Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
15 juin 2013 6 15 /06 /juin /2013 21:06

 

liberation.fr

15 juin 2013 à 19:41 (Mis à jour: 20:53)


La police anti-émeutes disperse les manifestants réunis dans le parc Gezi d'Istanbul le 15 juin 2013
La police anti-émeutes disperse les manifestants réunis dans le parc Gezi d'Istanbul le 15 juin 2013 (Photo Ozan Kose. AFP)

actualisé La police turque a procédé samedi soir à l'évacuation des milliers de manifestants et à plusieurs interpellations.

Par AFP

La police turque a évacué samedi soir les milliers de manifestants qui occupaient le parc Gezi d’Istanbul, deux heures après un nouvel ultimatum du Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan les sommant de vider les lieux, ont constaté des journalistes de l’AFP.

Les forces de l’ordre ont pénétré dans le parc, le bastion de la fronde antigouvernementale qui agite depuis deux semaines la Turquie, et l’ont vidé de tous ses occupants par des tirs de grenade lacrymogènes.

De nombreuses tentes dans lesquelles les occupants s’apprêtaient à passer une nouvelle nuit ont été détruite lors de l’intervention, et plusieurs manifestants interpellés, ont constaté les journalistes de l’AFP.

Peu auparavant, les forces de l’ordre avaient évacué, d’abord avec des canons à eau puis avec des gaz lacrymogènes, plusieurs manifestants qui s’étaient réunis sur la place Taksim pour scander des slogans hostiles à M. Erdogan.

Lors d’un discours prononcé près d’Ankara devant plusieurs dizaines de milliers de ses partisans, le chef du gouvernement avait lancé en fin d’après-midi un nouvel ultimatum aux occupants du parc, les sommant de vider les lieux d’ici à dimanche.

Le 31 mai, une violente intervention de la police dans le parc Gezi pour évacuer des militants opposés à sa destruction annoncée a dégénéré en vaste mouvement de contestation politique contre le gouvernement islamo-conservateur turc, au pouvoir en Turquie depuis 2002.

 

 

Partager cet article
Repost0
14 juin 2013 5 14 /06 /juin /2013 15:02

 

Le Monde

14.06.2013 à 13h41

 

 

 

 

Le Monde | 14.06.2013 à 13h41

Durée : 01:50  |  Images : Reuters  

Davide Martello, un musicien allemand, a apporté son piano sur la place Taksim à Istanbul, théâtre de nombreux affrontements entre la police et les manifestants ces derniers jours. Aux pieds du monument dédié à Ataturk, il a joué pendant douze heures afin d'apaiser les forces de l'ordre et les opposants à la politique d'Erdogan.

Depuis une semaine, la place Taksim a été évacuée à plusieurs reprises par la police antiémeute. La contestation antigouvernementale fait front depuis une douzaine de jours aux autorités turques.

Le Monde.fr

 


Partager cet article
Repost0
11 juin 2013 2 11 /06 /juin /2013 13:39

 

 

Rue89

  à lire sur Gezi Radyo 11/06/2013 à 12h24

 

 

Les manifestants de la place Taksim ont depuis ce week end leur radio : Gezi Radyo, du nom du parc où la contestation a débuté. La radio émet directement depuis le parc et diffuse deux journaux en turc et en anglais à 12h30 et 19h30 heure locale (11h30 et 18h30 heure française. Le collectif propose également de suivre les événements sur leur compte Twitter @GeziRadyo.

Nous nous sommes soulevés pour reprendre contrôle sur nos vies et nous nous sommes retrouvés au parc Gezi.

Chaque jours nous mettons à l’épreuve notre capacité a agir, s’auto-organiser et prendre des initiatives en commun.

Ceci est notre radio collective.

Nous sommes le son de notre résistance.

Comme nous le crions depuis des jours : Ce n’est qu’un début, la lutte continue !

Partager cet article
Repost0
11 juin 2013 2 11 /06 /juin /2013 13:37

 

 

Rue89

 

Place Taksim 11/06/2013 à 10h01
Philippe Vion-Dury | Journaliste Rue89

 

Ce mardi matin a des airs de lendemains qui déchantent pour les manifestants de la place Taksim, à Istanbul. Après l’annonce hier par le gouvernement d’une concertation avec les groupes de contestation, la presse voyait une « main tendue » et un « geste d’ouverture », la perspective d’une issue pacifique au conflit qui secoue la Turquie depuis douze jours.

Les dizaines de policiers anti-émeutes qui ont investi ce matin la place Taksim pour la reprendre des mains des manifestants ont anéanti cette perspective.

 

 

Cocktails molotov contre canons à eau

 

Ce mardi matin, c’est le bruit des blindés qui a réveillé à l’aube les irréductibles campant sur la place Taksim, devenue le symbole de la contestation. Les forces de l’ordre, qui s’étaient tenues à l’écart de la place depuis plusieurs jours, ont pris d’assaut les barricades de fortunes et bombardé massivement les manifestants de grenades lacrymogènes.

Ceux-ci n’ont pas tardé à répondre aux grenades et canons à eau montés sur blindés par des jets de pierres et des cocktails molotov. Les affrontements ont cependant épargné le parc Gezi, jouxtant la place, où des centaines de manifestants continuent de camper pour protester contre le projet d’aménagement urbain à l’origine de la contestation.

 

Laurent Burkhalter @larry_GVA

La police déclare qu'elle laissera les manifestations dans le parc, mais veut juste nettoyer la place # Taksim pic.twitter.com/fso0u0vWam

Voir l'image sur Twitter

 

 

Les manifestants « confiés à leurs frères policiers »

 


Les policiers sur la place Taksim, le 11 juin 2013 (Kostas Tsironis/AP/SIPA)

 

Selon le Hürriyet Daily News, les accrochages auraient déjà fait au moins deux blessés chez les manifestants. L’un d’entre eux déclare avoir fuit les policiers après avoir reçu du gaz au visage, puis avoir été touché à la jambe par une bombe lacrymogène.

Le gouverneur d’Istanbul, Hüseyin Avni Mutlu, s’était exprimé un peu plus tôt sur Twitter, affirmant que ni le parc Gezi ni la place Taksim ne seraient touchés et que les manifestants seraient simplement « confiés à [leurs] frères policiers ».

 

Hüseyin Avni Mutlu @Valimutlu

Açıklamalarım doğrultusunda çalışma yürütülmektedir Gezi Parkında bekleyen gençlere teşekkür ederim.Küçük bazı çatışmalar oldu meraklanmayın

 

Le ton monte et la situation peut dégénérer à tout instant. Tandis que la police cantonne les manifestants dans le parc Gezi, des affrontements ont eu lieu au pied des studios de la télévision pro-Erdogan Haber Turk.

