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10 octobre 2015 6 10 /10 /octobre /2015 21:30

 

Source : http://www.mediapart.fr

 

 

La Turquie face au pire attentat de son histoire

|  Par La rédaction de Mediapart

 

 

 

Le double attentat à la bombe, samedi devant la gare centrale de la capitale turque où se rassemblaient des centaines de manifestants pacifistes, a fait 95 morts et 246 blessés selon le dernier bilan. Il n'a pas été revendiqué. En pleine campagne électorale, le premier ministre a décrété trois jours de deuil national. Le parti du président Erdogan « ne peut plus continuer à éviter la réalité et [à] faire de beaux discours », a réagi le dirigeant du Parti démocratique des peuples (HDP), dont de nombreux militants participaient à la manifestation.

Des scènes d’horreur en plein centre-ville d’Ankara. Le double attentat à la bombe a fait 95 morts et 246 blessés samedi, lors d'une manifestation rassemblant des militants de gauche et des sympathisants pro-Kurdes devant la principale gare ferroviaire de la ville. Ce dernier bilan en date a été fourni par les services du Premier ministre, Ahmet Davutoglu, qui précisent que 48 blessés se trouvent en soins intensifs.

À trois semaines des élections législatives anticipées du 1er novembre, c'est l'attentat le plus meurtrier jamais commis sur le sol turc. Le parti pro-Kurde HDP (Parti démocratique des peuples) avance pour sa part un bilan de 97 morts. Des centaines de manifestants scandant des slogans contre le gouvernement se sont rassemblés à Istanbul et ont tenté de se diriger vers la place Taksim. « Erdogan démission ! », « AKP assassin ! », scandaient les protestataires, accusant le président et son mouvement AKP (Parti de la justice et du développement) d'être responsables de la violence. « Comme les autres attaques terroristes, celle de la gare ferroviaire d'Ankara vise notre unité, notre solidarité, notre fraternité et notre avenir », a déclaré quant à lui le président Erdogan.

D'après des témoins, les deux explosions se sont produites à quelques secondes d'intervalle peu après 10 h 00 locales, alors que les participants à une « marche pour la paix » commençaient à se rassembler pour dénoncer la reprise des violences dans le sud-est du pays à l'appel de syndicats et d'associations de la société civile.

Dans une vidéo, on voit des jeunes gens dansant joyeusement avec des banderoles. Et l’instant d’après, à l’arrière-plan, une forte explosion et un panache de flammes qui les font se disperser brutalement.

 

Cet attentat est encore plus meurtrier que ceux qui avaient touché en 2003 deux synagogues, le siège de la banque HSBC à Istanbul et le consulat britannique, qui avaient fait 62 morts. Il intervient à trois semaines des élections législatives anticipées du 1er novembre. La Turquie connaît depuis l'été un nouveau cycle d'affrontements entre les forces de sécurité et les séparatistes du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), qui ont fait depuis plusieurs centaines de morts.

Le président Recep Tayyip Erdogan, qui a lancé un appel « à la solidarité et à la détermination », a annulé un voyage qu'il devait effectuer lundi au Turkménistan, où il devait participer à un sommet avec ses homologues turkmène et azerbaïdjanais. Le Premier ministre, Ahmet Davutoglu, a annoncé trois jours de deuil national et a annulé ses engagements de campagne électorale. A l'issue d'une réunion d'urgence avec les chefs de la police et des agences de renseignement, Ahmet Davutoglu a déclaré que « des preuves solides suggèrent que la double explosion est le fait de deux kamikazes ». Il a évoqué comme suspects potentiels l'État islamique, le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) et le groupuscule révolutionnaire d'extrême gauche, le Parti-Front révolutionnaire de libération du peuple (DHKP-C). L'enquête se poursuit, a-t-il ajouté.

La double explosion n'a pas été revendiquée. Mais la Turquie, membre de l'Otan, vit en alerte renforcée depuis que Recep Tayyip Erdogan a déclenché en juillet une « guerre synchronisée contre le terrorisme », à la fois contre l'État islamique (EI) en Syrie et contre des bases arrière des séparatistes du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) dans le nord de l'Irak.

Les attentats de samedi ont eu lieu alors qu'on s'attendait à ce que le PKK annonce un cessez-le-feu unilatéral et rétablisse ainsi de fait la trêve qu'il observait depuis 2013 et qui a pris fin en juillet. C'est ce qui a été fait par le PKK quelques heures après l'attentat. Selon l'agence de presse Firat, la décision du PKK a été prise en réponse aux appels venant de Turquie, mais aussi de l'extérieur, afin que puissent se tenir le 1er novembre des élections législatives « libres et justes ».

Le gouvernement avait par avance rejeté cette trêve qui s'annonçait, la qualifiant de « tactique » préélectorale visant à soutenir le HDP après son succès électoral de juin. Le parti AKP, la formation du président Recep Tayyip Erdogan, espère retrouver aux élections de novembre sa majorité absolue perdue en juin.

« Comme les autres attaques terroristes, celle de la gare ferroviaire d'Ankara vise notre unité, notre solidarité, notre fraternité et notre avenir », a déclaré le président Erdogan, appelant à la « solidarité et à la détermination ».

Parmi la foule errant en état de sidération devant la gare, de nombreux manifestants portaient les drapeaux du Parti démocratique des peuples (HDP), formation aux racines pro-Kurdes. Selon son dirigeant, Selahattin Demirtas, l'attaque d'Ankara s'inscrit dans la continuité des attaques commises contre un rassemblement électoral de son parti à Diyarbakir et à Suruç, dans le sud de la Turquie, près de la frontière syrienne, où un attentat suicide imputé à l'organisation djihadiste État islamique (EI) a fait 32 morts le 20 juillet dernier.

