drapeaux ukrainiens et européens, selon des journalistes de l'AFP. Les organisateurs ont déclaré que le nombre de manifestants avait « approché un million » alors que la police, qui sous-estime généralement l'ampleur de la contestation, a fait état de 60 000 opposants et de 15 000 manifestants pro-Ianoukovitch devant le Parlement, pas très loin de la place Maïdan.

 UNE STATUE DE LÉNINE RENVERSÉE

Symbole fort, des manifestants « masqués , qui brandissaient des drapeaux du parti ultranationaliste Svoboda [« liberté »] », selon un porte-parole de la police, ont renversé une statue du chef de la révolution russe de 1917, Lénine, dans le centre de Kiev. Dans une ambiance plus tendue que lors des derniers rassemblements, un groupe de manifestants a quitté la place Maïdan pour aller se positionner devant différents bâtiments administratifs, dont les bureaux de la présidence.

Sur le terrain diplomatique, le président de la Commission européenne José Manuel Barroso et le président ukrainien Viktor Ianoukovitch sont convenus d'une mission de conciliation de la représentante de la diplomatie de l'UE Catherine Ashton à Kiev la semaine prochaine. L'objectif du déplacement de Mme Ashton a été discuté au cours d'un entretien téléphonique au cours duquel M. Barroso a « insisté sur la nécessité de trouver une solution politique aux tensions en Ukraine en instaurant un dialogue avec l'opposition et la société civile ».

Devant les manifestants, Arseni Iatseniouk, l'un des chefs de l'opposition, a appelé à « élargir la contestation » et à « bloquer le quartier gouvernemental ». L'opposante emprisonnée Ioulia Timochenko a réclamé le départ « immédiat » du président ukrainien, Viktor Ianoukovitch, dans un message lu par sa fille Evguenia devant les manifestants. « Démission ! démission ! », a scandé la foule. « Ne baissez pas les bras, ne faites pas de pas en arrière, ne vous mettez pas à la table des négociations avec ce pouvoir qui a le sang sur les mains », a-t-elle poursuivi. Les manifestants ont ensuite chanté l'hymne de l'Ukraine avec écrivains, philosophes et dignitaires religieux présents sur scène.

 

Evguenia, la fille de Ioulia Timochenko, lit un message de l'opposante emprisonnée réclamant le départ « immédiat » du président ukrainien, Viktor Ianoukovitch.

Le 1er décembre, entre 200 000 et 500 000 personnes s'étaient réunies sur cette place dans le centre de Kiev, en grande partie motivées par les images de l'assaut brutal mené par la police, la veille, contre des manifestants pacifiques.

SPÉCULATIONS AUTOUR DE LA VISITE EN RUSSIE DE IANOUKOVITCH

Cette fois-ci, la mobilisation a été amplifiée par les spéculations autour de la visite en Russie de Viktor Ianoukovitch, vendredi. Officiellement, le président ukrainien y a discuté avec son homologue russe, Vladimir Poutine, d'un « partenariat stratégique » entre les deux pays, mais l'opposition assure que les deux hommes y ont posé les bases d'une adhésion de Kiev à l'Union douanière, sorte de marché unique à destination des pays de l'ancien espace soviétique, et qui regroupe, outre la Russie, la Biélorussie, le Kazakhstan et bientôt l'Arménie.

Des manifestants en faveur du rapprochement de l'Ukraine avec l'Union européenne sur la place de l'Indépendance à Kiev, dimanche 8 décembre.

« Ce terme d'“Union douanière” sonne très inoffensif, mais pour nous il résonne comme “Union soviétique », expliquait dans la matinée de dimanche Oleh Vitalyuk, un manifestant venu en bus de Lviv, dans l'ouest ukrainophone du pays. Posté sur l'une des barricades érigées pour défendre la place, cet étudiant expliquait surtout vouloir « se battre jusqu'au bout pour que l'Ukraine devienne un pays civilisé, où règne l'Etat de droit et non la corruption organisée ».

Kiev et Moscou ont démenti que le sujet ait même été abordé, mais l'opposition, qui a reçu ces derniers jours des soutiens appuyés des Européens, a accusé le pouvoir d'avoir « vendu » le pays à Vladimir Poutine.

Lire aussi : A Kiev, la cure de jouvence révolutionnaire de Mikheïl Saakachvili

 LES ARGUMENTS ÉCONOMIQUES DE MOSCOU

Il faut dire que le président Ianoukovitch dispose d'une marge de manœuvre étroite. Le choix entre Union douanière et Union européenne n'est pas seulement « civilisationnel ». Kiev a besoin, et vite, d'espèces sonnantes et trébuchantes. L'Etat dispose de l'équivalent de seulement deux mois de réserves financières, et l'incertitude actuelle pousse de nombreux ukrainiens à convertir leurs grivnas en devises étrangères, faisant planer le spectre d'une dévaluation dont les Ukrainiens connaissent les effets douloureux.