Au même moment, un tweet de l’AKP, le parti d’Erdogan, dénonce ces « terroristes » de Taksim, qui « attaquent la police avec des armes à feu et des cocktails molotov ».

 

Ariane Bonzon @ArianeBonzon

Tweete de l'AKP : regardez ces " terroristes" de Taksim qui "attaquent la police avec des armes à feu et coktail Molotov" via @Akpartyyth

 

La main tendue d’Erdogan

Pourtant, les manifestants avaient des raisons d’espérer une sortie de crise négociée et pacifique, depuis

‘Notre Premier ministre a donné rendez-vous à certains groupes qui organisent ces manifestations. Je crois qu’il en rencontrera certains mercredi. Et d’autres à un autre moment.’

Arinç avait également réaffirmé que le gouvernement se plierait à la décision de justice, concernant la légalité du projet d’aménagement urbain du parc Gezi à l’origine des tensions :

‘Il existe une décision de justice suspendant les travaux et quatre autres requêtes qui n’ont pas encore été examinées. Pour l’instant, nous nous conformons à la décision de la justice. Si le tribunal décide au bout du compte que ce projet n’est pas bon, il serait possible de le revoir.’

Puis la gifle

Cet assouplissement manifeste n’a pourtant pas duré longtemps. Lundi soir, le président turc Abdullah Gül promulguait la loi controversée qui limite la consommation d’alcool et réprime l’ivresse.

Cette législation était vivement dénoncée par les partis laïcs, qui y voyaient une mesure liberticide et islamique, tandis que de nombreux jeunes bravaient l’interdiction justifiée selon eux par des considérations religieuses et morales en buvant de la bière sur la place Taksim.

Dans son compte-rendu, le vice-Premier ministre avait également discrètement glissé que les ‘manifestations illégales ne seraient plus tolérées en Turquie’, sans plus de détails. L’opération de ce mardi matin semble préciser ces propos.

Enfin, tard hier soir, la police anti-émeutes a investi à grand renforts de grenades lacrymogènes l’avenue de Tunali-Hilmi à Ankara, occupée et barricadée par des manifestants, mais qui avait réussi à échapper aux violences jusqu’à maintenant.

Quand Recep Tayyip Erdogan déclarait dimanche en fin d’après-midi que sa patience avait des limites, les manifestants n’imaginaient probablement pas qu’ils étaient si proches de les atteindre.

 

 

Partager cet article
Repost0
9 juin 2013 7 09 /06 /juin /2013 18:05

 

 

9 juin 2013 à 12:28
Dans le centre d'Ankara, dimanche.
Dans le centre d'Ankara, dimanche. (Photo Dado Ruvic / Reuters)

Reportage Plusieurs milliers de protestataires ont réussi à passer la nuit dans le centre de la capitale Ankara, défiant la police.

Par MARC SEMO envoyé spécial à Ankara (Turquie)

Un simple parasol les a abrités des pluies de la nuit. Leur tente avait été confisquée par la police il y a une semaine, dès les première tentatives durement réprimées d’installer un campement dans le Kugulu park (parc aux cygnes) au centre d’Ankara, en Turquie.

«Nous venions tous les soirs, les flics nous chassaient vers minuit avec les gaz et les matraques. Ceux qui n’étaient pas en garde à vue revenaient le lendemain», raconte Baris, étudiant en linguistique qui avec deux copines de fac Sevil et Sena a enfin réussi comme des milliers d’autres protestataires à rester tout la nuit sur place. «La police est beaucoup plus dure à Ankara qu’à Istanbul parce que c’est le coeur du pouvoir», explique l’étudiant.

Maintenant, c’est fait : un second Taksim s’est installé à quelques centaines de mètres de la «grande assemblée nationale» au coeur même d’une capitale créée de toute pièce par Mustapha Kemal pour symboliser la rupture entre le vieux monde ottoman et la nouvelle République laïque inspirée du modèle jacobin.

Violents affrontements dans la nuit

Avenues tirées au cordeau, bâtiments bauhaus édifiées par des architectes allemands et autrichiens ayant fuit le nazisme, casernes encerclant les sièges des institutions républicaines et gigantesques statues de style réaliste-socialiste. «Partout c’est Taksim, partout c’est la résistance», clame une banderole entre deux géants de pierre sombres, un travailleur et un soldat, monument à la gloire de la fierté turque qui se dresse à Güven Park (le parc de la confiance), à un kilomètre de l’autre, le second lieu de la contestation, celui-là privilégié par l’extrême-gauche. Ce carrefour est tout proche des bureaux du premier ministre. De violents affrontements se sont déroulés toute la nuit de samedi à dimanche sans que les manifestants ne réussissent à occuper les lieux.

A Kugulu park, tout a basculé dans la nuit de samedi à dimanche. Le samedi matin encore, une tentative de s’y incruster des artistes qui défilaient contre la reprise en main des théâtres et opéra publics, avait été dispersée par la force. Mais dès 18 heures en cette journée de week-end, des milliers de jeunes avaient commencé à marcher vers les deux parcs. Ils marchaient sur les trottoirs et n’osaient pas encore descendre sur le grand boulevard Ataturk, qui traverse toute la ville du nord au sud, où ne passaient plus que de rares voitures. Puis la foule a commencé à gonfler.

Des lycéennes brandissent une pancarte manuscrite clamant «Erdogan, même Mevlana ne voudrait pas de toi» en référence à une célèbre phrase d’al Rumi, le grand saint soufi disant «Viens à moi qui que tu sois, chrétien même si tu es apostat». Elles sont là dans la masse avec l’accord de leurs parents. «Ils sont fiers de nous et nous ont juste dit de faire attention aux gaz», explique Ece, 17 ans. La foule désormais occupe tout Tunali, l’artère commerçante chic parallèle au boulevard. «La classe moyenne est enfin sortie de chez elle», s’enthousiasme Seref, ingénieur en informatique venu en voisin.

Le 8 couché, symbole de l'infini

L’autoritarisme du premier ministre Erdogan, ses tentatives de restreindre la vente d'alcool ou de limiter le recours à l’avortement exaspère cette fraction de la population qui vit totalement à l’européenne. «Ses rêves ne sont pas les nôtres et il veut nous les imposer», s’indigne Zeynep, économiste, qui est venu tous les jours protester même si elle n' a jamais voulu tenter de passer la nuit dans le parc : «il faut laisser ça aux plus jeunes».