« Nous sommes face à un véritable massacre. À Ankara, un meeting pour la paix a été attaqué de la façon la plus barbare possible, dirigé contre des associations civiles, des membres des partis politiques, des gens qui ne veulent que la paix de notre pays, qui ne veulent plus que le sang coule », a-t-il déclaré devant les caméras de la télévision turque. « Après les massacres à Diyarbakir et à Suruç, si vous êtes attentif, vous remarquerez que pas une personne et pas non plus les forces qui sont derrière n’ont été mises en cause. Nous ne sommes pas en charge des enquêtes, mais le pouvoir en est responsable. De ce fait l’AKP [la formation du président Recep Tayyip Erdogan] ne peut plus continuer à éviter la réalité et [à] faire de beaux discours », a-t-il ajoutéSur Internet, le chef du HDP a ensuite mis en cause les autorités turques, un gouvernement d'« assassins » qui est « le meilleur soutien du terrorisme ».

Certains voient la main de l'État dans ces trois attentats contre des intérêts kurdes et accusent Erdogan et l'AKP de chercher à attiser le sentiment nationaliste, accusation que les dirigeants turcs rejettent avec véhémence.

« Suruç, Diyarbakir et maintenant Ankara, tous l'œuvre du meurtrier Erdogan. Nous allons faire tomber le palais », a déclaré Tarik, un étudiant de 21 ans, qui se trouvait à moins de 50 mètres des explosions de samedi.

Les États-Unis ont condamné le double attentat. « À la lumière de la violence à l'œuvre en Turquie et dans la région, il est particulièrement important à ce stade que tous les citoyens turcs s'engagent à nouveau pour la paix et soient solidaires contre la terreur », a déclaré le département d'État. « Nous sommes solidaires aux côtés du peuple turc et réaffirmons notre détermination à continuer à travailler avec la Turquie pour combattre la menace partagée du terrorisme. »

Le président français François Hollande a condamné un « odieux attentat terroriste ». Le secrétaire général du Conseil de l'Europe, Thorbjorn Jagland, a dénoncé « une attaque implacable et barbare contre des manifestants pacifiques ». « La liberté de rassemblement et la liberté d'expression sont des piliers fondamentaux de la démocratie », ajoute-t-il. 

(Avec Reuters)

 

 

 

Source : http://www.mediapart.fr

 

 

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31 mars 2015 2 31 /03 /mars /2015 18:33

 

Source : http://www.lemonde.fr

 

 

 

Mort du procureur turc pris en otage au tribunal d'Istanbul

Le Monde.fr avec AFP | • Mis à jour le

 
 

Les forces spéciales de sécurité turques à proximité du tribunal d'Istanbul où un procureur est retenu en otage.

Le procureur turc Mehmet Selim Kiraz, grièvement blessé lors de l'opération de la police qui a mis fin mardi 31 mars au soir à sa séquestration dans un tribunal d'Istanbul, par des militants armés d'un groupe d'extrême gauche, est mort des suites de ses blessures, ont annoncé ses médecins. Le magistrat « était gravement touché lorsqu'il est arrivé [à l'hôpital] », « à la tête et à la poitrine », ont-ils indiqué lors d'une déclaration télévisée.

Les deux militants d'un groupe turc d'extrême gauche clandestin, qui l'avaient retenu pendant plusieurs heures dans un tribunal d'Istanbul, ont été tués par la police, avait annoncé un peu plus tôt le chef de la police d'Istanbul.

Mehmet Selim Kiraz, était chargé d'une enquête ouverte après la mort de Berkin Elvan, un jeune homme de 15 ans mort le 11 mars 2014. Berkin Elvan avait passé deux cent soixante-neuf jours dans le coma après avoir été touché par le tir d'une grenade lacrymogène de la police à Istanbul lors d'une manifestation.

Voir l'image sur Twitter

Sources tell CNN TÜRK all floors being evacuated in court house

 

Ultimatum

La presse turque a attribué l'opération au groupe marxiste clandestin Parti révolutionnaire de libération du peuple (DHKP-C). Selon les médias, citant une déclaration publiée sur un site internet proche du DHKP-C, le commando avait menacé de tuer l'otage d'ici à 14 h 35 (heure de Paris) si les policiers responsables de la mort du jeune homme ne faisaient pas de « confession publique ». Aucun policier n'a cependant pour l'heure été formellement mis en cause dans l'enquête récemment ouverte sur cette affaire.

 

 

Les preneurs d'otage avaient également réclamé que les agents, lorsqu'ils seront jugés, le soient par un « tribunal populaire » et que les personnes poursuivies pour leur participation à des manifestations de protestation contre la mort de l'adolescent soient acquittées, rapporte le journal Hürriyet.

Un attentat en janvier

Le DHKP-C, connu pour avoir mené de nombreuses attaques en Turquie depuis les années 1990, avait revendiqué l'attentat-suicide, le 6 janvier, contre un poste de police dans le quartier touristique de Sultanahmet, à Istanbul, comme une riposte à la mort de Berkin Elvan.

La mort de cet adolescent avait fait spontanément descendre dans les rues de toutes les grandes villes de Turquie des centaines de milliers de personnes. De nombreux manifestants ont encore commémoré sa disparition au début de mars. Le cas de Berkin Elvan est devenu un symbole de la violente répression exercée par le pouvoir en 2013 et celui de la dérive autoritaire que lui reprochent ses détracteurs. M. Erdogan l'avait publiquement qualifié de « terroriste ».

 

 

Source : http://www.lemonde.fr

 

 

 

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28 décembre 2013 6 28 /12 /décembre /2013 21:21

 

Source : www.marianne.net/martinegozlan

 

Turquie: Le "modèle" était bien une imposture!

 

Rédigé par Martine GOZLAN le Vendredi 27 Décembre 2013 à 20:04

 

Le scandale de corruption au coeur de l'Etat-Erdogan constitue le révélateur d'une réalité que les admirateurs du "modèle turc" ont trop longtemps refusé de regarder en face...