M. Ianoukovitch se trouve donc face à un dilemme majeur : l'UE a peu à offrir, principalement des réformes structurelles qui n'auront pas d'effet avant plusieurs années, et exposeront le pays aux représailles commerciales de la Russie ; celle-ci, par l'arme du gaz et la possible attribution d'un prêt, dispose d'une force de frappe bien plus importante.

Mais Moscou ne se contente pas du refus de M. Ianoukovitch de signer l'accord d'association avec l'UE. Elle demande l'adhésion du pays à l'Union douanière. Une telle démarche placerait non seulement des pans entiers de l'économie ukrainienne à la portée des appétits russes, mais elle diviserait également le pays et pousserait à une radicalisation de la contestation.

Lire aussi notre entretien avec un député du parti au pouvoir : La Russie a une attitude guerrière

NÉGOCIATIONS « DE COULOIR »

Une « marche du million » est organisée dimanche à Kiev pour exiger la démission du gouvernement et le rapprochement du pays avec l'Union européenne.

La marge de manœuvre de l'opposition n'est toutefois pas beaucoup plus grande. Sur les réseaux sociaux, la marche du million a vite été rebaptisée « marche de la dernière chance ». Si les manifestants sont toujours des milliers à camper chaque jour et chaque nuit place Maïdan, le mouvement a donné des signes d'essoufflement depuis l'échec, mardi, de la tentative de renverser le gouvernement par une motion de défiance au Parlement.

Les chefs qui s'expriment chaque jour à la tribune de la place Maïdan n'appellent plus à la « révolution », comme ils le faisaient en début de semaine, et des négociations « de couloir » ont déjà débuté avec le pouvoir, croyait savoir samedi le journaliste Vitali Portnikov.

OUVERTURE D'UNE ENQUÊTE POUR TENTATIVE DE « PRISE DU POUVOIR »

Evoquée en fin de semaine par des sources anonymes au gouvernement, l'idée d'élections anticipées a été officiellement écartée. En attendant, le pouvoir essaie de façon assez grossière d'endiguer la contestation, et ne peut faire beaucoup plus que de se réjouir de l'arrivée à Kiev de la neige, « un cadeau de Dieu », souriait samedi un député du Parti des régions au pouvoir.

Des policiers gardent les bureaux du président ukrainien, Viktor Ianoukovitch, dimanche 8 décembre.

Les services spéciaux ukrainiens ont annoncé l'ouverture d'une enquête contre X pour tentative de « prise du pouvoir » par « certains hommes politiques ». Selon la journaliste Viktoria Siumar, la présidence a également enjoint aux chaînes de télévision de limiter leur couverture des événements. Le premier ministre, Mykola Azarov, a lui déclaré que le gouvernement était prêt à aider financièrement les manifestants venus de l'Ouest qui n'auraient plus de quoi rentrer chez eux.

L'ampleur de la mobilisation de dimanche aura donc une importance vitale dans la guerre des nerfs que se livrent les deux camps, et pour éviter un « pourrissement » du mouvement qui ne ferait les affaires d'aucune des deux parties.

 

Benoît Vitkine
Journaliste au Monde

 

 

 


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1 décembre 2013 7 01 /12 /décembre /2013 19:12

 

Source : liberation.fr

 

 

Ukraine: «Révolution !», «Kiev, lève-toi !»
AFP 1 décembre 2013 à 10:41 (Mis à jour : 1 décembre 2013 à 18:43)

A protester wearing a gas mask gestures during a rally held by supporters of EU integration in Kiev, December 1, 2013. Hundreds of thousands of Ukrainians shouting "Down with the Gang!" rallied on Sunday against President Viktor Yanukovich's U-turn on Europe and some used a building excavator to try to break through police lines at his headquarters. REUTERS/Vasily Fedosenko (UKRAINE - Tags: POLITICS CIVIL UNREST) TEMPLATE OUT - RTX15ZTEA protester wearing a gas mask gestures during a rally held by supporters of EU integration in Kiev, December 1, 2013. Hundreds of thousands of Ukrainians shouting "Down with the Gang!" rallied on Sunday against President Viktor Yanukovich's U-turn on Europe and some used a building excavator to try to break through police lines at his headquarters. REUTERS/Vasily Fedosenko (UKRAINE - Tags: POLITICS CIVIL UNREST) TEMPLATE OUT - RTX15ZTE (Photo Vasily Fedosenko. Reuters)

 

Des incidents ont fait au moins une centaine de blessés dimanche à Kiev en marge d’une manifestation pro-européenne de plus de 100 000 personnes, dont les leaders ont appelé à tenir jusqu’à la démission du président Viktor Ianoukovitch.