Certains portent des tee-shirt avec le portrait d’Ataturk, 1881-1938, avec le 8 couché devenant ainsi symbole de l’infini et d’un message toujours vrai. «Le pire c’est qu’Erdogan a osé le traiter d’ivrogne et rien que pour cela aussi il devrait s’excuser», assure Özgur, chef de chantier, qui travaille à Adana au sud et a pris des jours de congé pour rentrer à Ankara et participer au mouvement. La capitale concentre bon nombre des élites kémalistes du pays mais l’afflux des immigrants de l’Anatolie profonde l’a transformé de fond en comble et elle est gérée depuis dix neufs ans par un maire islamiste Melih Gokcek, populiste encore plus autoritaire que le premier ministre, dont les tweets vilipendant les femmes avorteuses qui ont indigné une bonne partie du pays.

Partout aussi des écharpes blanches et noires aux couleurs du Besisktas, la plus ancienne des trois équipes de foot d’Istanbul, dont les supporters au travers de leur groupe le plus radical «Carsi» sont en pointe de la contestation. Ils sont venus samedi à plus d’une vingtaine de bus pour aider les manifestants d’Ankara. Ils sont quelques milliers en rangs serrés défilant dans Tunali et hurlant leur habituel slogan de guerre «flic enlève ton casque et ta matraque, montre si t 'es un homme».

Tentes et stands de distribution de nourriture

Là, à Ankara comme aussi à Istanbul, les «ultras» des autres clubs font bloc avec eux face à l’ennemi commun. «Nous n’avons pas de revendications précises communes, chacun a les siennes mais c’est cette diversité qui fait la force du mouvement et tous nous avons la même exigence : la liberté» explique un étudiant en maillot blanc et noir. La masse compacte de la manifestation comme la conscience de l’impossibilité de continuer à réprimer par la force des cortèges pacifiques a finalement amené les autorités d’Ankara à céder.

Kugulu park a commencé à son tour à devenir une zone libérée. Tentes et stands de distribution de nourriture avec les dons apportés par les citoyens soutenant le mouvement. Qui arrivent avec des oeufs durs, qui avec des beurek faits à la maison. les commerçants donnent de l’eau et du lait. C’est comme à Taksim mais là au coeur de l’Anatolie, certains rituels restent bien vivaces. Un chêne du parc est recouvert de petits bouts de tissus et de papiers comme on accroche des voeux sur les arbres poussant sur les tombes des derviches les plus saints. «Si Erdogan démissionne enfin, je coupe la tresse que je laisse pousser depuis dix ans» écrit une jeune fille. Il y en a en français «liberté, égalité, fraternité» ou en italien «le soleil se lève à Istanbul et il ne se couchera pas à Venise». Ils crient la colère : «Dix ans, ça suffit» ou simplement «résistance». Et il y a aussi les mots de l’espoir «nous sommes la prochaine génération, nous sommes la Turquie du futur, nous voulons respirer librement».

 

 

Partager cet article
Repost0
9 juin 2013 7 09 /06 /juin /2013 16:34

 

Rue89

Témoignage 09/06/2013 à 16h07

Gunes Tavmen, étudiante

 

 


Istanbul, 6 juin 2013 (Kostas Tsironis/AP/SIPA)

Je disais l’autre jour à une amie que l’ambiance en Turquie était comme celle d’une maison soumise à un père autoritaire constamment furieux, où chacun songerait à fuir.

Le dernier jour du mois de mai, pour reprendre l’expression de CNN, « quelque chose s’est cassé en Turquie ». Depuis, la nature des manifestations se modifie sans cesse mais ce n’est ni un nouvel « Occupy » ni un « Printemps » : ce serait lire l’essence de ce mouvement comme simplement anticapitaliste, ou comme la contestation de la légitimité du régime actuel.

Ce n’est pas non plus une guerre contre la charia. Il est simplement question d’un peuple qui veut être écouté. C’est le mouvement des « chapulleurs » [dérivé de « çapulcu », « pilleur », terme par lequel Erdogan a dénigré les premiers manifestants ; ces derniers l’ont depuis repris à leur compte pour désigner ceux qui défendent leurs droits, ndlr].

Making of
Gunes Tavmen est née à Ankara puis a vécu à Istanbul. Etudiante, elle poursuit actuellement des études de sociologie à Londres. Lasse d’entendre les journalistes étrangers se demander pourquoi les Turcs manifestent, elle nous a envoyé ce texte. M.D.

Ce qui a réuni tant de gens divers autour d’un appel commun, c’est la revendication de leur dignité et le désir d’être traités comme des adultes.

Cinéma

Ces manifestations ont été déclenchées par un débat à propos de la préservation d’un parc, bien qu’il y ait des problèmes beaucoup plus graves dans le pays. La raison n’en est pas que les soucis écologiques soient une priorité essentielle pour la majorité des Turcs ; ce n’est pas non plus simplement une réaction contre les politiques néolibérales qui ont abouti à la construction de plus de cent centres commerciaux rien qu’à Istanbul (et pas une seule grande bibliothèque publique).

Ce qui est en cause, c’est le fait que le peuple soit exclu de tout processus de participation aux décisions politiques. Quand le niveau de participation des citoyens aux mécanismes de décisions administratives est limité à un sondage pour choisir la couleur des nouveaux bus, évidemment qu’ils se sentent exclus !

Ce n’est évidemment pas la première fois que le gouvernement central prend une décision sans consulter la population concernant l’urbanisme. Mi-Avril, un bâtiment historique abritant le plus ancien cinéma d’Istanbul a été démoli, malgré une longue résistance de la population. Pour construire un centre commercial juste à côté d’un autre centre commercial. La forme de résistance adoptée par les défenseurs du cinéma était comparable à celle observée au parc Gezi.

 

« Droit à la ville »

Dans la société turque, la notion du « droit à la ville » est essentiellement une préoccupation de la classe moyenne. La majorité de la population, jusqu’à présent, percevait ces combats comme un problème de riches.

Sauf que cette fois, le peuple a perdu patience.

Quand une manifestation pacifique du genre « sit-in » a reçu une attaque brutale de la part de la police au matin du vendredi 31 mai, les gens se sont rendus en masse place Taksim pour soutenir les manifestants.

Le Premier ministre, en répétant qu’il ne demanderait pas l’avis de l’opinion publique pour de telles affaires, n’a rien fait pour calmer la situation.

Malgré le silence des médias turcs, l’indignation s’est répandue – en particulier sur Twitter, puisque le gros des manifestants vient d’un milieu aisé de classe moyenne où l’on possède de jolis smartphones.

Pétrole

Il continue à y avoir des manifestations dans d’autres grandes villes comme Ankara et Izmir. Surtout, jour après jour, le mouvement gagne toutes les couches sociales. Abdullah Comert, ce manifestant mort durant les événements à Antakya (une petite ville à la frontière de la Syrie), travaillait comme ouvrier dans une usine d’emballage.