 

Le premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan - AP/SIPA
Le premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan - AP/SIPA

Ainsi, tout était faux. La prétendue pureté du gouvernement islamiste turc. Les grands discours de Recep Tayyip Erdogan, Premier ministre à l'autoritarisme sultanesque, leader de l'AKP,  parti (supposé) de la Justice et du Développement. Aïe, voici cette AKP brusquement décapée de son vernis vertueux. Trois ministres, les plus proches d'Erdogan, dont celui de l'Intérieur et de l'Economie, se retrouvent mouillés jusqu'au cou dans une énorme affaire de fraude et de blanchiment d'argent. Depuis quelques jours, les révélations se succèdent, les démissions s'enchainent: les trois ministres impliqués et des députés AKP en rupture de ban avec le parti. La livre turque plonge. Les cabinets d'analystes financiers alertent sur " une incertitude majeure'". Les manifestations ont repris.  Comme on comprend les jeunes Turcs descendus les 25 et 27 décembre dans les rues d'Istanbul, d'Izmir et d'Ankara pour réclamer la démission d'Erdogan... Elle a volé en éclats, cette illusion selon laquelle les valeurs religieuses alliées à l'ultra-libéralisme pouvaient guider le peuple dans la voie du salut matériel et divin!  Une fois de plus, le système sur lequel Erdogan a construit le mythique édifice du " modèle islamiste" se révèle un montage cynique, dans lequel les intérêts des puissants et leur gloutonnerie financière ont pris le pas sur le souci du bien public et balayé toute solidarité avec le peuple.
Que la corruption soit une affaire universelle, on en conviendra aisément: mais quand ceux qui la pratiquent sans vergogne ont l'obscénité de se draper dans le manteau de la morale, c'est une autre histoire. Ce dernier volet d'une imposture que je dénonce depuis  plusieurs années, dans les colonnes de Marianne comme dans un  essai paru en 2011(" L'imposture turque", Grasset) est bien l'aboutissement d'un scandale total. Dans la  Turquie révisée et corrigée ( à la dure) par Erdogan, il n'y a pas plus de souplesse démocratique que de liberté d'expression. L'embastillement de centaines de journalistes a déjà valu au régime de dégringoler en bas du classement international de Reporters sans Frontières. Les simulacres de procès, les condamnations pour présumé "complot"  éclairent d'une obscure clarté le fictif chateau de cartes islamo-turc. Comme la  déferlante obcurantiste qui consiste à trainer en justice artistes et écrivains; à faire l'apologie de la femme parfaite, voilée et mère au foyer de trois enfants minimum; à interdire raki et autres menus plaisirs chers aux natifs de la sublime Istanbul. Aujourd'hui, le sultan Erdogan est nu et les enfants d'un peuple trompé descendent à nouveau dans la rue, comme en juin dernier, lors de la révolte de Gezi Park. A nouveau, la police charge.
En mars 2014, se dérouleront des élections municipales. En août 2014, Recep Tayyip Erdogan tentera de briguer la présidence, le pouvoir suprême qui lui permettrait d'opérer la métamorphose complète de la république fondée par Atatük. Un enjeu majeur que le dernier scandale de goinfrerie économique du gouvernement "modèle" va peut-être remettre en cause.

 

Source : www.marianne.net/martinegozlan

 

 

 

 

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5 septembre 2013 4 05 /09 /septembre /2013 15:00

 

Rue89

 

« Rainbow War » 05/09/2013 à 15h43
Pascal Riché | Cofondateur Rue89

 

 

Depuis la fin du mois d’août, Istanbul et quelques dizaines d’autres villes turques se couvrent d’arcs-en-ciel. La nuit, munis de pots de peinture de toutes les couleurs, des Stambouliotes peignent des escaliers et certains passages. Un mouvement artistique qui tend à se transformer en mouvement politique : la poursuite, plus calme, des protestations de la place Taksim, réprimées en juin.

 

 

Vidéo postée sur YouTube par des artistes-activistes

                                                                                                                                                                                                                         Ce n’est pas un militant qui a lancé le mouvement, mais un simple commerçant de 64 ans, Huseyin Cetinel, ancien ingénieur des eaux et forêts. Il a commencé à peindre en bleu et vert les premières marches d’un grand escalier voisin, dans le quartier de Cihangir, qu’il trouvait « triste ». Il s’agissait de « faire sourire les passants », a-t-il expliqué. Puis il a continué, avec l’aide d’un ami, jusqu’au sommet. 200 marches : cela leur a pris plusieurs jours et 40 kilos de peinture.

 

Michelle Demishevich @demishevich

Huseyin Cetinel, who painted the stairs in LGBT colours. pic.twitter.com/syW1UbwJep

Voir l'image sur Twitter

 

Les passants ont souri. Les réseaux sociaux ont vanté l’œuvre. Les médias ont commencé à en parler.

Gris répressif

Dans la matinée du 30 août, des agents municipaux sont arrivés, ont tout repeint en gris. Du mauvais travail : la couleur, comme une mauvaise herbe, continuait d’apparaître à la base de chaque marche.

Le gris du pouvoir peinant à étouffer les couleurs de la liberté : le symbole était parfait pour réveiller les militants de la place Taksim. Le commerçant-artiste a ironisé :

« Mais d’où vient tout ce gris ? Avons-nous vécu un nouveau Pompéi et avons-nous été couverts de cendre ? »

La peinture grise est déjà, depuis la révolte de la jeunesse turque, le symbole de la répression : elle a recouvert tous les graffitis, affiches et autocollants posés sur les murs des villes. Un nouveau slogan a commencé à recouvrir les murs repeints :

« Nous continuerons jusqu’à épuisement de la peinture grise ! »

Sur Facebook, un appel a été lancé pour repeindre l’escalier : « A vos pinceaux ».

Le maire repasse à la couleur

Ahmet Misbah Demircan, le maire de Beyoglu (la partie centrale d’Istanbul), comprend vite la boulette. Il ordonne immédiatement de repeindre l’escalier en couleur et « tweete » :

« Nous avons terminé le travail préliminaire sur les couleurs des marches. Nous ferons un petit référendum. »

 

A. Misbah Demircan @AhmetMisbah

Renkli Merdivenlerle ilgili ön çalışmalarımızı tamamladık. Mahalleliyle bir araya gelip konuyu tartışacak, minik bir plebisit yapacağız.

 

Puis, dans un second tweet :

« Je voterai oui. J’espère que les habitants le feront aussi. Une ère de marches colorées commence à Beyoglu. »

Le maire a précisé que l’auteur de ce « si magnifique projet » n’avait pas demandé d’autorisation : à la suite d’une plainte d’un voisin, les employés municipaux avaient donc décidé de repeindre en gris l’escalier. Au matin du 31 août, l’escalier a retrouvé ses couleurs.