  

Des manifestants ont par ailleurs pris le contrôle dimanche des locaux de la mairie de Kiev lors de la manifestation de l’opposition dans la capitale, selon une porte-parole de la police de Kiev.

Des affrontements dans le quartier gouvernemental, proche de la place de l’Indépendance où avait lieu la manifestation, ont fait une centaine de blessés parmi les policiers, a indiqué une porte-parole de la police à l’AFP

Ces affrontements sont notamment survenus devant le siège de l’administration présidentielle, gardé par les forces spéciales, et que plusieurs centaines de jeunes gens masqués ou cagoulés ont tenté de prendre d’assaut.

Les forces spéciales ont utilisé à plusieurs reprises des grenades assourdissantes et des gaz contre ces assaillants qui avaient amené un bulldozer, apparemment pour forcer l’entrée du bâtiment.

L'opposition nie tout lien avec ces incidents

Deux photographes de l’AFP ont été légèrement blessés lors des incidents. Lors d’un assaut des forces de l’ordre, un caméraman local de la chaîne Euronews a également été blessé à la tête, selon un journaliste de l’AFP sur place.

Les leaders de l’opposition ont nié tout lien avec ces incidents et dénoncé une «provocation». «L’opposition n’a aucun lien avec ce qui s’est passé devant l’administration présidentielle», a déclaré Arseni Iatseniouk, un proche de l’opposante emprisonnée Ioulia Timochenko.

Piotr Porochenko, un autre leader d’opposition, a affirmé que ces incidents étaient provoqués par «500 individus spécialement formés et équipés, amenés par les autorités pour discréditer notre action pacifique».

Sur la Place de l’Indépendance, la manifestation de l’opposition se déroulait sans incident, selon des correspondants de l’AFP sur place.«Nous restons ici, on va installer des tentes. A partir d’aujourd’hui commence la grève générale. La révolution a commencé en Ukraine!», a déclaré un des leaders de l’opposition, Oleg Tiagnibok, devant la foule, hérissée de drapeaux ukrainiens et de quelques drapeaux européens sur la place de l’Indépendance, en plein centre de la capitale.

L’opposition a parlé de centaines de milliers de manifestants. «Révolution !», «Kiev, lève-toi !», «L’Ukraine, c’est l’Europe», scandaient les manifestants.

M. Tiagnikok a ajouté que l’opposition occuperait cette place, emblématique de la Révolution orange pro-européenne de 2004, jusqu’au départ du pouvoir actuel.


Appel à la démission

«Le gouvernement et le président doivent démissionner», a lancé un autre leader d’opposition, Vitali Klitshko.

«Ianoukovitch a versé le sang de nos enfants, il doit en assumer la responsabilité», a lancé de son côté Arseni Iatseniouk, faisant référence à la dispersion violente de manifestants samedi matin, qui avait fait une trentaine de blessés.

Le président Viktor Ianoukovitch se trouvait dimanche dans sa résidence de la banlieue de Kiev, pour une réunion d’urgence avec le ministre de l’Intérieur Vitali Zakhartchenko, le maire de Kiev Alexandre Popov et le secrétaire du Conseil de sécurité ukrainien Andreï Kliouev, ont indiqué des sources gouvernementales à l’agence russe Itar-Tass.

Selon ces sources, l’état d’urgence pourrait être décrété lundi en Ukraine. Le porte-parole du Premier ministre, Vitali Loukianenko, a de son côté affirmé que la situation était «sous contrôle».

Les autorités avaient déjà interdit samedi soir, jusqu’au 7 janvier, toute manifestation près des bâtiments gouvernementaux, notamment sur la place de l’Indépendance, mais les manifestants ont passé outre.

Dans une lettre lue samedi par sa fille Evguenia, Ioulia Timochenko, ex-Premier ministre actuellement emprisonnée dont l’UE a demandé en vain la libération, a appelé à «renverser» le pouvoir actuel en descendant dans la rue.

Motifs de colère

L’opposition, qui reproche au président d’avoir tourné le dos à l’UE et durci le régime, avait déjà mobilisé des dizaines de milliers de personnes à Kiev il y a une semaine.

Les manifestants dénoncent la volte-face du président Viktor Ianoukovitch, qui a refusé vendredi lors d’un sommet à Vilnius de signer un accord d’association avec l’UE en préparation depuis des mois, et qu’ils accusent de renvoyer le pays dans les bras de la Russie.

Le président ukrainien a réitéré sa volonté de poursuivre le rapprochement avec l’Union européenne, qui n’est selon lui que remis à plus tard en raison de la situation difficile de l’économie ukrainienne.