Une nouvelle législation qui permettra aux compagnies étrangères de chercher du pétrole en Turquie doit bientôt entrer en vigueur. Encore une loi sur laquelle le public n’a jamais eu son mot à dire.

Impossible de savoir si le gouvernement persistera ou non dans son comportement autocratique. Cependant, il est certain que la résistance est forte.

Tandis que j’écris ces lignes, l’endroit d’où jaillirent les manifestations, le parc Gezi, devient de plus en plus un lieu de réunion communautaire et pacifique, avec une bibliothèque, une épicerie gratuite et un lieu de concert. Après des jours de lutte contre la police, les manifestants y construisent ce qu’ils veulent.

 


Partager cet article
Repost0
8 juin 2013 6 08 /06 /juin /2013 16:15

 

 

Rue89

 

Tribune des droits humains 08/06/2013 à 13h42
Tribune des droits humains"

Sylvie Arsever

 

 


Bus à l’effigie de Recep Tayyip Erdogan, à son retour en Turquie le 7 juin (AP Photo/Thanassis Stavrakis)

 

Orgueilleux, coupé de l’opinion, le premier ministre Recep Tayyip Erdogan est convaincu d’avoir été choisi par Dieu pour diriger la Turquie. Il concentre sur sa personne toutes les frustrations. La colère de la rue depuis une semaine marque une rupture.

Les manifestations, il connaît. Sa marche en avant politique s’est opérée dans un contexte d’opposition féroce de la part du camp laïc. Cette mobilisation un peu trop disciplinée pour être entièrement spontanée n’a pas empêché Recep Tayyip Erdogan de s’installer à la tête du pouvoir en maître quasi absolu, conforté par une infiltration de tout l’appareil d’Etat par les islamistes, et une faveur populaire non démentie depuis dix ans.

Aujourd’hui toutefois, les choses sont un peu différentes. La fièvre qui secoue un nombre croissant de villes turques depuis une semaine est montée de façon inattendue, alors que tout avait été mis en place pour décourager la contestation :

  • mainmise sur des médias rachetés ou intimidés,
  • accusations de complot et poursuites judiciaires tous azimuts contre les opposants, les sceptiques et les curieux.

Et dans l’assemblage hétéroclite de protestataires figurent, aux côtés de la gauche et des laïcs, des compagnons de route déçus et une majorité de jeunes gens qui sortaient de l’enfance lorsque le Parti de la justice et du développement (AKP) est arrivé au pouvoir.

Des jeunes adultes qui n’ont donc rien connu d’autre que son règne moralisateur et autoritaire mais, portés par la démocratisation réalisée dans le cadre du rapprochement européen et par l’ouverture économique, aspirent profondément, note Ahmet Insel, professeur de sciences politiques à l’Université Galatasaray d’Istanbul, à un changement de style politique.

Cela, le « sultan » comme on le surnomme depuis son passage à la mairie d’Istanbul dans les années 1990, ne semble pas le comprendre. Il a recouru à sa riposte habituelle, taxant les manifestants d’extrémistes manipulés de l’extérieur, évoquant même un complot militaire.

Puis il s’est envolé pour le Maghreb, comme si de rien n’était. Une tactique, note toutefois Dorothée Schmid, responsable du programme Turquie contemporaine à l’Institut français des relations internationales, qui est peut-être sage : susceptible, volontiers emporté, le premier ministre aurait eu sans doute beaucoup de peine à éviter l’affrontement frontal.

Lui parti, le vice-premier ministre Bülent Arinç et le président Abdullah Gül ont pu jouer l’apaisement.

Mais il est resté au centre du cyclone. Il concentre sur sa personne tous les énervements, l’écrasante majorité des slogans, et c’est sa main que tous désignent derrière les mesures qui ont mis le feu aux poudres.

  • La loi interdisant la vente d’alcool passé 22 h,
  • l’aménagement contesté de la place Taksim à Istanbul,
  • la décision de donner au troisième pont à construire sur le Bosphore le nom du Sultan Selim 1er, l’ennemi juré de la minorité alévie qu’il a activement persécutée…

A chaque fois, c’est lui personnellement qui décide, qui apparaît et justifie. Et à chaque fois, le contexte est celui d’un affrontement culturel de plus en plus ouvert avec la partie éclairée et laïque de la société turque.

Formé dans parti islamo-nationaliste extrémiste

Né dans un quartier populaire d’Istanbul, il s’est formé politiquement, rappelle Dorothée Schmid, dans un parti islamo-nationaliste extrémiste, Milli Görüs, en butte aux attaques du pouvoir kémaliste.

Il y a développé une culture de l’affrontement et aussi le ressentiment durable de ceux qui sont rejetés en périphérie. Un ressentiment qu’il sait partager avec une partie non négligeable de la population anatolienne conservatrice, qui forme le cœur de son électorat et qu’il a aussitôt invoquée face aux contestataires, donnant à entendre qu’il retenait la juste colère de partisans plus nombreux.

Son pouvoir s’exerce souvent comme une revanche, et l’aménagement de la place Taksim s’inscrit dans ce processus.

Lieu privilégié des manifestations de gauche, cette place située en plein cœur du quartier européen de Beyoglu abrite le monument élevé en 1928 en l’honneur de la République kémaliste à laquelle Recep Tayyip Erdogan ne dissimule que difficilement son hostilité.

La place débouche sur l’avenue de l’Indépendance, haut lieu de la vie nocturne stambouliote où affluent la jeunesse locale et les touristes venus goûter le charme de ses ruelles adjacentes débordantes de bistrots dans une ambiance aussi cosmopolite que peu islamiste.

 


Le portrait de Kamal Ataturk brandi par une manifestante place Taksim (Burhan Ozbilici/AP/SIPA)

 

Situé de l’autre côté de la place, le projet d’aménagement contesté ne supprime pas seulement un des seuls parcs de la ville. Il prévoit la construction d’un bâtiment qui doit reprendre la forme supposée d’une ancienne caserne ottomane dont la mémoire est liée à une contre-révolution avortée contre le gouvernement Jeunes-Turcs en 1909.

A l’intérieur, il est prévu d’installer un de ces centres commerciaux géants dont les entrepreneurs proches de l’AKP ont parsemé la ville à grand renfort de stuc et qui font le bonheur d’un autre type de touristes : les visiteurs débarqués, tout tchador au vent, d’Iran et des pays du Golfe.

Pour un Turc habitué à un pouvoir suffisamment opaque pour devoir être décodé en permanence, c’est on ne peut plus clair.