Mais le maire est intervenu trop tard : la « Rainbow war » est déclarée. Question escaliers, il y a de quoi faire à Istanbul, « la ville aux sept collines ». Et on peut aussi peindre des murs, le sol ou des boules...

 

 

  basakelvan 

   sur instagram

http://distilleryimage2.ak.instagram.com/812ba2a615b011e3b57222000a9e07e9_7.jpg

 

 

Mercredi encore, la police tentait de stopper des militants qui repeignaient un escalier dans le quartier d’Arnavutköy, sur la côte asiatique.

 

MeLeK⚡ @_Tmmob

Polısler gelmeye devam edıyor Arnavutköyde halk tv canli verıyor pic.twitter.com/bssNdLk3bx

Voir l'image sur Twitter

 

Pourtant, selon la correspondante de Libération Selami Oztürk, le maire de Kadiköy a lancé un appel aux citoyens :

« Les résidents de Kadiköy peuvent peindre les rues comme ils veulent. Liberté aux couleurs ! »

En prenant, munis de leurs pinceaux, l’urbanisme « autoritaire » comme cible de leurs protestations, les artistes-activistes restent en tout cas fidèles à l’ADN du mouvement de révolte réprimé en juin par le premier ministre Erdogan : il était né d’une réaction au projet de bétonnage du parc Gezi, aux abords de Taksim.

 

 

 

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25 juin 2013 2 25 /06 /juin /2013 20:17

 

 

Médiapart - Blog

Dix jours après l’évacuation par la force du parc Gezi, la Turquie se trouve dans une situation étrange. Pour Erdogan, la neutralisation du centre névralgique de la contestation devait constituer l’ultime étape du rétablissement de l’ordre. Une fois les centres-villes du pays reconquis, la terreur d’État ferait son œuvre, et chacun rentrerait chez soi ou retournerait au travail. Terreur d’État il y a bien eu. Le gouvernement a fait savoir que les manifestants seraient désormais traités « comme des terroristes ». Que les « cybercriminels » coupables de « provocation » seraient pourchassés. Qu’il recourrait à l’armée, si nécessaire. Et, par dizaines, des protestataires estampillés « comploteurs » ont été placés en garde à vue. Certains d’entre eux ont été jetés en prison. Seulement, la terreur d’État n’a pas eu l’effet escompté. À la vérité, rien ne s’est déroulé comme le prévoyait le Premier ministre. Deux jours après la reconquête du parc, un jeune danseur défiait le pouvoir en restant immobile plus de cinq heures place Taksim, devenant instantanément, via Twitter et Facebook, la figure de « Duran Adam », l’homme à l’arrêt. Bientôt, il était imité par des centaines de personnes, et un peu partout se sont multipliées les manifestations statiques et silencieuses. Puis, dans les parcs publics, ont fleuri les forums citoyens. Non plus un seul Gezi, mais une myriade. Moins spectaculaire, car moins concentrée, mais du coup plus difficile à juguler, cette nouvelle forme de contestation est inquiétante pour le régime. Que signifie-t-elle, sinon qu’une partie de la société – sa partie la plus active, l’élite moderniste, emmenée par la jeunesse éduquée – s’est engagée dans une résistance au long cours ?

En reprenant possession du parc Gezi, c’est une victoire à la Pyrrhus qu’Erdogan a remportée. Car il peut bien demeurer Premier ministre, voire enfoncer un peu plus la Turquie dans la nuit de ce totalitarisme que sa majorité parlementaire édifie démocratiquement ; l’important est que la peur a changé de camp, et qu’une nouvelle Turquie a mûri dans les têtes, a pris la parole, s’est constituée en réseau. Un jour, devenue alternative politique, elle mettra fin à l’islamo-paternalisme et dotera la société de l’État de droit démocratique dont elle est privée depuis trop longtemps par l’archaïsme de la classe dirigeante.

Peut-être faudra-t-il des années pour en arriver là. Mais plus rien ne sera comme avant. Un gouffre s’est ouvert, qu’aucune démagogie ne suffirait à combler. Erdogan va connaître son automne du patriarche. Discrédité auprès de la jeunesse, des libéraux, de l’opinion internationale et de l’Europe – laquelle, aux dernières nouvelles, envisage de ralentir les négociations d’adhésion –, il gouvernera de plus en plus seul, éructera devant des parterres de plus en plus fantomatiques. Seule une très grande subtilité lui permettrait de se maintenir durablement au pouvoir. Erdogan possède, à n’en point douter, quelques vertus. Mais la subtilité, sa gestion hargneuse de la crise l’a montré, n’en fait point partie.

De l’autre côté du gouffre, la société civile – au départ stupéfaite de sa propre audace, mais a présent plus sûre d’elle-même, en dépit des coups de massue – entend faire fructifier l’héritage de Gezi. Un héritage précieux, même si les apparences peuvent laisser croire le contraire. La vague de contestation n’ayant pas été assez puissante pour faire céder le régime, il est en effet tentant de penser que le mouvement, au fond, n’est qu’une sorte de succédané du Printemps arabe, d’Occupy Wall Street ou encore de Mai 68. Les commentateurs ne se sont pas privés de ces comparaisons pour décrypter ce qui se passe. Or justement, la comparaison, en l’occurrence, égare plus qu’elle n’éclaire. Comme le Printemps arabe, le mouvement turc est un rejet de l’abus de pouvoir et de l’autoritarisme. Mais la Turquie fait partie du G20, et à la différence de Ben Ali, Moubarak ou Khadafi, Erdogan dépend des urnes. Comme Occupy Wall Street, Occupy Gezi s’est structuré autour d’un parc, via les réseaux sociaux. Mais ce contre quoi les Turcs se dressent est le manque de liberté, l’islamisation forcée, l’arrogance du pouvoir, et non le capitalisme financier, bien que, dans sa dimension écologique, le mouvement pose le problème du mode de gestion de l’économie. Comme la jeunesse française en 1968, la jeunesse turque, portée par le consumérisme et la prospérité, aspire à une société nouvelle, en phase avec ses désirs, et conteste pour cette raison l’ordre moral et le paternalisme. Comme en 1968, la structure institutionnelle, assise sur des principes d’autorité obsolètes, et faisant par conséquent obstacle à l’épanouissement de la société, atteint son point de rupture. Cependant, l’alternative recherchée par les Turcs ne prend nullement la forme d’un rêve tardif de révolution prolétarienne – même si le gauchisme était représenté au grand complet place Taksim.

