LEMONDE.FR avec Reuters, AFP et AP | 23.10.11 | 12h59 • Mis à jour le 24.10.11 | 12h05
Le séisme de magnitude 7,2, selon l'institut américain de géophysique USGS, qui a secoué dimanche la province orientale turque de Van a fait au moins 264 morts, selon un nouveau bilan présenté lundi par le ministre de l'intérieur turc Idris Naim Sahin. Un précédent bilan donné par le vice-premier ministre turc faisait état de 239 morts et de 1 300 blessés.
Des morts et des dégâts supplémentaires étaient signalés en provenance de petits villages reculés, généralement sans électricité ni liaisons téléphoniques. Le premier ministre Recep Tayyip Erdogan s'est rendu sur place. Il a survolé Ercis en hélicoptère pour mesurer l'ampleur des dégâts. "Le problème le plus important maintenant, ce sont les villages proches de Van car les bâtiments sont en adobe [briques de terre et paille séchées au soleil]. Ils sont plus vulnérables aux séismes. Je dois dire que quasi tous les bâtiments dans ces villages sont détruits", a dit Recep Tayyip Erdogan, qui doit réunir son gouvernement lundi. La terre a tremblé dimanche à 10 h 41 GMT à 20 km au nord de Van et plus de 70 répliques, certaines assez fortes, ont été ressenties dans la journée.
Les premiers témoignages faisaient état d'importants dégâts. "Certains bâtiments ont subi des dommages, mais nous n'avons pas reçu d'informations sur des victimes. La secousse a provoqué une grande panique", a dit le maire de Van, Bekir Kaya, sur la chaîne privée turque d'information NTV. Le tremblement de terre a entraîné un important mouvement de panique. Les premières images diffusées montraient des habitants en train de fuir dans le désordre leurs habitations.
BESOINS NOMBREUX
L'armée a annoncé le déploiement de deux bataillons pour participer aux opérations de secours. On ignore ce qu'est devenue une église arménienne du Xe siècle sur l'île d'Akdamar, récemment restaurée par les autorités turques en geste d'apaisement à l'égard de l'Arménie.
Dimanche soir, les besoins étaient nombreux : "Nous avons un besoin urgent de tentes et d'équipes de secours. Nous n'avons pas d'ambulances et nous n'avons qu'un seul hôpital", a déclaré Zulfukar Arapoglu, le maire d'Ercis, à la chaîne de télévision NTV. Les secouristes ont poursuivi par un froid glacial dans la nuit de dimanche à lundi la recherche de survivants.
PROPOSITIONS D'AIDE
Les propositions d'aide ont afflué d'Europe, de l'OTAN, de la Chine, de l'Azerbaïdjan, du Japon, des Etats-Unis et d'Israël, dont les relations avec la Turquie sont considérablement refroidies depuis l'arraisonnement en 2010 d'une flottille humanitaire pour Gaza. Recep Tayyip Erdogan a remercié ces gouvernements mais a assuré que la Turquie pourrait faire face seule à la situation. Serge Sarkissian, le président de l'Arménie, pays dont les relations sont historiquement tendues avec la Turquie, a appelé son homologue turc, Abdullah Gül, pour transmettre ses condoléances.
Le Croissant rouge iranien a envoyé une première équipe de secouristes et de l'aide médicale et alimentaire, a rapporté lundi l'agence officielle Irna.
"Vingt secouristes, 20 ambulances, un hôpital de campagne, 50 tentes et de l'aide alimentaires" ont été envoyés dans la région de Van, proche de la frontière iranienne, où le séisme a été le plus dévastateur, a déclaré Mahmoud Mozafar, chef du Croissant rouge iranien. "Les responsables turcs ont défini une zone dans la région de Van où les secouristes iraniens vont apporter de l'aide médicale aux blessés", a-t-il ajouté.
La Turquie, qui est traversée par plusieurs failles, connaît de fréquents séismes. Deux forts tremblements de terre dans les régions très peuplées et industrialisées du nord-ouest du pays avaient fait environ 20 000 morts, en août et novembre 1999, et les experts s'accordent sur le fait que la région d'Istanbul est menacée d'un fort séisme. En 1970, un tremblement de terre avait fait plus de 1 000 morts dans la province de Kütahya.