Sous la bannière de l’islam

L’action de Recep Tayyip Erdogan ne se limite bien sûr pas au lancement de projets immobiliers qui enrichissent ses amis politiques. Et derrière l’insatisfaction suscitée par son style de gouvernement, certains discernent une inquiétude liée à un autre de ses choix : le soutien apporté à l’opposition syrienne dans un conflit qui risque d’empoisonner les relations entre communautés du côté turc de la frontière, où cohabitent des arabophones, des Kurdes, des Alévis, pratiquants d’un islam rationaliste et mystique qui, même de loin, n’est pas sans rappeler celui des alaouites syriens, et une majorité sunnite turcophone.

A ce stade, ce n’est qu’un arrière-fond, mais il pointe une autre contradiction du premier ministre : lorsqu’il évoque – il le fait volontiers – le passé ottoman, c’est souvent pour vanter la coexistence entre communautés que l’Empire avait réalisée sous la bannière de l’islam.

Sa pratique en la matière, influencée par sa préférence marquée pour l’islam sunnite dans lequel il a été élevé, est toutefois nettement moins concluante, même s’il semble avoir réussi à pacifier au moins temporairement les relations avec les Kurdes – dont l’abstention prudente dans les troubles actuels est soulignée de toutes parts.

Parmi les dépêches diffusées en 2010 par WikiLeaks se trouvait - notamment un portrait sans complaisance brossé par l’ambassadeur des Etats-Unis Eric Edelman six ans plus tôt. Outre sa méfiance envers les femmes – qu’il préfère voire voilées et occupées à faire des enfants –, le diplomate soulignait plusieurs traits de caractère du « sultan » qui restent d’une éclairante actualité.

« Tendance à la solitude autoritaire »

Orgueilleux, convaincu d’avoir été choisi par Dieu pour mener son pays, ce dernier démontrait, pour le diplomate,

« une tendance à la solitude autoritaire qui l’empêchait de constituer un cercle de conseillers forts et avisés, de s’assurer un important flux d’informations fraîches et de développer une communication efficace entre la tête du parti, le gouvernement et les groupes parlementaires ».

Pour Cengiz Aktar, professeur de sciences politiques à l’Université Bahçisehir, à Istanbul, cette « solitude de l’autocrate » est la cause principale des événements.

Coupé de l’opinion, devenu incapable d’en saisir les humeurs, investi d’un projet social paternaliste qu’il s’applique à imposer en utilisant sa légitimité démocratique comme une arme contre les minorités, le premier ministre a activement alimenté une exaspération qui, radicalisée par la répression féroce des premiers jours, s’étend même dans le cercle de ses partisans.

Cette exaspération, estiment tous ceux que nous avons interpellés, marque une rupture : le pouvoir quasi absolu que s’était taillé le premier ministre est fissuré. Mais les scénarios selon lesquels cette rupture pourrait se concrétiser sont beaucoup moins clairs. Car Recep Tayyip Erdogan n’est pas seulement un homme seul au sein de son parti. Il manque aussi singulièrement d’adversaires crédibles.

Laminée par son affrontement avec lui et incapable de sortir d’une sclérose incapacitante, la principale formation d’opposition, le Parti républicain du peuple, semble hors d’état de canaliser les mécontentements.

Porteur possible des idéaux démocratiques que le pouvoir malmène toujours plus ouvertement, le Parti pour la paix et la démocratie reste avant tout une formation kurde. Et c’est plus près de lui que certains discernent une semi-alternative encore très incertaine.

L’éminence grise de la politique turque, l’imam exilé Fethullah Gülen, dont la secte est réputée pouvoir assurer quelques millions de voix au candidat de son choix, prend toujours plus clairement ses distances d’avec la dérive autoritaire du premier ministre. C’est également ce que fait, depuis plusieurs mois, le président Abdullah Gül, réputé proche du mouvement.

Mais, pour le moment, des deux hommes, le plus fort semble bien rester Recep Tayyip Erdogan.

Partager cet article
Repost0
7 juin 2013 5 07 /06 /juin /2013 14:15

 

 

Médiapart

 

 

 

Istanbul, de notre envoyé spécial.

Erdogan a donc choisi la ligne dure. Jeudi soir, malgré les dizaines de milliers de Turcs qui défilent depuis maintenant plus d’une semaine dans toutes les grandes villes du pays, le premier ministre de l’AKP (parti de la justice et du développement, au pouvoir depuis dix ans) a campé sur ses positions. À sa descente de l'avion qui le ramenait d'une tournée de trois jours dans les pays du Maghreb, le premier ministre turc a lancé, devant une foule de plusieurs milliers de sympathisants : « J'appelle à une fin immédiate des manifestations, qui ont perdu leur caractère démocratique et ont tourné au vandalisme. »

« Nous ne pouvons pas fermer les yeux sur les exactions de ceux qui vandalisent nos villes, endommagent les biens publics et font du mal aux gens », a-t-il ajouté, avant de rendre hommage à la police, qui serait « un rempart contre les terroristes, les anarchistes et les vandales. » Depuis la Tunisie, dernier pays de son déplacement, il avait déjà insisté sur le fait qu'il ne renoncerait pas au projet de destruction du parc Gezi.

Alors qu’ils attendaient le retour d'Erdogan, les campeurs du parc Gezi – dont la destruction programmée est à l’origine du début du mouvement – et de la place Taksim à Istanbul étaient tout à fait conscients de l’enjeu d’une journée symbolique, et en ont profité pour se structurer un peu plus.  « Nous sommes depuis ce matin une plateforme de 80 organisations, qui réunit aussi bien des partis bourgeois comme le CHP que des partis kurdes ou de gauche radicale comme le nôtre qui est proche de l'association Attac, commente Dinçer Ergül, du parti des résistants socialistes (ESP). Cette mobilisation a créé un précédent dans l’opposition, et la tournée du premier ministre au Maghreb l’a bien montré : ensemble, nous avons mis nos réseaux en commun pour susciter des manifestations en Tunisie, au Maroc, avec les associations qui nous sont proches là-bas. »


Le premier potager du parc Gezi
Le premier potager du parc Gezi© PP

Dans le parc Gezi, plusieurs centaines de personnes vivent désormais dans leurs tentes, et le premier potager a vu le jour jeudi matin : « Ce sont des légumes de base, plantés à l’endroit où les premiers arbres ont été arrachés, glisse Murat, 42 ans, agriculteur. C’est notre manière à nous de dire que quelle que soit l‘attitude du premier ministre ce soir, demain, nous serons là. »