Il y a une singularité de Gezi, paradigmatique peut-être, à tout le moins déterminante pour l’évolution politique de la Turquie. Elle réside en premier lieu dans ce fait étonnant que la crise de régime est partie d’un problème environnemental. On a tout dit sur ce que symbolise la place Taksim, ainsi que sur les antécédents qui ont rendu insupportable à une partie de la société la répression féroce des militants qui protégeaient les arbres du parc. Mais on n’a guère souligné que la question écologique s’est avérée suffisamment fédératrice pour entraîner la déstabilisation du pouvoir. Que cela ait eu lieu dans un pays livré à la bétonisation la plus immodérée, à un saccage de la nature frénétique, n’est pas une coïncidence. Et il y a fort à parier que nombre de soulèvements futurs dans le monde procèderont d’une mécanique de cette espèce.

La singularité du mouvement turc s’observe d’autre part dans sa forme. Pas d’idéologie unifiante, un refus de l’idéologie plutôt. Chacun vient avec ses motifs, ses convictions, ses revendications, et nul ne songe à les imposer à autrui. Chacun vient aussi pour écouter, participer à l’émergence d’une mentalité nouvelle, à rebours du dogmatisme kémaliste comme de l’intolérance islamiste. La véritable unité du mouvement, c’est son pluralisme, cette idée que le monde est assez grand, la société assez mûre, pour permettre à chacun de vivre et penser comme il l’entend. Cette idée que la politique n’est pas une guerre de valeurs mais le dialogue pacifique des contraires. D’où l’absence, déconcertante au premier abord, de structure et de tête. Aucun centre, aucun chef, aucune hiérarchie, aucun négociateur attitré, pas même de mots d’ordre, seulement des propositions, relayées par Solidarité Taksim, entendues ou non par les contestataires. L’horizontalité communicationnelle plutôt que la verticalité de l’organisation. Forme nécessaire du soulèvement démocratique à l’heure de la reconfiguration de l’existence par les réseaux sociaux.

Est-ce à dire que le mouvement n’a finalement rien à proposer ? Les revendications – maintien du parc, libération des manifestants arrêtés, renvoi des responsables de la violence policière, démission de l’équipe Erdogan – semblent correspondre à une flambée protestataire. Pourtant, le mouvement veut bien quelque chose, mais pas de l’ordre de la requête. S’il n’a pas de projet politique, c’est qu’il est à lui-même sa propre fin, c’est qu’il est une utopie en acte. Il suffisait de se promener dans les allées de Gezi occupé, où coexistaient harmonieusement tous les projets, toutes les activités, pour comprendre ce que la jeunesse venait d’instituer, contre les institutions : une société libertaire. Non pas au sens idéologique de l’anarchisme communiste ou du néolibéralisme le plus radical ; plutôt à celui d’un vivre-ensemble fondé sur l’idéal d’autonomie. Une société consacrant le respect des consciences, des modes de vie. Une société où la concertation et le compromis entre partenaires supplantaient le schéma révolu de la subordination du peuple à l’État.

Il est possible que le mouvement continue de rebondir et s’amplifie une fois de plus, que la chape de plomb retombe, ou que la violence policière remette le feu aux poudres. L’essentiel est que les Turcs des jeunes générations peuvent dorénavant se servir de l’utopie Gezi pour faire émerger un système politique nouveau.

25 juin 2013

 


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25 juin 2013 2 25 /06 /juin /2013 18:53

 

 

Le Monde.fr avec AFP

25.06.2013 à 20h29 • Mis à jour le 25.06.2013 à 20h31

 

 


Une manifestante place Taksim le 22 juin 2013.

Plus de 2 000 personnes se sont réunies mardi soir en lisière de la place Taksim à Istanbul pour dénoncer la décision de la justice de laisser un liberté un policier accusé d'avoir tué un manifestant, a constaté un journaliste de l'AFP.
 

"Nous demanderons des comptes aux assassins", "pour Ethem, pour la justice", "contre le fascisme, épaule contre épaule", ont scandé pendant plus d'une heure les manifestants, dont plusieurs centaines étaient assis face à un cordon de dizaines de policiers en tenue antiémeute qui leur barrait l'accès au centre de la place.

Un policier turc a été renvoyé lundi devant un tribunal pour avoir mortellement blessé par balle un manifestant, Ethem Sarisulul, le 1er juin à Ankara, mais il a été laissé libre sous contrôle judiciaire jusqu'à l'ouverture de son procès. Le jeune homme, âgé de 26 ans, est mort le 14 juin des suites d'une blessure par balle à la tête. Une vidéo très largement diffusée sur les réseaux sociaux le montre s'écroulant subitement face à un policier casqué, qui s'enfuit ensuite l'arme au poing.

 

QUATRE MORTS DEPUIS LE 31 MAI

Depuis le début le 31 mai des manifestations contre le gouvernement islamo-conservateur, au pouvoir en Turquie depuis 2002, quatre personnes sont mortes – trois manifestants et un policier – et près de 8 000 autres blessées, dont plusieurs dizaines très gravement, selon le dernier bilan du syndicat des médecins turcs.

Samedi soir, la police a évacué manu militari plusieurs milliers de personnes qui s'étaient réunies sur la place Taksim pour commémorer l'assaut donné le 15 juin par la police contre le parc Gezi, le long de la place, qui constituait le bastion des manifestants. Des heurts avaient ensuite opposé policiers et protestataires jusqu'au milieu de la nuit.

Lire : Place Taksim, la police turque utilise des canons à eau pour disperser les manifestants

Depuis l'évacuation du parc et de la place, les manifestants ont inventé de nouveaux modes de contestation, comme celle des "hommes à l'arrêt", qui protestent de manière silencieuse et immobile, et animent chaque soir des forums de discussion dans de nombreux parcs d'Istanbul. La répression de la contestation par la police turque a suscité de nombreuses critiques dans le monde entier.