Mais le Premier ministre, Mykola Azarov, a annoncé dimanche que le président, qui doit se rendre en Chine cette semaine, irait ensuite en Russie pour y signer «une feuille de route de coopération».

Les dirigeants européens ont exprimé vendredi, lors du sommet de Vilnius, leur amertume à l’égard de l’attitude de la Russie, qui a pesé de tout son poids pour empêcher un accord d’association entre l’Ukraine et l’UE.

A Paris, cinq militantes du groupe féministe Femen - originaire d’Ukraine -ont uriné dimanche matin sur une photo du président Ianoukovitch, devant l’ambassade d’Ukraine, pour dénoncer la répression de l’opposition après la volte-face du pays à l’égard de l’UE.

AFP
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30 novembre 2013 6 30 /11 /novembre /2013 18:59

 

Source : rue89.com

 

Violente répression d’une manif pro-européenne en Ukraine

Publié le : 30/11/2013 à 17h42

 

 

 

Tôt ce samedi matin, dans le centre de Kiev, la police ukrainienne a violemment dispersé des manifestants, faisant des dizaines de blessés.

Depuis plusieurs jours, des milliers de manifestants dénoncent le refus du gouvernement de signer un accord d’association avec l’Union européenne. Ils réclament le départ du président Viktor Ianoukovitch, coupable à leurs yeux de céder aux pressions de Vladimir Poutine, opposé à ce projet.

Depuis sa prison, l’ex-Premier ministre Ioulia Timochenko a appelé les manifestants à « ne pas quitter la rue tant que le régime ne sera pas renversé par des moyens pacifiques ».

José Manuel Barroso, de son côté, a lancé : « Le temps de la souveraineté limitée est révolu en Europe. »

 

 

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27 juillet 2013 6 27 /07 /juillet /2013 17:42

 

Le HuffPost

Publication: 27/07/2013 18h26 CEST  |  Mis à jour: 27/07/2013 18h38 CEST

Trois Femen ukrainiennes, militantes connues pour leurs apparitions seins nus, ainsi qu'un ancien photographe de l'AFP ont été enlevées samedi à Kiev au moment où les trois femmes tentaient de manifester contre la visite du président russe Vladimir Poutine, a-t-on appris auprès du mouvement.

 

Trois militantes de Femen qui s'apprêtaient à manifester dans le centre de la capitale ukrainienne ainsi qu'un photographe "ont été passés à tabac par des inconnus qui les ont ensuite emmenés en voiture vers une destination inconnue", a déclaré la dirigeante du mouvement Anna Goutsol. Elle a précisé qu'il s'agissait du photographe Dmitri Kostioukov qui avait travaillé au bureau de Moscou de l'AFP.

Dans la matinée c'est Anna Goutsol elle-même qui a été agressée peu avant le début de la visite en Ukraine de Vladimir Poutine. Elle rentrait dans son immeuble à Kiev après avoir promené son chien quand un homme non identifié lui a donné un coup de poing au visage, s'est emparé de son animal, puis s'est enfui.

 

Acte d'intimidation

"Un homme, un inconnu, m'a sauté dessus du haut des escaliers, m'a frappée au visage, a volé mon chien et a fui", a raconté Anna Goutsol, affirmant qu'elle avait remarqué la veille qu'elle avait été suivie. "Je lui ai couru après, mais j'ai juste eu le temps de voir qu'il s'était engouffré dans une voiture et qu'il était parti avec mon chien", a-t-elle ajouté. "Cela m'est égal de savoir qui c'est, un membre du SBU (Service de sécurité ukrainien) ou un bandit engagé par lui", a dit la militante féministe, estimant qu'il s'agissait là d'un acte d'intimidation sur fond de festivités à forte connotation politique ce week-end en Ukraine.

"Les services spéciaux russes aidés par les services ukrainiens mènent une campagne de terreur contre les militants de Femen à cause de la visite des ennemis de la démocratie, le dictateur Poutine et le pope Kirill (patriarche orthodoxe russe, ndlr)", ont écrit les Femen dans un communiqué. "C'est Poutine et les bigots qui l'entourent qui sont responsables d'attentats contre les militants de Femen", a déclaré le mouvement.

Vladimir Poutine est arrivé samedi en Ukraine, une ancienne république soviétique, pour y célébrer le 1025e anniversaire de l'introduction du christianisme dans la Russie kiévienne.

Un homme présenté comme le "consultant politique" des Femen, Viktor Sviatski, avait révélé jeudi avoir été violemment frappé la veille au soir près des locaux du mouvement féministe à Kiev, un acte également dénoncé comme ayant été une tentative d'intimidation avant la visite du président russe.

LIRE AUSSI : Un idéologue des Femen violemment agressé à Kiev

 

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