La plupart des habitants du parc accueillent le retour d’Erdogan avec scepticisme, et le croient capable de tout. « Il peut à nouveau convoquer les policiers, et faire usage de la force, estime Deniz, 25 ans, un ambulancier venu de Bursa, sur la mer de Marmara, pour aider à installer le centre médical du parc. Erdogan n’a pas compris ce qui se passait. Mais nous n’avons plus peur, seulement du dépit. Se faire expulser par la force, ce serait une grande déception, de voir le gouvernement si loin de son peuple, de nous faire tomber aussi bas. »

Productrice de cinéma, installée sous la tente de l’association de défense du cinéma Emek, une salle d’art et d’essai délocalisée sur Istiqlal (l’une des grandes artères piétonne du centre-ville), Selin veut voir dans ce mouvement un « tournant politique », mais pas seulement : « Il faut absolument que cet élan démocratique ne soit pas vain, qu’il nous permette de préserver nos libertés publiques et culturelles, affirme cette jeune femme. Ce n’est pas possible d’interdire de manifester à tel ou tel endroit, comme le fait le gouvernement. Si l'on cède sur cela, on perdra tout le reste. »

« Paralyser l'économie du pays si le premier ministre nous y pousse »

 

Ali Ugur, Candan et Gözde font signer le livre d'or du parc 
Ali Ugur, Candan et Gözde font signer le livre d'or du parc© PP

Plus loin, devant le « Capulcuça hotel » (« Capulcu », qui signifie « voyou » en turc, fut le terme utilisé les premiers jours par Erdogan pour qualifier les manifestants), en fait, une grande couverture tendue pour abriter quelques matelas, Ali Ugur, Candan et Gözde font signer le livre d’or du parc. Tous trois sont lycéens, membre de l’Union des jeunes de Turquie, et veulent le « retour de la Turquie laïque, qui respecte tout le monde, tous les cultes, toutes les ethnies. Ce n’est pas pour aujourd’hui », glissent-ils. 

« Et le premier ministre, il rentre quand ? Il ne nous l’a pas dit », s’amuse Gözde, reprenant l’éditorial du rédacteur en chef du quotidien Hurriyet, Murat Yetkin, article à l’ironie saillante qui pointe le décalage entre le premier ministre et l’évolution du mouvement social turc.

En fin d’après-midi, plusieurs nouveaux venus ont défilé sur la place Taksim à Istanbul, tels les professeurs d’université, dont ceux de l'université Bogazici, la plus huppée. Le climat reste tendu en Turquie. À Adana, au sud du pays, un policier a succombé à ses blessures après être tombé d'un pont mercredi en poursuivant des manifestants, selon la chaîne de télévision privée NTV. Il s'agit du premier mort dans les rangs de la police depuis le début de la contestation, qui a aussi fait deux morts chez les manifestants.

 

Le personnel médical du parc Gezi 
Le personnel médical du parc Gezi© PP

Depuis deux jours, sept étrangers ont été arrêtés (six sont des étudiants du programme d’échange Erasmus), dont deux Françaises, étudiantes elles aussi, l’une au parc Gezi, l’autre sur une barricade en contrebas de Taksim, alors qu’elle prenait des photos des manifestants. En fin de journée jeudi, le ministre de l'intérieur Muammer Güler a précisé que cinq de ces sept personnes – les deux Françaises, deux Iraniens, un Grec, un Allemand et un Américain – avaient été remises en liberté.

Le barreau d’Istanbul a, lui, choisi de prolonger son mot d’ordre de grève, puis demandé aux Stambouliotes interrogés par les médias étrangers de ne pas donner leur nom de famille, et surtout de s’abstenir de propos injurieux à l’encontre du premier ministre. Des mesures de précaution, quand au moins 29 personnes ont été arrêtées dans la nuit de mardi à mercredi à Izmir, ville d'Anatolie, pour « incitation à l'émeute et pour propagande » sur Twitter, selon le quotidien Hurriyet.

De leurs côtés, les syndicats ont promis de réagir si Erdogan poursuivait dans la même voie. « Le premier ministre a failli à sa tâche, qui est d’assurer la cohésion de la patrie, explique à Mediapart Kasim Zoto, délégué d’Istanbul pour le syndicat de la fonction publique KESK. Il cherche à diviser les Turcs, et il a oublié tout le travail que nous avons fait pour parvenir à une démocratie. C’est insupportable. Les grèves vont se poursuivre. »


Une barricade, en contrebas de la place Taksim 
Une barricade, en contrebas de la place Taksim© PP

Jeudi soir, plusieurs milliers de manifestants rassemblés sur Taksim continuaient de manifester leur colère contre le premier ministre. Très remonté, le syndicaliste Kasim Zoto jugeait qu’il était temps de passer à la vitesse supérieure. « Nous sommes en contact avec le parlement depuis plusieurs jours pour tenter de ramener le premier ministre à la raison, affirme le délégué du KESK. Et si nous échouons, nous nous réservons le droit de paralyser l’économie du pays et les services publics. Nous en avons les moyens. Erdogan doit comprendre qu’il n’est pas seulement le premier ministre de ses partisans, mais de tous les Turcs. »

 


Partager cet article
Repost0
5 juin 2013 3 05 /06 /juin /2013 13:23

 

Le Point.fr

Publié le 05/06/2013 à 06:50 - Modifié le 05/06/2013 à 10:10

 

 

Des milliers de manifestants ont une nouvelle fois envahi à la nuit tombée la place Taksim, où ils ont scandé des slogans réclamant le départ du Premier ministre.

 

 

Dans la nuit de mardi à mercredi, la police a utilisé des canons à eau pour tenter de disperser des centaines de manifestants antigouvernementaux réunis dans les rues d'Istanbul et d'Ankara. Dans la nuit de mardi à mercredi, la police a utilisé des canons à eau pour tenter de disperser des centaines de manifestants antigouvernementaux réunis dans les rues d'Istanbul et d'Ankara. © BULENT 

 

La tension restait vive en Turquie mercredi matin au sixième jour des manifestations contre le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan, qui ont vu de nouveau des milliers de personnes descendre dans les rues d'Istanbul et d'Ankara. Malgré les "excuses" du gouvernement aux victimes de brutalités policières des jours précédents, des milliers de manifestants ont envahi à la nuit tombée la place Taksim d'Istanbul, où ils ont scandé des slogans réclamant le départ du Premier ministre. Plusieurs milliers de personnes se sont également réunies en soirée à Ankara.

La Confédération des syndicats du secteur public (KESK), qui a appelé mardi à un arrêt de travail de deux jours par solidarité avec les manifestants, devrait être rejointe mercredi par la Confédération syndicale des ouvriers révolutionnaires (DISK), qui revendique 420 000 membres.