Lire le post de blog : L'homme, debout et immobile, qui défie le régime d'Erdogan


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24 juin 2013 1 24 /06 /juin /2013 17:07

 

 

 

Médiapart - Blog

Le 21 juin, le son d’une fête de la musique bien particulière retentit dans la nuit stambouliote. Une pleine lune inonde de lumière les parcs d’Istanbul, qui accueillent les citoyens venus pour une fête de la démocratie directe et participative. Nous sommes à au parc Abbasaga, à Besiktas, l’un des plus grands centres névralgiques de la côte européenne de la ville. Au départ, nous allions rejoindre le groupe du parc d’un autre quartier, Yenikoy, agressé la veille par des fascistes-conservateurs. A 18h00, nous avons appris  que la réunion avait été annulée et que « l’équipe » de Yenikoy allait rejoindre le parc Abbasaga.

 

 

Juste avant 21h00, l’amphithéâtre de ce grand parc stambouliote est plein à craquer, les gens débordent de partout, sur les pelouses, sur les hauteurs, sur la scène. Ils sont là pour se faire entendre et continuer ainsi de  protester, malgré le refus violent de la part du pouvoir incarné par Erdogan. Les jeunes, eux, sont venus nombreux. A l’entrée, les gens saluent un jeune homme. C’est Erdem Gunduz, le danseur qui a lancé la vague des « hommes debout », devenu l’un des icônes de Gezi Park.

Sans slogans et sans applaudissements, le forum des citoyens commence. D’abord, une représentante de Yenikoy témoigne des événements de la veille. « Depuis les violences d’hier soir, on n’entend plus le concert des casseroles, de Emirgan jusqu’à Sariyer. C’est très grave. Les gens qui tambourinaient joyeusement pour montrer leur soutien au mouvement de contestation ont peur.  Leurs voisins, sympathisants de l’AKP, les ont ouvertement intimidés ».  Les CRS turcs et des policiers en civil « gardent » le parc depuis le matin. Elle confirme également les propos xénophobes lancés par le maire de la bourgade visant les Grecs d’Istanbul. La foule, mains levées, approuve et remercie la dame de Yenikoy.

 Un des jeunes qui mènent le débat annonce les règles du forum :

-Pas de revendication d’appartenance (politique, adhésion de tel ou tel parti, sociale etc.)

-Pas de propos discriminatoire

-C’est l’assemblée qui donne les consignes : quand il faut écourter la séance, quand il faut décider ce qu’on approuve et ce qu’on désapprouve, quand il faut s’arrêter…

-Les interventions doivent porter sur des sujets dans la lignée des revendications que les centaines de milliers de résistants ont exprimées,

-Le forum des citoyens rejette toute discrimination et toute appartenance à un groupe d’intérêt

-Le forum refuse toute hiérarchie, mais il élira des représentants. Il n’y aura pas de dirigeant, président etc.

-Le forum restera pacifique et condamne toute sorte de violence.

Le but est d’aboutir à une feuille de route pour changer la loi électorale. La loi actuelle impose aux partis d’obtenir un minimum de 10 pour cent des voix au niveau national. Le forum du parc est convaincu que s’ils réussissent à faire basculer les voix de l’AKP lors des prochaines élections municipales (mars 2014), cela pourrait se faire. Et cette nouvelle forme de démocratie directe en serait le moyen.

« Changeons le monde, mes amis ! » lance-t-il avant de lister les groupes de conseil (communication et médias, juridique, médical, éducation etc.), formés pour aider les « résistants ».

Ensuite, les propositions sont exprimées et votées dans la foulée. Presque toutes portent sur des nouvelles formes de désobéissance civile. Par exemple, faire le signe d’applaudissement muet (les deux mains en l’air et remuées) tous les jours à chaque passage de la carte orange dans les transports en commun. Proposition acceptée. Ou encore, l’envoi d’un paquet de pâtes à chaque élu de l’AKP, pour qu’il puissent ensuite les distribuer aux plus démunis—ce qu’il font déjà lors des élections. Avec les pâtes, envoyer à tous les commissariats de Turquie un poivron, pour parodier les gaz lacrymogènes (en turc, le gaz lacrymogène s’appelle « le gaz de piment »). Une femme d’un certain âge appelle à une prière improvisée pour la suite des contestations, un jeune nationaliste est invité à quitter le plateau, l’appel à participer massivement à la Gay Pride le 23 juin est unanimement accepté. (Voir notre article sur la Gay Pride)

Deux grands axes se dessinent : l’organisation d’un « Congrès de la démocratie », souhaitant réunir au moins un demi-million de personnes. La création par les jeunes d’un nouveau parti, qui représenterait leurs diverses couleurs, en redéfinissant les codes politiques usités. Le nom de « Çapulcu Parti » (Le parti des vandales, comme les a appelé M. Erdogan) a même été proposé !

Bref, les « résistants » sont décidés, ils continueront jusqu’au bout leurs manifestations pacifiques dans les parcs et investiront les rues.

Istanbul, 22 juin 2013

 


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18 juin 2013 2 18 /06 /juin /2013 19:58

 

Mediapart publie l'appel international de 31 intellectuel(le)s – Etienne Balibar, Judith Butler, Eric Fassin, Nilufer Gole... – qui demandent au gouvernement turc de « cesser les brutalités »  et réaffirment « la libre circulation et la liberté d’expression comme conditions préalables à la vie démocratique ». 


 

Nous déplorons l’intervention récente du gouvernement turc contre ses propres citoyens, ainsi que son recours tout à fait injustifié à la violence, aux gaz lacrymogènes, aux bouteilles de gaz et aux bombes fumigènes, causant un grand nombre de blessés et même des morts, mettant en danger la vie de femmes et d’hommes qui cherchaient seulement à exercer leurs droits fondamentaux de réunion et de manifestation.

Cette attaque du gouvernement turc contre son propre peuple rompt avec toutes les méthodes légitimes de gouvernement. Au nom des principes démocratiques, nous condamnons donc sans réserve les tactiques d’intimidation de cette violence d’État et nous appelons le gouvernement turc à interrompre immédiatement cette répression.

Il faut d’abord cesser les brutalités contre les manifestants et contre ceux, journalistes ou avocats, qui font entendre leur point de vue dans les médias ; ensuite, au lieu de leur faire obstacle, il importe de faciliter l’accès aux soins médicaux et à l’aide juridique pour les manifestants blessés par la police ; enfin, le gouvernement turc doit renoncer aux mesures de détention illégale et de séquestration des manifestants et de ceux qui leur apportent une assistance médicale et juridique.

Nous soutenons les objectifs de cette résistance populaire à la privatisation de l’espace public, ainsi qu’à l’autoritarisme croissant du régime qui se donne ici libre cours. Nous affirmons le droit du peuple à la dissidence et à la résistance, ainsi qu’à des médias libres de toute censure d’État, et nous réaffirmons la libre circulation et la liberté d’expression comme conditions préalables à la vie démocratique.

Lire cet appel en anglais

Tariq Ali, auteur et rédacteur en chef de la New Left Review, Royaume-Uni
Tewfik Allal, président du Manifeste des Libertés, France
Étienne Balibar, Université Paris Ouest Nanterre, France
Esther Benbassa, Ecole Pratique des Hautes Etudes, sénatrice, France
Rosi Braidotti
, Université d’Utrecht, Pays-Bas
Wendy Brown, Université de Californie à Berkeley
Judith Butler, Université de Californie à Berkeley
Margaret Brose, Université de Californie à Santa Cruz
Alex Demirovic, Technische Universität, Berlin, Allemagne
Lisa Duggan, New York University
Cynthia Enloe, Clark University, Etats-Unis
Éric Fassin, Université Paris-8 Saint-Denis, France
Michel Feher, philosophe, directeur de Zone Books, New York
Alfredo Saad Filho, ONU et SOAS, Royaume-Uni
Nilufer Gole,  École des hautes études en sciences sociales, France
Siba N. Grovogui, politiste, Johns Hopkins University, États-Unis
Hannes Lacher, York University, Canada
George Liagouras, Université de l’Égée, Grèce
Michael Löwy, CNRS, France
Adam David Morton, Université de Nottingham, Royaume-Uni
Matthieu de Nanteuil, Université de Louvain, Belgique
Ravi Palat, Université d’État de New York, Binghamton
Hugo Radice, Université de Leeds, Royaume-Uni
Josep Ramoneda, journaliste et philosophe, Espagne
Bruce Robbins, Columbia University, New York
Miranda Schreurs, Freie Universität Berlin, Allemagne
Stuart Shields, Université de Manchester, Royaume-Uni
Daniela Tepe-Belfrage, Université de Sheffield, Royaume-Uni
Eleni Varikas, Université Paris-8 Saint-Denis, France
Hayden White, Université Stanford, États-Unis
Paul Zarembka, économiste, Université d’État de New York à Buffalo
Slavoj Žižek, philosophe, Université de Ljubljana, Slovénie.

 

 

 

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16 juin 2013 7 16 /06 /juin /2013 16:57

 

 

Médiapart

Il est difficile de comprendre en ce moment la stratégie du premier ministre turc Recep Tayyip Erdoğan. Samedi, les négociations entre avec la Plateforme de Solidarité de Taksim (les représentants des protestataires réunis à Gezi Park) semblaient avoir débouché sur un compromis. Le gouvernement s'était engagé à attendre et respecter la décision de justice sur la légalité du projet de construction de la caserne. De leur côté les militants s'étaient engagés à progressivement mettre fin à leur action. De retour à Gezi Park, les représentants n'ont cependant pas réussi à convaincre les militants de mettre fin entièrement à l'occupation. La base a voté la continuation de l'occupation, tout en montrant des signes de bonne volonté en démontant certaines barricades. Le but était de maintenir, in fine, une présence symbolique avec une seule tente. Mais le premier ministre a interprété ces hésitations comme un signe de trahison. Hier soir, une heure après avoir déclaré, dans un meeting de son parti à Ankara, que la place devait être évacuée ou elle le serait par les forces de l'ordre, la police est entrée brutalement dans le parc. L'action policière a marqué le début d'une nuit de violences inégalée dans toute Istanbul.

Sans trop de sommations, la police a mis en marche son attirail de gaz lacrymogènes, canons à eaux et grenades assourdissantes pour prendre le contrôle du parc. Beaucoup de familles et leurs enfants s'y trouvaient. Prise de panique, une partie de la foule, ainsi que de très nombreux blessés se sont réfugiés dans l'hôtel Divan, situé à l'extrémité opposée du parc par rapport à la place  Taksim. Tout au long de la nuit, on a vu passer sur les réseaux sociaux des photos et des vidéos témoignant de l'intervention de la police dans l'hôtel, où notamment elle a utilisé des gaz lacrymogènes – un choix extrêmement dangereux dans un espace fermé: les gens n'ont pu se réfugier à l'étage, ou subir de plein fouet l'effet condensé des gaz. Certaines personnes ont été arrêtées, les blessés et les enfants étaient en panique toute la nuit. Une vidéo qui circule sur Twitter montre l'entrée de l'hôpital allemand - un hôpital situé près de la place de Taksim -  attaqué par la police à coups de canons à eau. De nombreux représentants du mouvement ont été arrêtés. Les lieux d'arrestation n'ont pas tout été communiqués, ce qui a empêché aux avocats de s'y rendre pour les défendre.

Par ailleurs, des marches spontanées vers Taksim ont commencé dans de nombreux quartiers d'Istanbul au début de la nuit, les autorités ont dû fermer les ponts qui permettent de traverser le Bosphore pour interrompre les marches. Les services de bus ont été suspendus. Certaines rumeurs circulent comme quoi la police utiliserait des gaz de type CR (abandonnés aux Etats-Unis à cause de leur propriété cancérogène) au lieu des gaz CS habituels (cela reste à confirmer). D'autres rumeurs qui elles semblent se confirmer - photos à l'appui - font état de gaz mélangé à l'eau des canons à eau, qui créeraient des inflammations sur la peau. Débordée, la police a dû appeler la gendarmerie en renfort, elle et a soutenu la police avec des canons à eau. 