Dans la nuit de mardi à mercredi, la police a utilisé des canons à eau pour tenter de disperser des centaines de manifestants antigouvernementaux, ont rapporté des médias locaux. Les contestataires ont tenté de se diriger vers les bureaux du Premier ministre Recep Tayyip Erdogan dans ces deux villes. Des heurts ont également eu lieu dans la ville de Hatay (sud-est) à la frontière syrienne où un jeune homme de 22 ans était décédé la veille après avoir été blessé lors d'une manifestation. Selon la chaîne de télévision privée NTV, deux policiers et trois manifestants ont été blessés mercredi à Hatay.

 

"Calmer les choses"

Tôt mercredi matin, au moins 25 personnes ont été appréhendées à Izmir (ouest) pour avoir répandu sur le réseau social Twitter des "informations trompeuses et diffamatoires", a rapporté l'agence Anatolia. Ali Engin, un responsable local du principal parti d'opposition, le Parti républicain du peuple (CHP), a déclaré à Anatolia que les suspects étaient détenus pour avoir "appelé les gens à manifester".

Mardi, au lendemain d'une nouvelle nuit de violences marquée par la mort d'un deuxième contestataire, le vice-Premier ministre Bülent Arinç avait tenté d'enrayer le mouvement en qualifiant de "légitimes" les revendications des écologistes à l'origine des troubles et invité les mécontents à rester chez eux. A l'opposé du ton ferme du chef du gouvernement, en tournée au Maghreb jusqu'à jeudi, Bülent Arinç avait dispensé un discours plus conciliant. Au sortir d'une réunion avec le président Abdullah Gül, il a d'abord présenté ses excuses aux très nombreux blessés civils, à l'exception toutefois de "ceux qui ont causé des dégâts dans les rues et tenté d'entraver les libertés des gens". Sur un plan plus politique, Bülent Arinç a assuré que son gouvernement respectait "les différents modes de vie" des Turcs.

Depuis le début de la contestation vendredi, les manifestants accusent Recep Tayyip Erdogan de dérives autoritaires et de vouloir "islamiser" la Turquie laïque. "Nous n'avons pas le droit ou le luxe d'ignorer le peuple, les démocraties ne peuvent pas exister sans opposition", a également souligné Bülent Arinç, promettant que son gouvernement avait "retenu la leçon" de ces événements. Ce discours a tranché avec l'intransigeance de Recep Tayyip Erdogan qui, sûr de son poids politique, a balayé les critiques et renvoyé ses détracteurs aux élections locales de 2014. "À mon retour de cette visite, les problèmes seront réglés", a-t-il lancé, provocant, lundi à Rabat.

Les excuses du vice-Premier ministre ont été saluées par les États-Unis, qui s'étaient inquiétés de l'usage "excessif" de la force. "Nous saluons les efforts du président Gül et d'autres pour calmer les choses", a réagi la porte-parole du département d'État, Jennifer Psaki.

 

"Ils sont coincés"

"S'ils font marche arrière, s'ils changent quelque chose en Turquie, le conservatisme et tout ce qu'ils ont fait, alors peut-être la foule pourra-t-elle rentrer chez elle", a dit à l'AFP Didem Kul. "Mais nous ne pouvons pas rentrer chez nous sans en avoir la preuve", a ajouté cette étudiante de 24 ans qui "occupe" Taksim. "Ces excuses, c'est pour limiter la casse et parce qu'ils sont coincés", a renchéri Baki Cinar, le porte-parole de la KESK.

Après la mort dimanche d'un jeune homme percuté par une voiture pendant une manifestation à Istanbul, un deuxième contestataire, âgé de 22 ans, a été tué lundi soir dans un rassemblement à Hatay (sud-est) de plusieurs "coups de feu tirés par une personne non identifiée", a annoncé le gouverneur de la ville, Celalettin Lekesiz. Le premier rapport d'autopsie rendu public par le procureur a toutefois jeté le doute sur les circonstances de sa mort, assurant n'avoir pas identifié de traces de balle.

Hormis les deux personnes décédées dimanche et lundi, les violences des quatre derniers jours ont fait plus de 1 500 blessés à Istanbul et au moins 700 à Ankara, selon les organisations de défense des droits de l'homme et les syndicats de médecins. Ces chiffres n'ont pas été confirmés par les autorités. Le porte-parole du gouvernement a évalué mardi à seulement 64 manifestants et 244 policiers le nombre des blessés.

La brutalité de la répression, largement évoquée sur les réseaux sociaux turcs, a suscité de nombreuses critiques dans les pays occidentaux. Une porte-parole du haut-commissaire des Nations unies aux Droits de l'homme, Mme Navy Pillay, a demandé à la Turquie de mener une enquête "rapide, complète, indépendante et impartiale" sur "les policiers qui auraient violé la loi et les normes internationales des droits de l'homme".

 

Partager cet article
Repost0
5 juin 2013 3 05 /06 /juin /2013 13:08

 

 

Médiapart

 

 

 

C’est un texte qui était jusqu'ici presque passé inaperçu. La violente répression policière qui a fait plusieurs centaines de blessés en Turquie l’a remis en pleine lumière. En 2011, le ministre de l’intérieur de l’époque Claude Guéant avait signé avec le gouvernement turc un « accord de coopération dans le domaine de la sécurité intérieure ». Validé en conseil des ministres sous la gauche, il est depuis bloqué à l’Assemblée nationale où les députés socialistes repoussent depuis plusieurs mois son inscription à l’ordre du jour.

Le texte (à lire ici en intégralité au format PDF), conclu après treize ans de négociations, porte essentiellement sur la lutte contre le terrorisme, la lutte contre le trafic de drogues, contre le blanchiment et les contrefaçons, et la lutte contre l’immigration illégale. Au total, dix-huit domaines de coopération ont fait l’objet d’un accord entre les deux pays. Et c'est le dix-huitième, « la gestion démocratique des foules », qui a relancé la polémique sur les réseaux sociaux, après les scènes de violence qui se sont déroulées depuis quatre jours à Istanbul et Ankara.

Selon le gouvernement français, la Turquie a souhaité ajouter ce point. Il s’agit, précise-t-on au quai d’Orsay, des « techniques de maintien et de rétablissement de l’ordre pour maîtriser des individus armés sans faire usage d’armes létales ». C’est exactement ce que Michèle Alliot-Marie avait évoqué quand elle avait proposé le « savoir-faire » français, en pleine révolution tunisienne contre Ben Ali.

L’accord signé avec la Turquie ne livre aucun détail sur cette « gestion démocratique des foules » – une « expression consacrée » au quai d'Orsay et au ministère de l'intérieur (par exemple pour un « séminaire » organisé en Irak en 2012) –,  pas plus que sur le dix-septième point, « la formation des forces de sécurité intérieure ». Seuls les moyens de lutte contre le terrorisme, le trafic de stupéfiants, l’immigration illégale ou le blanchiment sont précisés.