Le meeting de Erdoğan à Istanbul aujourd'hui ne devrait pas avoir lieu à Taksim, mais sur la route proche de l'aéroport, afin d'éviter une confrontation directe entre ses partisans et les manifestants. L'enjeu est de montrer la "majorité silencieuse" et de contraster la légitimité populaire du premier ministre avec celle des istanbuliotes d'hier soir. Dans les manifestations précédentes, notamment lors du retour d'Erdoğan de sa tournée au Maghreb, l'horaire de fermeture du métro d'Ankara menant à l'aéroport avait été prolongé pour permettre aux sympathisants d’AKP de s’y rendre, et certains chauffeurs de taxis avaient été fortement "encouragés" à venir soutenir le premier ministre sous peine de sanctions. Il y a tout à parier qu'un dispositif semblable sera mis en place aujourd'hui pour faire en sorte que la foule soit la plus nombreuse possible. Une contre-manifestation a été convoquée par les militants à 16h00, place Taksim. La stratégie d’Erdoğan semble donc celle de passer en force et de miser sur une division du mouvement. Mais l'intervention d'hier paraît avoir eu l'effet inverse.

 

 

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16 juin 2013 7 16 /06 /juin /2013 16:47

LE JURA LIBERTAIRE

Message d’Istanbul, nuit du 15 au 16 juin 2013 aux alentours de minuit :

Aujourd’hui, suite au discours extrêmement sectaire, violent et mensonger du premier ministre Recep Tayyip Erdoğan à Ankara, la police a commencé à attaquer vers 21 heures des milliers de personnes qui dînaient Place Taksim et au Parc Gazi. Il y avait des enfants de 4 ou 5 ans, des mères et des personnes âgées lors de k’attaque à coups de gaz lacrymogènes et de canons à eau. Selon les rapports, la police n’a pas autorisé les journalistes à faire leur travail ou à prendre des photos Parc Gezi.


http://juralib.noblogs.org/files/2013/06/108.jpg

Enfants victimes de la terreur policière, Istanbul nuit du 15 au 16 juin

 

La police a aussi attaqué à coup de canons à eau les manifestants qui se sont réfugiés dans le célèbre hôtel Divan qui leur avait ouvert ses portes. Les gens disent qu’il y a des milliers de blessés dans l’hôtel. Les gens ont formé une chaîne humaine devant l’hôtel pour empêcher une attaque policière. Un autre rapport dit que les gens ne peuvent pas quitter l’hôtel parce que la police arrête tous ceux qui en sortent.

D’autres rapports indiquent que la police à fait fermer le métro et les liaisons par bateaux entre l’Europe et l’Asie pour empêcher que les gens viennent se joindre aux manifestations.  Il y a beaucoup d’enfants disparus, ou d’enfants qui ont été séparés de leurs familles. Les manifestants affrontent la police à Sıraselviler, Cihangir, Harbiye, et probablement autour de Dolmabahçe et Maçka. Ce qui se passe cette nuit est d’une brutalité inouïe, une véritable sauvagerie. C’est une sale guerre où seul un camp est armé. C’est de la terreur d’Etat.

 

http://juralib.noblogs.org/files/2013/06/126.jpg

Enfant victime des gaz lacrymogènes, hôtel Divan, Istanbul

 

Toujours vers minuit : Des témoignages de manifestants rapportent souffrir de brûlures après avoir été arrosés par des cannons à eau… à se demander ce qu’ils mettent…

 

http://juralib.noblogs.org/files/2013/06/136.jpg

Brûlures aux jambes suite aux tirs d’eau par la police (Istanbul, nuit du 15 au 16 juin)

 

Message reçu vers 2 heures du matin :

Je vais bien, mes amis aussi, du moins ceux que j’ai pu joindre. Istanbul vit un enfer. Ils cherchent à tuer la ville, la voie de sa population. La situation est terrible. La police a attaqué le parc alors qu’il y avait des milliers de personnes, dont des centaines de jeunes enfants, des personnes âgées, des handicapés et des animaux sans défense. Les gens ont été gazés sans pitié. Des centaines de personnes se sont réfugiées à l’Hôtel Divan, qui a toujours ouvert ses portes aux manifestants. C’était l’enfer. Le gaz entrait dans l’hôtel en même temps que les manifestants. On nous a dit d’aller en salle de conférence en bas des escaliers. Il y avait beaucoup d’enfants et beaucoup de personnes blessées. C’était terrible. Des scènes comme dans un film d’horreur. C’était difficile de respirer, nos peaux nous brûlaient, il faisait très chaud, nous suions comme des fous, les gens pleuraient, s’évanouissaient, vomissaient, appelaient à l’aide… Après une heure et demi, on nous a dit qu’il était sur de fuir vers Harbiye. Nous sommes passés devant des centaines de policiers et beaucoup de véhicules de combat en marche vers Nisantasi. Les gens sont descendus dans les rues contre cette barbarie, criant des slogans et tapant des casseroles. Deux de mes tantes étaient dans la rue, trempées, suite aux tirs d’un canon à eau ; elles ont la soixantaine bien passée et ont été jetée contre le mur par l’eau. Comme d’autres jours avant, Kizilay, le croissant rouge turc, refusait de transporter les blessés, et des sources très fiables (des docteurs) m’ont rapporté les faits. Les docteurs d’un petit hôpital privé ont dû payer une compagnie privée pour faire transporter une personne gravement blessée qui a pu ainsi survivre. C’est un scandale. Nous vivons dans un Etat policier. La police a arrêté 49 avocats en investissant le Palais de Justice l’autre jour. Maintenant ils essayent d’arrêter tout docteur ou toute infirmière qui aide les manifestants blessés. Le gouvernement et le gouverneur d’Istanbul continuent de parler de “groupes marginaux”. Le masque de la démocratie et de l’État de droit est tombé dans ce pays. Priez pour nous et diffusez l’information.

Solidarité ouvrière, 16 juin 2013 – 6h30

 

 

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