« Il s'agit d'un cadre très large. On envoie des gens en formation pour des techniques de maintien de l'ordre. Mais la formation n'est pas seulement technique et tactique. Elle porte aussi sur le cadre juridique, comme le recours à la vidéo pour judiciariser les faits constatés ou le cadre législatif démocratique avec la notion d'autorité civile, le recours aux sommations ou le droit de manifester », explique-t-on au ministère de l'intérieur.

La France s’enorgueillit d’avoir développé des techniques performantes de maintien de l’ordre et rappelle régulièrement qu’elle n’a pas connu de mort lors d’une manifestation depuis Malik Oussekine en 1986, contrairement à d’autres pays européens comme l’Italie (un mort en 2001 lors du G8 à Gênes). « Le professionnalisme des CRS et des gendarmes mobiles est reconnu, ainsi que leurs méthodes d'intervention peu traumatisantes », souligne-t-on place Beauvau. Avant d'ajouter que la « gestion démocratique des foules » est une clause figurant dans « la plupart des conventions internationales » signées par le ministère de l'intérieur.

Paris a en effet signé de très nombreuses conventions bilatérales pour exporter ce « savoir-faire ». Au prix de polémiques régulières, comme à Bahreïn où la France a contribué à former les forces de l’ordre chargées de réprimer toute révolte ou, dans une moindre mesure, en République démocratique du Congo. La « gestion démocratique des foules » compte pour « 20 % des actions de coopération internationale menées par le ministère de l'intérieur », dit-on place Beauvau.

C'est donc sans grande surprise qu'elle figure dans l'accord signé avec la Turquie en 2011. Depuis la nomination de Manuel Valls à la tête du ministère, une délégation des responsables de la direction de l'ordre public turque a déjà été reçue « pendant deux jours pour leur montrer comment fonctionnaient les CRS et les gendarmes mobiles », précise-t-on au ministère.

« Une pause et une réflexion avant toute décision de ratification »

Signé par Claude Guéant, l'accord a ensuite suivi la procédure pour les conventions et traités internationaux. Il a fait l’objet d’un projet de loi, validé en conseil des ministres le 1er août 2012. Mais, aussitôt déposé au bureau de l’Assemblée nationale, il n’a toujours pas été ratifié. « Il n’a pas encore été examiné par la commission des affaires étrangères et le projet de loi n’est pas programmé pour l’instant », dit-on à la commission. Pour des raisons d’agenda, jure-t-on. « La motivation pour le différer, c'est un engorgement du calendrier. Il faudra bien le programmer », explique Jean-Pierre Dufau, chef de file des socialistes à la commission des affaires étrangères.

En février, alors que l’examen du projet de loi avait été annulé à la dernière minute, Élisabeth Guigou, présidente de la commission, expliquait au député Pierre Lellouche que « ce retrait de l’ordre du jour s’explique tout d’abord par notre emploi du temps ». Mais elle ajoutait : « Il nous a en outre paru nécessaire de le réexaminer de plus près avant d’en discuter. » Elle concluait alors que « (l’) examen n’est donc que reporté ».

En réalité, le texte suscite de vives réticences à gauche. Le PCF avait lancé en février une campagne de pétitions pour obtenir l'abrogation immédiate de ces accords. Début avril, plusieurs députés socialistes de la commission des affaires étrangères avaient à leur tour demandé plus de temps. « Le calendrier des événements liés à la Turquie, le caractère spécifique de cet accord, son contexte européen et régional (…) ont justifié une pause et une réflexion avant toute décision de ratification », selon le compte-rendu de leur réunion.

 

À Istanbul. 
À Istanbul.© Reuters

En cause : les alertes envoyées depuis plusieurs mois par les associations de défense des droits de l’homme et les associations kurdes, mobilisées contre cet accord, notamment sur le volet de lutte contre le terrorisme dont le droit turc a une très large conception (notamment pour les militants pro-kurdes) ; et le contexte de durcissement du gouvernement dirigé par Recep Tayyip Erdogan. Les députés de gauche s’étaient ainsi publiquement émus de la condamnation à vie pour terrorisme de l’universitaire Pinar Selek (lire son entretien sur Mediapart) ou de celle à 5 ans de prison de l’étudiante franco-turque Sevil Sevmili. « Dans un contexte où la minorité kurde lutte pour défendre ses droits, le risque est grand de voir s'exercer une répression sévère sous couvert d'action contre le terrorisme », écrivait mi-avril le sénateur PS Jean-Noël Guérini dans une question écrite au gouvernement.

« Je suis très réticent sur ce type de coopérations policières, s’il n’y a rien sur l’éthique policière, la notion d’ordre public ou le métier de policier », explique de son côté le député PS Pouria Amirshahi. Quant à la terminologie de « gestion démocratique des foules », il la balaie aussitôt : « Je ne sais pas si c’est un oxymore ou du cynisme. Au mieux, ça s’appelle le vote, pas des coups de bâton ! » « Une belle expression ! » ironise aussi son camarade François Loncle. « On a voulu repousser la date de l'examen car l'accord est problématique. Et les événements actuels nous donnent raison. Il faut prendre avec beaucoup de précaution ce genre d'approches », ajoute-t-il.

Autant dire que la violente répression des manifestations anti-Erdogan depuis cinq jours en Turquie risque de repousser un peu plus la ratification du projet de loi.

 

 

Partager cet article
Repost0

Présentation

  • : Démocratie Réelle Maintenant des Indignés de Nîmes
  • : Le blog des Indignés de Nimes et de la Démocratie Réelle Maintenant à Nimes
  • Contact

Texte Libre

INFO IMPORTANTE

 

DEPUIS DEBUT AOÛT 2014

OVERBLOG NOUS IMPOSE ET PLACE DES PUBS

SUR NOTRE BLOG

CELA VA A L'ENCONTRE DE NOTRE ETHIQUE ET DE NOS CHOIX


NE CLIQUEZ PAS SUR CES PUBS !

Recherche

Texte Libre

ter 

Nouvelle-image.JPG

Badge

 

          Depuis le 26 Mai 2011,

        Nous nous réunissons

                 tous les soirs

      devant la maison carrée

 

       A partir du 16 Juillet 2014

            et pendant l'été

                     RV

       chaque mercredi à 18h

                et samedi à 13h

    sur le terrain de Caveirac

                Rejoignez-nous  

et venez partager ce lieu avec nous !



  Th-o indign-(1)

55

9b22